jeudi 17 juillet 2025
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TRIBUNE : Le milliard des intermittent.es.s ou encore une réforme pour en finir

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Les intermittents quezaco ? Ce sont des artistes et technicien.ne.s dans les secteurs du spectacle ; intermittent.e n’est pas un statut juridique  défini, maisune situation particulière d’emploi autorisée par la loi pour certaines professions et caractérisée principalement par sa précarité, c’est à dire le recours fréquent et dérogatoire au CDD. Cette situation est compensée par une protection sociale particulière passant principalement par l’affiliation à un régime spécifique d’assurance chômage – annexes 8 et 10 de l’assurance chômage , 8 pour les technicien.e .s et 10 pour les artistes. Voilà pour la définition.

Et le milliard ? non rassurez vous ce n’est pas leur nombre, il sont en tout 110.000 ; ni leur magot, même si l’UNEDIC affiche un excédent de 4,3 milliards. Le milliard c’est ce chiffre balancé, ressassé, répété depuis des années concernant le coût des intermittents du spectacle pour la collectivité. Il est faux, truqué et défie toutes les lois de la logique et de la comptabilité. Sans cesse déconstruit par la science – soyons modeste, pas par des physiciens, mais par des sociologiques et économistes – démenti par les faits, il est ressorti tous les quatre ans pour reformer l’indemnisation des travailleur.se.s du spectacle et de l’audiovisuel.

Concrètement, et pour l’exemple d’un artiste, iel doit travailler 507h dans l’année pour bénéficier de ce régime spécifique qui lui compensera les jours ou iel ne travaillera pas. Générant des revenus modestes -les « stars » n’en bénéficient pas et le taux journalier d’indemnisation chômage compris entre 38 et 65€- ce régime spécifique offre une protection unique dans le monde. 

« Comptabilité truquée »

Comment parviennent-ils alors au fameux milliard, puisqu’il est dit et répété que ce régime couterait un milliard d’euros par an à la collectivité ?  Pour en venir à bout et faire apparaître les professions du spectacle comme privilégiées, le Medef et les gouvernements successifs ont fabriqué un faux déficit ! Comment ? Par une comptabilité truquée. 

Ce milliard, surestimé qui plus est, met en recettes les cotisations des intermittents et en dépenses les indemnités dont ils bénéficient. Or le régime de l’UNEDIC ne permet pas ce calcul : il se fonde sur une solidarité interprofessionnelle, il n’y a pas en son sein des caisses distinctes. Et même si on voulait sortir de la solidarité interprofessionnelle  et estimer le coût du seul secteur culturel, il faudrait y ajouter les recettes des salariés qui  travaillent pour le spectacle et la culture et sont en CDI : eux cotisent  à l’assurance chômage et  ne bénéficient pas de l’assurance chômage !

 Or ce milliard ne tient compte que des cotisations  de personnes bénéficiaires de l’allocation chômage. La supercherie est manifeste : on veut dégager de l’assurance chômage les travailleur.se.s enchaînant les CDD puisque lorsqu’ils sont au chômage ils coûtent de l’argent, sans  tenir compte des travailleurs du secteur en CDI, qui ne sont pas au chômage et cotisent. Et qui ne pourraient pas travailler sans les artistes et technicien.ne.s intermittent.e.s, nécessaires pour les festivals, la création, la production artistiques et culturelles qui par nature s’organisent en grande partie dans des durées déterminées. En CDD successifs.

« Et on y retourne ! »

Ces lignes auraient pu être écrites en 2003, en 2013..mais ce milliard n’a pas bougé, on le ressort encore, malgré tous les démentis, malgré les conséquences sociales de la remise en cause régulière du statut, la précarisation de nos métiers, l’appauvrissement de la vie culturelle.

Et on y retourne ! Le gouvernement vient le 3 octobre 2023 d’envoyer une lettre de cadrage aux partenaires sociaux pour résorber ce déficit, avec obligation de se mettre d’accord avant le 27 octobre ! Ben voyons ! Mais ce n’est pas tout. Dans toute négociation il y a un comité d’expert.e.s ; depuis plus de 10 ans participait aux négociations Mathieu Grégoire, sociologue spécialiste des questions de l’emploi et de l’intermittence en particulier. Ces analyses fines et précises remettaient les choses à leur place ; et ses prospectives étaient validées les années qui suivaient. 

Le gouvernement  vient de le dégager du comité d’expert.e.s. Il est remplacé par Pierre-Michel Menger, ultralibéral, qui s’est trompé depuis 2003 dans toutes ses prévisions sur le régimes des intermittents. La plus fameuse était que des accords plus protecteurs et moins restrictifs pour les bénéficiaires conduiraient à l’explosion du déficit et à une croissance exponentielle du nombre de bénéficiaires : tout s’est avéré faux. 

 « L’intermittence, modèle social de conjuration de la précarité »

On aurait pu parler de tout ce qu’apporte le travail des intermittents et des travailleur.se.s de la culture à l’économie ; c’est 7 fois le PIB de l’industrie automobile, c’est  plus de 50 millions d’euros sur le territoire d’Avignon pour le Festival. Mais ce n’est pas dans la comptabilité : un milliard de déficit on vous dit !

On aurait pu parler d’un régime spécifique qui apporte protection aux travailleur.se.s et efficacité économique et sociale car il n’est pas déficitaire, et dont les produits s’exportent remarquablement. 

On aurait pu parler d’un régime spécifique qui pourrait être étendu à tous les métiers discontinus, à la restauration, au tourisme, au soin à la personne, etc… On aurait pu y trouver un modèle. Mais non, on trafique les chiffres pour dégager le débat, truqué dès l’entrée. On veut enfin imposer une réforme et baisser de 15%  les allocations et faire sortir du statut ceux qui ont survécu aux restrictions précédentes.

L’intermittence, c’est  à dire les annexes 8 et 10, sont un modèle social de conjuration de la précarité, extensibles à toutes et tous. C’est cela qu’ils veulent détruire. Résultat du massacre ou de la énième controffensive gagnée : début novembre.

RÉGIS VLACHOS

Sissi et moi

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Produktion: "SISI UND ICH" ©2021 Walker+Worm Film GmbH & Co. KG/ photo:Bernd Spauke Regie: Frauke Finsterwalder DoP: Thomas Kiennast Produzenten: Philipp Worm, Tobias Walker Drehtag 32/ 16.11.2021 scene 31 /32 / 66 / 66A / 66B cast: #1 Sandra Hüller / Rolle Irma #2 Susanne Wolff / Rolle Sisi #3 Stefan Kurt / Rolle Berzeviczy #4 Sophie Hutter / Rolle Fritzi

La figure mythique d’Elisabeth de Wittelsbach, dite Sissi, n’en finit pas d’inspirer le cinéma. Incarnée à jamais en 1956, par la radieuse Romy Schneider dans le  mélo kitch, et glamour  d’Ernst Marischka, puis, 20 ans plus tard, dans un flamboyant Crépuscule des Dieux signé Visconti, Sissi prend aujourd’hui de nouveaux visages.

En 2022, celui de Devrim Lingnau pour L’Impératrice,  Série Netflix de Katharina Eyssen. Celui de Vicky Kriens pour Corsage de Marie Kreutzer. Et enfin, marqué par la cinquantaine, celui, magnifique, de Susanne Wolff dans Sissi et moi de Frauke Finsterwalder (présenté à la Berlinale 2023). La légende de la belle souveraine, rebelle et malheureuse, en trois versions, toutes trois réalisées et réactualisées par des femmes qui prennent parti.

La lumière s’allume, la lumière s’éteint

L’originalité de Sissi et moi réside dans l’idée de s’inspirer librement des Mémoires de la comtesse Irma Sztáray, dernière dame d’honneur d’Elisabeth de Bavière. De saisir la relation amicale, amoureuse mais hiérarchique qui se construit entre les deux femmes, au plus près de leurs émotions respectives. De donner à l’immense Sandra Hüller le rôle d’Irma, ce « moi » du titre, et de lui conférer le statut de narratrice. Poussée par une mère mal aimante et brutale, Irma célibataire de 42 ans, qui n’aime pas les hommes « car ils ont trop de poils », gauche, rigide et pieuse, entre dans la garde rapprochée presqu’exclusivement féminine, de Sissi, anti conformiste, fantasque, dépressive, drôle, hyper active, anorexique, grossophobe, soufflant le chaud et le froid sur ses adorateurs-trices, se gorgeant de thé dépuratif et d’élixir à la cocaïne. L’impératrice hait la cour, l’étiquette, la conjugalité, mène une vie décadente à Corfou, découvre le haschich à Alger. Une fuite qu’elle confond avec la liberté, car elle ne peut qu’obéir quand on la rappelle, serrer les dents quand son époux la viole. Irma voit tout, entend tout. Amoureuse, elle recueille les cheveux de Sissi, les objets liés à leur histoire. Heureuse quand elle se sent l’élue, amère quand Elisabeth la renvoie à sa condition d’employée, jalouse quand son Adorée lui préfère son beau-frère homosexuel aussi fantasque qu’elle ou un jeune amant en Angleterre. La lumière s’allume. La lumière s’éteint, répète Irma.

Une vérité de cinéma

Pas de volonté d’exactitude historique dans ce film. Ni dans les costumes imaginés par Tanja Hausner, ni dans les faits, ni dans les dialogues, ni dans une BO anachronique qui convoque Nico et Portishead, ni dans la maquette d’un train qui assure la transition entre deux destinations. Le scénario se brode de motifs récurrents, tarente et tortue, chèvre et chevaux. Le conte de la Belle au bois dormant, aussi, avec sa funeste prophétie de piqûre fatale. La vérité est ailleurs. Dans le prosaïsme des corps contraints, libérés, malades. Dans le cadrage et la composition picturale des plans, entre le resserrement étouffant et les élargissements lyriques. Dans la vibration des couleurs. Dans le jeu impeccable des deux actrices, également impériales !

ELISE PADOVANI

Sortie nationale : 25 Octobre

Paysages à l’oeuvre

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© Eric Bourret - Villa Theo_Le Lavandou 2023

La pratique photographique d’Eric Bourret (1964) qui « vit et travaille dans le Sud de la France et en Himalaya » est à rapprocher de la photographie plasticienne, par sa picturalité, et du Land Art, par son expérience de la marche et de la perception des territoires qu’elle fait naître chez lui. En découle une technique photographique particulière : à partir de plusieurs prises de vue sur un même paysage, majoritairement réalisées en noir et blanc, espacées de quelques mètres et de quelques minutes, fusionnées grâce à un outil d’exposition multiple (6 à 9 expositions dans une même image), il cherche à représenter les énergies qu’il sent émaner des lieux qu’il parcourt. 

Vibrations

Dans l’exposition de la Villa Théo, ce sont les quelques œuvres présentées par la Collection départementale du Var qui sont réalisées selon ce procédé : trois grands formats d’arbres de la Sainte-Baume, semblant apparaître tels des calligraphies derrière une vitre en verre texturé. Et deux diptyques, l’un présenté à la verticale sur un mur, l’autre au sol à l’horizontale, proposant des effets de matière étonnants, troublant les rapports d’échelle macro-micro. Le contraste est frappant avec les photographies réalisées au Lavandou : une seule exposition par image, de la couleur, et des formats plus petits. Des vues sur mer, îles de Port-Cros et du Levant à l’horizon, toute en horizontalités, ou en plongée à travers troncs et branches d’eucalyptus, ou bien en bord de plage. Des matières et des lumières, terrestres, marines et célestes, somptueuses. Également, des images de bords de chemins, de forêts et de garrigues, sous forme d’un triptyque et d’un mural de 30 photos : des entremêlements de végétations, de terres, de pierres, de troncs, de branches, aux couleurs marron, orange, jaunes, grises, vertes, blanches. Finalement, un autre type d’accumulation que celle proposée par l’exposition multiple, proposant un autre rapport au temps et à l’espace, pour un rendu tout aussi mouvementé, organique et vibratoire. 

MARC VOIRY

Eric Bourret - Entre terre et mer
Villa Théo, Le Lavandou
Jusqu’au 6 janvier
villa-theo.fr

Quand le cirque décroche notre imaginaire !

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Décrochez-moi ça © Vincent Muteau

Tout commence à Frontignan La Peyrade, à deux pas du canal, entre deux barres d’immeubles.  S’y trouve un petit chapiteau rouge encerclé de guirlandes et de caravanes, devant lequel patientent les spectateurs venus découvrir le nouveau spectacle de la compagnie Bêtes de Foire. Longtemps installés à Sète, Laurent Cabrol, circassien par excellence, et Elsa De Witte, costumière et comédienne issue du théâtre de rue, créent désormais dans les Cévennes. Leur spectacle précédent, Bêtes de foire – Petit théâtre de gestes, a été joué près de 700 fois depuis 2013. Co-production du théâtre Molière de Sète, présenté pour la première fois en France, Décrochez-moi ça est une invitation à la découverte, une porte ouverte sur le rêve, un pas de côté. 

Le cirque par excellence

Dès l’entrée dans le petit chapiteau, le public est ailleurs, sans savoir vraiment où. La piste centrale est entourée de quatre rangées de gradins, des habits sont accrochés un petit peu partout, dans les airs comme sur la scène… Quel bric à brac ! Circulaire (et tournante !) la piste centrale est entourée de quatre rangées de gradins, le cirque par excellence, même si celui-ci est plutôt intimiste, mêlant cirque, marionnettes et théâtre d’objets. Tout doucement, Elsa De Witte et Laurent Cabrol nous embarquent dans un monde où l’accumulation est la norme, les vestes sont enfilées, enlevées, les trajets se croisent, les chapeaux deviennent des marionnettes ou des balles de jonglage, les balles de jonglage des percussions, les miroirs de formidables vecteurs de magie… La tendre complicité qui se joue (sans un mot) entre les deux principaux protagonistes est complétée par un constructeur-régisseur inventif et un musicien aux instruments improbables. Sans oublier un petit chien des plus attachant. Assister à une représentation, c’est faire un peu partie de cette petite famille du cirque avec laquelle on se sent bien. Avec un final assez magique pour ne pas le raconter. Voilà un spectacle que l’on a envie de revoir à peine terminé ! Cela tombe bien : on devrait avoir dix ans pour le savourer.

ALICE ROLLAND

Décrochez-moi ça des Bêtes de foire a été présenté du 10 au 15 octobre à Frontignan par le Théâtre Molière, Sète

Il sera joué du 23 au 26 novembre, dans le cadre de Temps de cirque en occitanie à Villeneuvette

Anatomie de l’absurde

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© X-DR

L’immersion débute en bord de mer. Sur des rochers, les sénateurs de Rome se prélassent en maillot de bain et lunettes de soleil avec l’indolence de femmes et hommes d’affaires à qui tout réussit. Ils attendent le retour de Caligula, l’empereur de leur monde privilégié. On est loin de la mise en scène initiale de cette pièce mythique écrite par Albert Camus en 1944, en pleine guerre mondiale.  Ici, Caligula, interprété par Jonathan Capdevielle lui-même, ne fait pas face à son miroir. Il n’en a pas besoin pour imposer une séduction toxique dans sa présence d’animal blessé mu par une rage incontrôlable. Ce petit monde romain aux règles bien établies bascule en quelques répliques, dont la fameuse révélation de l’absurde qui ronge Caligula : « les hommes meurent et ils ne sont pas heureux ». La mise en scène est visuellement sublime, corps façonnés par la lumière et les costumes, ces apparences que Caligula souhaite mettre à nu, décrétant « Je prends en charge un royaume dont l’impossible est roi ». 

Une actualité troublante

De par sa présence scénique fascinante, parfois écrasante face aux autres comédiens, Jonathan Capdevielle, qui pour la première fois travaille un texte de répertoire, nous invite à expérimenter avec lui l’anatomie d’une noyade dans l’absurde. Nous assistons, impuissants, au long suicide d’un homme qui ne veut pas mourir et décide de mettre les hommes face à leurs contradictions politiques et sociales avec une violence d’une logique à couper le souffle. Le tout grâce à l’ingéniosité d’un metteur en scène qui se sert du mouvement des corps et d’un univers musical et sonore incroyablement riche (dont de nombreux hors champs ingénieux) pour donner une actualité troublante aux mots acérés de Camus. Cette dimension performative remarquable explore jusqu’aux limites du théâtre la figure d’empereur artiste. Quand tout meurt, à quoi sert l’art ? Même odieux, pathétique, révoltant, Caligula reste plus que jamais attachant dans son utopie mortifère et passionnelle. Le plus grand malheur de cet empereur aussi fou que lucide, est sa difficulté à obtenir la révolte tant attendue, celle qui mènera à sa perte tout en le rendant immortel. 

ALICE ROLLAND

Caligula de Jonathan Capdevielle a été présenté du 17 au 19 octobre au Théâtre des 13 Vents, Montpellier

Hommage à Picasso

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Le 8 avril 1973, à Mougins, mourait Pablo Picasso à l’âge de 91 ans. Tout au long de l’année 2023, des manifestations planétaires ont commémoré ce cinquantenaire. « S’il existe un artiste définissant le XXe siècle, ce qu’il représente en toute sa cruauté, sa violence, sa passion, ses excès et ses contradictions, il n’y a pas de doute, c’est bien Pablo Picasso », a souligné Miquel Iceta, ministre de la Culture et des Sports espagnol.

CineHorizontes, qui promeut le Cinéma mais aussi la culture espagnole sous ses multiples aspects, ne pouvait que s’associer à cette célébration internationale du Maître de Malaga. Sa 22è édition (du 10 au17 novembre) lui dédie un volet de sa programmation. Un projet soutenu, entre autres, par le Consulat d’Espagne à Marseille, l’Ambassade à Paris, la Ville, la Région, et élaboré en partenariat avec la Casa Natale à Malaga, le Musée Picasso de Barcelone, et la Galerie Au Service de l’Art à Marseille, la municipalité et les céramistes d’Aubagne. Au menu, cinq documentaires à voir ou revoir, dont Le Subtil oiseleur : Michel Foucault de Velasquez à Picasso d’Alain Jaubert, projeté le 8 novembre, à 18 h, à la Mairie du 1/ 7, en présence du directeur du Musée de Barcelone, Emmanuel Guigon. Le vertige du regard devant les 58 variations que Picasso donne des Ménines et la voix de Fanny Ardant pour soutenir le mystère. Quatre conférences aux thématiques diverses : le 7 novembre à la Mairie du 1/7, Les Grands Nus de Picasso par Jacques Terrasa. Le 14 novembre, à la Vieille Charité, Picasso et les livres par Carlos Ferrer Barrara. Le 16 novembre, à la Bibliothèque Départementale, Picasso et la danse par Nelly Rajaonarivelo. Le 15 novembre, à la Galerie Au Service de l’Art, L’épreuve du feu, Picasso et la céramique par Céline Graziani. La Galerie de la rue Coutellerie s’ouvrira du 9 au 18 novembre à des expositions. Et parce que la transmission est une mission fondamentale pour ceux qui aiment et défendent la culture, des Ateliers pédagogiques ont été intégrés à la célébration. Les 14 et 15 novembre, les Minots de Belsunce observeront le « geste Picasso » pour s’en inspirer et créer le leur. Les collégiens de Lakanal à Aubagne qui travaillent la céramique depuis la rentrée verront leurs œuvres -cuites dans les fours de l’Atelier des Arts Colombins, exposées à la Mairie d’Aubagne.

Ouverture de l’Hommage, le 5 novembre, au cinéma Artplexe, dès 16 h avec Un Eté à la Garoupe de François Lévy-Kuentz , le temps de partager sous le soleil d’Antibes, création artistique, amour, poésie et amitié, en la bonne compagnie de Man Ray, Lee Miller, Picasso, Dora Maar, Eluard et Nush. Puis, à 17h30, à la Brasserie Blum, on retrouvera Yves Bergé au piano et au chant, pour un récit musical autour de Picasso. Enfin à 19 h, avec Le Regard Picasso de Nelly Kaplan, l’inventaire de 75 ans de création.  La réalisatrice  se plaçant avec subtilité du point de vue du peintre et nous embarquant dans la frénésie de cet artiste prolifique et génial, qui affirmait : « Tout ce que je vois, je le vole »

ELISE PADOVANI

Agenda complet sur le site de CineHorizontes

Le Subtil Oiseleur @editions Montparnasse

Le caprice, un exercice de liberté

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Dans ce troisième disque, paru sous le label Mirare, le pianiste  se penche sur les inventions formelles  de compositeurs aussi divers que Bach, Brahms, Fauré, Reynaldo Hahn (avec Mignouminek en premier enregistrement mondial), Ohana, Rachmaninov ou Alkan. 

La  Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov contredit la tradition de l’opus soliste -mais n’est-ce pas le propre du caprice ?-, cette pièce concertante réunissant autour du pianiste le Sinfonia Varsovia dirigé par Aleksandar Marković. Leur dialogue nourri sait traduire l’espièglerie autant que la mélancolie qui traverse l’œuvre et rend la succession des 24 variations avec une éloquence qui semble parfois improvisée tant le ton en est juste. 

Le thème du Dies Irae que l’on retrouve dans cette pièce est sans doute une référence à la légende qui voudrait que Paganini ait vendu son âme au diable contre sa virtuosité exceptionnelle et l’amour d’une femme… 

En écho, les Variations sur un thème de Paganini opus 35, livre 1, de Brahms, éblouissantes et techniquement redoutables -Clara Schumann les qualifia de « variations de sorcier »-, dressent leurs falaises dont l’instrumentiste se joue avec aisance, laissant percevoir la fraîcheur et la légèreté d’un conte. 

Infinité d’analogies et d’hommages

Le Caprice sur le départ de son frère bien-aimé de J.S. Bach endosse un ton narratif : attristé par le départ de son frère, il composa cette œuvre en guise d’exutoire. Elle suit toutes les étapes de la préparation au voyage pour la Suède où Johann Jacob devait intégrer la garde d’honneur du roi Charles XIII en tant qu’hautboïste. Les histoires personnelles interfèrent…

Nathanaël Gouin aborde aussi des pièces de Maurice Ohana : le Caprice n° 1,  clin d’œil au legs que Jean-Claude Pennetier, maître de l’artiste, les Préludes, qu’il avait travaillées avec le compositeur. 

De même, le peu connu Charles-Valentin Alkan, qu’il qualifie de «  Liszt français »  a toujours séduit l’interprète par son « humour et sa profondeur ». 

L’« infinité d’associations » sur le thème du caprice offrait un champ large à ce poète du piano qui rend hommage au regretté Nicolas Angelich auquel l’opus est dédié, et à «  son si communicatif amour de la musique de Johannes Brahms ». 

Un disque très personnel, poétique, inspiré, profond et enjoué !

MARYVONNE COLOMBANI

Caprice, Nathanaël Gouin, 
label Mirare, 20€

ou le portrait impossible du cousin discret

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...et Pierre Jeanneret de Christian Barani © X-DR

Dans la catégorie des inconnus méritants, Pierre Jeanneret occupe une place de choix.

Il n’est pas inconnu des spécialistes et des experts, mais totalement du grand public.

Christian Barani s’attache dans son film à nous en suggérer un portrait, histoire, peut-être, d’inverser la position des points de suspension du titre.

Ces points de suspension originels effacent les noms célèbres qui précèdent habituellement celui de Pierre Jeanneret. On les citera quand même, pour une contextualisation minimale, dans l’ordre :  Le Corbusier, Charlotte Perriand, et selon les projets, on parlera aussi de Jean Prouvé, de Yannis Xenakis… 

Donc, Pierre Jeanneret fut l’architecte principal de la construction de la ville de Chandigarh, capitale du Punjab, nouvel état issu de l’indépendance de l’Inde.

Le Corbusier est son cousin plus âgé d’une dizaine d’années. Ils travaillent ensemble depuis l’avènement du modernisme : à l’aîné la lumière, au petit cousin, la discrétion.

Auteur d’une ville, avec ficelles

On apprendra donc que le discret était aussi acharné à sa tâche, et qu’elle fut immense :  Construire une ville moderne, sans l’imposer par la force à ses futurs habitants, et sans industrie, sans matériau moderne, sans rien que des convictions, pour une population enthousiaste, avec des bouts de ficelle.
On voit beaucoup de bouts de ficelle dans le film, et beaucoup de ces gens qui habitent là maintenant, en portraits souvent vibrants, et eux toujours simplement heureux, reconnaissants. 

On verra aussi les œuvres de Pierre Jeanneret, même s’il refusait de les signer : aussi bien les espaces publics, bibliothèque, complexe sportif, université, que les espaces privés : longues rangées de logements de brique rouge rythmés par des accès immaculés, maisons individuelles émergeant de jardins aussi sobres de composition que luxuriants de végétation.

On apprendra aussi de la mélopée du commentaire d’Emmanuel  Adely que Jeanneret fut un amoureux aussi digne que malheureux, et nous sera suggérée la corrélation probable entre son inflexible fidélité à son œuvre et la tristesse infinie de cet amour unique et inaccompli.

En revanche, on ne verra rien de l’œuvre du cousin, ainsi nommé quasiment toute la durée du film. Si on veut la voir, il faut y aller. 

MAURICE PADOVANI

Le film …et Pierre Jeanneret de Christian Barani, produit par Image de ville devrait sortir en salles l’an prochain

Terrible voyage en absurdie

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Le festival nouv.o.monde ouvrait une nouvelle plage horaire cette année, le samedi matin afin de recevoir « un coup de poing ou un coup de cœur » expliquait Sylvia Vaudano, sa directrice. Sélectionné par Un certain regard à  Cannes en 2023, Chroniques de Téhéran est indéniablement un coup de poing. Il présente la forme d’un « film à sketches », brossant au cours de neuf portraits un panorama de la vie quotidienne dans la caitale iranienne, depuis la naissance jusqu’à la mort : déclaration ubuesque d’une naissance, le prénom David étant refusé car non-iranien et trop occidental ; convocation d’une jeune fille surprise en compagnie d’un garçon  par la directrice de son école ; habillage d’une petite fille qui se voit affublée d’un véritable carcan alors qu’elle aime danser devant le miroir ; entretiens d’embauche qui virent au chantage sexuel pour l’une et à l’interrogatoire religieux pour l’autre ; refus de son scénario à un réalisateur qui se voit dans l’obligation d’en déchirer la plus grande partie… Chaque saynète est filmée en plan fixe, caméra dardée sur un personnage, laissant celui qui incarne l’autorité en hors-champ, sans chair et sans visage, procédé deshumanisant qu’emploient tous les big brothers adeptes de verre sans tain et d’écarns qui espionnent.

Résister, jusqu’à la peau

La construction menée avec brio répond, roublarde et impertinente, à la nécessité de contourner la censure féroce instaurée par l’État islamique : les acteurs et actrices ignoraient tout des autres, chacun pensant tourner un court-métrage ! C’est cette présentation qui a permis en sept jours le tournage de l’œuvre entière. Mais depuis qu’elle a été projetée au festival de Cannes, ses réalisateurs sont en danger : la cinéaste iranienne Mehrnoosh Sahranavard, invitée pour évoquer le film à l’issue de la projection, informe qu’Ali Asgari s’est vu retirer son passeport dès son retour en Iran. Il est prisonnier dans son appartement, tandis qu’Alireza Khatami vit pour sa part au Canada. 

La fin, sur la mort d’un vieillard assis devant un bureau inondé de dossiers, s’orchestre en un tremblement de terre qui rappelle la sourate 99 Al Zalzala (La secousse) réclamée par le préposé à l’embauche au demandeur d’emploi. Secousse qui est celle du jugement dernier… La poésie tatouée sur le corps de l’un des protagonistes devient le dernier lieu de résistance, comme les artistes iraniens qui refusent de se taire, réalisateurs de Téhéran, ou Prix Nobel  de la Paix.

MARYVONNE COLOMBANI

Chroniques de Téhéran a été projeté le 14 octobre en avant première dans le cadre  du festival Nouv.o.monde de Rousset 
Sortie prévue en salles en mai 2024

À La Ciotat, un Cri du cœur

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Le Cri du court - En piste d'Émilie de Monsabert © DR

L’associationÇa arrive près de chez vous propose pour la deuxième année son festival Le Cri du Court. L’occasion de découvrir le « meilleur » du court métrage, dont de nombreux films primés dans les festivals internationaux. Un cri poussé dans le plus vieux cinéma du monde, l’Éden Théâtre de La Ciotat où 34 films en compétition sont soumis à un jury qui attribuera les Couronnes d’Or, d’Argent et de Bronze.

Courts-métrages, long programme

Parmi les courts, Grand Prix de Clermont Ferrand, Will My Parents Come To See Me ? de Mo Harawe, où, en Somalie, on suit une policière accompagnant un prisonnier qui va être exécuté. Prix du public au festival Music & Cinéma de Marseille, En piste ! d’Émilie de Monsabert : une journée qui devait sortir de l’ordinaire pour Pauline, témoin de mariage, mais… On pourra voir aussi l’Ours d’or de la 73e Berlinale, Les Chenilles de Michelle Keserwany et Noel Keserwany, un film qui fait la part belle aux femmes ainsi que Astel de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, Grand prix au Off du Festival du film d’Odense (2022), le plus ancien festival de cinéma au Danemark…

Une carte blanche intitulée « Les Courts des grands » est donnée à l’association Art et essai Lumière :Cinq courts-métrages de grands cinéastes, Johanna Hogg, Pablo Almodovar, Sofia Coppola, Joachim Trier et Youssef Chebbi sont projetés le samedi 21. Le lendemain, c’est le Festival International de Clermont Ferrand qui proposera sa carte blanche, « A Court de rôle » où l’on pourra voir entre autres Kacey Mottet Klein, naissance d’un acteur d’Ursula Meier.

L’actrice et réalisatrice invitée, Bérangère Mc Neese présentera, vendredi 20, trois de ses courts : Le Sommeil des Amazones, Les Corps purs et Matriochkas, Magritte du meilleur court métrage de fiction 2020, où l’on suit Anna, 16 ans, vivant avec Rebecca, sa jeune mère, au rythme des conquêtes de celle-ci. Outre les projections, le rendez-vous propose également tous les soirs un apéritif musical dans la cour de l’Éden.

ANNIE GAVA

Le Cri du Court
Du 19 au 22 octobre
Éden Théâtre, La Ciotat
lecriducourt.com