Le London City Ballet se produit pour la première fois à Istres ! Cette compagnie britannique fondée en 1978 par Harold King, mise en sommeil en 1996 en raison de difficultés financières, a été relancée il y a deux ans sous la direction artistique de Christopher Marney. Ce jeudi, on découvrira sur scène douze danseur·euses exceptionnel·les pour interpréter Momentum, un savoureux mélange de genres avec quatre pièces de son répertoire : Larina Waltz, Concerto pas-de-deux, Consolations & Liebestraum et Pictures Exhibition . Le London City Ballet reste fidèle à sa philosophie qui consiste à mettre en scène des œuvres rarement vues. Au programme : un ballet qui n’a pas fini de nous surprendre par sa technique, son humour et ses chorégraphies.
Le quintet marseillais Prejazz se produit en concert souvent, mais sort en octobre son premier album, qu’il présente à L’Ouvre-boîte. Tkt réunit six titres qui mettent en valeur les qualités évidentes des cinq musiciens, et leur belle cohésion : le piano de Yannick Chauvin, qui signe aussi les compositions, est nerveux, mélodieux, rythmique. La trompette de Clément Moulin part dans des envolées osées, toujours justes, et répond au sax virtuose de Vincent Tournardre, tandis que la contrebasse de Matteo Sgarzi et la batterie de David Sinopoli constituent des appuis harmoniques et rythmiques. Les titres installent chacun une ambiance différente, de Tkt and no coffee invite à destresser, à The day after qui traverse une ambiance onirique. Quant à voir dans le saxophone « un Sax toy, jouet pour adulte consentant », l’idée est un peu limite… Manque de regard féminin ?
Le quatuor A’dam est masculin comme son nom l’indique mais pas macho : il est mis en scène par Jeanne Béziers et affirme avec Boris Vian aux femmes qu’elles peuvent se marier comme elles le souhaitent quatre fois par mois… Chantant a cappela et à quatre voix depuis 2012, (2 ténors, 1 baryton, 1 basse), inventant des contrechants, des contrepoints, des récitatifs, des apartés, ils reprennent et magnifient le répertoire de chansons écrites par Boris Van, depuis le comique du Blues du dentiste immortalisé par Henri Salvador jusqu’à l’émotion si politique du Déserteur, en passant par La Java des bombes atomiques, et d’autres chansons moins connues mais tout aussi étonnante. Le spectacle s’adresse à tous et toutes, dès 5 ans.
La Garance, Scène nationale de Cavaillon propose ce 16 octobre le spectacle Vive, une fable contemporaine par la compagnie Superlune. Vingt ans après les faits, Anaïs, jeune cheffe, accuse son père de l’avoir abusée sexuellement. La pièce nous plonge alors dans le procès qui, au fil des témoignages de l’entourage, retrace l’enfance et l’adolescence de la jeune fille. Tout au long de la représentation, des questions restent en suspens : comment briser le silence autour de l’inceste ? Comment libérer la parole au sein même du cadre familial ? Les metteur·euses en scène, Clément Carabédian et Joséphine Chaffin, nous embarquent tout au long de la pièce dans des flashbacks de l’enfance et de l’adolescence d’Anaïs. La soirée se poursuivra par un temps d’échange avec le public.
C.L. 16 octobre La Garance, Scène nationale de Cavaillon
Au Grand Théâtre d’Aix-en-Provence, on retrouvera le 21 octobre Isabelle Georges accompagnée de ses musicien·nes : contrebasse, saxophone, clarinette et percussions. Celle qui s’est fait connaître à travers Le Passe-muraille de Michel Legrand livrera une prestation à la croisée du cabaret et de la comédie musicale. Un spectacle unique qui réinvente les chansons de Charles Aznavour, Jacques Brel, Claude Nougaro et d’autres à travers un savoureux melting-pot de musiques et de langues. Oh la la ! De New York à Paris est un voyage haut en couleur où se mêlent chanson, théâtre et comédie musicale. Une production de la compagnie Encore Music et Musique et Toile qui promet d’être un moment riche en émotion !
C.L. 21 octobre Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Et si Roméo et Juliette avaient survécu ? Plus de vingt-cinq ans après l’intrigue imaginée par Shakespeare, le chorégraphe et metteur en scène Ben Duke imagine ce couple mythique aux prises avec une crise de la quarantaine carabinée. Routine, désillusions, querelles… Installés à Paris, les amoureux de l’amour tentent de raviver une passion fanée. Porté par Emily Terndrup et John Kendall, Juliet & Romeo mêle danse, théâtre et dérision dans une chorégraphie joliment décalée, où l’espoir semble persister au milieu des désastres ordinaires.
S.C. 15 et 16 octobre Pavillon Noir, Aix-en-Provence
Pour sa nouvelle saison, Le Totem lance l’année avec un événement festif et convivial rue Monclar, en plein centre d’Avignon. La journée s’articulera autour d’ateliers, de spectacles et d’une fanfare. Le théâtre s’associe à des associations locales pour offrir un programme familial varié : dessin, toupie en bois, réparation de vélos, sérigraphie… et un spectacle tout public, LOoking fOr, qui mêle acrobaties et chants. En fin d’après-midi, une fanfare de vingt musicien·nes déambulera dans les rues du centre ville avant un grand bal intergénérationnel rythmé par trombone, accordéon et hautbois languedocien. Une programmation éclectique conçue pour les petits comme pour les grands !
C.L. 18 octobre Square Indochine, école Marcel-Perrin, rue Monclar Avignon
La Cité de la musique propose deux concerts ces 17 et 18 octobre. Le premier, qui sort de résidence, reprend le projet historique de la Familha Artus, Ours, pour interroger notre lien au sauvage et à la nature. En reprenant les codes des carnavals traditionnels pyrénéens, Prélude de Pan, voit la danseuse de ce projet habiter une marionnette monumentale et incarner l’ours. Le lendemain, Riccardo Tesi – accordéoniste – et Giua – autrice-compositrice de la scène italienne – mêlent leurs deux univers, distincts mais liés, pour les croiser avec l’art des retablos du Pérou : des petites boîtes portables qui dépeignent des scènes de vie quotidienne.
L.S. Prélude de Pan 17 octobre Rétablos 18 octobre Cité de la musique, Marseille
Aude Fanlo. Après Giono, Genêt ou Flaubert nous poursuivons la ligne éditoriale d’exposition littéraire, et Don Quichotte est sans doute le héros romanesque le plus emblématique d’une culture à la fois populaire et littéraire. C’est un phénomène de société qui s’inscrit dans une histoire culturelle globale et qui a évolué : d’abord personnage carnavalesque, renversé, puis génie incompris romantique puis, avec Foucault, héros post-moderne. Nous avons pris le parti du rire, de la farce, de la fantaisie, du loufoque. Mais le rire est sérieux aussi.
Hélia Paukner. Oui, on rit du cocasse, du festif, du burlesque, mais il y a aussi un rire sérieux, c’est à dire ironique et politique. Cervantès écrit son roman dans une Espagne déchirée par le dogmatisme. Les morisques [musulmans convertis par contrainte, ndlr] sont expulsés en 1609, les juifs sont expulsés depuis 1492, et les marranes [juifs convertis par contrainte, ndlr] sont persécutés et brûlés. Dans la péninsule ibérique il est très dangereux d’écrire. Le personnage du morisque Ricote n’est possible que dans un roman burlesque.
A.F. La fiction permet des espaces ouverts dans lesquels tout peut se renverser constamment, le vrai et le faux se confondent. Un espace de jeu dont Cervantès s’empare, et qu’il laisse ouvert à ceux qui héritent de son personnage.
Comment ces facettes de Quichotte apparaissent-elles dans l’exposition ?
A.F. Nous n’avons pas choisi de faire une exposition historique sur l’évolution de la réception de l’œuvre, nous proposons un parcours de lecture des différents épisodes, avec des digressions historiques… totalement anachroniques ! Le cheminement du mythe est une énigme : comment ce vieux qui retombe en enfance, qui finit véritablement gaga, a t-il pu devenir la figure de l’hispanité, du génie inspiré, de l’idéaliste ? Note parti pris est d’exposer ces changements de polarité en suivant le fil du roman, mais en déplaçant constamment les époques de réception.
H.P. La vitalité du mythe est sidérante, Don Quichotte est le titre d’une infinité de journaux, d’une multiplicité d’images, de représentations de tous ordres, de citations. Erri de Luca écrivait « il esttout le temps par terre mais il se relève et il est invaincu ». Son mythe aussi, comme son personnage.
H.P. Ce n’est pas une exposition didactique, nous avons parié sur la bigarrure, plus de 200 pièces s’entrechoquent. Une gravure de Goya voisine avec une publicité pour un pansement, la première tapisserie représentant le personnage avec des œuvres d’art contemporain, des Unes de journaux…
A.F. Nous avons des œuvres rares, de Dali, Picasso, Daumier, les photographies d’Abraham Poincheval traversant la Bretagne en armure… Et beaucoup de cinéma. Des extraits de 3 ou 4 minutes, du film impossible d’Orson Welles qu’il n’a jamais fini de tourner, de celui de Terry Gilliam qu’il a fini par finir au bout de trente ans, de la comédie musicale de Brel L’homme de la mancha. Et d’autres films qui reprennent et déplacent le mythe, en particulier Hassen Ferhani à Alger… Et des chansons populaires, des objets du quotidien, des bandes dessinées, des éditions originales.
Cette abondance et cette variété résolvent-elles le mystère de l’évolution du mythe ?
A.F. Je ne crois pas qu’on puisse résoudre cette énigme, qui est fondamentalement aussi insoluble que ce drôle de faux chevalier errant… seulement en rire et montrer combien cette bigarrure est prolifique !
Votre catalogue est également assez particulier, avec des parcours à option selon des profils de lecteurs…
A.F. Oui nous l’avons conçu comme un « livre dont vous êtes le héros », pour les geeks, les fêtards, les chineurs, les militants, les faussaires… Comme l’exposition on peut le lire en changeant de parcours, et de profil !
ENTRETIEN REALISE PAR AGNES FRESCHEL
Don Quichotte Histoire de fou, Histoire d’en rire A partir du 15 octobre Mucem, Marseille
Maxime Delforges et Jérôme Helfenstein affirment depuis plus de 10 ans la magie comme un art de la scène qui se performe et se distingue des arts du cirque. Comme les circassiens ils mettent leurs corps en jeu mais se jouent d’illusions, et non d’exploits. Dans À vue, spectacle qui tourne depuis 2019 et compte près de 200 représentations, ils exposent leur matériel magique dès le début du spectacle, mettent en scène leurs régisseurs manipulateurs et… nous manipulent à vue lorsqu’ils s’élèvent, défiant la pesanteur et la logique sans sembler user d’énergie musculaire… créant une poésie de l’irréalité et la question qui taraude enfants et adultes. Mais comment font-ils ?
A.F. 16 et 17 octobre Les Salins, Scène nationale de Martigues