Il y a PAC et PAC : d’un côté le Printemps de l’Art Contemporain, du 2 au 19 mai, 16e édition du festival qui rend visible auprès du « grand public » par une multitude d’expositions la vitalité de la scène de l’art contemporain dans l’agglomération marseillaise. Et de l’autre le réseau Provence Art Contemporain (anciennement « Marseille Expos ») qui organise et porte ce festival, 62 structures (institutions muséales, galeries, espaces expérimentaux, collectifs de commissaires, Beaux-Arts de Marseille, lieux de résidences et de production), œuvrant également tout au long de l’année auprès des artistes, des structures et des publics en termes de professionnalisation, formation, médiation et communication.
Ouvertures marseillaise performées
Comme l’année dernière, le grand week-end festif d’ouverture à Marseille se décline en nocturne, par groupement de quartiers, du 2 au 5 mai. Avec 4 jours et 4 soirées de programmation dans toute la ville et une série de vernissages, concerts et performances dans l’espace public. Car cette année, chacune des 4 ouvertures est « introduite » par une performance.
Ainsi, le 2 mai, pour l’ouverture Camas Cours Julien Opéra et quartier des antiquaires, Arthur Gillet performera La flamme et la flemme sur la place Jean Jaurès à 18h et 18h30. Le 3 mai pour l’ouverture Belsunce Joliette Panier Bougainville Estaque Yoan Sorin performera Pour tous les diables au croisement de la rue Bernard du Bois et de la rue Longue des Capucins à Belsunce, à 18h. Le 4, pour l’ouverture Longchamp Belle de Mai Blancarde Plombières, c’est au kiosque à musique du Palais Longchamp qu’on pourra assister à 21h à la performance Circular Swing de Ju Bourgain. Enfin, le 5, pour l’ouverture quartiers Sud et bords de mer, ce sera Trajectoire infinitive une performance de Santiago Reyes à 14h30 à l’Atelier Tchikebe et à 16h30 au [mac], musée d’art contemporain de la ville de Marseille.
Clôture aixoise festive
La clôture du PAC à Aix-en-Provence le 18 mai sera au même diapason, multiple et festif : des nocturnes jusqu’à 22h à la Galerie Parallax pour Les petites peaux, de Fabrice Domenet, Catherine Dovellos, Anthony Morel, à la Galerie Ars Longa pour le vernissage de Adrénaline de Kenza Merouchi. Et jusqu’à minuit au Couvent des Pêcheurs pour l’exposition collective A comme Animal des étudiant·e·s de l’École Supérieure d’Art d’Aix- en-Provence, ainsi qu’à la Chapelle de la Visitation, au Musée des Tapisseries, et au Pavillon de Vendôme pour Beyond Consciousness de Chiharu Shiota. Enfin, Place des Prêcheurs, entre 18h et 21h30 les performances Roasty Boiled Toastinette de Léa Puissant, Rage Là de Saphir Belkheir, La fin du roman de Fanny Lallart, et le dj set de Sandar Tun Tun. Toutes les autres (nombreuses) infos sur p-a-c.fr.
Si Avignon a son Palais des Papes, Carpentras a son Inguimbertine. Amorcé en 2017 avec l’installation d’une bibliothèque multimédia dans l’ancien hôtel-Dieu de la ville, le projet s’est conclu par le transfert d’une bibliothèque de conservation avec collections muséales. Car c’est le pari de ce nouvel équipement culturel : permettre la lecture publique d’un côté et l’accès aux fonds patrimoniaux de l’autre. Pour ce qui est de la bibliothèque-musée transférée il y a peu, celle-ci se décline en trois sections distinctes. Il y a tout d’abord la partie historique qui revient notamment sur le Comtat Venaissin, ancien état pontifical dont Carpentras fut la capitale. Dans cette histoire on retrouve notamment celle des Juifs carpentrassiens qui vécurent sous gouvernement pontifical dans un quartier dédié. Il y a ensuite la section de la bibliothèque, le cœur de l’exposition permanente, présentant les nombreuses acquisitions de l’évêque d’Inguimbert, que ce dernier légua par la suite à la ville. La dernière partie est bien plus visuelle puisqu’elle expose de nombreuses peintures d’artistes originaires du pourtour vauclusien. Le tout dans les 10 000 m 2 de l’hôtel-Dieu, plus grand monument historique du Vaucluse derrière le Palais des Papes.
L’humanisme en ligne de mire
La bibliothèque-musée s’est donc construite sur les donations de d’Inguimbert et des autres donateurs qui lui ont emboîté le pas. Mais plus globalement, c’est sur l’esprit humaniste des Lumières que repose cette institution de l’Inguimbertine. Cette quête du savoir total via l’encyclopédisme permet un rayonnement culturel que la ville de Carpentras, principale financeur du projet, cherche à développer. Avec 55 000 imprimés ancien, 1 200 tableaux, 3 400 manuscrits… les fonds de l’Inguimbertine sont ouverts à toutes les disciplines et ce dans une rare profondeur de champ. La volonté des Lumières de lutter contre l’ignorance par la connaissance et la raison s’incarne dans de tels lieux. Dans une société qui exacerbe nos peurs et nos réflexes identitaires, il est plus que jamais urgent de faire appel au bon sens et à l’esprit critique. L’Inguimbertine rappelle l’absolue nécessité de la culture et de l’éducation culturelle, à l’heure où l’extrême droite menace de la dévoyer.
RENAUD GUISSANI
Le weekend d’inauguration de la bibliothèque-musée l’Inguimbertine s’est tenu les 20 et 21 avril à Carpentras
Zébuline. Le festival Propagations signe cette année sa quatrième édition. Quelle place ce rendez-vous tient-il dans la saison du GMEM ?
Christian Sebille. Quand je suis arrivé, mon prédécesseur avait un énorme festival, Les Musiques, qui durait trois semaines. Et il représentait l’essentiel de l’activité : tout le travail de recherche, d’accueil de résidence, était tourné vers lui. Aujourd’hui, on a un lieu que l’on fait vivre toute l’année, donc on est obligés de répartir les moyens. On a créé une saison « Les modulations », qui marche très bien et qui permet une permanence de la création musicale sur Marseille et le département. D’autres moments de rencontres avec le public se fait tout au long de l’année avec des sorties de résidence que l’on appelle les « ExtraMod ». Propagations est devenu un point d’orgue de l’activité que l’on mène toute l’année, et non plus « le » moment essentiel.
Comment s’intègre ce travail à l’année dans la programmation du festival ?
Je pense à tous les spectacles qui ne pourraient pas être là si on n’avait pas cette politique de partenariat avec nos amis de la culture. Par exemple Compositions sonores pour cinéma expérimental est un travail que l’on a mené toute l’année autour du séminaire animé par Javier Elipe Gimeno, un éminent compositeur qu’on a la chance d’avoir sur le territoire marseillais qui travaille à Satis [un des partenaires de la plateforme du GMEM, dispositif réunissant le Conservatoire, la Cité de la Musique, l’Esadmm, l’École supérieur d’art d’Aix et l’Amu, ndlr]. On a aussi le Marseille Labo Land de Jean-Marc Montera qui va nous proposer une improvisation musicale sur le film Häxan, la sorcellerie à travers les âges. Il y a comme d’habitude le concert Émergence, avec les étudiants du Conservatoire et de la Cité de la Musique, animé par Pom Bouvier-p. Tous ces partenaires, ces jeunes compositeurs·ices, vont présenter le travail résultant d’ateliers menés toute l’année.
Que va-t-on découvrir dans le reste de la programmation ?
Il y aura à La Criée Alan T., un très beau projet de Pierre Jodlowski sur Alan Turing, ce mathématicien qui a trouvé comment décoder les messages de l’armée allemande et qui a permis indirectement la réussite du débarquement. Un homme très important, mais étant homosexuel, on a très peu parlé de lui… Puis Ornithologie de la compositrice américaine d’origine chinoise Julie Zhu que l’on accueille depuis 5 ans. Ce projet est tenu à bout de bras par Liao Lin-Ni, qui en tient la direction artistique, et qui travaille avec le sheng (orgue à bouche chinois), qui sera joué par son maître mondial Wu Wei sur la scène du Module au GMEM. On va voir aussi Memento, de Jérôme Combier, où trois orchestres finissent par se retrouver pour proposer une très belle pièce finale. On présente ensuite avec nos amis de Klap deux projets : Forêt, de Franck Vigroux, avec de nombreux développements technologiques, visuels et musicaux. Et le très fin, subtil et beau En mon for intérieur de Alvise Sinivia qui présente un projet avec la danseuse Mellina Boubetra : elle danse avec une bande magnétique sur laquelle est enregistrée sa voix en direct par un magnétophone analogique. Puis on a une soirée co-produite avec la scène nationale du Zef accueillant deux propositions : Les Métamorphoses de Bastien David, et son grand métallophone circulaire, puis Noorg, le duo de Loïc Guénin et Éric Brochard qui vont nous faire un solo électronique entouré de 18 hauts-parleurs. On terminera avec Primaria de Claire Bergerault, Silvia Tarozzi et Deborah Walker à l’Opéra de Marseille, avant une fin en apothéose avec Song and Voices, une création de Franserca Verunelli pour l’Ensemble C Barré.
Outre le festival, quelles sont les ambitions du GMEM pour les prochaines années ?
Même si j’ai hérité d’une bonne structure, en bonne santé, avec une belle équipe… en douze ans de travail on a changé de dimension – en partie grâce à la fusion avec le GRIM. Mais vous savez que la situation économique est mauvaise, donc on est plus dans une recherche de stabilité que dans un déploiement. On essaye de travailler avec des fondations privés, de se développer à l’international… mais si on se développe dans une direction on est obligé d’en limiter une autre : on est confronté à une recherche d’équilibre.
Le festival de musique expérimental Sonic Protest a annoncé que 2024 serait sa dernière édition. Comment avez-vous réagi à cette annonce ?
C’est triste parce que tout un pan de la musique expérimentale avait une vraie plateforme de visibilité qui disparaît. Le deuxième constat que je fais c’est que toutes ces expériences dont on parle souvent, comme les fameux tiers-lieux que l’on voit fleurir partout – et aussi défleurir –, si elles ne sont pas confortées, stabilisées, elles ont du mal à survivre. Si à un moment il n’y a pas d’institutionnalisation, de moyens financiers donnés à ces expériences formidables, elles finissent par disparaître, car elles tiennent sur l’énergie de deux, trois, ou quatre personnes.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI
Au programme Fixin: installation sonore de Sylvain Darrifourcq 3 au 12 mai, Friche la Belle de Mai (Studio) Autonomics : installation sonore de Kinda Hassan 3 au 12 mai, Friche la Belle de Mai (GMEM, Studio pédagogique) Compositions sonores pour cinéma expérimental, de Javier Elipe Gimeno 3 mai, Friche la Belle de Mai (le Module) Häxan, la sorcellerie à travers les âges, par Marseille Labo Band 4 mai, Friche la Belle de Mai (IMMS) Modulisme, l’oreille s’électrise..., Carte blanche à Philippe Petit 4 mai, Friche la Belle de Mai (sous le Module) Émergence, Conservatoire Pierre Barbizet & Cité de la Musique 5 mai, Le Couvent Totems électroacoustiques, de Marco Stroppa 6 mai, Friche la Belle de Mai (Petit plateau) Alan T., de Pierre Jodlowski 7 mai, La Criée REACHing OUT !, Joëlle Léandre & The Who/Men 8 mai, Friche la Belle de Mai (Petit plateau) Ornithologie, de Wu Wei, Julie Zhu, André Serre-Milan et Alexis Baskind 9 mai, Friche la Belle de Mai (le Module) Memento, Jérôme Combier 9 mai, Friche la Belle de Mai (Grand plateau) En mon for intérieur, de Alvise Sinivia 10 mai, Klap Maison pour la danse (Grand studio) Forêt, de Franck Vigroux 10 mai, Klap Maison pour la danse (Salle de création) Primaria, de Claire Bergerault, Silvia Tarozzi et Deborah Walker 12 mai, Opéra de Marseille (Foyer Ernest Reyer) Song and voices, de Francesca Verunelli, Ensemble C Barré et Neue Vocalsolisten 12 mai, Friche la Belle de Mai (Grand plateau)
La parole a circulé entre élu·e·s, professionnels et participants sensibles à la conservation comme à la transmission des langues régionales ou celles issues des Outre-mer et des diasporas. À l’évocation des élus des territoires de Bretagne, Alsace, Région Sud, Corse, Pays basque, Réunion, Martinique, Occitanie, Saint-Martin (Antilles) il apparaît clairement que la France est un pays pluriel dont le français est la langue commune mais non la langue unique.
Pas de ratification
La nation française a bâti son unité sur le monolinguisme. D’abord contre le latin utilisé dans les actes de justice et par le clergé, avec le roi François Ier, puis contre les langues régionales, avec la Révolution française puis la IIIe République et l’instruction obligatoire en français.
Face à la reconnaissance de l’Europe des langues régionales et minoritaires, la Constitution dispose que « la langue de la République est le français » : le Conseil constitutionnel a jugé dans sa décision du 15 juin 1999 qu’en adhérant à la Charte, la France méconnaîtrait les principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi, d’unicité du peuple français et d’usage officiel de la langue française.
Le Conseil d’État a confirmé en 2013 ce jugement et a opposé un avis négatif à une telle ratification le 30 juillet 2015.
Reconnaître, conserver, enseigner les langues
Pourtant, pour Fabien Le Guernevé, adjoint en charge de la Culture de Vannes, vice-Président de la FNCC et fervent défenseur de la langue et de la culture bretonnes, la conservation et la transmission des langues régionales ou minoritaires doit constituer un objectif fort des élus, au plus proche de leur territoire : une meilleure mutualisation entre offices de langues régionaux permettrait une prise en compte collective et équitable des réponses des ministères de la Culture et de l’Éducation nationale. Victor Vogt, Président de l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle revient sur les enjeux de transmission dans le cadre scolaire et les écueils classiques liés aux traumas de l’histoire franco-allemande.
Pour Agnès Freschel, adjointe déléguée aux Cultures et aux Mémoires du premier secteur de Marseille, il faut promouvoir toutes les langues parlées en France et se défier de la tentation identitaire comme d’un prétendu universalisme centralisateur. La proximité entre projets culturels, artistiques et promotion des langues minoritaires répond aux enjeux soulevés par les droits culturels et aux nouvelles prérogatives des collectivités. Elles témoignent de leur vitalité dans la production contemporaine musicale notamment à Marseille.
Des élues de la Réunion, de la Martinique et de Saint-Martin soulignent l’importance de la reconnaissance et de l’enseignement des créoles dans les territoires et département d’Outre mer. Leur variété, leurs apports culturels, leurs inventions verbales, la reconnaissance, pour les locuteurs, de la validité de leur culture.
Vers une reconnaissance ?
Les langues régionales et minoritaires, qu’elles soient frontalières ou coloniales, illustrent de façon puissante l’enjeu de pouvoir qui s’exerce dans leur contrôle, qu’elles s’expriment entre pouvoir central et régional, ou entre territoire sous gestion administrative et politique de l’État français.
Faire avancer une nouvelle étape de décentralisation permettant d’attribuer la compétence des langues régionales aux collectivités territoriales et d’être une « tête de réseau » pour les Office de promotion des langues et cultures régionales est une intention claire pour la FNCC.
Sans paradoxe, il apparaît que langues régionales et minoritaires partagent les mêmes imaginaires, ceux de l’autochtonie et de l’ailleurs, ceux de la créolisation, et du Tout-monde.
Le sport serait populaire, et l’art élitiste. Le sport physique, l’art intellectuel. Le sport vide la tête et l’art la remplit… Entre ces oppositions fantasmées, niaises ou réelles, Des exploits, des chefs-d’œuvre s’engouffre et plonge le visiteur dans un fascinant miroir artistique à la pratique sportive. Né de l’intelligent commissariat signé Jean-Marc Huitorel, spécialiste des relations entre art et sport, et critique d’art, la nouvelle exposition prend place dans trois hauts lieux de l’art marseillais : au Frac Sud, au Mac et Mucem. Une triple entente qui permet d’agréger quelque 3 000 m2 de surface d’exposition, où les œuvres tissent, sur le fil du rasoir, un étonnant mariage entre gestes artistique et sportif.
L’Heure de gloire
C’est une exposition qui se décline en trois temps, trois lieux et trois thèmes. Au Frac Sud, le sous-titre prend des airs warholiens, ou patriotique, avec L’Heure de gloire. Et dès l’entrée, la gloriole du sport est de mise. On est écrasés par l’imposante sculpture de trois têtes de lion portant les anneaux olympiques signée Jean Bedez. Une œuvre réalisée à l’occasion des Jeux de Pékin en 2008, soulignant la puissance politique que le régime chinois avait donné à cet événement – on ne saurait reprocher de telles basses pensées à la France de Macron. La suite est plus fine, comme avec l’installation de Berdaguer & Péjus Smith,Norman, Carlos, Mexico 68, soit la reproduction en cinétographie Laban (système de notation chorégraphique) du podium historique ayant vu Tommie Smith et John Carlos soulever le poing en soutien au mouvement de lutte contre la ségrégation raciale dans leur pays. Le résultat est hypnotique, aussi léger que le poids historique derrière cette subtile composition.
Des œuvres politiques qui prennent place à côté de pièces plus spontanées, critiques ou joviales : on rit devant ce baby-foot conçu par Bianca Argimón, où les joueurs sont extraits de leurs barres, et gisent au sol, simulant une blessure. On est fasciné devant la beauté de ce vélo, percé de milliers de trous, ironisant sur la recherche démesurée de légèreté et de performance dans le cyclisme. Et on reste perplexe face à ces couples de motards qui s’enlacent amoureusement, flanqués d’injures homophobes à la place des pubs habituelles… Il ne faudra pas non plus louper les productions des élèves de l’École supérieure d’art d’Aix. Mordants, certains se sont amusés à révéler le revers de la médaille, frappants sur celles-ci des titres de presse tel « La fête du fric », ou en encore des caméras de surveillance.
Tableaux d’une exécution
C’est dans le flambant Mac de Marseille que la visite se poursuit. Cette fois sous le titre Tableaux d’une exécution, référence aux pièces pour piano de Moussorgski. Et comme son nom l’indique, le Mac s’intéresse à l’art « accroché » : des peintures, des dessins, des photographies. En guise d’accroche justement, c’est une impressionnante œuvre de Pascal Rivet qui accueille le public : un tirage photo de 6 mètres sur 9, aux mêmes dimensions que l’œuvre originale – qui, trop grande, ne pouvait entrer dans le musée. On y voit un peloton cycliste pris dans une chute, aux ondulations graphiquement superbes mais perturbantes, et on perd l’équilibre avec les coureurs. Plus loin, les huiles de Nina Childress, et notamment sa Goldengirl, femme seule sur la piste d’athlétisme, buste relevé, que la peintre auréole d’un coup de pinceau lumineux et solaire.
Le parcours proposera aussi la série Deuxième génération, de Jérémie Setton, qui dessine à l’eau et au savon d’Alep sur des panneaux de Placoplatre des scènes sportives : une femme s’étirant, une homme qui lance un poids… On apprend qu’il s’agit de ses grands parents, qui se sont rencontrés dans les milieux culturels et sportifs du Caire et d’Alexandrie en 1940. Ou encore les pièces de Johanna Cartier, dont le tableau Droit au but présente une femme en maillot et talons aiguilles, genoux écartés, ballon de foot entre les jambes. Un woman-spreading qui sonne juste dans l’univers très machiste du football. Le Mac offre enfin une grande place au travail de Julien Beneyton sur l’illustre boxeur français Jean-Marc Mormeck… qui en dit autant sur ce sportif, que sur l’attraction « maladive » – et fascinante – de son auteur.
Trophées et reliques
Place au troisième temps de l’exposition, intitulé Trophées et reliques. Et quand il s’agit de reliques, le Mucem n’est jamais très loin. Le parcours s’intéresse cette fois à l’objet : celui qui n’est qu’un simple ustensile, celui qui devient œuvre d’art et celui qui devient relique. À l’entrée de la salle, ce sont d’ailleurs six objets qui accueillent le visiteur, parmi lesquels des gants de boxe de Mohammed Ali, des chaussures de Franz Beckenbauer, un casque de Marcel Cerdan… Ces pièces, pourtant très réalistes, sont une œuvre de Guillaume Bijl intitulée Souvenirs du XXe siècle, et interroge directement sur la notion de vérité, sur la croyance en ce que l’on voit, ce que l’on croit, et l’intérêt que l’on porte à un objet selon à qui il a appartenu. Comme une mise en abîme, on pense aussi au travail des équipes de ce musée dans la constitution de ses fonds.
Des collections du Mucem d’ailleurs largement mises à contribution dans les installations, comme celles du musée national du Sport de Nice, qui viennent dialoguer avec des œuvres d’art. On retrouve Johanna Cartier, qui nous fait part cette fois de son talent de joaillière, en recouvrant un ballon de foot par une multitude de perles et pierres de pacotille. À côté de lui, un ballon carré réalisé par Fabrice Hyber, un autre signé de la main d’Aimé Jacquet, et utilisé pendant la demi-finale de la Coupe du monde 1998 entre la France et la Croatie. Occupant une bonne place de l’espace, on s’attarde sur l’installation Club réalisée par Aurélie Ferruel et Florentine Guédon : un quinzaine de pièces qui multiplient les techniques créatives : sculpture sur bois, peinture, tissage, moulage… ici un ballon de rugby (en plâtre ?) ; là une photo (d’elles ?) grimées dans une tribune. C’est frais, et tranche avec une acidité appréciable le reste du parcours muséal.
De ces trois expositions n’en faisant qu’une, il ne serait pas très malin d’en dessiner un podium. Toutes se répondent avec intérêt, et sont nourries de la même intelligence. Des exploits, des chefs-œuvres réussit son entreprise à plusieurs niveaux, comme celui de faire dialoguer le sport et l’art sans rabaisser ni le sport ni l’art.
NICOLAS SANTUCCI
Des exploits, des chefs-d’œuvre Frac Sud Jusqu’au 22 décembre Mucem Jusqu’au 8 septembre Mac Jusqu’au 8 septembre
Zébuline. Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler autour du rapport au numérique et aux multiples dimensions qui peuvent en émerger ? (La)Horde. Dans la continuité de notre travail avec (La)Horde, on avait envie de travailler sur les effets des nouvelles technologies et des réseaux sociaux sur nos corps. Mais internet et le multiverse sont juste des prétextes pour échanger et trouver du mouvement, ce qui nous intéresse c’est la rencontre dans le réel. Age of Content est composé de beaucoup de tableaux différents comme différentes possibilités de réalités qui dialoguent et s’entrechoquent entre elles.
Quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour cette pièce ? On s’est beaucoup intéressé aux danses post-internet, toute cette circulation et ces nouvelles modalités de danse sur les réseaux. Il y a aussi des chorégraphies inspirées par les jeux vidéo. Ça nous a intéressé de se demander comment on pouvait recréer cette virtualité pensée pour être la plus proche des mouvements humains. Les danseurs avec lesquels on travaille ayant des capacités de fluidité et d’envol extrêmes, c’est très étrange de les voir dans des mouvements qui sont réduits, numériques.
Pour la première fois, vous avez fait appel à des cascadeurs pour préparer le spectacle. On a toujours travaillé avec des communautés artistiques déjà établies, comme des danseurs de jumpstyle, ou encore des danseurs traditionnels géorgiens. Pour chaque nouvelle pièce on a besoin que le geste soit très technique, comme s’il avait une histoire avant d’être créé en studio.
C’est donc le geste qui vient avant la théorie dans votre écriture ? En fait, on ne s’intéresse pas forcément à la façon dont les gens dansent mais à la raison. Pour nous, le geste n’est que vecteur d’histoire, on n’écrit pas un mouvement ou une chorégraphie juste pour sa beauté, même si je pense que nos pièces sont assez émouvantes et spectaculaires dans la finalité. On a besoin d’avoir une trajectoire conceptuelle qui nous permette de raconter quelque chose et de soulever des problématiques. Partir d’une esthétique qui n’est pas la nôtre nous permet presque de dépersonnaliser le travail pour ensuite se demander comment faire de cette réalité une fiction.
L’année dernière, vous disiez dans les pages de Zébuline vouloir vous produire davantage à Marseille. Avez-vous l’impression que vous avez réussi à le faire ? Plutôt, oui. L’année dernière on a présenté Room With A View sur le Vieux Port, ce qu’on devrait réitérer cet été avec quelque chose d’inédit. On présente Age of Content à La Criée, dans le cadre du Festival de Marseille, ce dont on est très fiers, et on a aussi des collaborations avec d’autres théâtres. Mais le problème reste qu’il manque d’une salle capable d’accueillir de grandes formes de danse contemporaine avec des décors. Pour l’instant, il n’y a que sur le plateau de La Criée qu’on puisse le faire.
Pourquoi avoir présenté Age of Content à l’étranger en premier ? Le BNM est un centre chorégraphique national, une compagnie permanente, mais qui n’a pas dans ses missions de jouer à demeure. C’est par contre l’une de ses missions que de représenter Marseille dans le monde entier. Par ailleurs, comme tout le monde, on est soumis aux décisions de programmation. Marie Didier [directrice du Festival de Marseille, ndlr] a décidé de programmer la pièce au festival, mais ça ne pouvait pas se faire avant.
La semaine prochaine vous organisez une grande vente de costumes au BNM… Cette vente d’une partie des fonds de costumes du Ballet s’inscrit dans une réflexion autour de l’histoire et du patrimoine du Ballet qu’on a amorcée à notre arrivée. On a près de 5 000 costumes sans possibilité de réutilisation car ils correspondent à des pièces dont nous n’avons plus les droits. On a donc créé une grande exposition avec le Centre national du costume de Moulins dont on a aussi fait un livre, Danser l’image. Mais il y a aussi tout un fonds de costumes qui est très beau, mais qui n’est pas du patrimoine. C’est une partie de ces pièces que l’on met en vente, avec aussi l’idée que chacun puisse s’emparer de l’histoire du Ballet.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR CHLOÉ MACAIRE
Age of Content Du 2 au 5 mai Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
« Toujours résistante » peut-on lire sur l’affiche annonçant le concert des 80 ans de La Marseillaise qui se tiendra le 3 mai au Dock des Suds. Le journal, créé par des résistants en décembre 1943, n’a depuis pas cessé de porter la voix des luttes, faisant sien la fameuse phrase de Bertolt Brecht : « celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ». Après avoir frôlé la disparition en 2020 alors qu’elle avait 77 ans, La Marseillaise continue de se battre pour exister, et faire vivre le pluralisme. Et s’il est d’habitude question de journal de qualité, ce vendredi il s’agira de musique de qualité. Au programme du concert, du rap, du rock, du DJing et de la musique du monde. On retrouve aussi bien des pontes comme Faf Larage ou Quartiers Nord, que des étoiles montantes comme Lansky Namek ou Tony Drime. Pour ce qui est de la musique du monde, La Marseillaise a donné carte blanche à la chanteuse marseillaise Christina Rosmini pour la programmation de cette partie du concert.
« Donner à La Marseillaise un concert qui ressemble à ses valeurs »
La Méditerranée coule dans les veines de Christina Rosmini, dont les origines sont espagnoles et italiennes. Cette artiste pluridisciplinaire à mi-chemin entre tradition et modernité se définit comme l’une des « porte-parole[s] des valeursdeLa Marseillaise », elle qui espère « avoir de justes indignations » et dont le travail et le parcours s’inscrivent dans un courant humaniste. Pour sa carte blanche, la chanteuse a concocté un plateau intitulé « Peuples de Marseille ». Près d’une vingtaine d’artistes issus d’Espagne, d’Italie, de Corse, d’Arménie, d’Afrique du Nord, d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient se produiront. Les Comores seront aussi représentées par le Chœur Boras, une chorale de femmes d’origines comoriennes et habitantes de la cité phocéenne, et par l’auteur-compositeur Ahamada Smis. Le but derrière cette programmation est de mettre en avant les différents peuples qui constituent la ville cosmopolite de Marseille. Christina Rosmini, qui prépare un nouvel album et ambitionne de se produire à l’Olympia dans trois ans, ne jouera qu’une seule de ses compositions, mais se greffera spontanément aux chansons des autres artistes. Qu’il s’agisse de Ruben Paz, originaire de Cuba, ou bien de Luisa Briguglio et sa poésie contemporaine, toustes transmettent une musique à laquelle le lectorat du journal résistant peut s’identifier. Car il est là l’objectif principal de Christina Rosmini : « donner à La Marseillaise un concert qui ressemble à ses valeurs ».
RENAUD GUISSANI
Concert des 80 ans de La Marseillaise 3 mai Dock des Suds, Marseille
Les propositions culturelles que Zébuline vous annonce cette semaine plongent dans les mémoires, revisitent et colorent les répertoires de regards nouveaux, mettent en parallèle créations artistiques et patrimoines populaires, journalisme et musique de résistance, sports et culture du dépassement et du collectif, ouvrant de nouvelles voies dans une société… qui semble pourtant plus désorientée que jamais.
À quelques semaines d’élections européennes où une immense vague d’extrême droite s’annonce, alors que la Russie torpille aujourd’hui l’Ukraine de missiles nord-coréens et que le gouvernement israélien continue d’affamer et de massacrer les Gazaouis déplacés, la société française se fracture, comme au bord du gouffre. La côte de popularité d’Emmanuel Macron s’effondre au fil des jours et les Français semblent de moins en moins dupes des uniformes et abayas agités par le gouvernement pour faire diversion face à l’effondrement de l’école, des services publics et du pouvoir d’achat. Pourtant l’opinion publique ne se révolte pas contre les records absolus de reversement des dividendes, la concentration des médias et l’accroissement sidérant de la richesse des riches. L’insécurité globale du monde, loin de provoquer une révolte populaire, fait naître une vindicte xénophobe et l’affrontement des communautés, crispées sur des valeurs culturelles identitaires et excluantes.
À quels changements du monde faisons-nous face ?
Nos outils d’analyse manqueraient-ils de pertinence pour décrire l’évolution actuelle des mentalités et le glissement progressif vers l’extrême droite d’une grande partie du monde ? Les économistes, historiens et sociologues, peu enclins à penser la métamorphose, n’envisagent le changement qu’en termes de croissance ou d’extinction, de conservation ou de révolution. Pourtant notre imaginaire d’humain, nos mythologies, depuis Ovide jusqu’aux super-héros, petites sirènes ou mutants comme dans le récent Règne animal, est peuplé d’hybrides et de métamorphes qui évoluent, comme les insectes et les grenouilles, en changeant radicalement de forme pour atteindre leur état adulte ou juvénile.
Un changement de forme, d’usage et de milieu, est à l’œuvre dans le monde culturel : les Citadelles oppressives s’ouvrent à la fête et à la joie, les langues minoritaires s’affirment comme des cultures valides, les créations se conçoivent dans le croisement, le partage, le droit d’expression de tous.tes, le métissage des formes. La domination masculine recule, la transition de genre se danse, les atypismes se répandent et la sobriété se discute.
Sommes-nous en train, à l’abri de nos chrysalides, de préparer une nouvelle société dont les organes ne s’alimenteront plus de l’exploitation capitaliste et du mythe du progrès infini et de l’universel ? C’est ce que nos fictions laissent espérer, quand elles ne nous alertent pas sur la fin possible du monde.
Parmi les témoignages du foisonnement culturel du pays du cèdre, était à retenir, au couvent des Prêcheurs, la lecture orchestrée par Claire Massabo. La dramaturge, metteure en scène et directrice de l’Auguste Théâtre avait choisi de présenter un texte de Cherif Majdalani, Beyrouth 2020, journal d’un effondrement par le biais d’une lecture à deux voix, Bruno Bonomo et Pascal Rozan. L’ouvrage, construit comme une chronique rythmée par l’égrènement des jours, s’ancre dans l’année 2020. Le 4 août de cette année-là, eut lieu l’apocalyptique explosion du port de Beyrouth, « cinq secondes » qui scellèrent une tragédie. « Le hasard a quelque chose de romanesque, voire de tragique. C’est il y a cent ans exactement, en 1920, que l’État libanais a été fondé, et on ne peut que rester rêveur devant l’ironie du sort qui fait advenir la ruine d’un pays à la date même de sa naissance, et au moment même où l’on s’apprête à en célébrer le centenaire », écrit Cherif Majdalani. Au fil des pages, remarquablement choisies, se dessine un portrait de la ville et de ses habitants. Les prénoms fusent, les liens se nouent, les amitiés se révèlent mais peu à peu, le constat de la corruption des élites, de la prédation sans vergogne par les plus hautes instances de l’État des ressources du pays, s’impose. « Sur un mur, ce graffiti que j’ai noté il y a quelques jours et qui procède à une belle inversion : le régime souhaite la chute du peuple ». La catastrophe du 4 août s’avère au fil des pages comme la conséquence inéluctable de la gestion catastrophique de l’État qui a tout abandonné aux pilleurs de tout poil qui imposent une gouvernance inique de trafics et d’exploitation de la population. L’auteur explique : «rentables, très rentables (…), le port et le service des douanes par où passent tous les jours des milliers de tonnes de marchandises, l’aéroport, le service d’enregistrement des véhicules motorisés, le casino du Liban. Autant d’institutions qui toutes possédèrent à un moment ou à un autre leurs propres caisses noires, dont les comptes sont absolument opaques depuis trente ans et où auraient disparu plus de vingt milliards de dollars ». Le duo des lecteurs complices établit un jeu d’échos, d’amorces de dialogues, de formes d’insistance, d’ironie au sens premier du terme, et orchestre dans le désordre des phrases qui se catapultent une vision de la terrible explosion du port, esthétique du fragment, de la pulsion… Il est question aussi de la douceur de vivre : passages champêtres, moments de retrouvailles et de convivialité apportent leur respiration devant les absurdités administratives et les compromissions, les exactions. Il y a quelque chose des Lettres persanes dans cet ouvrage où la critique du fonctionnement de pays qui nous sont beaucoup plus proches, le nôtre par exemple, semble être mise en lumière, et entre dans le champ des possibles… La poésie du texte souligne avec force la violence des institutions menées par des prédateurs sans scrupules alors que dans la nuit d’une énième coupure d’électricité flotte le parfum des gardénias.
« C’est la lecture de ce livre qui m’a fait prendre conscience plus que jamais de la relation entre notre quotidien et la politique » explique Claire Massabo après la représentation. Quelle leçon !
MARYVONNE COLOMBANI
Le 20 avril, couvent des Prêcheurs, Aix-en-Provence
Elle rit de son nom de famille si négatif et l’a transformé au fil des ans en véritable défi. C’est sans doute à cause de ce « Rattet/ raté » que s’est affirmé chez Cécile Rattet le goût pour le détournement des mots et une certaine mise en défiance de leur enveloppe parfois trompeuse.
Le propos ici met en scène une autrice à son bureau qui écrit, rature, froisse, reprend, évoque au point de susciter sa présence, une femme que la mémoire fuit : « elle ne se souvenait que d’une chose, c’est qu’elle avait tout oublié ». Partant de ce postulat contradictoire, se tissent peu à peu des fragments, des émergences, des éclats. Les sens deviennent peu à peu les derniers réceptacles du souvenir. À contre-courant de la pensée cartésienne, ce sont eux qui permettent d’échapper au doute de l’existence, et accordent une épaisseur vivante à un personnage qui se délite. Le goût des pommes de terre, le parfum des fleurs, un murmure, conjuguent leur synesthésie pour donner une consistance à ce qui a abandonné la protagoniste dont même le nom s’est perdu. Les mélodies et les rythmes de Rémi Amadei à la guitare et au piano électronique, sobrement amenés, ourlent le fil des mots en errance, savent ménager des silences pour que la poésie seule du langage éclose. La musique tresse un souple contre-point aux phrases sans les occulter : le verbe se cherche, les syllabes tentent de retrouver leurs articulations, hésitent dans leur orchestration… le mot juste se dérobe. Il n’est cependant pas de désespoir au cœur du constat de ces pertes. Les interrogations ne se déclinent pas dans une tension tragique mais semblent convier à un émerveillement sans cesse renouvelé du monde. Ce n’est pas parce que le langage se désolidarise de notre appréciation de ce qui nous entoure, qu’il la gomme. Les sensations, l’inexprimé, prennent alors une place centrale. Le corps entre en résonnance avec l’univers sensible et s’en emplit. Naissent alors des passages slamés au micro, comme si la poésie était le dernier refuge, lorsque la musicalité de la parole se condense en ultime lieu du sens. Le lexique importe peu et bienheureux sont « les gens qui doutent » d’Anne Sylvestre convoquée au cours du texte : le doute et l’oubli se mêlent alors avec finesse, cultivant l’indécision souveraine où se féconde la création tandis qu’un sourire espiègle s’adresse à l’autre, à soi… ce peut être la même personne, on ne sait. Les lumières de Laurent Pirard accompagnent les clairs-obscurs d’une pensée en quête d’elle-même. La joie d’exister même sans attaches mémorielles devient alors le seul questionnement important, infrangible bonheur de l’instant…
MARYVONNE COLOMBANI
Spectacle vu le 20 avril au théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence