vendredi 29 novembre 2024
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In circus veritas

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Spectacle DROP par la cie CRAZY R credit photo Bernard_Huriez

On le sait, les conditions inhabituelles de cet été olympique chahutent les festivals. Une fois n’est pas coutume, la 18e édition d’Occitanie fait son cirque en Avignon fait partie des événements contraints de s’annuler cette année : la tenue des Olympiades, combinée au calendrier des épreuves du baccalauréat, ont conduit les trois structures co-organisatrices de la manifestation – La Verrerie d’Alès, Pôle National Cirque ; La Grainerie, scène conventionnée ; et Circa, Pôle National Cirque – ont donc conjointement décidé d’annuler leur venue au Festival d’Avignon, vitrine annuelle du dynamisme régional en matière de création circassienne.

C’est donc sur d’autres formes que le territoire mise pour représenter la vivacité de sa scène circassienne. Le festival inCIRCus en est l’une des émanations annuelles : mi-juin, le festival fait rayonner le cirque contemporain – renommé ici « cirque d’actualité » – dans le quartier de Rochebelle, lieu d’implantation de La Verrerie. 10 spectacles, 11 ateliers, et tout est gratuit et en plein air ! Or, l’actualité, elle tourne bel et bien autour du sport. Et les disciplines mises à l’honneur sont nombreuses : basket, foot freestyle, parkour, corde à sauter…

Du grand spectacle


S’il ne fallait en citer qu’un, on partagerait volontiers notre curiosité titillée par le travail des Arracheurs de dents. Leur militantisme rigolard a déjà fait mouche dans de précédentes créations – notamment Ni gueux ni maîtres autour de Tolstoï, de la lutte des classes et du catch. Leur prochain spectacle, Tiens, tiens, s’articule autour d’un duel de barbichette, sur fond de combats menés par le Front Populaire en 1936 (sortie de résidence présentée le 13 juin). Autre rapprochement inattendu : celui du cirque et du rugby. Avec Drop – qui désigne une action de jeu consistant à frapper dans le ballon quand il a rebondi, mais aussi une technique circassienne faite de lâchers prises –, la compagnie Crazy R s’aventure dans les hautes sphères de la voltige aérienne : douze acrobates sur grand trapèze volant explorent les similitudes entre les deux disciplines. Miser sur le collectif, explorer le rebond, esquiver la chute, mettre en jeu une chorégraphie des corps… Du grand spectacle pour 3 000 personnes !

Pour le reste, saluons l’originalité des propositions : la virtuosité des cordes de double dutch qui tournoient, entre jeu et performance et (Black Shaolin, Ropestylers & Mathieu Desseigne, (Re)bond) ; une rencontre entre basket et jonglage musical, pour un singulier ballet mettant en jeu les corps et les voix (Basketteuses de Bamako, compagnie Thomas Guérineau), ou encore la tornade jonglée de la Cie NDE, qui raille avec Copyleft le decorum inhérent à chaque manifestation sportive. Le 15 au soir, le festival s’achève par un bal de clôture, qui promet de nous faire valser de Mozart à Coldplay.

JULIE BORDENAVE

inCIRCus
Du 13 au 15 juin
Divers lieux, Alès
laverreriedales.fr 

Culture à la bonne heure

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Zébuline. C’est la 4e édition d’Avant le soir. Qu’est-il prévu pour cette année ?

Renaud-Marie Leblanc. Nous avons remporté, à nouveau, le marché public de la mairie des 1er et 7e arrondissements le 10 mai dernier. Un calendrier très serré qui ne nous empêche pas d’avoir 44 représentations, soit 22 dates dans chaque arrondissement. Elles auront lieu place Labadie et au Musée d’histoire de Marseille pour le 1er, au square Albrecht et au jardin Benedetti pour le 7e.

Vous marquez une volonté de désacraliser la distance entre les artistes et le public. Comment se traduit-elle ?

Les critères du marché public impliquent pour ces rendez-vous culturels de rester « populaires ». Mon interprétation de ce mot est que tout le monde puisse y accéder. Mes parents n’ont pas fait d’études. J’ai toujours été attentif à ce que personne ne reste « sur le quai », alors qu’Avant le soir propose des musiques savantes, contemporaines, du jazz, du classique… Idem en théâtre, danse. Tout art est potentiellement accessible, selon comment on l’amène. Le fait de jouer en extérieur, avec une trentaine de chaises et des tapis au sol, met les spectateurs à proximité immédiate des artistes. Ces derniers ont besoin de ça aujourd’hui.

Pouvez-vous préciser votre pensée ?

Au delà de la période Covid, les arts vivants – hors arts de la rue, bien-sûr – ont été moins en contact avec le public ces dernières années. Ce qui est pourtant le sens premier de ce métier passe par une accumulation de filtres, des décors gigantesques, de la vidéo… Le rapport intime est de plus en plus ténu.

Vous travaillez, justement, avec peu ou pas de décor.

Oui, c’est important pour nous. J’ai longtemps œuvré dans un contexte de théâtre de plateau, avec ce type de grosses machineries, des éclairages énergivores… Je m’en suis éloigné pour des raisons éthiques. Nous limitons les transports, tant du matériel que de l’équipe.

Vous travaillez avec le vivier très riche des artistes marseillais, c’est de l’ultra local !

En effet. Environ un tiers du public vient pour ces artistes, qu’il connaît. Un autre tiers sont des personnes qui ont déjà une pratique culturelle régulière. Et les autres sont des voisins, parfois descendus de l’immeuble d’à côté, souvent des fidèles. Un couple de vieilles dames venait au début seulement écouter la musique classique. Finalement elles sont venues assister aux représentations de théâtre. C’est ma fierté !

Parlez-nous, justement, de votre programmation. Un spectacle par discipline, pas plus, pour des raisons de maquette. Même si le choix est cruel.

C’est dur effectivement, je voudrais les défendre tous ! Commençons par la soirée d’ouverture, le 15 juin. Salut est un spectacle de Camille Dordoigne et Joseph Lemarignier, qui l’ont déjà interprété lors de la première édition d’Avant le soir. L’histoire d’une rencontre amoureuse, très brillante et drôle, écrite lorsqu’ils étaient tous deux en 2e année à L’Eracm [École Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille, ndlr].

Et pour la musique ?

Le concert classique sera assuré par l’ensemble Musica Ex Anima, avec des airs du XVIIe siècle italien, L’Echo des sphères. Du clavecin, de la flûte baroque, etc… Beaucoup de gens n’ont jamais entendu ce type de musique. Ils joueront le 7 juillet dans les collections grecques du Musée d’histoire, avec une acoustique incroyable, cela va être très beau et étonnant.

Et enfin la danse ?

La Cie Itinerrance propose aussi un face-à-face, ou plutôt un chassé-croisé amoureux, Chronique d’une rencontre. Une œuvre de Christine Fricker, grande militante de la danse contemporaine, qui tourne depuis dix ans. Elle regarde un peu vers le théâtre, ayant été l’occasion d’une commande passée à un auteur [Guy Robert, ndlr]. La pièce a été conçue pour l’extérieur. C’est l’une des contraintes d’Avant le soir pour les danseurs : il faut que la proposition puisse se jouer sur des gravillons !

Vous évoquiez l’Eracm, avec laquelle vous êtes en partenariat depuis le début. Sous quelle forme ?

Le Fijad, Fonds d’insertion pour jeunes artistes dramatiques, nous permet de financer une partie des salaires. J’ai donné carte blanche aux jeunes diplômés : sur un concept de « lever de rideau », ils donnent un court pré-spectacle avant chaque représentation. Un vrai défi, très formateur, ils écrivent souvent le matin pour jouer le soir. Ils viennent avec les préoccupations de leur génération : l’écologie, le genre, les questions sociales reviennent beaucoup. Pour le public récurrent qui « adopte » ces jeunes, c’est devenu un rituel. Comme le feuilleton de l’été, que ce soit réussi ou un peu moins bien, il n’y a pas de naufrage possible !

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR GAËLLE CLOAREC

Avant le soir
Du 15 juin au 31 août
Place Labadie et Musée d’histoire de Marseille, 1er arrondissement
Square Albrecht et jardin Benedetti, 7e arrondissement
Marseille
avantlesoir.fr

L’Afrique se livre sur scène

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Anaïs Rosso © Lea Baert

Rencontres littéraires, projections, concerts, Dj sets, Africa fête propose une approche pluridisciplinaire avec 10 artistes et auteurs invités

Africa fête participe depuis 20 ans à la transmission et la valorisation de figures artistiques emblématiques des cultures et diasporas africaines. À l’heure où le débat autour des appartenances occulte tout autre point de vue, le festival reste à l’image de son fondateur, Mamadou Konté, disparu en 2007 : un homme de culture mais avant tout un passeur, un tisseur de rêves qui portait fièrement sa double nationalité et ses décorations.

Mais l’époque où les artistes africains avaient recours aux anciens et à l’entraide villageoise pour faciliter leur mobilité est révolue. Faut-il s’en réjouir ? L’industrie musicale a su promouvoir la World-Music mais permet-elle de promouvoir les talents africains? Africa fête, depuis 20 ans, y travaille avec constance et inventivité.

Les musiques résonnent

Le 20 juin, pour 5 euros, au Couvent Levat la soirée sera longue. De 19h à minuit, 3 sets ! Avec Ivor (Ghana – Marseille) et ses mixes 100% afro, c’est un continent musical qui s’exprime et son histoire jusqu’au-delà des mers, dans ses diasporas. Créatrice d’un univers hybride qui questionne l’identité sous toutes ses formes, Anaïs Rosso est une artiste autodidacte. À la croisée du blues et de l’opéra, de l’électronique et du baroque, elle s’amuse de ses inspirations hétéroclites telles que les Rita Mitsouko, Maria Callas, Henri Salvador ou les Fugees. Artiste pluridisciplinaire, originaire de Cape-Town et marseillaise d’adoption, Bongi mène une correspondance insolite entre ses deux villes, mêlant folk-urbaine et afro- pop dans un crépitement de voix et d’énergie qui ravivent les traditions musicales d’Afrique australe.

Les 20 et 21 juin, deux soirées sur le toit terrasse de La Friche la Belle de mai dans le cadre du festival Le Bon Air. Avec en particulier l’afroset de Big Buddha et le live de Bamba Wassoulou Groove : fondé par le percussionniste Bamba Dembélé (RIP), ancien membre du Super Djata Band, fantastique machine à groover du Mali des années 1980, le BWG poursuit dans la même veine en croisant funk, rock et pulsation bambara, pour un concert tout en chaleur !

La pensée s’échange

Mais l’ouverture des 20 ans d’Africa fête le 18 juin sera littéraire. Un dictionnaire de destins, co-écrit par Alain Mabanckou, Pascal Blanchard et Abdourahman Waberi, sera présenté par ce dernier. Dans Notre France noire, édité chez Fayard, les trois complices reviennent sur les représentations héritées et les imaginaires à déconstruire pour demain.

Avec VISIBLES ! Figures noires de l’histoire de France, Binkady-Emmanuel Hié, Léo Kloeckner, Aurélia Durand, mettent eux aussi en lumière les invisibilisé·e·s, pour combattre l’ignorance et relever le défi d’une meilleure connaissance de nos héritages coloniaux et de leur impact sur nos représentations.

Le 19 juin, pour la journée des réfugiés, après un concert du Café Noailles, groupe marseillais qui rend hommage aux musiques du Maghreb et arabo-andalouses ; le cinéma Le Gyptis accueille le biopic Cesária Évora, la diva aux pieds nus un film réalisé par Ana Sofia Fonseca en 2022.

SAMIA CHABANI

Africa Fête
Du 18 au 21 juin
Friche la Belle de Mai,
le Gyptis, Le Couvent, Marseille
africafete.com

Une autre histoire du théâtre

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Fanny de Chaillé,désormais directrice du Centre dramatique national de Bordeaux, a créé cette autre histoire en 2022, et la joue partout depuis, à destination pédagogique d’un public jeune, mais aussi pour changer les représentations de tous·tes. Elle affirme l’existence d’un théâtre des comédiens, où les arts de la scène se croisent dans une interdisciplinarité constitutive. Cette histoire parle bien de Shakespeare et de Brecht mais aussi des spectateurs, des actrices, de la danse. La musique, les jeunes, les femmes et les corps y tiennent une place prépondérante. Le quatuor d’acteurs formé par Malo Martin, Tom Verschueren, Margot Viala, et Valentine Vittoz bouillonne d’énergie et de désir pour un théâtre en vie, qui fait vibrer, et n’oppose pas le passé au désir d’avenir, ni à la jouissance du présent.

4 et 5 avril
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence

Dans la mesure de l’impossible

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Dans la mesure de l'impossible © Magali Dougados

La création 2022 de Tiago Rodrigues bouleverse les publics au long de ses tournées, plus tragique encore depuis les bombardements de Gaza. La pièce repose sur les propos de travailleurs de l’humanitaire opérant en terrain de guerre et confrontés à la violence et à la mort, à l’impuissance et à la colère. Vivant l’impossible. Recueillis lors d’entretiens qu’ils savaient destinés au théâtre, leurs récits en disent autant sur eux-mêmes, leur nécessaire et impossible résilience, que sur ceux qu’ils tentent de sauver. Anonymisés, universalisés puisque aucun lieu de conflit n’est cité, ces récits prennent aux tripes, portés par quatre acteurs magnifiques, une musique live battante, déchirante puis contemplative, et un décor en forme de campement qui se déploie comme un ventre qui respire. Le monde se partage entre le Possible, les pays en paix, et l’Impossible, les régions en guerre.

A.F.

4 et 5 avril
Châteauvallon, scène nationale d’Ollioules

Vivaldi, compositeur de hip-hop ?

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Les 4 saisons © Agathe Poupeney

Confronter les époques en les faisant passer au creuset de l’art, quelle belle idée ! Le chorégraphe Mourad Merzouki, le violoniste Julien Chauvin et l’ensemble qu’il a fondé, Le Concert de la Loge, fêtent le 300e anniversaire des Quatre Saisons de Vivaldi (l’œuvre aurait été composée entre 1723 et 1724). Dans l’ombre, les artistes s’installent, l’accord de l’orchestre vibre. Impossible de différencier musiciens et danseurs : tous sont vêtus dans les mêmes teintes d’automne, ocres, roux, terre glaise dans laquelle tout se refonde. Les danseurs émergent d’entre les instrumentistes. Les corps racontent les lignes mélodiques, se ploient à leurs tempi, se ressourcent au sol, se livrent à des envolées acrobatiques, offrent leur dynamisme aux figures classiques de la breakdance. Le thème des battles, familier des compétitions de ce style de danse, se joue de ses propres codes, voit danseurs et violons se confronter en prouesses techniques. La rencontre entre les modes d’expression accorde une tension particulière à l’œuvre. Les Quatre saisons deviennent l’objet d’un enjeu puissant où les êtres tentent de découvrir un sens. La porosité entre les genres et les époques n’efface pas les distances, mais autorise une fusion intéressante où les gestes se réinventent. Les pas de deux se nouent au cœur d’une danse qui, au départ, magnifie l’individu dans sa performance solitaire, les instruments d’orchestre, statiques d’habitude, se mettent en mouvement et se mêlent aux pas des danseurs. Les uns et les autres transforment leur manière d’être en scène grâce à la réalisatrice et scénariste Coline Serreau : les uns s’asseyent pour écouter, les autres s’interrompent pour regarder… L’œuvre symphonique se mue en opéra et c’est très beau.

MARYVONNE COLOMBANI

Les Quatre Saisons s’est joué le 17 avril au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence.

Ouste à l’air !

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Le‡ons-impertinentes-de-ZouёDR

Comme à chaque édition, Toustes dehors (enfin) ! a cherché l’emplacement le plus adapté à chaque proposition, sélectionnée parmi le meilleur du spectacle vivant en extérieur. Pour cette 11e édition, les spectateurs sont cueillis dès 7h du matin au Parc Galleron, le long de la rivière Luye, à deux encablures du centre-ville de Gap. Un petit écrin verdoyant apte à tendre l’oreille à une saga familiale intimiste, dans seul en scène campé par Laurent Eyraud-Chaume, de la compagnie veynoise du Pas de l’oiseau, qui clôt avec cette date une tournée entamée à vélo depuis Nice.

Le festival envahit ensuite les ruelles de la vieille ville et irrigue jusqu’au Parc de la Pépinière,  dont l’espace convivialité se renforce cette année, avec des animations jusqu’à 2h du matin (concerts, DJ, bar, foodtrucks…). Parmi les 16 propositions pluridisciplinaires, le théâtre se fait ludique et engagé, via des performances solo campées à la force du poignet. Le charismatique Brice Lagenèbre retrace en paroles et actions les luttes homosexuelles depuis les années 60, dans un déambulatoire à mi-chemin entre manif et documentaire (Le Pédé, collectif Jeanine Machine). Habituée du festival, Maëlle Mays délivre pour sa part de nouvelles Leçons impertinentes de Zou, en duo cette fois avec deux comédiens provisoirement échappés du Muerto Coco, pour nous entretenir de la temporalité avec Maxime Potard et du rire avec Coline Trouvé. Martin Petitguyot, émérite comédien de rue, relit quant à lui le mythe Molière !, retraçant la vie du plus fantasmé des metteurs en scène dans une fausse conférence pleine de panache. Quant au geste, il s’invite au milieu du public, qu’il soit dansé (duo de La Méandre,mêlant sévillane et électro), circassien (fil tendu entre les spectateurs pour du micro funambulisme avec La Fauve), sportif (freestyle sur ballon de football avec Paul Molina, ancien champion du monde ; cirque et parkour avec Said Mouhssine).

Grâce suspendue

De plus grandes formes s’échappent du centre ville pour des moments collectifs, tels Les Urbaindigènes et leur chantier circassien faussement participatif revisitant l’histoire de l’architecture. Entre chien et loup, c’est un moment littéralement suspendu qui nous est offert avec Ourse de Bélé Bélé : une troublante et fascinante ode à la beauté, dans laquelle le talent de Sophie Deck – son goût pour les accessoires incongrus et son irrésistible touche de fantaisie teintée de gravité – éclatent une fois de plus. De lunaires ours en peluches, des panoplies évolutives et 4 comédiennes nous enchantent via une succession de tableaux oniriques, envoûtants et d’une mélancolique tendresse, à la tombée de la nuit… De ces spectacles qui s’incrustent durablement en nous.

Enfin, deux créations s’invitent dans cette 11e édition. Failles de La Féroce, dans lequel Laurette Gougeon laisse éclater son amour des cîmes. Après un 1e volet solo – présenté à Marseille à l’orée des calanques en février 2023 -, la circassienne s’adjoint cette fois les services du metteur en scène Loïc Leviel.

Autre première accueillie durant le festival : celle de Tempête du Collectif du prélude, une mise en abyme du classique de Shakespeare, dans laquelle s’entrecroisent l’histoire de deux naufrages. Cet accueil est emblématique de l’engagement de La Passerelle en faveur des spectacles en  espace public, une démarche que son directeur Philippe Ariagno, sur le départ pour d’autres fonctions dès la rentrée prochaine, a eu à cœur de développer au long des 12 ans passés à la tête de la scène nationale : accompagnement en résidence et en coproduction, volet saisonnier Curieux de nature, noyau dur de partenaires privés devenus complices de l’événement, les Mécènes des cîmes… Gageons que son action perdurera, et que nous retrouverons une 12e  édition du festival l’an prochain!

JULIE BORDENAVE

Toustes dehors (enfin) !
du 31 mai au 2 juin
Scène Nationale la Passerelle, Gap

Olympique intérieur

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Gagner une médaille © j2mc-photo

La compagnie de Philippe Car et Valérie Bournet pratique avec virtuosité le partage du répertoire théâtral savamment mis à portée d’émotion, de compréhension et de rire de tous les publics. Molière ou Rostand en ont brillamment fait les frais, et c’est avec la même jubilation du récit que l’Agence s’est attaquée aux anecdotes de l’histoire des Jeux olympiques.

Labellisé Olympiade Culturelle par la Ville de Marseille et l’État, soutenu par le Département et la Région, le projet Gagner une médaille s’est déployé dans l’espace public durant quatre journées. Malheureusement le temps pluvieux et l’absence de communication ne lui ont pas permis, même sur la place de la mairie, de trouver une l’audience publique qu’il aurait méritée. Paradoxe d’une forme qui se veut populaire mais rassemble moins que dans un lieu dédié.

Rythme sportif

Ce marathon théâtral – 3 heures de spectacle chaque jour – fait de 17 séquences de 3 minutes qui tournent sur 5 podiums disposés au cœur d’un stade reconstitué, file une métaphore de résistance sportive : celle de Jesse Owens qui fit partir Hitler du stade en 1936, celle du poing levé contre la ségrégation, mais aussi la volonté individuelle d’un marcheur rapide seul dans sa compétition, d’une remplaçante de foot qui reste sur le banc de touche, d’un judoka qui n’emporte pas de médaille… Les personnages sont dédoublés : un comédien porte sur scène le corps et les gestes de l’athlète, un autre, voix off en live, déroule son monologue intérieur et plonge le public dans sa tête, son combat, sa passion. Car l’exploit du sport se puise dans la force « mentale » comme disent les commentateurs. Le corps et l’esprit plongés ensemble dans l’Olympiade ?

AGNÈS FRESCHEL

Gagner une médaille s’est joué du 25 au 28 avril sur la place Bargemon, Marseille.

Les Arts éphémères en mode sportif 

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La performance Fight Club au parc de Maison Blanche (Marseille) ©Dan Warzy

Pour leur 16e édition, Les Arts Éphémères s’inscrivent, à l’occasion des Jeux de Paris, dans le thème du sport. Les deux commissaires, Isabelle Bourgeois et Martine Robin, ont d’ailleurs choisi comme titre général le terme « transformé », un mot emprunté au rugby. Puisque l’art, comme le sport, convertit des sensations en actions et créations.

Les propositions des artistes et étudiants en dernière année souhaitent changer notre regard sur le monde, le paysage et auscultent nos habitudes de vie. Ainsi des œuvres nous incitent à moins de consommation, comme Line Bourdoiseau qui utilise des bois et des peintures de récupération, ou Rodrigue Lambert Moreno et Dorian Dos Santos, qui s’amusent avec une vieille voile de bateau destinée aux rebus. Une immense paire de bottes signée Lilian Bourgeat déstabilise les proportions – avant de se rendre compte qu’il y a deux pieds droits – et ainsi de justifier avec humour le titre de la pièce, Invendu, bottes. Des petits carrés de couleurs cousus sur un treillis fixé à des montants métalliques, Damier de Nathan Lopez Romero sont plus poétiques.

Changer les points de vue

Pour le vernissage, la performance de Kim Bradford et Marie-Benoîte Fertin ridiculise les combats de catch avec inventivité et humour. Elles surgissent dans un costume fait de poches d’air réunies par des scotchs. Leur combat consiste en coups de couteau pour crever leur enveloppe sous l’œil de l’arbitre et les commentaires inspirés d’une présentatrice. Très apprécié !

CHRIS BOURGUE

L’exposition est visible tous les jours de 9h à 19h45 jusqu’au 9 juin au parc de Maison Blanche, Marseille. 

Faire résonner Beethoven

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© Musical Marseille

Après près de deux ans de gestation, le projet porté par l’association Musical Marseillefoulera enfin les planches du Dôme les 8 et 9 juin. Entrez dans la légende s’est construit autour de la vie musicale marseillaise, des artistes aussi bien que des amateurs, et surtout du cœur de cible visé par Benjamin Molleron, porteur du projet : les jeunes, de tous horizons !

Sur scène, trente lauréats du concours lancé en septembre dernier tiendront ainsi les rôles principaux de cette comédie musicale pensée autour du sport et des J.O., conçue par la librettiste Emmanuelle Cosso (seule femme autrice du projet)et le compositeur Laurent Elbaz. Où la musique de Beethoven, remaniée et réorchestrée entre autres par Pierre-Adrien Charpy et Clément Joubert et dirigée par Sébastien Boin, rencontrera les styles musicaux d’aujourd’hui – rock, rap, musique du monde, jazz, big band mais aussi les mandolines de l’Académie de Vincent Beer Demander

Des centaines d’interprètes

L’Orchestre OSAMU, le groupe de rock IESM, la battucada Mulêketu et Joos à la Beat Box assureront la partition instrumentale. Côté chœur, c’est de nouveau AMU que l’on retrouve, ainsi que la Cité de la Musique et son ensemble adultes, mais aussi les chœurs d’enfants CFMI. Les danseurs de Créscène 13 et DanseAMU s’attelleront à la chorégraphie conçue par Axel Loubette, accompagné par les circassiens du CIAM. Belle idée également que de collaborer, sous la houlette du metteur en scène Valery Rodriguez et de la costumière Aurélie Guermonprez, avec les lycées, CFA et structures éducatives du tissu marseillais : soit les étudiants des lycées de La Calade, Marie Curie, Lea, Denis Diderot, Le Châtelier, La Viste, des Ferrages, de la Fask Academy, d’Appel d’Aire et de l’Ecole Terrade … Tant d’acteurs venus des quatre coins de la ville pour célébrer la joie et le collectif.

SUZANNE CANESSA

Entrez dans la légende
Les 8 et 9 juin
Le Dôme, Marseille
musical-marseille.com