Deux danseurs aux physiques dissemblables : Rémy Héritier, grand et mince, qui a initié la création, le second, le danseur américain Bryan Campbel,massif et barbu. Le début de la danse est annoncé par une voix off : « activité ». Des séquences de longueurs diverses vont se succéder, et démarrer à la commande d’un signal sonore qui les met en action. Les mouvements sont verticaux, les bras dessinent des figures géométriques, coudes pointus, poignets cassés, mains s’enroulant autour du cou et caressant les cheveux.
Les deux hommes sont éloignés l’un de l’autre, ne se regardent pas, se mobilisent en équilibre. Bientôt des images apparaissent de façon aléatoire sur un écran posé au sol. Images de forêts, d’oiseaux, de personnes, d’un nénuphar, d’un couteau, de babouches, sans liens entre elles, semble-t-il. Des projecteurs, parfois manipulés par les danseurs, occupent le côté de l’espace et servent aussi de supports aux danseurs. C’est Ludovic Rivière, longtemps complice de Rémy, qui a choisi les photos et réglé les lumières. Parfois un cercle de lumière jaune provenant d’un projecteur au plafond accompagne les mouvements.
Affirmer leur présence au monde
Peu à peu les interprètes se rapprochent. Peu de regard mais parfois une esquisse de sourire de Bryan. La musique d’Éric Yvelin, autre complice, d’abord assez discrète, parfois répétitive, se fait plus envahissante, accompagnant la rencontre des corps qui vont désormais au sol, s’entrechoquent, s’entrelacent jusqu’à s’enchevêtrer. Parfois ils changent de sweat ou de pantalon, s’emmitouflent, se mettent torse nu, sans raison apparente. Ils ne « racontent » rien, ils sont ici et maintenant. Tout est impeccablement réglé. C’est un plaisir de retrouver la programmation de la structure Marseille Objectif Danse qui avait dû abandonner ces projets, suite à la baisse de subvention, se consacrant essentiellement à l’accompagnement d’artistes.
CHRIS BOURGUE
`Un monde réel, chorégraphie de Rémy Héritier-GBOD ! (création) s’est dansé les 13 et 14 novembre à la Friche la Belle de Mai
Le 23 avril 2013, le parlement adopte par 331 voix contre 225, la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, promulguée le 17 mai suivant. C’est sur cette archive sonore que s’affiche le générique initial du premier long métrage d’Alice Douard, Des Preuves d’amour.
Si cette reconnaissance officielle du droit à la famille pour tous, marque une étape décisive pour beaucoup d’homosexuels, elle ne leur évite pas tous les écueils discriminatoires dans leurs démarches pour fonder un foyer.
On est au printemps 2014. A Paris. Céline (Ella Rumpf) et Nadia (Mona Chokri) se sont mariées et attendent leur premier enfant conçu par PMA au Danemark – la PMA ne sera autorisée en France qu’en 2021. C’est Nadia, 37 ans, qui porte le bébé. Céline, plus jeune, portera le deuxième, elles se le sont promis. Nadia est dentiste. Céline DJ. Elles s’aiment et partagent l’expérience de cette gestation comme tous les parents. Entre échographies, séances de préparation à l’accouchement, discussions avec ceux qui sont passés par là, elles s’émerveillent, s’angoissent, doutent … Attendre un enfant est une aventure banale et extraordinaire ! Universelle et unique. Nadia ne rentre plus dans ses vêtements, panique devant les difficultés professionnelles et financières que sa maternité va générer mais garde son humour et sa radieuse solidité. Céline, dont on épouse le point de vue, plus fragile, plus grave et sans lien génétique avec sa fille à naître, doit trouver sa place et sa légitimité.
Nourri par l’expérience de la réalisatrice, dont le court métrage césarisé L’Attente abordait déjà le sujet, le film suit la grossesse de Nadia et les étapes de la constitution du dossier. Il sera soumis à la décision du juge des affaires familiales qui permettra à Céline d’adopter le bébé. Il va falloir donner « des preuves d’amour », collecter photos et témoignages des parents et amis – en veillant à ne pas choisir que des copines lesbiennes (sic). Il s’agira d’ attester de la solidité du couple, de sa capacité à accueillir l’enfant.
La preuve par trois
Sans taire l’homophobie et les préjugés, se moquant des maladresses des hétéros (qui sentent le vécu) , Alice Douard ne réduira jamais son film à une dénonciation. Il sera lumineux, bienveillant et joyeux. Le parcours administratif et médical, émaillé de vraies scènes comiques, s’associe à un cheminement plus intime. Plus particulièrement pour Céline. Sur le point de devenir mère, la jeune femme est confrontée à sa propre enfance, marquée par la mort de son père, l’absence de sa « mauvaise » mère (impeccable Noémie Lvovsky), pianiste internationale qui a placé sa carrière avant sa maternité. Mère et fille, musiciennes dans des registres différents, si loin, si proches. La pulsation techno, tout comme les envolées de Chopin et de Beethoven, se font écho de cet élan d’amour, de confiance, au-delà du chaos profond que chacune porte en elle. Les actrices, selon le vœu de la réalisatrice, existent aussi bien indépendamment qu’ensemble dans une indéniable alchimie. Alice Douard voulait « un film populaire et fédérateur » et c’est réussi !
Quand, après l’accouchement et une dernière hésitation à l’image, entre flou et net, Nadia et Céline, mères ravies et apaisées, se retrouvent dans le même plan, leur petite fille contre la peau de Céline, la preuve par trois est évidence.
Le comique est un art exigeant : faire rire au théâtre requiert une véritable maîtrise. C’est ce qu’a rappelé Louis Dieuzayde, maître de conférences à Aix-Marseille Université, lors d’une éclairante conférence d’avant-spectacle. Le rire selon Feydeau est une mécanique subtile qui observe les comportements humains tout en conservant l’illusion du réel. La metteuse en scène et performeuse Karelle Prugnaud signe une relecture audacieuse, proche de l’univers du cirque.
La scénographie, imaginée par Pierre André Weisz, déploie de grands panneaux rose bonbon formant un dispositif modulable, prêt à se laisser envahir par la frénésie des personnages. Les filins qui actionnent ces murs, laissés volontairement visibles, exposent au public une mécanique à nu, plaquée sur un univers bouillonnant de vie. Ce choix rejoint le parti pris de Karelle Prugnaud : jouer avec la machinerie théâtrale et la précision des entrées et sorties propres à Feydeau.
Comique, farce et chaos
« Bébé », en couche-culotte et masque de singe, déambule parmi les spectateurs, multipliant acrobaties et grimaces. Personnage secondaire chez Feydeau, il devient ici le véritable détonateur, celui qui vient fissurer le confort bourgeois du foyer Folavoine. Enfant tyran, tétant encore sa mère à un âge avancé, accro aux nouvelles technologies, il agit comme le révélateur des dysfonctionnements des adultes. Les qualités circassiennes des comédien·nes leur permettent de s’affranchir d’eux-mêmes dans un jeu d’une physicalité intense.
Au fil de la pièce, les tensions entre tragique et comique dessinent un monde de plus en plus anxiogène, promis à l’implosion. Le chaos fait basculer la farce dans un surréalisme contemporain, où l’ordre social se fissure jusqu’à voler en éclats.
ISABELLE RAINALDI
Spectacle donne le 11 novembre au Théâtre des Salins, Scène nationale de Martigues.
Dans le forum situé au sous-sol du Mucem, les participant·es s’installent en ce samedi 15 novembre. Danseur·euses confirmé·es comme débutant·es se préparent à suivre 2h30 d’atelier chorégraphique mené par le Toulousain Sylvain Huc. Pour le chorégraphe, le corps en mouvement est à la fois un langage et une véritable technologie à transmettre et à partager. L’atelier s’organise dans un flux continu, un mouvement ininterrompu qui se déploie depuis le sol jusqu’à la verticale. La répétition, nourrie de gestes qui se complexifient progressivement, devient une méthode de travail et le groupe, loin de se lasser, se laisse conduire avec euphorie.
Le soir, le hall du musée se transforme en dancefloor pour le « danceoké », un néologisme qui rassemble danse et karaoké. La performance est collective, petits et grands se retrouvent pour suivre les chorégraphies sur écran géant et les imiter sans pression. Se succèdent ainsi Beyonce, Lady Gaga ou Dua Lipa avant de finir en apothéose sur Dirty Dancing et son fameux porté. Une soirée aux allures de grand bal populaires où les corps en mouvement vibrent à l’unisson.
Le Centre dramatique des villages du Haut-Vaucluse propose Lune Jaune – La ballade de Leila et Lee à l’Espace culturel de Vaison-la-Romaine. Le texte signé David Greig, raconte l’histoire d’une jeune adolescente : Leïla, mutique, s’imagine héroïne au cinéma, un personnage en cavale, dans un road movie. Le spectacle se décline alors comme un film d’initiation, qui raconte l’adolescence et la relation amoureuse entre elle et Lee. Le public suit alors la quête identitaire de Leïla, qui doit apprendre à parler, se positionner, s’imposer pour grandir et faire face au réel.
L.S.
25 novembre
Espace culturel de Vaison-la-Romaine Une proposition du Centre dramatique des villages du Haut-Vaucluse
Le collectif flamand De Hoe – ou le Het Onaf Ensemble (l’Ensemble inachevé) – est une troupe intergénérationnelle qui explore les différentes formes de théâtre, d’écriture, de dramaturgie.
Dans Opening Night, la troupe part du film de John Cassavetes, pour arriver dans une sorte de mise en abyme. Ça commence avec un « trou » de mémoire, qui devient panique sur scène et où les personnages s’emballent. Le plateau se transforme en tourbillon – on assiste à la répétition de la répétition d’une pièce qui n’existe pas encore et le plateau devient alors le fond d’une quête, tragique et comique à la fois, mais toujours à la recherche de l’authenticité.
Créer un monde meilleur, voilà ce qui inspirait Aaron Swartz, mais cela lui a valu d’être traqué par le FBI. Son « crime » ? Avoir voulu diffuser la connaissance en téléchargeant des thèses universitaires payantes pour les rendre accessibles gratuitement sur le web. À travers une création à la frontière de la fiction et du théâtre documentaire, Aaron nous plonge dans l’histoire de l’« hacktivisme ».
Au-delà de faire découvrir au public ce célèbre militant du libre accès à la connaissance, le spectacle questionne les inégalités d’accès au savoir et résonne particulièrement avec les enjeux actuels du numérique. Une pièce portée Fabrice Murgia et Vladimir Steyaert, où le comédien Naïm Bakhtiar incarne l’étonnant destin Aaron Swartz.
Né de la rencontre entre le comédien et metteur en scène Gustavo Giacosa et le musicien Fausto Ferraiuolo, M. Un amour suprême met en scène le portrait de Melina Riccio, une femme guidée par une mission : créer le paradis sur Terre et sauver l’humanité de sa destruction.
C’est la troisième fois que Gustavo Giacosa raconte sur scène la vie d’un·e artiste issu du mouvement de l’art brut. Il s’était déjà attaqué à Fernando Nannetti et Giovanni Galli. Dans cette nouvelle création, il emmène le public dans un fabuleux voyage, et retrace sa vie en s’inspirant de leur rencontre et de leur relation. Le spectacle joue avec les genres en mêlant chanson, poésie et vidéo.
Vos films sont souvent inspirés par des rencontres ; comment vous est venue l’idée de Promis le ciel que vous avez co-écrit avec Anna Ciennik et Malika Cécile Louati ?
L’idée du film a germé en 2016 : j’avais réalisé un documentaire sur des étudiantes de Côte d’Ivoire et du Cameroun qui venaient étudier en Tunisie. Je trouvais intéressant que la Tunisie soit une terre d’accueil, un lieu pour de futures ingénieures. C’était déjà le cas, il y a 20 ans. Ces étudiantes m’avaient raconté que l’expérience de leurs parents qui avaient étudié en Tunisie était tout autre ; eux vivaient beaucoup de racisme et de xénophobie, ce qui n’était pas le cas 20 ans auparavant. Je me suis dit que tout pouvait basculer dans une société ; c’est le cas aussi en Europe. J’ai commencé à m’intéresser à cette question et avec Malika, on a fait des recherches ; un peu plus tard, j’ai revu une amie journaliste qui m’a dit qu’elle était aussi pasteure. Petit à petit on a commencé à écrire et après, Anna nous a aidées à structurer les choses. Le scenario a évolué au cours du tournage.
Comment avez-vous construit vos personnages féminins et aviez-vous en tête vos actrices au moment de l’écriture du film ?
Non. Au départ, je voulais faire jouer une vraie pasteure puis je me suis dit qu’il fallait une comédienne assez charismatique et j’ai pensé à Aïssa Maïga. Car le personnage porte à bout de bras une communauté : elle doit jouer un double rôle car le rôle de pasteur, c’est déjà un rôle dans la vie ; elle doit jouer aussi le rôle de celle qu’elle était avant, quand elle s’appelait Aminata et qu’elle était journaliste. Déborah Christelle Naney, je l’ai rencontrée à Tunis en faisant un casting sauvage et Laetitia Ky sur Instagram. Et la petite Kenza dans une église évangélique. C’est très varié ! Je me laisse porter pendant mon travail de recherche à ces rencontres. Je suis en attente de ces rencontres, de ces coups de cœur qui vont venir chambouler le scénario que j’ai écrit au départ.
Votre film, très riche, aborde plein de thématiques différentes ; évidemment la condition des femmes subsahariennes en Tunisie mais aussi le rapports femmes/ hommes, le rapport à l’argent, à la maternité, la situation sociale, sans didactisme : ce n’est pas évident de traiter tout cela ! quelle est votre recette ?
(Rires) C’est juste en faisant beaucoup de recherches, en travaillant en immersion avec ces femmes et en créant des scènes qui retracent ce à quoi elles sont confrontées dans leur quotidien ; en condensant les choses comme si c’était un moment de leur vie ; il suffit que l’une éclaire l’autre sur la trajectoire des femmes subsahariennes et de cet entre-deux dans lequel elles se trouvent : entre les portes de l’Europe, l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Coincées dans une vie provisoire, en attente de décisions politiques, de questions administratives. Tout cela se mélange parce que dans la vie, on n’est pas compartimenté comme on peut l’être dans les films : quand il y a une histoire on se concentre sur l’histoire ; dans la vie on doit gérer plusieurs éléments et j’aimais bien que ce soit un peu comme cela.
(C)Jour2 fête
Vous avez réussi à ce qu’on s’intéresse aussi bien Marie qu’à Naney et Jolie même si elles sont très différentes
Elles racontent toutes les trois quelque chose de très différent Marie, une intellectuelle qui a décidé de devenir pasteure sûrement parce qu’elle a vécu quelque chose de trouble, de grave dans sa vie. Elle porte à bout de bras une communauté et elle est assez fragile, ambiguë parfois. Elle gère cette église comme une petite PME. On sait peu de choses sur son passé mais on devine. Jolie est une étudiante ; elle a sa carte de séjour et pense qu’elle n’a rien à voir avec les migrants. Naney est un électron libre entre la rue, l’église, le jour, la nuit ; c’est pour cela qu’on s’attache beaucoup à elle ; Et la petite Kenza est une enfant de 4 ans, très intelligente et qui a beaucoup d’humour.
Et comment avez-vous travaillé avec cette petite fille ?
Elle est extraordinaire dans la vie ! parfois il fallait être patient : c’est une enfant. Parfois elle était fatiguée, parfois trop joyeuse pour le rôle. J’ai passé beaucoup de temps avec elle avant le tournage ; j’allais la voir chez elle, je l’emmenais au parc. Ainsi j’ai créé un lien de confiance comme avec les autres acteurs. Par exemple la manière dont elle regarde Jolie, très froide avec elle. J’ai demandé à l’actrice d’être vraiment froide avec elle-même en dehors du plateau. A Aïssa, j’ai demandé d’avoir un peu un rôle de maman. Cela a favorisé les rapports.
Et les hommes dans tout ça ?
Les femmes migrantes sont souvent seules et les hommes gravitent autour. Ce sont des Tunisiens comme le propriétaire de la maison, qui est là. Foued, l’ami de Naney : on ne sait pas trop la relation qu’il entretient avec elle. Ce ne sont pas des liens aboutis. C’est pour cela que j’emploie le mot « graviter ». Quand on est dans un pays étranger, on est vulnérable et les gens qui s’approchent sentent cette vulnérabilité et s’en servent. Sans les diaboliser, ils regardent d’abord leur intérêt.
La caméra de votre directrice de la photo, Frida Marzouk,cadre souvent vos personnages de très près. Comment avez -vous travaillé avec elle ? Avez-vous regardé ensemble des films, des photos, des tableaux ?
Non ! Cela avait été le cas pour mon film précédent Sous les figues ((https://journalzebuline.fr/une-jeunesse-mi-figue-mi-raisin/) mais là non ! Il y a eu très peu de préparation. On a tourné sur le vif. On s’inspirait du réel. On n’avait pas le temps. Pour le cadre, on a utilisé un format large, en scope qui sert plutôt à filmer les paysages mais pour moi les paysages, c’était les visages. On filmait de très près, ce qui donnait cet effet de portrait mais aussi comme si les femmes étaient dans un grand espace, enfermées. Frida est venue avec moi dans les églises. En fait, oui on a regardé ensemble un film, Moonlight de Jenkins qui a beaucoup de couleurs bleues. On a pensé à utiliser une palette chromatique dans le bleu et le rose : le bleu du ciel et de la mer, et le rose comme la robe à paillettes de Naney. Ces deux couleurs sont celles du crépuscule. Le film est à la lisière du jour et de la nuit comme leur vie ; On n’a pas l’habitude de voir ces couleurs-là dans le cinéma africain. C’est un film africain mais aussi tunisien et le crépuscule tunisien a ces couleurs-là. Je voulais aller vers la froideur ; ce que ces femmes ressentent dans ce pays qui ne les accueille pas.
Le titre : Promis le ciel : Alors le ciel, promis pour qui ?
Toutes les promesses qu’on se fait les uns aux autres, les promesses d’un état à ses citoyens, les promesses d’une pasteure à ses fidèles, d’une mère à son enfant, les promesses de l’amitié et de la solidarité : toutes ces promesses-là qui sont abordées dans le film : « On m’a promis le ciel, en attendant je suis sur la terre, à ramer. » c’est cette chanson du groupe Delgres que j’ai découverte à la radio et qui reflétait le film et qui devait y être ; ce que j’ai demandé au groupe. Une chanson qui a donné son titre au film.
Votre film a fait l’ouverture d’Un Certain Regard au Festival de Cannes 2025, a remporté plusieurs prix dans les festivals. Cela doit vous ouvrir facilement des portes pour la production de votre futur film ?
On m’avait déjà dit cela après Sous les figues. Le film suivant est souvent plus ambitieux, plus difficile à financer donc. Promis le ciel a été fait plus vite en deux ans. J’espère juste que ce qui va être soutenu est mon processus de travail. En France les financements restent toujours liés au scenario, qui doit toujours être écrit et récrit…J’essaie d’expliquer que tout ne peut s’écrire au scenario. J’espère qu’on fera confiance à ma démarche. Le 3ème volet qui est aussi sur les femmes au travail en Tunisie, traitera d’un métier, d’un univers qu’on connait très peu. Je n’en dirai pas plus… Ce qui m’importe aujourd’hui est que Promis le ciel soit vu, qu’on puisse en discuter, qu’on puisse regarder d’autres perspectives de la migration que celles qu’on a l’habitude de voir ; toute l’Afrique voudrait venir en Europe ! alors que c’est beaucoup plus complexe que ça. En Europe, on entend qu’on veut remplacer l’ADN chrétien par l’ADN musulman. Les islamistes disent que les chrétiens veulent remplacer l’ADN musulman par l’ADN chrétien !!!Je montre l’absurdité de cette situation sans oublier la pression européenne sur la Tunisie. Bloquer la migration en protégeant les frontières. Le film n’est pas aussi dur que ce qui se passe dans la vie. Le quotidien de certaines femmes est beaucoup plus difficile que ce que je montre. J’ai choisi une famille recomposée plus confortable que d’autres. Ces femmes ne sont ni des héroïnes, ni des victimes. Elles sont pleines de vie, de vitalité. Des femmes INSPIRANTES !
Entretien réalisé à Apt le 9 novembre 2025 par Annie Gava
C’est dans un Rwanda meurtri par la colonisation qu’éclate en 1994 le génocide contre les Tutsis. Porté par la poétesse belgo-rwandaise Lisette Ma Neza, The Weight of a Woman est un rituel d’art et de mémoire, un chant de transmission.
Accompagnée d’artistes rwandais·es, elle compose un poème scénique polyphonique où les mots, les corps et les sons s’entrelacent. Entre musique traditionnelle, danse et poésie déclamée, le spectacle explore la mémoire, la filiation, le pardon et les silences laissés par la violence, questionnant ce que pèsent les héritages, les silences, les absences. Les voix se répondent, se confrontent, se consolent : celles des femmes qui portent la douleur du passé et la force de la résilience. Un spectacle en néerlandais et anglais surtitré français.