jeudi 6 novembre 2025
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Le piano roi sous les platanes

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La Roque d'Anthéron Festival © Valentine Chauvin

Depuis plus de quarante ans, La Roque d’Anthéron déroule son tapis vert au pied des arbres centenaires du parc du Château de Florans. Pour cette édition 2025, proposant près de soixante-dix concerts, les soirées s’annoncent de nouveau généreuses. Dès le samedi 19 juillet, le ton est donné avec l’Orchestre de chambre de Paris et Maxim Emelyanychev dans un programme tout en transparence classique : Haydn, Mozart et une Pastorale de Beethoven qui s’annonce aussi bucolique qu’élégiaque. Le lendemain, place à la puissance évocatrice de Lucas Debargue, poète du clavier, entre Fauré et Chopin, en passant par un Scriabine ardent et un Liszt habité. Au cloître de Silvacane, le claveciniste Pierre Hantaï ouvre une belle parenthèse baroque à la lumière des œuvres de Haendel.

Le lundi 21 juillet, la jeune prodige Arielle Beck ravira les spectateurs du Château de Florans tandis qu’Abdel Rahman El Bacha brillera à l’Auditorium du Pharo à Marseille. La semaine monte en puissance : mardi 22 juillet, Claire-Marie Le Guay médite sur Bach à Miramas, avant qu’Alexandre Kantorow, accompagné de l’Orchestre Philharmonique de Marseille sous la direction de Lawrence Foster, ne se lance dans un Brahms d’anthologie (et Dvořák), illuminé par The Lark Ascending de Vaughan Williams. Le mercredi 23 juillet, Vladimir RublevSae Hyun Kim et Philippe Pierlot investissent à leur tour divers écrins avec finesse, du répertoire pour piano solo aux croisements baroques.

Le jeudi 24 juillet, le Ricercar Consort, en compagnie de Philippe Pierlot et de l’organiste Bernard Foccroulle, s’approprie le cloître avec un programme unique (Dowland, Monteverdi…). Le même soir, Dmitry Masleev fait résonner Mozart, Beethoven, Tchaïkovski et Liszt, tandis que le Janoska Ensemble électrise Eygalières. Le vendredi 25 juillet, Jean Rondeau illumine Couperin et Rameau au clavecin, puis Sophia Liu et Dang Thai Son revisitent Chopin en concerto à deux pianos avec l’Orchestre national de Cannes.

Le samedi 26 juillet, le Geister Duo investit l’Auditorium Marcel Pagnol en trois temps pour une intégrale Schubert à quatre mains. Le dimanche 27 juillet, les Musiciens de Saint-Julienfont vibrer Bach, avant qu’Alexander Malofeev, accompagné de l’Orchestre national Avignon-Provence, n’explore Beethoven – le Concerto « Héroïque » et la Symphonie n°3 — au Château de Florans.

Du lyrisme pur jus

Le Romantisme sera le maître mot des semaines lyriquissimes qui suivront. Le lundi 28 juillet, Benjamin Grosvenor embrasera Ravel, Schumann et Moussorgski. Le 29, Bruce Liu électrisera le Château avec le 2e concerto de Tchaïkovski. Le 30, Bertrand Chamayousublimera les deux concertos de Ravel en compagnie de l’Orchestre Philharmonique de Nice qui, sous la direction de Lionel Bringuier, interprètera également son célébrissime Boléro. Le 31 juillet, Nikolaï Lugansky enflammera l’auditorium du parc sur Beethoven, Schumann, Wagner et Liszt, tandis que Le Jeune Orchestre Baroque Européen investira Miramas.

Le vendredi 1er août, Renaud Capuçon, Gérard Caussé et Paul Zientara, entre autres, réunissent cordes et piano dans La Truite de Schubert et Strauss à Florans, suivis d’un récital de Jean-Marc Luisada à Gordes. Le 2 août, Minsoo Sohn explore Beethoven, puis Arcadi Volodos embrase le Château avec Schubert. La même soirée, Joachim Horsley propose un concert de jazz, tandis que Luis Fernando Pérez revisite un riche programme de recueil d’« encores ».

Le dimanche 3 août, Lucile Dollat fait résonner l’orgue baroque à Cucuron, avant que Víkingur Ólafsson offre un récital envoûtant de Bach, Beethoven et Schubert à Florans.Lundi 4 août, Yunchan Lim et Minsoo Sohn proposent un duo à quatre mains (Debussy, Strauss, Rachmaninov), suivi d’un récital par Nathalia Milstein à Aix-en-Provence. Le 5 août, Mikhaïl Pletnev revisite Bach et Grieg, tandis que Jonas Vitaud explore Dvořák et De Séverac à Aix.

Everest musicaux 

Le 6 août, Marie-Josèphe JudeJean-Frédéric NeuburgerCharles Heisser et le Quatuor Ellipsos explorent Tchaïkovski, Nagao et Gershwin, suivis le soir par Yunchan Lim dans les Variations Goldberg. Jeudi 7 août, le festival invite Márton Illés et propose des rencontres et répétitions suivies du récital du phénomène Hayato Sumino en deux parties pour petits et grands. 

Le 8 août, Michaël Levinas offre son regard sur Bach, Schumann et Beethoven, suivi de la performance de Vsevolod Zavidov dans les Transcendantales de Liszt, et du récital de Nelson Goerner. Les 9 et 10 août, Jean-Frédéric Neuburger explore Boulez, Debussy, Berg et Ryan Wang, avant que Mao Fujita ne clôture la nuit du samedi 9 avec un programme impressionniste.

Lundi 11 août, Marcel Tadokoro propose un panorama d’études pianistiques, tandis que Christian Zacharias et Sinfonia Varsovia revisitent Haydn et Mozart à Florans, puis Claire Désert dialogue en musique américaine à Lambesc. Le 12 août, Dominic Chamot et un trio de pianistes clôturent la nuit Ravel, puis un concert de musique de chambre à l’église de Lambesc. Mercredi 13 août, Mathis Cathignol explore Rameau, Chopin et Balakirev, avant l’événement final du festival : Marie-Ange Nguci et Sinfonia Varsovia offrent Beethoven, Strauss et Stravinski sous les platanes, le jeudi 14 août, pour une clôture étincelante.

SUZANNE CANESSA

Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron
Du 19 juillet au 17 août

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Un air serbe dans le Gard 

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Selene © Sylvain Gripoix

Le festival propose chaque année une programmation qui reflète les tendances du jazz en Europe et au monde. Cette année, c’est la scène serbe qui est mise à l’honneur avec commeinvité principal, Bojan Z. Du 16 au 19 juillet, le festival mêle concerts nocturnes, certains gratuits, et stages de jazz pour enfants et adultes.

Le festival s’ouvre donc avec un concert solo – et gratuit – de Bojan Z, célèbre pianiste serbe, en France depuis les années 1990 et grand habitué de Jazz à Junas. Il revient le lendemain, cette fois accompagné de Rémi Vignolo (batterie), Pierre-François Dufour (violoncelle), et Thomas de Pourquery (saxophone). 

Un peu plus tôt, une petite balade en Arménie avec le trio Sėlēnę et sa musique rebello-psychédélique qui s’empare du Temple de Junas. Puis retour dans les Balkans avec le Trio Nenad Vasilić. Le contrebassiste est accompagné de Romed Hopfgartner (saxophone) et Marko Zivadinovic (accordéon) pour interpréter ses compositions inspirées des rythmes et mélodies classiques, jazz et balkaniques. Autre tête d’affiche : Ana Popovic et son sextet. Surnommée la « Jimi Hendrix au féminin », la guitariste est une figure connue de la scène blues internationale. Pour finir son édition, le festival accueille Ekrem Mamutović Orkestar, élue meilleure fanfare balkanique lors du festival Guca en 2013.

Du monde pour les stages

Depuis 13 ans, le festival organise également des stages avec 150 participant·es musicien·nes. Il y aura notamment le Minots Jazz gang en partenariat avec l’école de Junas, où quatre ateliers accueillent des enfants de 6 à 16 ans, pratiquant ou non la musique. Parmi les ateliers proposés, la guitariste-chanteuse Esla Scapicchi mène celui de création vocale, et Guillaume Séguron dirige l’atelier d’improvisation et de perfectionnement. Des stages pour adultes aussi, comme celui de Rémy Gauche accompagné de cinq musiciens-professeurs qui se tient du 13 au 19 juillet à Sommières. Notons aussi la masterclass que donnera l’invité d’honneur Bojan Z, le 17 juillet. 

LAVINIA SCOTT

Jazz à Junas
Du 16 au 19 juillet
Divers lieux, Junas

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Échos d’été

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Quatuor Modigliani © Jérome Bonnet

Du 19 au 27 juillet, le Festival de Saint-Paul de Vence s’impose comme un rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique classique, mais pas que. Le coup d’envoi est donné le 19 par le Quatuor Modigliani et son concert sur la place de la Courtine : un programme réunissant Haydn, Beethoven et Debussy, témoignant d’une filiation entre les époques et les styles du classicisme à l’impressionnisme. Le lendemain, le Trio Busch investit la Fondation Maeght pour un voyage à travers les œuvres de Beethoven, Frank Bridge et Mendelssohn. 

Une riche palette sonore

Le festival ouvre ensuite ses portes au jazz avec deux soirées consacrées à des voix féminines singulières. La chanteuse Gabi Hartmann, accompagnée de son sextet le 21 juillet place de la Courtine mêle improvisation et écriture, tandis que Célia Kameni propose à la Fondation Maeght le 22 un répertoire mêlant jazz et influences africaines. Jeudi 24, place aux King’s Singers, formation britannique tout droit sortie de Cambridge et emblématique de la musique vocale a cappella. Une création originale rassemblera enfin le violiste baroque Valentin Tournet et le DJ Djedjotronic le 25 pour un mariage inédit entre musique ancienne et électro à la Fondation CAB.

Clôtures en duos

Le samedi 26, le duo pianistique Béatrice Rana et Massimo Spada propose un voyage musical d’une grande intensité. Leur programme puise dans le répertoire des quatre mains :Ma mère l’Oye de Maurice Ravel, œuvre pleine de contes enchantés et métamorphoses, ouvre la soirée avec ses images sonores délicates et poétiques. Puis Fazil Say avec sa Nuit impose des atmosphères tourbillonnantes et parfois inquiétantes, avant que ne s’achève la performance avec la transcription du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. Le lendemain, c’est le violoniste Renaud Capuçon qui investit la scène avec le pianiste Guillaume Bellom avec un programme romantique mettant en lumière les œuvres de Schumann et Brahms. 

SUZANNE CANESSA

Festival de Saint-Paul de Vence
Du 19 au 27 juillet
Place de la Courtine et Fondation Maeght

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Le rendez-vous des poètes

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Voix Vives
© X-DR

Faite de mots, l’humanité a besoin de poésie, et jamais autant que lorsque la vie est dure. Alors que guerres et même génocide font rage, que l’extrême-droite plastronne sur les plateformes aux mains de milliardaires, que l’emprise du réchauffement climatique se fait plus oppressante, que l’IA hallucine et aplatit toute créativité, le festival Voix Vives propose de ralentir, et d’écouter la parole vivante de nos frères humains. Depuis sa création – 2025 est sa 28e édition – la manifestation rassemble poètes et éditeurs de poésie venus des quatre coins de la Méditerranée, envisagée non pas comme une simple aire géographique, mais plutôt comme un creuset séculaire et multiculturel.

Poètes mais pas que

Le spectacle d’ouverture se fera en nocturne le 18 juillet, dans le parc Simone Veil, où, sur la grande scène, tous les poètes et artistes invités seront rassemblés pour annoncer les festivités à venir. Programme en mains, les festivaliers n’auront plus qu’à piocher dans la foule de propositions, à constituer un florilège, voire des rituels, et à déambuler sur les étals de la Place aux Livres pour se procurer les recueils de leurs coups de cœur. Il est largement possible de combiner une « lecture et croissants », par exemple, pour un petit déjeuner littéraire en compagnie d’Isaac Alonso Araque et Amel Boudali, avec une scène libre, avant d’aller se poser dans un transat, auprès de Maria Maïlat et Lali Michaeli. Et trouver dans les divers recoins de Sète des siestes ou apéritifs sonores, des murmures amoureux, de la poésie en langue des signes (Erwan Nomad), etc. Des lectures auront lieu aussi en mer, à bord d’un chalutier ou d’un voilier, en barque sur le canal. 

La plupart des rendez-vous sont gratuits, seul le concert de soutien au festival, le 23 juillet, est payant. Il aura lieu au Théâtre de la mer, avec trois musiciens qui se succéderont sur scène, Michel ArbatzLaurence Vielle et Diego la Onda. Notez que ce dernier, conteur qui s’accompagne en musique, n’est pas le seul maître des arts du récit invité cette année. Le public pourra aussi entendre deux Marseillais expérimentés, Jean Guillon, précédé de sa splendide moustache en guidon de vélo, et Rachid Akbal sous sa distinctive casquette. De quoi régaler toutes les oreilles, jeunes ou moins jeunes.

GAËLLE CLOAREC

Voix Vives
Du 18 au 26 juillet
Sète
Ateliers quotidiens

L'une des spécificités de Voix Vives est de donner à chacun la possibilité, durant huit jours, de s'essayer à l'écriture au travers d'ateliers, tous plus alléchants les uns que les autres. Une proposition déambulatoire, par exemple, à partir des rencontres que l'on peut faire au coin de la rue, une autre en chansons, un rendez-vous In the moule for love (texte et dessins au creux de coquilles bivalves), des acrostiches, haïkus, cadavres exquis, brèves de comptoir, ou encore un « shoot d'écriture vitaminée » animé par les poètes belges Aurélien Dony et Laurence Vielle.

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Extraits de la Nouvelle déclaration d’Avignon

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© A.F.

Nous, femmes et hommes du spectacle, réunis à Avignon parce qu’un tel festival est aussi celui de la parole publique et des exigences civiques, ne nous résignant pas à l’impuissance, ni à l’invisibilisation du crime, déclarons notre solidarité avec le peuple palestinien.

Nous exigeons la cessation du massacre de masse en cours ayant déjà tué un nombre effroyable d’enfants. Nous dénonçons la politique destructrice de l’État d’Israël. Nous appelons à la reconnaissance de l’État palestinien, à l’application des sanctions prévues par le droit international, à la suspension de l’accord d’association UE-Israël, et à l’arrêt de la criminalisation des prises de parole et des associations soutenant la cause palestinienne. Nous appelons enfin toutes et tous à rejoindre les mobilisations en cours.
[…]
En 1995, la Déclaration d’Avignon avait été saluée par le président de la République, […] trente ans plus tard, il est douloureux mais absolument fondamental de devoir rappeler qu’une vie palestinienne vaut une vie israélienne et toute autre vie humaine.
[…]
Nous sommes contemporains, après des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes génocidaires, de ce qui se dessine comme la disparition programmée d’un peuple, et notre responsabilité collective à toutes et tous est engagée. 

Lire la déclaration en intégralité sur telerama.fr.

Au cœur de nos brûlures

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Chaque été désormais notre région flambe, transformant nos forêts et maquis en désert, détruisant nos maisons et nos mémoires, épargnant encore nos vies, tandis qu’au Texas des enfants se noient par dizaines. La mise à sac des services d’alerte météo a entraîné le pire aux États-Unis trumpiens, il a été évité à Marseille par le courage de l’armée du feu, malgré une flotte de Canadair vieillissante et trop peu nombreuse. 70 maisons détruites, autant de vies dévastées. 

Au Festival d’Avignon, ce sont d’autres dévastations qui reçoivent le soutien des artistes. Alors que la ministre s’annonce et se désiste – viendra viendra pas, la valse-hésitation serait comique si elle ne révélait pas l’intense rejet de sa politique, et son incroyable mépris du plus grand événement de théâtre du monde – les artistes s’engagent. 

Laurence Chable, Anne Teresa de Keersmaeker, Radouan Mriziga, Milo Rau et Martial du Fonzo Bo, artistes signataires programmée au Festival d’Avignon, ont lu la Nouvelle déclaration d’Avignon devant la porte du Palais des papes. Respectivement en français, anglais, arabe, allemand et espagnol, sous le regard de Tiago Rodrigues. La tribune, parue dans Télérama et signée par des centaines d’artistes et professionnels de la culture, réclame la reconnaissance de l’État palestinien et l’application des sanctions prévues par le droit international [lire ici]. 

Mobilisation historique des artistes

Trente ans après Srebrenica, elle rappelle la grève de la faim historique des artistes après la Déclaration d’Avignon en 1995. Ariane Mnouchkine, Maguy Marin, Olivier Py, Emmanuel de Véricourt et François Tanguy avaient efficacement réveillé les consciences. Qu’en sera-t-il aujourd’hui, alors que la disparition de Thierry Ardisson occupe bien davantage les médias et la ministre que l’appel international devant le Palais des Papes ? Qu’en sera-t-il, alors que l’Union européenne hésite à sanctionner un pays « ami » malgré la qualification de génocide, sans ambiguïté, de l’Onu, et les 56 000 morts dénombrés, dont la moitié d’enfants ? Qu’en sera-t-il alors que l’effroyable atrocité du 7-Octobre semble légitimer pour certains la destruction systématique d’un peuple ?  

Les enfants d’Abraham, les enfants de Sem, sont-ils devenus des ennemis irréconciliables ? Les actes antisémites, anti-arabes, anti-migrants vont ils continuer de se multiplier jusque dans nos rues, dans nos lois, nos accords internationaux, nos déclarations publiques ? 

Jamais plus nous ne pourrons dire « nous ne savions pas ». Jamais plus nous ne pourrons dire « Israël a le droit de se défendre ». L’État hébreu a démontré en Iran qu’il sait parfaitement cibler ses objectifs, et perpétrer des frappes chirurgicales s’il le veut. La destruction systématique des hôpitaux, des écoles, des universités, des immeubles d’habitations, des convois alimentaires, des journalistes et des soignants, est un projet politique. Génocidaire. Qu’il est criminel d’excuser.

Agnès Freschel


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Vierge ou putain

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En 2019, la réalisatrice Princia Car avait présenté au Festival de Clermont Ferrand son court-métrage Barcelona, réalisé en atelier avec des jeunes d’un quartier à Marseille. L’histoire : neuf jeunes qui projettent de s’enfuir à Barcelone. Parmi eux, Leïa Haïchour, Houssam Mohamed, Mortadha Hasni que nous retrouvons dans son premier long métrage, Les Filles désir, présenté à la dernière Quinzaine des cinéastes.

On est à Marseille dans une cité où Omar (Houssam Mohamed), la vingtaine, dirige un centre aéré, gère comme un chef ses moniteurs aux propos crus, souvent machos, arbitre les disputes, console les petits quand il le faut. Il fréquente Yasmine, 17 ans (Leïa Haïchour) en tout bien tout honneur. Car pour lui et ses potes, il y a deux catégories de filles. Celles qu’on peut épouser et les autres. La Vierge et la Putain ! Le jour où Carmen (Lou Anna Hamon), une ex-amie, revient au quartier après 7 ans d’absence, ne sachant où aller, tout va changer.  « Pendant 7 ans, j’ai fait la pute ! » proclame-t-elle. Elle veut à présent tout recommencer Mais dans la cité « une pute reste une pute » et pas question qu’elle réintègre la bande. Omar veut l’aider et, pour rassurer Yasmine, il décide de la présenter à sa mère ; c’est elle sa future femme. Mère qui met la jeune fille en garde : elle est très jeune et ce qui l’attend, cuisine, ménage, etc. n’est pas des plus réjouissant. Quant à Carmen, à l’allure et à la parole libres, elle fait naitre chez tous des sentiments et des réactions contradictoires, désir, interrogation, rejet et va permettre à chacun de choisir ou subir son destin.

Dans ce film tourné entièrement à Marseille, en particulier dans la Cité Saint Thys, Princia Car met en scène la vie quotidienne de jeunes, un été sous le soleil, un peu comme un documentaire. Ils vont dans une fête foraine, se rencontrent au pied de leurs immeubles, encadrent les enfants au Centre, filmés superbement, dans des couleurs éclatantes, par le directeur de la photo Raphaël Vandenbussche.  La caméra souvent en mouvement, s’arrête soudain sur des visages ou des corps, plans comme des tableaux. Les comédiens, qui ont participé à l’écriture et aux dialogues, comme pour Barcelona, sont plus vrais que nature, aussi bien Housam Mohamed que les deux filles, en particulier Lou Anna Hamon qui crève l’écran.

Un premier long métrage prometteur.

ANNIE GAVA
Les Filles Désir de Princia Car sort en salles le 16 juillet
© Zinc

« Kouté Vwa » : une histoire de violence

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Maxime Jean Baptiste appartient à la diaspora guyanaise en France. Pour son premier long-métrage, c’est dans sa vie et la relation qu’il entretient avec son pays d’origine qu’il puise son inspiration. Un de ses cousins de Cayenne, Lucas Diomar été poignardé suite à un différend entre jeunes, et a succombé à ses blessures. Cet homicide est au centre de Kouté Vwa, à la fois comme un drame familial personnel, comme le symptôme de la violence endémique d’un territoire colonisé marqué par l’esclavage, et comme le ferment d’un combat collectif.

Pour approcher cette complexité, le réalisateur mêle intimement archives et fiction, documentaire et imaginaire, présent et passé articulant son récit autour de trois personnages. Melrick, un ado de 13 ans, venu passer ses vacances en Guyane chez Nicole, sa grand-mère. Nicole qui, quoique marquée à jamais par la mort de son fils Lucas, oncle de Melrik, sait qu’il faut aller de l’avant. Et enfin Yannick, le meilleur ami du jeune homme assassiné, qui a fui Cayenne après le drame et ne parvient pas à faire son deuil.

Parfaitement intégré à un groupe de copains de la Cité – qui lui demandent comment c’est la France, sans considérer que la Guyane est toujours un département français, Melrik aimerait rester là pour de bon. Il joue au foot, fait du vélo, s’initie au tambour. Alors qu’un concert commémoratif s’organise pour les dix ans de la disparition de son oncle, il  découvre qu’il est aussi doué que lui pour le tambour. Il cherche à mieux le connaître en questionnant Nicole et Yannick. Lucas c’était qui ? Un excellent tambouién, un garçon au grand cœur, un gars toujours élégant, qui s’énervait vite… Son visage s’affiche partout, sur les T-shirts des manifestants de la Marche blanche, sur les peintures murales, les photos, dans les mémoires de ses amis et des siens. C’est avec ce passé et ce présent que Melrik doit se construire.

Intime et universel

Le titre du film l’indique bien il s’agit d’écouter les voix. Pour l’adolescent, ce sont celles qui l’appellent à la musique (une vraie vocation) et celles plus lointaines qui, par cette musique, le rattachent à sa culture originelle. Dans un parcours initiatique le jeune garçon reconstitue l’histoire familiale et pressent celle de tout un peuple. La voix de sa grand-mère lui apprend la toxicité de la vengeance et l’importance du pardon dans une séquence très forte où elle lui raconte sa confrontation avec l’assassin de son fils, récemment libéré.

Pour nous, il s’agit d’écouter cette histoire intime et universelle, venue d’un territoire d’Outre mer bien peu représenté dans le cinéma national, et de sentir charnellement la pulsation des percussions du Mayouri Tchô Nèg Band.

Primé à Locarno dans la Section Cinéastes du présent, avec ses dialogues naturels et ses maladresses, sa douceur en ferme réponse à la noirceur du monde, Kouté vwa est un premier film émouvant et prometteur.

ELISE PADOVANI

Kouté Vwa de Maxime Jean-Baptiste

En salle, le 16 juillet

Vagues de musique 

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musique
© X-DR

Créée en 1991, l’association Jazz à Mèze a à cœur de développer la diffusion musicale sur le territoire du bassin de Thau, en y organisant chaque été un grand rendez-vous nomade dans les différentes communes qui le bordent. Engagé aussi dans l’écologie, le festival mêle une programmation tournée vers les musiques traditionnelles et du monde à une série d’actions de sensibilisation au développement durable. L’association profite du festival pour proposer des « éco-dialogues » : plusieurs rendez-vous en entrée libre à Montbazin et Mèze autour d’une thématique et de balades-découvertes, rencontres et de visites. Ainsi, les plantes comestibles sont à l’honneur, cette année, avec sept propositions d’échanges avec les publics sur les blés et farines, les plantes voyageuses, les légumineuses, etc. 

Ayant pris une ampleur grandissante au fil des ans, le festival est aujourd’hui inscrit à la vie culturelle de la région et fortement couru par ses habitants. Offrant autant de rendez-vous intimistes que de grandes soirées concerts en plein air, il séduit par l’éclectisme de sa programmation et de ses sites d’accueil, qu’il lie avec pertinence. 

Ballaké Sissoko et Zar Electrik

Le jardin des remparts de Loupian recevra, en ouverture d’exploitation (le 11/07), le Kaleyah Sound System, fruit du duo formé par la chanteuse Marianne Aya Omac et le multi-instrumentiste Marius Keller, qui inventent ensemble une world fusion très dansante. 

Le 15, la très belle abbaye cistercienne Sainte-Marie de Valmagne recevra le musicien Piers Faccini, en duo avec son ami koriste Ballaké Sissoko pour un set entre tradition mandingue et folk britannique. Il invite également en première partie la très talentueuse Christine Zayed, qui offre du bout de son qanoun expert et de sa voix envoûtante un hommage poignant à la Palestine. 

Le 16, le jardin de Montbazin accueille des formations fusionnelles, avec le jazz afghan de Yaran, qui mêle avec tact les instruments traditionnels et les sonorités électroniques. Puis, les Marseillais de Zar Electrik offriront leur transe électrorientale enivrante. 

Du 17 au 20 juillet, le port de Mèze devient le site principal du festival, avec sa grosse scène, ses stands et, bien sûr, une programmation très populaire : Oxmo Puccino, charlie Winston, Dub inc, Zoufris Maracas, Fakear, Flavia Coelho

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM 

Festival de Thau
Du 11 au 20 juillet 
Autour du bassin de Thau (34)

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L’intimité retrouvée

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Zita Hanrot © X-DR

Du 28 juillet au 1er août, le Domaine des Davids accueille, pour sa cinquième édition, les spectateurs pour quatre jours de festivités littéraires. Les Estivales du Haut-Calavon, c’est une bulle dans un coin de paradis. Une thématique cette année : « Que ma joie demeure ! » tiré du nom du roman du local Jean Giono. Toujours marrainé par Vinciane Despret qui partage la co-programtion avec Sylvère Petit, le rendez-vous une flopée d’auteurs, philosophes et autres chercheurs se réunissent pour des rencontres en public. Parmi tant d’autres, Hélène Roche et Sophie Barreau évoqueront l’anthropomorphisme ; Claire Doutrelant parlera de l’incroyable évolution de la mésange bleue face aux contraintes climatiques, et les comédien·nes Zita Hanrot et Grégory Montel dispenseront la lecture musicale de Sous le vent.

Programmation singulière

Ainsi, dans une ambiance familiale et coniviale, le festival organise des ateliers destinés au jeune public. Cette année, la poétesse Donatienne Ranc s’adonne à une lecture du Grand voyage de Jules Lapin. « Les ateliers pour enfants, c’est quelque chose qui est là depuis le début et qu’on voudrait aussi développer chez les adultes. Faire une proposition créative et manuelle pour les parents »indique Julie Gérin, coordinatrice du festival. 

Donatienne Ranc © X-DR

Au programme de cette édition 2025, également du théâtre itinérant. Comme cette balade-théâtre qui propose cinq tableaux différents de Jean Giono, mis en scène par Clara Hédouin. Outre les escapades théâtrales, la programmation promet aussi des pauses audiogustatives. Parmi elles, un apéro avec Jean-Guihen Queyras, violoncelliste de talent, accompagné en cuisine de Léo Troisgros.

Clara Hédouin © Lisa Lesrourd

Convivialité et intimité

Outre les artistes de talent que le rendez-vous accueille, il tient à préserver son caractère intime. « Il y a cette volonté de créer ce petit village », explique Julie Gérin. C’est dans cet esprit que le festival limite à 120 personnes toutes ses jauges. 

Au petit-déjeuner, au dîner ou sur le domaine, les artistes se croisent et se re-croisent. Cette promiscuité est à l’origine de rencontres et de coopération. « On assiste parfois à des échanges entre les auteurs et les artistes qui débouchent sur des collaborations les années suivantes ou bien lors d’autres événements culturels. »

La masterclass de Vinciane Despret et Sylvère Petit, organisée en ouverture de festival, en est l’illustration parfaite. « C’est la restitution d’une conversation qui a commencé l’année passée et qui cette fois-ci sera partagée avec le public ». Au programme, notre rapport aux 

cours de cette conférence, ils aborderont le rapport aux autres êtres vivants. Vaste programme, qui trouvera peut-être une suite en 2026 ?

MÉLYNE HOFFMANN-BRIENZA

Les Estivales du Haut-Calavon
28 juillet au 1er août
Domaine des Davids, Viens 

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