jeudi 11 décembre 2025
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Une voix pour elles 

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© Christophe Raynaud de Lage

Avant d’entrer dans une maison faite sur mesure, on enlève ses chaussures. On se retrouve dans une pièce intime : un salon afghan, qui nous plonge dans ce pays où la femme n’est plus vraiment, où tout lui est retiré, tout lui est refusé. 

Lorsque l’on entre, des tapis jonchent le sol, dessus, des assiettes en céramiques de couleur crème, bleue, rouge et verte y sont posées. Sur celles-ci, des inscriptions en calligraphie arabe, des poèmes, ainsi que des dessins peints à la main ou sculptés : des fleurs, des portraits de femmes, une à dos de cheval, d’autres nues et même une femme qui porte une arme…

On s’assied sur des coussins de velours rouge sous le bruit d’une discussion de cuisine : un plat est en train d’être préparé, assiettes et casseroles s’entrechoquent. Puis, une femme vêtue d’une robe zébrée, maquillée, entre et s’assoit en bout de table. La pièce, mise en scène par la journaliste Caroline Gillet et l’artiste afghane Kubra Khademi, commence.

Quand le théâtre est politique 

Une voix résonne, celle de Raha, incarnée par Sumaia Sediqi. Elle a 21 ans et raconte son quotidien après la prise de pouvoir des talibans en 2021, démunie de droits, enfermée dans son appartement à Kaboul. Pour elle, la vie est un retour dans le passé où les femmes n’ont plus le droit à rien, ni d’étudier ni même de sortir, renvoyé au rôle domestique uniquement.

Son récit, à la fois doux et douloureux, est imagé par des vidéos prises clandestinement, projetées de part et d’autre de la pièce dans des fenêtres reconstituées. On y voit ses rues, ses paysages, ses habitants : principalement des hommes, citoyens ou talibans armés. 

Attentif et la gorge serrée, le public écoute ce témoignage malgré tout empreint d’espoir. Sans un mot, elle repart, en musique. Reflet d’une femme afghane libérée, peut-être Raha si elle n’était pas oppressée. 

LILLI BERTON FOUCHET

One’s own room inside Kabul est donné jusqu’au 24 juillet à la salle des colloques au Cloître Saint-Louis.

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« Il aimait trop la vie »

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Michelle Cajolet-Couture
© Juliette Guidoni

Se faire transporter dans le froid Québec en juillet, en plein cœur de Marseille, c’est un tour de force. Assis sur les chaises, le tapis, ou les barrières en bois du square Bertie Albrecht, les spectateurs venus voir La force de la gravité sont captivés par Michelle Cajolet-Couture, qui campe chacun des membres de sa famille en musique, mime, danse.

Le patriarche est malade. Il n’a que six mois à vivre, et, doucement, s’en est accommodé. Lui qui pensait vivre 200 ans est coupé dans son élan. Pour garder intacte sa dignité, il est prêt à mourir dès le lendemain, d’une mort paradoxalement artificielle et naturelle, comme le raconte si bien sa fille. Où la fatalité du choix du père s’associe à celle du soleil qui se lève et de la maladie qui progresse.

Comment raconter l’histoire de quelqu’un qui n’est plus là ? Comment expliquer ce qui se passe dans la tête de ce quelqu’un extérieur à nous, et qui nous est pourtant si intimement proche ? Alors qu’on pousse son fauteuil sur la colline où il a décidé de mourir, le paterneladmire à voix haute la forêt de sapins qui l’entoure, avec ses enfants. Il est serein.

Pathétique et fantastique se rejoignent dans ce spectacle où la comédienne, s’attardant sur les détails du quotidien, chante la vie habitant toujours le souvenir de son père, parle du manteau divin qu’il revêtit dans ses dernières heures, touchant l’assemblée d’une flèche en plein cœur.

Un « nouveau mythe » actuel, vulnérable, honnête, où se brouille la limite entre suicide et parricide, et où le deuil est un trou dans l’humain. 

GABRIELLE SAUVIAT

À venir
1er août au Jardin Benedetti, Marseille, dans le cadre de la programmation d’Avant le soir !

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Trouver sa place

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La tete sousl'eau © Rémi Blasquez

Louise Vignaud est artiste associée au centre dramatique national de la Criée  (Marseille)et ses quatre interprètes  sont issus de l’ERACM, école nationale supérieure de théâtre de Marseille et Cannes. 

La tête sous l’eau, les bruits extérieurs sont atténués, feutrés. Le texte  est une métaphore de ce  débordement sourd, de la fatigue muette,  et questionne le monde du travail, l’isolement des travailleurs, le fatalisme de Pôle Emploi, le cynisme des agents bancaires : le quotidien de nombreux travailleur·euses !

Irène, (émouvante Masiyata Kaba) qui a travaillé toute sa vie, est mise à la retraite avant l’âge, pour faire de la place à de jeunes employées qui coûteront moins cher. Rentrée chez elle, elle sort d’un placard un maillot, un masque et un tuba pour retourner à son amour : la nage.

Militer ou respirer ?

Sa fille (énergique Alice Rodanet) la trouve « molle » et voudrait qu’elle s’engage dans la vie sociale, tandis qu’elle, étudiante, milite et manifeste pour les droits des travailleurs. Un copain, Julien, (convaincant Arron Mata) qui a fait des études d’océanographie, ne trouve aucun débouché et se résoud à écouter la proposition d’un conseiller de Pôle Emploi au sourire carnassier, Thomas Cuevas, plus vrai que nature : devenir auto-entrepreneur.  Un piège social.

Dans un décor strict de tables et chaises, une paroi vitrée offre une ouverture, puis un écran sur lequel sont projetées des images de la mer où Irène rêve de plonger pour oublier, nager avec les poissons, se recentrer sur soi et ses proches. En espérant sortir la tête de l’eau, et trouver une nouvelle place dans la société.

CHRIS BOURGUE

La tête sous l’eau de Louise Vignaud - Cie La résolue, Marseille, se joue dans le Off jusqu’au 26 juillet au Théâtre des Carmes.

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Les Voix contre le silence 

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© Margot Laurent

La rencontre Voix palestiniennes – voix de résistance organisée par Les Amis de L’Huma à la Maison Jean Vilar a ouvert une fenêtre sensible, indispensable, sur l’invisibilisation du génocide des gazaouis. Parce que les artistes Amer Nasser, cinéaste et photographe, Mamoud Al-Hadj, vidéaste et photographe, et Mohanad Smama, danseur et chorégraphe, étaient là. Témoignaient. Des voisins et des amis qui meurent, des missiles qui sifflent, des décombres, des visages éclatés, des ongles couverts de sang. Du père qui ne veut pas dire adieu quand son fils s’en va pour la France, mais souffle un « à bientôt », dont tout le monde sait la désespérance. 

La présence de ces hommes, qui pour l’un d’entre eux a pu faire venir sa femme et ses deux enfants aux yeux graves, glace le sang. Comme les poèmes lus par Araine Ascaride, Adama Diop, David Bobée. Qui disent l’horreur d’être « en sécurité en temps de guerre », ou de répondre à la question « comment ça va ». Mal.

Les journalistes de L’Huma, Marie-Josée Sirach et Latifa Madani, se sont battues pour organiser cette rencontre. À la porte, des policiers retenaient la manifestation, interdite, des soutiens à Israël qui voulaient faire taire cette parole. Rien n’est plus efficace, pour perpétrer l’horreur, que de silencier les témoins. 

AGNÈS FRESCHEL

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À tir d’archets

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© X-DR

Du 16 au 31 août, le Festival de Quatuors du Luberon déroule sa 50e édition sur fond de pierres romanes et de ciels d’été. Douze concerts, douze voyages sonores dans les plus belles pages du répertoire à cordes. Fidèle à son identité : excellence musicale, acoustiques précieuses, formats accessibles – et un territoire au cœur du chant.

Tout commence à Roussillon le 16 août. Le Javus Quartet donne la première impulsion avec un triptyque aussi limpide qu’exigeant : Haydn pour la structure, Erkin pour la surprise, Beethoven pour la densité. Dès le lendemain, le Quatuor Arod s’impose à Goult avec un programme tendu entre rigueur et lyrisme : Beethoven, Kurtág, Mendelssohn. De la verticalité à l’élan, du silence au choral.

Trois jours plus tard, le 20 août, le Quartetto Eos prend place à l’abbaye de Silvacane avec un hommage à l’opéra en version quatuor. Verdi, Puccini, Schubert – où les voix demeureront absentes mais la dramaturgie intacte. Le lendemain, le Quatuor Wassily investit Roussillon un kaléidoscope entre Beethoven, Bartók et Fauré. 

Silvacane reste le point central de la programmation : le 22 août, le Quatuor Agate s’y associe au pianiste Cyril Guillotin : Mozart, Apparailly, Brahms – l’union du souffle et de l’architecture. Le 23, retour des Van Kuijk : Mozart encore, Mendelssohn toujours, mais aussi une création contemporaine teintée de clins d’œil parisiens. Et le 24 août, le Quatuor Métamorphoses (accompagné du récitant Matthieu Marie) remet Haydn au centre du jeu, à Goult. 

Vers la modernité

Cap à l’ouest le 27 : le Quatuor Modigliani investit Cabrières d’Avignon avec Haydn, le compositeur contemporain Thierry Bertrand, et un grand Beethoven. Le lendemain, même ensemble, autre décor : Debussy, Wolf, Beethoven – lignes brisées, sensualité rêveuse, tension sourde. Puis, moment de mémoire le 29 : un hommage à Bruno Ducol, disparu en 2023, porté par la soprano Laura Holm, le pianiste Jonas Vitaud, les percussions de Clément Ducol et Matthieu Marie en récitant. À Cabrières toujours, cinq œuvres, de Liszt à Debussy, ponctuées d’une pièce du compositeur, saluent un amoureux des timbres rares et des climats inquiets.

Le 30 août, le Quatuor Hernani rejoint les pianistes Jonas Vitaud et Jérémie Dieudegard pour une soirée intense : Chostakovitch, Britten, Chausson — l’intime au bord du gouffre. Enfin, ultime choc esthétique, le 31 août : le Quatuor Diotima referme le rideau à Silvacane sur un triptyque radical – Mochizuki, Berg, Ravel. Contemporain, expressionniste, impressionniste : trois écoles, et toujours la même exigence.

SUZANNE CANESSA

Festival de Quatuors du Luberon
Du 16 au 31 août
Divers lieux, Luberon 

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Pluie d’étoiles

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© X-DR

2025 est une date anniversaire : il y a 30 ans, les scientifiques découvraient la première exoplanète, située en dehors du système solaire. En avril dernier, certains chercheurs ont même évoqué la possibilité d’une vie microbienne sur l’une d’entre elles, à 124 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Lion. Voilà qui titille la curiosité ! Ça tombe bien, le 23 juillet, vous pourrez poser toutes les questions qui vous traverseront l’esprit à Véronique Bréchot et Michel Marcelin, auteurs de L’Univers et la Vie (éditions E/P/A), pour l’une des quatre grandes soirées qui rythmeront l’été au Centre d’Astronomie de Saint-Michel-l’Observatoire.

L’Été Astro, ce sera aussi une balade sonore, entre nature et astronomie, le 26 juillet. En partenariat avec l’Institut Francophone de Formation au Cinéma Animalier, ce sera l’occasion de découvrir la faune nocturne aux abords du site, le parcours étant ponctué d’observations au télescope pour profiter du ciel étoilé. En prime, deux films seront projetés : Noctules, ces mystérieuses chauves-souris par Hugo et Nathan Braconnier ; et La danse des atomes de Lisa Falconnier.

Paroles et lecture

Le 2 août, en pleine période des Perséides, propice aux étoiles filantes, les médiateurs de l’Observatoire donnent rendez-vous pour un apéro scientifique, une lecture du ciel au laser, une conférence de Pierre Henriquet (toujours sur les exoplanètes, sujet inépuisable), et même un spectacle de contes, par Clara Piñero. Enfin le 9 août, une table ronde donnera la parole à deux chercheuses, Céline Gouin et Sunayana Bhargava, qui partageront leur expérience d’astrophysiciennes dans un domaine encore largement masculin. 

Guettez le site du Centre d’Astronomie, car outre ces quatre temps forts, bien d’autres ateliers, initiations, visites du planetarium et pique-niques sont prévus durant cette saison estivale.

GAËLLE CLOAREC

L'Été Astro
Jusqu'au 21 septembre
Centre d'Astronomie, Saint-Michel-l'Observatoire

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Derrière les cailloux, l’histoire 

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© Musée de la Préhistoire des Gorges du Verdon

Au creux de ses montagnes, les Alpes de Haute-Provence recueillent une zone géologique éminemment précieuse : 60 sites archéologiques fouillés dans le Verdon depuis le XXe siècle. C’est aussi l’une des premières réserves de France pour le patrimoine géologique, qui fête cette année ses 40 ans. Alors quoi de mieux, pour la Réserve naturelle géologique de Haute-Provence, que de s’associer au musée de la Préhistoire des gorges du Verdon pour proposer Sors de ta réserve !une exposition qui remonte très loin dans l’Histoire ? On y croise des ammonites, des plésiosaures – reptiles marins au cou élancé – ou des ichtyosaures, drôles de créatures entre dauphin et dinosaure, qui arpentaient les mers à l’ère du Mésozoïque (il y a 252 millions d’années). Le tout est présenté dans un parcours ludique, dans lequel les enfants et leurs parents retraceront la Préhistoire avec des dessins humoristiques ou des puzzles. 

© Musée de la Préhistoire des Gorges du Verdon

Protéger le passé

C’est aussi l’occasion pour le musée d’introduire à son travail de préservation et à ses études sur le patrimoine géologique. Du 6 juillet au 31 août, il invite à découvrir les sites archéologiques à une heure de marche du musée, dans les hauteurs de Quinson. Comme la grotte de la Baume Bonne : habitat de l’Homme de Provence il y a près de 400 000 ans et témoin de ses premiers écrits.
Autres temps forts de la saison dans un site (le bien nommé Préhistosite) situé à deux pas du musée : le 20 juillet, une journée dédiée à l’Âge de Bronze en parallèle de l’exposition Échos du Bronze (visible jusqu’au 15 décembre) ; du 7 juillet au 29 août, le musée propose des ateliers sur les savoir-faire préhistoriques : tir à l’arc, création de feu, musique, conte, parure, poterie…

LILLI BERTON FOUCHET

Sors de ta réserve !
Jusqu’au 15 décembre 2025

Échos du Bronze 
Jusqu’au 15 décembre 2025
Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon, à Quinson

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Salagon : entre musée et jardins

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© Thibaut Carceller

Dans l’enceinte de cette église romane du XIIᵉ siècle voisinée par le village de Mane, le musée Salagon propose cinq expositions temporaires dont une permanente Traces au prieuré. Parmi elles, deux installations en résonance avec la protection de l’environnement. L’auteur et photographe indépendant Franck Pourcel propose Aux abords du loup, une série de photos accompagné d’objets – issus des mythes et légendes, entre effroi et fascination – (livres, figurines, cartes postales…). On peut y voir aussi EN FORÊT, de la gestion à l’évasion de Vincent Munier, un travail photographique centré sur la relation entre l’homme et son habitat dans une société contemporaine. 

© Thibaut Carceller

Le lieu, classé monument historique puis labellisé « Musée de France » en 2002, est bordé par six hectares de jardins, avec un total de 1700 espèces de plantes différentes recensées. Un véritable Eden de senteurs et de couleurs, parsemé de grands arbres, idéal pour des balades au frais par temps de canicule. L’artiste et plasticienne Anne Poivilliers y propose un jeu aérien, avec des œuvres aussi fragiles que légères, dans l’exposition Dans le vent, la lumière présentée jusqu’au 15 juillet. Un compromis entre découverte et détente qui ne manquera pas de surprendre. 

THIBAUT CARCELLER

Aux abords du loup
Jusqu’au 15 décembre
Musée Salagon, Mane

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Témoigner pour résister   

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RADIO LIVE – REUNI.ES Conception et ecriture scenique Aurelie Charon Avec Karam Al Kafri (Palestine/Syrie), Sihame El Mesbahi (France/Maroc), Yannick Kamanzi (Rwanda) En complicite avec Amelie Bonnin et Gala Vanson Creation musicale Emma Prat Creation visuelle live Gala Vanson Identite graphique Amelie Bonnin Images filmees Hala Aljaber, Aurelie Charon, Thibault de Chateauvieux Lumiere Thomas Cottereau Montage video Celine Ducreux, Mohamed Mouaki Espace scenique Pia de Compiegne

Samedi 18 juillet, treize heures. La salle se prépare à un poignant témoignage qui va résister neuf heures durant. Neuf heures de récits édifiants, de l’Ukraine à Gaza, de la Bosnie à la Syrie, du Congo au Liban, du Maroc à Avignon. Huit participants aux vécus sensibles traversés par la guerre, des histoires de fratrie et de patrie qui se décomposent et se recomposent, et d’une infinie tendresse toujours victorieuse.  

Radio Live, depuis une dizaine d’années, porte sur scène la création radiophonique, celle qui donne une voix, documentaire, aux témoins de l’histoire. Animée par Aurélie Charon, productrice à France Culture, autrice et réalisatrice, porteuse de cette forme nouvelle de théâtralisation du réel.

Les huit protagonistes semblent porter un fardeau collectif, une histoire dont les blessures irriguent nos intimités. Pourtant Radio Live (Radio Love ?) fait la preuve que la lumière peut surgir de l’obscurité. Comment ne pas rire aux éclats, quand Ines Tanovic (historienne de l’art, activiste, éternelle fan de Nirvana), raconte sa rencontre, à neuf ans, avec un obus bosniaque lors d’un visionnage chez la voisine de l’iconique Santa Barbara entre deux coupures de courant ? 

« Votre corps ressemble à un fromage suisse ! » s’exclame le médecin à la radiographie, observant les plus de cinquante objets métalliques fichés pour toujours dans le corps de la jeune fille. 

Les narrations sont fortes, elles ont le naturel du récit vrai, la voix et la guitare d’Emma Prat sont comme un  subtil intermédiaire au cheminement de nos émotions nous emmenant toujours plus loin dans ces paysages de boue et de sang. Les dessins ludiques tout en couleurs de Gala Vanson viennent esquisser à point nommé les contours géographiques de ces terres endeuillées. Ou souligner des sourires, des vieilles photos de famille comme pour mieux nous inclure dans la confidence comme des amis. 

C’est la force du groupe, on filme, on accroche, on installe pendant les prises de paroles, on voyage chez les uns et chez les autres, on se soutient et on se prend (souvent) dans les bras. Un souffle de joie et de solidarité, au-delà des clivages et des haines.  

MICHÈLE GIQUIAUD

L’intégrale de Radio Live a été jouée le 18 juillet.

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Sortir du trou

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© Cie eclair/ Artsud

Imaginez un espace obscur, encombré de gros sacs. Une femme (Milouchka) surgit, saute, pousse un cri en apercevant un homme avachi dans un fauteuil qui l’est tout autant. Elle est gênée, ne pensait pas trouver quelqu’un qui, visiblement, n’avait pas envie d’être dérangé. L’homme (Christian Mulot) s’énerve et affirme « on n’est pas là pour se faire des amis » tandis que la femme s’étonne de ne pas être dans « le bon trou » mais essaie d’être aimable. Ambiance tendue. Ça ne s’arrange pas avec l’arrivée tonitruante de celle qui se présente comme « la revenante » (Chrystelle Canals), celle qui revient toujours après ses épisodes de cuite. Enfin, un quatrième (Hugo Lebreton) surgit, éructe, déclare n’avoir rien à faire là ; il a un boulot, une femme et des enfants. Cependant, contraints de cohabiter ces quatre êtres paumés vont peu à peu communiquer, révélant leurs erreurs et leurs fractures.

Huis clos sartrien

Les deux autrices/metteuses en scène Milouchka et Chrystelle Canals, font basculerl’addiction dans le fantastique d’un enfer qui est aussi les autres : l’addiction de chacun.e. estsymbolisée par la métaphore brute du trou, un trou dont iels ne sortent pas et dans lequel iels sont invisibles. Des bruits inquiétants résonnent par moments, des fumées se répandent, telles des menaces ou des remords. Sont-ils condamnés ? Par qui ? Aucune intervention extérieure ne survient. 

Il est temps de cesser de juger et d’aider ces personnes, nous suggèrent les autrices qui sont en relation avec des centres sociaux. Leur création ne manquera pas de susciter des interrogations.

CHRIS BOURGUE

Shot, shoot, chut
jusqu’au 26 juillet
Théâtre Barretta, Avignon

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