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Sur les ailes du piano

Star internationale du piano, l’Islandais Víkingur Ólafsson était de retour au Festival International de Piano de La Roque-d’Anthéron

Víkingur Ólafsson, le « Glenn Gould islandais » selon le New York Times, est revenu à La Roque-d’Anthéron où il avait conquis le public avec un programme de musique française et son unique CD à l’époque consacré à Philip Glass (une pépite). Depuis, le jeune papa enthousiaste et communicatif (il avait même pris le micro pour annoncer la bonne nouvelle sous la conque du parc de Florans) a gravé d’autres disques, tout aussi intéressants que le premier et conquis critiques, prix internationaux et les plus grandes salles du monde. De quoi faire tourner la tête à plus d’un ! C’est avec la même simplicité, la même fraîcheur que le pianiste entre en scène et aborde les œuvres de son programme, écho de son dernier opus, Mozart & Contemporaries, (paru chez Deutsche Grammophon), assorti du titre A Bird of a Different Feather (« un oiseau d’une autre plume », expression anglaise désignant une personne indépendante) en incipit de la présentation.

Divine lenteur

L’oiseau, est-ce Mozart ou le pianiste qui, dédaignant les chemins traditionnels, nous entraîne dans un itinéraire où des œuvres du génie autrichien croisent celles de ses contemporains. Il dessine le fameux « air du temps » de son époque, soulignant la communauté d’esprit des compositeurs, recontextualisant les modes d’inspiration, montrant à la fois les convergences et les mûrissements de chacun dans l’expression de leur génie propre. Échos subtils que le jeu du pianiste, clair, délié, élégant, sait brosser avec une puissance intuitive qui rend ce parcours « à sauts et à gambades » passionnant. Voici le style galant du Vénitien Galuppi, la sublime transcription de la Sonate 42 de Cimarosa par Ólafsonn, divine lenteur ! Un clin d’œil à Carl Philipp Emanuel Bach, un détour par Haydn, l’ami cher, à la charnière entre le baroque et le romantisme, et bien sûr, le prince de la fête, Mozart par le biais de rondos, fantaisies, sonates.

Vikingur Olafsson © Valentine Chauvin

L’interprète semble retrouver une âme d’enfant, séduit par les beautés, les surprises, les élans de ce qu’il semble découvrir en même temps que nous. Communion dans l’émerveillement. Espiègle aussi, l’artiste rappelle combien tout est trompeur : les pièces réputées « faciles » de Mozart, accessibles aux enfants, comportent des difficultés abyssales pour le pianiste confirmé. On se laisse transporter avec délectation dans l’univers de ce poète, traversant registres, paysages intérieurs… Eblouissements réitérés qu’un double bis prolonge : Bach, le père, Organ Sonata n° 4, et Le Rappel des Oiseaux de Rameau, accord parfait avec les souffles du vent dans les arbres du parc, frémissement poétique d’une plume.

MARYVONNE COLOMBANI

Vikingur Ólafsson a joué le 2 août, au parc de Florans, dans le cadre du Festival International de Piano de La Roque-d’Anthéron.

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