mercredi 27 novembre 2024
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Beautés commerciales

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Robin Koni, Unicorn Princess, 1988. © MGL

Très actif au sein du Miam, Musée International des Arts Modestes qu’il considère comme son grand-œuvre, cofondé en 2000 avec l’artiste Bernard Belluc, Hervé Di Rosa, n’en finit pas d’interroger la hiérarchie des catégories esthétiques établies par les institutions officielles de l’art, pour promouvoir des productions existant à contrario des avis officiels autorisés. Un art populaire libéré, laissant libre cours à ses projets et pulsions plastiques, sans s’encombrer du qu’en-dira-t-on institutionnel. Beaubadugly, sous-titrée « L’autre histoire de la peinture », montre donc « sans complexe les peintures originales de ces artistes à la marge de l’imaginaire et du goût commun, qui ont parfois vendu des reproductions de leurs œuvres par milliers en supermarché et dont les posters nous sont familiers ». Question : des artistes qui vendent « par milliers de reproductions de leurs œuvres en supermarché » sont-ils vraiment « à la marge du goût et de l’imaginaire commun » ? 

Dans l’ombre de l’histoire 

Les cimaises du Miam accueillent donc des images encadrées d’enfants qui pleurent, des Poulbots aux joues rouges, des clowns de Bernard Buffet, des pin-up, des vahinés, des paysages exotiques, images essentiellement véhiculées par les institutions de la société de consommation : supermarché, espaces touristiques, médias de masse, etc. L’exposition est organisée en deux parties, chacune divisée en sections : dans la partie historique (commissariat Hervé di Rosa et Jean-Baptiste Carobolante) : le peintre star, les représentations d’enfants, les représentations féminines, les paysages exotiques, la peinture fantastique. Réalisées par « des artistes au succès jamais démenti, pourtant relégués dans l’ombre de l’histoire » selon les commissaires, une vingtaine exposé·e·s, dont Vladimir Tretchikoff (premier artiste à exposer et vendre ses peintures dans les supermarchés), Bernard Buffet, Margaret Keane (Tim Burton lui a consacré un film : Big Eyes), Michel Thomas ( peintre des « Petits Poulbots »). Dans la partie contemporaine au 1er étage (commissaires associées : Nina Childress et Colette Barbier), les sections sont : « le peintre ce héros », « s’approprier la peinture au couteau », « Peindre coûte que c(r)oûte », « Leurre du Kitsch ». Là aussi une vingtaine d’artistes, parmi lesquels on trouve Pierre Ardouvin, Nina Childress, Gérard Gasiorowski, Philippe Katerine, Pierre & Gilles.  

Bouse de recherche

Beaubadugly se présente donc comme « un panorama de la peinture commerciale, médiatique et populaire ». Une exposition issue de la première bourse de recherche du Miam, financée en intégralité par la Fondation Antoine de Galbert et encadrée par l’Inha (Institut national d’histoire de l’art) dont Jean-Baptiste Carobolante, co-commissaire de Beaubadugly a été le lauréat en 2021. Entreprenant depuis cette date une recherche sur la peinture marchande, dont cette exposition est le premier événement, avant la publication à venir d’un ouvrage.

MARC VOIRY

Beaubadugly - L’autre histoire de la peinture
Jusqu’au 9 mars 2025
Miam, Sète 

Explosives créatures

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Friche l'Escampette, Germaine Richier, L'eau, 1953 © X-DR

Du 1er juillet au 1er septembre et tous les week-ends du mois de septembre, la Friche de l’Escalette propose des visites guidées.  

Au programme : promenade caillouteuse (escarpins à éviter), jalonnée par les œuvres permanentes héritées des précédentes expositions (dont les cités fantastiques en cérastone de Jean Amado, les jarres baroques de Traquandi, une cabane perchée de Marjolaine Dégrémont, les totems de François Stalhy…). Pause au bungalow du Cameroun de Jean Prouvé et découverte de la nouvelle proposition : cet été, c’est au tour de Germaine Richier, « la Méditerranéenne » de faire escale dans ce repli minéral du Parc National des Calanques.

Usine de plomb

L’histoire est connue de cette usine de plomb installée là, au milieu du 19e siècle pour limiter la pollution en ville, son développement organique dans la caillasse, ses étranges cheminées rampantes sur la colline, son déclin rapide, sa longue notoriété de royaume des ferrailleurs, de cimetière automobile, et puis son acquisition par le galeriste Eric Touchaleaume, au début des années 2010. Un (très) gros nettoyage, la préservation scrupuleuse de la végétation, une mise en sécurité réglementaire. Et le site se transforme peu à peu, au fil des aménagements des espaces clos et des mises en valeur minimalistes des traces du bâti historique résiduel, en lieu d’exposition de sculptures contemporaines et d’architecture légères du XXème siècle.

Golems

Les 13 créatures de Germaine Richier ne sont pas exposées au cœur de cette nature maritime tourmentée, comme l’aurait sans doute souhaité l’artiste provençale. Mais elles y ont été opportunément photographiées, et tout visiteur pourra en garder le souvenir grâce à l’élégant fascicule mis à la disposition par l’organisateur. Les œuvres sont présentées pour la plupart dans un ensemble bâti clos et couvert, lui-même très découpé, très segmenté, sans régularité, sans homogénéité. Sur leurs socles de bois brut, chacune de ces sculptures a son propre espace, ses propres perspectives et résonances, au gré des dimensions toujours diverses, et éclairages aléatoires. 

Des œuvres noires, écorchées, hirsutes, golems brutalement extraits. Richier et Giacometti, son illustre contemporain, traitent pareillement la matière. Mais quand les personnages de celui-ci semblent plus souvent inviter à la méditation, au mystère et à la lenteur, ceux de Richier, pas toujours identifiables, humains ou hybrides, mythologiques, puissants et dégingandés, préfèrent de loin l’explosivité et l’expressivité. On s’arrache en gesticulant de la lave en fusion et c’est joyeux !

MAURICE PADOVANI

Germaine Richier : La Méditerranéenne
Jusqu’au 29 septembre
Friche de l’Escalette, Marseille

Ça swingue à Gréoux !

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Nirek Mokar & His Boogie Messengers © X-DR

Le Gréoux Jazz Festival, résolument « swing and dance », fête ses dix ans en ce mois de septembre. Volontairement éclectique et accessible au plus grand nombre sans jamais sacrifier à la qualité, cette manifestation qui ouvre la saison d’automne accueille des plateaux internationaux qui soulignent le caractère intemporel du jazz sous toutes ses formes. 

Le thème de l’année est le « Swing era », l’ère du swing, qui représente l’âge d’or des big bands parmi lesquels on compte ceux de Duke Ellington, Count Basie ou Artie Shaw. Cette « ère » dura peu, du milieu des années 1930 aux années 1940 mais donna naissance à de nombreuses danses qui firent swinguer la musique, bebop, rythm and blues… La programmation due au président de FestiGréoux, Patrick Bourcelot, explore ces univers avec jubilation.

Manouche et Nouvelle Orléans

C’est par le swing le plus classique et déjanté que le festival s’ouvre. Le quintet réuni autour de Sébastien Chaumont, le Bopster Blue s’emballe sur blues et swing, amenant sur la scène du Centre de Congrès L’Étoile les danses des années folles. Nirek Mokar et His Boogie Messengers Feat. Sax Gordon se délecte du boogie-woogie que le meneur a découvert au Paris Boogie Speakeasy, club parisien où travaillait son père et où il a débuté au piano, en autodidacte, guidé par les célébrités hantant les lieux. Le résultat, un jeu aussi irrésistible que fantaisiste. On le retrouvera aux côtés de Stan Noubard Pacha, Claude Braud, Guillaume Nouaux et Sax Gordon. Le jazz manouche prend le relais avec le guitariste Tchavolo Schmitt dans la plus pure tradition de Django Reinhardt. Ce poète de la guitare déploie son art libre accompagné de Julien Cattiaux (guitare), Edouard Pennes (contrebasse) et César Poirier (clarinette). Les Oracles du Phono (Nicolas Fourgueux, saxophone, Stan Laferrière, batterie, Benoît de Flamesnil, trombone, Christophe Davor, banjo, Nicolas Montier, saxophone, Malo Mazurier, trompette) renouent avec le premier instrument à enregistrer des sons et reprennent d’une manière très originale et novatrice les vieux standards de la Nouvelle Orléans en un sextet brillant aux couleurs et aux accents prenants. 

Enfin, les Oyster Brothers, réunis comme leur nom semble l’indiquer autour d’un plateau d’huîtres alors qu’ils écumaient les clubs de la Nouvelle Orléans, livrent un swing déchaîné rythmé par les claquettes, des improvisations ébouriffantes, des passages de scat à tomber. Christian Vaudecranne (saxophone soprano), Jérôme Laborde (trombone), Jérôme Gatius (clarinette), Jérôme Arlet (banjo), Yves Buffetrille (contrebasse) mêlent swing, funk, syncopes caribéennes, métissent les genres avec panache. À cela ajoutez les dîners-jazz au cours desquels on découvrira Benjamin Rando et Elia Orson ou le Duo Tãal d’Aurélie Tropez et Alexis Lambert. 

MARYVONNE COLOMBANI

Gréoux Jazz Festival
Du 11 au 15 septembre
Centre de Congrès L’Étoile, Gréoux-les-Bains
greouxjazzfestival.com

Découverte et modernité à Entrecasteaux

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Olivia Hugues © X-DR

Depuis 1982, le Festival de musique de chambre d’Entrecasteaux fait le choix de programmer des œuvres inédites de musique classique et contemporaine, interprétées par des artistes de renommée internationale aux côtés de jeunes talents prometteurs. Cette programmation originale se déroule chaque année au mois d’août, au cœur du Haut-Var, en itinérance dans différents villages où touristes de passage, habitués et habitants des villages alentours se mélangent dans une atmosphère bon enfant. Olivia Hughes, premier violon solo à l’Orchestre de Chambre de Paris et directrice artistique du festival reste cette année encore fidèle à cette orientation de découverte audacieuse.

Des sommets

Le festival ouvre ses portes le 19 août à l’église Saint-Denis (Tourtour), avec Entre temps du compositeur japonais Töru Takemitsu. Décédé en 1996, ce dernier a écrit un grand nombre de musiques de film, comme celles du célèbre Ran d’Akira Kurosawa. On pourra entendre également le quatuor à cordes no 5 de l’Américain Philip Glass puis sept chansons populaires pour voix et trio à cordes de l’Espagnol Manuel de Falla, ami de Charles Dukas. Le lendemain, au côté de Mozart, Quatuor à cordes KV 80 en sol majeur et de Fauré Quatuor à cordes op. 121 en mi mineur, une œuvre à découvrir : le divertimento pour hautbois et quatuor à cordes de Bernhard Henrik Crusell,compositeur et clarinettiste finlandais contemporain de Mozart. L’occasion aussi d’applaudir Léo Ispir, le tout jeune violoncelliste qui monte et devrait bientôt atteindre des sommets. 

Programme plus « classique » pour les soirées du 21 août avec BeethovenSonate pour violon n° 1 op. 12, Robert Schumann, Trois romances pour hautbois et piano op. 94. et les Six lieder op. 13 pour voix et piano de Clara Schumann dont le romantisme et l’intensité seront portés par la soprano espagnole Ruth Rosique accompagnée au piano par David Saudubray, un fidèle du festival. Le duo se produira le lendemain dans la pièce Leonard Bernstein, I hate music pour voix et piano. On retrouvera aussi avec bonheur des musiciens qui reviennent chaque été à Entrecasteaux comme dans leur maison de famille, Jérome Guichard et son hautbois, la fougueuse altiste Violaine Despeyroux et le violoncelliste franco-argentin Gregorio Robino

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Festival de musique de chambre d’Entrecasteaux 
Du 19 au 23 août
Entrecasteaux et alentours

Aux quatre vents

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Quatuor Akilone © Bastide Crespin

Voilà bientôt cinquante ans que le festival aoutien célèbre le répertoire si riche et généreux de la musique de chambre, et tout particulièrement la forme canonique du quatuor à cordes. Une fois de plus, c’est autour du XIXe siècle et d’une mue opérée par Beethoven et accélérée par le post-romantisme de Brahms et Dvořák qu’il s’articulera pour une programmation heureusement ouverte à d’autres bouffées et horizons. 

L’ensemble 44 parcourra ainsi, certes à quatre voix, la musique vocale des partitions grégoriennes à nos jours, le 18 août à l’Eglise Saint-Michel de Roussillon ; l’ensemble Polygones, conçu comme une formation à géométrie variable, interprètera de splendides pages de Brahms et Dvořák le 27 août à l’Église Saint-Sébastien de Goult ; et le trio Karénine explorera enfin le 31 août les œuvres de Michael Jarell, Clara Schumann et son cher Robert – avec l’aide du violon de Louise Salmona et de l’alto de Marion Duschesne sur son quintette opus 44 à l’Abbaye de Silvacane. Et ce sans compter de formidables invités : le quatuor Akilone interprètera, en sus de pièces de Beethoven et Dvořák, le quintette à deux altos de Brahms en compagnie de Jean-Baptiste Souchon le 15 août à l’église Saint-Sébastien ; le quatuor Métamorphoses s’attaquera au célèbre sextuor opus 18 de Brahms armé de l’alto de Perrine Guillemot et du violoncelle de Lucie Mercat ; le quatuor Varèse, outre un opus mozartien bienvenu et une pièce de l’immense Jessie Montgomery, dialoguera avec la clarinette de Carjez Gerretsen sur le quintette opus 115 de Brahms à l’abbaye de Silvacane le 24 août ; le quatuor Hernani conclura enfin les hostilités le 1er septembre à l’abbaye de Silvacane avec des pièces maîtresses de Robert Schumann, Webern et le quintette avec piano opus 34 de Brahms avec le soutien de Guillaume Sigier.

Les quatuors purs et durs mettent eux aussi l’eau à la bouche. L’impressionnant quatuor Hanson opèrera en terrain viennois avec un programme allant d’Haydn à Berg, en passant par Schumann. Outre les Dvořák de rigueur, le quatuor Bennevitz explorera le 21 août, en hommage à la fondatrice du festival Benita Carteron, des pièces maîtrese de Janáček et Haydn à l’église Saint-Michel, et des post-romantiques Erwin Schulhoff et Viktor Ullmann le 22 août à l’abbaye de Silvacane. Le quatuor Elmire plongera, dans un concert proposé en collaboration avec le Concours de Genève, dans l’œuvre de Beethoven et de Webern le 28 août à l’abbaye de Silvacane. Le quatuor Adelphi entamera son programme du 30 août avec Haydn, avant de se diriger vers peut-être plus alléchant ; Britten, Roland de Lassus et l’immanquable quatuor opus 80 de Félix Mendelssohn, dédié à la mémoire de sa sœur Fanny. Tant de merveilles à (re)découvrir ! 

SUZANNE CANESSA

Festival de Quatuors de Luberon
Du 15 août au 1er septembre 
Divers lieux, Luberon

Vive l’eau

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Robin Renucci et Bertrand Cervera © Clement Vial

« Giono et l’eau », thème 2024 des Rencontres consacrées chaque année à l’auteur par l’association Les amis de Jean Giono, a tout de suite suscité l’engouement. Mais, explique Christian Morzewski, son président, au-delà de l’importance littéraire de l’élément aquatique, « c’est sa résonance éco-environnementale qui nous a valu les propositions de participation ou d’intervention les plus originales et stimulantes ». Et en effet, pour sa 18e édition, la manifestation conjugue des rendez-vous « classiques », lectures ou projections, avec des formats plus décalés, promenades musicales ou spectacle de vidéo-danse.

À Banon, Manosque, Gréoux…

Dans la première catégorie, la nouvelle L’eau vive (1943), lue par Robin Renucci, accompagné au violon par Bertrand Cervera, le 1er août au théâtre Jean le Bleu de Manosque, rénové de frais depuis quelques mois. Ou son adaptation au cinéma, à voir la veille, dans la librairie Le Bleuet à Banon : le film de François Villiers, sorti en 1958, a bénéficié d’un scénario et de dialogues écrits par Jean Giono lui-même. Dans le second registre, le 2 août, une série de concerts au Conservatoire de Manosque ou dans les églises Notre-Dame de Romigier et Saint-Sauveur (Olivier Lechardeur, Duo MFA, Quatuor Cézanne). Ou, le 3 août, au théâtre Jean le Bleu, le spectacle « Retrouver l’eau… “Cette chienne de Durance” »par la Cie Empreinte en mouvement, chorégraphié par Lorna Lawrie, Chloé Scialom assurant les parties vidéos. Une œuvre inspirée, comme celles du romancier, par les paysages de la région, ses sources et ses torrents qui alimentent la rivière principale. Les Rencontres se clôtureront le 4 août à Gréoux-les-Bains, par un pique-nique « auberge espagnole » dans les jardins de la médiathèque Lucien Jacques, assorti d’une visite de l’exposition Jean Giono, Lucien Jacques et les Rencontres du Contadour (1935-1939).

GAËLLE CLOAREC

Rencontres Giono
31 juillet au 4 août
Manosque, Gréoux-les-Bains, Banon

Une Guinguette qui résiste 

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Catchy Peril © Margaux Mullet

Terminé le Pointu Festival, les amateurs de rock indé de la région n’ont plus beaucoup de rendez-vous estivaux à se mettre sous la dent. Heureusement, certains font de la résistance. Le festival printanier The Echo a offert à Marseille une première édition réjouissante, et La Guinguette Sonore est encore là, fidèle à sa plage de la Romaniquette à Istres, et à ses valeurs. Car cette année, la fine équipe de bénévoles propose une édition musclée avec dix groupes venus du coin, de France et même d’Argentine, naviguant dans les eaux tourmentées de l’indie-rock, du post-punk, du garage et du krautrock. 

Aux côtés de la désormais traditionnelle assiette de poulpe qui est proposée chaque année au public, la première soirée invite Brother Junior, que l’on avait découvert avec la Chance du Débutant, son premier EP, pour représenter la scène locale. Le même soir, on a hâte de découvrir le quatuor féminin venu d’Argentine, Fin Del Mundo. Chants en espagnol, guitares et mélodies douce-heureuses, c’est de la dream-pop dopée à ce garage lo-fi qui avait envahi la scène mondiale dans les années 2010. Autre temps fort de la soirée, la venue de Meule, une des dernières belles sensations de la scène rock française. Très original dans le son comme dans le dispositif scénique – deux batteurs jouent (quasiment) sur la même batterie – ils produisent une musique invariablement rock, tout en intégrant des accents électro : hypnotique et transcendant. Avant d’aller se reposer, on n’oubliera pas d’écouter les non moins intéressants Purrs (post-rock, Angoulême), et Wheobe (rock-fusion, Lyon). 

Guitar Hero 

Deuxième service le samedi 31 août. Et ça promet d’être encore grandiose. D’abord parce qu’il y a deux des groupes marseillais les plus intéressants du moment. À savoir les désormais bien connus Technopolice – on les a vus à La Plaine du rock récemment. Et Catchy Peril, des nouveaux venus qui ont semble-t-il envie de redonner à la musique punk toute la folie scénique qu’elle mérite. Le tout agrémenté de sonorités glam et psychédéliques, et augmenté d’un synthé puissant – un choix artistique (trop) rare pour un groupe de la région. On attend aussi avec impatience Stuck in the Sound, le groupe de Montreuil qui a explosé avec son titre Let’s Go, qui lui a assuré une grande notoriété des deux côtés de la Manche, et de l’Atlantique. Un petit plaisir aussi pour Sébastien Dreyer, le directeur du festival, qui confesse dans son édito avoir joué avec un des morceaux du groupe sur… le jeu vidéo Guitar Hero

À côté de cette excellente programmation, La Guinguette Sonore reconduit le très intéressant dispositif Eclipse de Lune, une exposition interactive qui interroge la place des femmes dans les musiques actuelles. Une démarche salutaire, quand on y découvre, chiffres à l’appui, la trop grande inégalité qui persiste dans ce milieu.  

NICOLAS SANTUCCI

La Guinguette Sonore
30 et 31 août 
Plage de la Romaniquette, Istres 

Saveurs pianistiques

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Les Nuits pianistiques © X-DR

Éclectique et internationale, la programmation des Nuits pianistiques d’Aix-en-Provence joue avec les saveurs : piano concertant, récitals ou encore duos mettent à l’honneur de nombreux compositeurs, de l’Italie de Rossini à l’Autriche de Beethoven et Schubert, en passant par la France de Fauré ; et bien sûr, encore et toujours Chopin et Ravel. C’est d’ailleurs avec Chopin que l’auditorium Campra du Conservatoire Darius Milhaud accueillera le 30 juillet, Nicolas Bourdoncle dans le Nocturne opus 62 n°2 en mi majeur, la Ballade n°2 opus 38 en fa majeur, la Sonate N° 3 opus 58 en si mineur. Le fils de Michel Bourdoncle, fondateur du festival a été à bonne école. Il a fait ses débuts comme soliste à l’âge de dix ans à la Philharmonie d’Odessa et est lauréat de plusieurs concours internationaux. Il interprétera en deuxième partie l’Impromptu n° 2 opus 31 en fa mineur et Gaspard de la nuit de Ravel. Du Chopin au programme également pour le récital du canadien JJ Jun Li Bui le 31 avec le Nocturne opus 15 n ° 1 en fa majeur, Mazurkas opus 7 (n ° 1- 4), le Rondo à la mazur opus 5 en fa majeur, œuvre composée par le musicien à l’âge de 16 ans, la Sonate n ° 2 opus 35 en si bémol mineur, puis place à Schubert avec Trois Klavierstücke et Ravel, avec Pavane pour une infante défunte, Jeux d’eau et La Valse

Duo de choc et de charme
Les brésiliens Fabio et Gisèle Witkowski, qui se produisent sur les scènes du monde entier sous le nom de Witkowski Piano Duo interprèteront le 1er août la Fantaisie en fa mineur de Schubert, Dolly de Fauré et rendront hommage au compositeur local Darius Milhaud avec Le bœuf sur le toit et Scaramouche. Hommage à la voix le 3 avec Joanna Vos connue pour sa colorature et son talent lyrique et dramatique exceptionnel. Elle sera accompagnée du pianiste Artur Jaron dans des airs d’opéra de compositeurs italiens (Puccini et Verdi) mais aussi polonais, bien moins connus comme Paderewsk ou Moniuszko. Le 6, la sud-coréenne Seonghyeon Leem et le jeune polonais Jan Jakub Zielinski – il a étudié à Aix- seront accompagnés par l’Ensemble Giocoso dans le Concerto n ° 2 opus 21 en fa mineur et le Concerto n ° 1 opus 11 en mi mineur de Chopin. Cet orchestre symphonique crée par les professeurs des conservatoires du pays d’Aix sera dirigé par Mariusz Smolij. Considéré comme l’un des chefs les plus accomplis de sa génération, il a dirigé plus de 130 orchestres. Très attendu, le récital Natalia Troull, le 7  nous emmènera en terres germaniques avec Haydn, Variations en fa mineur, Beethoven, Sonate n° 32 opus 111 en do mineur et Schumann, Davidsbündlertanze opus 6. On ne compte plus les distinctions de cette pianiste russe dont le répertoire comprend cinquante concertos dont celui de Tchaïkovski qu’elle a interprété une centaine de fois dans le monde. Enfin, une soirée musique de chambre clôturera l’édition 2024. Elle invitera Bach, Beethoven, Poulenc et Debussy. Au piano Nikita Mndoyants, au violon Eduard Sonderegger et Jean Ferrandis à la flute. Lors d’une exécution du concerto de Mozart K314, ce dernier avait été remarqué par Leonard Bernstein qui s’écria en l’entendant jouer l’adagio : « C’est Pan lui-même ! »

Depuis 2006 se tient à côté du Festival L’Académie internationale des Nuits Pianistiques devenue un centre majeur de formation musicale en Europe. Les concerts des stagiaires, le 2 et 9 août, sont pour eux une irremplaçable occasion de jouer en public.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Les nuits pianistiques d’Aix en Provence
Du 30 juillet au 10 août
Conservatoire Darius Milhaud, Aix-en-Provence 

Le Ballet Preljocaj prend ses quartiers d’été

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Torpeur. Ballet Preljocaj. Cop : Laurent Philippe

Après un crochet par le Château Lacoste le 20 juillet et deux re-créations de pièces des années 80, le Ballet Preljocaj reviendra sur la scène mythique de l’Archevêché avec une autre série de pièces courtes. 

Comme souvent, le goût de l’intime et de l’exploration du langage se mêlait à un univers moins (néo)classique qu’héritier d’une folie toute baroque. Ainsi, l’exclusivement masculin Un Trait d’Union (1989) déclinait les modalités et points de rencontre de deux interlocuteurs empruntés à une nouvelle de Sartre, et frisant la folie ; Larmes Blanches (1985), dans son choix de costumes, de rituels et d’échanges, puisait dans les accents précieux de Bach et Couperin.

Intemporelle incarnation

C’est bien cette grâce et ce maniérisme qui semble animer depuis sa reprise le pourtant très familier tableau d’Annonciation (1995). Donné en préambule de ce programme unissant des pièces pourtant séparées par trente ans d’écart, ce duo revêt pourtant, grâce au renouveau de ses interprètes, des traits inédits. Une complicité inédite semble opérer entre les deux duos incarnant Marie et l’archange. Contraintes d’œuvrer ensemble pour une force que l’on désigne en pointant vers le haut, dans ce goût du geste devenu signe emprunté au Trecento et déployé sur le registre du théâtre dansé, les deux femmes nouent une complicité émouvante car résignée. 

Complicité qui demeurera le fil rouge de cette trilogie où les corps des femmes, leur capacité d’engendrement mais aussi leur objectification se verront savamment scrutés.

Torpeur, création de 2023 conçue donc vingt-huit ans après ce duo canonique, déploie un effectif et des modalités d’interaction démultipliés. On se croirait, durant les premières minutes, revenus à une danse minimaliste proche de Lucinda Childs, scandée par les pulsations rassurantes d’une musique joyeusement répétitive dont les corps s’emparent avec frénésie. La danse lorgne aujourd’hui vers la désarticulation, le saccadé, la rétrogradation ? Qu’à cela ne tienne, semble répondre Angelin Preljocaj : les battements s’espacent, les gestes s’étirent, et les corps s’alanguissent. Si bien qu’il semble que ce sont eux qui imposent à une musique flottante leur propre rythme, et non pas celle-ci qui leur dicte quand et comment faire battre leurs cœurs. Les douze danseurs et danseuses se rapprochent, s’explorent dans un mouvement inédit de sensualité. Exit les pas-de-deux délimitant hommes et femmes : c’est presque uniquement en trios, puis entre hommes et femmes que tous s’unissent et s’accompagnent, comme les corps exultants de la pensée dans le récent et tout aussi réjouissant Deleuze/Hendrix.

Le rapt des mariées

On revient en fin de spectacle en 1989, année où le chorégraphe s’imposa comme une voix majeure de la danse contemporaine. Les Noces de Stravinsky avaient un peu voyagé, de la Russie paysanne du compositeur aux Balkans des origines de Preljocaj. 

Ces images ont la saveur inaltérée du cauchemar : une fois de plus, ce sont les yeux bandés que les jeunes mariées avanceront vers leur destin. Elles auront eu beau échanger regards entendus, caresses chaleureuses, quitte à s’emparer elles-mêmes de dociles poupées de chiffon, elles sortiront éternelles perdantes d’un jeu joué d’avance. Engoncés dans des costumes cravates soulignant leur air juvénile, les hommes semblent à peine moins perdus. On croirait pourtant presque, le temps de ces sauts du haut de bancs d’école, où les femmes s’élancent, tournoyant comme des toupies, qu’un autre monde, qu’un envol est possible. 

SUZANNE CANESSA

AnnonciationLarmes blanches et Un Trait d’union ont été dansés le 20 juillet au Château Lacoste

Annonciation, Torpeur, Noces
1er et 2 août
Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence

L’été continue !

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La soirée du 19 juillet restera gravée dans les mémoires marseillaises. En ouverture du concert, face à la mairie, Demi Portion n’a pas fait dans la demie mesure et a fait rapper tout le port sur la mauvaise réputation de Brassens, rendant un bel hommage à tous ses aînés. Quant au Massilia Sound System, ils ont mis le feu devant  un public indénombrable, dansant du « Tafanari », rappelant que l’identité marseillaise est  drôle, insolente, riches de tous les ailleurs qu’elle convoque, et si roche du rap marseillais né dans les mêmes années que leur si formidable Sound System… 

À venir

Il reste trois soirées pour profiter de la Scène sur l’eau. D’abord le 26 juillet en compagnie de DJ Bens et du jeune rappeur toulousain WarEnd. Le 1e août, électro et musique d’inspiration grecque au programme avec en ouverture French 79, membre imminent de la scène électro marseillaise, suivi de Yohan Papaconstantino. Repéré en partie grâce à sa reprise de Les mots bleus de Christophe, celui-ci s’inspire des musiques populaires grecques du début du XXe siècle qu’il injecte de modernité électro et rap. Enfin, le trio Deli Teli poursuit dans cette ambiance de nostalgie athénienne avec des reprises de tubes pop des années 1960. 

Pour sa dernière soirée, la Scène sur l’eau accueille un line-up rap avec en tête d’affiche le marseillais Soso Maness, connu pour ses sons et albums individuels autant que pour ses featurings et sa participation à des projets collectifs comme l’iconique Bande Organisée. À sa suite, un panel d’artistes multiples, surtout originaires de la cité phocéenne, comme le veux la ligne directrice de L’Été marseillais. On retrouve le son novateur de Ekloz, nouvelle venue sur la scène française qui combine rap et techno, ainsi que la vague Achim. La star égyptienne Abo el Anwar viendra conclure la soirée. 

Avant le Soir !

La scène flottante largue les amarres début d’août, mais les parcs du 1e et 7e arrondissement continuent d’accueillir les arts jusqu’à la rentrée scolaire, avec plusieurs concerts, représentations de théâtre, de danse et d’arts de la rue par semaine dans le cadre d’Avant le soir !

Le 24 juillet, la compagnie Kartoffeln présente De beaux draps dans le jardin Bertie Albrecht. Cette toute nouvelle création, entre danse et comique de geste, déploie une réflexion sur les liens existant dans le couple à travers la métaphore du linge. Elle aura droit à deux autres représentations les 26 et 30 juillet. Modeste proposition en faveur d’un cannibalisme modéré de L’Art de vivre, pièce-conférence inspirée d’un essai politique-économique de l’Irlandais Jonathan Swift critiquant à grand renfort d’ironie la rationalisation de la population irlandaise par la colonisation anglaise, donnera également lieu à trois dates (29 juillet, 6 et 9 août). Les 13, 14 et 19 août, l’Ensemble Télémaque propose du théâtre musical avec ses Désaccords Parfaits agrémentés de trompette et d’humour noir. 

Côté musique, on retrouve également le Trio Sayat au jardin Labadié (12 août) et l’Ensemble Ex Anima au square Bertie Albrecht (31 juillet) pour L’Écho des sphères

CHLOÉ MACAIRE 

La Scène sur l’eau de L’Été Marseillais 
Les 26 juillet, 1er et 4 août 

Avant le Soir ! 
Jusqu’au 31 août
Parcs et jardins du 1/7, Marseille