mercredi 10 décembre 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
cliquez sur l'image pour faire un donspot_img
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
Accueil Blog Page 26

L’Étranger, sous le soleil exactement

0
l'Étranger de François Ozon@Carole Bethuel-FOZ-Gaumont_France2 Cinéma

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas » voilà un des incipit les plus célèbres de la littérature française. L’Etranger, premier roman de Camus paru en 1942 est ce qu’on appelle un « classique » et il faut un certain courage pour le porter à l’écran.

Un antihéros auquel on peine à s’identifier et pour lequel on ne ressent aucune empathie. Un jeune homme qui ne sait pas, ne joue pas, ne ment pas, et pour lequel rien n’a vraiment d’importance. Une œuvre qui met en scène la philosophie de l’absurde du romancier et demeure profondément dérangeante. Visconti s’y est essayé il y a 60 ans. C’est aujourd’hui le tour de François Ozon qui quitte les forêts humides et le drame chabrolien de son précédent opus « Quand vient l’Automne » pour l’été algérois, la terre sèche et la mer dans une épure en noir et blanc traversée de lumière.

Le réalisateur suit assez fidèlement la trame du roman. Meursault (Benjamin Voisin), petit employé célibataire, vit à Alger dans les années trente. La nouvelle de la mort de sa mère ne semble guère l’affecter. Il prend un congé, se rend hors de la ville à l’asile où elle vivait, ne veut pas voir son corps, la veille distraitement avec les pensionnaires, suit le cercueil au cimetière. Et brille par son indifférence. Plus tard, il se rend aux bains d’Alger où il rencontre Marie (Rebecca Marder), une dactylo. Ensemble, ils vont au cinéma voir Fernandel dans Le Schpountz. Ils initient une liaison. Meursault croise ses voisins, l’horrible  Salamano (Denis Lavant) qui bat son chien, et l’odieux Raymond Sintès (Pierre Lottin) un maquereau qui bat sa « poule » Djemila (Hajar Bouzaouit). Entraîné dans les embrouilles de Raymond, Meursault tue sans raison apparente sous un soleil implacable le frère de Djemila qui voulait la venger. Il sera condamné à mort. Non pas parce qu’il a tué un « indigène » mais parce que son insensibilité aux codes sociaux, font de lui un étranger. Il meurt en refusant l’assistance d’un prêtre et en souhaitant « qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de son exécution et qu’ils l’accueillent avec des cris de haine. »

Fidélité et appropriation

Si à rebours du roman, le réalisateur recourt à quelques flashes back, contextualise les événements, donnant à voir cette Algérie « française » où monte la tension entre colons et Algériens, s’il donne nom et sépulture à la victime arabe de Meursault et plus de consistance aux personnages féminins, il conserve tout le mystère du personnage-titre, incarné ici avec force par Benjamin Voisin. Quasi mutique, vu de l’extérieur à travers ses gestes quotidiens, sans qu’aucune émotion n’affleure sur son visage, Meursault ne reprendra les mots de Camus que plus tard, quand il quittera sa passivité pour une dernière révolte, avant de s’ouvrir pour la première fois « à la tendre indifférence du monde ». Cette parole camusienne des Réflexions sur la guillotine portée aussi par le fantôme de la mère.

La réussite du film de François Ozon tient à cette fidélité et cette appropriation.

Le choix du noir et blanc devient ici une évidence. Jouant entre le flou et le net, juxtaposant la reconstitution historique et l’abstraction onirique de décors minimalistes. Passant de la surexposition des corps dénudés à l’ombre moite d’une chambre ou d’une geôle. Glissant des yeux du protagoniste éblouis par un soleil impitoyable à la lame miroitante du poignard de l’Arabe. De la surface scintillante de la mer au tranchant étincelant de la guillotine, le réalisateur et son complice, le chef op Manu Dacosse, façonnent ce récit par la lumière, donnant chair et sensualité à l’idée aride de l’absurdité.

ELISE PADOVANI

L’Étranger de François Ozon, en salles le 29 octobre

Folk Songs à l’Opéra

0
© A.-M.T.

Il y a des instants de grâce où l’on se dit que l’on assiste à un moment qui restera dans les mémoires. Ce fut le cas ce dimanche avec les chanteurs de Musicatreize, accompagnés par l’ensemble instrumental UnitedBerlin et dirigés par le chef Roland Hayrabedian. Composés en 1964, les Folk Songs de Luciano Berio pour voix et ensemble de sept musiciens sont devenus un classique du répertoire vocal du XXe siècle. Hayrabedian et ses chanteurs s’en sont subtilement emparés en jouant avec l’espace du Foyer Reyer. 

Certaines interprètes évoluent du fond de la salle vers la scène. L’air Rossignolet du bois surgit du haut d’un balcon. Les voix, succession de solos masculins ou féminins, circulent, dialoguent avec la harpe ou l’alto. On apprécie pleinement le choix de Berio de ne pas avoir utilisé le violon dans cette œuvre, privilégiant les tessitures graves de l’alto et du violoncelle. Parmi les moments les plus saisissants, le poignant chant arménien Loosin yelav et Ballo – composition originale de Berio – au lyrisme symphonique captivant. L’œuvre s’achève avec la réjouissante Azerbaijan Love Song qui emporte le public dans une douce allégresse.

Ark, c’est beau

Et puis ce sera Ark, création du compositeur Luca Antignani présent dans la salle et qui, 61 ans après Berio, a imaginé sa propre partition de folks songs. L’œuvre s’ouvre par une adaptation a cappella de Belle qui tient ma vie, une pavane de la Renaissance que le baryton Patrick Balter, comme endiablé, déstructure avec une énergie brute à la limite du slam, offrant un véritable tour de force et vocal et d’acteur. 

Le public est ensuite embarqué dans un voyage onirique où la harpe dialogue avec des percussions déclinées sous toutes ses formes. En osmose, les voix des chanteurs s’entrelacent, en solo souvent, rejoints par les chœurs, d’hommes, de femmes ou mixtes. On imagine des épopées en proie aux tempêtes, des marins perdus sur des océans déchaînés. On y entend aussi des chants de Noël angéliques et le tintinnabulement des cloches et carillons. La comptine Amstramgram s’élève soudain, déclamée par les sopranes dans un tourbillon lyrique. On perçoit ici, une influence italienne, là ukrainienne ou encore tsigane… On n’a qu’un seul regret, ne pas être mieux accompagné dans ce voyage par un livret de salle détaillant les airs et leurs traductions. Mais gageons que nous entendrons à nouveau cette pièce vouée à devenir, elle aussi, un classique du genre.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 19 octobre à l’Opéra de Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici

Jeunes prodiges à l’honneur

0
© A.-M.T.

C’est d’abord à la basilique du Sacré-Cœur à Marseille que la présidente Karine Fouchet et le directeur musical Olivier Bellamy de Marseille Concerts ont donné rendez-vous pour un programme baroque de très haute qualité. Le concert a débuté avec deux motets de Johann Adolph Hasse (1699-1783). Le premier, Alta nubes illustrata, interprété par Marie Théoleyre est particulièrement ardu. Dans ses œuvres sacrées, Hasse exige un équilibre subtil entre rapidité des vocalises et profondeur spirituelle d’un répertoire sacré. Ses arias sont donc des morceaux de bravoure qui exigent des interprètes à la fois virtuosité et théâtralité dans le récitatif, ce que la soprane réalise avec brio. Après un amen plein d’une belle énergie, au détriment peut-être de la légèreté, elle laisse la place au magnifique Rémy Brès-Feuillet

Malgré son jeune âge, le contre-ténor a déjà multiplié les prix et les scènes. Son émotion à fleur de peau n’affecte en rien son timbre chaleureux, grave et rond – rare chez un contre-ténor – ; cette vulnérabilité apportant une belle intensité à son interprétation de l’Alma Redemptoris Mater, pièce méditative, permettant d’apprécier tout le velours de sa voix. Les deux solistes sont accompagnés par l’ensemble à cordes Palatine, emmené par la direction pleine d’énergie du claveciniste Guillaume Haldenwang. Leur interprétation endiablée de l’Adagio e fuga de Franz Xavier Richter (1709-1789) est à couper le souffle.

Moments de grâce

Puis vient l’heure du monument : le Stabat Mater de Pergolèse écrit juste avant la mort du compositeur. Il a tout juste 26 ans. Dans la basilique s’élèvent les deux voix qui entament l’un des duos les plus célèbres du répertoire baroque. Dès le Stabat Mater dolorosa initial, on ressent la complicité musicale entre les deux interprètes, même si leur placement scénique – assez éloignés l’un de l’autre sans doute pour l’équilibre des voix – ne favorise pas toujours cette connexion qui pourrait renforcer encore l’intensité dramatique. Les moments de grâce s’enchaînent. 

Rémy Brès-Feuillet est excellent dans le Quae moerebat et dolebat, morceau technique auquel il donne une belle légèreté. Marie Théoleyre se révèle habitée dans le Vidit suum dulcem natum. Les deux «  fac ut » claquent et le Sancta Mater en duo est aussi poignant qu’élégant. On touche au divin avec le Quando Corpus Morietur où les deux voix entrelacées vibrent vers le ciel avant de conclure avec un Amen final jubilatoire qui éclate dans une explosion de joie mystique.

Mozart au Pharo 

© Marseille Concerts

Quelques jours plus tard, Marseille Concerts réunit à l’auditorium du Pharo trois jeunes et talentueux pianistes : Rémi Geniet, Gabriel Durliat et Sélim Mazari accompagnés par l’Orchestre philharmonique de Marseille, pour une soirée Mozart d’un genre unique. La configuration scénique constitue déjà un événement : installés face aux musiciens et tournant le dos au public, les trois solistes ont relevé le défi que Mozart s’imposait lors de ses concerts viennois, dirigeant l’orchestre tout en interprétant sa partie au clavier. 

Rémi Geniet ouvre le bal avec le Concerto pour piano n° 12 en La Majeur (K. 414), composé en 1782 alors que Mozart est fraîchement installé à Vienne. Cette œuvre élégante révèle déjà la grâce mélodique qui fera la signature du compositeur. Geniet, jeune virtuose au toucher raffiné, a su restituer cette fraîcheur mozartienne avec une belle sensibilité, dialoguant avec l’orchestre en complicité.

Gabriel Durliat s’est ensuite attaqué au monumental Concerto pour piano n° 23 en La Majeur (K. 488), datant de 1786, période où Mozart atteint des sommets d’inspiration. Le deuxième mouvement, le célébrissime et pathétique Adagio en fa dièse mineur plonge la salle dans un silence religieux. Mais on préfère le pianiste dans les mouvements rapides dans lesquels sa vélocité et sa direction facétieuse retrouve l’esprit – que l’on imagine malicieux – de Mozart. 

Sélim Mazari a conclu la soirée avec le Concerto pour piano n° 27 en si bémol majeur (K. 595) composé quelques mois avant sa mort prématurée. Ici, plus de flamboyance virtuose, mais une œuvre empreinte de sagesse, de gravité et d’une sérénité presque testamentaire. Mazari a su capter cette dimension avec une maturité impressionnante pour un si jeune interprète. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Les concerts se sont déroulés le 14 et le 18 octobre à Marseille

Retrouvez nos articles On y était ici

Rêver plus fort

0
Ernst Bloch © X-DR

Pourquoi un plasticien organise-t-il un temps fort de trois jours sur l’un des plus grands philosophes du XXe siècle ? Marc Ragouilliaux, directeur de l’atelier-galerie Zemma, travaille depuis quelques années sur la perspective, explique-t-il : « j’ai alors, inévitablement, rencontré la question de l’utopie chez Ernst Bloch ». 

Avant un concert hommage et une exposition de 50 photographies inédites, l’artiste a convié Arno Münster, ami et grand spécialiste du penseur, à présenter sa pensée lors d’une conférence. Particulièrement Le principe espérance, son œuvre majeure, rédigée en exil aux États-Unis, de 1938 à 1947, dans des conditions de très grande précarité. « Juif au moment de l’Holocauste, marxiste hétérodoxe en Allemagne de l’Est, il faisait preuve d’un engagement politique très fort. Sur sa pierre tombale, à Tübingen, est gravée la formule « Penser c’est transgresser » ».

Contre toutes les oppressions

Ernst Bloch voulait rendre le monde plus humain, plus fraternel, plus démocratique, et pour cela il mobilisait l’utopie, comme capable d’ouvrir le champ de l’imaginaire et donc des possibles.

Les trois tomes du livre, insiste Arno Münster, sont un « anti-poison contre la désespérance de l’époque, malgré les victoires temporaires des autoritarismes. Nous sommes à nouveau dans une période de désenchantement, et avons donc du mal à comprendre cet optimisme militant, mais c’est justement à présent que nous en avons besoin ». 

Le philosophe était convaincu que les artistes, notamment, sont capables de « rêver en avant », puis, par leurs œuvres, de stimuler les actions de résistance contre les conditions insupportables imposées par le fascisme ou le stalinisme. Un élixir de vigueur que, pourrions-nous ajouter aujourd’hui, nous gagnerions aussi à opposer au capitalisme.

GAËLLE CLOAREC

La conférence d'Arno Münster a eu lieu le 16 octobre dans l'auditorium de la Mairie du 1/7, en partenariat avec l'Université populaire de Marseille Métropole (Upop).

Retrouvez nos articles Société ici

La démophobie en question

0
Barbara Stiegler © Jaime Villanueva

Elle a nettement fait repartir à la hausse l’enthousiasme du public de la Semaine de la Pop Philosophie, XVIIe édition. Barbara Stiegler intervenant sur La philosophie et la haine de la démocratie, c’était décoiffant. « C’est un sujet un peu rugueux, expliquait-elle en préambule, qui m’oblige à penser contre moi-même. » 

Pourquoi la philosophie haïrait-elle la démocratie ? Dès l’origine, rappelle-t-elle, soit chez Platon, elle était suspecte. Étymologiquement, demos/cratos (en grec ancien, le pouvoir au peuple), c’est bien beau, mais les passions dudit peuple ne sont-elles pas trop dangereuses ? Résolument, si, répond le philosophe majeur de l’Antiquité, qui préfère un idéal immuable, bien moins brouillon. 

L’allégorie de la caverne, que l’on présente comme émancipatrice ? « Elle a pour but de discréditer la démocratie athénienne », affirme Barbara Stiegler. Plus près de nous, « on aurait pu espérer que Nietzsche saurait la penser : pas du tout. Il l’a haïe lui aussi ». Car pout ce dernier, il faudrait valoriser les exceptions, contre la masse qui tire tout vers le bas et s’agite continuellement, par dépit d’être dominée. « Le régime électif, depuis 1789, s’est construit contre le risque démocratique. Les élus s’exceptent du peuple. »

Surgissements révolutionnaires

Résultat de deux siècles de représentativité : nous sommes globalement démophobes, selon la philosophe. « Nous nous proclamons démocrates, mais nous n’y croyons pas, en déléguant ainsi notre pouvoir. » « Même moi, j’y ai cru ! », avoue-t-elle, avant de répondre à une professeure qui demande comment enseigner cela à ses classes de Terminale : « Les élèves sont prêts à entendre que nous ne sommes pas en démocratie. Mais il faut bien toute l’année scolaire pour lutter contre ce que martèle le programme du Baccalauréat ».

Alors comme ça, on nous aurait menti… En quoi croit donc désormais Barbara Stiegler ? « Le peuple est une réalité socio-historique, mais intermittente. Parfois, comme au moment de la Révolution française, ou avec les Gilets Jaunes, il surgit, il marque des points. Ça ne va pas de soi et nécessite toute une série de conditions. Ça implique de penser contre la discipline reine des sciences humaines, foncièrement démophobique, la philosophie. » À en juger d’après les applaudissements, les marseillais sont plutôt partants.

GAËLLE CLOAREC

La conférence de Barbara Stiegler a eu lieu le 15 octobre à la BMVR Alcazar, Marseille.

Retrouvez nos articles Société ici

Radio Banane

0
Radio Banane, Cie La Méandre © Armelle Michal Wiart

Protéiforme et inventive, La Méandre n’est décidément jamais où on l’attend. Après un ciné-concert monumental de plein air, qui s’est attirée les faveurs des festivals les saisons passées (Fantôme), un duo de danse uppercut au milieu de la foule (Bien Parado) ou encore du mélancolique dessin animé sous caravane (Avion papier), le collectif chalonnais renoue avec ses premières amours : les entresorts un peu falabracks. Inspiré du livre de Clémentine Mendois et Rudy Spiessert, Radio Banane se présente comme une radio pirate participative, animée par un singe et un toucan depuis une vieille carcasse d’avion au fond de la jungle. Une nouvelle expérience immersive au plus près des artistes, pour une folle aventure partagée ! Gratuit dès 6 ans, réservation obligatoire.

J.B. 
22 et 24 octobre
Cité des arts de la rue, Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici

Récital du Midi – Carl Ghazarossian

0
Carl Ghazaroissian © Opéra de Marseille

À l’heure du déjeuner, le Foyer Ernest Reyer accueille lui aussi de belles voix d’opéra. Le ténor marseillais Carl Ghazarossian y accueillera le 25 octobre les amoureux du chant à un voyage tout en nuances dans le répertoire mélodique français. Poulenc, Verlaine, mais aussi Chausson, Bizet, Canteloube ou Caplet s’invitent à table – entre mélancolie feutrée et éclats d’ironie. Accompagné au piano par Emmanuel Olivier, le chanteur explore les élans de la voix et de la poésie, au-delà même de sa tessiture puisque des classiques pour voix féminine seront également au programme.

S.C.
25 octobre à 12 h
Opéra de Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici

Pépin et Capuçon

0
Camille Pépin © Capucine De Chocqueuse

Le Grand théâtre de Provence met la création contemporaine à l’honneur avec La nuit n’est jamais complète de la compositrice Camille Pépin, fruit d’une commande conjointe du Grand Théâtre de Provence et de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Renaud Capuçon endossera pour la soirée le double rôle de soliste au violon et de chef d’orchestre. Cette partition inédite sera suivie par le Concerto n°4 pour violon et orchestre de Mozart, chef-d’œuvre de profonde beauté mélodique. Place ensuite à la sphère de l’intime avec Siegfried-Idyll de Wagner, œuvre tendre composée pour la naissance de son fils avant de conclure avec les 4 Interludes symphoniques de l’opéra Intermezzo de Richard Strauss. Initialement conçus pour relier les actes de l’opéra, ces interludes forment une suite orchestrale autonome en quatre mouvements.

A.-M.T.
23 octobre
Grand théâtre de Provence, Aix-en-Provence

Retrouvez nos articles Musiques ici

Avignon : Don Giovanni, fantôme du désir

0
© Mickael & Cedric Studio Delestrade

Que peut encore nous dire Don Giovanni aujourd’hui ? Pour cette saison célébrant les 200 ans de l’Opéra Grand Avignon, son directeur Frédéric Roels avait à cœur d’apporter sa propre réponse. Et ce avec d’autant plus d’impatience que sa première tentative avait été contrariée par les contraintes sanitaires de 2020, avant de trouver refuge dans le cadre du Palais des Papes le temps d’une captation filmée. 

Marquée par la monumentalité du lieu, la scénographie de Bruno de Lavenère recrée les arches et volutes dépouillées du monument et y insère d’autres marqueurs temporels – dont une cabine téléphonique très vintage. Les costumes de Lionel Lesire poursuivent ce jeu entre les époques et la théâtralité du dispositif : drapé blanc intemporel et bottes et cravache de cuir pour la très séductrice Zerlina d’Eduarda Melo ; chemise noire ouverte façon rock star pour le Don Giovanni volubile et très convaincant d’Armando Noguera, et pour le Leporello, en très grande forme, de Tomislav Lavoie. Complice moins agacé qu’à l’accoutumé, le valet se fait témoin actif de l’action, gardant son fameux catalogue dans un appareil photo à longue focale. Le Masetto d’Aimery Lefèvre traîne sur scène son regard hébété et sa moustache d’anthologie sur scène avec une aisance à la hauteur de son amplitude vocale impressionne. Les invités de la noce, eux, s’affichent en tenues carnavalesques éclatantes.

Quand la fosse élève la scène

Quelque chose peine cependant à se cristalliser. Engoncée dans des costumes plus rigides, dépourvue de ligne directrice, la Donna Anna de Gabrielle Philiponet semble privée de volonté propre. Consentante au début du premier acte, outragée quelques scènes plus tard, abasourdie tout au long de la seconde partie, elle n’existe guère que par la splendeur vocale d’une incarnation pourtant impressionnante. 

Même constat pour l’Ottavio de Lainghua Gong, livrant un « Dalla sua pace » d’anthologie mais peinant plus que jamais à s’impliquer dans l’action. Coincée entre les deux mondes – respectable ou noceur – esquissés par la mise en scène, la très solide Donna Elvira d’Anaïk Morel hérite d’une partition trop univoquement éplorée. Monumental sans le moindre effort, le Commandeur de Mischa Schelomianski fait presque oublier la fadeur de son habit de lumière : guenilles, lunettes et cannes de malvoyant. Rien ne semble en somme avoir réellement intéressé le metteur en scène dans ce mythique opéra du désir et de la déchéance, hormis une certaine idée de la flamboyance. 

Voilà qui est d’autant plus dommage qu’une rencontre, réelle, avec l’opéra a bel et bien eu lieu : celle de la cheffe Débora Waldman et de son impressionnant orchestre avec la partition. Dès l’ouverture, le sens des proportions, la justesse des équilibres, la complémentarité des timbres et la profondeur des enjeux résonnent avec une clarté saisissante. Tout au long de l’opéra, la cheffe épouse avec douceur et technicité les lignes vocales, et unit avec finesse un plateau désarmé à une fosse toujours consistante. Rien que pour elle, ce Don Giovanni-là valait le détour.

SUZANNE CANESSA

Don Giovanni a été donné les 10, 12 et 14 octobre à l’Opéra Grand Avignon

Retrouvez nos articles Musiques ici

Faada Freddy

0
Faada Freddy © X-DR

Après sept ans de silence, le chanteur sénégalais, Faada Freddy a sorti Golden Cages en 2023 et vendredi c’est à l’Espace Julien que le public marseillais aura l’occasion de découvrir cet opus. Une ode à la liberté, l’album évoque la déshumanisation dans la société actuelle, par-là la standardisation de la pensée et l’absence de réflexion. Ancré dans la soul, sa voix est fortement présente – les chœurs tiennent un rôle harmonique aussi bien que rythmique, en plus des claquements de mains et autres percussions corporelles. Il mélange les styles avec des emprunts au hip-hop, au gospel ou au groove et célèbre également ses racines africaines ainsi que l’attachement à son pays.

L.S.
24 octobre
Espace Julien, Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici