vendredi 4 juillet 2025
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Fermin Muguruza

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fermin
© X-DR

Avis de tempête basque sur Marseille. Le chanteur originaire de la ville frontalière d’Irun, Fermin Muguruza, se produit pour la première fois à Marseille, à l’Espace Julien, dans le cadre de la tournée de ses quarante ans de carrière. Depuis les années ska-punk de Kortatu dans les années 1980, en passant par le groupe hardcore-rap-reggae Negu Gorriak, il a toujours porté haut et fort ses engagements musicaux et humanistes. Ce proche de Manu Chao s’est même aventuré à jouer son répertoire avec un brass band façon New Orleans. Il s’est aussi adonné au cinéma, produisant des documentaires sur les musiques arabes pour la chaîne Al-Jazeera, ou encore des films d’animation, conviant même Massilia Sound System pour l’un d’eux. 

LAURENT DUSSUTOUR

29 mars
Espace Julien, Marseille

Kiosque & Co

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kiosque&co
© X-DR

Kiosque & Co, rendez-vous festif proposé à Marseille par la mairie des 1/7 et concocté par l’association fructueuse de la Mesón et du Théâtre de l’Œuvre, est une invitation en plein air et en accès libre à venir profiter de spectacles et concerts dans les hauts de la Canebière. Pour l’ouverture de sa quatrième saison, l’organisation propose d’emmener les plus jeunes profiter d’un bal orchestré par Anne-Laure Carette, en association avec Babel Minots, au jardin Labadié. Puis, au square Léon Blum, la programmation met à l’honneur le maloya, style musical créolisé de l’île de La Réunion, avec un concert de la chorale marseillaise Ker Maloya, puis de l’icône réunionnaise Christine Salem. La techno acoustique roulante & festive de Boum Boum Char clôturera cette joyeuse soirée. 

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM

29 mars
Jardin Labadié et square Léon Blum, Marseille

Alex Grillo

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Alex grillo
Alex Grillo© X-DR

Une saison au GMEM est un voyage musical qui peut amener le public dans bien des contrées. Pour ce nouvel Extra Mod (concert non prévu dans la saison, une suprise musicale), le centre national de création musicale de Marseille accueille Alex Grillo, musicien voyageur par excellence. Vibraphoniste et compositeur, il propose ce 27 mars une pièce intitulée Pagnes Arrachés, un opus dans la continuité de son précédent L’Afrique est en nous. Sur scène, en compagnie de la chanteuse et musicienne Dominique Chevaucher, il met en scène, et en musique, les textes de deux autrices, l’une béninoise (Nathalie Hounvo Yèkpè), l’autre ivoirienne (Fatou Sy), qui parleront « de leur place de femme dans ces diverses afriques ». 

NICOLAS SANTUCCI

27 mars
Friche la Belle de Mai, Marseille 

Une Cerisaie dans les calanques

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cerisaie
© Cordula Treml

Zebuline. Pourquoi avoir choisi La Cerisaie de Tchekhov 

Serge Noyelle. Je voulais travailler sur la notion des héritages. C’est un moment dans toutesles familles, riches ou pauvres, où le passé, le présent, l’avenir, tout se règle. Il y a toujours des difficultés, c’est à la fois une tragédie et un moment très particulier. C’est aussi la dernière pièce que Tchekhov écrit, et pour moi l’une des plus fortes. Le personnage est une aristocrate qui a perdu son mari, son enfant, la propriété est en faillite et un jeune moujik (fils de serfdonc), qui a fait fortune, leur propose de vendre la cerisaie pour installer des datchas, c’est-à-dire l’économie du tourisme. Donc c’est vraiment un regard sur un ancien et un nouveau monde qui arrive avec ce moujik. Une pièce assez paradoxale, à la fois la tragédie de la vente de cette propriété et en même temps une comédie, parce que dans chaque réplique il y a des sens et des contresens, des moments d’extrême malheur et des moments très drôles, très cruels, très décalés. 

Dans le texte de présentation de la pièce, vous dites qu’il faut voir LCerisaie à la fois comme une peinture et comme une musique atonale ?

C’est un chant choral. Tous les personnages sont importants. Et chacun de ces personnages a une tonalité différente, ce qui donne ce côté atone, mais dans l’atonalité il y a des variations à l’infini. C’est du Bach au théâtre. Sur le côté pictural, j’ai le souvenir qu’avant on recouvrait les meubles de tissu dans les villégiatures, dans ces maisons qui étaient soit abandonnées, soit propriété grande bourgeoise où on préservait ses meubles. Et pour moi c’est comme un linceul, les meubles représentant le passé, couvert de ces grandes toiles blanches. Puis on se regroupe, on pousse les meubles vers la sortie comme seront poussés les anciens propriétaires pour laisser place aux nouveaux. Et puis il y a cette Charlotta qui vient. Magicienne, qui a un chien qui mange des noisettes, qui fait apparaître des gens, qui les fait disparaître. Il y a quelque chose d’un contrepoint incroyable que j’ai traité effectivement par l’image, l’imaginaire.

Comment est-ce que vous travaillez sur la mise en scène ?

C’est un travail d’équipe avec le noyau dur de la compagnie, et les jeunes acteurs professionnels du groupe 444 et de la compagnie du Théâtre Populo. Donc c’est un panaché d’anciens et de nouveaux acteurs. C’est une horlogerie au millimètre. On essaie de gagner chaque jour millimètre par millimètre. S’approcher au plus profond et au plus près d’un textequi est vertigineux. C’est peut-être l’un des plus beaux textes de théâtre qui puisse exister. Je le dis parce que j’ai pu traverser Becket, Shakespeare, et j’adore ces deux auteurs, mais je découvre l’immensité de l’écriture de Tchekhov.

Il faut dire aussi que c’est une histoire qui nous touche. On a pendant des années tourné en Russie. On a joué à Perm, à Saint-Pétersbourg, Moscou… et on devait monter un opéra à Samara, trois semaines avant le début de la guerre en Ukraine. Donc c’est aussi un texte qui me touche dans le souvenir que j’ai de la Russie, qui est un pays fascinant. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARC VOIRY

La Cerisaie
Du 20 au 22 et du 27 au 29 mars
Théâtre des Calanques, Marseille

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Transgaze : la transidentité en images 

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transgaze
Gang de pétasses sauvages © X-DR

« On veut réunir sur le modèle du Festival Arts et Création Trans (FACT) à Lyon mais avec nos spécificité » explique Edna, membre du collectif organisateur du festival Transgaze. Pour sa deuxième édition, le rendez-vous programme 12 séances et conférences, à prix libre, et laisse la place à des invité·e·s venu·e·s de Lausanne, Lyon ou Brest – en plus de tous·tes les Marseillais·e·s.

« Le public de l’année passée était celui du Vidéodrome, avec plus de trans. Mais la mixité sociale, raciale et d’âge » n’étaient pas au rendez vous, explique Edna. Alors que Transgaze est un « anti tokénisme » (pratique consistant à promouvoir l’inclusion des groupes minoritaire pour échapper aux accusations de discrimination), le festival refuse de transformer les individu·e·s en porte-étendard de leur communauté, incité·e·s à correspondre à certains clichés – la femme transgenre hyper sexualisée par exemple.

Inclusif, pas excluant

Ainsi des courts métrages, comme ceux prévus mercredi 26 mars à 18h30, apportent une nouvelle vision. Réalisés par et pour des personnes trans, mais pas seulement car la programmation s’est ouverte à des artistes non trans, avec des œuvres collaboratives où visions cis et trans dialoguent et se questionnent.

Le cinéma est l’espace privilégié du cisgaze, regard plaqué d’une personne cis sur une autre identité de genre, « qui dépeint des femmes trans malheureuses, artificielles et entourées de violence pour dissuader de transitionner dans le réel » explique Jasmine Mokrim, chercheuse sur la représentation trans au cinéma. Elle cite Tangerine (2015), La Belle de Gaza (2024), LeSilence des agneaux (1991) et Emilia Pérez (2024) qui mélangent transidentité, violence et performance de drag show. A contrario, Gang de pétasses sauvages : Bixarada d’Ugo Céleste Gerardi et Raphaël Sawadogo-Mas, présenté au Vidéodrome le 25 à 18h30, ouvre un nouvel espace pour cette « minorité protéiforme » selon Edna.

Et Jasmine de conclure : « il nous faut des productions incluant des personnes trans ou des productions entièrement transgenre comme une réappropriation, pour éviter que des personnes capitalisent sur nos vécus, nos souffrances ou nos bonheurs ». Le personnage de Jules (série Euphoriaou celui de Biba (Joyland) reflètent cet avenir possible à rebours des clichés. 

LOLA FAORO

Transgaze
Du 25 au 30 mars
Vidéodrome 2 et Centre LGBTQIA+
Marseille

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Picturalités 2025 : Des rencontres au pluriel 

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picturalité
© C.P-P

Pour la troisième année du projet Picturalité, le MAC Arteum propose une exposition en trois temps, dans trois lieux à l’identité marquée, en s’appuyant sur trois jeunes artistes récemment diplômés de l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence.

Ce projet repose avant tout sur des rencontres : entre les artistes bien sûr, mais aussi entre leurs œuvres, qui se mêlent dans une harmonie délicate. Attentifs aux jeux chromatiques et aux interactions subtiles avec l’espace, les artistes ont composé une installation pensée pour le lieu. En témoigne la petite toile Ibuprofen, discrètement nichée dans la crevasse d’une alcôve de l’église historique du village de Puyloubier, magnifiquement restaurée, devenue l’Espace Sainte-Marie. Christiane Courbon, curatrice à l’origine du projet, évoque « cette ambiance feutrée et la douceur particulière qui se dégage de l’exposition, où se lit une certaine mélancolie, assumée différemment par chaque artiste ».

Réfléchir comme Cézanne

À l’occasion de Cézanne 2025, les artistes sont invités à s’interroger sur la couleur et les outils, comme Cézanne en son temps. Mathilde Beauvois, formée initialement à la couture, oriente sa recherche picturale vers la persistance rétinienne. Ses toiles en tissus peints et cousus expérimentent la couleur, la matière, la forme et la mise en espace laissant toute sa place à la contemplation. À ses côtés, Sévérina Ianakieva, fidèle à la peinture à l’huile, explore la mémoire et la nostalgie. Elle envisage l’image comme élément sacré du souvenir. Quant à Meher Kafalian, il peint l’intérieur des lieux qui ont marqué sa vie, de l’appartement de sa grand-mère à la cuisine du restaurant où il a longtemps travaillé et qui, dit-il, « lui a volé son soleil ». Son approche déconstruit les perspectives et transforme l’ordinaire avec une tendresse singulière.

© C.P-P

La prochaine étape, temps fort du projet, se tiendra au MAC Arteum, où chaque artiste exposera son travail en lien avec des œuvres issues des collections du Frac Sud et de l’Artothèque intercommunale Istres-Ouest Provence. 

CÉLIANE PERES-PAGÈS

Trois centimètres au dessus de la Terre
Première étape jusqu’au 30 mars
Espace Sainte Marie, Puyloubier
Uniquement les samedis et dimanches de 14h à 18h.
À venir
Du 11 mai au 19 juillet
MAC Arteum, Châteauneuf-le-Rouge

Du 7 au 20 juin 
Musée Mélik à Cabriès

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La littérature en équilibre

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Olivia Rosenthal

Olivia Rosenthal n’a jamais aimé les lignes droites. Son écriture procède par bifurcations, croisements, détours et glissements. Une femme sur le fil ne fait pas exception. Mille paragraphes numérotés trament ce texte où s’entrelacent récit intime, destinées tragiques et vies minuscules, méditations sur le deuil et le vide – curieusement mais systématiquement adossés – et dialogues avec des acrobates. 

Ici, tout commence par le fil. Littéral et métaphorique, il relie, retient, entrave parfois. Il est celui du textile, domaine du père, ingénieur daltonien qui distinguait mal les couleurs mais maniait les matières. Celui de l’équilibriste, entre ciel et sol, vertige et maîtrise. Celui de l’angoisse, qui survient par bouffées, qui submerge Zoé à la vue de cet oncle « aux mains baladeuses ». Celui de l’écriture, ligne tendue sur laquelle Rosenthal avance en défiant comme à son habitude l’injonction du récit classique.

Ces mille fragments numérotés dessinent un parcours éclaté, où se mêlent des voix familières ou inconnues, les souvenirs d’une sœur disparue. Une structure en éclats, mouvante, où la pensée avance par essais, recule, trébuche parfois, mais ne cesse de chercher son point d’équilibre. Et où la légèreté surgit toujours d’un discours pour parer à la caricature : comme dans cet hilarant traité de ponctuation : « J’estime que les points d’exclamation sont des béquilles pour des phrases non abouties, celles dont on ne saisit pas à la seule lecture l’harmonie, l’intonation, le rythme et l’intention. Il y a un aveu de faiblesse dans l’usage du point d’exclamation. »

Vide et expérimentation

Photo F. Mantovani © Éditions Gallimard

En guise de points d’exclamation, ou, « encore pire », de ces points de suspension qui créent une « fausse connivence », on trouvera des variations de rythme, des paragraphes tantôt denses, tantôt réduits à un seul mot, des reprises qui sculptent la langue plutôt qu’elles ne la contraignent. Comme Montaigne, cité au même titre que Philippe Petit ou Françoise Dorléac, Olivia Rosenthal corrige, réécrit, ajoute, ajuste. Une femme sur le fil scrute le rapport au corps, au doute, au vertige, à l’apprentissage du risque. Pour certains circassiens, la marche sur le fil est un ancrage, une façon de suspendre l’instabilité de leur enfance cabossée. Une voltigeuse provoque son public en lui demandant de lui lancer des boîtes de conserve ; un exilé congolais voit sa fille funambule réconcilier, en un seul geste, les deux rives de leursvies séparées par la distance. Ce que répare Une femme sur le fil conservera jusqu’au bout une part secrète ; le récit n’en demeure que plus émouvant.

SUZANNE CANESSA

Une Femme sur le filOlivia Rosenthal
Gallimard – 17 euros

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[Music & Cinéma] « On vous croit » , un drame poignant ouvre le festival

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Le film commence dans la panique d’une mère qui ne maîtrise pas son fils. Ils vont rater le bus dans lequel le garçon refuse de monter. On comprendra bien vite qu’ils ont un rendez-vous important et pourquoi l’enfant fait tout pour ne pas s’y rendre, n’obtempérant qu’à l’injonction de sa grande sœur hors champ.

Alice (Myriem Akheddiou) est convoquée au tribunal avec ses deux enfants (Ulysse Goffin et Adèle Pinckaers) pour une confrontation avec leur père (Laurent Capelluto). Celui-ci réclame un droit de visite et la prise en charge du garçon par une structure adaptée. Il accuse son ex-femme de le déprécier aux yeux de son fils, d’être responsable de l’encoprésie dont il souffre et qui l’empêche de suivre une scolarité normale. Alice, de son côté, a commencé une procédure contre son ex-mari, pour inceste sur cet enfant. Frère et sœur ne veulent plus voir leur père qui les terrorise et ne comprennent pas pourquoi la justice les contraint à le croiser encore et encore, depuis plus de trois ans, au fil des audiences successives. Pourquoi elle les oblige à répéter leur histoire, remuant le couteau dans la plaie et faisant planer sur eux la menace d’une décision contraire à leur volonté.

Suspense au carré

Ils voudraient bien qu’on leur dise « on vous croit » et que, de cette confiance naisse une véritable protection. Alice contrainte à se défendre est à bout de forces, et craque au risque de paraître hystérique. Devant la juge, tout est possible, et le film entretiendra le suspense jusqu’au bout, servi par la musique de Lolita Del Pino qui avait déjà travaillé avec Arnaud Dufeys sur Invincible Eté.

Avec une grande économie de moyens, un format carré qui accentue la sensation d’étouffement, le choix d’un lieu unique, en un temps limité à une matinée, le réalisateur et la réalisatrice (infirmière de profession) traitent leur sujet si contemporain, avec une redoutable efficacité. Ils parviennent à transformer un huis clos où s’affrontent cinq discours contradictoires en un drame poignant. À faire de la scène centrale de près d’une heure, tournée en temps réel, avec des personnages assis autour d’un bureau, une scène d’action ! Devant la juge des affaires familiales (Natali Broods), l’avocate d’Alice, l’avocat du père, l’avocat des enfants (véritables avocats dans leur vie et acteurs pour l’occasion) développent leurs plaidoiries. Le père puis la mère racontent à tour de rôle, leur version des faits. Tous doivent s’écouter malgré leur colère, leur souffrance. Dans le bâtiment moderne fonctionnel du tribunal tout en baies vitrées, lumière et transparence, la juge arrivera-t-elle à y voir clair ?

Le réalisateur et la réalisatrice étaient là, accompagnés de leur producteur et de leur remarquable interprète, Myriem Akheddiou, ainsi que de Lolita Del Pino. La première rencontre entre la musicienne et les cinéastes s’était faite grâce à Music & Cinéma Marseille en 2022 dans le cadre du dispositif Le 3ème personnage qui connecte réalisateurs·trices, producteur et compositeur sur un projet en devenir. Une collaboration on ne peut plus réussie.

ÉLISE PADOVANI

Le film a obtenu le Prix du Meilleur Film Music § Cinéma 2025

Aussi ancien que Charlemagne

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© X-DR

En 16 panneaux, l’exposition fait magistralement le tour de la question, en suivant un fil chronologique où tout se nuance et se rejoint : les chercheurs de l’ACHAC (Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine) qui ont conçu l’exposition ont une approche scientifique qui énonce des faits explicites : l’arabo-oriental – c’est à dire le maghrébin, ottoman ou proche-oriental – est présent en France depuis Charlemagne et les conquêtes arabo-musulmanes qui lui sont contemporaines. Il figure une altérite que la France monarchique combat, ou avec laquelle elle dialogue et négocie, mais surtout que la France républicaine ou impériale exploite, comme combattant (les Turcos, les soldats indigènes), comme travailleurs dans l’industrie, le bâtiment ou l’agriculture saisonnière.

L’exposition met aussi en évidence la rupture historique que constitue la colonisation, qui entraîne une forte dégradation de l’image de l’oriental, et un racisme systémique. Les derniers panneaux sont ceux d’une histoire des luttes, des marches et des revendications. Mais aussi une réflexion sur les différentes représentations, artistiques et médiatiques, pour sortir de l’essentialisation coloniale.Un pas indispensable pour cesser de discriminer cet « autre » qui a toujours été là. 

AGNÈS FRESCHEL

L’histoire des présences arabo-orientales en France
Jusqu’au 22 mars
Maison des associations, Marseille

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Un piano au diapason de l’Histoire 

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piano
Coupure de presse guillotine des militants du FLN 1956 © X-DR

DiasporikComment avez-vous construit votre récit?
Hélène Lioult. L’intention première est apparue à l’occasion de la rencontre avec Philippe Courreye, le restaurateur qui a trouvé dans le piano un journal d’Algérie daté du jour de sa naissance. J’ai donc travaillé à articuler l’histoire du piano – ce que je pouvais en retrouver, les archives, les souvenirs et les suppositions – et le déroulement de la restauration. Articuler l’histoire du piano avec la grande histoire, celle de la France et de l’Algérie dans ces périodes douloureuses. J’ai longuement cherché les musiciens et j’ai eu la chance de trouver George Lepauw et Amine Soufari, pianiste et chef de chœur, dont les musiques se croisent…

Le piano est fabriqué par la Maison Gaveau. Dans quel contexte est-il expédié à Oran et comment devient-il le piano d’étude de votre sœur Anne-Marie Camps?
Le piano est expédié par Gaveau en Algérie à la maison Willems en 1912. Ce n’est qu’en 1965 qu’il arrive dans ma famille à Alger. Mais les marques sur le piano donnent des dates dès 1946. Je fais donc des hypothèses… à découvrir dans le film ! 

La restauration a permis de découvrir un article du journal d’Alger de 1956. À votre avis, comment s’est-il retrouvé là?
Le journal d’Alger du 19 juillet 1956 fait sa « Une » sur la « décapitation du milieu musulman »Hamid Bousmah, cinéaste, analyse en finesse cette propagande qui parle de « milieu musulman » assimilant les militants à des voyous. Elle annonce les exécutions capitales des militants algériens qui interviendront par la suite. Il n’y a aucune raison technique à la présence de ce journal dans le clavier d’après le restaurateur. Le piano garde son secret. 

Qui joue du piano dans l’Algérie française des années 1930 ? Existe-t-il un enseignement accessible aux indigènes ?
Des classes de musiques arabes ont été créées au conservatoire d’Alger dès les années 1920 mais le nombre d’étudiants algériens était très faible. Les associations de musique arabo-andalouses très présentes sur l’ensemble du territoire ont introduit peu à peu le piano dans les orchestres. À partir des années 1920, un vaste mouvement associatif musical indigène, juif et musulman, émerge en Algérie. Ce mouvement se consacre à la diffusion d’un genre que l’on appelle communément « la musique andalouse ». L’introduction progressive du piano a impacté les musiques algériennes et l’évolution des styles musicaux du pays, dans différents répertoires, tels que le chaâbi, le malouf, la musique andalouse, le raï. Aujourd’hui les claviers sont plus fréquents que les pianos et présentent l’avantage de pouvoir être facilement réglés pour le quart de ton. 

Comment envisagez-vous la diffusion du film ?
Après les avant-premières qui ont suscité beaucoup de réactions positives et d’émotions partagées, j’ai de nombreuses propositions de diffusion dans des cinémas ou des associations culturelles dans les Bouches-du-Rhône, les Alpes, le Var, et aussi en Corrèze et en Dordogne, ainsi qu’à Paris. J’inscris le film dans les nombreux festivals de documentaires, en France, et dans le monde. Il vient d’être sélectionné dans un festival au Bénin début mai. Il va avoir un sous-titrage anglais !

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SAMIA CHABANI

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