Composé par Adolphe Adam, prolixe compositeur d’œuvres lyriques peu jouées aujourd’hui, Si j’étais roi est un opéra-comique ancré dans la tradition de son époque. L’action se situe dans le même imaginaire colonial indien que celui des Pêcheurs de Perles, et rappellelointainement les ressorts de La vie est un songe. L’intrigue et la partition, colorées, prévisibles et gentillettes, ravissent néanmoins les artistes et notamment l’Orchestre dirigé par Robert Tuohy, dont l’enthousiasme est bien perceptible par le public.
Des passages peu convaincants
La mise en scène de Marc Adam (aucun lien !) déploie (littéralement) de beaux tableaux animés et chatoyants, qui figurent le port de Goa et le palais de son souverain. Les costumes indiens exotiques côtoient le bleu de travail du héros Zéphoris, comme pour mettre en évidence son inévitable exclusion de la caste dominante. Les passages parlés, déjà peu convaincants dans le livret, ne sont hélas pas sublimés par la direction d’acteurs. Les airs, interprétés quant à eux avec conviction, convoquent une fantaisie réjouissante.
Les nombreux recours aux voiles et la profondeur de scène ne rendent pas la tâche facile aux solistes, qui laissent cependant entendre une belle diversité de timbres. La soprano Armelle Khourdoïan conquiert le public par sa virtuosité, l’agilité de ses trilles et l’insouciance de ses aigus. Son amant éperdu Stefan Cifotelli fait montre d’un timbre rond et frais, qui peine hélas parfois à recouvrir la fosse. La basse Nabil Suliman apporte l’aplomb de ses graves menaçants au grand méchant Kadoor. Le roi de Jean-Kristof Bouton déborde d’énergie et d’entrain. Les rôles secondaires sont également à souligner : le Piféar de Valentin Thill, aussi ample que couard, le Zizel bouffe, solide et expressif de Mikhael Piccone et la verve chaleureuse d’Eleonora Deveze. Un plateau vocal charmant, qui justifie à lui seul la production de cet obscur opus.
PAUL CANESSA
Si j’étais roi a été donné du 18 au 22 novembre à l’Opéra de Toulon