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Courts de cœur

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FÁR © Salaud Morisset

FÁR

Venu du grand nord, d’Islande, FÁR de Gunnur Martinsdóttir Schlüter nous fait assister à un drame. Un vol d’oiseaux dans le ciel. Visage d’une femme, Anna, derrière une vitre. Elle participe à une réunion d’affaires dans un café. Cadres serrés, couleurs bleues froides. On parle de gains, de l’installation d’un jacuzzi. Soudain, un choc contre la vitre. Une mouette git, à terre, blessée. Sous les yeux stupéfaits de ses collègues, Anna veut achever l’oiseau mais se fait agresser par des enfants « on n’a pas le droit de tuer » s’insurgent-ils. « La frontière est mince entre la souffrance et la mort »  leur répond-elle. Derrière la vitre, les gens du café observent… Un film, court, efficace, âpre, superbement cadré. FÁR veut dire intrusion ; l’intrusion de l’inattendu dans un monde organisé, de la souffrance et de la mort dans un lieu où ce qui compte est l’argent gagné et l’efficacité économique. Une réussite.

I Once Was Lost

Inspiré par une histoire vraie, I Once Was Lost, entre documentaire, journal intime et fiction, nous raconte une anecdote arrivée à un père, celui de la réalisatrice franco-américaine Emma Limon. Un soir, il dépose en voiture sa fille, lycéenne, chez son premier petit ami. C’est elle qui l’a guidé dans les rues de la ville. Mais au retour, il ne retrouve plus son chemin. Cette anecdote qui lui est arrivé en 2008, il la lui raconte bien plus tard, en 2021. Emma Limon en fait un film. Une déambulation nocturne, très bien filmée, dans la banlieue de Boston. Pas grand monde à qui demander son chemin. John entre dans un tout petit magasin de donuts. Il achète un beignet, essayant d’obtenir des informations. Aucune des trois employées ne parvient vraiment à l’aider mais l’une d’entre elles lui offre plusieurs donuts qu’il dévore dès qu’il retrouve enfin sa route : « je ne me suis senti plus chez moi dans l’univers. » Perdre ses repères  n’est pas toujours une mauvaise chose et ce père qui avait peut être l’impression de perdre-là sa fille devenue femme, a peut-être ici, trouvé un nouveau chemin.

Amarres (C)CHAZ Productions

Amarres

Un autre film inspiré par le réel, celui de Valentine Caille, Amarres. À partir de son histoire personnelle, la réalisatrice écrit une fiction, mise en scène avec soin et superbement interprétée par Alice de Lencquesaing et Jonathan Genet. Livia vient passer quelques jours sur le rucher familial. Elle y retrouve son frère, Louis, qui a fait des séjours en hôpital psychiatrique et qui est psychologiquement très perturbé. Il travaille sur le rucher – les scènes sur le travail des apiculteurs sont très bien documentées… La folie de Louis qui se manifeste dès qu’il est en contact avec les autres est en écho avec la folie technologique qui conduit à la destruction des abeilles. La relation entre le frère et la sœur, entre haine et amour inconditionnel, donne lieu à des scènes intenses, que la musique de Claus Gaspar souligne habilement. Un film riche en émotions.

ANNIE GAVA

Le festival Tous Courts, organisé par l’association Rencontres cinématographiques d’Aix-en-Provence s’est tenu du 28 novembre au 2 décembre

festivaltouscourts.com

Tous Courts : un regard acéré sur le monde

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Handan Ipekçi | Turquie, Norvège, Suède 2022 | Fictions | 15 min

Le monde ne va pas très bien. Les réalisateurs·trices le disent sur tous les tons. Tragique, comique ou les deux. Sous toutes les formes. Documentaires ou fictions. Usant de l’animation, de l’archive, du témoignage des « vrais gens » ou de l’art(ifice) des acteurs.

Parmi les 54 films sélectionnés en compétition internationale, on en a repéré quatre, qui se rejoignent sur la cruauté et la violence ordinaires de nos sociétés mais adoptent des formes différentes pour en rendre compte.

Ressources humaines

D’abord, le court-métrage d’animation de Titouan Tillier,Isaac Wenzek et Trinidad Plass Caussade  dont le titre : Ressources humaines, va prendre, en trois minutes chrono, un sens très particulier. Technique classique du stop motion. Décor cosy aux couleurs chaudes, où chaque détail compte. Personnages en textile pelucheux. Accompagné d’un ami réalisateur qui filme la scène sans apparaître dans le champ, voici donc, le timide Andy qui se rend à son rendez-vous de recyclage. Un usage naturel dans ce monde là. Accueilli par Wanda, la secrétaire, il vit ses derniers moments sous sa forme humaine pour être transformé en un produit commercialisable. L’horreur n’est qu’une formalité des plus banales. Comme tout récit de science-fiction, c’est bien de l’actualité dont on nous parle ici et d’un capitalisme mangeur d’humanité. Mais avec modestie, douceur, sans affect, sans éclat de voix, ni de style, presqu’en s’excusant comme Andy.

Les Dents du bonheur

Plus caustique et rageur, dans le sillage d’un Ruben Östlund, la « mordante » fable politique de Joséphine Darcy Hopkins, Les Dents du bonheur, met en scène la lutte des classes. Dans une riche demeure arrivent pour une prestation à domicile une esthéticienne et Madeleine, sa fille de huit ans qu’elle n’a pas pu faire garder. À l’étage, les trois bourgeoises méprisantes à souhait. À leurs pieds, la mère de Madeleine. Au-sous sol, dans la salle de jeu, trois fillettes -reflets de leurs mères -, intègrent Madeleine à un jeu de « société » où on mise de l’argent et où l’horrible Eugénie, fille de la propriétaire des lieux, ne perd jamais. Olivia, la domestique fait le lien entres les étages et aura le dernier geste à défaut du dernier mot. Quand on est pauvre, on vend son corps – ses cheveux pour Fantine chez Hugo, ses dents de lait pour Madeleine. Mais, parfois, les dominés refusent leur condition et la force de leur rage est alors telle que ponctuellement le pouvoir des dominants vacille. Le film se clôt sur un sourire édenté, sanglant, vengeur et triomphal tandis que l’indémodable Charles Trenet chante: « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » ( PRIX Lieux fictifs)

Et si le soleil plongeait dans l’Océan

C’est ce que finit par se dire Raed, le protagoniste de Et si le soleil plongeait dans l’Océan des nues de Wissam Charaf, sur fond de corruption et de magouilles immobilières dans un Liban qui brade son littoral au profit des promoteurs. Gardien d’un chantier du front de mer, Raed doit empêcher les promeneurs d’accéder à l’Océan. Dans ce nulle part, saisi en plans fixes où les Algecos soulevés par les grues se balancent dans le ciel, où les ordres du patron sont contradictoires, et absurdes, où le corps rondelet de Raed ne peut arrêter les hommes de main aux gros bras tatoués et aux lunettes aussi noires que leur 4×4, apparaissent des amoureux, une joggeuse et une mystérieuse photographe. Est-ce rêve ? Est-ce réalité ? Raed est-il mort ? Et cet Algeco maquillé en maison du bonheur, est-ce le paradis des pauvres ? Le riche patron, vieillard sous oxygène, est-il l’image d’un capitalisme mortifère et moribond ? Presque pas de mots dans ce film surréaliste où le problème politique et social devient existentiel comme si Buster Keaton et Père Ubu erraient dans le Désert des Tartares. (PRIX Unifrance)

Diyet (The Payoff)

C’est sur un autre front – de mer –, que nous transporte Diyet (The Payoff) le très beau film de la réalisatrice turque Handn Ipekçi – qui a d’ailleurs remporté le Grand Prix de cette 41e édition. Une juxtaposition de séquences : des vacanciers s’ébattent bruyamment sur la plage surpeuplée d’un été criard, une famille abandonne son chien sur la route. Un vieillard connaît le même sort. Les vagues jettent sur le sable les corps de migrants noyés. Tandis que l’orage gronde, des vêtements militaires sur cintres tournent dans le vent. La guerre n’est pas loin. Les soldats sont en transit. La station balnéaire désertée devient post apocalyptique, les chiens errants affamés se battent autour des poubelles, la fumée noire d’un bateau ou d’une usine plombe le ciel… Superbe photo. Aucun dialogue, aucun commentaire. Le vent, le tonnerre, les détonations, les hurlements à la mort des bêtes, suffisent à ce tableau radicalement désespéré. Une proposition très forte dans le millésime 2023 du festival Tous Courts.

ÉLISE PADOVANI

Le festival Tous Courts s’est tenu du 28 novembre au 2 décembre à Aix-en-Provence.

Une journée en courts

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La master class

Caroline San Martin, maîtresse de conférences en écriture et pratiques cinématographiques à la Sorbonne,est venue « penser l’écriture du personnage en scenario », une leçon de cinéma qui a rassemble bon nombre d’étudiants. Et ce fut passionnant. Partant d’un texte de Gilles Deleuze, Francis Bacon : Logique de la sensation, celle qui est aussi intervenante à la Femis a proposé de transposer au cinéma ces réflexions sur la peinture. Comment déconstruire des partis-pris, interroger les présupposés, imaginer des possibilités et en faire le tri, ancrer son  personnage dans des situations pour qu’il puisse faire des choix. S’appuyant sur des extraits de courts et longs métrages, Caroline San Martin a aussi dialogué avec ceux qui assistaient à cette master class qui a duré deux heures. On l’aurait bien écoutée deus heures de plus !

Les cartes blanches

Bruno Quiblier, directeur de l’association lausannoise Base-Court est venu présenter six films suisses dont trois d’animation, très différents, dont un, engagé et drôle, « dédié aux animaux victimes d’homophobie » ! Dans la nature de Marcel Barelli. Dans la nature, un couple c’est un mâle et une femelle. Enfin, pas toujours! Un couple c’est aussi une femelle et une femelle. Ou un mâle et un mâle. Vous l’ignoriez, peut-être, mais l’homosexualité n’est pas qu’une histoire d’humain. Original et très graphique, celui de Jonathan Laskar, The Record, où un antiquaire qui s’est vu offrir par un voyageur un disque magique, « lisant dans votre esprit et jouant ce que vous avez en mémoire », s’enferme dans sa boutique avec tous ses souvenirs qui refont surface. Et dans le film de Basile Vuillemin, Les Silencieux, ce ne sont pas des souvenirs que remontent les pêcheurs d’un petit chalutier qui, après des pêches maigres, se sont aventurés dans des zones protégées. Un film superbement mis en scène qui nous fait passer vingt minutes en compagnie de ces marins, confrontés à un rude dilemme.

Les Silencieux © Blue Hour Films

Une autre carte blanche a été proposée au Festival Vues du Québec, étonnement situé à Florac en Lozère, principale manifestation française entièrement consacrée au cinéma québécois, qu’est venu nous présenter son fondateur, Guillaume Sapin. Il nous a proposé sept courts très variés et de très bonne facture. Oasis, le premier documentaire de Justine Martin suit la relation de Raphaël et Rémi, des jumeaux, au moment charnière de l’adolescence. Raphael, atteint d’un handicap, reste prisonnier de l’enfance, Rémi grandit… Un film très touchant. Aucéane Roux, est venue parler de son film d’études cinématographiques à l’École des médias de l’UQAM, Vent du Sud, tourné à Val Gagné, dans l’Ontario, le village que ses grands parents ont quitté comme beaucoup d’autres, laissant des terres en friche. Terres rachetées par des mennonites qui ont fait revivre le village. Un film qui « raconte surtout l’histoire de deux communautés qui se rencontrent à travers un village. C’est l’agriculture qui est leur point commun». Passionnant.

The Record © Kurzfilm Agentur Hamburg

Découvert aussi, le festival de l’écrevisse de Pont-Breaux, en Louisiane, grâce au regard acéré de Guillaume Fournier, Samuel Matteau et Yannick Nolin. Acadania, un court sans paroles mais dont les images parlent, reflet d’une Amérique fatiguée et comme défaillante ; visages fatigués, machines rouillées, parade grotesque. On pourrait aussi évoquer le film d’Annie St-Pierre, Les grandes claques, une fiction qui nous fait partager un réveillon en 1983 : des enfants qui attendent un Père Noël en retard, un père qui attend son passage pour pouvoir emmener ses enfants, angoissé à l’idée d’entrer dans la maison de son ex-belle famille. Un film doux amer qui nous fait partager les tensions et les réactions de chacun. Carte blanche particulièrement réussie !

ANNIE GAVA

Le Festival Tous Courts s’est tenu du 28 novembre au 2 décembre à Aix-en-Provence.

festivaltouscourts.com

Au Bois de l’Aune, de l’invisible pour les yeux

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S’il est un lieu où la vue semble primordiale, c’est bien le théâtre. Son étymologie même renvoie au domaine de la vue, le terme grec θέατρον (théâtre, lieu où l’on regarde, vient du verbe θεάομαι, regarder). Mettre en scène et lui demander de partager sa perception avec le public relève du paradoxe, de prime abord avant d’ouvrir des champs démultipliés à notre entendement. La metteuse en scène Lorraine de Sagazan et l’auteur Guillaume Poix ont collecté de nombreux témoignages de personnes déficientes visuelles et c’est à partir de celui de Thierry Sabatier qu’ils ont construit leur spectacle. Seul, Thierry Sabatier s’avance devant la scène, explique sa cécité, l’accident, alors qu’il n’avait que seize ans, qui a scellé l’évolution d’une maladie que personne n’avait détectée et qui peu à peu rongeait son champ de vision. Il évoque sa vie d’enfant, la dernière pièce qu’il a « vue » avec sa mère peu avant la mort de celle-ci. Elle lui chuchotait alors ce qui se déroulait sur scène afin qu’il profite de la représentation comme tous les autres spectateurs. Cette pièce se trouve au centre du propos.

Un réel « augmenté »

Le réel et la fiction théâtrale se conjuguent ici étroitement. La mémoire de celui qui cherche à se souvenir de son visage et ne « voit » les autres qu’en les touchant, tente de reconstituer ce moment du passé lié au basculement de son existence. Une même scène reprise plusieurs fois, et chaque fois un peu plus étoffée, dessine des échos entre les souvenirs de la pièce, ceux du vécu et la confusion qui s’est établie entre le réel et la construction littéraire. Notre perception des œuvres est interrogée par ce biais : notre réception d’une production artistique est nourrie de ce que nous sommes et la mémoire que nous en avons est tributaire de ce que nous sommes. Notre réalité est augmentée par les références de ce que nous avons vu, lu, écouté…  

Une autre appréhension des sens

Le début de l’évocation de la pièce dont le nom a été oublié, (l’enjeu du récit ne réside pas là), est effectué dans l’ombre où se dessinent deux silhouettes immobiles qui se contentent de dire leur texte, reproduisant ce que l’on pourrait supposer de la perception d’une personne aveugle, seules les voix compteraient… « Faux ! » s’insurge alors Thierry Sabatier. Les gestes, les mouvements, les attitudes, tout est sensible et perçu, même pour un non-voyant. Les deux acteurs essaient alors de reconstituer le ton, les intentions de la pièce, les mots deviennent subalternes, l’important est de mettre en scène un couple qui se déchire, à l’instar du couple des parents de Thierry Sabatier. La vue est mise en défaut : « et vous, est-ce que vous vous fiez à ce que vous voyez ? » interroge malicieusement Thierry en s’adressant au public. Les deux comédiens professionnels, Chloé Olivères et Romain Cottard, l’aident à retrouver les personnages de la pièce inconnue. Lui, dans son propre rôle, canne blanche à la main, sourit vers l’assistance, nous interpelle sur notre perception du réel, la met en cause. L’approche des méandres de la mémoire, de la complexité des sentiments, des ambiguïtés humaines, des brumes de la création, est d’une finesse et d’une profondeur délicate. Il n’y a pas de larmoiements ou de « bons sentiments » vains, mais une émotion et un humour qui rendent à la vie sa richesse et son humanité. Notre incapacité commune, quels que soient les sens dont nous disposons, à saisir le réel dans son objective présence, nous renvoie à notre condition d’êtres en proie aux variations des émotions, créateurs inconscients d’affabulations, construisant nos propres autofictions au cœur d’un monde que nous nous approprions par la grâce des fictions.

MARYVONNE COLOMBANI

La Vie invisible a été donné le 21 novembre, au Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence.

Un festival pour les moldus de magie 

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Jazz Magic Perpere © X-DR

« Mettre de l’extra dans son ordinaire, ré-enchanter le présent » c’est avec ses mots que la directrice de La Garance Chloé Tournier et son équipe avait annoncé la création du festival de magie nouvelle manip ! en décembre 2022. Un projet conçu en lien avec l’artiste complice Thierry Collet, chercheur dans le domaine de la magie, et diplômé du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. La magie, une discipline à la croisée des arts et des sciences, du palpable et de l’impalpable, interrogeant notre rapport au réel. Car souvent, on n’en croit pas ses yeux… Et pourtant ! 

Manip#2

Mais qui dit magie nouvelle dit aussi diversité des pratiques : mentalisme, illusion, manipulation d’objets, cartomancie et close-up, ombromagie, et même arts numériques, toutes sont au programme du festival. Le 5 décembre, la Cie Raoul Lambert, présente Désenfumage3, voyage en compagnie des Raouls, acrobates, mentalistes et illusionnistes, à travers l’histoire du cinéma et de ses effets spéciaux. Du 5 au 9, en itinérance, Yann Frisch invite le public dans son camion-théâtre, pour Le Paradoxe de Georges (paradoxe du spectateur de magie qui croit à ce qu’il voit tout en sachant que c’est faux…). Les 7 et 8, dans Ça disparait, création de la Compagnie Stupefy, les illusionnistes Rémy Berthier et Matthieu Villatelle tentent de répondre à la question : « Mais où ça va les choses quand ça disparaît ? ». Quant à l’artiste-complice Thierry Collet on le retrouve, entre chorégraphie de cartes à jouer et multiplication de boissons sur commande, racontant son parcours dans Dans la peau d’un magicien (le 9), et (dé)mystifiant tout le monde entre algorithmes et objets connectés dans Que du bonheur ! (les 5 et 6). Enfin La Magic Night (les 7 et 8), déambulation magique dans la salle de La Garance, entre la cartomancie d’Antoine Terrieux, l’ombromancie de Philippe Beau, le mentalisme de Thierry Collet, mais aussi initiation à la prestidigitation avec des kits magiques, fabrication de tours de magie, et confrontations avec des machines mentalistes.

MARC VOIRY

Festival manip !
Du 5 au 9 décembre
La Garance, scène nationale de Cavaillon
lagarance.com

PRIMED : Autour de la Méditerranée

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We wont shup up, a film for freedom, de Clàudia Arribas, Violeta Octavio et Carlos Juan est projeté le 6 décembre à 13h45 à la bibliothèque de l’Alcazar © DR

Des documentaires, des reportages, venus de 19 pays autour de la Méditerranée, cette mer particulièrement tourmentée cette année. C’est dans ce contexte tendu, que se tiendra la 27e  édition du PriMed, à Marseille du 4 au 8 décembre. 24 films en compétitions, sur les 503 qu’ont envoyés 49 pays, soumis au vote d’un jury présidé par Pierre Haski, journaliste et président de Reporters sans frontières. Répartis en cinq sections, Enjeux méditerranéens, Art, patrimoine et cultures, Première œuvre, Mémoire de la Méditerranée, Court méditerranéen, ils montrent la créativité de ceux et celles qui habitent les rives de cette mer fragile. Quant aux 3 000 lycéens de ces deux rives, ils auront l’occasion d’échanger autour de trois films, et attribueront le Prix des Jeunes de la Méditerranée.

Guerre et violences

Il n’est pas étonnant que dans ce monde perturbé, les films parlent de guerres et de violence, d’hier ou d’aujourd’hui. Ainsi, Le Tchèque Viktor Portel suit un ancien enquêteur de la Cour pénale internationale pour comprendre comment le traumatisme de la guerre perdure, jusqu’à nos jours dans L’Enquêteur. Souvent les femmes en font les frais. Ainsi dans Bigger than trauma la Croate Vedrana Pribacic traite des traumatismes des femmes victimes de crimes de guerre durant les années 1990 lors de l’éclatement de la Yougoslavie. Dans Under the Sky of Damascus, Heba Khaled, Talal Derki, exilés syriens installés à Berlin et Ali Wajeeh qui vit à Damas abordent le problème du harcèlement et des abus sexuels. Et la Kurde Zaynê Akyol dans Rojek va à la rencontre de membres de Daech, et de leurs femmes détenus dans des camps-prisons, qui ont un idéal commun : établir un califat.

Jeunes en Méditerranée

Ballottés, exilés, emprisonnés, disparus parfois, les jeunes gardent souvent, malgré tout, l’espoir d’une vie meilleure. La Vie devant elle de Manon Loizeau et Elaha Iqbali est le journal intime de l’exil d’Elaha, jeune Afghane de 14 ans ; racontant son histoire avec une petite caméra. Filmés par Wissam Charaf, des adolescents libanais de différents milieux et régions s’expriment sur l’avenir, leurs envies et leurs craintes, leurs modèles, le lien à la famille, la politique, les souvenirs dans le film de Valérie Mréjen, Vous (les adolescents). Quant à Kristos, le dernier enfant de l’école d’Arki, une île du Dodécanèse : va-t-il quitter sa famille et sa terre pour aller au collège de Patmos ? C’est ce que nous fait découvrir l’Italienne Giulia Amati

Art patrimoine et cultures

Mohamed, le nomade et Abderrahmane, le scientifique, ratissent les terres arides du désert marocain à la recherche de météorites, chacun avec ses propres espoirs : on les suit dans Fragments from Heaven d’Adnane Barakat.Si vous ne connaissez pas la Corsa degli Zingari  dans les Abruzzes, allez voir le film en noir et blanc de Roberto Zazzara,Carne e Ossa. Et si vous vous intéressez à latauromachie, L’Inganno de l’Espagnol Sebastiano Luca Insinga

Quant à la liberté d’expression, comment ne pas être pour ? We Won’t Shut Up, A Film For Freedom, première œuvre de Clàudia Arribas, Violeta Octavio et Carlos Juan analyse le cas de trois rappeurs condamnés à des peines de prison pour les paroles de leurs chansons et dénonce la répression judiciaire. Le PriMed nous donne l’occasion d’échanger autour de tous ces films et les séances sont gratuites.

ANNIE GAVA

PriMed
Du 4 au 8 décembre
Bibliothèque l’Alcazar, Mairie des 1/7,
Mucem, Marseille
primed.tv
La Cérémonie de remise des prix ouverte au public se déroulera le vendredi 8 décembre à 16h30 au cinéma Artplexe Canebière en présence des réalisateurs et réalisatrices.

Un dimanche aux Aygalades

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Pour son édition spéciale Noël, la manifestation concocte un programme hivernal. Outre le marché mensuel de producteurs locaux – légumes, pains, vins et whisky naturels –, le rituel « Mur du fond » y célèbrera sa 50e édition avec l’artiste GPL. Accessible toute la journée dans le jardin de la cascade, le parcours botanique quant à lui sera émaillé de deux propositions ponctuelles : à 10 h, diffusion du dernier volet de la série documentaire radiophonique de la chercheuse bruxelloise Pauline Bacquaert autour de l’accessibilité de l’eau à Marseille – ici, comment se laver en ville à travers les âges ; à 14h30, l’inénarrable Patrice Jouffroy de la compagnie jurassienne Théâtre Group’ exposera ses digressions autour du vin et de ses petits tracas, dans son récent solo M.Patrick.

3 décembre
Cité des Arts de la rue, Marseille 

Semaine Asymétrique

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La Semaine Asymétrique, créée à Marseille en 2004 par Film flamme au Polygone étoilé, est une rencontre de cinéastes qui partagent avec le public et en public, leurs films et leurs recherches. Pas de sélection (il faut envoyer son film à temps), pas de remises de prix, l’ambition est d’« écouter les films, écouter les réalisateurs·trices et les spectateurs·trices, écouter un cinéma aussi pauvre que riche, que travaille le monde ». Au programme de cette 17e édition, du jeudi 30 novembre au dimanche 3 décembre, outre les films envoyés par les cinéastes : une soirée consacrée à la Palestine (30 novembre), les expérimentations artistiques et politiques des cinéastes marocains de l’école de cinéma de Lodz, et la redécouverte de Lettre à la prison de Marc Scialom hors les murs au Mucem (3 décembre). Entrée libre.

Du 30 novembre au 3 décembre
Polygone étoilé, Marseille

OCCITANIE : La contre-offensive poétique d’Ophélie

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Institut Ophelie © Jean-Louis Fernandez

Zébuline. Pour quelle raison avez-vous décidé de reprendre Institut Ophélie, pièce que vous avez créée à l’automne 2022 aux 13 Vents ? 

Olivier Saccomano. La vie d’une pièce a plusieurs étapes. Quand les premières représentations ont eu lieu aux 13 vents en octobre 2022, après un long processus de répétitions, étiré par les épidémies, c’était, comme on dit pour les bateaux, la mise à l’eau. À partir de ces premières représentations, un nouveau travail a commencé pour nous, qui s’est poursuivi au fil de la tournée : nous découvrons dans la pièce des recoins inexplorés ou reprenons des zones momentanément laissés en friche. C’est un processus d’apparition, d’enquête. La reprise de la pièce cette saison fait partie de ce processus. Il est important, quand c’est possible, de faire vivre le répertoire : les œuvres et les artistes ont besoin de ce temps de mûrissement et de creusement. Et puis, cette reprise marque à la fois le retour de la pièce sur son lieu de naissance (ou sur le lieu du crime) et le début d’une deuxième saison de tournée. C’est une sorte de seuil symbolique qui est important. 

La pièce a-t-elle beaucoup évolué depuis sa création ? 

Nathalie Garraud. En réalité, le travail ne s’arrête jamais et la pièce vit des métamorphoses successives. On répète tous les après-midis avant de jouer, et dans chaque séance de travail, dans chaque représentation, se jouent des micro-déplacements parce qu’on se met à entendre, à comprendre des choses nouvelles. Alors disons que la structure d’ensemble de la pièce n’a pas changé mais qu’au cœur de son mouvement, des modifications se sont opérées, des gestes se sont précisés ou affirmés, et le mouvement lui-même s’en trouve peut-être approfondi ou amplifié. 

Institut Ophélie a été conçue en diptyque avec Un Hamlet de moins, qu’est-ce que cela dit de votre compréhension du personnage shakespearien d’Ophélie ? 

O. S. C’est d’abord une expérience de théâtre : l’actrice qui jouait Ophélie dans Un Hamlet de moins (Conchita Pas) joue ici une femme qu’on pourrait dire hantée par l’image d’Ophélie, c’est-à-dire par l’image de jeune fille sacrifiée, qui pèse lourdement sur les représentations féminines. Mais notre pièce, de ce point de vue, est une sorte de contre-offensive poétique : Ophélie nous sert de guide pour traverser et subvertir un héritage, et la façon dont il traverse l’histoire, du début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Le nom d’Ophélie parcourt la pièce, mais ce n’est plus le nom d’un rôle ou d’une personne, c’est le nom d’une lutte féminine avec et contre les images qu’une époque institue. Le trajet de cette femme, qui n’est ni fille ni épouse, n’a rien de sacrificiel. Sa solitude conquise, peuplée de fantômes, de spectres, de figurants de l’histoire, de questions, est une solitude joueuse, violente, souveraine.

Entretien réalisé par ALICE ROLLAND

Institut Ophélie
Les 7, 8, 13, 14, 15, 19 et 20 décembre 
Théâtre des 13 Vents, Montpellier 

OCCITANIE : Retour aux sources plurielles

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© studio-delestrade

Il reste très peu de ballets attachés à des maisons d’opéras, huit en France si l’on exclut Monaco et Paris. Celui d’Avignon est dirigé depuis 2021 par Emilio Calcagno, ancien danseur et pédagogue du Ballet Preljocaj, et très fin analyste des esthétiques et histoires de la danse et de la musique. 

Il n’est pas simple d’hériter d’un ballet d’opéra sans véritable répertoire, avec 12 danseurs aux techniques de corps classiques, et la mission de danser pour des productions scéniques où les ballets sont de plus en plus rares.  Il fallait cette finesse d’analyse pour emmener doucement le Ballet d’Avignon du répertoire opératique, romantique donc même si on le dit « classique », vers la création contemporaine. Pour cela, depuis son arrivée en 2021, Emilio Calcagno invite des chorégraphes prestigieux tels que Carolyn Carlson, Olivier Dubois, Hervé Kouby ou Leila Ka… et crée lui même des ballets sur mesure pour les corps de ses interprètes.

Au printemps du siècle

D’un matin de printemps, spectacle proposé par la Scène Nationale de Sète après le succès de ses pièces Catania et Isola données la saison dernière, a été créé en octobre à l’Opéra d’Avignon. Emilio Calcagno s’y attache à chorégraphier sa vision de la musique française du début du 20e siècle. Ravel, Debussy, Satie, Fauré et Lili Boulanger offrent une belle unité harmonique dans leurs modalités subtiles, au printemps d’un siècle qui se détachait du romantisme et des lyrismes italiens et allemands. Une musique qui regarde vers le jazz pour Ravel, l’impressionnisme pour Debussy, l’humour pour Satie, la nature pour Lili Boulanger, dont la pièce D’un matin de printemps donne son titre au spectacle…. jusqu’à Messian qui emmènera la musique française vers des ports plus exotiques, exaltés et contemporains. 

Attentif aux différents univers, et à leurs proximités, Emilio Calcagno a conçu un programme en tableaux successifs inspirés des diverses esthétiques chorégraphiques qui naissaient ou persistaient à l’époque : un trio néo-classique, une danse plus résolument moderne et libre, ou plus théâtrale, virtuose ou lascive… La création musicale de Matteo Franceschini relie les tableaux de ses nappes électroniques pulsées d’un autre rythme, dans une scénographie, faite de reflets et d’étages.

AGNES FRESCHEL

Un matin de printemps 
Le 3 décembre à 16h
Théâtre Molière, Scène Nationale de Sète