mercredi 17 septembre 2025
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La Claque Podcast Party

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© Marie Lacoste

Pour sa 3e édition, le festival La Claque a choisi le thème de « l’à-venir », parce qu’il « interroge nos récits, nos choix collectifs et la manière dont le podcast peut éclairer les futurs possibles ». Avec des scores d’écoute exponentiels, ce medium de l’intime et de l’audace paie cependant sa capacité à sortir des sentiers battus de l’audiovisuel, en étant tributaire d’une économie encore précaire. 

Durant trois jours, professionnels et passionnés exploreront les ambitions et paradoxes du podcast à travers tables rondes, masterclass, ateliers et écoutes collectives. Avant de conclure la manifestation par une « After Claque Party » hyper festive, au Makeda.

GAËLLE CLOAREC

Du 12 au 14 juin
Tiers-lieu Les temps de l'enfant, L'épopée, Couvent Levat
Marseille

Slow Fashion Week

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Sale X Studio Paillette © Florian Puech

C’est une première à Marseille. Du 7 au 14 juin, se tient la Slow Fashion Week. Un pari du collectif Baga, qui veut faire de la deuxième ville de France la nouvelle capitale de la mode alternative. Car Baga, créé en 2023, réunit des acteurs pour une mode plus responsable, éthique et inclusive. 

Au programme de la semaine, portes ouvertes d’ateliers, performances artistiques ou encore exposition, avec au cœur de toutes les propositions l’éco-responsabilité. Pour clôturer la semaine, un défilé de l’école de mode marseillaise Studio Lausié. Le 14 juin, retrouvez 115 créations uniques faites par les étudiants, avec 100% de matériaux de récupération. Une belle promesse pour la mode de demain.

MANON BRUNEL

Du 7 au 14 juin
Divers lieux, Marseille 

Un Suédois dans la ville

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Le pianiste suédois Roland Pöntinen en concert salle Musicatreize @AMT

Le pianiste Roland Pöntinen a séduit Marseille avec un récital aux multiples facettes

Le 5 juin dernier, la Société Marseillaise des Amis de Chopin accueillait salle Musicatreize le pianiste suédois à la carrière internationale Roland Pöntinen. Connu pour ses programmes atypiques et sa capacité à faire dialoguer les époques, il a offert un récital mêlant raffinement baroque, puissance romantique et éclats hispaniques.

Dès les premières mesures, Roland Pöntinen captive l’auditoire avec Les Barricades mystérieuses, pièce baroque énigmatique de François Couperin, composée pour clavecin et à laquelle il offre la richesse sonore du piano, suivie par La Favorite, autre pièce de Couperin, tout aussi gracieuse et élégante.

Le ton s’est fait plus méditatif avec le choral Alle Menschen müssen sterben de J-S Bach, dans une transcription pour piano.

Le récital est encore monté en intensité avec la Sonate n°26, Les Adieux, de Beethoven. Dédiée à l’archiduc Rodolphe d’Autriche, contraint de fuir Vienne lors de l’invasion napoléonienne, chacun des trois mouvements a été subtilement titré : L’Adieu, L’Absence, Le Retour. Roland Pöntinen en a offert une interprétation expressive, alternant tension dramatique et lyrisme intime avec une remarquable précision.

La première partie s’est achevée avec l’immense Balade n°4 de Chopin. Pöntinen n’a pas le Chopin mièvre, évanescent ou éthéré, il a proposé un Chopin particulièrement incarné, véloce et puissant, correspondant bien à cette œuvre de maturité du Polonais.

Après l’entracte, cap sur le XXe siècle avec deux Études-tableaux et deux Préludes de Rachmaninov, composés en exil dans lequel le pianiste suédois déploie une large palette sonore fidèle à la mélancolie contenue du compositeur russe.

Le récital s’est clôturé sur une note flamboyante avec deux œuvres espagnoles : Jerez d’Isaac Albéniz, compositeur romantique de la fin du 19 è siècle et El Pelele, d’Enrique Granados. Inspirée d’une estampe de Francisco de Goya, cette pièce dépeint une scène populaire madrilène où des jeunes femmes s’amusent à lancer en l’air une poupée de chiffon sur une couverture tendue. Pöntinen y démontre une agilité et un sens narratif impressionnant incarnant avec panache les rythmes, les accents et la fantaisie ibérique qui lui valent une magnifique ovation.

Anne-Marie Thomazeau

Le concert s’est déroulé le 5 juin Salle Musicatreize.

La Belle Fête

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© X-DR

Au Vallon des Auffes, il y a la carte postale, ses clichés, mais depuis 2023 il y a aussi l’Échappée Belle. Porté par la Compagnie Vol Plané, ce théâtre-école accueille des jeunes comédien·nes de la Cité phocéenne (jusqu’à 25 ans), réuni·e·s notamment au sein de la troupe du Groupe Phare. 

À l’occasion de la Belle Fête que la compagnie organise avec la mairie des 1er et 7e arrondissements, la jeune troupe présentera Emportez-moi, « un spectacle performance sur l’appel de à la liberté et à l’émancipation » (13 juin, 18h30). La Belle Fête c’est aussi un concert de Bakir (electro-oriental), des balades urbaines, des ateliers lectures, photos, des boums, des banquets… dont le solide programme est à découvrir sur le site de la compagnie Vol plané.

NICOLAS SANTUCCI

13 et 14 juin
Vallon des Auffes, Marseille

Mo(n)tmajour

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Albin de la simone © Aurelie Sauffier

Des soirées lectures dans le cadre exceptionnel de l’abbaye de Montmajour. C’est ce que propose depuis 2016 l’association arlésienne du Méjan dans l’édifice bénédictin, situé à quelques minutes de route d’Arles. Au programme, quatre jours de lectures, avec des auteurs·ices, des comédien·nes, des musicien·nes. 

Si l’édition 2025 a débuté mardi avec Couper cabèche, écrit et lu par Joël Jouanneau, elles se poursuivent encore pour trois soirées. Ce mercredi avec Le grand épuisement, texte écrit et interprété par Nelly Pons, acccompagnée sur scène de Claire Ruffin au jeu et Lorenzo Naccarato au piano. Une autre lecture musicale le jeudi avec Mes Battements de l’auteur aux multiples talents Albin de la Simone, et un final en forme de « Bal Litteraire » où « un groupe d’écrivains compose en deux jours une histoire en plusieurs épisodes à partir d’une playlist de tubes populaires ».

NICOLAS SANTUCCI

Jusqu’au 13 juin
Abbaye de Montmajour, route de Fontvieille

Afficher sa fierté

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Le mois des fiertés a commencé, et avec lui ses polémiques médiatiques. Agrégeant les luttes, solidaires avec les femmes interdites de foulard en France et les Palestiniens sous les bombes (un pin’s porté sur le revers de la veste au premier plan),  l’affiche de la pride parisienne, combat le cliché  d’une homophobie générale des musulmans et met KO un facho à la croix celtique. 

La symbolique heurte. Y compris une partie de la communauté. D’autant que de nombreux LGB (surtout les G et pas trop les TQI) votent pour l’extrême droite, en oubliant qu’elle est l’alliée Orban et l’invite à ses fêtes.

Convergence des discriminations

De fait, les LGBTQI subissent des discriminations, des violences ou des répressions d’État dans la plupart des pays musulmans, mais ils n’en ont pas l’apanage. La Hongrie interdit la Pride, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie… ne reconnaissent ni le mariage et ni l’union civile homosexuelle, la Russie inscrit «  le mouvement international LGBT » dans la liste des organisations terroristes, les États-Unis licencient les militaires trans, la Chine continue à pratiquer des « conversions homosexuelles »… Bref l’homophobie est très uniformément partagée, et la Manif pour tous en France était menée par les catholiques.

La vague Marseille

Pour autant, figurer les LGBTQI par des dessins symboliques de causes diverses méconnaît la fluidité des nouvelles générations, leur refus des assignations genrées et leur désir de se dessiner eux-mêmes hors des cases. 

La convergence des luttes contre la domination, masculine, hétéro, raciale, religieuse, sociale… ne peut pas se dire seulement en multipliant des signes, mais en faisant connaître la réalité humaine, sa diversité, ses visages.

L’affiche marseillaise, sans assigner, sans désigner d’ennemi, sans violence, est aussi combative, et beaucoup plus généreuse. Elle n’est pas sponsorisée par Durex ou Paypal, mais par l’ensemble des collectivités, Ville de Marseille en tête, et par une flopée de structures culturelles publiques. Les âges, les orientations, les identités de genre s’y côtoient, tournés vers le même objectif : briser la vague réactionnaire qui nous menace. Et ne nous fera pas disparaître.

Agnès Freschel 


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Entrisme culturel

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L’empire culturel de Bolloré s’étend de la presse1 à l’édition,2 et de la formation des journalistes à la distribution de la presse,3 du cinéma à la télévision4, des radios aux plateformes,5 des salles de spectacles à l’édition musicale et de jeux vidéo.6 La culture Bolloré est dans toutes les oreilles, sur tous les écrans, dans chaque méandre de notre temps de cerveau disponible. Grâce à sa fortune construite en grande partie en Françafrique, le milliardaire breton étend son empire sur nos esprits, alors même qu’il emploie un néonazi notoire et actif dans son île. 

Il promeut sans détour l’arrivée au pouvoir de la droite extrême alliée avec l’extrême droite, et exerce sans sourciller des changements éditoriaux radicaux lorsqu’il met la main sur un média ou une maison d’édition. Son premier geste, en arrivant à la tête de Canal+ par un entrisme caractérisé (entré au capital par la vente de deux chaînes de télévision puis grignotage progressif jusqu’à être majoritaire) a été de supprimer les Guignols et le Zapping. On connaît la suite, de Cyril Hanouna à l’édition de l’hagiographie de Bardella. 

Aussi est-il temps, plus que jamais, de soutenir l’édition indépendante, le cinéma indépendant, la presse indépendante. Ce numéro spécial s’y consacre, en rappelant l’histoire du Festival de Cannes, en observant comment Netflix entre dans une politique publique, mais surtout en vous invitant à lire des voix dissonantes, discordantes, à retrouver les singularités de Mc Kay ou Sagan, à choisir vos écrans, à lire de la littérature, les voix de femmes singulières qui s’élèvent, des historiens qui se penchent sur le cas Mitterrand.

Sans Qatar et sans Tapie rouge

Dissoner, ne pas parler des stars ni du spectacle sportif qui boostent les ventes de la presse, c’est résister au véritable entrisme qui grignote nos cerveaux : celui du Qatar, qui s’est payé l’équipe de foot de Paris reçue à l’Élysée et a déclenché l’enthousiasme populaire (sauf à Marseille qui préfère statufier Tapie le multicondamné). 

Le gouvernement français dénonce l’entrisme des Frères musulmans mais tolère, voire encourage, l’entrisme massif du Qatar en France par Paris et le foot. Cet état voyou est responsable de milliers de morts sur ses chantiers de la Coupe du monde ; il pratique l’esclavage de ses travailleurs immigrés, emprisonne les homosexuels et permet, jusqu’à la violence, la domination des filles et des épouses. 

Faut-il s’étonner de cet entrisme culturel par le sport ?  Le spectacle de foot masculin bénéficie d’un consensus médiatique si fort, il est partagé comme une passion obligatoire par tant de monde (un opium du peuple ?), qu’il n’est plus possible pour les politiques de le regarder à distance, pour les journaux de ne pas en faire régulièrement leurs Unes, pour les journalistes d’oser analyser ce qu’il véhicule : le culte de l’argent, les hommes valides et puissants, et la compétition, jusqu’à la violence, entre villes et nations. La voie royale pour tout entriste efficace ! (à quand une équipe de foot pour Bolloré ?)

AGNES FRESCHEL

 

  1. Télé-Loisirs, Géo, Gala, Voici, Femme actuelle, Capital, TV Mag, le JDD, JD News, JD Mag… tous financés par des aides à la presse d’Etat… ↩︎
  2. Hachette, Grasset, Fayard, Larousse, Lattès, Stock, Armand Colin, Calmann-Lévy, Dunod, Hatier, Harrap’s… ↩︎
  3. Les réseaux de distribution Relay, qui choisissent les titres qu’ils diffusent et leur présentation en rayon, l’agence de communication et média-planneur Havas, l’école de journalisme ESJ Paris ↩︎
  4. Groupe Canal+, premier financeur privé du cinéma français, comprenant C8, Canal+, CNews, CStar, les plateformes Daily motion et MyCanal ↩︎
  5.  Europe 1, Europe 2, RFM ↩︎
  6.  Jeux Gameloft, Universal Music, L’Olympia, Les Folies Bergères, Le Casino de Paris… ↩︎

CINE PLEIN-AIR : 30 bougies sous les étoiles

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Voilà trente ans que chaque été, des toiles se déploient dans les nuits marseillaises à l’occasion du festival Ciné Plein-Air. Elles sortent des salles de cinéma pour offrir à un public intergénérationnel de plus en plus nombreux au fil des années, des films de tous formats, de tous registres, anciens ou récents, en VF ou en VOST. Trente ans : des noces de perle avec Phocée, scellées par l’amour du cinéma et une philosophie du partage et de la transmission.

Cette année, La Ciotat rejoint l’aventure à l’occasion des 130 ans de Gaumont avec cinq projections événements au Théâtre de la Mer et au Palais lumière. Comme toujours, pendant tout l’été, les 37 séances marseillaises se dérouleront dans tous les arrondissements, sur les places et jardins publics ainsi que dans les lieux emblématiques de la Ville.

Prestigieux comme La Vieille Charité où l’on attend L’homme qui a vendu sa peau de Kaouther Ben Hania le 26 août. Le site archéologique du Port antique qui accueille entre autres, des films patrimoine : l’exquise Heure exquise de René Allio et un ciné concert autour de Cœur Fidèle de Jean Epstein.

Dans les musées et les festivals

Et le Mucem bien sûr, où, parmi tant d’autres événements, le monolithe de l’Odyssée de l’espace de Stanley kubrick devrait faire escale le 16 juillet, Le Château dans le ciel d’Hayao Miyazaki flotter le 23 juillet, devant les yeux émerveillés des petits et des grands. Et où le 30 juillet, les extraterrestres de Premier Contact réalisé par Denis Villeneuve, se poseront tandis que les explorateurs d’Interstellar de Christopher Nolan, franchiront le 20 août, les limites de la galaxie. Autre musée mais plus au sud, il ne faut pas rater, pour leur pétillance et leur humour, les courts-métrages d’Agnès Varda le 10 juillet au Mac.

Comme dans les précédentes éditions, des collaborations précieuses avec d’autres structures dont le Festival de Marseille ou Ciao MOKA. On pourra dans ce cadre, retrouver, le 30 juin, les chanteurs autistes du groupe Astéréotypie, dans le documentaire musical de Lætitia Möller L’Energie positive des lieux. Et le 18 juillet, la tribu fantasque et marginale de Gelsomina dans Les Merveilles d’Alice Rohrwacher – une lumineuse ode à l’enfance –, Grand Prix du jury cannois en 2014.

Pour sa troisième décennie sous les étoiles, porté par les Écrans du Sud, Ciné Plein-Air qui a cumulé en 2024, 11 244 spectateurs, continue à croire à la sienne. Souhaitons à ce projet, ambitieux par sa durée, le nombre de projections proposées, la multiplicité des sites, en plus d’une météo favorable, d’atteindre une fois de plus ses objectifs et le cœur des publics.

ÉLISE PADOVANI

Ciné Plein-Air
Du 30 juin au 26 septembre
Divers lieux, Marseille Infos sur cinepleinairmarseille.fr

FESTIVAL DE MARSEILLE : une Manifête se prépare

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© Thibaut Carceller

Ce lundi 2 juin n’est pas une après-midi comme les autres pour les élèves de CM2 de l’école du Plan d’Aou : ils vont rencontrer la chorégraphe Marina Gomes et répéter avec elle la Manifête, le spectacle d’ouverture du Festival de Marseille, donnéce 12 juin sur le Vieux Port. Un projet pharaonique qui réunit près de 450 enfants, soit 17 classes marseillaises, dans une déambulation dansée et, comme son nom l’indique, revendicatrice. Ce projet « complètement fou » comme le dit Marina Gomes, qui signe la chorégraphie [lire l’interview ci-dessous], est né de la volonté commune du Badaboum Théâtre et du Festival de donner une place aux enfants dans l’espace public et dans la vie sociale « avec leurs revendications, leur humour et leur poésie », indique Anne-Claude Goustiaux, directrice du Badaboum.

Plusieurs ateliers ont été conduits afin d’élaborer les slogans qu’ils entonneront durant la Manifête. « On a une affiche avec les droits internationaux des enfants dans la classe. Dans chaque groupe on a choisi une catégorie, par exemple aider les enfants en guerre, et on a trouvé un slogan à partir de cette catégorie. Après on a voté pour le slogan qu’on a là », explique la jeune Mélina. Pour cette classe, ce sera donc « 1, 2, 3, on nous doit des droits ». 

Mais les séances de réflexion commune ne s’en sont pas arrêtées là : avec les intervenantes du Badaboum, ils ont ensuite réfléchi à d’autres messages qu’ils souhaitaient faire passer aux adultes. « On a essayé de ne pas les influencer, mais on a parfois décortiqué certaines paroles avec eux pour que ce soit plus universel », explique Anne-Claude Goustiaux, qui encadrait ces ateliers avec Julie Joachim. Ces messages apparaîtront sur des banderoles et des pancartes, créées par les enfants avec la scénographe Alice Ruffini. 

Dans le dojo 

On retrouve la vingtaine d’élèves dans le petit dojo du centre social voisin, avec Marina Gomes. Une fois les présentations faites, place à l’échauffement au son de chansons de Jul et de rap espagnol. Avec pédagogie et humour, la chorégraphe leur apprend quelques bases de hip-hop et précise « rajoutez du style… votre style ». Les enfants, d’abord très concentrés, se détendent peu à peu et prennent plaisir à l’exercice. 

Cette classe fait partie des « parcours courts » de la Manifête : les élèves n’apprennent que la déambulation, et pas la chorégraphie finale. Mais Marina les rassure, ils auront aussi un rôle à jouer à ce moment-là. 

Les enfants apprennent vite, et dans la bonne humeur. La chorégraphe le leur a dit, le but est de passer un bon moment. Mais sans se mettre en danger, la représentation ayant lieu dans l’espace public. L’accent est donc mis sur la liberté des corps et sur l’écoute les uns des autres.

Chacun des mouvements a une signification, que Marina explique aux apprentis danseurs au fur et à mesure. Et force est de constater que, malgré sa petite taille, le dojo semble être un lieu approprié pour répéter une chorégraphie aux accents si combattifs. « On est venu pour en découdre, c’est pas des blagues » rigole-t-elle en leur montrant un geste qui rappelle le karaté. 

La répétition s’achève sur le terrain de basket du centre social, où les enfants peuvent enfin s’exercer à la déambulation et scander leur slogan à plein poumon. Quelques petits ajustements seront à régler lors de la répétition générale avec les 16 autres classes, mais le résultat est déjà émouvant, et les enfants repartent l’air content. « Ça m’apporte beaucoup parce que parfois on nous écoute pas assez, et là c’est une opportunité à ne pas rater pour se faire écouter », conclut la petite Shaïna. 

CHLOÉ MACAIRE 

Manifête
12 juin, 10h30
Déambulation au départ de la place Charles-de-Gaulle vers la mairie de Marseille

Quelques questions à la chorégraphe 

Connue du public du Festival pour y avoir créé, il y a deux ans Bach Nord avec des jeunes des quartiers Nord de Marseille, la chorégraphe de hip-hop et fondatrice de la Cie Hylel, Marina Gomes, signe la chorégraphie de la Manifête. Entretien  

Marina Gomes lors des ateliers © Thibaut Carceller

Zébuline. Pourquoi avoir décidé de prendre part à ce projet ? 

Marina Gomes. J’ai été invitée à chorégraphier ce projet après qu’il ait été pensé par le Festival de Marseille et le Badaboum Théâtre. J’ai accepté sans hésiter parce que je suis convaincue qu’on ne laisse pas assez de place aux enfants, qu’on n’écoute pas assez leur parole, et que parfois on les assigne à des places qui les contraignent alors qu’ils ont plein de choses à nous apprendre. Donc j’étais hyper contente de pouvoir participer à ce projet, tout en ayant conscience qu’il était complètement fou, par le nombre d’élèves impliqués et le peu de temps imparti.  

Justement, comment avez-vous organisé cela ? 

J’ai chorégraphié la Manifête en théorie, sans les élèves, et on a créé la musique avec Arsène Magnard qui est le compositeur de toutes mes pièces. Ensuite on s’est réparti le planning avec une équipe de danseurs pour pouvoir transmettre la chorégraphie aux enfants.

La plupart des classes apprennent tout le parcours, c’est-à-dire la déambulation et la chorégraphie finale, et d’autres, que je ne vois qu’une fois, n’apprennent que le trajet. 

Quelle place est donnée à la parole ? 

Chaque classe a un slogan qu’elle a choisi, ainsi que des banderoles et des petites pancartes. On a tous été surpris de la nature très politique des sujets qu’ils ont décidé d’aborder : l’antiracisme, qu’on a retrouvé dans toutes classes et dans tous les secteurs, mais aussi le mal-logement et la question de la liberté… leur liberté. 

On voit bien l’aspect manifestation, mais quant est-il du côté festif ? 

Cette idée est surtout présente dans la chorégraphie de fin, notamment grâce à la musique : il y a des moments de batucada, et j’ai aussi demandé à Arsène de composer quelque chose qui rappelle les instrus de Jul. Et puis, pour les enfants, être dans la rue à 400, au milieu de la route, c’est drôle et c’est joyeux, même si leurs slogans ne sont pas forcément rigolos. J’ai vraiment axé la chorégraphie sur le fait de prendre la place et de s’exprimer.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR Chloé Macaire


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Sister Midnight : Clown, punk et samouraï

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Copyright PROTAGONIST PICTURES

Le synopsis annonce l’histoire de la rébellion d’une jeune indienne entravée dans un mariage arrangé. Si Sister Midnight traite bien de ce sujet social et condamne sans appel la culture patriarcale indienne, ce premier film de Karan Khandari refuse le réalisme et s’aventure dans un entrechoc des genres pour le moins détonant.  

Uma (Radhika Apte) et son mari Gopal (Ashok Patak) après leur union dans un village reculé arrivent par le train à Mumbai en costume traditionnel. Plan fixe au beau cadrage qu’on croirait signé Wes Anderson. Ils s’installent dans une rue pauvre de la ville bordée de cabanes précaires devant lesquelles s’entassent les ustensiles domestiques et les textiles aux couleurs vives.

Uma ne sait ni cuisiner ni s’occuper d’une maison – fût-elle un gourbi. Elle reste couchée ou assise sans rien faire. Revendique sa différence, incapable de se couler dans le rôle qu’on attend d’elle. Jure comme un charretier et ne cherche pas à être aimable avec le voisinage. Elle houspille son mari, faible, veule et désemparé. Cherche conseil auprès de sa voisine mais abandonne vite et trouve un boulot nocturne de femme de ménage dans des bureaux, à l’autre bout de la ville. Elle rentre quand son mari part : les deux cohabitent sans dialoguer, sans faire l’amour.

Sa serpillière aux franges roses, portée à l’épaule comme un étendard, Uma traverse les plans, en panoramiques filés. Nuit et jour se succèdent éclairant la ville chaotique de Mumbai, où se heurtent archaïsme et modernisme. Son itinéraire devient initiatique. Sur son chemin : des belles de nuit, des chevreaux, des oiseaux, des moniales bouddhistes, un ermite… Peu à peu, Uma se métamorphose, se laisse aller à ses pulsions. Elle ne supporte plus la lumière, les bruits. Est-elle une créature diabolique ? Une magicienne vaudou ? Un vampire ? « C’est difficile d’être humain » répondra-t-elle à ceux qui la traitent de monstre et veulent la brûler. Comme l’héroïne de Tiger Stripes [lire sur journalzébuline.fr] elle porte en elle la rage réprimée de toutes les femmes qu’on a cherché à faire entrer dans un moule. Cette rage punk devient puissance et pouvoir. Elle est une hors-la-loi, un samourai de Kurosawa, une guerrière et un clown triste à la Buster Keaton.

Le grand chaudron

Le burlesque – expressionnisme assumé des gros plans –, se mâtine d’horreur, le cinéma muet se déchire : le verbe, rare, violent, grossier, agressif, rapide comme l’éclair, explose inopinément. Le fantastique et le surréalisme, saugrenus, s’invitent dans la routine. C’est drôle et gore, beau et étrange. Par le choix du 35mm, l’utilisation du stop motion et du bricolage manuel préféré aux effets numériques, le film crée sa propre bizarrerie qui colle à celle de sa protagoniste, conçue comme « un bocal de plutonium instable ».

L’interprétation exceptionnelle de Radhika Apte, venue de Bollywood et du cinéma indépendant, porte le film de bout en bout. Tout comme la bande originale qui télescope allégrement soul cambodgien, des années 1960, heavy métal, rock alternatif, country et blues. L’ombre de Dylan plane comme celle d’Iggy Pop, dont une chanson donne son titre au film.

Son réalisateur l’affirme : le cinéma est comme un grand chaudron… de sorciers ou de sorcières, sans nul doute.

ÉLISE PADOVANI

Sister Midnight, de Karan Khandari

En salles le 11 juin