vendredi 4 juillet 2025
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Ciocarlie 

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Dana Ciocarlie © Bernard Martinez

En 2018, Dana Ciocarlie fait partie des trois finalistes des Victoires de la musique classique dans la catégorie « Enregistrement de l’année », avec son Intégrale pour piano seul de Robert Schumann (Dolce Volta, 2017). Les 13 CDs issus de captations lors de 15 concerts, reçoivent un accueil unanime de la critique. Sur France Musique, la pianiste d’origine roumaine a consacré un cycle de quarante émissions au compositeur. C’est peu dire que Dana Ciocarlie est une experte de Schumann. Son expressivité profonde, son immense générosité, font d’elle l’interprète idéale des riches paysages intérieurs du pianiste romantique. Invitée par Marseille Concerts, en partenariat avec la Ville et l’Opéra de Marseille, elle interprètera PapillonsCarnaval et Scènes d’enfants. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

9 mars 
Opéra de Marseille

Vitrolles Dub Station 

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DUb
© X-DR

L’été en extérieur, l’hiver en intérieur. Après avoir occupé en juin dernier les alentours du Stadium de Vitrolles à l’occasion du Dub Station Festival, l’association Musical Riot pose cette fois-ci ses enceintes à l’intérieur, le temps d’une soirée qui s’annonce épique pour les oreilles. Elle accueille ce 8 mars un des plus gros sound system reggae d’Europe, celui de Blackboard Jungle (réuni, il fait 16 mètres de long !). On écoutera aussi Mikey Dread du Channel One sound system, actif depuis 1979, et le producteur allemand Toroki. Ce n’est pas la première fois que le Stadium de Vitrolles ouvre ses portes depuis sa fermeture, déjà il y a 2 ans, il avait accueilli une soirée à l’occasion du Festival d’Aix-en-Provence

NICOLAS SANTUCCI

8 mars
Stadium de Vitrolles

« Anna », l’indomptée

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Anna© MACT Productions

C’est un fait divers qui a retenu l’attention de Marco Amenta, ancien photojournaliste : un petit paysan de Sardaigne s’est battu jusqu’au bout pour garder sa terre et il a réussi dans une région où, en général, ce sont les forts qui gagnent. Le réalisateur, qui venait de faire un documentaire sur une bergère décide d’écrire une fiction, Anna, qu’il tourne en langue sarde. Le portrait  d’une femme, sauvage, viscéralement attachée à sa terre qui s’engage dans une lutte totale.

David contre Goliath

Anna (Rose Aste) vit seule dans une petite ferme, avec ses chèvres auxquelles elle est très attachée, sur sol âpre qui l’a vue naître. Elle vend ses fromages sur les marchés. De temps à  autre, elle va danser, boit et a des aventures qui ne durent pas. Une vie solitaire qu’elle s’est choisie pour échapper à une situation qui la faisait souffrir. Quand un hélicoptère survole ses enclos pour y déposer la statue de la Vierge qui va protéger le futur chantier, rien ne sera plus pareil. Les monstres mécaniques vont violer la terre où elle vit. La mairie a accordé le permis de construire un énorme complexe hôtelier, ce qui réjouit les villageois : promesses d’emplois et de profit. Anna n’a pas de titre de propriété : autrefois les contrats se concluaient oralement. La lutte ne sera pas facile. Isolée, boycottée par tous y compris celles qui lui achetaient ses fromages, Anna ne baisse pas les bras bien que l’avocat, qu’on lui a attribué, lui assure qu’elle ne pourra pas gagner. Même si cette situation éveille en elle des souvenirs très douloureux, rebelle jusqu’au bout, tenace, indomptable, la belle Anna se bat pour sa terre, pour la Terre qu’elle ne veut pas voir dévorée par le béton. Elle ne se laisse pas acheter malgré les 600 000 euros que lui proposent les promoteurs. Un combat de David contre Goliath haletant…

Tourné souvent en longs plans séquences, joué par des comédiens et des non professionnels, Anna est un film éminemment politique, sans didactisme ; il soulève des questions de société : respect de la terre et profit, droit de vivre libre, violences faites aux femmes. La comédienne qui incarne Anna, Rose Aste, par son jeu viscéral, animal, est époustouflante et tout au long du film, on aurait envie d’être aux côtés de cette indomptée pour la soutenir.

ANNIE GAVA

Anna de Marco Amenta © MACT Productions

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Au bord des rêves avec « Les Filles du Nil »

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Elles s’appellent Majda, Haidi, Monika… Elles vivent dans le quartier copte de la petite ville d’Al-Bashra, dans le sud de l’Egypte. Elles ont une quinzaine d’années et des rêves plein la tête, dans un moment charnière pour elles. Celui où elles deviennent femmes et où elles vont devoir choisir leur voie ou suivre ce que leur famille ou la tradition impose.

Elles sont un groupe de six, unies par la passion du théâtre et elles ont fondé une troupe de rue. Leur salle de répétition est un local vétuste où elles ont construit elles-mêmes leur scène avec des planches. Leur cheffe de troupe, Majda, rêve d’aller étudier le théâtre au Caire. Monica, au départ blessée par son surnom de « fille à la voix d’homme » assume sa voix grave et rêve de devenir chanteuse. En attendant, ensemble, elles jouent des saynètes dans les rues, font des performances pour exorciser les maux dont les femmes souffrent : enfermement, harcèlement, pressions familiales, mariages précoces et forcés.

Parmi leurs spectacles, La Noce, où elles interpellent les spectateurs, hommes et femmes, qui répondent, parfois agressivement : « Êtes-vous heureux en ménage ? N’avez-vous pas été mariée trop jeune ? Les femmes n’ont donc aucun droit à l’amour ? » C’est le quotidien de ces adolescentes, femmes en devenir, que Nada Riyadh et Ayman El Amir ont filmé pendant quatre ans. À l’extérieur, dans les rues, dans leur salle de travail en plein brainstorming : « Penser à un rêve » ; mais aussi dans leur famille, leur intimité. « Notre idée initiale était de faire un film sur le théâtre, mais les filles ont commencé à nous présenter leurs parents, leurs familles, leurs fiancés, et notre projet a pris une autre envergure », précise Ayman El Amir

On assiste aux fêtes familiales, au mariage de Monica, au baptême de son fils, au découragement de Majda, parfois. Deux séquences en particulier montrent la grande complicité entre filmeurs et filmés. Haidi qui s’est fiancée ne peut plus se rendre à l’atelier théâtre. Et devant la caméra, son fiancé lui ordonne de rompre avec ses amies, de supprimer leurs numéros et lui arrache le téléphone. « Les hommes sont à l’écran comme ils sont dans la vraie vie : ils sont fiers de leur identité, les opinions qu’ils formulent sont les leurs », explique Nada Riyadh. Si cette séquence nous montre à quel point la bataille est rude pour les femmes, une autre scène entre Haidi et son père, en écho, nous donne un peu d’espoir. Il s’étonne que sa fille ait abandonné la troupe qu’elle suit depuis 7 ans et ne sorte plus. Craignant qu’elle ne soit sous l’emprise de son fiancé, il la met en garde : elle n’est pas obligée de se marier si jeune !

On passe presque deux heures et demie en compagnie de ces jeunes femmes, partageant leurs doutes, leurs peurs, leurs joies, leur complicité, leur énergie. Et même si l’on se dit que la route est encore longue, ce documentaire dont le titre arabe est Rafaat einy ll sama et le titre anglais The Brink of Dreams nous remplit d’espoir en l’avenir. Sélectionné à la 63e Semaine de la Critique, il a remporté l’Oeil d’or du documentaire (ex-aequo avec Raoul Peck) attribué par le Festival de Cannes et par la SCAM (Société des auteurs multimédia) au meilleur documentaire toutes sections confondues.

ANNIE GAVA

Les Filles du Nil qui a été projeté le 12 novembre 2024 dans le cadre du festival Africapt sort en salles le 5 mars 2025

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17 ans avec Peaches

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Si vous ne connaissez pas Peaches, la « queen déjantée du punk-électro, véritable icône féministe et queer », Peaches Goes Bananas, le nouvel opus de Marie Losier, donne l’occasion de la découvrir. Et si cette chanteuse vous est familière, le portrait qui en est fait permettra de l’approcher un peu plus en tant qu’artiste, mais aussi en tant que femme. La cinéaste, qui l’a rencontrée dans les coulisses d’un spectacle, l’a suivie pendant 17 ans.

Extraits de spectacles, fans en délire, tenues excentriques et sexuellement très connotées, préparatifs en coulisses, séances de maquillage, essais de sonorisation, archives personnelles, à Toronto, Ghent, Paris, Berlin… ainsi débute le film. La caméra mobile, souvent proche de l’artiste et de la scène, suit les tournées de cette artiste hors normes. Marie Losier, on le voit, adore les performances déjantées de cette femme qui déborde d’énergie, ses chapeaux en forme de vagins, ses danseurs dans leurs sous-vêtements couleur chair, les seins et les clitoris suspendus au-dessus de la foule… « Les gens disent que grâce à moi, ils se sentent mieux dans leur corps »,lui a confié l’artiste.

À la pelloche

Mais elle a su aussi approcher la touchante Peaches qui s’occupe, de près et de loin, de Souri, sa sœur bien aimée, atteinte d’une sclérose en plaques depuis ses vingt ans. Le film la montre, couchée à ses côtés, chantant ensemble, faisant des grimaces ou une course dans un couloir, Souri en fauteuil roulant ; Souri, morte depuis.

Le tout est filmé avec une vieille caméra Bolex : « On ne voit pas ce qu’on filme, donc on se concentre sur l’instant, et puis on découvre toutes sortes de surprises quand on obtient le résultat. » Un résultat qui ne manque certainement pas de (belles) surprises pour le spectateur aussi.

ANNIE GAVA

Peaches Goes Bananas, de Marie Losier
En salles le 5 mars

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Les Salins : la rivière est profonde

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Deep River © RJ Muna

Accueilli très chaleureusement aux Salins, scène nationale de Martigues, dans une salle comble, Deep River ouvrira le 15 mars le festival L’Imprudanse à Draguignan. La grande pièce d’Alonzo King élaborée durant le Covid comme un cri d’amour au contact physique, un tourbillon de mouvements collectifs effectués continûment, ensemble mais à distance, est sans conteste un très beau spectacle, d’une perfection d’exécution époustouflante. Les danseurs sont d’une maîtrise technique qui n’a plus guère d’égal dans ce registre néoclassique où les lignes des corps s’étirent infiniment et où chaque position des doigts, chaque courbure d’un cou penché, chaque cheville poussée à faire disparaître son angle, est un exploit qui nécessite des années d’exercices ajoutées à des tonnes de talent préalable. 

Situé dans la lignée de Balanchine, le LINES ballet du chorégraphe afro-américain a permis à ses danseurs, afro-américains pour la plupart, de s’emparer d’un art où la couleur « chair » des pointes de ballerines ne se lisait, jusqu’alors, qu’en rose pâle. Il habille ses corps d’ors et de brillances, pose parfois une jupe longue sur un corps d’homme qui tourne comme un derviche, assouplit les lignes des corps et déhanche parfois. Mais il ne franchit jamais les grands interdits de la danse néoclassique : il ne va pas au sol, lutte contre le poids, ne dégenre pas les corps et préfère toujours les positions ouvertes à la liberté gestuelle de Cunningham.

Le corps est politique

Pourtant sa danse a des allures politiques, que revendique ce fils de militants anti-ségrégation. Deep river est habité par la voix de Lisa Fisher, jazz, par des kaddishs aussi, par des musiques de peuples opprimés, déplacés, pogromisés. Le titre lui-même, chanté pendant le dernier duo du spectacle, évoque le fleuve qu’il faut franchir pour échapper à l’esclavage.

La réponse, hymne à la vie et à la rencontre, à la beauté et à l’envol, peut-elle être portée par des corps si tendus vers la performance, imageant un corps idéal qui symbolise une beauté où les corps racisés ont désormais leur place, mais pour peu qu’ils soient jeunes, sveltes, athlétiques et binaires ? 

Alonzo King fait depuis presque 50 ans le pari que la danse (néo)classique, inventée par les Cours européennes, peut appartenir au peuple, en introduisant dans ses codes stricts des éléments perturbateurs. Le résultat est beau. Est-il suffisamment subversif dans l’Amérique de Trump ? Un certain nombre de feuilles de salles et d’articles de presse, qui qualifient sa danse de « féline », semblent démontrer que non.

AGNÈS FRESCHEL

Deep River a été dansé le 28 février aux Salins, scène nationale de Martigues.
À venir
15 mars
Festival L’Imprudanse
Théâtre de l’Esplanade, Draguignan

Anatomie d’une brute

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Elle l’aime, elle l’admire, elle lui fait confiance. Il la regarde, l’encourage, la façonne. Peu à peu, il la grignote, s’installe dans sa vie pour mieux orchestrer et contempler sa chute. Le coup de foudre fut presque immédiat entre Claire, écrivaine reconnue, et Gilles, metteur en scène talentueux mais plus confidentiel. Deux âmes vibrantes, pleines d’élan, prêtes à se fondre l’une dans l’autre. Midinette en puissance, prompte à entonner les chansons d’amour les plus simplettes – et souvent les plus marquantes – Claire se pique même, à son contact, de poésie. Mais elle ne tiendra pas la promesse faite, un soir d’été, à l’homme de ses rêves survenu alors qu’elle n’avait plus l’âge d’y croire : celle de ne pas écrire sur lui. De même qu’il contreviendra très vite à la sienne : ne jamais la trahir.

Perversion narcissiqueL’ère post-#MeToo réussit décidément à Camille Laurens. Après l’inoubliable Fille, paru en 2020, la revoici dans le domaine où elle excelle : la dénonciation méthodique, pièce par pièce, de l’inépuisable violence et veulerie des hommes. Et, en filigrane, à l’affût de la soumission consentie, de l’aveuglement amoureux, et de la lente érosion de soi auxquelles consentent inexplicablement les femmes. 

Hasard de calendrier, ou coïncidence propre à l’air du temps : le sociologue et historien Marc Joly faisait paraître, en novembre dernier, le très salué La Pensée perverse au pouvoir. Où la notion de « pervers narcissique » (PN) se voyait reconsidérée non pas comme catégorie clinique, mais comme phénomène social : si tant de femmes affirment déceler chez leur ex « toutes les caractéristiques du PN », on aurait selon Joly tort de n’y voir qu’un effet de mode. Réaction logique et insidieuse à l’autonomisation des femmes, les mécanismes de l’emprise et de la destruction psychique demeurent les seuls modes de domination masculine encore socialement acceptables, et donc particulièrement insidieux.

De l’art du suspense
Avec une écriture acérée, Camille Laurens en démonte pièce par pièce les rouages. La construction de son récit, proche du thriller judiciaire, en éclaire les détails les plus éloquents. Sans excès, sans pathos, bien que la naïveté de Claire frôle souvent, volontairement, la caricature. L’art du suspense, que l’autrice maîtrise à la perfection et qui faisait, notamment, de Celle que vous croyez un redoutable page-turner, se voit ici contrebalancé par l’aveuglement de sa narratrice, venue contrarier une mécanique trop bien huilée par ses excès de sentiment et, somme toute, d’humanité. Belle idée dans un roman qui en regorge – et a tout du grand roman.

SUZANNE CANESSA

Ta Promesse, de Camille Laurens
Gallimard - 22,50 €

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À qui la pépite ? 

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Le Pavillon du partage des eaux © X-DR

Le patrimoine bâti, quand on le délaisse, ne s’endort pas. Il s’abîme, se déprécie, et transforme les mémoires en vestiges, ou en ruines. Perrine Prigent, adjointe au maire de Marseille en charge de la valorisation du Patrimoine a imaginé, avec Eric Méry, adjoint à l’urbanisme, un « processus innovant » pour révéler tout l’éclat des nombreuses « pépites patrimoniales délaissées » : un véritable trésor municipal. L’élue souligne à quel point le nombre de bâtiments est important, « fermés depuis des dizaines d’années » pour certains alors que leur valeur est importante. Pour « rattraper le retard et réhabiliter ces bâtiments dans un contexte budgétaire tendu » il a fallu « trouver des modèles innovants d’occupation et de réhabilitation ». 

Pas question de vendre pourtant : la Ville ne veut pas brader son patrimoine, et lance des « Appels à projets », six pour l’instant, « premiers d’une liste qui sera longue », promet Perrine Prigent. L’idée est d’établir des cahiers des charges précis pour que, en échange d’un bail gratuit de moyenne ou longue durée, ces lieux retrouvent une ouverture publique, autour de projets portés par des associations ou des entreprises, répondant au double objectif de réhabilitation et d’occupation thématique. Charge à eux de trouver les financements complémentaires, et de prendre en compte les thématiques portées par la municipalité. 

Ainsi les six premiers lieux historiques retenus sont, pour certains, destinés à un usage assez précis : si La Bastide de Château-Gombert (13e arrondissement) et la Villa Athéna (13e) devront construire leurs projets en tenant compte d’une consultation citoyenne, le 63 rue Sauveur Tobelem (7e) est ouvert « à toutes les propositions d’usages », le 62 Corniche Kennedy peaufine son projet, tandis que les prétendants au 90 boulevard des Dames (2e) devront plancher sur un projet autour du cinéma et de la formation, et ceux du Tore, magnifique « pavillon de partage des eaux » (4e), devront dédier le lieu à l’usage et l’histoire de l’eau. 

LILLI BERTON FOUCHET

Le Tore : l’une des six pépites
Edifice remarquable mais souvent méconnu, le pavillon de partage des eaux, dit « Le Tore », fait partie des premières pépites à être soumis à un appel à projet. Construit en 1901 et relié au Palais Longchamp, il possède une façade remarquable et très bien conservée. Resté en fonction jusqu’en 1997, il a été classé monument historique en 1998. Maïté Elhinger, chargée de valorisation du patrimoine culturel de la Ville de Marseille, explique que « ce lieu raconte une histoire » que « les Marseillais ne connaissent pas toujours mais qui leur appartient. » Le choix du lauréat pour ce premier projet sera rendu en janvier 2026. L.B.F. 

Polaris, l’art et la matière

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© M.V.

Inaugurée le 14 février, Spirit-Matière est une exposition collective qui présente les œuvres de 25 artistes (dont seulement quatre femmes : Brigitte Bauer, Isabelle Barbier, Susanna Lehtinen et Myriam Méchita) abordant la thématique de l’invisible, à travers des images intimes, mythiques et spirituelles. Des œuvres issues de la collection de l’artothèque intercommunale du territoire Istres-Ouest Provence (de la Métropole), collection publique qui existe depuis 1984, proposant un panorama des arts visuels des cinquante dernières années, comprenant 2 400 œuvres en tout, dont 1 800 sont empruntables par les habitants du territoire. 

Esprit es-tu là ?

Une trentaine d’œuvres qui n’occupent que peu d’espace du centre d’art, les murs de la première salle, les deux autres salles étant fermées le temps de l’exposition. Aucune sculpture, uniquement des dessins, sérigraphies, photographies encadrés sous-verre, de formats en majorité moyens, signées d’artistes de générations différentes, connus (Man Ray, George Rousse, Yves Klein), d’autres moins connus, et des locaux (Jean-Jacques Ceccarelli, Berdaguer & Pejus, Pascal Broccolichi, Michel Stefanini, Eric Bourret).

À l’exception de la série de cinq œuvres de Myriam Méchita qui occupe tout un pan de mur, sérigraphies cherchant à traduire des émotions en associant dans des compositions binaires buste, mains, yeux féminins à des images d’eau, de ciel, saupoudrées d’éclats lumineux, les voisinages d’œuvres sur les différents pans de mur proposées par l’accrochage proposent des proximités et contrastes formels. Parmi ceux-ci, les rêves proliférants de Alkbazz et Stéphane Blanquet et le minimalisme pop des lignes colorées de Gilgian Gelzer, la dualité matériel-immatériel en bleu de Pascal Navarro, Marc Devade et Yves Klein, les apparitions étranges et spirites de Luc Doerflinger, Berdaguer&Pejus ou Michel Stefanini.

MARC VOIRY

Spirit-Matière
Jusqu’au 30 mars
Polaris, Istres

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[Berlinale 2025] Stichka chasu : Ecoles et espoirs en temps de guerre

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Stichka chasu (Timestamp),

 Un film qui  met en lumière le courage et la résilience d’une société que l’armée russe tente de détruire en filmant dans tout le pays des écoles qui fonctionnent malgré tout, des enseignants et des élèves qui entament leur vie d’écolier ou qui la terminent.

Et qu’est-ce que la vie ? Allez, lis-le ! demande-une enseignante à un petit garçon

Belle, jeune… lit-il.

Et quelle est la chose la plus précieuse pour chacun de nous ? demande le professeur à la classe.

La Vie! » répondent les élèves en chœur.

Le film construit comme un patchwork nous entraine de ville en ville, d’école en école, de cours de maths à cours d’anglais. Des cours ponctués de minutes de silence que les élèves font debout. Les visages que la caméra balaye lentement, reflètent parfois la peine ou l’inquiétude. Des cours interrompus par les sirènes qui avertissent d’un bombardement. Les écoles qui n’ont pas été détruites, ont des abris souterrains où tous se rendent, sans panique.

A Kamianske sur le fleuve Dnipro, près de Zhaporizhzhia, la fête est interrompue et tout le monde s’installe dans un immense abri : les enfants assis, regroupés par classe, parlent, chantent…A Borodyanka ,ville détruite dès le début de l’invasion, devant l’école en ruines , une professeure fait son cours de maths via son ordinateur. A Mykolaiv (46 km du front) c’est un cours de survie. A Tcherkassy (265 kms du front) pilotage de drones, leçons   de couture et de danse. Quand une école n’a pas d’abri souterrain, les cours se font dans le métro. A Kharkiv, il y a une école à 6 mètres sous terre

Partout enthousiasme et joie d’apprendre et d’ être en vie. Et puis, dans une classe, une petite fille en larmes devant la photo de son père affichée avec d’autres, morts au combat. Il y a  des moments de pure joie comme la remise des diplômes à Tcherkassy, avec le bal-ballet que les élèves, futurs étudiants, ont longuement préparé, peut-être oubliant un moment que la guerre est là.

Kateryna Gornostai a ainsi parcouru l’Ukraine avec son équipe de mars 2023 à juin 2024 : elle a tenu à ce que de la musique accompagne ces images de courage et d’espoir : une musique écrite par le compositeur d’avant-garde de Kyev, Alexeï Chmourak. C’est réussi.

On sort de ce documentaire, Stichka chasu (Timestamp),   le seul de la compétition berlinoise, bouleversé. Quelle connerie la guerre !

Annie Gava

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