mercredi 17 décembre 2025
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Une soirée où c’est le public qui choisit, voilà ce que propose Thomas Lebrun et les danseurs·euses de la formation Coline. Le programme se décline comme un « menu » : un jukebox chorégraphique composé d’une trentaine de titres allant des années 1940 aux tubes des années 80 jusqu’aux hits de la pop d’aujourd’hui. Les six danseurs improvisent alors, en solo, duo ou en groupe et se laissent guider par l’ambiance de chaque nouveau morceau.

En amont, le public aura l’occasion de découvrir le 7e projet que Thomas Lebrun crée pour Coline, rejoint par deux étudiants danseurs de la LAK – Latvian Academy of Culture – et les 14 apprenti·es de la session 2024-2026.

L.S.

13 novembre

La Garance, Scène nationale de Cavaillon

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Ok Boomons et Hand Pop

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Ok Boomons ! © Scopitone et cie

C’est la Journée des enfants du festival En Ribambelle ! à La Criée, qui se met au rythme du corps et du son avec deux propositions pleines d’énergie signées Scopitone & Cie, compagnie qui aime croiser les disciplines et les imaginaires. Hand Hop (17h – dès 5 ans – entrée libre) mêle théâtre d’objets et breakdance pour raconter, avec humour et virtuosité, la rencontre entre deux univers : celui des mains qui manipulent, et celui des corps qui tournent, bondissent, défient la gravité. Une performance ludique et poétique, où chaque geste devient musique, chaque objet devient partenaire de jeu. Et juste après, Ok Boomons ! (17h30 – dès 5 ans – entrée libre) qui transforme le plateau, dans un décor vintage plongeant dans l’ambiance des années 1990, en une véritable piste de danse. Aux manettes, des marionnettes DJ !

M.V.
15 novembre
La Criée, Théâtre national Marseille

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Attraper l’ange

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Attraper l’ange © Christophe Raynaud de Lage

Alice a grandi dans l’ombre lumineuse de ses parents, deux artistes qu’elle admire sans mesure. Elle voudrait, elle aussi, brûler de la même flamme, mais le talent lui échappe, l’élan se dérobe. C’est de ce vertige, de ce désir d’être à la hauteur, que naît Attraper l’ange, le nouveau seule en scène de Geneviève de Kermabon : une plongée dans les coulisses de la création et du doute. À partir d’entretiens menés avec une trentaine d’artistes – parmi lesquels Ariane Ascaride, Charles Berling, Catherine Frot, ou Denis Lavant – la comédienne et metteuse en scène invente le récit d’Alice, son double imaginaire et celui de toutes celles et tous ceux qui cherchent leur place sous les lumières. Un solo, où elle incarne tour à tour la fille, les artistes, les fantômes de la scène et de la mémoire.

M.V.
14 novembre
Théâtre des Halles, Avignon

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John Maus

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Parmi les belles surprises de l’année à l’Espace Julien, il y a le passage d’un artiste rare ce 15 novembre. Apparu sur scène à la fin des années 1990, l’Américain John Maus n’est pas vieux mais est déjà une vraie légende de la synth-pop. Notamment pour ses deux albums mythiques Songs (2006) et Love is real (2007), qui avaient fini d’asseoir sa notoriété dans le milieu des musiques alternatives.

Également docteur en philosophie politique, il s’est pourtant illustré en utilisant des boites à rythmes et des synthés des années 1980 pour écrire une musique pop, faite d’arpèges languissants, frisant avec le VU-mètre et l’énergie punk. À suivre avec intérêt aussi, la pop métissée de Sarah Maison pour ouvrir la soirée.

N.S.

15 novembre

Espace Julien, Marseille

KIKA, dominer sa vie, dominer sa peine

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Kika est en retard. Le matin, pour accompagner sa fille à l’école. Le soir pour la récupérer. Au boulot, où en tant qu’assistante sociale, elle subit la pression de la détresse humaine face aux procédures administratives et à la pénurie. Kika ne domine rien. Ni son emploi du temps ni le coup de foudre qui l’enflamme.

Kika (Marion Clavel) rencontre David (Makita Samba). Elle est mariée. Il a une copine. Mais l’attraction est irrésistible. Après deux mois d’idylle, Kika et David cèdent à leur désir dans une chambre rouge boxon qui se loue à l’heure. Et on les retrouve quelque temps après installés ensemble.
C’est ici que la délicieuse comédie romantique – de celles qui font fondre, se pimentent d’humour et mettent en scène la maladresse amoureuse, s’arrête brutalement. David meurt. Kika n’a pas les moyens de conserver l’appartement qu’ils occupaient. Aura-t-elle assez de forces pour garder le bébé qu’elle porte ? Elle, qui dans son métier passe son temps à trouver un toit et des aides à ceux qui en ont besoin, se retrouve enceinte, fauchée, avec un enfant, et sans domicile. Hébergée par sa mère et son beau-père, « gentils » mais insupportables et névrosés.

Coup de fouet

Les jeux du hasard, pour le meilleur et pour le pire, ficèlent à la perfection ce scénario que la réalisatrice a écrit avec Thomas Van Zuylen : Kika par un concours de circonstances – et une culotte sale, se retrouve dans une filière sadomasochiste. De dominée, elle devient dominante, procurant une douleur jouissive et mesurée à des inconnus en détresse contre de l’argent. Sa propre douleur d’un deuil trop grand, trop soudain, trop injuste, reste en elle. Et elle la porte comme son enfant, au fond de son ventre. Son initiation au travail de « Maîtresse » par des professionnelles amicales ne manque pas de drôlerie. Kika, à l’air d’institutrice, bienveillante et polie, , s’étonne des demandes de ses « clients » :  face sitting, scatologie, fisting, gode-ceinture, fessée, flagellation, humiliation verbale … Fondées sur une recherche documentaire, toutes ces séquences sonnent juste et mettent en écho les chagrins et les désarrois de chacun. Sans voyeurisme, sans jugement moral, on approche le sens politique et humain de ces échanges monnayés. Axelle Poutine la documentariste aime les gens. Axelle la réalisatrice de fiction, ses personnages. Malgré la gravité du sujet, elle donne à la vie, sa drôlerie, sa lumière et sa chance. Une balade à bicyclette ouvre le film dans une image saturée de soleil jusqu’au flou, une autre le fermera.

La trajectoire du film, en ellipses et dérapages, épouse celle de l’héroïne cabossée.

Au fil des rencontres, entre rires et larmes, se dessine le portrait d’une femme attachante, vulnérable mais forte, incarnée avec une justesse inouïe par Marion Clavel dont la voix de contralto vibre longtemps dans l’oreille.

ELISE PADOVANI

Kika d’Axelle Poukine

En salles le 12 novembre

© Condor Distribution

Sète : Biennale des Arts de la scène en Méditerranée

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A place of Safety © Luca Del Pia

A Place of Safety 

En juillet 2024, les metteurs en scène, auteurs et acteurs italiens Enrico Baraldi et Nicola Borghesi, fondateurs de la compagnie Kepler-452, ont embarqué sur le navire Sea-Watch 5 afin de documenter de l’intérieur les missions de sauvetage en Méditerranée centrale. Leur immersion auprès des « humanitaires », des « migrant·es » secouru·es et des équipes d’intervention marque le point de départ de A Place of Safety – Voyage en Méditerranée centrale dans lequel les expériences vécues à bord, entre urgence, impuissance, solidarité et bureaucratie, servent de matériau brut.
Un spectacle créé au Teatro Arena del Sole de Bologne en février dernier, présenté pour la première fois en France ces 13 et 14 novembre au Théâtre des 13 vents dans le cadre de la Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée.

Un théâtre documentaire engagé
A Place of Safety se présente comme une « pièce documentaire », interprétée sur le plateau par Nicola Borghesi et par les membres de la mission eux-mêmes, refusant la posture victimaire simplificatrice, préférant mettre l’accent sur la complexité du contexte : des vies en suspens, des frontières fermées, des choix difficiles.
Le spectacle pose la mer comme frontière mobile, entre vie et mort, entre exil et refuge, entre engagement et impuissance. Transformant le plateau en un lieu de témoignage direct, grâce à un dispositif scénique qui mêle voix, fragments documentaires, langues multiples, le public est invité à ressentir la fragilité des trajectoires humaines, la tension entre l’attente et l’intervention, et l’énigme d’une mer à la fois usage, enjeu et témoin.
Un spectacle en italien, anglais, portugais surtitré en français, dont la représentation le jeudi 13 sera suivie d’une rencontre avec l’équipe artistique.

13 et 14 novembre
Théâtre des 13 vents, Montpellier

Boujloud (L’homme aux peaux)

Menant une enquête sur le consentement au Maroc pour créer un spectacle documentaire, Kenza Berrada rencontre Houria, femme marquée par une agression sexuelle subie dans l’enfance, concluant son récit par un violent et fatal : « C’était comme ça à l’époque ». Une question s’impose alors à l’artiste : mais quand finit cette époque ? 
Pour dire l’indicible, l’artiste convoque Boujloud, figure rituelle du Rif et du Haut-Atlas occidental. Couvert de peaux, moitié homme moitié bête, Boujloud surgit chaque année après l’Aïd pour incarner la force vitale du passage, de la mue. Dans son spectacle, cette figure devient le véhicule d’une mémoire enfouie : elle porte les voix tues, les blessures transmises, les colères rentrées, transmises de génération en génération.

7 et 8 novembre
Domaine d’O, Montpellier
Boujloud © Hélène Harder

Et tout est rentré dans le désordre

Avec Et tout est rentré dans le désordre, Julie Benegmos et Marion Coutarel, de la Compagnie Libre Cours, proposent une traversée poétique et politique des pratiques funéraires d’aujourd’hui. Leur point de départ : une enquête menée auprès de celles et ceux qui cherchent à réinventer les rites de la mort, à redonner sens et humanité à ces passages souvent confisqués par le rationalisme ou le marché.
Le spectacle oscille entre théâtre expérimental, documentaire et fiction, explorant le potentiel transformateur des rituels. Sur scène, un rituel se compose, à la fois grave et joyeux, entre documentaire et célébration symbolique. Les spectatrices et spectateurs deviennent témoins d’une tentative de réconciliation avec la mort, d’un partage sensible où le désordre devient lieu de transformation.

7 novembre
Théâtre municipal Jérôme Savary, Villeneuve-lès-Maguelone

13 novembre
Théâtre Molière, Sète
Et tout est rentré dans le désordre © Alban le Goff

Necropolis

Le danseur, chorégraphe et artiste visuel Arkadi Zaides se penche sur les milliers de migrants disparaissant depuis une trentaine d’années aux frontières de l’Europe. Seul en scène, s’appuyant sur la liste minutieusement tenue depuis 1993 par l’organisation United, il se tient face à un ordinateur et à la projection d’une carte du continent, en faisant émerger une cartographie des vies perdues dans les flots, les déserts, les zones d’attente et les marges administratives.
Un geste, un clic, un nom : chaque point lumineux correspond à une mort. Au fil de cette conférence performée, associant investigation du territoire et enquête médico-légale, l’artiste transforme la donnée brute en un rituel d’attention, cherchant à incarner les noms de celles et ceux à qui l’on a refusé toute identification, après la mort.

12 au 14 novembre
Théâtre de La Vignette, Montpellier
NECROPOLIS © Eike Walkenhorst

La Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée est initiée par le Théâtre des 13 vents – CDN Montpellier et un vaste réseau de partenaires

MARC VOIRY


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Alès fait son cirque

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Cie Le Polpesse © GREGOIRE GISSELMANN

«Faites le cirque, pas la guerre» est le slogan de cette nouvelle édition portée par La Verrerie, Pôle National des arts du cirque d’Alès. Pendant un mois, compagnies et artistes occupent joyeusement le territoire en proposant un large panel d’arts vivants. Si le coup d’envoi est donné cette semaine dans le Gard, l’événement se tiendra les semaines suivantes dans l’Hérault, la Lozère et l’Aude. Au total, sur le mois, le festival accueille 26 spectacles pour 73 représentations, dans 44 lieux de la région.

Deux têtes d’affiche

Pour cette première semaine gardoise, les spectacles Strano et Yongoyély sont en tête d’affiche. Deux visions du cirque différentes et singulières.

Voyageant toujours avec son chapiteau, le Cirque Trottola sillonne la France depuis maintenant près de deux décennies. Adepte de la voltige et des cascades, il offre au public gardois son nouveau spectacle, Strano. La création, où sont convoqués clowns, acrobates,  trapézistes, offre pourtant un joli moment de répit : passé le pas de leur chapiteau, le temps se distord et propose un sas de déconnexion du monde moderne. Les cinq représentations à l’Espace Chapiteau de la Verrerie seront suivies d’autres à Montpellier et dans plusieurs villes des environs. 

L’autre moment fort de cette semaine est la venue du Circus Baobab qui, après le succès de en 2022, revient avec Yongoyély. La création portée par six femmes et trois hommes, guinée·enes, nous embarque avec eux arpenter les rues de Conakry, dénonce la circoncision (Lire ici) et guide les acrobaties, notamment au mât chinois et à la barre russe. Il se jouera les 8 et 9 novembre au Théâtre Éphémère à Alès, avant d’entamer une tournée jusqu’à Montpellier.

STRANO © Fanchon Bilbille

Le cirque à taille humaine

Alès reste l’épicentre du début du festival en recevant notamment des créations et et des avant-premières.

Le 8 novembre, la compagnie Le Polpesse invite le public dans une ambiance intimiste avec sa toute nouvelle création Attention à ta tête au Pôle culturel et scientifique d’Alès. Sur scène : trois jongleuses, une baignoire, onze massues et plus d’une centaine de balles. À la lisière de l’absurde, ce spectacle place l’attention non sur la réussite mais sur le chemin à parcourir. Le même soir, La Verrerie reçoit sur sa scène une drôle de curiosité; un objet géant de plus de six mètres de haut. Jonathan Guichard et Lauren Bolze tentent de s’approprier ce gigantesque agrès et proposent une réflexion autour de l’équilibre à travers Thaumazein

Les découvertes s’enchaînent… Les 11 et 13 novembre, le Pôle culturel et scientifique de Rochebelle accueille Un instant, une création qui traite du rapport au temps. Entre jeux d’équilibres et portés acrobatiques, les deux artistes nous embarquent dans un voyage hors du temps.

Toujours à Alès, au Théâtre Éphémère les 12 et 13 novembre Cloche est porté par l’Association des Clous.Cette création mêle les disciplines artistiques : un trio musical  accompagne le circassien Rémi Luchez dans une proposition un brin décalée… Enfin, le 12 novembre se joue Backstage. Entre spectacle et réflexion, Backstage est avant tout l’histoire de deux ami·es, deux artistes aux chaussures bien abîmées par les kilomètres parcourus, qui partagent leurs routines d’échauffement et leur générosité une heure avant l’entrée en scène de leur duo acrobatique.

À Alès, mais pas que…

Si Alès reste l’épicentre de la semaine, de nombreux spectacles animent ailleurs cette semaine gardoise. Le 12 novembre, Léo Rousselet présente en avant première son spectacle Éclipse à Nîmes. Un seul-en-scène où l’artiste évolue dans un décor minimaliste et incarne un personnage minutieux, sans cesse dérangé par une ficelle d’interrupteur. Une performance où sa balle de jonglage devient sa seule boussole. 

Edouard Peurichard et Thomas Martin quant à eux sont guidés par une télévision. Nous on n’a rien vu venir questionne notre rapport au numérique et à nos addictions. La dystopie des paillettes du Cirque Bâtard quant à elle sonde, «la douce folie de notre indomptable envie d’être encore vivant·es». Enfin, fidèle à ses habitudes, la compagnie Stacevit propose Ocre, une performance à la croisée des disciplines artistiques où «le rythme affronte l’acrobatie et l’équilibre enlace la batterie». De ce mélange naîtront des créatures déstructurées…

Carla Lorang

Temps de cirque
Jusqu’au 10 décembre
Divers lieux, Alès, Gard, Lozère, Hérault et Aude

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Temps de cirque : Un homme blanc peut-il parler d’excision ? 

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Circus Baobab, Yongoyeli © Thomas OBrien

Circus Baobab soulève l’enthousiasme du public par ses numéros d’acrobates époustouflants, la combinaison de chants traditionnels, de danse krump et d’agrès spécifiquement africains, comme les mâts en bois souples sur lesquels se fonde l’essentiel de Yongoyély. Comme les autres spectacles, il a été accueilli par une salle comble applaudissant debout des artistes formidables. 

Pourtant Yongoyély /L’exciseuse fait naître un malaise. La lutte contre la domination multifactorielle des femmes racisées porte une revendication claire : c’est aux femmes racisées d’en parler et non aux femmes blanches, et moins encore aux hommes blancs. Dans notre société si prompte à regarder les hommes noirs avec frayeur et les femmes noires avec condescendance, sont-ils les plus aptes à parler de l’excision ?

Déconstruire les représentations 

Comment, alors, parler de violences faites aux femmes racisées dans un spectacle ? Sans doute en leur laissant le faire. Lorsque Germaine Acogny transmet ses solos, que Dada Masilo transfigure Carmen, que Rebecca Chaillon joue Carte noire nommée désir ou Bintu Dembelé danse Les Sauvages de Rameau, le regard est naturellement juste. Sans trimballer les résidus de représentations imprégnées de siècles de domination, comme le fouet pour représenter l’excision… 

Au-delà de Yongoyély, quelques représentations nécessitent d’être déconstruites en cette journée des Droits de la femme, pour éviter que les racistes ne fassent retomber le poids des mutilations sexuelles sur la sauvagerie supposée des hommes noirs. 

Qui excise ? 

Le pays où les femmes demeurent le plus systématiquement excisées est l’Egypte (96% des femmes), et nombre de pays d’Afrique subsaharienne ont concrètement renoncé à ces mutilations depuis suffisamment longtemps pour qu’elle soit résiduelle, présente seulement chez les femmes âgées (5% des femmes sont excisées au Togo, en Ouganda ou au Congo, elle n’est pas pratiquée aux Comores, à Madagascar ou au Rwanda) alors qu’elle augmente notablement en Indonésie (50% de femmes mutilées). 

Les mutilations gynécologiques ne sont pas réservées aux musulmans ou aux animistes, puisqu’au Mali les chrétiens la pratiquent tout autant. L’excision et l’infibulation préexistaient à l’Islam, puisqu’on en trouve des traces dans l’Egypte antique et l’Empire Romain. Elles ont été généralisées durant la traite négrière, en particulier l’infibulation, c’est à dire la couture des grandes lèvres, pour donner plus de prix aux esclaves et réserver leur usage sexuel aux Maîtres. 

Elle est interdite en Guinée, et pratiquée autant à Conakry que dans les villages, dans des centres de santé, sans répression dans les faits. 90% des Guinéennes sont aujourd’hui excisées. Elles sont mutilées par des exciseuses entre 5 et 9 ans, et la pratique diminue peu. 

AGNES FRESCHEL

Yongoyély 
Du 6 au 28 novembre
Bagnols-sur-Cèze, Alès, Montpellier

Yongoyély a été créée à Marseille dans le cadre de la Biennale Internationale des Arts du Cirque  

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La raison cartographique

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« La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre. » La formule d’Yves Lacoste, souvent citée, parfois détournée, semble plus que jamais d’actualité, à l’heure où le tracé des frontières semble se creuser. La carte découpe, délimite, hiérarchise : elle marque les lignes de pouvoir, dans nos corps comme dans nos lois.

À l’Assemblée, la droite, le RN et Horizons ont voté main dans la main la fin de l’accord migratoire franco-algérien de 1968. Une alliance se prétendant, comble de l’inacceptable, « républicaine », circonscrit les Algériens dans le rôle d’un interlocuteur docile et malléable. Pire encore : elle se défait de toute ambition réparatrice et de toute responsabilité quant à la spécificité des rapports entre l’Algérie et la France. Balayées, ainsi, les décennies de violence et d’impuissance de ces nombreux travailleurs précaires, et de leurs familles fragilisées. Dans ses répercussions administratives redoutées comme dans sa symbolique d’un révisionnisme despotique, le vote du 30 octobre constitue une faute historique et morale. 

La France efface et recompose la carte de relations pour s’y redonner un rôle respectable. Et dans ce geste, on mesure combien la géographie sert encore à faire la guerre des mémoires.

D’un récit à l’autre

De l’autre côté de l’Atlantique, Donald Trump menace les habitants de New York de sécheresse budgétaire si la ville ose élire un maire démocrate, qui plus est racisé. Une autre cartographie autoritaire se dessine : celle d’un pouvoir fédéral écrasant toute opposition, et dressant ses « bons citoyens » contre les « villes ennemies ». Non content d’avoir installé son parti à la tête du pays, de sa Cour suprême, de son Sénat et de sa Chambre des représentants, le président pourtant le plus impopulaire de l’histoire de son pays rêve de confisquer aux villes leur autonomie, et de remodeler leur identité.

L’histoire des idées et des arts se construit heureusement à l’opposé de ces lignes de force. Natacha Appanah, qui exhumait déjà avec La Mémoire délavée des silences migratoires les failles de la mémoire coloniale, voit son roman La Nuit au cœur récompensé du prix Femina. C’est dans un autre gouffre que ce roman plonge : celui des violences masculines, et d’un système rodé face auquel l’autrice et narratrice se dresse enfin. Écrire s’y impose comme un acte politique de l’intime : une redéfinition des contours de nos récits.

Marseille joue la carte mémoire

Au Musée d’Histoire de Marseille, le fonds Detaille propose également une autre leçon de géographie : 164 ans d’images où la ville s’invente sous l’œil des photographes. Trois générations qui ont su capter le peuple autant que les puissants, les ouvrières autant que les marins. L’histoire coloniale s’y glisse aussi, dans les expositions de naguère, les « chinoiseries » et les fantasmes d’ailleurs. Car la raison cartographique, c’est celle qui prétend ordonner le réel à coups de lignes droites.

Marseille, autre grande ville naviguant vers d’autres horizons que ceux auxquels son pays veut la circonscrire, et sa région, s’ouvrent également à d’autres histoires. Celles des festivals Panorama, se tournant cette année vers l’Espagne, des cinémas d’Afrique à Apt, et bien sûr Films Femmes Méditerranée. Où l’on filme depuis le Sud, depuis les marges, depuis la vie. Où les femmes reprennent la caméra, la parole et la mer. 

SUZANNE CANESSA


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Une seconde naissance

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Avec DJ Bambi, Auđur Ava Olafsdóttir fait vivre de l’intérieur le tourment d’une femme née dans un corps d’homme. Sans rage. Sans apitoiement. Bouleversant

Le récit commence par la décision de Logn, la soixantaine, de ne pas se jeter à la mer sous la forme actuelle de son corps, qui n’est pas celui d’une femme. Il lui faut d’abord corriger « le grand malentendu de [son] existence » : être née dans le corps d’un garçon. Celle qui a été appelée V., comme son père, est le jumeau de Trausti et a choisi le prénom Logn, mot qui évoque sa météo favorite – un moment où il n’y a pas de vent – avant de pouvoir prendre enfin le prénom de sa grand-mère lorsqu’elle aura subi la deuxième opération, celle du bas, qu’elle attend depuis plusieurs années.

Au fil des pages on apprend des épisodes de la première vie de Logn : il a été marié, sa femme était son modèle féminin ; ils ont eu un fils dont il s’est beaucoup occupé. Après leur divorce, sa femme lui a rendu toutes les photos de leur vie commune. L’auteure exprime avec subtilité les sentiments qui animent Logn quand elle revoit les photos de son enfance, repensant à son refus de s’habiller en garçon, évoquant le malaise qu’il n’arrivait pas à expliquer. Pour survivre, il avait décidé de ressembler à ses copains et de connaître toutes les règles du football ! « Je n’étais nulle part à ma place. Je n’étais personne. » Mais au fond de sa conscience il était persuadé d’être une fille.

Identification et empathie

Ce qui est admirable dans le récit d’Olafsdóttir, dans la simplicité des mots utilisés par Logn, c’est la sensation de celle ou celui qui lit de comprendre parfaitement les questions et le tourment du personnage, son cheminement douloureux, ses hésitations à se dévoiler et à faire son coming-out comme transgenre, à la fois avec fierté et courage. Elle attendra avec confiance le voyage en Thaïlande pour enfin devenir elle-même en regardant les étoiles.

CHRIS BOURGUE

DJ Bambi, de Auđur Ava Olafsdóttir
Traduit de l’islandais par Éric Boury (Grand Prix de la Traduction en 2016)

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