vendredi 29 novembre 2024
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Les CONVERS-ations d’Émile Parisien

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Emile Parisien 4tet © Dan WARZY

Émile Parisien est assurément un des saxophonistes soprano les plus fameux en Europe. Avec son quartet, il a retrouvé le Théâtre Fontblanche, invité par l’association Charlie Free, pour son dernier projet « Let them cook ». L’occasion, une fois encore, de se produire sur une des meilleures scènes jazz de Provence.

Un documentaire, 6 DOIN’ JAZZ , réalisé par Solange et Jérôme Brousse était projeté en première partie de la soirée et retraçait l’aventure du sextet d’Émile Parisien et de son opus Louise, hommage à l’artiste plasticienne Louise Bourgeois, à sa mère et aux causes féministes. Chaque membre du groupe s’exprimait sur comment s’impliquer et se stimuler réciproquement pour produire l’objet sonore le plus beau possible. Un éclairage sur les coulisses de la fabrication musicale très captivant.

Puis les musiciens entrent en scène, baskets Converse aux pieds : Julien Touéry au piano, Yvan Gélugne à la contrebasse, Julien Loutelier à la batterie et machines électroniques et le chef de cuisine, Émile Parisien, au sax soprano et aux effets sonores. Au menu, Pralin, Nano Fromage, Coconut Race, Wine Time… autant d’histoires que se propose de conter le 4tet. Le titre VE1999 composé par Yvan Gélugne part d’un motif synchronisé entre piano et contrebasse. Un archet glisse sur une cymbale et une atmosphère s’installe dans une torpeur prolifique. Dans TikTik, un rythme métronomique donne l’indication de chemins hors des sentiers battus dans lesquels le saxophoniste déploie une vélocité et une énergie impressionnantes. Il avoue d’ailleurs renoncer à l’étiquette de jazzman, revendique même un complexe nous confiant qu’il ne joue pas bien les standards ! Il préfère faire vivre sa « musique fraîche », en donnant en tant que leader, des directions au profit du collectif, vers une liberté totale. La contribution de chacun, tantôt coloriste, tantôt impulsioniste malaxe cette matière sonore pour notre plus grand bonheur.

DAN WARZY

Le concert d’Émile Parisien 4tet « Let them cook » a eu lieu le 24 mai au Théâtre Fontblanche à Vitrolles.

Le Théâtre d’Arles au cœur d’enjeux territoriaux ?

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Dominique Bluzet. 28/03/2024. Aix-en-Provence. Photo Caroline Doutre / Festival de Pâques

CLAIRE DE CAUSANS
adjointe au maire Patrick de Carolis en charge de la Culture

Zébuline. Pourquoi et comment avez-vous choisi Dominique Bluzet pour diriger le Théâtre municipal d’Arles ? 

Claire de Causans. Patrick de Carolis l’a expliqué en Conseil municipal, ils se connaissent depuis très très longtemps ! L’équipe actuelle voulait une direction, elle a refusé une candidature que nous lui proposions, et accepté celle de Dominique Bluzet qui correspondait à la volonté du mairie de construire un projet de territoire, d’étoffer et de diversifier l’offre tout en maintenant la spécificité de notre théâtre, qui était labellisé sur les écritures contemporaines. L’équipe n’a manifesté aucune réticence au projet de Dominique Bluzet, qui vient s’inscrire dans la programmation d’Ophélie Couailhac, qui programme dans ce théâtre depuis deux ans. 

Le processus de nomination n’est-il pas discutable ? 

C’est un théâtre municipal, la mairie peut nommer sa direction. Dominique Bluzet arrive avec un financement du ministère que nous avions perdu. Il est soutenu par le Département, la Région et l’État. Il ne transpose pas les saisons de ses théâtres ici, mais permet aux Arlésiens de bénéficier de quelques spectacles que nous n’avions pas les moyens de faire venir sur nos budgets propres. Nous serons très vigilants sur la grille tarifaire, il n’est pas question d’appliquer ici les tarifs aixois. 

Qui fera la programmation, donc ? 

La saison 2024-2025 est prévue par Ophélie Couailhac, il l’a entièrement validée et a proposé quelques spectacles supplémentaires. En 2025-2026, ils réfléchiront à la programmation ensemble. Il a même proposé à Ophélie Couaillac d’intervenir dans Les Théâtres [structure regroupant les quatre théâtres que dirige Dominique Bluzet, ndlr]. Tout cela est très positif, ce ne sera pas un énième théâtre de Dominique Bluzet, mais un lieu qui bénéficiera de ses réseaux et de son expertise, grâce aux synergies des moyens. Il réfléchira aussi à une programmation dans le Théâtre antique de 2000 places, qui est sous employé. 

Certaines craintes s’expriment sur la diffusion des compagnies locales… 

Alors là… Elles n’avaient aucune place au théâtre lors des mandatures précédentes, elles restaient à la porte, là on les accueille, on produit Marie Vauzelle par exemple. Bien sûr nous continuerons. 

Vous avez baissé les subventions de 600 000 à 400 000 euros en arrivant. C’était une erreur ?

Nous avons dû opérer des coupes budgétaires, mais ce budget de 600 000 euros a été rétabli depuis. 

Ne craignez-vous pas que cette alliance Arles-Marseille-Aix, menée par le président de One Provence, organisme métropolitain, relève d’une volonté de Martine Vassal de faire entrer Arles dans la métropole ? 

Je ne crois pas, et de toute façon Patrick de Carolis est clairement contre. Il s’entend bien avec Martine Vassal mais tient beaucoup à l’agglomération arlésienne et au PETR [Pays d’Arles, ndlr]. Tisser des liens ne change rien à notre indépendance.


NICOLAS KOUKAS
conseiller municipal d’opposition (PCF)

Zébuline. Vous avez fait part en Conseil municipal de votre opposition à la nomination de Dominique Bluzet à la tête du Théâtre d’Arles. Pourquoi ?

Nicolas Koukas. Je ne remets aucunement en cause ses qualités de directeur. Mais c’est une décision unilatérale du maire, sans appel d’offre, sans même une information préalable du Conseil municipal. En deux délibérations, on entérine sa nomination et une convention avec le théâtre aixois du Jeu de Paume. Après les erreurs du début de mandat, pourquoi leur ferait-on confiance ? 

De quelles erreurs parlez-vous ? 

De la diminution brutale de budget du théâtre, passé de 600 000 euros à 400 000 euros quand Patrick de Carolis a pris ses fonctions. Nous avons perdu la convention avec l’État, Valérie Deulin [directrice du théâtre jusqu’en 2022, ndlr] est partie… et on a eu Édouard Baer, qui n’a tenu aucune de ses promesses. Tout a fait pschitt, il n’a pas ouvert le théâtre tous les jours comme il le promettait, n’a pas développé la programmation au Théâtre antique. Comment, après ces échecs, accepter une nouvelle décision sans consultation et sans débats ? 

Le budget a été rétabli et Dominique Bluzet a une expérience de direction qu’Edouard Baer n’avait pas…

Comme je vous le disais, je ne remets aucunement en cause ses qualités d’entrepreneur. Mais d’un côté 50 000 euros par an pour venir 7 jours par mois me semblent beaucoup, d’autre part les acteurs du territoire sont nombreux à être inquiets. Quelle place vont-ils avoir dans ce projet ? Je ne suis pas aixois, je suis arlésien, et Arles a un ADN particulier. Quel est le projet pour notre théâtre municipal, la programmation va-t-elle tenir compte des acteurs de la ville, la tarification va-t-elle être revue la hausse ? Ce théâtre a une histoire, il a été fermé par un maire de droite, rouvert par un maire de gauche, et mis en grande difficulté par Patrick de Carolis, qui a dissous l’association, composée d’acteurs arlésiens, qui l’administrait. Là, on nous impose un lien dont Arles ne veut pas. Depuis des années les 29 communes de l’agglomération se battent pour ne pas entrer dans cette métropole qui est dans une impasse économique, politique et administrative. La culture arlésienne n’est pas destinée à être la tête de pont d’un rapprochement territorial. 


DOMINIQUE BLUZET
Directeur des Théâtres (Gymnase, Bernardines, Jeu de Paume et Grand Théâtre de Provence)

Vous dirigez 4 théâtres, à Aix et à Marseille, et une agence d’attractivité du territoire, One Provence. Pourquoi prendre en charge un théâtre de plus ? 

Dominique Bluzet. Pour ce qui est de One Provence, la demande de Martine Vassal était honorifique, je ne suis pas payé pour exercer cette présidence, qui n’est pas une direction. La présidente du Département et de la Métropole cherchait quelqu’un qui avait réussi à réconcilier Aix et Marseille. Cette présidence se termine l’an prochain, mais la direction du Théâtre d’Arles repose effectivement sur la même dynamique. 

C’est une volonté de Martine Vassal ? 

Non, du ministère, qui veut réconcilier ce territoire. Depuis la guerre des Gaules, depuis César, le pouvoir administratif a quitté Marseille pour s’installer à Aix, qui croit à sa légitimité d’administrer la populace marseillaise… Pour sortir de cette représentation millénaire, je pense qu’il faut comme on l’a fait en 2013 coordonner nos dynamiques autour de la vie culturelle. C’est à dire reprendre l’histoire à la guerre des Gaules, et tenir compte enfin de l’Arlésienne en l’incluant dans la politique de création et de diffusion de ce territoire exceptionnel.

Exceptionnel en quoi ? 

Le territoire Arles Aix Marseille regroupe des festivals et institutions de dimension internationale, photographie, art lyrique, théâtre, mais aussi arts émergents, édition… Mais les artistes de ce territoire ont du mal à être accompagnés en production et en diffusion. L’idée de l’État, parce que c’est Christopher Miles [Directeur général de la création artistique au ministère de la Culture, ndlr] et la Ville d’Arles qui sont venus me chercher, c’est d’aller vers plus d’efficacité en termes d’accompagnement des compagnies. Le plan « Mieux produire, mieux diffuser » du ministère permet d’engager 120 000 euros à Aix et 80 000 euros à Arles pour produire et diffuser les compagnies de la région. 

Moins votre salaire ? 

Le Théâtre d’Ales est en régie municipale. Pour le diriger je recevrai ce que recevait Édouard Baer, mais je serai là, pour accompagner les compagnies, élargir les publics en concernant tout le monde. On me reproche aussi d’uniformiser l’offre mais vous savez, en 6 jours d’ouverture des réservations pour les Théâtres, nous avons vendu 74 000 places, pour une programmation qui est tout sauf uniforme. Je programme et produis des compagnies d’ici comme celle d’Agnès Régolo, mais aussi Adama Diop avec un spectacle qui parle de violences policières, Joël Pommerat et son travail avec des détenus, du stand-up dans les cités à l’Après-M en reversant une part des recettes, parce qu’ils en ont besoin. Pour moi, aller vers, ce n’est pas aller chercher du public qui viendra dans mes théâtres ensuite, mais allier, rassembler, faire vivre les différences. Je sers un territoire avec ses gens, pas une ambition politique. J’arrive à Arles avec de l’argent, la possibilité de mutualiser les programmations, de mieux diffuser les compagnies qui auront plus de dates. J’arrive aussi dans un théâtre qui a souffert de la direction d’Édouard Baer et qui avait besoin d’une solution. On verra, à l’usage, si c’est cela qui convient. 

ENTRETIENS RÉALISÉS PAR AGNÈS FRESCHEL

Le Marseille Jazz des Cinq Continents part en tournée

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Sophie Alour ©Jean-Baptiste Millot

Avant le 30 juin et le lancement de sa nouvelle édition au Théâtre de la Sucrière, le Marseille Jazz des Cinq Continents (MJ5C) s’invite déjà dans plusieurs villes autour de Marseille. Un « Parcours » qui s’aventure dans quinze communes de la Métropole Aix-Marseille-Provence, pour seize rendez-vous, réunissant chaque année entre 8 et 10 000 spectateurs. Le tout dépassant largement le cadre estival, puisque la programmation se poursuit jusqu’en novembre. Au programme du jazz bien sûr, mais au sens large, porté par des artistes internationaux comme locaux. 

Tel un prologue, les trois premières étapes du parcours ont déjà vu performer le Romain Morello Collective le 17 avril dernier à Septèmes-les-Vallons, Gildaa à Cassis le 2 juin, ou encore une jam jazz&rap en partenariat avec Hip-Hop Society. Mais le MJ5C approchant à grands pas, la programmation s’intensifie, et lance son marathon.

Vive le tour 

Le 7 juin, c’est à Vernègues, entre Salon-de-Provence et Lambesc, que le festival fait escale. Il emmène avec lui le Stompin’Bayou, porté par Cleveland Donald, qui propulse avec ses cinq compères les sonorités de sa Nouvelle Orléans natale : passent par-là Fats Domino ou Jelly Roll Morton. Deux jours plus tard, c’est le cadre inédit de l’amphithéâtre du Musée Provençal de Marseille (chemin de Palama) que se produit le Big Band du CNRS. Fondé en 2015, il rassemble chercheurs, universitaires, musiciens professionnels ou amateurs, dans la pure tradition des big band blues/jazz, tout en allant chercher – on ne se refait pas – des sonorités plus latines. 

On quitte Marseille pour la quiétude de Vauvenargues ce 14 juin. Bien cachée dans son massif de la Sainte-Victoire, la commune accueille une artiste qui en a connu aussi, des victoires : du Jazz en 2022 (artiste instrumentale de l’année), Prix Django Reinhardt, Prix de l’Académy… Sophie Alour pèse de tout son saxophone ténor dans le game du jazz français. 

Ça tourne 

Les kilomètres et les partitions défilent. On va voir Laurent Bardainne et son quartet passer à Jouques (15 juin), puis André Minvielle – l’homme à la manivelle – au cinéma l’Alhambra à Marseille (16 juin). On reste dans la cité phocéenne le 20 juin pour découvrir Ajoyo, une pointure de la nouvelle scène musicale new-yorkaise, à la croisée du jazz, de l’afrobeat, des rythmes haïtiens et de la soul. Trois jours plus tard, on s’arrête à Châteauneuf-les-Martigues, pour Frenchtown Connection, un projet signé Pierre Fénichel, qui va chercher dans les musiques jamaïcaines des ponts vers d’autres sonorités, comme le jazz. 

Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce III © AGNES DHERBEYS / MYOP

Faire des ponts entre les sonorités et les styles, il connaît ça bien : le parcours donne une carte blanche à Cyril Benhamou, joyeux animateur de la scène jazz marseillaise et surtout excellent musicien, au piano comme à la flûte. À Plan-de-Cuques ce 28 juin, il est accompagné par Jérôme Mouriez, Pascal Blanc et le Big Band O’Jazz Amu &Co

Dernière date avant l’ouverture officielle, Endea Owens s’attaque au Château de l’Emperi de Salon-de-Provence. Et il ne faudra pas moins qu’un château pour accueillir tout le talent de cette contrebassiste originaire de Detroit, nouvelle étoile de la scène jazz mondiale. Une dernière date avant l’ouverture officielle du MJ5C, qui ne pouvait rêver meilleure rampe de lancement. 

NICOLAS SANTUCCI 

Parcours Métropolitain du Marseille Jazz des Cinq Continents
Jusqu’au 22 novembre
Sur le territoire de la Métropole Aix Marseille Provence

La Ciotat fête les premiers films

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Nili de Céline Sallette © Wild Bunch

Faire découvrir des cinéastes, des acteurs, des actrices, c’est ce que propose le Festival du premier film de La Ciotat Berceau du cinéma qui tient sa 41e édition du 5 au 9 juin prochain au Cinéma Eden Théâtre. Des films français, belges et suisses, longs et courts accompagnés par les cinéastes et leurs équipes… C’est la comédie de Max Mauroux, Presque Légal, qui sera présentée en ouverture le 5 et Les Reines du drame d’Alexis Langlois qui clôturera le festival le 9 juin avec le palmarès. Le Jury présidé par Françoise Fabian aura à choisir parmi neuf longs métrages et autant de courts en compétition. Des univers variés, des écritures singulières, des personnages qui nous étonnent, auxquels on s’attache…

Niki (de Saint Phalle) est un bio pic réalisé par Céline SalletteCharlotte Le Bon incarne cette peintre, graveuse, sculptrice et réalisatrice devenue icône du féminisme. Dans Pauline grandeur nature de Nadège de Benoit-Luthy, nous suivons Pauline, maman solo, paysagiste, se battant pour se faire une place dans un monde d’hommes. Inspiré par sa propre expérience, dans Six pieds sur terre, Karim Bensalah nous fait vivre le voyage initiatique de Sofiane, fils d’un ancien diplomate algérien, qui a vécu souvent à l’étranger et préfère faire la fête qu’étudier pour réussir ses examens. Rohid, lui, un jeune réfugié afghan à Paris doit trouver du travail pour envoyer de l’argent à sa mère rackettée et menacée de mort par les talibans dans Nouveau Monde de Vincent Cappello. Quant à Hamid, obsédé par la traque de son ancien bourreau, il fait partie d’un groupe de citoyens syriens qui ont tout quitté pour traquer les criminels de guerre dans Les Fantômes de Jonathan Millet.

À voir et écouter 

Philémon, est un adolescent pas comme les autres : pour survivre, il a besoin de sang humain. Ses parents font tout pour paraître ordinaires jusqu’au jour où… En attendant la nuit, un film de vampire, « qui  parle de marginalité et de conformisme, de sacrifices familiaux, de désir animal» précise sa réalisatrice Céline Rouzet. Colocs de Choc d’Élodie Lélu met en avant la cohabitation entre Manon, une adolescente introvertie, et Yvonne, sa grand-mère, ex-militante féministe. Paternel de Ronan Tronchot questionne l’Église catholique d’aujourd’hui alors  qu’un prêtre d’une petite ville, voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’une ex et de leur fils de 11 ans, dont il ignorait l’existence. Les Pas perdus de Thibaut Wohlfahrt et Roda Fawaz nous plonge, le temps d’une journée, au cœur d’un Palais de justice quelque part en Belgique, à travers une collections de portraits. 

Parmi les 9 courts en compétition, ne ratez pas La Grande Ourse d’Anthony Bajon ou Petite Reine de Julien Guetta.Le jury « Les Courts d’ici » décernera le prix du meilleur court-métrage parmi les 5 tournés et/ou soutenus dans la Région Sud. Et pour la première fois, à La Ciotat est mis en place un marathon cinématographique, 48h Chrono. Un défi ! Créer un film de 3 à 5 min en 48h.

Pour cette 41e édition, le festival, engagé dans une démarche éco responsable, propose une table ronde « Fiction / Eco-production Biodiversité » et un atelier « Fiction et Biodiversité ». Il y aura de l’ambiance aussi : tous les soirs de 18h à 19h30, des concerts où l’on pourra écouter de la musique de groupes locaux éclectiques, boire en verre et échanger avec les invités. Tout un programme !

ANNIE GAVA

Festival du premier film de La Ciotat Berceau du cinéma
5 au 9 juin
Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat 

De toutes les Europe choisirons-nous la pire ? 

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L’Europe, avant d’être une construction politique, est un fantasme culturel, un mythe, une princesse phénicienne amie des nymphes, une idée. Le silence obstiné des candidats aux élections européennes, de toutes les nations, sur les politiques culturelles qu’ils veulent mettre en place, témoigne de leur cécité historique, et ouvre la porte au pire des scénarios possibles : celui d’une Europe qui revient à sa féodalité, une Europe forteresse s’érigeant contre le monde, ses circulations, ses impuretés, ses migrations, contre la diversité sociale et d’origine des citoyens qui la composent, et contre sa propre histoire de progrès social et de lumière des esprits.

Une Europe de progrès

Pourtant l’idée d’une Europe politique affranchie des monarchies autoritaires et des féodalités est née sous des plumes littéraires. Montesquieu rêve d’une « nation composée de plusieurs » qui irait jusqu’à « la Moscovie », et dont l’unité reposerait sur le « doux commerce », source d’échange et de prospérité. Une vision que l’on nommerait aujourd’hui libérale et qui a prévalu à la construction européenne de Jean Monnet et Robert Schuman, fondée sur le commerce, le charbon, l’acier et la politique agricole commune. 

À cette vision s’opposait dès le XVIIIe siècle Rousseau, qui imaginait une Europe politique qui garantirait « une paix perpétuelle et universelle » en se dotant d’un nouveau contrat social liant non les gouvernements, mais « les Peuples ». Victor Hugo et son lyrisme, qui imaginait des États-Unis d’Europe fondés sur la « fraternité », s’inscrit dans cette idée d’une construction par les peuples d’un système de gouvernement commun, fédération ou confédération, qui les préserve de la guerre menée par les monarques et autres autocrates. 

Ces idées sont aujourd’hui encore à l’œuvre dans les gauches et les droites européennes, qui semblent pourtant avoir oublié que leurs fondements profonds sont culturels et philosophiques.

Au nom des Pères

L’extrême droite quant à elle ne l’ignore pas, et oppose à ces Europe de paix, libérale ou sociale, l’Europe des Patries, celle que nos États nations, nos Républiques, nos démocraties, croyaient avoir vaincue : celle du souverainisme chrétien, enraciné, reposant sur un ordre familial qui reproduit en son sein l’autocratie par la domination du père, et sur l’inégalité des « patrimoines », mot qui désigne à la fois la fortune et la culture, et établit des hiérarchies entre les peuples et les classes sociales. 

Cette Europe, tenue loin des représentations et des désirs par l’effroi post-nazisme, se redéploie aujourd’hui sans retenue, reposant sur l’échec du « doux commerce » qui a triomphé dans l’espace européen, en exploitant les colonies et les travailleurs jusqu’à rompre le contrat social. 

C’est pourtant en affirmant les droits culturels de tous·tes contre les patries, les patriarcats et les patrimoines qu’un nouvel universalisme pluriversel pourrait faire renaître l’idée d’Europe. Fraternelle, égalitaire et sororale.

AGNÈS FRESCHEL

La porte du temps

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C’est l’eau grise de la pluie, les gouttelettes de lumière sur les fleurs et les herbes, les parapluies en corolles, une gare déserte, des rails qui traversent la campagne, la flambée rousse des feuilles d’érables ou le soleil des tournesols. Du gris bleu, du bleu gris, du brun, du rouge, du jaune et du vert, en dominantes successives. Un lycée où chahutent des ados, des maisons traditionnelles aux cloisons de papier, un aquarium et un tunnel sous la voie ferrée qui mène ailleurs dans l’espace-temps. On est dans le village japonais de Kozuki et dans le nulle part imaginaire des âmes perdues. Tunnel to summer est une romance, un teen-movie qui associe avec élégance une dimension fantastique et symbolique aux poncifs du mélo traditionnel.

Deux jeunes lycéens mal dans leur peau vont se rencontrer. Kaoru Tôno, rongé par la culpabilité depuis la mort accidentelle de sa petite sœur dont il se sent responsable, vit avec un père alcoolique, violent dans un foyer déserté par la mère. Anzu, arrive en cours d’année dans la classe de Kaoru, la rage au ventre, doutant d’elle-même, rejetée par ses parents parce qu’elle veut suivre les traces de son grand-père, auteur de mangas et mort sans un yen. Kaoru a découvert – par hasard, mais en est-ce un ? – l’entrée du tunnel d’ Urashima, qui selon une légende urbaine offre à ceux qui y pénètrent la réalisation de leur vœu le plus cher. Aventure périlleuse car quelques secondes dans le tunnel correspondent à plusieurs heures dans la vraie vie.

Délicates images

Kaoru veut revoir sa sœur. Anzu veut laisser une trace de son existence en devenant mangaka. Tous deux vont expérimenter des incursions dans le tunnel magique, testant les connexions de leurs téléphones portables. Une complicité qui se transforme en amour. Peu de personnages secondaires, peu de lieux différents : Kaoru et Anzu (dessinés par Satomi Yabuki) omniprésents sont cadrés à toutes les échelles. Comme entravés dans leur vie, ils rejouent les mêmes scènes dans le même décor.  En dépit de la gravité des thèmes – la défaillance parentale, la peur de l’avenir, le poids du passé, la difficulté de surmonter un deuil, de faire des choix, de dire adieu, d’accueillir un amour, ce film d’animation de belle facture, se teinte d’une grande douceur et laisse flotter longtemps, en persistance rétinienne, de délicates images mélancoliques.

Tomohisa rêve déjà d’une nouvelle adaptation : ce serait Kafka sur le rivage d’Haruki Murakami, encore une histoire d’adolescent en rupture, énigmatique et à forte charge allégorique.

ÉLISE PADOVANI

Tunnel to Summer, the Exit of goodbyes, deTomohisa Taguchi

En salles le 5 juin

Vampire, du côté obscur

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Écran noir. Cris d’une femme, vagissements d’un bébé en train de venir au monde. Premières images : le visage d’une mère et de son bébé, Philémon, qui n’arrive pas à téter. Elle a mal mais quand le médecin lui dit qu’il faut juste se forcer, c’est du sang qui coule sur sa peau blanche. Souffrance, sang, enfant sous perfusion, voiture qui roule, roule dans la nuit… C’est ainsi que s’ouvre le premier long métrage de Céline Rouzet, En attendant la nuit.

Philémon (Mathias Legout Hammond) a grandi : il a 17 ans. Sa mère Laurence (Élodie Bouchez), son père Georges (Jean-Charles Clichet) et sa petite sœur Lucie (Aly Mercier) s’installent dans une maison meublée, d’une petite bourgade pavillonnaire tout près d’une forêt. Ils sont heureux de commencer une nouvelle vie. « Tant que tu fais comme tout le monde, tu es tranquille ! » Car dans cette banlieue calme des années 1990, on s’invite à des barbecues et on interroge ceux qui viennent d’ailleurs. « Il faut absolument qu’on ait l’air le plus normal possible », rappelle Georges.

Frère de sang

La famille Féral vit avec les rideaux tirés et cache un secret : Philémon qui a sa chambre plein nord et évite le soleil, n’est pas un adolescent comme les autres, c’est un vampire. Laurence, qui lui fournit son propre sang, a trouvé un travail dans un centre de don du sang, ce qui lui permet de détourner des poches de ce précieux liquide pour son fils. « On n’est pas sérieux, quand on a 17 ans. » L’adolescent a envie de vivre comme les autres, de s’intégrer au groupe de jeunes du coin et quand il rencontre Camilla (Céleste Brunnquell), tout se complique. Désir et danger, violence et sensualité, ombre et lumière, amour et solitude. Le regard de Philémon sur le monde interroge notre propre regard.

Car ce film de vampire est avant tout un film sur la différence, l’éveil à la sexualité, les conventions sociales, la solitude. Philémon signifie « aimer et seul ». « Avec ce film, j’ai voulu raconter ce qui m’obsède depuis toujours : un monde conventionnel qui se fissure, des personnages qui dérangent, le malaise qui en découle » précise Céline Rouzet. Le scenario lui a été inspiré par l’histoire et la mort de son frère : « Je me suis rappelée que cette figure avait énormément hanté mon frère quand il était petit, lui qui est né différent et qui a beaucoup souffert du rejet des autres. Enfant, il voyait des vampires venir jusque dans sa chambre pour lui parler.»

Ceux qui s’attendraient à un film de vampires risquent d’être déçus. Les scènes où Philémon, comme la plupart des vampires depuis Nosferatu s’abreuve de sang humain, ne sont pas les plus réussies. Mais Céline Rouzet su créer une tension grandissante au fil du film et nous faire partager les efforts jusqu’à l’épuisement d’une famille qui se bat. En attendant la nuit a obtenu le Prix du Jury au Festival International de Films Fantastiques de Gérardmer.

ANNIE GAVA

En attendant la nuit, de Céline Rouzet
En salles le 5 juin

Les Voix du récit : rencontre colombienne

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Le collectif Cruce Sur qui a pour objectif de diffuser la culture colombienne propose Les Voix du récit, deux événements autour de l’œuvre de Nicolás Buenaventura Vidal, réalisateur, conteur et comédien franco-colombien. Le 7 juin à 19 h dans la salle Ma Petite Anna Tôle (Marseille), un monologue théâtral, La dicha de la palabra dicha (Au fil des mots). Le lendemain à 19h30 au cinéma Le Gyptis, le film Kairos présenté par Johanna Carvajal González. On suivra les aventures d’Amaranto, 60 ans, renvoyé de son travail de caissier dans une banque à Cali en Colombie, il y a déjà quelques années, mais Amaranto va encore sur son ancien lieu de travail pour de menues tâches. Le jour où un camion blindé doit livrer une grosse somme d’argent il entrevoit la chance de réaliser un vol aussi simple qu’extraordinaire. Après la projection, on pourra discuter avec le réalisateur. Une séance en partenariat avec la Compagnie Communic’arte, Les Philosophes Publics et Les Rencontres du Cinéma Sud-Américain (ASPAS).

ANNIE GAVA

Surfer sur les notes

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Si « l’intérieur des terres » foisonne de propositions festivalières de haut-vol lors de la saison d’été, la côte semblait ne se reposer que sur le charme de ses plages. Grâce à La Vague Classique, l’excellence s’invite aussi en bord de mer. Les grands noms, Khatia BuniatishviliNelson GoernerAlexandre Kantorow, pour ne citer que les trois premiers concerts, sont familiers des scènes les plus prestigieuses, mais ici, dans l’écrin de la Maison du Cygne, ou plus tard, de la Villa Simone, de la Collégiale Saint-Pierre ou la Maison du Patrimoine « François Flohic » située au-dessus de la lagune du Brusc, site classé Natura 2000, le public est installé juste à côté des interprètes, peut en discerner la moindre expression, le moindre souffle. Pas d’effets entre l’auditeur et les sonorités produites, pas de filtre aux émotions !

Le choix d’un temps long

Le festival s’étale comme une véritable saison estivale, du 18 mai au 14 septembre, évitant l’écueil des autres rendez-vous musicaux traditionnels de l’été. Le symbole des deux concerts qui ouvrent et closent le festival est symbolique : la première représentation convie la pianiste Khatia Buniatishvili, aussi encensée que décriée en raison de sa fougue, de ses tenues vertigineuses, des enthousiasmes débridés des spectateurs à l’instar de ceux que peuvent susciter les stars du rock, (un engouement populaire fait oublier à certains que l’artiste parle couramment cinq langues et a une maîtrise technique souveraine). Le dernier concert offrira la scène à la toute jeune et déjà invitée de plusieurs festivals en France et en Europe et lauréate 2018 du concours international Jeune Chopin, Arielle Beck. Elle a d’ailleurs remplacé la star Khatia Buniatishvili qui attendait un heureux évènement le 7 juin 2023 au ClassicCestfffou à Nantes.

Un feu d’artifice

On reconnaît ici la finesse malicieuse du directeur artistique du festival, Gérard Lerda qui a su concocter une programmation aussi éclectique qu’ambitieuse, passant de solistes à des formations chambristes et orchestrales, sur des univers classiques, romantiques, baroques ou jazzy. « Nous cherchons à toucher le plus grand nombre et à convier les spectateurs à sortir de leur zone de confort en leur proposant par le biais d’artistes virtuoses d’aborder des styles et des genres qui ne leurs sont pas toujours familiers » explique Gérard Lerda qui écume les salles de concerts afin de trouver les perles rares de ses futurs calendriers.

Il y a désormais des fidèles, Renaud et Gautier Capuçon, l’ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi, les rendez-vous avec les lauréats de la Fondation Gautier Capuçon, cette année la jeune pianiste Nour Ayadi, beaucoup de piano avec entre autres, Guillaume Bellom, Sélim Mazari, Frank Braley, Shani Diluka, mais aussi du jazz avec le Paul Lay Trio ou Nicolas Folmer en quatuor, du lyrique grâce à la mezzo-soprano Marina Viotti ou le contre-ténor Rémy Bres-Feuillet… Comment tout citer ! Un vrai feu d’artifice ! 

MARYVONNE COLOMBANI

La Vague Classique

18 mai au 14 septembre 

Divers lieux, Six-Fours-les-Plages

Gallotta, danse de rêve  

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Le jour se rêve de Jean-Claude Gallotta

Il n’y a pas d’histoire à proprement parler qui sous-tend le propos de la pièce de Jean-Claude Gallotta, le spectateur est libre de ses interprétations. Au début, dans un silence des origines, les danseurs entrent sur le plateau nu. Vêtus de combinaisons académiques colorées et flashy (signées Dominique Gonzalez-Foerster), de vestes noires et de masques les personnages évoluent sur la musique composée spécialement pour le spectacle par Rodolphe Burger. Ses pulsations organiques se conjuguent au dynamisme des corps comme galvanisés par les tonalités rock qui exorcisent le monde et célèbrent les hasards de l’élan vital. 

L’espace est redessiné par les trajectoires classiques, lignes frontales, diagonales, pas de deux, soli, ensembles aux articulations aléatoires qui s’orchestrent subtilement pour refonder une géométrie rigoureuse. Sauts, tournoiements, unissent les dix danseurs en une harmonie plastique qui semble appréhender la scène comme un tableau mouvant sans cesse remodelé. La même frénésie s’empare des corps et peu importe les tailles, les âges, les corpulences, le bonheur du geste transcende les enveloppes : virtuosité de chacun alors que les masques tombent, que les costumes dévoilent les individualités en échappées ludiques. L’abstraction chère à Merce Cunningham, « maître à penser » de Jean-Claude Gallotta qui dans sa Nuit rêvée expliquait combien le compagnon de route de John Cage lui a donné « le courage d’inventer ».

En écho au processus créatif du « maître », Jean-Claude Gallotta intervient lui-même entre les trois tableaux qui évoquent les troubles solaires de la nature, les vibrations des grandes villes et un avenir aux allures de comédie musicale débridée. Ses apartés qui rendent hommage en même temps qu’ils ironisent sur l’art de la danse, apportent un contre-point délicieusement espiègle. Derrière une fausse innocence enfantine, la précision et l’élégance des artistes tissent un ballet jubilatoire et envoûtant.

MARYVONNE COLOMBANI

Le jour se rêve a été donné le 7 mai au Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban.