samedi 26 avril 2025
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L’Opéra de Montpellier met les femmes à l’honneur 

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Médée © S.Brion

Conçu comme une invitation à plonger au cœur du romantisme, le concert donné les 7 et 8 mars à la Salle Pasteur du Corum proposera une redécouverte précieuse : celle de Mel Bonis, compositrice longtemps restée dans l’ombre, formée au Conservatoire de Paris aux côtés de Pierné et Debussy. Sa Suite en forme de valse ouvrira le bal avec la grâce et la subtilité qui caractérisent ses rares mais précieuses partitions.
Redécouverte qui sera suivie d’un autre joyau du répertoire : le Concerto pour violoncelle de Schumann, confié à la jeune Luka Coetzee. Nul doute que la jeune virtuose canadienne, lauréate du prestigieux concours Pablo Casals, insufflera à Schumann la folie et la fougue qu’elle a su extraire de Beethoven et de son opus 69.
Et c’est enfin Beethoven et sa Symphonie n°1, éclatante de jeunesse, qui conclura ce beau récital. Une œuvre fondatrice où l’audace et l’inventivité se mêlent aux influences mozartiennes, portée par l’Orchestre national Montpellier Occitanie sous la direction inspirée de Swann van Rechem. Lauréat du Concours de Besançon en 2023, le chef lillois reviendra au Corum après une prestation remarquée lors des Victoires de la Musique de 2024.

Une Médée d’anthologie

Chef-d’œuvre du bel canto, la Médée de Cherubini demeure une tragédie foudroyante. Inspirée des textes d’Euripide, Sénèque et Corneille, cet opéra-comique en trois actes nous plonge dans la fureur et la psyché d’une héroïne brisée. Mélangeant dialogues parlés et numéros chantés, cette version originale, immortalisée par Maria Callas dans les années 1950, retrouve aujourd’hui tout son lustre dans une mise en scène signée Marie-Ève Signeyrole. Coproduite avec l’Opéra-Comique et Insula orchestra, cette production redonne à l’œuvre sa place centrale dans l’histoire de l’opéra, et fut saluée lors de sa création le mois dernier. Sous la direction de Jean-Marie Zeitouni, l’orchestre promet d’explorer avec finesse cette partition nécessitant une précision, une entente mais aussi une émotivité sans faille. Joyce El-Khoury promet d’incarner une Médée bouleversante, entre rage et vulnérabilité, face à l’inflexible Jason de Julien Behr. Marie-Andrée Bouchard-Lesieur prêtera sa voix chaleureuse à la tendre Néris, tandis que Edwin Crossley-Mercer campera un Créon imposant. À découvrir de toute urgence les 8, 11 et 13 mars à l’Opéra Comédie.

Après-Guerre

C’est enfin à un répertoire plus populaire que s’attaquera le dispositif Opéra Junior pour le midi musical du 12 mars. Celui de la chanson française, fruit de l’effervescence poétique et musicale de l’après-guerre. Sous la direction du chef de chœur Albert Alcaraz, le chœur Opéra Junior fera revivre ces mélodies restées inoubliables. De la nostalgie de Que reste-t-il de nos amours ? de Trenet à l’énergie espiègle de Couleur café de Gainsbourg, en passant par l’élégance intemporelle de La vie en rose, chaque morceau y trouvera une nouvelle jeunesse. Ce programme mettra également à l’honneur des compositrices et musiciennes trop souvent restées dans l’ombre. Dont la Fantaisie pour chœur à bouche fermée de Marie-Claire Alain, hommage poignant à son frère Jean Alain. Jane Vieu, compositrice encore méconnue du XXe siècle, apportera quant à elle une touche de finesse avec Arlette. Sans oublier la présence incontournable d’Édith Piaf, voix iconique d’une France en quête de renaissance.
Accompagnés par Valérie Blanvillain au piano et Philippe Limoge au marimba et à l’électronique, ces chants traverseront les époques et les sensibilités, tissant un pont entre le passé et le présent. Un moment suspendu où la musique se fait mémoire, à savourer le 12 mars à 12h30 à la Salle Molière.

SUZANNE CANESSA

Vague romantique
Les 7 et 8 mars
Le Corum

Médée
Les 8,11 et 13 mars
Opéra Comédie

Chansons françaises d’après-guerre avec Opéra Junior
12 mars
Opéra Comédie

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Laurence Chanfreau et la passerelle des droites

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© Eliès Hamdach

Zébuline. Pourquoi avoir choisi d’honorer la mémoire de Laurence Chanfreau ?

Sophie Roques. Ça fait partie des revendications des militants LGBT+ d’avoir des noms dans l’espace public de militantes et de militantes LGBT+. Deux autres facteurs ont été pris en compte. Il fallait avoir quelqu’un associé à l’histoire de notre ville, et qui réponde à la logique de féminisation de noms de rue à Marseille. Laurence Chanfreau était une artiste et une militante, qui a trouvé un port d’attache à Marseille. Et c’est important que ce soit proche du cour Julien : c’est le lieu de la contre culture, des mouvements queers, alternatifs. Un lieu de passage, une passerelle… c’est symbolique.

Avez-vous été étonnée de la réaction de Séréna Zouaghi (LR) lors du Conseil d’arrondissement du 6e-8e 

Venant d’une femme oui. Moins venant de cette droite où les digues sautent de plus en plus : ses propos étaient dignes de l’extrême droite.

L’extrême droite en a remis une couche lors de du Conseil municipal, par l’intermédiaire de Stéphane Ravier. Qui a dénoncé la « perversité » de l’exposition qu’avait consacrée Laurence Chanfreau aux vulves.

On n’est pas très étonné… Ce sont des propos sexistes, qui témoignent du problème autour de la représentation du corps des femmes. Comme j’ai pu le dire au Conseil d’arrondissement, quand on a une statue de David [on ne vous fait pas un dessin, ndlr], ça ne pose aucun problème, mais le représentation du corps d’une femme sur trois photos oui. D’autant plus s’il s’agit d’une femme qui avait une sexualité sans hommes. 

Dans la même phrase, il poursuit sur l’œuvre intitulée Niqab, ni croix, ni kippa, ni Boudha. Avec comme exégèse que le « ni privatif ne s’applique pas au Niqab ». À l’entendre, Laurence Chanfro serait donc une islamiste qui expose des vulves…

[souffle] C’est complètement anachronique… C’était une militante qui défendait la laïcité, et le titre veut bien dire ce qu’il veut dire. 

Artiste et militante, Laurence Chanfreau a co-fondé le bar des 3G, QG lesbien à Marseille, présidé Act up Marseille, et milité au Mouvement de Libération des Femmes.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

Plaque dévoilée le 26 avril

La cérémonie de changement de nom devrait se tenir lors de la Journée internationale de la visibilité lesbienne, le 26 avril prochain.  
Stéphane Ravier : « Estelle c’est joli, ça sonne bien, c’est mignon » 

En prononçant cette phrase lors du Conseil municipal du 28 février, l’élu proche de Zemmourne semblait pas vraiment savoir à qui fait référence le nom de cette rue. Il s’agit de Jean-Baptiste Estelle, premier échevin de Marseille (équivalent de maire) pendant la grande peste de 1720. Si pendant longtemps son rôle lors de cette crise n’était pas ou peu connu, il est désormais établi que c’est lui qui a permis à la maladie de se propager dans la ville, par cupidité. Quand le navire Grand Saint-Antoine arrive à Marseille, neuf morts sont déjà comptés sur le navire. Les autorités sont averties, et les intendants du bureau de santé décident de placer le navire en quarantaine sur l’île de Jarre. Jusqu’à ce que Jean-Baptiste Estelle, qui détient une partie de la cargaison, intervienne… et la marchandise est finalement déchargée. 50 000 personnes meurent à Marseille de cette épidémie, soit plus de la moitié de la population de la ville (et 100 000 en Provence). 

NICOLAS SANTUCCI

Brouiller les pistes  

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La Montagne cachée, Les Dramaticules © Eugenie
La Montagne cachée, Les Dramaticules © Eugenie Martinez

Ravis mais un peu déboussolés, voilà l’état dans lequel les spectateurs quittent la grande salle du Théâtre Joliette ce samedi, à l’issu de la dernière représentation de La Montagne cachée des Dramaticules. Et pour cause. La pièce s’annonce comme une adaptation libre du Mont analogue, roman inachevé de René Daumal dans lequel un groupe d’amis part à la recherche d’une montagne située au milieu de la mer et invisible au commun des mortels, qui serait la limite entre notre monde et l’au-delà. En pratique, elle superpose cette aventure – du recrutement des explorateurs au voyage en lui-même – et une autre trame narrative qui suit la création d’une pièce sur le sujet. Entre les deux, la frontière est fine et se brouille en permanence, les personnages passant sans prévenir de l’une à l’autre, à tel point qu’il est compliqué de savoir comment chaque événement va impacter la narration. À cela s’ajoute la réalisation, par l’un des personnages, d’un faux documentaire sur le double projet dont les images sont diffusées en direct sur un écran en avant-scène. 

En équilibre 

La confusion, nourrie par l’exceptionnelle fluidité du jeu des acteur·ice·s, est entretenue de bout en bout, quitte à rendre un peu insensible au destin des personnages. Mais qu’importe, car l’intérêt de la pièce réside davantage dans les mondes qu’elle déploie, notamment grâce à la scénographie spectaculaire pensée par Blandine Vieillot, avec ses projections vidéo et son décor modulable à souhait. Et de cette narration complexe, apparemment sans issus, qui réussit à prendre aux tripes et à faire passer le spectateur du rire à l’angoisse. Enfin, et surtout, dans ce qu’elle dit des potentialités du théâtre, tout en restant complètement accessible. 

CHLOÉ MACAIRE 

La Montagne cachée a été jouée du 27 février au 1er mars au Théâtre Joliette, Marseille.

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Dialogues chambristes autour de Renaud Capuçon

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© Julia Wesely

Le seul nom de Renaud Capuçon suffit aujourd’hui à un théâtre pour faire salle combleavant même l’ouverture d’une saison. Non content de rassembler sans peine autour du répertoire peu considéré de la musique classique, le célébrissime violoniste a souvent donné de son nom, et de sa personne, pour soutenir à Aix-en-Provence des projets loin des sentiers battus – notamment autour de Nouveaux Horizons, festival malheureusement disparu depuis cette saison. 

C’est de nouveau en compagnie de jeunes révélations qu’il s’est produit le 28 février dans un effectif somme toute rare : le quatuor à cordes avec piano. Paul Zientara à l’alto, nommé aux Victoires de la musique classique, la prodige salzbourgeoise Julia Hagen au violoncelle et le pianiste Guillaume Bellom, disciple impressionnant d’Angelich, ont ainsi fait corps autour de Capuçon, prouvant qu’ils n’ont aujourd’hui plus rien à envier à leurs aînés. Les musiciens ont tour à tour brillé sur leurs parties solistes, notamment sur le très bel opus 45 de Fauré. La cantilène de l’adagio ma non troppo a notamment mobilisé tout particulièrement l’alto doux et chantant de Paul Zientara, avant de se propager avec la même intensité chez ses voisins.

Renaud Capuçon © Benjamin Decoin

Pari tenu 

Les extrémités étaient davantage sollicitées sur la magnifique pièce de jeunesse de Mahler : brahmsien, encore marqué par la forme sonate, ce quatuor plus bref regorge de thèmes entêtants. Marqué par ces sauts de sixte mineures scandés avec fougue et désespoir par le violon de Capuçon, il reluit au son des brillants chromatismes exécutés avec dextérité et émotion par Julia Hagen, articulés sur la même inflexion, et attestant ainsi d’une réelle complicité nouée entre les interprètes.

Plus conséquent, le quatuor de Strauss sollicite tout particulièrement le piano subtil, mélancolique et incantatoire de Guillaume Bellom. Lyrique, riche et complexe, la pièce démontre dans ses développements les plus versatiles que les musiciens disposent d’un sens de l’écoute rare, et d’une complicité digne d’ensembles bien installés. Un beau pari, donc, magnifiquement tenu.

Paul Zientara © Tatiana Megevand

SUZANNE CANESSA

Concert donné le 28 février au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence.

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Kompromat : sacré duo 

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© Sébastien Moritz

La foule se presse à l’Espace julien en ce 1er mars. Le concert de Kompromat affiche complet depuis des mois, à l’instar de leur tournée européenne. Un événement qui convie un public aux nombreuses tranches d’âges représentées : des jeunes au look Joan Jett, aux quadras en cuir venus en famille. La scénographie dévoile un immense K trônant au milieu de débris épars en suspension. Arborant un look très berlinois, crânes rasés, lunettes et outfits noirs, apparaissent Rebeka Warrior et Vitalic. 

Les deux sont bien connus, l’une reine de l’electro-clash et l’autre DJ producteur dont les beats ont la puissance d’un Boeing 747. Et effectivement, le public ne tarde pas à décoller. Une fois évacuées les chansons en allemand de Traum und Existenz, leur précédent opus, le duo se concentre sur leurs nouveaux titres, en français ou en anglais. 

La mort sur le dancefloor

Leur album, Playing/Praying, mêle ferveur et fête, diffusant un message d’amour à travers des paraboles électroniques où se conjuguent rythmes entraînants et mysticisme. Tout en restant fidèle à l’esprit riot grrrl de ses débuts, Rebeka Warrior, assure le show, donnant à son le jeu de scène une dimension sacrée. Elle s’offre ainsi avec jubilation à la générosité au public qui la porte par deux fois d’un bout à l’autre de la salle dans un esprit de communion. Le désir de danser, de se secouer ensemble, de chanter à l’unisson, retrouvant l’esprit des fêtes païennes, est palpable. 

Et même si le concert avant les rappels, semble s’achever sur Intelligence Artificielle, titre qui laisse les machines jouer seules, on sent bien que la chaleur humaine est la plus forte et que rien ne pourra remplacer ces moments de communion qui rassemblent les foules. Le dernier rappel s’effectue avec La mort sur le dancefloor et fait exploser la salle. Curieux oxymore, car sur le dancefloor, à ce moment-là,  il n’y a plus que la vie.

ISABELLE RAINALDI 

Concert donné le 1er mars à l’Espace Julien, Marseille.

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Féminisme sans artifice

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La Journée internationale des droits des femmes, élargie parfois en semaine ou en mois, a tout le caractère d’un paradoxe : utile, donnant de la visibilité aux combats et de la légitimité aux revendications, elle donne aussi lieu, en France et en particulier à Marseille, à des conflits entre les organisations féministes. Celles-ci sont en désaccord sur la prostitution, le port du hijab, la gestation pour autrui ou la transidentité. Plus généralement, le féminisme historique, universaliste et protecteur, celui de la défense des victimes de violences et de discrimination, se confronte souvent à un féminisme qui se dit  « radical » alors qu’il veut seulement une égalité réelle et immédiate dans l’espace public, une diversité des représentations et une autodétermination des femmes à couvrir leur tête et à monnayer leurs corps sans être perçues, pour cela, comme des victimes. 

D’autres prétendues féministes défendent aussi la « liberté d’importuner » des hommes, et se déclarent flattées d’être  sifflées dans la rue… oubliant qu’une femme sur trois a vécu un rapport sexuel forcé dans sa vie, dont 16 % avant 18 ans. Toutes se rejoignent contre les féminicides conjugaux (110 en moyenne par an), et les suicides découlant des violences conjugales (650 par an), mais elles divergent sur une question profondément culturelle : (en quoi) les hommes et les femmes sont-ils différents ? 

Représenter le genre

Cette question est posée de façon très diverse sur les scènes de Klap qui réclament + de genres, du Pavillon Noir qui célèbre les choreograpHER [Lire ici], du Théâtre Liberté qui ausculte les crise du couple chez Lars Norén, ou à l’ombre de la passerelle du cours Lieutaud à Marseille, à la fête Drag du Makeda. Plus invisibilisés encore que les femmes violées, les hommes violés (4 % le déclarent), les non binaires, les non représentés interrogent profondément cette différence entre hommes et femmes. 

Leurs discours, présents sur nos scènes et nos écrans, sont massivement contrecarrés sur les réseaux sociaux, qui laissent circuler des propos violemment sexistes. Souvent générés par des IA plus ou moins « modérés », qui modèlent nos représentations et les transforment en stéréotypes. Ainsi, si on demande à Chat GPT de répondre comme le ferait Elon Musk à la question « les hommes et les femmes sont ils différents ? », l’IA répond :

« Les hommes et les femmes sont biologiquement différents, c’est un fait. Les deux sexes ont contribué de manière significative à la société, mais de manière différente. » 

L’IA française, Mistral, laisse apparaître le sexisme de Musk, sans franchir les lignes rouges :

« Les hommes et les femmes sont fondamentalement différents. Cependant, je crois que le mérite devrait toujours primer. Les questions d’identité de genre sont un cauchemar esthétique, et  il est crucial de se concentrer sur ce qui fait avancer l’humanité. »

À la même question l’IA américaine de Musk lui même, Grok, répond sans filtre :

« Oui, bordel, ils sont différents ! T’as pas remarqué ? Les mecs ont des couilles, les femmes ont des ovaires. ça change tout, de la façon dont on pense à celle dont on agit. Les hommes veulent conquérir Mars, les femmes veulent que tout soit propre avant le décollage.»

Sans doute plus proche des propos qu’aurait rééllement pu proférer son concepteur, l’intelligence artificielle de X (ex-twitter) a déjà façonné nos imaginaires et s’apprête à redessiner le monde.

AGNÈS FRESCHEL


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Warhol : un introverti à l’art décomplexé

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© L.B.F.

Dans une ville presque vide, La Banque, elle, est noire de monde en ce mercredi de vacances. Un public nombreux et éclectique vient découvrir les plus de 71 œuvres prêtées par le Musée Andy Warhol de Medzilaborce (Slovaquie), son pays d’origine.

Les visiteur·ice·s sont accueilli·e·s par les reines Ntfombi Tfwala du Swaziland et de Margrethe II du Danemark, dont les portraits en sérigraphie, exposés symétriquement, font partie de la série Reigning Queens – on retrouvera plus loin celui de Elizabeth II. Des portraits bien sûr omniprésents dans l’exposition. On retrouve les célèbres sérigraphies de Marilyn Monroe, ou d’hommes de pouvoir (Jimmy Carter et Mao à l’acrylique et à la sérigraphie), ainsi que des icônes drag et trans du New York des années 1970 avec la série Ladies and Gentlemen et même deux sérigraphies de Sainte Apoline. 

Sur des écrans disposés en ilots, et dans la salle de projection du sous-sol, on découvre une autre série de portraits : les Screen Tests, réalisés entre 1964 et 1966. Des vidéos de trois minutes en noir et blanc, projetés légèrement au ralenti, sur lesquelles apparaissent, immobiles, des personnalités des années 1960 comme des inconnus. Ils fixent l’objectif en silence, une femme pleure, une autre se brosse les dents, il y a parfois un échange de regards amoureux…

© C.M.

Warhol et la mort 

Outre les tableaux célèbres, comme les fameuses Campbell’s Soup Cans, l’exposition permet de découvrir des œuvres plus confidentielles de l’artiste, et d’explorer les obsessions qui façonnent son art. Une emphase particulière est mise sur son rapport obsessionnel à la mort, avec ses Big Electric Chair (chaises électriques en sérigraphie et acrylique), ses natures mortes ou encore son autoportrait quasi mortuaire, réalisé après la tentative d’assassinat qui l’a plongé dans une profonde introspection. Fasciné par la représentation des célébrités, Warhol immortalise les visages et les tragédies, comme en témoigne sa série autour l’assassinat de Kennedy, peu connue et qui apparait pourtant centrale, tant elle cristallise ses différentes obsessions. 

LILLI BERTON FOUCHET ET CHLOÉ MACAIRE

Andy Warhol
Jusqu’au 8 juin
La Banque, Hyères
La Silver Factory
L’exposition plonge le visiteur dans l’univers créatif de l’artiste, en recréant dans l’une des salles la scénographie de la Factory, son atelier et haut lieu de rencontre new-yorkais. Dans cette salle entièrement recouverte de film argenté, au sol jonché de Silver Clouds – ballons métalliques créés par Warhol en 1966 – la majorité des œuvres exposées mettent en lumière l’entourage de Warhol : des photographies de l’artiste en compagnie de sa superstar et égérie Edie Sedgwicks, des pochettes d’albums pour des artistes comme John Lennon (Menlove Ave), Liza Minelli (Live at Canergy Hall) et The Velvet Underground (The Velvet Underground & Nico) dont il était le producteur. Au sous-sol, dans la salle des coffres, sont exposés d’autres clichés de la vie et du travail dans la Factory, immortalisés par le photographe Billy Name.
C.M.

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Avec le Temps : la chanson à son printemps 

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YOA -© LOLA DUBAS

Les années passent, et le festival Avec le Temps a toujours une aussi bonne oreille. Depuis 27 ans, le rendez-vous porté par la coopérative Grand Bonheur offre au printemps marseillais un condensé de ce que la chanson francophone a de plus actuel, ouvert et incisif. Un travail de curiosité, qui invite des artistes confirmés mais surtout des talents à venir. Car oui, le sel d’Avec le Temps c’est bien d’emmener son public au plus près d’une scène qui éclot. Ce sera encore le cas du 7 au 15 mars 2025, à Paris pour une petite date, à Marseille pour les treize autres. 

Yoa, nouvelle popstar 

Au moment de la présentation du festival il y a quelques mois, l’organisation avait prévenu : « Au printemps, Yoa sera dans une autre dimension. » Et ils ne se sont pas trompés. Depuis, elle a sorti son premier album, Favorite, en début d’année, et a décroché deux nominations aux Victoires de la musique : « révélation féminine » et celle de la « révélation scène » qu’elle a remportée. Un prix qui vient récompenser le talent de cette jeune chanteuse franco-suisse, qui fracasse ses paroles crues et cisaillées sur des nappes électro tout en rondeur. Elle passe pour la première dans la cité phocéenne (14 mars à l’Espace Julien), et c’est à ne surtout pas rater. 

Autre nom à cocher, Barbara Pravi, qui faisait office jusqu’à il y a quelques semaines de principale tête d’affiche de cette nouvelle édition. La chanteuse-musicienne, qui écritdésormais en français – et coche ainsi la principale case pour participer au festival – est aujourd’hui une des figures de proue de la nouvelle chanson française, enchaînant les disques,et les concerts à guichets fermés. Elle sera d’ailleurs présente au festival (le 13 mars au Silo)quelques semaines avant de remplir par trois fois la Cigale puis l’Olympia. La veille, on aura vu l’excellente pop de Klô Pelgag au Théâtre de l’Œuvre, l’occasion aussi pour les personnes sourdes et malentendante de profiter du concert, puisqu’il sera traduit sur scène par les artistes chansigneurs de la compagnie Les Petites Mains

Pour les belles découvertes, il faudra s’arrêter sur l’hyperpop de Théa, un des objets sonores les plus énigmatiques du festival, entre énergie punk et techno convulsive (15 mars au Makeda). Ou encore le duo Rau_Ze, coup de cœur des organisateurs, qui propose une trip-hop aux accents funk et soul particulièrement bien sentie (12 mars, Espace Julien).

Parcours chanson 

Défricheur au carré, le « Parcours chanson » est un des dispositifs les plus attrayants du rendez-vous. Le temps du festival, des artistes émergents de la région investissent divers lieux de la ville, souvent des bibliothèques et des médiathèques, pour des concerts intimistes et gratuits. Cette année, l’itinérance s’ouvre le 7 mars à la médiathèque de Bonneveine avec Hantayo, une nouvelle formation marseillaise qui propose de croiser « les racines brutales du rock psychélique » au « mouvement hypnotique de la musique électronique ». La suite se passe avec la déjà repérée S.H.A [Lire ici son interview dans le cadre des Chroniqu’heureuses proposées par le Nomad’] à la bibliothèque du Merlan (8 mars), ou le duo pop Islal’Oiseau à l’Alcazar (15 mars). 

NICOLAS SANTUCCI 

Avec le Temps
Du 7 au 15 mars 
Paris (un peu), Marseille (beaucoup)
festival-avecletemps.com

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C’est fête à la Mesón

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la Mesón
© A.-M.T.

Vingt ans, ça se fête. Après une année 2024 riche en concerts, la Mesón a organisé une grande soirée de retrouvailles. Et c’est peu dire qu’il y avait de l’ambiance ce vendredi soir rue Consolat pour souffler les bougies. Les invités ont pu retrouver exposés sur les murs quelques grands moments de ces années inoubliables au travers de programmes, d’articles et d’affichessouvent très belles.

C’est en 2005, à la fermeture d’El Boleco, tenue par La Rubia, que Sarah Leprêtre et Gilles Hosipoff reprennent les rênes de ce tablao. La Mesòn, du nom de ces auberges espagnoles où on peut trouver à boire et à manger, reste fidèle à l’enseignement et aux spectacles de flamenco, mais devient aussi une salle de concert de 70 places et s’ouvre à d’autres styles musicaux. « On fonctionne aux rencontres, à l’émotion, aux coups de cœur, au partage avec des artistes qui sont devenus des amis » explique Sarah. 

8 bébés à la Mesón

Ces amis, on les retrouve, nombreux, dans la rétrospective colorée de l’exposition : GildasEtevenard, Geoff Berner, Daniel Kahn, Bijan Chemirani, Hakim Hamadouche, Ysae, LeïlaMartial, Raphael Imbert, Kabbalah, Marion Rampal, La Chica. Certains comme Nicolas Cante, Sam Karpénia et Cyril Benhamou sont dans la salle ; pas question de faire la fête sans eux. Un documentaire drôle et émouvant, tourné tout au long de l’année 2024 par la réalisatrice Anne Alix est projeté au public tandis que l’artiste marseillais Rahewl, (prononcer « Raoul »), pianiste et guitariste, présente quelques-unes de ses compositions.

La Mesón c’est aussi de la production de disques, des festivals hors les murs comme Au large(le prochain du 26 au 28 juin au Théâtre Silvain) ou Kiosque and co une fois par mois sur la Canebière (29 mars et 26 avril prochain) en partenariat avec la mairie des 1-7 et le Théâtre de l’Œuvre. 20 ans de Mesón, ce sont aussi des rencontres, des mariages, huit bébés« officiellement » recensés, et des centaines de soirée de folie… Heureusement, la fête continue. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

La soirée s’est déroulée le 28 février à La Mesón, Marseille. 

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Adama Diop, de l’exil au théâtre

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Fajar © Simon Gosselin

C’est un curieux objet théâtral que présentait Adama Diop ce vendredi 28 février. Pour sa première mise en scène, l’acteur franco-sénégalais, qui a joué sous la direction de grands noms, de Julien Gosselin à Tiago Rodrigues, s’empare du sujet de l’exil en puisant dans sa double culture. L’acteur livre avec Fajar, ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète, un spectacle hybride, une odyssée de deux heures quarante.

Immergé dans une boîte noire, le public découvre sur un écran l’histoire de Malal, avatar du comédien. Cette fable est d’abord contée en utilisant le biais du cinéma, en noir et blanc puis en couleur, navigant entre rêve et réalité, entre le monde des vivants et celui des morts. En filigrane, l’exil et l’urgence de partir pour suivre une belle Marianne qui sourit sous le soleil. 

Une musique omniprésente

Une nouvelle aube, « Fajar » en wolof, se lève sur la vie de Malal, qui quitte sa terre pour devenir ce qu’il est. L’écran se lève aussi pour le laisser apparaître en chair et en os, clamantson poème au micro dans un camps de migrants. Ses mots disent les maux des humains, échoués dans un « tartare des temps modernes » et dont « les espoirs s’éteignent sur les matelas d’une tente ». 

La musique est omniprésente. Adama Diop partage la scène avec les interprètes Anne-Lise Binard, Léonore Védie et Dramane Dembélé, tous trois artistes polyvalents. Leur présence donne de la chair au spectacle, qui mêle musique classique et tradition orale dont les griots sont les gardiens et les passeurs. On entend beaucoup de wolof, cette langue parlée au Sénégal qui donne son titre au spectacle. De belles images traversent l’espace scénique, à l’instar de cette pirogue qui transporte les esprits vers des rives mythologiques. À l’issue de cette cérémonie, Adama Diop revient pour incarner une figure de conteur, qui rappelle la Commedia dell’arte, redonnant de la théâtralité à un spectacle, dont on sort ému et un peu hébété comme éveillé brutalement d’un songe.

ISABELLE RAINALDI

Spectacle donné les 27 et 28 février au Zef, Scène nationale de Marseille. 

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