mercredi 17 avril 2024
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Avec Melody, du bonheur 

Avec poésie et complicité, Melody Gardot a conquis le public du Grand Théâtre de Provence

Comble et comblé le Grand Théâtre de Provence, ce 1er décembre, grâce à la venue de Melody Gardot, la subtile chanteuse aux lunettes noires. Elle reprend d’abord des airs de Sunset in the Blue, né durant la pandémie. La chanteuse, confinée dans son domicile parisien, avait lancé un casting sur les réseaux sociaux afin de créer un orchestre virtuel. Le résultat, un album sublime porté par sa voix de velours, croisant des thèmes délicatement jazzy. Sur scène, dans une douce pénombre, les cordes d’Astghik Vardanyan, Gohar Papoyan (violons), Astghik Gazhoyan (alto), Artyom Manukyan (violoncelle) dessinent une ouverture lyrique et intemporelle. S’y posent les volutes inspirées de la contrebasse de Christopher Thomas, l’inventivité des percussions et de la batterie de Jorge Bezerra (tout devient sonore avec lui, de la grosse caisse classique à une bouteille de plastique vide ou une bassine d’eau), les mélodies enlevées d’Irwin Hall (saxophone, clarinette, flûte) et les accords soyeux du piano de Philippe Baden Powell

Bulle poétique
Mutine, la chanteuse raconte la naissance de certains morceaux, établit un lien complice avec le public, si bien que le grand théâtre se métamorphose en un lieu intimiste. L’interprète compositrice offre ses pièces et celles concoctées avec ses « amis de cœur », C’est magnifique (Melody Gardot, Dadi Carvalho, Pierre Aderne) mêle les trois langues anglais, français, brésilien, chaloupe entre fado et jazz, ode aux beautés du monde parfumées de jasmin. La soie des inflexions, la fluidité du phrasé, l’intelligence sensible des compositions transportent le public dans une bulle poétique où se multiplient les bijoux sonores. Improvisations des instrumentistes, duos somptueux entre la chanteuse et le pianiste sur des œuvres dues à Baden Powell père et Philippe Baden Powell, le fils. Celui-ci accompagne Melody Gardot sur son sixième opus, Entre eux deux, où apparaît la tour Eiffel – on se croirait dans un tableau de Chagall – et se joue une Samba em Prelúdio, amorcée en portugais par le pianiste et relayé en français par la chanteuse. A la fin des rappels, seule avec une guitare, elle nous laisse dans le rêve éveillé de sa poésie. Sublime, tout simplement.

MARYVONNE COLOMBANI

Melody Gardot a joué le 1er décembre au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence.
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