jeudi 17 avril 2025
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Une histoire subjective du Proche-Orient…

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© Alain Richard

Fondé en 2009 à Paris par l’autrice franco-libanaise Lauren Houda Hussein et le metteur en scène israélien Ido Shaked, le Théâtre Majâz mène une recherche théâtrale politique et engagée en confrontant la petite histoire à la grande. En 2021, en pleine crise sanitaire Covid, ils créent une forme itinérante destinée à jouer aussi bien hors les murs qu’en salle : Une histoire subjective du Proche-Orient mais néanmoins valide… je pense. Un projet qui s’articule sur trois épisodes de 55 minutes. Chaque épisode est dédié à une ville : Beyrouth, Jérusalem et Paris, et mêle récit et musique live, portés par une comédienne et un oudiste. Une cartographie sensible de ce territoire, comme un concert documentaire, à voir en intégrale au Théâtre Joliette.

MARC VOIRY

8 au 11 janvier
Théâtre Joliette, Marseille

Les gros patinent bien

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© Fabienne Rappeneau.

Énorme succès aussi bien sur les scènes du théâtre public que privé, le « cabaret de carton » Les gros patinent bien de Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan, couronné en mai 2022 Molière du meilleur spectacle de théâtre public, passe par le Théâtre Liberté à Toulon. Sur scène, un duo du genre Stan et Laurel ou Don Quichotte et Sancho Panza : d’un côté Olivier Martin-Salvan, rondelet, braillard et hautain, assis tout du long sur un trône dérisoire, éructe un gromelot d’anglais shakespearien. De l’autre Pierre Guillois, grand échalas, se démène pour planter les différents décors, du haut du ciel jusqu’au fond de l’océan, et représenter la multitude de créatures qui lui sont assignées. Une épopée hilarante emballée dans une ingénierie de carton épatante.

MARC VOIRY

Du 7 au 12 janvier
Théâtre Liberté, Toulon

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Encore une journée divine

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© E.N.

Il suffisait que le metteur en scène et comédien Emmanuel Noblet envoie une lettre fraternelle à François Cluzet pour qu’il soit de retour sur scène après 25 ans sans y avoir mis les pieds. Mais qu’a donc pu charmer le célèbre acteur ? Dans Encore une journée divine, un brillant psychiatre, Robert, se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique, car celui-ci navigue entre un refus de sensibilité et une ambition de changer le monde… l’occasion aussi d’analyser les travers de notre société, dans une langue aux accents absurdes. Spécialiste des adaptations littéraires au théâtre, Emmanuel Noblet s’empare ici du thriller éponyme de l’auteur Denis Michelis.

Lili Berton Fouchet

Du 7 au 18 janvier
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence

Nîmes danse le flamenco

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Rocio Molina - Al fondo riela © Óscar Romero

C’est un des rendez-vous phares du flamenco à l’échelle européenne. Depuis 35 ans, le Théâtre de Nîmes propose pendant deux semaines une généreuse vitrine de la création flamenca contemporaine. Et plus particulièrement de la danse, dont il est « le seul à [lui]accorder une place centrale » explique l’organisation. Et l’édition 2025, du 9 au 18 janvier, ne fera pas exception. Sous la houlette de la nouvelle directrice du Théâtre de Nîmes Amélie Casasole et Chema Blanco, conseiller artistique – qui dirige également la Biennale de flamenco de Séville –, les grands noms de la danse flamenca répondent à l’appel : Rocío MolinaIsrael Galván ou Andrès Marin sont notamment à l’affiche.  

Un dimanche avec Rocío Molina

C’est l’un des moments les plus attendus de cette édition 2025. Déjà programmée l’an dernier pour le dernier épisode de sa trilogie dansée intitulée Trilogía sobre la guitarra, Rocío Molina– nouvelle artiste associée du Théâtre de Nîmes – présente cette année l’intégralité de son triptyque le temps de la journée du 12 janvier. D’abord Inicio (11 heures), puis Al Fondo riela (15 heures) et enfin Vuelta a uno pour terminer le tableau (20 heures). Dans cette trilogie, la danseuse espagnole se distingue par la traduction moderne du langage flamenco. À la fois exubérante, incandescente et technique, elle embarque le public dans une transe divine, bien accompagnée par le jeune guitariste Yeraï Cortès, avec qui elle entretient une relation scénique fusionnelle. 

Un autre moment fort en ouverture du festival (9 janvier). Le Ballet Flamenco de Andalucía propose son spectacle Pineda – Romance popular en tres estampas. Une première en France et une première pour Patricia Guerrero, désormais à la tête du Ballet, qui a choisi s’emparer de l’œuvre du poète et dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca pour cette création. Et plus précisément de la pièce Mariana Pineda – du nom de l’héroïne espagnole de la cause libérale au XIXe siècle. Une pièce chorégraphique qui entend rendre à l’œuvre du poète toute son expressivité et sa force spirituelle. 

Fidèle du festival, Andrès Martin viendra non pas une fois mais deux. Le génie autodidacte présente d’abord son Recto y Solo le 11 janvier. Accompagné de Pedro Barragán à la guitare, il revisite par la danse les écrits de Vicente Escudero, danseur, chorégraphe et théoricien de la danse espagnol. Entre danse avant-gardiste et classique, Andrès Martin entend ici déconstruire la culture hétéro-patriarcale du flamenco. Le 15 janvier, on retrouvera le même danseur au côté de Ana Morales, pour la première en France de la pièce Matarife Paraíso, une œuvre entre le paradis et l’enfer, illusion et désillusion, mythe et réalité.

Enfin, le Festival Flamenco accueille La Edad de Oro d’Israel Galván. Une pièce créée en 2005 qui revient sur « l’âge d’or » du flamenco, entre la fin du XIXe siècle et les années 1930, et qui fêtera au Théâtre de Nîmes ses 20 ans dans une nouvelle distribution (14 janvier).

Un pas de côté

Si la danse occupe une très grande place dans la programmation, le rendez-vous propose aussi un concert de la figure emblématique du flamenco contemporain Niño de Elche à Paloma (10 janvier), ou encore María Terremoto, qui présentera en première mondiale dans la même salle son nouvel album (17 janvier). 

NICOLAS SANTUCCI

Festival Flamenco
Du 9 au 18 janvier
Divers lieux, Nîmes 
theatredenimes.com

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Deux femmes, deux Irak

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Taj Al-Moulouk et Widiane se rencontrent lors d’un concert à Paris et développent une amitié en découvrant qu’elles ont toutes deux grandi en Irak, pays qu’elles ont dû fuir. À 90 ans, la première se souvient d’une vie irakienne des années d’après-guerre dans laquelle les idéesmodernes et révolutionnaires progressent, tandis que Widiane, la petite quarantaine, a connu les années de guerre, d’instabilité et de peur. Elle répète souvent à la vieille dame que son Irak à elle « n’est pas le sien ».

Leurs deux personnalités aussi sont opposées : La jeune Widiane, violoniste reconnue s’est emmurée dans le silence, après avoir été abandonnée par son fiancé et subi la torture perverse d’un homme proche du pouvoir. Taj Al-Moulouk, elle, a vécu trois vies en une. Beauté fatale, journaliste, férue de poésie arabe, amie des artistes d’avant-garde, espionne, amoureuse passionnée, elle a collectionné les amants brillants mais reste inconsolable de sa séparationavec le journaliste palestinien Mansour Al-Badi qui, en 1948, a tenté de rebâtir, dans un Pakistan naissant, la maison qu’Israël venait de lui enlever. Pétrie de contradictions, Taj a créé en Irak un journal qui soutient le roi Fayçal mais prend la tête des émeutes communistes qui vont mener l’Irak à la république.

Rouvrir les boites à photos

Il y a peut-être un peu de ces deux femmes chez Inaam Kachachi, journaliste écrivaine irakienne. En 1996, elle acquiert la nationalité française et réalise en 2004 un documentaire sur Naziha Al Dulaimi, pionnière des mouvements féministes en Irak et première femme à devenir ministre dans le monde arabe. Avant L’indésirable, elle a publié deux romans : Si je t’oublie, Bagdad (Liana Lévi), et Dispersés (Gallimard) qui lui vaut le prix de littérature arabeen 2016.

Dans ce roman qui ravira les passionnés d’histoire, de politique et d’aventure, on voyage entre Beyrouth, Jérusalem, Karachi, Bagdad et Paris, on croise quelques grandes figures des années d’après-guerre comme la chanteuse Oum Khaltoum, Bourguiba, Ben Bella ou le roi Abdallah 1er de Jordanie et des personnages plus contemporains comme Hugo Chavez. Le roman est aussi une réflexion implacable sur le temps qui passe, la vieillesse et les dangers que l’on encoure à rouvrir les boites à photos du passé et à reconvoquer à son chevet lesamours des années révolues.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

L’indésirable, de Inaam Kachachi 
Gallimard - 25 €

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Marius

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Marius © Agathe Pommerat

Le Marius de Joël Pommerat et Jean Ruimi, c’est une histoire extraordinaire, à chacun de ses épisodes, qui rappelle Jean Valjean, la rédemption, et dénonce l’horreur de l’enfermement. Le metteur en scène a rencontré le comédien/écrivain en 2014 à la maison centrale d’Arles, réservée aux longues peines. Il avait écrit un texte, Désordre d’un futur passé, et voulait un metteur en scène pour le monter avec six codétenus. Christiane Taubira s’en mêle, le résultat créé en 2015 est extraordinaire, et Joël Pommerat récidive en proposant de monter Marius, de Marcel Pagnol. Que Jean Ruimi adapte, et qu’ils jouent plusieurs fois sous écrou. À Arles en 2017, dans la prison des Baumettes, avec d’autres détenus, en 2019.

Depuis, les détenus devenus acteurs se sont mêlés à la compagnie de Joël Pommerat, et Marius est devenu une production de la Cie Louis Brouillard, qui tourne sur toutes les scènes. Le naturel du jeu des ex-détenus contamine toute la troupe, plongée dans un Marseille contemporain, toujours grande gueule, où on ne fait plus des mandarin-citron mais des kebabs. Mais Marius rêve d’un ailleurs, et partira… Ses répliques sur l’enfermement, les gestes routiniers, les murs qui retiennent, sur la vie tragique des pauvres gens, gardent le relief inattendu qu’ils avaient en prison où la façon de laisser surgir les affects, les impasses, les conflits, sonnaient avec une incroyable force et une confondante humanité.

AGNÈS FRESCHEL

Du 7 au 11 janvier
Le Zef, scène nationale de Marseille
Dans le cadre de la saison du Gymnase hors les murs

Au fil du Musée Fabre

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Pierre Buraglio, Autour ... d'après ... Courbet Palavas, montage, 2023, crayons de couleur sur carton, tissu de camouflage, 36 x 63 cm,© musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole, photographie Alberto Ricci/© Adagp, Paris, 2024. Reproduction interdite sans autorisation

Les expositions « Au fil des collections » du musée Fabre mettent à l’honneur les artistes contemporains qui lui font d’importantes donations (Pierrette Bloch, André-Pierre Arnal et Stéphane Bordarieren 2021, Dominique Gauthier en 2022, Christian Jaccard en 2023).

C’est dans ce cadre qu’en cet hiver 2024 le musée met en avant deux artistes, dont l’œuvre vient dialoguer avec les collections du musée : Pierre Buraglio et Dominique De Beir, cette dernière ayant fait uneimportante donation, composée de 14 pièces, à la Métropole de Montpellier en 2023.

Cadres et fenêtres

Né en 1939, Pierre Buraglio vit et travaille en région parisienne. Compagnon de route du mouvement Supports-Surfaces, il a axé sa démarche artistique sur l’exploration des supports et des matériaux de la peinture, s’intéressant particulièrement au rebut et aux techniques de construction et d’assemblage par la récupération (agrafages, assemblages de chutes de toile ou de matériaux trouvés, de paquets de cigarettes aplanis par exemple). Sa réflexion autour du cadre et son prolongement métaphorique, la fenêtre, l’a amené à réaliser (notamment dans les années 1970-1980) toute une série d’œuvres avec des fenêtres ramassées sur les chantiers de démolition, exposées selon leur état, ou ragréées. Un travail qu’il nourrit d’une réflexion plastique s’inspirant des maîtres. L’exposition présentée au sein de trois salles au musée Fabre rend justement compte de cette approche. Réinterprétant, après plusieurs séjours à Montpellier entre 2023 et 2024, certains chefs-d’œuvre des collections (Bazille, Courbet, Leenhardt…), dans une démarche de distanciation progressive :…d’après…autour…avec…selon. Ses réalisations sont confrontées aux œuvres sources, et sont mêlées au fonds d’œuvres plus anciennes de l’artiste, que le musée conserve.

Frapper, trouer, inciser

Dominique De Beir, Zone verte, 2014, peinture, impacts, polystyrène, 230 x 40 x 4 cm, inv. 2023.43.4, © musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole, photographie FrédéricJaulmes / © Adagp, Paris, 2024. Reproduction interdite sans autorisation.

Dominique De Beir est plasticienne et peintre, née en 1964 en Picardie, formée à l’École des Beaux-Arts de Paris (où elle a été l’élève de Pierre Buraglio). Elle s’intéresse aux accidents et à la fragilité des supports, qu’elle explore avec des outils de sa confection, en les trouant, incisant, frappant, etc.. Ainsi, on l’a vu perforer et peindre sur du papier braille ou impacter du carton imprimé, des feuilles de comptabilité. Une pratique qui découle en grande partie de son apprentissage du braille, dans les années 1990, alors que son père était en train de perdre la vue. Ses matériaux sont pauvres ou communs, polystyrène ou carton, ses outils vont du Bic à l’encre. L’exposition est à découvrir dans cinq salles du musée, dernière d’un cycle intitulé « Accroc & caractère », débuté en 2022 et qui s’est tenu dans six lieux à travers la France. Les grands thèmes qui traversent son œuvre transparaissent à travers ce cycle : la couleur, le rapport épidermique à la surface, la série, le livre. Le fonds dont elle a fait donation au musée l’année dernière est mis en résonance avec des sculptures, dessins et peintures du musée, que l’artiste a choisis(notamment Simon Hantaï, Judit Reigl, Michel Parmentier).

MARC VOIRY

Accroc & caractère" - Dominique De Beir
...d'après...autour...avec...selon - Pierre Buraglio
Jusqu’au 2 mars 2025
Musée Fabre, Montpellier

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Rosie Pinhas-Delpuech :Retrouver ses racines dans les bruits du monde

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Rosie Pinhas-Delpuech est née dans une famille baignée dans plusieurs cultures et plusieurs langues : l’espagnol de sa grand-mère, le turc et l’allemand de sa mère et le français de son père. Auxquelles il faut ajouter l’hébreu qu’elle découvrira à son adolescence. Un bain linguistique et culturel, un « brouhaha » !

À la naissance de l’état turc, Greta, mère de la narratrice, a quatre ans, Flora, la grand-mère juive s’est installée depuis peu dans l’ancien quartier juif de Galata. Elle envoie sa fille à l’école des allemands, choisis par Atatürk pour former son peuple. En 1933 l’arrivée au pouvoir d’Hitler provoque la fuite de nombreux juifs vers Istanbul. En 1938, Greta est engagée comme secrétaire bilingue d’un directeur commercial allemand qui la prend en affection et participe à son enrichissement culturel. Quand il retournera à Hambourg, il laissera des livres et des meubles à Greta et son mari, notamment une petite radio, la Blaupunkt.

Des langues multiples pour trouver sa voie

Ainsi, Rosie, déjà habituée à plusieurs langues, en découvre de nouvelles sur les ondes courtes pour finalement capter la radio d’un petit pays dont elle n’avait jamais entendu parler, Israël. Quand en 1961, le procès d’Eichmann est diffusé tous les jours, surgit une autre langue, celle des témoignages de la Shoah, les survivants utilisent des mots nouveaux issus du mélange des langues pour survivre dans les camps et décrire leur horreur. Choc de trois réalités : l’hébreu de Palestine, celui des camps et l’allemand se mélangent. Dans l’hébreu qu’elle entend, Rosie, adolescente, retrouve la voix de Flora, venue de l’enfance, alors que sa mère l’avait gommé pour s’intégrer dans la culture allemande. Ce témoignage d’une intensité bouleversante nous montre le parcours de Rosie Pinhas-Delpuech qui, reprenant son histoire en mains, est devenue autrice et traductrice réputée de l’hébreu.

CHRIS BOURGUE

Naviguer à l’oreille de Rosie Pinhas-Delpuech
Actes sud, 19,50 €

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Kashinath Chawan : Cordonnier, cireur de chaussures et artiste

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Kashinath Chawan « Chattrapat Shivati » dessin:stylo bille Format 42 x 49

Avec 2000 œuvres dans ses collections, 800 exposées en permanence, le Musée d’Arts Brut, Singuliers & Autres de Montpellier, situé dans le quartier des Beaux-Arts, permet d’avoir un aperçu des différents créateurs bruts, singuliers et autres visionnaires, de tous horizons confondus, du début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui. On y trouve des œuvres des « stars » du genre, tels que Augustin Lesage, Pascal-Désir Maisonneuve, Adolf Wölfli, Aloïse Corbaz, etc… Au-delà de son exposition permanente, le Musée organise chaque année trois expositions temporaires. Celle qui est inaugurée ce 2 janvier et qui se déroule jusqu’au 28 avril, est consacrée à l’indien Kashinath Chawan, né « autour de 1950 » à Pune, deuxième ville de l’état du Maharashtra, située à 90 km au sud-est de Bombay. Cordonnier et cireur de chaussures depuis l’âge de 15 ans, comme son père et son grand-père, et dessinateur autodidacte, c’est un artiste qui a commencé à être connu en Europe suite à l’exposition « L’Art Brut dans le Monde » organisée en 2014 à Lausanne en Suisse, visant à démontrer que les arts brut, singuliers et autres ne sont pas uniquement européens. Ses dessins étaient exposés en compagnie d’œuvres d’artistes telles que celes d’Ezekiel Messou (Bénin), de Ni Tanjung (Bali), d’Antonio Roseno de Lima (Brésil) ou d’Anarqâq (Grand nord Arctique).

Stylobille

Tous les dessins de Kashinath Chawan sont exécutés au stylobille de couleur, sans croquis ou dessin préparatoire. Il représente principalement des divinités hindoues, surtout Ganesh et Shiva, mais aussi des personnages des deux célèbres épopées indiennes, le Mahabharata et le Ramayana, ainsi que parfois des figures politiques ou des stars du cinéma de Bollywood. Des dessins réalisés pendant longtemps sur des morceaux de carton déchirés ou découpés dans des boîtes à chaussures récupérées, ou des papiers usagés qu’il trouvait par terre. Aujourd’hui, il utilise des feuilles de papier blanc, qu’il achète par albums. 

Sa technique de dessin au stylobille consiste à tracer les contours de ses personnages et figures par de multiples traits répétés, en variant les intensités et les densités, traits qu’il utilise également pour tramer ses surfaces, donner des effets légers de profondeur. Des dessins au graphisme affirmé et au rendu doux, qu’il réalise dans sa petite échoppe aux heures calmes de la journée, pendant qu’il attend ses clients. 

MARC VOIRY

Kashinath Chawan
Du 2 janvier au 28 avril
Musée d’Arts Brut, Singuliers & Autres, Montpellier

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« Mon inséparable », Laure Calamy, mère de sûreté

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(C) Les Films du Losange

« Il y a un temps pour tout » ! Comme celui d’être une mère courage, ou celui d’accepter que le fils, un « enfant différent » ait grandi… Le temps d’accepter que le noyau fusionnel soit en train d’éclater. Mona (Laure Calamy) vient d’apprendre que son fils Joël (Charles Peccia-Galletto), atteint d’une déficience intellectuelle, qu’elle élève seule depuis trente ans, attend un bébé avec Océane (Julie Froger) également handicapée, qu’il a rencontrée dans un centre de travail spécialisé. La nouvelle de la grossesse d’Océane bouleverse aussi bien les parents d’Océane dont le père se demande si sa fille a été capable de « donner un consentement éclairé » que Mona qui entretient avec son fils une relation très fusionnelle. Océane et Joël n’ont aucun doute : ils veulent garder le bébé, affirment-ils à la psychologue qui leur fait passer un entretien.   

« Je veux le bébé, c’est mon droit » dit frontalement Joël à sa mère, que cette situation désarçonne, d’autant que son fils ne lui en avait pas parlé. Sortie faire un tour pour oublier, elle rencontre un belge, Franck (Geert Van Rampelberg)… et c’est la première fois qu’elle arrive à vivre un moment comme si son fils n’était pas là. Mona a toujours fait croire à Joël que son père vivait dans l’Antarctique. Espérant sans doute le faire changer d’avis, elle l’embarque dans sa voiture pour l’y emmener. Une belle séquence sur une plage ou mère et fils se rapprochent jusqu’au moment où dans un restaurant face à la mer, il apprend qu’il est au bord de la Mer du Nord. Joël n’est pas dupe : « Tu ne me prends pas pour un con ? »  Le cordon ombilical est en train d’être coupé…

Une grande Calamy

Si la relation mère-fils a été souvent traitée au cinéma, si le problème du handicap a été le sujet de beaucoup de films, documentaires et fictions, l’originalité de Mon Inséparable est la manière de dresser le portrait de cette mère aimante, excessive, pleine d’énergie mais aussi trop envahissante, trop protectrice, sans la juger. Laure Calamy est parfaite dans ce rôle, tour à tour d’une sobriété étonnante quand elle apprend la nouvelle, montrant son amour quand son fils a besoin d’elle, désespérée et prête à craquer devant les situations nouvelles qu’elle doit affronter, dont la mort de sa mère. Et aussi avec les yeux d’une femme qui va de nouveau croire en l’amour. Un mélange de fragilité et de force, de mélancolie et de joie de vivre. Toute une palette d’émotions. Une grande actrice.

On saluera aussi la prestation des deux jeunes acteurs Charles Peccia-Galletto et Julie Froger qui ont parfaitement interprété leurs personnages fragiles et surs de leur décision. Une mise en scène soignée et des images superbes : Mona et son fils à la piscine sous l’eau, symbole de leur lien et plus tard, Mona, seule, qui se « jette à l’eau » tout habillée, sous les yeux surpris de Franck, prête à vivre sa vie. Le choix de centrer le film sur ce personnage de mère courage, qui va redevenir femme, donne à Mon Inseparable toute sa force. Un premier film réussi et touchant d’Anne-Sophie Bailly – également coscénariste de Le Procès du chien, sorti récemment en salles.

ANNIE GAVA

Mon inséparable, d’Anne-Sophie Bailly
En salles le 25 décembre