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Une bleue qui a tout d’une grande 

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Élise Vassallucci © XDR
Élise Vassallucci © XDR

Elise Vassallucci est certainement plus qu’une chanteuse de jazz. Sur son premier album, Capharnaüm, cette artiste, née en 1998 à Marseille, déploie des pans d’une autobiographie sensible aux parfums d’un jazz qui se conjugue pleinement avec la chanson française la plus poétique. Encore étudiante au Centre des musiques Didier Lockwood, à Paris, c’est entre les conservatoires d’Aix-en-Provence et de Marseille qu’elle s’est formée en violon classique, en jazz et en chanson française (ainsi qu’auprès de Francis Cabrel à Asttafort). Elle nous convie ici, dans sa propre chambre, dans la maison familiale de Rognes (où elle a écrit ses premiers textes). Ce premier album peut aussi bien toucher l’amateur·rice du jazz le plus authentique que l’auditeur·trice de la chanson francophone.

Individuel et collectif

Une création individuelle, dans une production collective, c’est ainsi qu’Elise Vassallucci entend définir sa méthode de travail sur ce disque. « Quand je propose une composition, je viens avec des paroles et la mélodie. On s’assied en cercle et on discute. Comme c’est un disque très intime, je devais m’entourer de personnes de confiance. Sans les couleurs de Mélanie Pérez (chœur), Pierre Mikdjian (piano), Nghia Duong (contrebasse) et Léo Achard (batterie), ma musique n’est rien ». De fait, les arpèges impressionnistes du pianiste, les lignes profondes du contrebassiste et les rythmes envoûtants du batteur tissent au fil des titres un canevas sensoriel serti d’émotions contrastées. 

Le duo avec le batteur sur Ma Muse, un titre d’inspiration brésilienne, permet de saisir l’ampleur de la complicité qui l’unit au jeu coloriste de ce rythmicien poétique. Ce morceau est un beau pied-de-nez à la question du genre dans le jazz, puisque cette « muse » en question est un homme, un ancien amoureux. Elle y déclame vouloir s’amuser en homme : « C’est par rapport à toutes les fois où j’ai dû m’imposer pendant les jam-sessions, dans un univers toujours très masculin. J’ai fait mon coming-out queer pendant la création de l’album. Cela fait bien dix ans que je suis militante féministe. Ça permet d’être de moins en moins invisible dans le milieu du jazz où se développe un sens de la sororité qui implique des musiciennes comme la contrebassiste Louise Knobil, ou aussi des techniciennes, des attachées de presse… »

Une nouvelle voix

Et puis il y a cette voix, qui a tout d’un instrument. « J’ai toujours chanté mais j’avais tendance à me cacher derrière le violon », instrument qui ne lui permet pas d’exprimer sa colère à l’adolescence. Elle trouve un espace nouveau dans la littérature, puis dans le jazz, où elle trouve sa voix, notamment par la pratique du scat. « Le be-bop m’a inspirée jusque dans l’écriture de mes textes, par exemple sur Marseille, où je prends appui sur une rythmique impaire qui m’a beaucoup influencée ». 

Mélismes fondants, allongement des phonèmes, ampleur de la tessiture ou même parlé-chanté aux contours rappologiques : Elise Vassallucci s’empare avec délectation de registres variés pour nous balader dans ses émotions intimes. Sans jamais se départir d’un sens de la chanson francophone qui emprunte autant à Piaf qu’à Brel (dont elle retrouve les accents narquois), à Joe Dassin qu’à Cabrel (dans le sens d’une chanson authentiquement populaire). Sans oublier la voix mezzo-soprano d’une Barbara, dont elle reprend, en dernière plage du disque Mon Enfance, où si à l’écoute de ces paroles enrobées dans un écrin symphonique délicatement groovy vous ne versez pas ne serait-ce qu’une larme, consultez !

LAURENT DUSSUTOUR

Capharnaüm, Élise Vassallucci

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Yohanne Lamoulère

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Oeil Noir © Yohanne Lamoulère
Oeil Noir © Yohanne Lamoulère

Photographe reconnue, Yohanne Lamoulère (du collectif Tendance Floue) passe pour la première fois derrière la caméra. Au Zef, scène nationale de Marseille, dont elle fait partie des artistes associés, elle présente son film intitulé L’œil noir. Un moyen métrage qui poursuit le travail au long cours de cette artiste, à savoir capturer les images d’un Marseille périphérique, de ses quartiers, de sa jeunesse populaire – comme on a pu le voir dans son livre paru en 2018 Faux bourgs. Le film est projeté dans le cadre de l’exposition du même nom, qui mêle images fixes comme animées, fanzine et peinture.

NICOLAS SANTUCCI

Vernissage le 25 février
Zef, Scène nationale de Marseille

Montagne Sauvage 

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Shan Montagne sauvage © Phillipe Clin
Shan Montagne sauvage © Phillipe Clin

Shan est un groupe, membre de la compagnie musicale vauclusienne Naï Nô Production, et composé du guitariste et compositeur Pascal Charrier, du saxophoniste et clarinettiste Julien Pontvianne et du batteur et percussionniste Ariel Tessier. À travers leurs improvisations, ils font dialoguer leurs instruments, donnant naissance à des sonorités profondes, vibrantes et contemplatives inspirées par la montagne – d’où le nom de leur projet Montagne Sauvage, déjà immortalisée sur un album live lors d’un concert dans les Hautes-Alpes. Accueilli quelques jours en résidence au Vélo Théâtre (Apt) pour sa nouvelle création, le trio est rejoint par la Norvégienne Sigrid Aftret au saxo et à la flûte, et par le Turc Canan Domurcakli au saz et à la voix.

CHLOÉ MACAIRE

21 février 
Vélo Théâtre, Apt 

Marjan

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MARJAN © Morteza Herati
MARJAN © Morteza Herati

Abdul Haq Haqjoo et Farhad Yaqubi sont deux comédiens-marionnettistes afghans, évacués vers la France en 2021, lors du retour des talibans au pouvoir. Avec la Compagnie Hasards d’Hasards, ils créent Marjan, le dernier lion d’Afghanistan, un conte marionnettique destiné aux enfants à partir de 8 ans. Ce spectacle juxtapose leur histoire, et celle de Marjan, un lion détenu au zoo de Kaboul entre les années 1975 et 2002, surpassant largement l’espérance de vie de son espèce malgré une blessure causée par une grenade, devenant un symbole du courage du peuple afghan. Ce double récit permet aux deux interprètes d’aborder des sujets comme la dictature, l’extrémisme religieux et l’exil, mais aussi le vivre ensemble et la capacité de l’humain à trouver du beau dans l’horreur. 

CHLOÉ MACAIRE

19 février, 10h30 et 14h30
Forum de Berre, Berre l’Étang 

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Courgette

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Courgette © Fabienne Rappeneau
Courgette © Fabienne Rappeneau

Paru en 2002, Autobiographie d’une courgette, roman de Gilles Paris, a connu de multiples adaptations, à la télévision, au cinéma, et en bande dessinée. Puis au théâtre, par Pamela Ravassard et Garlan Le Martelot : un spectacle de théâtre-musical créé en 2021, qui, après des centaines de représentations, a obtenu sept nominations et le Molière de la meilleure comédienne de théâtre public 2024 pour Vanessa Cailhol. Courgette, c’est l’histoire du jeune Icare (alias Courgette), 10 ans, qui se retrouve en foyer suite à un drame familial, et raconte ce qui lui arrive, dans un langage, franc, direct, piqué d’humour, et d’espoir. La mémoire se mêle aux rêves et la tristesse à l’humour, au cours de scènes rapides, jouées par cinq comédien·ne·s – musicien·ne·s épatant·e·s.

MARC VOIRY

25 février
Théâtre de l’Esplanade, Draguignan

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Jyeuhair 

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Jyeuhair ©CAMULO
Jyeuhair © CAMULO

MC Solaar nous prévenait déjà il y a presque trente ans que Les temps changent. Avec lui, le rap, ses coutumes, ses modes (d’expression), et les biais de reconnaissance du public. Jyeuhair fait partie de ces nouveaux rappeurs révélés par la série-tremplin Netflix Nouvelle École, qui propose à une poignée de « stars » du rap actuel de départager de jeunes talents. Arrivé en finale de la troisième saison l’an passé, le jeune franco-malgache installé à Caen profite du très gros coup de projecteur pour dévoiler une aisance scénique et un univers parfois à contre-courant des codes actuels qui font souvent référence au rap US, dans son tout frais MYLNUI. Prods parfois rétro, flow mature et précis, rimes et textes réfléchis, le tout avec les yeux qui sourient. Chez Jyeuhair, on ne trouve pas d’auto-tune ni de fierté mal placée, mais une énergie touche à tout attirante.

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM

21 février
Espace Julien, Marseille 

Little cailloux

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Little Cailloux 1 © Alain RIMEYMEILLE
Little Cailloux © Alain RIMEYMEILLE

Ces 40 minutes s’adressent aux tout petits, de 1 à 5 ans. Christine Fricker (compagnie marseillaise Itinerrances) est une chorégraphe précieuse qui travaille sur la relation, la sensation, la tendresse, l’attirance, depuis plus de 20 ans. Ses spectacles pour adultes, comme Histoire d’Eux, parlent à tous, et ses spectacles pour enfants savent rythmer l’attention, faire surgir l’inattendu qui réveille, la matière et le son le geste, les objets (Nicole Autard) et l’attente. Alice Galodé et Aude Cartoux, danseuses, et le musicien Jules Beckman se mettent à la hauteur des tout petits, autour de trois ilots sensoriels, et éveillent leurs sens, nourris de petits plaisirs. Comme de caresser, doucement, un galet lisse…

AGNÈS FRESCHEL

20 et 21 février (10h30 et 16h30)
Auditorium du Mucem, Marseille

Kannen Dahud

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Kannen Dahud © XDR
Kannen Dahud © XDR

Kannen Dahud est une création portée par trois musiciens : Pierre Stéphan au violon, Gildas Etevenard à la batterie et Nikolaz Cadoret à la harpe électrique. Elle s’appuie sur le catalogue Mouez Breiz, (« la voix de la Bretagne ») un label discographique de musique bretonne fondé par Hermann Wolf dans les années 1950 à Quimper (Finistère), qui rassemble des chants, sons et collectes ethnographiques des années 1950 à 1970, répertoire d’une grande richesse, aujourd’hui difficile à trouver. Le trio puise dans ce fonds des mélodies traditionnelles et y mêle son écriture contemporaine et ses improvisations. En résidence à la Cité de la Musique autour de ce projet du 17 au 20 février, les musiciens viendront présenter leur travail au public le 21 février.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

21 février 
Cité de la Musique, Marseille

Art

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Art, François Morel © Aglaé Bory
Art, François Morel © Aglaé Bory

En 1995, Yasmina Reza recevait le Molière du meilleur auteur pour Art, une comédie dans laquelle trois amis Marc, Serge et Yvan, s’écharpent à cause d’un tableau contemporain acheté par l’un d’entre eux. Un tableau complètement blanc. Près de trente ans plus tard, François Morel remet en scène cette pièce devenue classique. Dans cette nouvelle version, Morel (qui interprète Marc) invite Olivier Saladin et Olivier Broche, ses comparses des Deschiens. Trois vrais vieux copains, qui interprètent des personnages écrits à l’origine pour être bien plus jeunes. Cette différence d’âge teinte leurs querelles d’une gravité nouvelle, certainement sans rien enlever à la drôlerie de la pièce. 

CHLOÉ MACAIRE

Du 25 février au 1er mars 
Théâtre de l’Odéon, Marseille
Dans le cadre de la programmation hors-les-murs du Théâtre du Gymnase 

Premiers documentaires 

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documentaire
Renault 12 de Mohammed El Khatib © Les Films d’Ici / Les Films d’Ici Méditerranée

Du 25 février au 1er mars, au Vidéodrome2, aux Variétés, à La Baleine, au Gyptis et au Polygone étoilé, une semaine de projections, toutes accompagnées par les réalisatrices (majoritaires) et les réalisateurs, c’est ce que propose le festival La première Fois.

Invité d’honneur, Mohammed El Khatib offrira une master-class publique, le 26 février, suivie de la projection de La dispute où il donne la parole à des enfants dont les parents ont divorcé. Cet artiste pluridisciplinaire, né en 1980 dans le Loiret, de parents marocains, associé à de grands théâtres, se distingue dans l’art dramatique mais a déjà réalisé quatre films dont deux primés. C’est son Renault 12, « épopée intime d’un fils endeuillé », « road movie chaotique et initiatique » de la France à Tanger, qui ouvrira le festival. Son dernier opus,  504  qui chronique la « transhumance » estivale des Maghrébins marseillais vers les bleds, à travers leurs témoignages, sera projeté aux Baumettes, ainsi que l’ensemble de la sélection. Car en parallèle des séances publiques, sont organisés des événements plus ciblés comme cette intervention en milieu carcéral en partenariat avec Lieux Fictifs, ou « Premier Jet » autour d’œuvres en cours de réalisation.

Réel divers

Les films dont on trouvera l’intégralité dans le programme en ligne (festival-lapremierefois.org) abordent tous les thèmes avec une grande variété de forme et de format. Fixer, retenir, comprendre grâce à la caméra ce qui se passe lorsqu’un amour de jeunesse arrive de Cuba (Les Contours de l’Amour, Coline Coste). Croire qu’on peut suspendre le temps, la maladie, briser le destin en filmant sa sœur atteinte d’une sclérose en plaques comme sa mère et sa cadette avant elle (De la poussière dans les yeuxAnne Lorrière). Remonter le fil de l’histoire pour une nonagénaire et retrouver après trois quarts de siècle et une guerre mondiale, la mémoire du soldat aimé (Pur si simplu divin, Mélodie Boulissière). Interroger les traces et les témoins d’un lieu qu’on a voulu effacer, Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe sur une île-frontière, au large de la Turquie (AnàmnisiThéophile Brient). Documenter au plus près, par un journal intime, l’instabilité du Liban et l’angoisse qui en découle (Anxious in Beirut, Zakaria Jaber). Faire voir Moscou par procuration à un exilé russe qui a le mal du pays ( Moscou en conserveDaniel Le Botlan). Rencontrer deux Guinéens, clandestins à Marseille depuis des années, au moment où ils sont régularisés (AliasTatiana Botovelo). Tisser les liens entre une rivière et des humains embarqués sur un radeau de fortune, entre les mondes immergés et submergés, en mêlant parole scientifique et road trip (Méandres ou la rivière inventéeMarie Lusson) ou rappeler l’impact désastreux des activités économiques sur la nature en racontant la marée noire de juillet 2020 sur l’Île Maurice (Pie dans loKim Yip Tong)…

Porté par l’association Les Films du Gabian, le festival reste fidèle à son désir de rencontres, de partages et de découvertes à travers le genre du documentaire, cet art dit du réel, né avec le cinéma et les frères Lumière, qui renouvelle notre curiosité et nourrit notre réflexion critique.

ELISE PADOVANI

La Première Fois
Du 24 février au 2 mars
Divers lieux, Marseille

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