mardi 29 juillet 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Accueil Blog Page 190

Bagarre

0

De retour avec le single BOY qui annonce un prochain album au printemps, le groupe parisien Bagarre reprend du service au Makeda. Les pseudonymes hauts en couleurs des cinq membres de ce groupe d’électro-pop, Emmaï Dee, La Bête, Majnoun, Maître Clap et Mus, témoignent de la truculence de leur musique. Bagarre combat l’intolérance et prône l’affirmation de soi face à ceux qui voudraient nous dire qui nous sommes. Des idées que ne renieraient pas La Responsabilité des Rêves, l’association qui organise le concert au Makeda. L’organisation responsable de la gestion de l’Espace Julien depuis juillet 2023, prend garde à respecter la pluralité et la diversité en matière artistique.

R.G.

8 février
Le Makeda, Marseille

Marseille au cœur de l’histoire globale

0

Pour présenter le dernier livre de Pierre Singaravélou lors d’une table ronde organisée au Musée d’Histoire de Marseille par l’association Ancrages, en partenariat avec le Mucem, l’historien spécialiste des empires coloniaux était aux côtés de Guillaume Calafat, spécialiste du monde méditerranéen à l’époque moderne, ainsi que d’Aurélia Dusserre et Catherine Atlan, membres du projet Mars-Imperium. 

Pierre Singaravélou est tout d’abord revenu sur le projet de ce livre de plus de 700 pages consacré à l’histoire de la colonisation et destiné à un large public. En mobilisant plus de 250 contributeurs de tout l’Hexagone, des Antilles, et d’autres pays (Royaume-Uni, États-Unis, etc.), ce volume entend embrasser le fait colonial français dans une perspective pluridisciplinaire et décentrée. Le pluriel du titre vise par ailleurs à interroger la diversité des rapports de domination coloniale et postcoloniale dans le monde. L’organisation à rebours de l’ouvrage, qui commence à la période contemporaine pour se terminer aux prémices de la colonisation, combat également la tendance de l’histoire traditionnelle à assigner une finalité aux événements, ainsi que l’idée selon laquelle la colonisation française commencerait avec la prise d’Alger de 1830. 

Cette élaboration d’une histoire du fait colonial français à l’échelle du monde s’inscrit dans le sillage du courant récent de la « micro-histoire globale », héritier de la micro-histoire italienne et de l’histoire globale. En apparence paradoxale, cette démarche consiste à étudier, à partir d’un fait, les interconnections avec d’autres espaces et d’accéder à une échelle globale de l’histoire. Les acteurs de Mars-Imperium, qui s’intéressent aux vestiges de l’histoire coloniale à Marseille pour penser le fait colonial, s’inscrivent tout à fait dans cette perspective.

L’histoire d’une rencontre

Ces réflexions ont été poursuivies à l’occasion de deux journées d’étude organisées au Mucem les 31 janvier et 1er février autour de l’exposition « Une autre histoire du monde » dont Pierre Singaravélou est un des commissaires. Plusieurs spécialistes ont nourri les interrogations amorcées la veille, comme Céline Regnard, qui souligne que la Méditerranée, espace de connexions multiples, a façonné les approches de l’histoire globale. Christian Grataloup, lui, rappelle la nécessité de déconstruire l’histoire coloniale, préférant le terme de « connexion » à celui de « découverte » pour parler de la rencontre que fait l’Europe de l’Amérique à la fin du XVIe siècle. 

Une table ronde consacrée aux « coulisses » de l’exposition a ensuite permis à ses commissaires de revenir sur sa genèse : au thème initial de la colonisation a été préféré le défi de proposer une histoire du monde affranchie du prisme de la colonisation, en rendant compte de la manière dont les sociétés non européennes ont raconté leur histoire. L’œuvre de Chéri Samba (La Vraie carte du monde, 2011), qui présente un planisphère retourné, est à ce titre emblématique. Les cartels eux-mêmes reflètent cette ambition, utilisant la projection de Fuller, représentation du monde non européanocentrée, en rupture avec le planisphère hérité de Mercator. 

Enfin, plusieurs spécialistes du monde des musées (Nanette Snoep, Nathalie Bondil, Sarah Ligner) ont décliné cette question de la mondialité en histoire de l’art, ainsi que Léa Saint-Raymond, autrice de Fragments d’une histoire globale de l’art (Rue d’Ulm, 2022). Ce souci d’adopter une muséographie affranchie de la geste coloniale hante les musées d’aujourd’hui, et le dispositif participatif de la fin du parcours de l’exposition, proposant au visiteur de devenir lui-même un objet « sous cloche », en est une des réponses ludiques que l’on ne peut qu’inviter à aller expérimenter jusqu’au 11 mars prochain. 

MATHILDE MOUGIN

Camille Pépin 

0

Travaux obligent, c’est au Palais Neptune que l’Orchestre de l’Opéra de Toulon se produira le 8 février pour un concert s’annonçant d’une étonnante richesse. On y retrouvera la Symphonie n°9 de Schubert, dernière symphonie parachevée par le compositeur, mais qu’il ne put jamais entendre de son vivant. Mais aussi deux pièces de Camille Pépin : Vajrayana, pièce pour laquelle la compositrice a remporté en 2015 le concours Île de Création ; et The Sound of Trees, double concerto pour clarinette et violoncelle. Soit trois beaux hymnes, à travers les siècles, à la nature et à sa dépiction par l’orchestre.

8 février
Palais Neptune, Toulon

Eugénie Joneau

0

C’est à un voyage temporel à rebours que nous invite l’Orchestre national d’Avignon-Provence le 9 février. Commandé par l’orchestre de Bretagne en 2001, l’Incanto d’Eric Tanguy, pièce brève pour orchestre restreint, convoque le souvenir des ouvertures miniatures de jadis. Les Chants bibliques de Dvorak, pétris de ferveur romantique et de tourments personnels comme politiques, pourront compter sur la voix inimitable d’Eugénie Joneau pour briller de tout leur éclat post-romantique. Avant que la mythique Septième Symphonie de Beethoven ne conclue ce décidément très alléchant programme.

P.C.

9 février
Opéra Grand Avignon

La Traviata

0
Giovanni Boldini , " Ritratto di Giuseppe Verdi ", 1886Olio su tela, 118x96 cm. Milano, Casa di riposo per musicisti. Una delle opere esposte alla mostra " Pittura Italiana del XIX secolo. Dal Neoclassicismo al Simbolismo ", da domenica fino al 22 gennaio 2012, a palazzo dell' Ermitage di San Pietroburgo, che illustrano gli stili di un secolo della storia dell'arte italiana e i suoi protagonisti. ANSA / UFFICIO STAMPA / ONLY EDITORIAL USE

La Traviata de Giuseppe Verdi est l’opéra le plus joué au monde. Truffée d’airs inoubliables et familiers même aux néophytes du lyrique (le Libiamo, Sempre libera, Addio del passato…), l’œuvre constitue un immanquable du genre ! Ce mois de février, l’Opéra de Marseille reprend ce chef d’œuvre sur une mise en scène sobre et très classique de Renée Auphan (ancienne directrice des lieux), déjà donnée pour les fêtes en 2018. La cheffe montante Clelia Cafiero dirigera l’Orchestre et un casting d’habitués de la maison autour de la soprano espagnole Ruth Iniesta, très applaudie dans le rôle de Violetta il y a deux ans à Saint-Étienne, de l’Alfredo de Julien Dran et du Germont de Jérôme Boutillier.

P.C.

6, 8, 11, 13, 15 février
Opéra de Marseille 

De Vive Voix : 20 ans de voyage

0
La Mossa © Nina Reumaux

Zébuline. Le festival De Vives Voix fête ses 20 ans, qu’est-ce-que vous ressentez ? 

Odile Lecour. C’est très agréable, très gratifiant. J’avoue que je n’ai pas réalisé pendant tout ce temps que l’on avançait autant. Et là, depuis un mois, je suis dans les photos, les dossiers de presse… Ça remue beaucoup de choses, je me dis que c’est un super voyage et que j’ai de la chance de vivre une aventure pareille. Je pense aussi à toutes les personnes qu’il y a autour : les artistes, le public, les journalistes, les partenaires… c’est une histoire collective géniale, c’est pour ça que ça a marché. 

C’est un festival qui ressemble à sa ville, très multiculturelle…

Quand j’ai créé ce festival, et je suis toujours dans cette même idée, ce qui était important pour moi c’était la voix, dont j’ai une culture familiale très ouverte : ma mère était chanteuse dans une chorale baroque, j’ai vécu en Afrique, j’ai écoute beaucoup de jazz, de chanson, des musiques du monde. J’ai pratiqué aussi beaucoup de chant de méditation indien. Il y avait cette idée à la fois de musique du monde mais aussi de musique ancienne, de créations… avec toujours la voix au cœur des propositions. 

Brève de comptoir 
Quand la Maison du Chant emménage dans son nouvel espace, rue Chape, en 2018, Odile Lecour souhaite installer un comptoir dans la salle principale, pour favoriser les rencontres. Elle en trouve un sur Le Bon Coin, mais une fois arrivée sur place, elle se rend compte que le vendeur avait menti sur sa taille – trop grand, il n’arrivait pas à le vendre. Elle décide de le prendre quand même, et tant pis s’il dépasse du camion. Arrivé rue Chape, l’équipe passe près d’une heure trente pour le faire rentrer, un ébéniste intervient pour gagner des millimètres çà ou là… C’est aujourd’hui le lieu central de la Maison du chant, où les rencontres se font et les projets naissent ! N.S.

Cette édition 2024 est spéciale, avec plusieurs propositions tout au long de l’année, pourquoi ce choix ?

Sur cette édition, je travaille beaucoup avec Maxime Vagner de Prodig’art, avec qui on a décidé d’organiser cette édition. J’avais envie de programmer des artistes avec qui j’avais déjà travaillé, non pas pour refaire ce que l’on a déjà vu, mais pour marquer toute leur trajectoire, et les retrouver là où ils sont aujourd’hui. On va faire trois tempos importants : le week-end d’ouverture les 9, 10 et 11 février, avec un événement informel et des concerts [Enco de Botte, Bruno Allary,Cesare Matina et Françoise Atlan notamment, ndlr]. Le premier tempo, mi-mars, ce sera Les Printemps sacrés, avec deux ensembles vocaux. Un de femme, Madalenna, dirigé par Manu Théron, et l’ensemble polyphonique corse A Filetta avec qui je travaille depuis 20 ans. On fait ensuite un tempo Polyphonies au Palais Carli, tout début septembre, en partenariat avec le Conservatoire, avec des ensembles de différentes origines. Il y aura Lo Barrut, La Mossa et Les Dames de la Joliette. Puis un tempo fin octobre à la Cité de la Musique autour des musiques du monde, avec Parveen & Ilyas Khan, frère et sœur indiens qui font tout un travail entre le beatbox et la musique classique indienne. Et Luis de la Carrasca sextet, une formation de flamenco que l’on suit depuis toujours. Il y aura aussi beaucoup de choses à l’automne à la Maison du Chant et ailleurs…

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

La culture, un « levier de convivialité pour le centre-ville »

0
100 ans du Théâtre Silvain © X-DR

Zébuline. Depuis votre élection, votre principale ligne directrice est la revitalisation du centre ville. J’imagine que la culture est un des principaux moyens pour y parvenir ? 

Sophie Camard. Oui, on a pris ce sujet à bras le corps. Notamment parce que l’on a de grands espaces publics, comme le bas de la Canebière piétonnisé, ou la place Léon Blum récemment refaite. Et le centre ville s’y prête, c’est un lieu de rencontre, de convivialité. Notre particularité c’est qu’il y a des activités culturelles dans les équipements, mais nous faisons aussi de la culture un levier de convivialité : cela permet de faire de beaux spectacles, en extérieur, de qualité et gratuits. On ouvre nos petits parcs et jardins pour faire entre 35 et 45 dates par an [Avant le soir, ndlr], l’emblématique Au bout la mer qui a remplacé Les Dimanches de la Canebière sur une autre formule. C’est un gros investissement car c’est la mairie de secteur qui le finance entièrement, ce n’est pas rien. Une mairie de secteur a de petits budgets, et nous consacrons 20% du nôtre à la culture, car on considère que c’est nécessaire d’avoir un levier culturel important dans le centre-ville. 

Sophie Camard © VdM

Vous souhaitez poursuivre sur cette lancée les prochaines années ?

Oui jusqu’en 2026 nous gardons cette même formule. C’est important de s’inscrire dans la durée, c’est comme cela que l’on crée des habitués : créer et fidéliser un public, c’est un joli critère de réussite. Je ne voudrais pas que notre politique culturelle soit seulement de l’événementiel, au sens éphémère du terme. Nous allons devoir aussi nous adapter en fonction des particularités des années. Par exemple en 2024, les Olympiades culturelles et les Jeux olympiques vont prendre énormément de moyens de sécurisation d’espaces. Donc on va faire les Kiosque & Co avant et après les Jeux, pour ne pas tout condenser en même temps. 

Vous avez annoncé il y a quelques semaines la fermeture du Théâtre Silvain pour travaux cet été. Cette décision était-elle inéluctable ?

La réhabilitation du Théâtre Silvain était nécessaire, il était au bord de la fermeture. Nous avions par exemple des locaux logistiques et la maison du gardien bourrée d’amiante et aucun accueil pour les artistes. Certains d’entre eux ne viennent pas au Silvain car toute sa partie logistique et d’accueil n’est pas à la hauteur. Donc non seulement c’était nécessaire, mais c’est une bataille que j’ai menée auprès de la Ville pour avoir le budget et la réalisation du permis : non pas pour le fermer, mais pour le sauver. Je préfère qu’on valorise la réhabilitation d’un équipement plutôt qu’on dise qu’on le ferme. Comme beaucoup d’équipements, il revient aux nouveaux élus de faire du rattrapage – il n’y a pas eu de travaux au Silvain depuis 1999. C’est le même cas de figure pour le Théâtre du Gymnase*, qui est actuellement fermé, alors que c’est un bâtiment clef pour tout le quartier autour du lycée Thiers.

Comment les acteurs culturels qui organisent des événements au Silvain ont-ils réagi à cette décision ?

C’est sûr qu’ils peuvent le regretter, mais on s’attendait à ce que cette année soit difficile et on avait averti la plupart des artistes.Ils ont soit trouvé des solutions, soit travaillent déjà pour 2025.

Benoît Payan a annoncé la transformation de la Maison Figaro – au 42 Canebière, un ancien espace culturel municipal – en Maison de la Police municipale. Vous étiez favorable à cette décision ? 

Depuis que je suis arrivée, tout le monde se dispute le 42 Canebière. J’avais envoyé un courrier au maire assez tôt pour en conserver l’usage culturel. Il y avait aussi des projets d’implantation d’entreprises, comme le Père Blaize qui voulait s’installer au rez-de-chaussée… Finalement, ça n’aboutissait pas à grand chose. Donc le maire a tranché en accordant ces locaux à la Police municipale. C’est une décision à laquelle je ne m’oppose pas, car je pense que l’on a besoin d’eux. Et c’est aussi une demande des acteurs culturels : ceux qui sont à Belsunce ou Noailles nous disent que la situation en centre-ville est parfois dure. En parallèle, l’école d’architecture a déménagé à la Porte d’Aix et a libéré un gros foncier à Luminy. Il était prévu d’y mettre une école de police, et la Ville a tranché pour le garder à l’Inseamm [qui réunit l’école des Beaux-arts et le Conservatoire, ndlr]. Pour le coup, il y a là une énorme surface que Raphaël Imbert [son directeur,ndlr] saura utiliser au mieux.  

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

* Ce bâtiment municipal est fermé pour travaux depuis 2020 suite à un arrêté de péril

Quels travaux pour le Théâtre Silvain ? 

Le projet, confié au cabinet d’architecture italien spécialisé en patrimoine Archigem, prévoit le désamiantage et la destruction des bâtiments réservés au gardien, aux artistes et au stockage du matériel. En remplacement, est prévu un même bâtiment à deux niveaux pour la conciergerie et le local de stockage, ainsi que de nouvelles loges et d’une salle commune. Selon le planning prévisionnel, le chantier devrait se poursuivre jusqu’à courant 2026 – avec une pause de trois mois pour assurer une programmation culturelle à l’été 2025.
Coincé entre le quartier d’Endoume et la Corniche à Marseille, le Théâtre Silvain, dont on fêtait les 100 ans l’année dernière, est devenu depuis deux décennies un lieu notable de la vie estivale marseillaise. D’abord à l’initiative de Jean Roatta, ancien maire du secteur, puis de ses successeurs, Patrick Mennucci et Sabine Bernasconi, qui ont à des degrés divers intensifié la programmation. N.S.

Théâtre Silvain © ARNAUD REBOTINI

Épure et prouesse

0

Performances, exploit, dépassement de soi, entraide et solidarité : cirque et sport de haut niveau partagent de nombreux points communs, et cette nouvelle édition de l’Entre2 BIAC nous en présente quelques exemples dans 9 villes de la métropole, de Marseille à Port-Saint-Louis-du-Rhône en passant par Berre-l’Étang, Aubagne ou Aix-en-Provence. Comme d’habitude, on retrouvera au sein de la programmation chamarrée de grandes formes tout public qui en mettent plein les yeux – telle que L’envolée cirque à Vitrolles du 10 au 12 février, ou encore de nombreuses proposition sous chapiteau dans le cadre de la 26e édition des Elancées à Istres. 

Force vives locales 

Forces vives de cette cinquième édition, les compagnies régionales sont à l’honneur. Basée à Nice, la compagnie Les hommes de mains livre une acrobatie épurée sur l’urgence de ralentir (Citizen, le 15 février à Vitrolles et le 21 février à Aubagne). On retrouve avec joie la talentueuse Alice Rende, dont la compagnie AR s’est récemment ancrée à Aix-en-Provence. Forme aboutie de son solo originel Passages, Fora propose une magnifique allégorie de la contorsion, entre repli sur soi et escapologie, cette discipline historique du cirque qui consiste littéralement à s’échapper (les 13 et 14 février au Bois de l’Aune). Quant à la compagnie toulonnaise Hors Surface, dont les gracieuses envolées sur trampoline ponctuent régulièrement le territoire, elle présente sa plus récente création chez Archaos le 15 février : Open cage !, danse voltige autour de la folie d’un homme, déjouant les limites physiques comme mentales d’une chambre d’hôpital. Dans le cadre de l’Olympiade culturelle, la compagnie coordonne aussi le projet Toujours plus haut, en partenariat avec le collectif de foot freestyle Uni-Sphère : à l’issue d’une semaine d’atelier menés avec de jeunes ados autour du ballon comme objet artistique, un spectacle sera présenté durant le traditionnel événement de clôture Au bout la mer, le 25 février sur la Canebière. 

JULIE BORDENAVE

Entre2 BIAC
Jusqu’au  25 février
Marseille, Port-de-Bouc, Istres, Aix-en-Provence…

Les Élancées et l’urgence de ralentir

0

Du 10 au 25 février, la 26e édition du festival des arts du geste met en avant les préoccupations écologiques de ses artistes

Depuis 25 ans, le festival Les Élancées prête une attention particulière aux intentions qui animent les artistes épris de mouvement. Entre danse et cirque, des fidélités se sont tissées au fil du temps, des grands noms se sont croisés, et certains d’entre eux orientent cette année leur regard sur l’urgence écologique. C’est le cas de l’inventive chorégraphe Nathalie Pernette, qui avec L’Eau douce explore une scénographie liée aux différents états de l’eau : vapeur, liquide, gelée… Ce spectacle jeune public se destine à happer, émerveiller, susciter l’attention – donc l’intérêt – autour de la beauté et de la fragilité de ce capital commun à préserver (le 14 février à l’Espace 233, Istres). C’est aussi le cas de Philippe Lafeuille, qui imagine un ballet entièrement recyclable : une relecture fantasmagorique de Cendrillon effectuée à base de matériaux de récupération, visant à valoriser les déchets (le 17 février au Théâtre de Fos). 

Autour du monde

Pour sa part, le bouillonnant Anton Lachsky convoque l’énergie de quatre danseurs hip-hop pour déjouer les mirages de nos mondes dévolus au virtuel (Les autres, le 20 février à l’Espace 233, Istres). Quant au Cirque Éloize, troupe historique de cirque contemporain créée il y a une trentaine d’années à Montréal, il décide de célébrer les merveilles naturelles des Îles de la Madeleine (Entre ciel et mer, les 17 et 18 février au Théâtre la Colonne, Miramas). En clôture du festival enfin, l’épopée des treize acrobates guinéens de Circus Baobab, mis en piste par le facétieux Yann Ecauvre de la Compagnie Inextrémiste, revisite la conquête de l’eau dans un monde en ruines, pyramides humaines, océan de bouteilles et acrobatie aocalyptiques à l’appui  (Yé!, les 24 et 25 février à l’Usine, Istres).

JULIE BORDENAVE

Les Élancées
Du 10 au 25 février 
Istres et alentour 
scenesetcines.fr

Tisser le temps

0

Le cinéma peut convoquer les fantômes. Personnels et collectifs. C’est ce que fait le dernier long métrage de Bertrand Bonello, La Bête 

La Bête est un film d’arrière-goût où l’on retrouve la passion du réalisateur pour le film de genre. Argento, Cronenberg, Fincher, De Palma, Kubrick, Ophüls et Lynch…Et un film d’avant-goût où s’annonce une catastrophe imminente qui a peut-être déjà commencé. Un film miroir et voyant, un peu extra-lucide, qui ne rassure pas – car l’explication se dérobe. Un film qui se fait écho de nos terreurs contemporaines. L’avènement d’un âge glaciaire pour l’humanité : la disparition des affects, la peur de s’engager dans une relation, le triomphe de l’intelligence artificielle, la confusion entre réel et virtuel. D’accès difficile, diront ceux qui cherchent le linéaire et le rationnel. Captivant, hypnotique et presque familier, répliqueront ceux qui acceptent de se laisser porter par la beauté des images. Guidés par les motifs récurrents. Conquis par l’interprétation vibrante de Léa Seydoux – saisie à fleur de peau, omniprésente – et par celle de l’acteur anglais Georges MacKay, lunaire et chimérique à souhait, tour à tour amoureux transi ou criminel sexuel.

Bertrand Bonello, nous transporte dans un futur proche, aseptisé gris et sec, dominé par l’IA qui exige des humains briguant un emploi à responsabilité, une purification de leur ADN, afin d’annihiler tout affect perturbateur. Gabrielle, rongée par le doute, torturée par la peur, accepte tout de même le long process du « nettoyage » et retrouve ses vies et morts antérieures. Elle est la femme d’un fabricant de poupées, riche bourgeoise dans le Paris de 1910. Elle est cette actrice qui fait des castings, et garde une somptueuse maison californienne en l’absence des propriétaires à Los Angeles en 2014. Film en costumes, polar californien, film d’horreur et de science-fiction s’hybrident. Dans cette traversée de ce qui a abîmé Gabrielle, a fait couler ses larmes, entre les époques, les genres, les formes, la rencontre de ce même homme, Louis. Et ce risque d’aimer qu’aucun des deux ne veut prendre. 

Poupées russes 

D’un univers à l’autre, les fils se tissent : le thème des poupées, si présent dans le fantastique. De porcelaine ou de celluloïd. Aux yeux fixes et bleus comme ceux de Gabrielle. Assemblées ou désarticulées comme dans un tableau de Bellmer. Poupée-robot domestique posée sur un canapé ou la poupée Kelly (Guslagie Malanda) nurse-androïde assistant Gabrielle dans le protocole de purification, l’aimant jusqu’à rêver d’elle, jusqu’à désobéir, déjà si humaine. Le thème de la voyance et un pigeon messager de malheur sautant les années, l’angoisse permanente de la bête prête à bondir. Un tissage poétique, l’eau et le feu dans une rêverie très bachelardienne. Jeux de symétries, de reflets : les dialogues s’inversent. 

Rien n’est laissé au hasard par le réalisateur qui joue des écrans et des cadres comme il le fait pour des niveaux de réalité. Le film commence par un making-of sur fond vert, où il dirige son actrice pour une scène qu’on retrouvera plus tard dans l’illusion réaliste du décor. Le réalisateur affirme qu’il a choisi ce prologue pour dire : « Voilà c’est Gabrielle mais c’est aussi Léa Seydoux ». Pour autant, le mystère et le charme restent entiers.

ÉLISE PADOVANI

La Bête, de Bertrand Bonello
En salle le 7 février