Du 2 au 7 mai, la 6e édition de Numéro Zéro, porté par la dynamique association La Miroiterie, déploie sa foisonnante programmation. Essentiellement à Forcalquier mais aussi Niozelles et Vachères, six journées sont dédiées aux jeunes et moins jeunes, pour explorer le cinéma documentaire. Une édition placée dans le sillage de Knud Viktor, ce « peintre du son » danois auquel Julie Michel consacre son film À l’écoute de Knud Viktor, projeté le 6 mai au cinéma Le Bourget. Et dont le lendemain, elle présente deux opus : Les Bulles, film « cellulaire » et Image VII, poème sonore en quadriphonie.
Écouter toujours. Le vent, les oiseaux, le ver qui creuse le bois, la faune des collines dans les pièces sonores de Péroline Barbet-Adda (Passer l’hiver, Piste Animale). Ou encore le trombone et l’accordéon de Simon Sieger ainsi que la guitare et objets divers de Thomas Weirich, associés aux images du Nanouk L’Esquimau de Flaherty. Se faire sonner les 37 cloches du carillon de Forcalquier dans la performance Latences d’Alessandro Bosetti.S’émerveiller des sonnailles des troupeaux avec Iris Kaufmann (Beau bruit).Au cours d’une balade autour de Vachères,Écouter le minuscule avec Chloé Sanchez. Faire « Une promenade parlée à l’écoute des oiseaux »,guidés par l’historien de l’art Alexandre Galand.
Un choix difficile
Jouer avec le son dans les nombreux ateliers proposés : pratique audio descriptive par Marie Diagne, atelier bruitage par Samia el Hadj,battle de doublage,atelier playback par Jean Boiron Lajous et Valentin Dijas. Entendre Les Voix de passage dans le film de Juliette Darroussin, immersion dans une cour de récréation où chacun essaie de trouver sa place. Tendre l’oreille aux paroles des résidents d’une maison de retraite, recueillies dans les années 1990 sur des cassettes dans le documentaire sonore de Théo Boulenger : Une Excursion extraordinaire. Ou retrouver le Karaoké domestique d’Inès Rabádan, à six voix, celles de trois femmes de ménage et de trois employeuses. Suivre la déambulation d’un acteur passant d’un rôle à l’autre, d’un discours à l’autre, dans Il faut se tromper de Jean Boiron Lajous. Pénétrer dans l’univers sensible des non-voyants avec un focus Johan Van Der Keuken, réalisateur de L’Enfant aveugle. Le choix sera difficile.
Sans quitter les Alpes, on voyagera aussi. À Arles, dès l’ouverture, dans un bistrot où se croisent « des récits de vie cabossée », mis en péril par la gentrification (Atlantic Bar en présence de sa réalisatrice Fanny Molins). À Villereau, au nord de la France, où une fausse alerte terroriste sème la panique dans le village (Excess Will Save us de Morgane Dziurla-Petit). En Pologne, pour une soirée consacrée à Marcel Lozinski. Dans les forêts du Canada (La Bête lumineuse, Pierre Perrault) et le Nord Vietnam (Children of the Mist de Hà Lê Diêm) où on marie encore les fillettes de douze ans. Au Brésil enfin, en compagnie d’Ariane Mnouchkine, grâce au film de Jeanne Dosse Todas por Uma, qui montre la création de la pièce As Comadres, « acte de résistance artistique, féministe et politique ». Radio Zinzine accompagnera ce festival fidèle à ses objectifs: « travailler la sensibilité, l’imaginaire, le contact avec le réel contre la virtualisation des expériences ».
ÉLISE PADOVANI
Numéro Zéro Du 2 au 7 mai Divers lieux, Forcalquier et alentours 07 69 82 85 28 festivalnumerozero.com