samedi 30 novembre 2024
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OCCITANIE : Le Cratère s’ouvre aux cultures tsiganes 

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Pink ! 2023 © Marielle Rossignol

C’est trois jours de programmation intense qui s’annoncent au Cratère du 26 au 28 avril. Ce « Temps fort » autour des cultures tsiganes propose de nombreux spectacles, moments conviviaux, ateliers ou encore expositions. Organisé en collaboration avec deux associations tsiganes et un centre social, il invite comédiens, musiciens, danseurs, à faire découvrir au public la richesse des cultures tsiganes grâce une programmation en grande partie gratuite. 

Flamenco
Le flamenco est mis particulièrement à l’honneur, avec trois spectacles de danse et des ateliers animés par Eva Luisa. La danseuse flamenca se produira dès le vendredi soir sur la scène du Cratère avec son Flamenco por dentro, mais aussi le dimanche sur le parvis du théâtre. Dans Ces gens-là, de la Cie d’un jour, Eva Luisa et Adelaïde Motte incarnent la beauté des textes du slammeur Luis Ruiz dans une chorégraphie entre flamenco et danse contemporaine signée Geneviève Choukroune. D’origine tsigane ou non, les danseur.euse.s et musicien.ne.s donneront un aperçu de la diversité qu’il existe dans la pratique du flamenco, que ce soit dans la proximité avec la tradition avec Melizzo Doble de Israel Gálvan et Niño de Elche, ou avec une touche plus moderne avec le concert de Maël Goldwaser et Arthur Bacon

Littérature rom
Mais le flamenco n’est pas le seul art à être représenté lors de ce festival : la littérature rom est aussi mise en avant avec deux lectures de la conteuse Nouka Maximoff, inspirées par des récits traditionnels et des histoires vécues. La première, Chez nous les roms, est plutôt destinée à un jeune public, tandis que les plus grands sont conviés pour Le peuple de la nuit, qui aura lieu un peu plus tard dans l’après-midi (médiathèque Alphonse Daudet, 10h30 et 15h). 

La conteuse est la fille de Matéo Maximoff, l’un des auteurs roms les plus prolifiques et les plus traduits, dont la vie est le sujet d’une des cinq expositions gratuites présentées dans le hall du Cratère au cours de ce Temps Fort. Celles-ci abordent plusieurs pans des cultures roms et gitanes, du pèlerinage de Sainte Sara aux vêtements traditionnels, en passant par les expériences de vie d’artistes, telle celle du photographe et slammeur Luis Ruiz. 

CHLOÉ MACAIRE 

Temps Fort Cultures Tsiganes
Du 26 au 28 avril
Le Cratère, Scène nationale d’Alès
et divers lieux, Alès

À la marge

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© Matis Lombardi

Intégrée au cursus de formation art de la scène de l’AMU, la création universitaire est un temps fort de l’année pour les étudiants et étudiantes qui constituent un collectif artistique complet, du jeu à la technique et passant par la médiation et la production, une manière d’ancrer puissamment le travail théâtral dans tous ses aspects au cœur de la préparation universitaire. Artiste associée, la metteure en scène Wilma Lévy dont la compagnie des Passages s’intéresse à « la figure et à la place des femmes », dans un travail qu’elle qualifie comme « faire du théâtre avec des citoyennes », accompagne cette création.

La pièce est construite sur le modèle d’une enquête au cours de laquelle sont collectées les paroles de jeunes filles incarcérées mais aussi d’historiennes, d’éducateurs et d’éducatrices. Y sont explorées les lignes de vies nées de témoignages et d’archives. Apparaissent violences familiales et institutionnelles et les réponses apportées par le système judiciaire. Marginalité, sororité, notions de justice et d’injustice, de liberté, se dessinent dans une tentative passionnante d’analyse des arcanes du pouvoir, de son exercice et des diverses formes de mise à l’écart des êtres.

M.C.

Du 23 au 27 avril
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence

La rue prend le Luberon 

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© Hervé Vincent

Cinq étapes jalonnent cette année la route du festival : après un lancement le 19 avril à Cucuron, la ville d’où tout est parti en 2015, il poursuit ensuite son chemin à La Tour d’Aigues les 20 et 21, Cabrières d’Aigues le 25, Vaugines le 26, pour s’achever à Cadenet le week-end des 27 et 28. En ouverture, la Compagnie Éléphante propose avec Utopy un ballet éphémère, apparition furtive dans l’espace public de deux créatures quasi chamaniques travesties de costumes recyclés, pour une transe mi végétale mi organique (les 19 et 20 avril). Certaines propositions théâtrales prennent ensuite l’espace public comme agora pour y porter des paroles engagées. Avec Hune, Paon dans le ciment donne la parole à tous les invisibles, ceux qu’on appelle parfois pudiquement les zonards, ces “sans port d’attache” qui hantent les marches d’escaliers (les 19, 20 et 21). Les arracheurs de dents, fieffés bonimenteurs oeuvrant en rue depuis 2009 pour y porter texte avec ferveur, panache et humour, abordent cette fois la notion de lutte, puisant dans la verve de Tolstoï (Ni gueux ni maîtres, le 20 avril).

Jubilation collective

Le festival est aussi l’occasion de découvrir plus avant l’univers très singulier de Guillaume Derieux, qui fut un temps crieur public marseillais devant les Halles Delacroix. Il signe ici En roue libre pour le compte de l’incontournable compagnie jurassienne Théâtre Group’. Pio, ancien mécano, y évoque ses sombres souvenirs, entre passion, addictions et rédemption, autour d’une Peugeot 305, totem trônant en milieu d’arène (les 25, 26 et 27). Avec sa propre Kie Faire-Ailleurs, l’artiste propose aussi Nuque rouge, “western déstructuré franchouillard” sous forme de déambulation doublée d’une immersion radiophonique dans la psyché de Poliveau, un homme cherchant à reconstituer un fait divers du passé (le 27 avril). Des digressions plus légères trouvent aussi leur place, tel Le nez au vent de La Bouillonnante, une ode au plaisir de rouler en vélo, depuis l’enfance jusqu’aux premières nuits à la belle étoile. Ces évocations s’accompagnent de croquis au fusain, pour un carnet de voyage grandeur nature (les 26, 27 et 28). Enfin, un morceau de bravoure à ne pas louper : avec L’arrière-pays, Les trois points de suspension & 3615 Dakota puisent dans les tréfonds de notre inconscient. L’arrière-pays éponyme, c’est celui de la petite enfance. Quatre comédiens adultes s’approprient des mots d’enfants pour tenter d’en sonder les enjeux. Devant nous, c’est la comédie de l’humanité qui se rejoue, avec beaucoup d’humour et de subtilité. Paradis perdu ou orée de l’enfer sartrien ? Une jubilation collective, entre ours géant, hommes-buissons et fontaines de jouvence (le 21 avril). En fin de semaine, diverses réjouissances incitent à poursuivre les soirées : Pola Facette, Comité national des arts de la fête, discomobile de Tony Swarez… A noter : sur les 20 spectacles proposés, 5 sont payants (tarif unique à 5 euros).

JULIE BORDENAVE

Le grand ménage
Du 19 au 28 avril
Dans 5 communes du Luberon, legrandmenage.fr

La Mer et ses vagues

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Copyright KAFARD FILMS

Pour son avant dernière soirée au MuCem, AFLAM, nous faisait découvrir La Mer et ses vagues un premier long métrage franco-libanais, en présence de ses jeunes réalisateurs : Liana Kassir et Renaud Pachot

A l’origine du projet, un lieu. Décalé, riche d’un potentiel poétique et symbolique : un vieux phare de Beyrouth abandonné au milieu des buildings. Dix ans de maturation et des difficultés à réunir les fonds pour un film dont le synopsis n’enthousiasme pas les producteurs : par une nuit de pleine lune , la jeune Najwa et son frère Mansour arrivent dans la capitale libanaise. On ne sait rien d’eux. Ils fuient vers la Scandinavie. Lui veut rejoindre une fiancée par delà la mer. Il joue du mijwiz et porte au flanc une blessure à peine recousue. Tous deux errent dans la ville déserte dans l’attente de leur rendez-vous avec leur passeur. Ils croisent un marchand ambulant en tuk tuk, le vieux gardien d’un phare éteint, une vendeuse de billets de loto.

Pour Liana et Renaud, l’histoire vient après, il s’agit avant tout de faire un objet de cinéma avec l’écriture du cinéma :  mouvement et  lumière. De retrouver aussi les mythes et légendes entre flux et reflux, clarté et ténèbres.

Ancré dans la réalité historique et géographique, situant ses personnages par le GPS au degré près, dans un Moyen Orient de guerre et de sang hors champ, de migrations forcées, d’infrastructures déficientes, le film travaille l’imaginaire méditerranéen et universel, mêlant les formes et les registres. Théâtralité d’une ville vidée par la pandémie, étrange comme un rêve. Burlesque à la Tati où l’anachronique gardien mutique, barbe blanche et bonnet marin, sur fond de technologie urbaine, bataille avec une ampoule défaillante ou un tableau électrique antique. Truculence et puissance felliniennes de la marchande de loto, la roue de la fortune entre ses mains. Tragédie pasolinienne, incarnée par le musicien sacrifié, frère du cinéaste italien. Conte oriental des Mille et une nuits, où une princesse attend, assise sur la margelle d’une fontaine, son amoureux clandestin. Comédie musicale aussi. La musique et le chant qui surgissent dans l’image plus qu’ils ne l’accompagnent, la déchirent, à l’instar des faisceaux de lumière qui déchirent l’obscurité.

En prologue, une pythie borgne nous fait face et nous parle : son œil fermé voit le passé, son œil ouvert garde la flamme d’une bougie. Au fil des images, la rotondité oculaire et les points lumineux dans la nuit se déclinent, guidant notre itinéraire de spectateur :  le phare d’une moto, le point de navigation qui danse sur l’écran du smartphone, les réverbères de la Corniche. La lune , grosse, ronde, incandescente. L’œil encore, découvert au fond du tube-tunnel de la longue vue et celui cyclopéen de la lanterne du phare marin enfin rallumé qui balaie la nuit tandis que son gardien crie dans le vide : « Revenez ! Revenez ! »

Tourné en argentique, avec un tout petit budget, ce film, sélectionné par l’ACID à Cannes 2023, est un petit bijou d’intelligence et de créativité.

ELISE PADOVANI

Prochainement en salles

Lorsque le théâtre rencontre son/ses histoire(s)

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Une autre histoire du théatre © Marc Domage

Tant pis pour les recueils de textes et traités du théâtre, le quatuor réuni par la metteuse en scène Fanny de Chaillé, Malo Martin, Tom Verschueren, Margot Viala et Valentine Vittoz, aborde l’art qu’il pratique avec une verve et un humour décapant, s’éloignant de toutes les conventions mais en se jouant des codes à travers leur maîtrise et leur mise à distance – exercice périlleux s’il en est, et subtilement réussi. L’histoire du théâtre, c’est vaste ! Décider de la résumer en une heure prend des allures d’impossible gageure. 

Heureusement l’adjectif « autre » est accolé à l’ambition démesurée du titre, ouvrant d’autres possibles, permettant de réduire le propos géographiquement et temporellement. Tant pis pour l’antiquité ou le Nô, on restera dans les limites des XXe et XXIe siècles en Europe, ce qui est déjà bien trop large pour être épuisé en une seule représentation. Partant des apports des quatre protagonistes, archives, textes aimés, expériences, débats, Fanny Chaillé orchestre discussions collectives souvent enflammées, intrusions d’acteurs, de metteurs en scène, de professeurs de théâtre ou de danse, de personnages mythiques. L’entrée en scène de Louis Jouvet est mémorable, de même que les « confidences » de Jeanne Moreau ou de Sella Adler imprégnée des méthodes de Stanislavski. 

Des corps, des décors 

S’exposent les théories de Pina Bausch qui insiste sur la place des corps, puis de Grotowski : pas de décor, pas d’effets de lumière, pas de grimage ni de costumes, mais l’acteur au centre de tout… Apparaissent au détour d’une confrontation Hedda Gabler (de Ibsen), le shakespearien Richard III. La fragilité de l’art théâtral est rendue sensible par les interrogations qui le nourrissent et le façonnent. La richesse du spectacle au rythme sans faille nous donne à explorer le foisonnement de l’art dramatique, l’évolution de ses mutations et de ses doutes en une mise en perspective pertinente et ludique. Bravo !

MARYVONNE COLOMBANI

22 avril
La Vignette, Montpellier 
24 et 25 avril
Théâtre de Nîmes

« Backstage », un voyage initiatique

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Une chorégraphie endiablée, très sensuelle, où danseurs et danseuses en superbes costumes colorés s’étreignent, se repoussent alors qu’en fond de décor, sur de grands panneaux se succèdent des images de lieux pollués, d’incendies, de glaciers qui fondent, de terres assoiffées. Un spectacle de la compagnie de danse Sans frontières qui doit continuer jusqu’au  bout malgré la blessure à la jambe d’Aida (Atef Ben Mahmoud) : son partenaire sur scène et dans la vie, Hedi (Sidi Larbi Cherkaoui) l’a fait tomber après qu’elle l’a provoqué. Mais Il est vital pour la troupe qu’elle donne son dernier spectacle à Marrakech le lendemain. Il faut donc trouver au plus vite un médecin. Or on est en plein cœur des montagnes de l’Atlas. Alors que le minibus essaie de gagner la ville la plus proche, un animal provoque une embardée : deux pneus crevés. Commence alors une errance à travers la forêt, celle des songes et des cauchemars où vont se révéler peu à peu les liens qui unissent les membres de la troupe, les tensions qui les séparent. Une errance chorégraphiée comme un ballet à travers des paysages qui prennent à la  lueur de la lune les couleurs de la nuit puis de l’aurore. Des lieux oniriques comme dans certains films de Miyazaki. La caméra de Benjamin Rufi semble danser avec les personnages qu’elle suit à tour de rôle, nous livrant leurs espoirs, leurs secrets, leur envie de liberté, au son de la musique de la forêt. Le crissement des branches, le bruit du vent, les cris des bêtes, orchestrés par le compositeur Steve Shehan participent à l’envoûtement. « On voulait que ce soit un voyage initiatique » confie le couple de réalisateurs Afef Ben Mahmoud et Khalil Benkirane.

Backstage, leur premier long métrage, a demande plus de sept ans de préparation et réunit acteurs, chorégraphes et danseurs, de différentes nationalités : tunisienne, marocaine, algérienne, palestinienne, chacun parlant dans sa propre langue. « Dès le début, il y avait ce parti pris d’universalité, précise Afef Ben Mahmoud.Notre film se fonde sur la danse contemporaine ; l’expression corporelle n’a pas de limite, n’a pas de pays, n’a pas de frontière. Nous voulions rester fidèles à cette idée que ce soit dans le choix des décors, dans cette camera qui continue à danser, dans les sons de la forêt. Cette forêt qui parle, on l’a conçue comme une symphonie dansante. »

ANNIE GAVA

Backstage, de Afef Ben Mahmoud et Khalil Benkirane

Ça cartonne !

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© Fabienne Rappeneau

Les gros patinent bien est un titre en forme de clin d’œil au Théâtre du Rond-Point à Paris, qui fut une patinoire avant d’être transformée en théâtre. C’est Jean-Michel Ribbes, alors directeur de ce théâtre, qui a proposé au duo formé par Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan de participer en septembre 2020 au petit festival en plein air gratuit qu’il organisait, « Le Rond-Point dans le jardin ». Essai transformé en décembre 2021 par la création du spectacle, couronné en mai 2022 par le Molière du Meilleur Spectacle de théâtre public. Depuis, c’est carton plein, des centaines de représentations, sur les scènes des théâtres publics et privés, et c’est loin d’être fini !

Burlesque 

On n’est pas loin de Laurel et Hardy : Pierre Guillois en Stan Laurel, grand échalas muet s’agitant dans tous les sens pour répondre à temps aux injonctions du déroulement du spectacle, et à la mécanique du burlesque. Olivier Martin-Salvan en Olivier Hardy, rondelet, braillard et hautain, statique, assis tout du long sur un trône dérisoire, tabouret sommaire dessiné au feutre sur un cube de carton. Dispositif depuis lequel ils vont partager avec le public une odyssée déjantée et poétique. Ce qui est déjanté, c’est le récit : road-movie délirant, à la poursuite d’une sirène amoureuse, partant de Norvège jusqu’à l’Espagne, en patins à glace, avion, bateau, trottinette, vélo, baudet. Ce qui est « poétique », et bluffant, c’est la capacité à produire cette « épopée » avec de simples mots écrits au feutre sur des bouts de carton. Certes, on peut en écrire et en faire des choses sur et avec le carton : découpages de tout acabit, volumes de tous formats. Mais à ce point -là ! Signalons que l’équipe comprend une ingénieure carton : Charlotte Rodière. Pierre Guillois excelle en gestuelles, chorégraphies, et mimiques tordantes pour planter les différents décors, du haut du ciel jusqu’au fond de l’océan, représenter la multitude de créatures qui lui sont assignées (sirène, marmotte, tour de contrôle, Helmut, macareux, chamois, …). Quant à Olivier Martin-Salvan, il se déchaine, depuis son trône-tabouret et son gromelot d’anglais vaguement shakespearien, petit roi autocentré à l’arrogance infecte, devant faire face tant bien que mal à des situations délirantes qui le dépassent. Alors rendons-nous à l’évidence : se faire embarquer de la sorte dans leurs délires, alors qu’on était prévenu : chapeau !

M.V.

24 et 25 avril
Théâtre Molière, scène nationale archipel de Thau, Sète
26 et 27 avril
Scène de Bayssan, Béziers

Lancement de la saison touristique : du sport avant toute chose ? 

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De gauche à droite. Maxime Tissot, Laurent Lhardit et Marc Thépot pendant la conférence de presse au Café Joyeux

Pour la saison 2024, l’une des préoccupations principales de l’Office de Tourisme de la Ville de Marseille concerne la durabilité de l’activité économique. « 40% de l’impact sur l’environnement provient du mode de transport que le touriste utilise pour venir », indique à ce titre le président de l’Office Laurent Lhardit. Pour minimiser cette pollution, des pactes avec la SNCF seraient envisagés. De plus, pour l’adjoint en charge du dynamisme économique et de l’emploi, le tourisme durable passe par la considération du « développement touristique comme une politique publique ». Pour le reste, les Jeux olympiques occupent logiquement tous les esprits, Marseille en étant une des principales villes hôtes. Les questions au sujet de l’arrivée du Belem avec la flamme olympique, de l’accueil des touristes, du nombre de chambres et de lits disponibles (9000 chambres et 36000 lits) ainsi que les potentielles conditions à remplir par les commerçants sont posées.  

Et la culture ? 

Avant l’été il y aura l’ouverture de la Citadelle, prévue pour le 4 mai, qui annonce de nombreux concerts, visites théâtralisées et escape games à l’année. En été, les traditionnels Jazz des Cinq Continents, l’Eté Marseillais et le Delta Festival rythmeront musicalement la vie de la ville. A noter que le Delta a été déplacé en septembre pour ne pas coïncider avec les dates des Jeux. Or face au constat que la saison touristique s’étale de plus en plus sur l’année, le développement de l’attractivité culturelle hors période estivale devient un enjeu. Le directeur général de l’Office de Tourisme Maxime Tissot et le président délégué Marc Thépot saluent l’efficacité de la communication « Marseille en hiver » qui invite les touristes à découvrir la cité phocéenne en dehors de la haute saison. Cependant ce sont des arguments relatifs aux paysages, et à la gastronomie de Marseille qui sont mis en avant dans cette campagne. Peut-être manque-t-il davantage d’articulation entre le tourisme et les propositions culturelles ?

RENAUD GUISSANI 

La conférence de presse de présentation de la saison touristique par la Ville de Marseille et l’Office de Tourisme s’est tenu au Café Joyeux le 11 avril 

Des cartes et des paysages

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© M.V.

Les petits morceaux de paysages peints à l’acrylique et à l’encre de Camille Meyer sont disposés sur le mur de gauche, à l’entrée de Fotokino. Petits rectangles de papier aux bords délicatement déchirés, présentés en ensembles de 2, 3, 4, 5, 6,7 sous le titre Petite nature. On lit dans « le Fotokino illustré », brochure disponible gratuitement sur place, que l’illustratrice, diplômée de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg en 2020, souhaite rendre compte, à travers ces peintures, de ses multiples balades, trois années durant, entre campagne, forêt et littoral. Des images peintes sur le motif, prises sur le vif, des instantanés picturaux. Tout à la fois extraits de paysages et de temps, en taches de couleurs profondes, se diffusant dans le grain du papier, naviguant entre figuration et abstraction. Restituant la sensation, malgré les petits formats, d’une immersion totale dans le paysage.

La cartographie par les sens

Une autre immersion dans la salle d’exposition : au sein des cartes géographiques. Une multitude de cartes, de toutes sortes, multiples formats, différentes époques, accrochées aux murs dans tous les sens, disposées au centre de la salle sur des tables ou en accordéon sur des plateaux suspendus, pliées, dépliées. Un foisonnement présenté sous le titre Toute latitude, sous-titré : « La cartographie, c’est du graphisme ». Qui invite donc à regarder la cartographie autrement, en délaissant sa fonction utilitaire, pour se laisser porter par l’esthétique. Qui n’a jamais accroché une carte géographique pour décorer son intérieur domestique ? À la manœuvre, Guillaume Monsaingeon, chercheur, fondateur de l’Oucarpo (ouvroir de cartographie potentielle), version oulipienne de la cartographie, et commissaire d’exposition, notamment de « Mappamundi » à l’Hôtel des Arts de Toulon en 2013, « Le temps de l’île » au Mucem en 2019, « Des marches, démarches » au Frac Paca en 2020. Accompagné pour cette exposition à Fotokino de David Poulard, designer graphique, professeur d’édition imprimée à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence.

Dans quel état j’erre ?

Profusion de cartes géographiques (c’est la collection personnelle de Guillaume Monsaingeon) mais l’ensemble est néanmoins rigoureusement organisé. En 5 sections : en entrant dans la salle d’exposition, sur le mur de gauche, « Haut en couleurs » (mise en valeur des couleurs des cartes, et des affects qu’elles suscitent). Sur le mur de droite « Des lignes peu alignées » (des lignes de différentes cartes mises en prolongement les unes des autres). Sur le mur du fond à gauche Lettres-images (les multiples façons de « mise en carte » des mots). Et au centre, sur des tables ou des plateaux suspendus, Centres, cercles et autres nombrils (cartes choisissant le centre et le cercle pour représenter les espaces géographiques), et Plis et replis (astuces pour faire tenir des objets géographiques dans des formats contraints, telles des cartes de fleuves, présentées ici en accordéon). Posés sur des tables, de grands albums et des livrets sont mis à disposition, en consultation. 

« La France par la croix de Lorraine »

On s’étonne et on s’amuse des fantaisies graphiques logées dans ces cartes, révélant pour certaines, ayant fait leur temps, des visions politiques de territoires géographiques à la fois consternantes et amusantes : ainsi, dans la section « Lettres-Images », un bout de carte repliée, montrant un bout du littoral de la Côte d’Azur, avec une flèche indiquant « la Corse est à gauche, sous la légende ». Ou encore, une carte de la Corse, au littoral détaillé, mais dont « l’arrière-pays » est barré d’un « Sans informations ». Dans la même section, une carte du Sud-Ouest de la France, « Tracé rapide » de la marque « Tableau-Noir (déposé) », lignes et mots blanc sur fond noir, indiquant par un schéma discret en bas de carte le « canevas général de la France », démontrant que le dessin de la croix de Lorraine structure spatialement l’hexagone. Dans « Centres, cercles et autres nombrils », une carte de l’Europe se propose de montrer comment, à travers de jolies ondes de couleurs, les « civilisations anglaise, française, italienne, germanique, ibérique, hollandaise, musulmane » sont présentes dans les différents pays du continent. Cartes muettes ou fourmillantes d’une profusion de détails, couleurs pétantes ou discrètes, ternes ou lumineuses, cartes démographiques, géologiques, de la direction et de la force des vents, de lieux de pêche du germon au mois de juin, carte du front et de ses environs, etc… , il y a Toute latitude pour aller regarder-arpenter leurs tours et leurs détours jusqu’au 25 mai. 

MARC VOIRY

Petite nature de Camille Meyer 
Toute latitude de Guillaume Monsaingeon et David Poulard
Jusqu’au 25 mai
Fotokino, Marseille

La pulsion hip-hop revient à Aubagne 

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Festival Impulsion © InYourFace

Le festival Impulsion d’Aubagne qui se désigne comme « le rendez-vous de la culture hip-hop » est de retour pour sa huitième édition. L’angle d’approche est très large, mais à propos, puisque la programmation englobe l’ensemble des disciplines de ce vaste champ du hip-hop. Du 20 au 28 avril les festivaliers auront droit entre autres choses à du cinéma, avec la série de films Entropico entre Marseille, Fort-de-France et La Havane (le 24 avril au cinéma Le Pagnol), à des battles de danse, à des concerts de rap ou encore à de l’open-mic (le 22 avril). Un festival qui se démarque aussi via les quelques « Focus » qu’il s’est attribué, à l’instar de celui contre les Violences et Harcèlements Sexistes et Sexuels (VHSS). Cette sensibilisation passe par la création d’affiches, par le déploiement d’une équipe de psychologues ainsi que par la formation de l’équipe dirigeante à ces sujets. Un focus plus que bienvenu compte tenu de la multiplication des VHSS dans les festivals, y compris de hip-hop, malgré les valeurs égalitaires qu’il entend promouvoir.

© InYourFace

Apprendre en faisant  
Miguel Nosibor, le directeur artistique de la Compagnie En phase, pense « qu’il est nécessaire de proposer au public la possibilité de donner à voir (un spectacle) et de donner à faire (un atelier) » et organise Impulsion dans la même logique. Durand le festival il y aura donc à la fois des moments pour voir et des moments pour faire. Du 22 au 26 avril, de nombreux stages de beatbox, de rap, de breaking, de danse et de popping sont organisés par des spécialistes de ces différents piliers du hip-hop. Les plus petits festivaliers, de 3 à 6 ans, pourront aussi se former aux bases et aux valeurs de la culture hip-hop lors d’un cours d’éveil (le 21 avril). 

RENAUD GUISSANI 

Festival Impulsion
Du 20 au 28 avril
Aubagne