Brillante, éclectique, exigeante, intelligente, poétique, généreuse, inventive, étonnante, bouleversante, dérangeante… les qualificatifs s’accumulent si on laisse les spectateurs donner leurs impressions à la fin des spectacles du Bois de l’Aune, ce théâtre atypique aux spectacles gratuits et à l’accueil convivial. Les gens viennent en avance, parfois hors des horaires des représentations, car des temps de parole sont proposés, des projets participatifs, des « cafés gourmands », des « Rebonds ». L’association des Amis du Bois de l’Aune contribue activement aux activités de cette « maison-théâtre » où chacun se sent libre de dire, de partager, de discuter avec les artistes en une familiarité saine qui replace les perspectives et les enjeux dans l’humain, l’écoute, la découverte.
La deuxième partie de l’année verra du cirque, des spectacles pour enfants, des propositions de la Biennale d’Aix 2024, du théâtre venu de l’étranger (Liban, Espagne, Italie). Passionné, Patrick Ranchain prône la curiosité, choisit des pièces dont « les acteurs [le] touchent », qui savent amener « l’émotion sur le plateau ».
Un monde de découvertes
Il est sans doute impossible de résumer le foisonnement de la programmation, il n’est guère de semaine sans œuvre nouvelle. Le cirque avec Icare de Guillaume Barbot (dès 4 ou 8 ans), Fora d’Alice Rende, L’échelle humaine de Mathurin Bolze explore les mondes et la place de nos corps contraints. Les marionnettes de Marta Cuscunà évoquent le drame de Gloucester, Sorry Boys (dès 16 ans). La danse rejoint le théâtre avec Mazùt de la compagnie Baro d’evel pour nous plonger dans un univers étrange. Sans doute pour Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent La femme n’existe plus mais le féminisme oui, et l’on peut se demander avec François Hien Olivier Masson doit-il mourir ? en posant la question de l’euthanasie ; on suivra de toute façon Simon Gauchet dans L’expérience de l’arbre aussi fascinante que poétique. Une autre histoire du théâtre se dessine grâce à Fanny De Chaillé qui définit, épouse l’histoire et en interroge les méandres. L’été des charognes d’Hubert Colas donne chair au roman de Simon Johannin, porté par la voix et la présence de Thierry Raynaud…
Bien sûr, on sourit au titre de la pièce de Nicolas Heredia, À ne pas rater, d’une fine drôlerie. Dès huit ans on pourra se délecter de Riquet, opéra miroir de Jeanne Béziers qui revisite le conte tandis qu’à partir de dix ans le second volet de Croizades de Sandrine Roche, Jozef & Zelda, reconstruit un univers d’enfance qui a bien du mal à survivre dans Ordalie de Chrystèle Khodr (Liban) où l’on tente d’effacer les ruines de Beyrouth avec leur mémoire tandis que Xavier Bobès (Espagne) réinvente notre relation au vivant dans le poème intimiste Corpus et qu’Emma Dante (Italie) danse Il tango delle capinere, qu’Élise Vigneron instaure une performance collaboratrice de glace, Lands, et que, évènement théâtral participatif Philippe Collin, Violaine Ballet et Charles Berling débattent sur Léon Blum, une vie héroïque.
MARYVONNE COLOMBANI
Bois de l’Aune
Aix-en-Provence
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