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Retour de marché

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Hostile © Cie Bakélite

La 6e édition du Marché noir des petites utopies, festival organisé à Marseille sous la forme d’une biennale depuis 2013 par la Cie Anima Théâtre, s’est ouverte le 1er décembre avec la projection au Gyptis de La sociologue et l’ourson d’Étienne Chaillou et Mathias Théry, et se clôturera le dimanche 10, au lendemain de la fête d’anniversaire(s) qui célébrera les 10 ans du festival et les 20 ans de la compagnie. Le dimanche 3 décembre, rendez-vous était donné à la Casa Consolat pour Tricots, une histoire de souvenirs qui grattent de la Cie Des gens comme tout le monde et Hostile de la Cie Bakélite.

Petites formes, grandes aventures

Le public est tamponné et divisé en deux : les « Métal » et les « Prison ». Les « Prison » sont guidés jusqu’à l’Atelier Gouache où une grosse forme colorée en laine tricotée affalée sur un bureau, s’anime. C’est un pull d’où s’extirpent une main, puis une tête et le visage souriant d’une femme aux cheveux gris, qui confie qu’arrivée à « l’âge du milieu » elle recherche la sérénité, mais pas à travers le tricot ! Et tirant les fils de son énorme pull, les accrochant aux pointes de tableaux à clous, auxquels succèdent ensuite d’innombrables câbles électriques et prises multiples, elle évoque avec humour, à travers tous ces liens matérialisés qui l’attachent et saturent son espace, les périodes et paysages de sa vie, jusqu’au pétage de plomb ! Une danse solo festive, découvrant des dessous tricotés, conclura par une invitation joyeuse à « tricoter pour soi-même ». Retour à la Casa Consolat, puis direction le Théâtre de la Ferronnerie où là aussi, on découvre, affalée sur une table, une tête, protégée d’un tissu aux quatre coins noués, sous un projecteur dégageant une chaleur intense. Au bord de la table, une gourde, que l’homme cherche désespérément à saisir. Il fait plus que soif, il fait plus que chaud, on est dans le désert et le bout de papier que l’homme qui vient de se relever a trouvé, montrant sa tête patibulaire sous le mot « Wanted » ne laisse aucun doute : c’est un western. Solitude, désert brûlant et glacé, serpent, indiens, signaux de fumée, transe mystique, aigle, squelettes, cheval, mirages, rebondissements, comique de répétition et coups de théâtre, tout y passe, sans aucune paroles. Une inventivité, un sens du raccourci et de l’ellipse à l’esprit « cartoon » jubilatoires. Bref, deux grandes aventures en deux petites formes.

MARC VOIRY

Tricots, une histoire de souvenirs qui grattent et Hostile étaient présentés le 3 décembre à l’Atelier Gouache et au Théâtre de la Ferronnerie dans le cadre de la biennale Marché noir des petites utopies., à Marseille.
Marché noir des petites utopies
Jusqu’au 10 décembre
Divers lieux, Marseille

Ignacio María Gómez au Forum de Berre  

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Ignacio Maria Gomez © DR

Chaque année, la programmation du Forum de Berre regorge de pépites musicales. Ce sera encore le cas ce 8 décembre avec Ignacio María Gómez, le chanteur sud-américain aux multiples influences. Né en Argentine, il file au Mexique à l’adolescence, et découvre la musique des Mandingues, l’ethnie africaine présente en Afrique de l’Ouest. Il commence ensuite un voyage musical initiatique en Amérique latine, et va à la rencontre des populations d’origines africaines. Sa musique se colore de ses nombreuses découvertes et devient cet objet aussi captivant qu’indéfinissable. Il y a de la méditation chez lui, de la rythmique africaine, de la chaleur bossa… un brillant mariage de ce que la musique du monde peut nous offrir. Sur la scène du Forum du Berre, il sera accompagné par Loy Ehrlich, personnage incontournable de la musique africaine, par ailleurs ancien directeur artistique du festival Gnaoua d’Essaouira. 

NICOLAS SANTUCCI

Ignacio María Gómez 
8 décembre
Hall du Forum, Berre-l’Étang
forumdeberre.com

Un peu d’amour avec Pippo Delbono 

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© Estelle Valente Teatro Sao Luiz

L’amour n’est pas seulement un sentiment, mais un état de l’âme : « un véritable engrenage dans le corps humain, qui sélectionne, déplace, brise et réassemble tout ce que nous voyons, que nous sentons, que nous désirons » tel semble être le centre de gravité de l’art de Pippo Delbono, acteur et metteur en scène, dont les spectacles émeuvent les théâtres et les festivals depuis plus de vingt ans. Après La Gioia, hommage et ultime déclaration d’amour à Bobò, décédé en 2019, acteur pilier de sa troupe, microcéphale, sourd-muet, que le metteur en scène avait sorti de l’asile après l’avoir rencontré lors d’un atelier théâtre, voici Amore, où Pippo Delbono explore la nécessité d’aimer tout autant que la peur provoquée par ce sentiment si puissant.

Saudade

Un projet né de la rencontre et de l’amitié entre Pippo Delbono et le producteur de théâtre italien Renzo Barsotti actif au Portugal depuis des années. Un spectacle dans lequel, outre le Portugal, Pippo Delbono évoque la pandémie de Covid 19 pendant laquelle des personnes sont mortes sans entendre d’ultimes paroles d’amour et de réconfort. Il mêle à sa troupe des musiciens et des artistes portugais de fado, qui exprime la nostalgie et la tristesse, et la saudade, l’amour pour tout ce qui est perdu. Accompagné des mots de poètes portugais, ou du brésilien Carlos Drummond de Andrade (« Aimer l’inhospitalier, l’âpre, un vase sans fleur, un sol de fer, un oiseau de proie. Tel est notre destin : aimer sans limite. Aimer notre manque d’amour. ») mais aussi de ceux de Jacques Prévert ou de Reiner Maria Rilke, Amore est un théâtre d’images, un voyage musical et une traversée de l’âme humaine. 

MARC VOIRY

Amore 
Du 6 au 10 décembre
La Criée, théâtre national de Marseille
Une programmation du Théâtre du Gymnase hors-les-murs

La tradition, d’arrache pied

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Carne e Ossa de Roberto Zazzara © X-DR

Les Marseillais connaissent la tradition de l’ascension vers Notre-Dame de la Garde à genoux ou avec des pois chiches secs dans les chaussures… mais c’est une épreuve bien douce comparée à celle que s’infligent les Italiens du petit village de Pacentro dans les Abruzzes. Là, depuis la nuit des temps, le premier dimanche de septembre se déroule une course, pieds nus. On s’élance d’abord d’une falaise aux roches vives dans une pente à 80% vers un ruisseau pour remonter dans la pierraille et les ronces, les talons déchirés, les voutes plantaires dépecées, vers l’église où la Madona di Loreto et les soins infirmiers attendent les participants. C’est la Corsa degli Zingari, littéralement la course des « gitans ». Un rite cruel qui viendrait d’un seigneur féodal promettant un grade de chevalier au gagnant. Sans doute d’origine plus lointaine, initiatique et païenne. Roberto Zazzara, dans Carne et Ossa, le documentaire retenu par le Primed 2023, s’intéresse à cette tradition, à son ancrage dans le pays, aux motivations très variées de ceux qui s’y risquent. 

Épreuve cruelle

Face caméra ces derniers témoignent, élaborant un récit choral. Peu le font par dévotion à la Vierge. Pour certains, il s’agit de suivre une tradition familiale qui va de soi quand on est né là. Pour d’autres de se surpasser, de répondre à un défi. Pour d’autres encore, de montrer son « courage d’homme ». Les conditions ont un peu évolué. Désormais, on s’y prépare. Le monopole mâle a pris fin car un jour, une femme s’est inscrite et a réussi à atteindre l’Eglise ouvrant la voie à d’autres. L’événement est devenu plus folklorique aussi – des étrangers viennent y assister. Mais la course demeure ancrée dans le patri-matri-moine. Aucun villageois ne la remet en question. Le réalisateur s’attache à comprendre et à traduire ce qui fait la spiritualité de cette épreuve cruelle, sacrificielle et sa pérennité.

Les documents d’archives en couleurs criardes – vidéos amateurs où l’image à gros grain, souvent floue, tremblote, s’opposent au documentaire en noir et blanc et à une photo superbement composée qui rappelle que Zazzara est aussi chef op. La suite de plans fixes qui constituent la dernière séquence des 50 minutes du film, donne comme des clés au mystère. Le village isolé immuable au cœur des montagnes, aux maisons serrées autour du clocher. Le cycle des saisons. Le défi permanent d’un paysage austère et somptueux. Les statues de la Vierge enguirlandées de lumières. Le sol glacé de l’église où gravé dans la pierre, on lit « Carne e Osso ».

ÉLISE PADOVANI

Carne e Ossa, de Roberto Zazzara a été projeté le 6 décembre à la mairie des 1/7 de Marseille, dans le cadre du festival Primed.

Dans l’adversité

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Levante © Wilssa Esser

Sofia (Ayomi Domenica) a 17 ans, joue au volley-ball dans l’équipe féminine de C.Leste. Un club incluant des lesbiennes, et des transgenres sous la direction ferme et maternelle de la coach incarnée par Grace Passô. Remarquée par une sélectionneuse, Sofia se voit proposer une bourse et un contrat professionnel au Chili, après la fin de la compétition en cours, où elle sera observée de très près. Une chance inouïe et l’accomplissement de ses rêves. Mais alors que l’équipe vient de remporter les quarts de finale, la jeune fille, bisexuelle, en couple avec une autre joueuse, s’aperçoit qu’elle est enceinte. L’avortement est illégal au Brésil. Pour les pauvres, s’entend. Les riches trouvent toujours un arrangement. Dès lors, pour la jeune sportive qui ne veut pas de cette grossesse, commence un parcours de combattante.

Fureur de vivre

Malgré la pression des sponsors du club, les actions intrusives des agents fondamentalistes, doucereux et abjects, qui piègent, traquent et menacent de prison les jeunes filles voulant avorter. Malgré la réprobation sociale, le regard des voisins, les tags sur les murs citant l’Epître aux Romains, le caillassage de sa maison, les menaces et les insultes, Sofia tient bon. Elle – qui a perdu sa mère –, peut s’appuyer sur un père aimant, apiculteur de métier, doux comme le miel de ses abeilles, et une tante bienveillante. Mais c’est du collectif de ses copines surtout, qu’elle tire sa force. Des filles solidaires, joyeuses, espiègles. Le titre du film Levante – qui signifie « soulèvement », désigne aussi une plante rituelle censée donner des pouvoirs surhumains. Un titre qui sied bien à ce film, construit comme un thriller d’une incroyable énergie. La réalisatrice capte l’exultation des corps, jeunes, vigoureux, sans formatage aucun, saisis plein cadre dans les vestiaires, sous la douche, dans les activités sportives, festives ou amoureuses. Des corps qui crient comme les couleurs orange et rose, et vibrent sur la musique signée Maria Beraldo et Badsista (DJ, cofondatrice du collectif féministe Bandida, qui fait vibrer les clubs de São Paulo avec sa ghetto house).
Fureur de vivre contre l’oppression, l’étouffement, la dépression, la violence politique.
La réalisatrice Lillah Halla, entourée d’une équipe très féminisée, propose ici une tragédie sociale plus qu’individuelle, dénonçant un système pervers, hypocrite dont les contradictions mortifères, seront soulignées par un dénouement ironique qu’on ne dévoilera pas.

ÉLISE PADOVANI

Levante, de Lillah Halla
Sorti le 6 décembre

Carmen. avec un point et féministe

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CARMEN. - une pièce de François Gremaud avec Rosemary Standley et quatre musiciennes. Une production de la 2b company. Théâtre de Vidy, Lausanne, le 29 mai 2023. ©Dorothée Thébert Filliger

Le public de La Garance, à Cavaillon était debout et multipliait les rappels, comme celui du Théâtre d’Arles la veille. La performance de la comédienne chanteuse est de celles que l’on n’oublie pas, et qui vous donne un plaisir extrême. Et c’est ensemble que le public a chanté, d’une voix émue, commune, « l’amour est enfant de bohème » avant de quitter la salle avec regret.  

L’auteur-metteur en scène ne propose pas une relecture de Carmen mais bien Carmen. une conférence-opéra qui explore et parfois joue l’opéra, souvent s’en joue, le met en jeu et en question. En interrogeant le lyrisme et la vocalité : Rosemary Standley fait preuve d’une musicalité tout en finesse, posant l’opéra populaire là où il pourrait être depuis que l’amplification ne nécessite plus d’avoir du coffre mais de la justesse et de la musicalité. Le très joli timbre de la chanteuse fait merveille, chaque phrase de sa Carmen est un délice pour l’écoute. Sublimant chaque sentiment, chaque nuance, elle livre quelques moments sublimes, une habanera simple, un puits de douleur quand la gitane tire les cartes et se voit mourir.

Mais elle chante aussi Micaëla avec une candeur habitée, évite les aigus en inventant des variantes, et en rend toute l’émotion. Moins tendre avec les personnages masculins, elle joue pourtant la violence de Don José, et livre tous ses airs de ténor en voix de poitrine, magnifique. Et si elle se moque du toréro, elle interprète aussi ses airs de bravoure avec la même, et constante, musicalité. Soulignant au passage la beauté de certains airs, des intermèdes orchestraux jouées par cinq musiciennes formant un quintet flûtes, violon, accordéon (et percussions), harpe et saxophones tout en finesse, et virtuosité.

On ne meurt pas d’amour

La justesse musicale de ce Carmen. (avec un point final comme Phèdre avait un ! et Giselle des ) se double, et se rehausse, de son incroyable virtuosité de comédienne dans ce seul en scène si peuplé. l’ex-chanteuse de Moriarty joue et chante tous les rôles principaux, mais aussi les gamins qui suivent la garde, les contrebandiers, les gitanes, les soldats, les cigarières. D’un geste, elle les fait vivre, plante le décor, emprunte leur voix, fait voltiger notre imaginaire, avec deux chaises déplacées, et beaucoup d’humour complice. Ce décalage accepté permet aussi de commenter l’inacceptable de cet opéra si populaire : la violence constante, la possession, le féminicide, mais aussi le ridicule « parle moi de ma mère » de Don José, et le « plaisir des combats » du Toréador. Questionnée dans son propos, replacée dans son contexte historique et esthétique, Carmen de Bizetest ainsi rendue au peuple pour qui il l’a écrite, à l’opéra comique, au théâtre, à la liberté, au désir. Elle met un point final à l’exploration de François Gremaud de ce répertoire dramatique où les femmes meurent d’oser désirer.

AGNÈS FRESCHEL

Carmen. a été joué le 29 novembre au Théâtre d’Arles et le 30 novembre à La Garance, scène nationale de Cavaillon.

Qui sera élu·e Miss Cagole Nomade 2024 ?

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© Nai.iri

Zébuline. Comment explique-t-on l’engouement autour de ce rendez-vous ? 
Lisa. Je pense que les gens ont envie de représenter un certain état d’esprit : celui d’être libre dans son corps, sa tête et revendiquer une identité. Se rendre visible, par la fête, la danse, le chant… et montrer qu’ils ont tous quelque chose de « cagole » en eux. Pendant le concours, on montre toute la diversité du monde au même endroit. Car il y a des concours pour tout, mais pas forcément des concours où tout le monde peut se retrouver et se rencontrer. C’est aussi un rendez-vous qui prône des valeurs d’inclusivité qui sont aujourd’hui importantes. 

Comment va se dérouler la prochaine édition ? 
Ça commence avec une performance libre, de cinq minutes : de la danse, pôle dance, du cirque… cette année on aura aussi des échasses, ça va être incroyable. Suite à ça on choisit trois personnes pour l’épreuve du discours, on élit la gagnante, et on fait la fête tous ensemble pour célébrer. 

Quel profil ont les candidat·e·s ?
Il y a vraiment de tout. Certaines personnes veulent à terme vivre de la scène, et d’autres qui le font à coté par plaisir. Dans tous les cas, on ne valorise pas forcément les personnes déjà installées. On promeut ce que la personne transmet comme énergie, plus que la prestation artistique. Certains membres du jury vont regarder l’authenticité, le second degré, moi je regarde l’intention. Mais même si on joue le jeu à faire des retours, on n’est surtout pas là pour les clasher..!

Lisa, fondatrice de Cagole Nomade © X-DR

La Cagole Nomade Party était en tournée en septembre dans plusieurs villes françaises (et en Suisse). Doit-on comprendre qu’il y a des cagoles un peu partout ?
Si on s’appelle Cagole Nomade ce n’est pas pour rien ! Oui l’esprit vient d’ici mais il est en mouvement, se balade. L’idée n’est pas de rester figé mais de s’ouvrir, et de pouvoir aller chercher les cagoles qui dorment en chacun de nous. La cagole est internationale, il y en a partout dans le monde ! Je trouve ça beau en tant que marseillaise de valoriser ce terme qui a longtemps était méprisé dans la société. Que n’importe qui puisse dire « je suis une cagole et fière de l’être ».

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

Miss Cagole Nomade
9 décembre
Espace Julien, Marseille

Culture populaire

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Alors que la Ville de Marseille s’apprête à plancher sur une nouvelle vision de l’Éducation populaire, la question de sa redéfinition se pose à tous les opérateurs culturels, à tous les artistes. 

Des générations d’enfants du peuple ont bénéficié de l’immense entreprise de démocratisation culturelle, de décentralisation théâtrale et de l’essor des centres sociaux et des maisons pour tous durant le dernier quart du XXe siècle. Ils savent aujourd’hui ce qu’ils doivent à la volonté militante des comités d’entreprises, des travailleurs sociaux, des éducateurs sportifs, des aumôniers souvent, des cinéclubs, des cours de danse, de musique, d’arts plastiques dispensés pendant les colos au grand air ou à deux pas de chez eux, au pied de leurs immeubles d’habitation. Certains d’entre eux, transfuges de classes et de frontières à un moment où l’ascenseur social fonctionnait à plein régime, sont aujourd’hui nos plus grands artistes, et nos Prix Nobel.

Culture et codes d’accès

Depuis, l’Éducation populaire a été massacrée systématiquement par des baisses de financement idéologiques, opérées par une classe dominante qui a compris que l’éducation du peuple, des masses comme ils disent, menaçait leur hégémonie culturelle. Une classe des riches qui sait que l’hégémonie culturelle est la racine mère de toutes les dominations. 

Aujourd’hui les cours des cités construites dans les années soixante sont bétonnées et « parkingisées », les ensembles d’habitations et les établissements scolaires s’entourent de hautes grilles et se protègent par des codes d’accès : l’espace public ne permet plus d’accéder à un espace commun. Plus insidieux encore, l’espace des écrans et des prétendus « réseaux sociaux », concurrence la pratique commune du sport, des arts, du cinéma, de l’écriture, et se présente comme intime et individuel, quand il est globalisant et aliénant. Chacun pense la culture séparée en générations et non en classes sociales, les jeunes méprisant la culture de leurs ainés, les ainés ne comprenant pas la force des cultures « jeunes ». 

Quelle éducation populaire dans ce contexte? Rétablir les moyens ne suffira pas. Parce que lutter contre des médias tentaculaires et de plus en plus fascisants avec un bec de colibri est inefficace. Il faudrait, avant tout, réformer les médias et « démonétiser » Hanouna. Mais il faudrait aussi que les nostalgiques old school de l’Éducation populaire comprennent que le monde a changé, et qu’il ne suffit plus de défendre une culture « émancipatrice » venue de notre passé aristocratique, bourgeois, impérial et colonisateur, et faite par de « grands hommes » blancs. Les quartiers populaires recèlent de cultures multiples, foisonnantes, celles des jeunes mais aussi celles des vieilles, des vieux, nécessaires à la construction d’un avenir commun, enfin pluriversel. 

AGNÈS FRESCHEL

D’Ouest en Est

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Roderick Cox © X-DR

Il était sans doute la plus belle révélation du Rigoletto donné, en novembre 2021, à l’Opéra de Montpellier. Quelques mois auparavant, il s’était déjà illustré dans le programme Transatlantique, comptant à son affiche Samuel Barber et le concerto pour violon de Jennifer Higdon. On le retrouvera en mai 2024 à la tête de l’Orchestre national Montpellier Occitanie pour une Bohème plus que prometteuse.
Roderick Cox, jeune chef américain, se sent décidément comme chez lui à Montpellier, dans une maison qui a su lui faire confiance sur le répertoire opératique comme symphonique.Formé non loin de sa Géorgie natale, à la Northwestern University, il se verra confier dès la fin de ses études un poste de chef assistant à l’Alabama Symphony Orchestra, puis de chef titulaire à l’Alabama Symphony Youth Orchestra. Installé ces dernières années à Berlin, il y officie régulièrement comme chef invité, ainsi, entre autres, qu’à l’English National Opera, pour l’Orchestre Symphonique de Milan ou encore à la Staatskapelle de Berlin.

Un programme russo-américain
On se réjouit d’avance de réentendre, toujours en la compagnie du jeune Benjamin Beilman en soliste, le concerto pour violon de Jennifer Higdon. La compositrice née à Brooklyn, qui avait dédié cette pièce à la virtuose Hilary Hahn en 2009, compte parmi les plus jouées sur le continent américain : ses références, venues aussi bien du romantisme européen que des mélodies sucrées de Beatles, Rolling Stones et autres Simon & Garfunkel, feront sans nul doute souffler de nouveau un vent de fraîcheur sur le plateau de l’Opéra Berlioz.
C’est également avec empressement que l’on attend l’Overture to The School for Scandal, première pièce orchestrale du mésestimé Samuel Barber, composée pour son diplôme de fin d’étude au Curtis Institute of Music de Philadelphie en 1931.
La cinquième symphonie de Tchaïkovski clôturera le concert sur des notes plus tragiques venues d’autres rives, non moins romantiques mais bien plus slaves. Le plus célèbre des compositeurs russes n’est cependant pas un étranger pour Roderick Cox, qui s’était déjà attelé en novembre 2019 à son Casse-Noisette, à la direction de l’Orchestre de Paris. Pour un résultat particulièrement ovationné !

SUZANNE CANESSA

8 décembre 
Opéra Berlioz, Le Corum, Montpellier 

La meringue du souterrain

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Plasticienne de formation, Sophie Perez propose depuis 1998 au sein de sa compagnie, le Zerep (anagramme de son nom) un théâtre brut et des spectacles aux titres surréalistes : parmi de nombreux autres, Le coup du cric andalou (2004) Le pied jaloux (2016), Purge baby purge (2018), Les chauves-souris du volcan (2019), La vengeance est un plat (2023). Le délire ne se trouve pas que dans le titre, il envahit la scène avec un langage plastique, vif, transgressif, débordant. La meringue du souterrain (2022) est une sorte d’hommage de Sophie Perez à ses deux acteurs-muses, Sophie Lenoir et Stéphane Roger, déjantés et plongés dans un bric-à-brac dans lequel on trouve notamment les Anthropométries de Yves Klein, des maquillages d’enfants, un quizz théâtral, des danses tribales inédites, un set électro, des textes classiques court-circuités et un canard qui pète.

7 et 8 décembre
Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence