dimanche 28 avril 2024
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Traversées marines à Correns

Le multiinstrumentiste et compositeur Miquèu Montanaro présentait à l’issue de sa résidence au Chantier de Correns sa dernière création : Mar, Simfonia Maritima

En préambule le musicien apportait quelques explications « Je suis né au bord de la mer. Depuis tout petit je m’y suis baigné. Maintenant, je n’y arrive plus »… Une série de poèmes en provençal est née au fil des actualités tragiques qui hantent les eaux de la Méditerranée. Autour de ces poèmes le fil des mélodies s’est tissé. Le compositeur improvise sur l’instrument traditionnel qu’est le galoubet-tambourin dont il métamorphose les accents par des boucles électro, utilisant un ensemble de flûtes de tailles différentes, « mais toutes à trois trous », et mêle son jeu à celui des sons enregistrés de la guitare électrique (Fabien Mornet), de la contrebasse (Romain Berthet), des violon et violon baryton (Baltazar Montanaro), de la flûte traversière (Miquèu Montanaro) et des tambourins (Frédéric Nevchéhirlian et Christian Sébille). 

Les ressacs du temps

Les poèmes sont en provençal mais portés par des voix de locuteurs issus de diverses régions de l’Occitanie : « si les mots ne changent pas, les intonations changent et donnent une saveur, une géographie différente », sourit le poète. Seul en scène, Miquèu Montanaro utilise les fonctionnalités toutes nouvelles du Logelloop mis au point par Philippe Ollivier : les mélodies, les voix des récitants et les rythmes pré-enregistrés apportent leurs tessitures et leurs harmonies, liées intimement aux images vidéo projetées sur une toile qui occupe tout le mur de scène. Le son du tambour éclot derrière les spectateurs bientôt accompagné d’une flûte aérienne. Homme-orchestre, le musicien monte sur scène, semble invoquer le grand poème de la mer avant que les images répétitives et hypnotiques des fonds marins et des vagues ne viennent ombrer le plateau de leurs écumes. Le sable laisse entendre les pas d’un être absent, les eaux impriment leur ressac aux amarres, reflètent la silhouette d’un bateau vide, les vagues se fracassent sur des rochers, contrastant avec l’apparente innocuité des étendues bleues. 

« Avant l’aube, le corps dans la vague mauvaise » est observé par le récitant : « le corps venait de l’autre côté du monde, de l’autre côté de l’espoir. » La mer des mythologies se transforme en cimetière, les volutes harmoniques se font incantatoires, épousent les émotions, composent un poème symphonique bouleversant, hymne à la liberté des peuples et des êtres. Il s’agit cependant d’une symphonie et non d’un requiem. La fin est emplie d’espérance et de fraternelle humanité. 

MARYVONNE COLOMBANI

Mar, Simfonia Maritima a été présenté le 24 novembre au Chantier de Correns.
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