Depuis Marseille et le cinéma des Variétés, cap sur le Brésil, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Cuba, Mexique, Pérou… Mais cette année, la focale sera mise sur l’Argentine, dont le cinéma, pourtant riche et reconnu internationalement, est mis en danger par l’ultralibéralisme trumpien du président Javier Milei en croisade contre ce qu’il appelle le marxisme culturel. Du 11 au 18 mai, le festival des Rencontres du Cinéma Sud Américain placent trois longs métrages argentins sur les huit en compétition pour le Colibri d’or, et cinq courts métrages sur les dix sélectionnés.
Ouverture à Buenos Aires avec le féministe et antilibéral Unicornio de Natural Arpajou qui nous emmène dans le quartier Constitución à la suite de quatre femmes qui vivent l’amour de façons très différentes et que l’amitié et l’entraide sauveront. Clôture dans la même ville, côté université avec El Profesor de Maria Alché (qui sera là pour débattre avec le public) et Benjamin Naishat :une« comédie dépressive » où un prof de philosophie brigue le poste de son mentor décédé et se voit concurrencé par plus jeune et plus brillant que lui.
Des femmes par des femmes
Plus nombreux dans le programme des courts, les réalisateurs sont quasi absents de la sélection compétitive des longs-métrages (un seul co-réalisateur). Ces réalisatrices nous parlent de la violence sociale et politique de leur pays. Comme la Colombienne Nina Marin –invitée elle aussi –, dans Tierra Quebrá, filmé en noir et blanc, entre tragédie et réalisme magique. Ou l’Argentine María Victoria Menis avec Miranda de Viernes a lunes dont l’héroïne épouse le combat de ses élèves contre l’impunité machiste. Portraits de femmes par des femmes. Celui d’Emilia, première institutrice du village amazonien d’Islandia brossé par la Péruvienne Ina Mayyushin – présente aux Variétés. Ou de la Bertha de Porto Principe de María Emilia de Azevedo, en butte à l’hostilité de son fils parce qu’elle se lie d’amitié avec le migrant haïtien qu’elle a accueilli dans sa ferme isolée. Projection suivie d’un débat animé par Les Philosophes publics.
Il sera question aussi de maladie et de mort comme révélatrices avant tout de la valeur de la vie. C’est le documentaire Memoria Infinita de la Chilienne Maite Alberdi sur Augusto Góngora, célèbre journaliste, chroniqueur des crimes du régime Pinochet, atteint par la maladie d’Alzheimer et sur Paulina Urrutia sa compagne, actrice et femme politique, unis par leur amour et cette lutte contre la déchéance annoncée. C’est le tendre requiem de Totem de Lila Avilés (sélectionné pour représenter le Mexique aux Oscars)où on pénètre par le regard d’une fillette de 7 ans, un microcosme familial dans lequel se prépare la fête d’anniversaire (et d’adieu) de son père mourant.
La cérémonie de remise des Prix (meilleur long-métrage, meilleur court, meilleur acteur et actrice, Prix spécial du jury, Prix du public et Prix du jury jeune) aura lieu avant la projection de AM-PM de Alejandro Gil (hors compétition) qui se déroule dans un immeuble de 12 étages et « nous plonge dans une mosaïque de vies et d’émotions ». Une synthèse en somme de la philosophie de ce festival solidaire.
ÉLISE PADOVANI
Rencontres du Cinéma Sud Américain
Du 11 au 18 mai
Les Variétés, Marseille
cinesudaspas.org