Il y a des films ratés, des films qui ne sont pas à la hauteur de leur intention, des mal fichus pour lesquels on peut avoir indulgence voire tendresse et puis il y a des films dont on sort irrités . Surtout quand ils représentent la France dans un festival international et qu’on aurait bien voulu les aimer
C’est le cas d’Hors du temps, le dernier opus d’Olivier Assayas dont beaucoup se sont demandés ce qu’ils faisait dans la sélection de la 74 è Berlinale.
Hors du temps se propose de revenir sur cette incroyable parenthèse que furent les confinements pendant la pandémie de 2020. Limitation des périmètres de vie et des déplacements pour une durée indéfinie. Angoisse collective dans l’ignorance des réponses médicales à apporter. Moments de réflexion sur l’essentiel et le non essentiel, durant lesquels certains ont dû affronter leur solitude, ou, dans des cohabitations contraintes, les frictions inévitables avec ses proches.
Confinement quatre étoiles
Etienne (alter ego du réalisateur incarné par Vincent Macaigne) et Paul, son frère musicien ( Micha Lescot) se retrouvent avec leurs compagnes respectives, Morgane (Nine d’Urso) et Carole (Nora Hamzahoui) avec lesquelles ils n’ont jamais vraiment vécu, dans la maison familiale en Chevreuse. Retour sur les lieux de l’enfance par plans fixes que le réalisateur commente en off d’une voix précieuse et feutrée. Ruralité bourgeoise, printemps radieux, paysages de boîtes de chocolat. Le temps suspend son vol. Un cadre plutôt agréable pour s’isoler, ce qu’Etienne et Olivier Assayas admettent bien volontiers.
Etienne devient acheteur compulsif sur Amazon, fait du jogging dans le grand parc des voisins, avocats et amis. Hypocondriaque, il traque son entourage dans son obsession prophylactique. Son frère fait des crêpes en bougonnant. Chamailleries de frangins qui « se connaissent trop et ne se connaissent plus ». Bouffe bio et conversations intelligentes émaillées de citations. L’art est héritage. On a côtoyé et on côtoie d’autres artistes. On a de l’entregent et des références. Etienne annonce à sa fille -qu’il partage avec son ex, qu’il lui a fait donation de sa part du domaine. La continuité est assurée.
La comédie de caractère très convenue peine à faire sourire et les questions de couples, à intéresser. Le quatuor de comédiens, loin de la grâce d’un Rohmer, fait le job mais incarner des enfants gâtés aux vagues problèmes existentiels n’est un cadeau pour personne.
Hors du temps bien qu’ancré dans la « douce France » entre Trenet et Brassens reste hors sol. L’entre soi induit par le confinement devient un entre soi socio-culturel qui nous laisse à la porte.
Elise Padovani
En salle le 14 juin