mercredi 23 juillet 2025
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Immersions musicales 

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Tous en sons au Conservatoire de Marseille © P.Morales

Samedi matin, l’Orchestre de Mandoline des Minots de Marseille, créé il y a trois ans par le compositeur Vincent Beer-Demander, nous présentait les premiers mouvements de sa création en cours, La légende du Nord : une épopée aux relents elfiques, mise au point avec Rachel Tolkien, petite-fille du célèbre auteur. Un astucieux dispositif, plaçant les jeunes musiciens au coeur même de l’auditoire dans une salle Tomasi transfigurée, rendait l’expérience particulièrement saisissante : lutins guillerets à la flûte traversière, inquiétudes du trémolo de mandoline, accents enveloppants de tuba ou de violoncelle… Un aperçu réjouissant de cet époustouflant travail collectif réunissant des minots de tous quartiers – Air Bel, Vaillant, Saint-Just Corot… – dans une pratique hebdomadaire. Il faut dire que la mandoline, instrument méditerranéen par excellence, noue une relation historique avec Marseille : c’est ici que fut créée la première classe de mandoline au monde, en 1921. À terme : c’est une classe par établissement scolaire qui est visée ! Enjoué, le compositeur profitait de chaque séquence pour en détailler les principes d’orchestration – brillante idée de mêler théorie et mise en pratique immédiate, tout en permettant aux enfants spectateurs de voir leurs pairs jouer en live, selon le principe immuable du festival : « être dans le son ». 

De fait, les expériences immersives se succédaient durant tout le week-end. Ici une prise en main d’instruments, là une Cuisine musicale décomplexée permettant au plus petits de se familiariser avec un répertoire classique – Bizet, Rossini – agrémentés d’un instrumentarium de casseroles ou bouteilles en verre. À l’étage,Musique à l’image explorait le potentiel expressif du paysage sonore, accompagnant le bestiaire en métal du sculpteur Thierry Fabre: errements d’une baleine mélancolique au marimba, rencontre fortuite entre un marcassin facétieux et un calamar indolent… Sous les boiseries de la salle Billioud, les enfants captivés n’en perdaient pas une miette. Et si le VJing très abscons du dominical Vents à emporter a perdu l’attention de quelques jeunes spectateurs, déjà proches de la sieste méridienne, on ne peut que souligner l’exceptionnelle diversité qui préside au choix de cet excellent festival jeune public ! 

JULIE BORDENAVE

Un week-end au Conservatoire se tenait les 9 et 10 décembre au Conservatoire Pierre Barbizet, dans le cadre de la 5e édition du festival Tous en sons, Marseille.   

Danser en stéréo

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Stereo DCA © Roméo Ricard

L’attrait indéniable qu’exercent les différents spectacles de Philippe Decouflé tient sans doute à leur capacité à donner chaque fois une impression de nouveauté. Puisant dans un imaginaire qui se nourrit de multiples influences, le danseur et chorégraphe sait arpenter les univers en mêlant les disciplines et adaptant le flux de son inspiration à un ensemble à la fois polymorphe et puissamment structuré. Stéréo n’échappe pas à la règle et tient du cinéma, de la BD, en un esprit rock hypnotisant, baigné des superbes lumières de Gregory Vanheulle et Chloé Bouju. La danse et la musique s’équilibrent avec humour grâce à l’impeccable trio Arthur Satàn (guitare), Louise Decouflé (basse) et Romain Boutin (batterie) qui n’hésite pas à rejoindre les évolutions des cinq danseurs, Violette Wanty, Olivia Lindon, Eléa Ha Minh Tay, Vladimir Duparc, Pierre Boileau Sanchez et Baptiste Allaert, le seul comédien de formation de la troupe. Son introduction à la représentation est désopilante et ses interventions qui instaurent une complicité avec le public sont à pleurer de rire. Les techniques de danse répondent aux parcours des artistes, classique avec des tenues sur pointes que ne renieraient aucun rat de l’opéra, hip-hop acrobatique, énergie circassienne… Les soli pétillants alternent avec les duos espiègles au cours desquels les protagonistes se jaugent, s’affrontent, se réconcilient, se séduisent, puis les mouvements d’ensemble apportent leur rigueur géométrique et leur inventivité dynamique. La course sur place initiale est un pur moment de maîtrise. Le rétro flirte avec les élans futuristes, les tenues se paillettent, les esprits aussi. Une bulle de joies éblouies. 

MARYVONNE COLOMBANI

Stéréo a été donné le 8 décembre aux Salins, scène nationale de Martigues.

Quand l’écologie crie justice

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©G.C.

Le 11 décembre, l’activiste Camille Étienne et Jérémie Suissa, délégué général de l’association Notre Affaire à Tous, étaient invités par la journaliste Paloma Moritz. En s’appuyant sur une Commission d’enquête participative, atelier de réflexion élaborant argumentaires et témoignages, ils intervenaient sur les recours juridiques contre l’inaction climatique. Peuvent-ils réellement changer la donne ? Pas à eux seuls, même si les procès se multiplient contre les États et les multinationales. Pour Jérémie Suissa, faire bouger les lignes implique « une complémentarité des modes de lutte ». Dans cette « grande bataille culturelle à gagner », le soutien des mobilisations populaires étaye les procédures.Camille Étienne, de son côté, pousse à mettre les patrons de Shell, Total et consorts face à leurs responsabilités : « Il ne peut y avoir de justice sans coupable : ces hommes sont certes engagés dans un système, mais ils ont pris des décisions, dissimulé des faits, ce qui affecte la vie de millions de gens ». 

Vues d’artistes

La comédienne Fabienne Jullien, incarnant la Durance, amenait un concept qui serait une avancée majeure s’il se généralisait partout dans le monde : l’octroi d’une personnalité juridique aux écosystèmes tels que les rivières, mis en danger par l’activité humaine. « Si nous devenons des entités à part entière, vous ne pourrez plus vous considérer comme « maîtres et possesseurs » de la nature ainsi que le formulait Descartes. Si vous respectez nos droits, vous n’en vivrez que mieux. » 

Son confrère metteur en scène, Grégoire Ingold, incarnait quant à lui un vrai-faux élu breton, soumis à un procès bâillon pour diffamation de la part d’une ferme-usine installée sur sa commune. Un récit inspiré de faits réels, tant la justice peut aussi être utilisée par le camp des pollueurs, dotés de réserves financières énormes, contrairement à ceux qui s’opposent à leurs agissements. Quand ils ne passent pas directement aux menaces ou pire, en témoignent la journaliste Morgan Large, dont les roues de voitures ont été dévissées parce qu’elle enquêtait sur les algues vertes, ou Paul François, paysan roué de coups par les sbires de Monsanto.

GAËLLE CLOAREC

Les Procès du siècle se tiennent chaque lundi dans l’auditorium du Mucem jusqu’au 11 mars. 

Ce qui reste

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© Estelle Valente Teatro Sao Luiz

On a tant aimé et détesté Pippo Delbono, l’ennui dans ses successions de séquences vaines, le soudain choc d’une image si juste qu’elle vous bouleverse à jamais. Il est devenu plus rare sur les scènes françaises depuis une dizaine d’années, surtout depuis la mort de Bobó, son merveilleux comédien microcéphale. C’est d’ailleurs de mort, plus que d’amour, qu’Amore nous parle. Deuil, vieillissement, disparition, douleur. Sur le plateau de belles images statiques s’enchaînent, mais peinent à émouvoir dès qu’elles se mettent en mouvement. Le corps vieilli de Gianluca, trisomique, de Nelson le clochard, n’ont plus la force d’évocation et de tendresse qu’ils dégageaient. Pippo lui même, qui parle au micro depuis la salle, peine à imposer sa présence. Pour compenser, reste la musique. Le fado, ses artistes, chanteurs et chanteuses, guitaristes, qui rappellent la difficulté d’aimer en dictature salazarienne, en Angola colonisé. Des chants d’amour si tristes, pourtant joués trop forts, artificiellement sonorisés, enrichis de guitares enregistrées… 

La magie de Pippo, ce soir-là, ne franchissait pas la scène, malgré les images, malgré les mots douloureux du poète au micro, malgré l’attente d’une salle prête à s’émouvoir de ce tableau du deuil amoureux, du silence de la solitude, de la vieillesse qui approche. Peut-être, d’autres soirs, la fragile étincelle des spectacles de Delbono parvient-elle à allumer, comme dans le passé, des flambées superbes. 

AGNÈS FRESCHEL

Amore a été joué du 6 au 10 décembre au Théâtre de la Criée dans le cadre de la programmation du Gymnase hors les murs.

Le degré zéro du théâtre ?

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Le Zerep LA MERINGUE DU SOUTERRAIN © Ph. Lebruman 2021

Dès l’entrée dans la salle, le spectateur est accueilli par un décor étrange, moulages d’oiseau, de cheval, de têtes énormes en carton-pâte, campés sur les sièges de l’auditoire, tandis que le plateau semble être un album désordonné où se jouxtent des formes de meringue, de bonbons en gelée, de silhouettes de personnages cinématographiques et d’une bouche géante ouverte sur ses dents, surmontée de narines qui couleront vert à la fin de la pièce, on pourrait se penser au milieu des pages de Fluide Glacial. Une dame au double-menton tremblotant (Sophie Lenoir) arrive sur scène, attend en vain son rendez-vous, un monsieur dont la figure est entachée des mêmes attributs. Ce dernier (Stéphane Roger) arrivera trop tard, réitérant le thème de la non-rencontre et du théâtre de l’absurde. Le texte, divisé en quatre parties aux titres à rallonge calligraphiés sur de larges ardoises noires, débarque sous forme de jeu au cours duquel une présentatrice déchaînée invite le public à deviner le dernier mot de citations célèbres, alors que son comparse se campe derrière une table de mixage qui amplifie les effets. Il est impossible, voire inutile de chercher une logique dans ce bric-à-brac dément. Les protagonistes endossent des rôles sans relation entre eux, semblent parfois jouer leur propre personnage, font une démonstration improbable de marionnettes, mettent en scène un canard péteur, peignent les jambes de l’une, montrent les fesses de l’autre, s’emparent de tout pour une performance effrénée, démontent les clichés, ignorent les frontières. C’est énorme, déroutant, fantasque, iconoclaste, et puise dans l’essence du rire la force de faire un pied de nez gigantesque à tous les modèles du « prêt à penser ». Salutaire et revigorant !

MARYVONNE COLOMBANI 

La meringue du souterrain a été donné les 7 et 8 décembre au Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence.

Musiques intérieures

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Jean-Claude Pennetier © Marseille Concerts

Avant Martha Argerich, très attenduele 17, et l’orchestre universitaire Osamu dans un programme Prokofiev/Stravinski les 19 et 20 à l’auditorium du Pharo, c’est sur deux concerts plus intimes et singuliers qu’a débuté le mois des fêtes.

Un piano intime

Le pianiste désormais octogénaire Jean-Claude Pennetier s’est ainsi illustré dans un programme particulièrement ambitieux et sensible, fait de jeux d’échos et d’associations singuliers et émouvants. Trois tableaux dominés par trois esthétiques fortes : celle de Schumann et de ses désarmantes Kinderszenen, scènes d’enfance dont l’émoi désarmant résonne chez Chopin et Schubert ; celle de Debussy et d’Et la lune descend du temple qui fut, faites d’harmonies modales et d’agrégats évoquant Fauré et préfigurant Ohana et Schönberg ; et enfin celle de Beethoven et de l’immense opus 110, où le phrasé se fera plus délicat que jamais, avant de devenir, sur Haydn, plus léger et sautillant encore. De quoi faire, à en croire le concertiste, ses adieux à la scène soliste en beauté, devant une salle de La Criée conquise.

Danses sans frontières

Quelques jours plus tard, un duo singulier s’illustre au Palais du Pharo : le mariage rare mais harmonieux de la clarinette et de l’accordéon engage Théo Ould et Florent Héau sur la voie royale de la danse, et tout particulièrement de la danse teintée de folklore et de mélodies voyageuses. Les ostinatos, harmoniques et arpèges délicats de l’accordéoniste s’aventurent ainsi sur les pages riches et mouvantes de Witold Lutoslawski, Prélude de danses, sublimée par la ligne et le timbre plus clairs de la clarinette tenant ici le rôle du chant. Celle-ci se teintera de sonorités klezmers sur Sholem Aleikhem rov Feidman, pièce maîtresse et particulièrement virtuose du hongrois Béla Kovács. Après un passage par la mélodie française – Fauré, Pierné et Poulenc – le crochet par les pièces baroques de Marin Marais éclaire d’un jour nouveau les pages latines de Piazzolla, De Falla et d’Arturo Márquez : imitations contrapuntiques et legato savamment dosé unissent ces univers pourtant très lointains, avec une musicalité et une virtuosité constantes.

SUZANNE CANESSA

À venir
Martha Argerich et l’Orchestre Philharmonique de Marseille
17 décembre à 16h
Palais du Pharo, Marseille
Prokofiev/Stravinsky : Orchestre universitaire Osamu
19 décembre
Conservatoire Darius Milhaud, Aix-en-Provence
20 décembre
Palais du Pharo, Marseille

Avec de la ficelle et du papier  

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Un des valises spectacles au Museum d'Histoire naturelle de Marseille © Mara Kapoia

En point d’orgue du week-end de clôture de cette 6e édition du festival organisé par Anima Théâtre, les 20 ans de la compagnie célébrés à la Friche la Belle de Mai le samedi soir ! Dès le vendredi, Anima investissait le soir venu le Muséum d’Histoire Naturelle et ses travées de fantomatiques animaux assoupis – une expérience sensorielle en soi, aux allures de traversée clandestine, qu’affectionne la compagnie avec de réguliers safaris nocturnes. Présenté ce soir-là, Laterna regroupait cinq « valises spectacles », courtes formes de théâtre d’objets tenant dans un bagage, chacune réalisée dans le cadre de laboratoires menés avec des groupes d’exilés en Grèce et au Liban en 2021. Au gré des allées, on croisait ainsi du théâtre d’ombres autour des ravages du forage de pétrole, un tour de tango avec la Mort, ou encore les émotions chavirées présidant à la célébration d’un mariage arrangé… En épilogue, un making of retraçait le procédé de fabrication de ces valises, glanant des échanges issus de laboratoires menés à Athènes ou Beyrouth, avec des réfugiés de multiples horizons – mauritaniens, tanzaniens, syriens… Parmi eux, une très jeune fille évoquant la distanciation permise par les marionnettes pour oser une liberté de ton confisquée au quotidien. 

Un théâtre inventif

Le surlendemain, changement de ton avec Pomelo se demande dans la salle Seita de la Friche, adaptation de la série pour enfants créée par l’illustrateur Benjamin Chaud et l’autrice Ramona Badescu. Volontiers psychédélique, posant de vertigineuses questions sans forcément amener de réponses, Pomelo – minuscule éléphant rose, aimant à philosopher sous le pissenlit qui lui sert de demeure – est le héros fétiche d’enfants traversés de questions existentielles, mais parfois démunis de moyens pour les verbaliser ! Belle inventivité pour ce théâtre d’objets totalement artisanal reprenant les principes japonais du butaï – petit théâtre de bois – et du kamishibaï – papier découpé –, sur des chansons jouées au ukulélé à entonner en chœur avec un public complice et ravi. Une création réussie de la locale Et compagnie, autre déclinaison de cet art marionnettique protéiforme, pétri de vertus émancipatrices et vecteur d’imaginaire. 

JULIE BORDENAVE

La 6e édition du Marché noir des petites utopies se tenait à Marseille du 1er au 10 décembre. 

Le Bel indifférent : la musique d’une voix solitaire

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Dix ans après La voix humaine, ce « dialogue à une voix », disait son auteur, était écrit à l’intention d’Edith Piaf. Le Bel Indifférent, véritable monologue même si apparaît un second personnage face à la protagoniste, elle aussi, comme dans le texte précédent, femme trompée qui souffre des mensonges de son amant. La force théâtrale du texte, ses respirations internes n’incitent pas à la construction mélodique pure, aussi, la musique de Machado suit les volutes de la voix parlée. C’est elle d’ailleurs qui ouvre la pièce, on entend peu à peu derrière les mots les instruments dans le lointain. De retour de son tour de chant dans une chambre d’hôtel, elle appelle un certain Totor qui pourrait savoir à se trouve Émile, « un ange », puis le téléphone sonne, la sœur de l’absent demande où il se trouve… Le chant s’élève alors, la délaissée évoque les scènes précédentes, les commente… le jazz de la mélodie emprunte alors au registre klezmer pour marquer ses impatiences, ses révoltes, la douleur de son enfermement entre les quatre murs de ses attentes vaines du « magnifique gigolo au bord de ne plus l’être ». La soprano Aurore Bucher  (directrice artistique du projet) apporte son talent de comédienne à cette partition dont elle épouse toutes les formes, bouleversante de vérité dans toutes les expressions des émotions multiples qui la traversent. L’effectif réduit des musiciens souligne ce travail en épure, Pierre Cussac (accordéon), Carjez Gerretsen (clarinette), Anthony Leroy (violoncelle) Ludovic Montet (percussions et le vibraphone). Le livre lui-même se présente en accordéon qui peut se déployer en longue fresque sur laquelle courent les dessins stylisés de Laure Slabiak, véritables photographies de l’âme, imprégnées du monde onirique de Cocteau. Une merveille qui ne déparera pas le sapin de Noël !

MARYVONNE COLOMBANI

Le Bel indifférent, ensemble Virêvolte
Enphases

Musées de Marseille : de la place pour les femmes 

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Vue de l'exposition ©VilledeMarseille

Chaque année, la majestueuse salle en pierres voûtées du Préau des Accoules, occupant une partie de l’ancien observatoire de Marseille, se pare d’une nouvelle scénographie, adaptée aux oeuvres accueillies. Ces plongées successives dans les époques et esthétiques sont rendues possibles grâce aux prêts en provenance du FCAC, du Mac, de la Vieille Charité ou encore du très riche fonds Cantini, mettant à disposition des plus jeunes de réels originaux, un fait rare en France. Avec Elles!, il s’agit de mettre en valeur le travail de femmes artistes emblématiques des XXe et XXIe siècles. Selon les préceptes de cet exigeant musée jeune public, cette nouvelle exposition thématique intègre des jeux pédagogiques en regard de chaque oeuvre – tous imaginés et conçus par l’équipe du musée : un puzzle pour expérimenter les influences cubistes de Jenny-Laure Garcin, les fantasques et replètes Nanas colorées de Niki de Saint Phalle à reconstituer en figurines, l’éblouissante lumière méditerranéenne vue par Maria Helena Veiria da Silva (Marseille en blanc, 1931) à éprouver en 3D à l’aide de modules en bois, ou encore un jeu en kit aux allures de bronze doré, rappelant tant l’usage des matières de Germaine Richier, que la palette de couleurs de Louise Nevelson

Vue de l’exposition © VilledeMarseille

S’emparer des œuvres 

C’est l’occasion aussi pour les plus jeunes de découvrir des oeuvres plus conceptuelles issus du mouvement japonais Gutaï, des fragments photos d’Annette Messager (Mes voeux, 1988) ou encore une fantasque couverture respirante posée à terre, issue de la série Somnambulist de Wendy Jacob, conçue en collaboration avec l’étholoque autiste Temple Grandin (1993). Cette douzaines d’oeuvres éclectiques, mixant techniques, univers et époques, attire l’oeil et démange les mains – ah, cet irrésistible tableau textile à composer à l’aide d’étoffes à superposer, pour donner vie aux belles dames et songes d’Orient de Baya, dont est ici exposée Femme et cithare (1966) ! La frontière est délibérément floue entre la contemplation et la mise en pratique, et le parcours se double de quelques réflexions théoriques – chronologie liée à la parité, coin lecture avec des ouvrages thématiques. Pour élargir le propos à travers les époques et les continents, les sociétés matrilinéaires sont mises à l’honneur dans un préambule. Une manière sensible et pertinente de s’emparer intuitivement des oeuvres, au lieu de les contempler en chiens de faïence.  

JULIE BORDENAVE

Elles ! Femmes artistes dans les collections des musées de Marseille
Jusqu’au 27 juillet
Préau des Accoules, Marseille
musees.marseille.fr

À Luma Arles, la science-fiction transcendée

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Symposium Réalités de la science-fiction II (2022), LUMA Arles © Adrian Deweerdt

Comme depuis deux ans, Luma Arles s’intéresse à cette matière artistique et interroge ce qu’elle dit de nous dans son colloque Réalités de la science-fiction. Du 15 au 17 décembre, une série de conférences, ateliers, projections et réunissant plusieurs artistes, auteurs·ices, chercheuses·eurs vont ainsi traiter de « contre-dystopie », d’ « effondrement du présent », et vont même envoyer la Cour Suprême des Etats-Unis dans l’espace. 

Un monument

En ouverture, le 15 à 18 heures, Luma Arles accueille (en visioconférence) une légende de la science fiction en la personne de Samuel R. Delany. L’auteur américain qui s’est distingué en publiant de la science-fiction féministe et gay dans l’Amérique des années 1970 – quitte à voir son lectorat offusqué, et ses ventes baisser. Il échangera avec Benjamin Thorel, critique d’art. Place ensuite à la projection de deux films de Mati Diop : Atlantique et Atlantiques, suivie d’une conversation avec la réalisatrice. Le lendemain, dès 10 heures, l’autrice Atheel Elmalik invite à un atelier d’écriture qui se veut être « un exercice en fiction visionnaire ». Les participants écriront « ensemble des mondes fictifs en explorant les questions qui trouveront écho dans le groupe. » Le reste de la journée verra se décliner plusieurs conférences : une de Isiah Lavender III (professeur à l’université de Géorgie) autour du roman de Samuel R. Delany La Ballade de Bêta-2, une autre intitulée«Fan-fiction, science-fiction et la communauté épistémique de la sécurité de l’IA » par Shazeda Ahmed, chercheuse à Los Angeles. Le dimanche, on guettera celle de Nicolas Giraud, professeur à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, autour du poids des images dans la société. Ou encore la projection de Neptune Frost, où des cyberpirates anticolonialistes mènent une « insurrection virtuelle et puissante ». 

NICOLAS SANTUCCI

Réalités de la science-fiction III
Du 15 au 17 décembre
Luma, Arles
luma.org