mercredi 9 avril 2025
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Solal et Delbecq : un piano-voix décomplexé 

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Les Modulations, sont des concerts organisés par le GMEM le troisième mardi du mois à la Friche Belle de Mai et un dimanche par trimestre au foyer de l’Opéra de Marseille. Ils donnent toute leur place à la création et à la vocalité contemporaine jazz ou électro. Le 8 décembre, ce dernier accueillait le duo Claudia Solal et Benoit Delbecq pour la performance Hopetown, du nom de l’album sorti en 2020. Née à l’automne 2013, la collaboration artistique entre la chanteuse, en constante recherche de territoires mélodiques nouveaux et le pianiste rebelle, atypique aux multiples récompenses fut une évidence. Ils enregistrent des chansons improvisées à partir de textes de Claudia : No Sake Tonight, Inner Otherness, Burning Green, Ultimate Embrace… 

Un piano « préparé »

Ce dimanche-là, ils y associent des textes empruntés à Shakespeare comme le monologue de Hamlet, celui de Prospero dans La Tempête et à Rimbaud avec le poème Ophélie. Ils proposent aussi une interprétation transcendée et perchée de My Funny Valentine. Des petits bijoux d’écriture que Claudia extraie d’un carnet blanc, comme un écrin à merveille et sur lequel Benoit Delbecq module, improvise, pirouette jusqu’à la verticalité totale des doigts ou sur la tranche des mains. À l’instar de John Cage, il joue sur un piano « préparé », dont il altère le son en plaçant entre les cordes différents objets : morceaux de bois, pièces métalliques, gommes… Les tonalités évoluent selon le matériau utilisé et la taille de l’objet. On peut y entendre des instruments de percussion en bois comme des tambours primitifs, des xylophones, des cymbales, des bruits de pas sur des feuilles avant de revenir à des sonorités jazzy plus classiques… Après Delbecq, on ne regardera plus jamais un piano de la même manière.  

Claudia vient poser sa voix sur la partition. Dans ses interprétations mélodiques, avec son timbre sensuel, il y a du Peggy Lee. Mais Claudia ne se contente pas de chanter avec une vaste amplitude : elle chuchote, chuinte, questionne, souffre, s’indigne, halète… Elle siffle, trompette, clarinette et c’est dans ces envolées planantes sans limites qu’on la préfère. Elle accompagne sa voix avec l’énergie produite par les ondulations d’un corps à la fois parfaitement ancré dans la terre et d’une mobilité totale vers le ciel. Ce dimanche, Marseille était vraiment Hopetown.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé à l’Opéra de Marseille le 8 décembre.

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Arles : 40 ans et toujours Méjan 

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La Chapelle Méjan © Florian Kleinefenn

Fondée en 1984 par l’éditrice Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani, l’association du Méjan propose chaque année une saison mêlant musique, arts visuels et conférences pour rendre accessible – et avec exigence – la culture au plus grand nombre. En cette fin d’année et pour ses 40 ans, le Méjean programme plusieurs manifestations en partenariat avec la librairie Actes Sud et les Cinémas du Méjan. Le 12 décembre, hommage au réalisateur Bertrand Tavernier, décédé en 2021, avec une rencontre avec l’homme de cinéma Thierry Frémaux, l’actrice Sabine Azéma et Manuel Tricoteaux directeur de collection chez Actes Sud, autour du livre Mémoires interrompus de Bertrand Tavernier, suivie de la projection du film : Un dimanche à la campagne

Le lendemain, place à Oan Kim & the dirty jazz. Le Coréen est un artiste total. Réalisateur, photographe – son travail photographique Le chien pitié, avait été exposé au Méjan en 2009 –, le revoilà en musicien et toujours inclassable avec un nouvel album qui entrelace jazz spirituel et pop expérimentale. Le 14 décembre, Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004 pour Le soleil des Scorta auteur vedette d’Actes Sud, aura carte blanche pour une lecture théâtrale. Nul doute qu’elle aura trait à ses sujets de prédilection : l’amour, la fidélité, le deuil, l’exil, la mémoire. Le dimanche 15 décembre, la journée sera musicale et classique. En matinée, trois pianistes Jean-François Heisser,Jean-Louis Steuerman,Charles Heisser, etla soprano Margaux Poguet interprèteront un programme portant sur deux siècles de musique, de Beethoven à Poulenc et Kurt Weil. L’après-midi, Marie-Josèphe Jude au piano, Jean-Marc Phillips-Varjabédian au violon et le quatuor à cordes Ditotima s’exprimeront sur des œuvres de Debussy, Franck et Beethoven. Enfin, à partir du 18 décembre, et jusqu’au 12 janvier, une exposition rétrospective célèbrera 40 artistes – et non des moindres – qui ont fait l’histoire de Méjan. Parmi eux Sophie Calle, Robert Combas, Anouk Grinberg, Ernest Pignon-Ernest, ou Ousmane Sow.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le Méjan fête ses 40 ans
Du 12 au 18 décembre 
Chapelle du Méjan, Arles

Frustration et Vox Low : Born Bad Records investit le 6mic

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© C.P.P

Doit-on encore les présenter ? Frustration, c’est ce groupe parisien influencé par le post-punk des années 1970/80, à l’ADN britannique – on pense à Joy division, New Order, Stranglers… Mais Frustration c’est bien plus que ça. Ils dépassent la pâle copie, le simple hommage. Ils créent librement, un mouvement à part, avec le soutien indéfectible du label Born Bad Records depuis leurs débuts en 2002. Sur scène, leur performance garde malgré les années la même intensité. Il y aussi de l’humour, des doigts d’honneur, des sourires, des bières partagées avec le public, une pointe d’arrogance sur scène alliée à une disponibilité attachante derrière les stands de merchandising… mais aussi « le plaisir de retrouver les copains » comme le souligne Fabrice. 

Profondeurs rock 

Puis c’est au tour de Vox Low, autre artiste porté par le label Born Bad Records, d’entrer en scène. Portée par une basse hypnotique et captivante, accompagnée par un chant discret et éthéré, la fine équipe nous emporte dans une série de boucles envoûtantes pour un voyage en orbite, tout près d’une planète gazeuse, froide et tempétueuse. En octobre 2023, ils ont sorti leur deuxième album, Keep On Falling, qui continue d’explorer les profondeurs sombres du rock, du krautrock et de la culture rave, offrant des titres taillés pour la transe et la contemplation.

CÉLIANE PÉRES-PAGES ET OLIVIER DARGAGNON

Concert donné le 6 décembre au 6mic, Aix-en-Provence.

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Carlissimo au Conservatoire de Marseille : la révolution Schönberg

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© A.-M.T.

Si les Carlissimo, concerts du lundi du Conservatoire de Marseille, réservent toujours de belles surprises, c’est une soirée d’exception à laquelle ont assisté les spectateurs du Palais Carli. Avec Schönberg, un révolutionnaire viennois, les musiciens affrontaient un monument qui a révolutionné la musique du XXe siècle. « Pourtant, Schönberg ne se vivait pas comme un révolutionnaire, introduit le musicologue Lionel Pons. Il n’avait pas le sentiment d’être en rupture mais dans la continuité d’une école de musique allemande, en filiation avec Bach, Beethoven, Brahms. Il estimait avoir poussé plus loin ce que Wagner n’avait pas eu le temps de faire, c’est-à-dire s’émanciper de la tonalité basée sur des accords consonants pour aller vers la musique atonale. » 

Le concert commence sagement, par une transcription de la Valse de l’empereur de Johann Strauss, rappelant que Schönberg débuta sa carrière en écrivant de la musique romantique. Elle est suivie par La nuit transfigurée, œuvre de jeunesse pour sextuor à cordes : Yves Desmons et Marc Vieillefon au violon, Tania Ravonimihanta et Brice Duval à l’alto et Marine Rodallec et Pierre Nentwig au violoncelle donnent vie avec une belle énergie et une grande tension dramatique à cette partition tournant comme un tourbillon, passant d’un ré mineur anxieux et sombre à un ré majeur transfiguré par la lumière. Le compositeur d’à peine 25 ans, qui va bientôt donner naissance à la seconde école de Vienne, commence à explorer les limites de la tonalité. 

Au tour de Pierrot 

Puis vient l’heure attendue du Pierrot Lunaire, œuvre qui va bouleverser l’histoire de la musique. En 1912, la chanteuse de cabaret Albertine Zehme passe commande à Schönberg d’une création pour un tour de chant. La première guerre mondiale menace. En Autriche, domine le sentiment diffus que la fin d’une époque approche comme en témoigne le tableau Le cri de Munch. Schönberg va mettre en musique 21 courts poèmes d’Albert Giraud, dont certains comme Messe rouge, Lune malade ou Pierrot voleur sont totalement macabres. Le compositeur viennois, en pleine période expressionniste, les adapte sous forme de spretchgesang, un parlé-chanté qui n’est pas un récitatif mais une note juste qui une fois positionnée à sa bonne hauteur est phrasée de manière outrée, cynique, tragique. Dans l’interprétation de cette œuvre, rarement jouée dans son intégralité, la soprano Brigitte Peyré, ovationnée, est magistrale. À la direction, Sébastien Boin subtil, précis, virevolte. Un moment rare, intense dont on se souviendra.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Concert donné le 2 décembre au Conservatoire Pierre Barbizet, Marseille. 

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Un vaudeville qui part en vrille 

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© Noémie della Faille

Obscurité sur la scène où se trouve, sur le devant, éclairé chichement, une table et deux chaises en formica, deux verres d’eau, deux piles de feuilles. Les deux acteurs-lecteurs (Muriel Legrand et Léonard Berthet-Rivière) présentent la pièce qu’ils vont nous lire : Le Mystère du gant de Roger Dupré, une pièce en quatre actes et treize personnages. Vaudeville au cours duquel, nous préviennent-ils, on risque d’être un peu perdu. En effet : l’histoire raconte la vendetta de Gérard Berni-Mollin contre son concurrent Raymond Duchaussoy, dans un dédale de petites histoires imbriquées et absurdes. 

Postiches et bifles

À travers la lecture malicieuse et animée des deux comédiens, les placards se remplissent d’hommes nus, les portes claquent, les sonnettes sonnent, les quiproquos naissent, le tout illustré à coup de moustaches postiches, sourcils froncés, langage châtié et mimiques minimales. Puis ça commence à dérailler dans les grandes largeurs, on ne sait plus où on en est dans les personnages et les situations, eux non plus, on tourne en boucle : ils relisent trois fois la même scène, la mécanique rythmée et calibrée du vaudeville commence à flotter, jusqu’à un absurde mâtiné de trash. De grande giclée d’eau piochées dans les verres sont de la sueur de désir, les moustaches-postiches ne tiennent plus du tout, de rage la comédienne finit par tous se les coller sur la figure, en brandissant le bras arraché de l’employé immigré entre ses jambes, et en en biflant d’énervement son partenaire. Tout part en cacahouète, engloutit les pauvres restes de l’imbroglio adultérin et allume les lumières d’un grand n’importe quoi inconscient, sauvage, gonflé et coloré. Hilarant et réjouissant !

MARC VOIRY

Le Mystère du gant
Jusqu’au 14 décembre
Théâtre des Bernardines, Marseille

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Electro Deluxe 

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Electro Deluxe © X-DR

Cocktail sur-vitaminé de jazz, soul, funk, hip-hop, electro, taillé pour la scène, la musique d’Electro Deluxe, groupe fondé en 2001, a fêté ses 20 ans en 2022 avec une tournée au répertoire puisé dans tous leurs albums, de Stardown sorti en 2005 (réédité pour l’occasion) jusqu’à Apollo sorti en 2019. Leur septième album Next vient de sortir (février 2024), dans lequel ils ont tout fait : auteurs, compositeurs, arrangeurs et producteurs. Et remettent en avant leurs fondamentaux funk et soul, en invitant des musiciens prestigieux, pépites du genre : Candy Dulfer, saxophoniste de Prince, Fred Wesley, tromboniste de James Brown, Maceo Parker, et Nils Landgren, tromboniste suédois fondateur du Funk Unit. Ça va groover à L’Alpilium !

MARC VOIRY

13 décembre
L’ Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence

Histoire sentimentale des intervalles

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Histoire sentimentale des intervalles Alessandro Bosetti, Ensemble Dedalus © X-DR

Alessandro Bosetti, artiste sonore et compositeur, s’intéresse à la musicalité de la voix, du langage et des langues, en explorant la frontière entre le langage parlé et la musique. Dedalus est un ensemble musical basé à Toulouse, dont le répertoire s’étend des classiques du minimalisme (Tom Johnson, Philip Glass…) à des commandes à des compositeur·trice·s en passant par des recréations d’artistes inclassables (Moondog, Brian Eno…). Pour Histoire sentimentale des intervalles, pièce de concert proposée par le GMEM, centre national de création musicale, dans le cadre de ses Modulations, Bosetti a élaboré avec les musicien·ne·s de Dedalus, à partir de quatre notes chantées, une charte harmonique particulière, faisant naître des sonorités singulières, entre consonance et dissonance. À découvrir.

MARC VOIRY

17 décembre
Friche La Belle de Mai, Marseille

Maclarnaque

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MACLARNAQUE © Gilles Pensart

Dj et percussionniste, Maclarnaque met en musique quatre courts métrages aux univers colorés : la légende du crabe phare, Whale, La Création et Kuap. Les images racontent la naissance du monde, l’histoire amusante d’une baleine solitaire en mal d’amitiés, la vie sous-marine d’un crustacé légendaire qui capture les bateaux des marins égarés, sans oublier le têtard qui est toujours en retard. Les petits films sensibilisent aux questions environnementales, au vivre ensemble et au respect des différences. Équipée sur scène de gadgets électro, de pads et de percussions, Maclarnaque compose une bande son électro, funk et solaire qui fait swinguer toute la famille.

Anne-Marie Thomazeau

14 décembre
Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis-du-Rhône

Together 

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Together © Simon Gosselin

Dennis Kelly, scénariste à succès et dramaturge anglais, excelle à écrire des dialogues incisifs, qui recèlent aussi des décrochages, des soliloques adressés au public. Together place un couple dans une situation de vaudeville : un couple, elle travaillant dans une ONG, lui cadre ultralibéral, se confrontent, en plein confinement, à leurs différences, frustrations et mensonges accumulés. Que leur reste-il en commun ?  Le duo Emmanuel Bercot et Thomas Blanchard est mis en scène par Mélanie Leray : deux comédiens de haut vol qui parlent du couple contemporain dans une forme pas si traditionnelle.

AGNÈS FRESCHEL

13 et 14 décembre
Théâtre Liberté, scène nationale de Toulon

Les quatre saisons 

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Résidence de création cirque de la Cie AKOREACRO © X-DR

Formée à l’école des cabarets allemands, la compagnie Akoreacro cultive un cirque virevoltant, dans lequel acrobaties au cordeau, musique live et panache du collectif se taillent la part du lion. Après Dans Ton Cœur et Arrêt d’Urgence accueillis les saisons passées, les artistes reviennent au Pôle y peaufiner leur nouvelle création : Les quatre saisons, une digression sur le temps et l’amour, la vie et la mort, autour de la notion de cycle et de boucle. Avec espièglerie toujours, la scénographie astucieuse prévoit de jouer sur le mouvement perpétuel, la confusion et le trouble des sens. À l’issue de trois semaines de résidence, une étape de travail de vingt minutes sera présentée sous chapiteau.

JULIE BORDENAVE

12 décembre
Espace chapiteaux de la mer, La Seyne-sur-Mer