mercredi 30 juillet 2025
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Parler des morts, parler aux morts

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Mon absente © Jean-Louis Fernandez

Pascal Rambert nous parle de sa dernière création française, Mon Absente, dont la Criée accueillera trois représentations du 1er au 3 février.

Dans Mon Absente, Pascal Rambert rassemble onze personnages autour du cercueil d’une femme. A travers leurs mots, ils évoquent leur relation avec elle et peignent son portrait. Pourtant, cette pièce n’a pas pour sujet la mort ou le deuil…

Dans votre présentation de la pièce, vous dites ne jamais faire de « pièce à sujet ». Que cela signifie-t-il ? quel est alors l’objet de votre travail ?
Quand j’écris, je reçois quelque chose du réel et je lui donne une forme. Je ne fais pas une forme en me disant que ce sera une pièce sur le deuil. Il y a des auteurs qui veulent parler de la crise écologique, ou de la violence faite aux femmes, ou de la montée du FN, etc. Moi, je fais parler des gens. Mes personnages parlent quasiment comme dans la vie, ils passent d’une phrase à une autre, d’une idée à laquelle ils pensent à une autre complètement différente et contradictoire. Mon travail c’est la langue, pas les sujets.

Donc Mon Absente n’est pas à une pièce à propos de la disparition d’un être cher ?
Mon Absente n’aborde pas simplement le deuil, mais la façon dont on définit une personne. C’est complexe, une personne. C’est souvent très contradictoire, ça change avec le temps, et en fonction de ceux qui l’entourent. Dans Mon Absente, ils sont onze autour du cercueil, il y a ses fils, ses filles, ses petites filles, et chacun vient lui parler. Ils essaient de remonter le fil du passé, ils ont besoin de lui dire des choses qu’ils ne lui ont jamais dit, et qui sont parfois d’une rare violence. Il n’y a pas que des bons souvenirs pour eux, et je trouve ça bien que lorsque l’on s’adresse à un mort, on ne dise pas seulement « Qu’est-ce que je t’aimais », mais qu’on puisse aussi être très dur.

Et comment cela se traduit-il d’un point de vue plastique, en terme de mise en scène et de scénographie ?
Dans le fait d’être face à un cercueil, il y a un dialogue qui s’engage, même si il n’y a pas de réponse. C’est très fort visuellement d’être à l’intérieur de cet immense espace noir avec ce cercueil et ces fleurs, et la lumière qui est très basse, ce qui donne un aspect fantomatique. On a en quelque sorte l’impression que tous les acteurs sont des fantômes, et que la vraie personne est celle à l’intérieur du cercueil. Je voulais avoir cet aspect fantomatique de nos propres vies, nous les vivants. Ça me semblait être assez proche de l’état dans lequel on se retrouve parfois lorsqu’on est plongé dans des moments de grande tristesse, ou même de grande exaltation que peut procurer l’amour aussi.

ENTRETIEN REALISE PAR CHLOE MACAIRE

Mon Absente
Du 1er au 3 février
La Criée, théâtre national de Marseille / Théâtre du Gymnase – Hors-les-murs

L’Énergie de La Relève

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©M.V.

La Relève, exposition d’inauguration du festival Parallèle à Marseille, s’est ouverte le 25 janvier à art-cade Grands Bains Douches de la Plaine et au Château de Servières

Le festival Parallèle est le temps fort de la plateforme Parallèle qui depuis 2006 et depuis Marseille soutient tout au long de l’année des  artistiques émergentes, que ce soit en danse, théâtre, arts visuels, performance. Les projets des artistes soutenu·e·s pendant l’année sont placés au cœur du festival, accueillis en partenariat sur les scènes de nombreux lieux culturels à Aix et à Marseille, tels que le 3 bisf, le ZEF, la Friche, le Mucem, le Mac, le théâtre Joliette, la Cité des Arts de la rue. En arts visuels, ce sont la galerie art-cade Grands Bains Douches de la Plaine et le Château de Servières qui sont partenaires de La Relève#6, exposition collective qui présente les œuvres d’artistes visuels diplômé·e·s d’école d’art depuis 3 ans maximum. Cette sixième édition réunit dans les deux galeries, 20 artistes autour de la thématique « Énergie ».

#StayAtHomeGirlfriend
La plupart des œuvres des 10 jeunes artistes exposées par Le Château de Servières jusqu’au 23 mars, se présentent sous forme de sculptures-installations et  relient principalement la thématique « Énergie » aux questions environnementales, ou à celles de la place sociale des femmes. Ainsi Célia Tremari, qui s’intéresse à l’histoire des lieux dans lesquels elle expose, évoque l’énergie de la lutte ouvrière et propose une affiche et des sérigraphies sur plâtre s’inspirant de l’usine de fabrication de chemises pour homme, fermée définitivement en 1986, où travaillaient 200 ouvrières, avant que le 11-19 bd Boisson soit investi par des activités artistiques. Nina Boughanim, dans Liquide, liquide présente un lavoir réalisé en béton spatulé, déposant des tresses de cheveux dans de l’eau savonneuse, évoquant poétiquement l’énergie qu’y déployait autrefois les femmes. Cécile Cornet, propose une série de trois toiles Painted Dreams, ou comment retirer une épine avec grâce, de la série #StayAtHomeGirlfriend, autour des routines de femmes attendant leurs conjoints à la maison. Zoë Grant, avec Homme sweet home, propose une installation en verre, contreplaqué, montants, talons, sciure de bois, un espace qui déshabille et désexualise les intérieurs parfaits exposés dans les magazines de décoration, avec présence récurrente de chaussures à talon, en ne laissant apparaitre qu’arêtes et structures.

Prochains rendez-vous
Le 2 février au ZEF, la chorégraphe Dalila Belaza présentera Rive, où, à partir de la bourrée, elle invente des formes de cérémonies où des mondes lointains se mêlent et révèlent le vivant et l’intemporel. Les 3 et 4 février au Mac, A capella, une « performance-cérémonie » de Dorothée Munyaneza, des chants révélant des mémoires enfouies.
Les 3 et 4 février au Ballet National de Marseille, la nouvelle création de Maud Blandel, L’œil nu mettra en jeu six danseur·se·s autour de la perception de « ce qui chute en nous et autour de nous, des conflits intérieurs et extérieurs qui font rage, et de ce qui, un jour, fait que tout s’effondre. »

MARC VOIRY

La Relève#6
Jusqu’au 24 février
art-cade – Grands Bains Douches de la Plaine, Marseille
Jusqu’au 23 mars
Château de Servières, Marseille

Une éclaircie pour Montévidéo ?

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Suite à la réunion du 22 janvier à l’initiative de la Ville de Marseille, les collectivités ont affirmé leur soutien à Hubert Colas et à ses trois associations. Un soulagement pour lui, même si des questions demeurent

Il n’y a pas une semaine sans une nouvelle péripétie pour Montévidéo. Cet espace culturel du centre ville de Marseille, maison mère de la compagnie Diphtong et du festival actoral, qui s’est vu contraint par la justice et son propriétaire de quitter les lieux qu’elle occupait depuis 24 ans. La faute à un loyer devenu trop élevé, que les structures ne pouvaient plus assumer. Avec ce déménagement forcé, et la perte d’un lieu d’accueil et de représentation, on pouvait craindre le pire pour les différentes structures qui composent Montévidéo – deux tiers des salariés ont déjà été licenciés – mais avec le soutien du Département, de la Drac et de la Ville de Marseille, l’avenir ne sera peut-être pas aussi sombre qu’annoncé.C’est à la demande la Ville de Marseille que la réunion du 22 janvier s’est tenue. « J’ai souhaité que tout le monde soit autour de la table », explique Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille en charge de la Culture. De cette réunion, est ressortie une affirmation de l’aide apportée à Montévidéo : toutes les collectivités ont annoncé le maintien de leurs financements, et la Ville entend voter une « augmentation substantielle » en février, pour « accompagner le déménagement et la période de transition » à laquelle fait face Montévidéo ajoute l’élu. 

« Ça nous rassure pour l’année prochaine, cela va nous permettre de trouver une stabilité financière » estime Hubert Colas, à la tête des différentes structures. Mais s’il se dit « rassuré » pour 2024, il rappelle que « l’avenir reste totalement incertain ». Montévidéo a notamment dû réduire ses effectifs, passant de 12 à 4 salariés. Une situation qui ne changera pas avant « l’officialisation des subventions 2024, pour voir comment recomposer les bureaux administratifs des trois associations », précise Hubert Colas.

Quel avenir ?
Outre l’officialisation des subventions, la principale interrogation réside dans le futur point de chute de Montévidéo. Car si pour l’instant les structures ont trouvé refuge à La Cômerie, cet ancien couvent racheté par la Ville en 2019 que Montévidéo gère depuis, le lieu s’est vu interdit d’accueillir du public ou des artistes en résidence par la commission de sécurité. Seuls sont tolérés les bureaux et les artistes déjà présents : les compagnies d’Emanuel Gat et d’Éric Ming Cuong Castaing notamment. Par le jeu des conventions d’occupation temporaires, Montévidéo a donc un an pour trouver un nouveau lieu adéquat. Une recherche à laquelle Jean-Marc Coppola assure apporter toute son aide.

Avant de trouver un nouvel espace idoine, Montévidéo entend garantir une programmation en 2024. Des propositions artistiques vont être présentées hors les murs tout au long de l’année, et une nouvelle édition du festival actoral est annoncée mais dans un format « plus léger ».

NICOLAS SANTUCCI

Une offre de rachat en questions
Alors que Hubert Colas affirmait à Zébuline le 17 janvier dernier que l’offre de rachat de « la Ville de Marseille » – en fait la Sogima, sa société de gestion immobilière – avait été refusée par son propriétaire, Jean-Marc Coppola, adjoint au maire en charge de la Culture, explique le contraire. Pour l’élu, « au moment où l’on parle, le propriétaire n’a pas refusé, il laisse la porte ouverte. »
L’élu explique aussi le choix de ne pas préempter Montévidéo (comme c’est le cas pour le cinéma du César) : « La préemption a plusieurs inconvénients : le propriétaire demande quatre millions pour Montévidéo, ce qui est surévalué. Et surtout, la Ville aurait dû lancer un appel à projets concurrentiel pour l’attribution du lieu, donc sans garantie que ça revienne à la structure actuelle. » N.S.

Partager le concret

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Né de ses créateurs Blaï Mateu Trias et Camille Decourtye, Mazùt est repris par Julien Cassier et Valentina Cortese, entrant ainsi dans le répertoire de la compagnie. Puisque les chevaux ont fait partie de presque tous ses spectacles auparavant, une tête d’équidé trône, et affublera un temps chacun des deux protagonistes. Julien Cassier ou plutôt « monsieur Bernardo », devient cheval en ouverture de soirée, pas hésitants peu à peu emportés par le rythme des diverses allures cavalière. La rythmique, hallucinante de précision sera ensuite donnée par la chute calculée de gouttes d’eau tombées des cintres et recueillies au fil de la représentation par des pots métalliques de différentes contenances, allant jusqu’à esquisser des fragments mélodiques.
 
Les personnages se situent d’abord dans une idée de bureau, que peu à peu les cartes envahissent. Le personnage de Valentina semble ne rien maîtriser, ni son corps dans lequel elle semble empêtrée, ni sa parole, hésitante, ni  son travail. Pourtant, elle sera d’une maîtrise éblouissante dans le chant avant de le transmuer en cri, dans ses numéros de main à main avec des équilibres qu’un cirque ferait applaudir… 
Les cartes collées en un immense tapis recouvrent le plateau, puis érigent en un vertigineux sommet l’effigie du cheval : l’animalité en réponse aux incapacités humaines ? Le burlesque, les clowneries, la danse, l’acrobatie, les indécisions, les bribes de phrases, animent le puzzle d’éléments disparates, orchestrent la scène. L’encre noire coule sur le papier, dessine les lettres de Mazùt. L’imaginaire se délecte de cette poésie insolite et foisonnante qui unit le sublime et le sauvage. Hypnotique et hors du temps.

MARYVONNE COLOMBANI

Mazùt a été joué les 1er et 2 février au Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
À venir Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban 
les 8 et 9 février 
04 92 64 27 34 
theatredurance.fr

Regarder l’époque au fond des yeux

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Julien Compani et Léo Cohen-Paperman poursuivent leur série théâtrale « Huit rois » qui dédient une pièce à chaque président de la Ve République. Après Mitterrand et Chirac, c’est à Valery Giscard d’Estaing que s’intéressent les deux auteurs. Pour illustrer le septennat giscardien, ils se sont inspirés de l’habitude qu’avaient prise le président et sa femme Anne-Aymone d’aller dîner chez des concitoyens afin de « regarder la France au fond des yeux ». Une prémisse idéale pour une comédie politique. D’un côté de la table, les vieux agriculteurs de droite, de l’autre, leur fille et son mari rencontré sur un piquet de grève en 1968, et au centre le couple présidentiel qui tente tant bien que mal de contenter tout le monde. L’ensemble est narré par le petit José, et ponctué de reprises plus ou moins à propos de tubes de l’époque qui offrent des respirations bienvenues. 

Trivialité et politique

Très vite, le repas s’avère être une métaphore du mandat, et dure par conséquent à la fois deux heures et sept ans, sans que la cohérence narrative ne soit altérée. Nombre de sujets contemporains aux années Giscard sont évoqués : la crise pétrolière, le chômage, le libéralisme… le tout illustré par des scènes triviales comme le partage d’un plat de poisson ou une coupure d’électricité. Les droits des femmes sont aussi un sujet central, mettant bien en avant les limites du progressisme du couple présidentiel, et même des hommes de gauche de l’époque. 
Cette accumulation de débat et de situations fantasques pourrait être indigeste si les acteurs n’étaient pas excellents, mais il le sont, maintenant dans leur jeu un brillant (et hilarant) équilibre entre grotesque et subtilité. Une vraie réussite ! 

CHLOE MACAIRE 

Le repas chez les Français de VGE était donné du 1er au 3 février à La Criée, Marseille
Les Animaux en Paradis joueront Le repas chez les Français de VGE le 16 février au Forum Jacques Prévert de Carros.

Un tremplin du rire pour l’Espace

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L’association cévenole à l’origine du festival Lol & Lalala, créée en 2021 par l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré et la chanteuse GiedRé, lançait l’année dernière son nouveau projet, un comedy club itinérant dont le but est de mettre en avant des artistes émergents. La première édition de ce tremplin humoristique s’achèvera ce samedi 10 février à l’Espace Julien de Marseille.
« L’objectif [du comedy club] est de former, d’accompagner et d’organiser des petites tournées avec une promo de huit humoristes émergents de la région » nous explique Charlotte Gach, coordinatrice de Lol & Lalala. Les stand-uppers sélectionnés sont donc invités dans un premier temps à travailler en résidence, épaulés par le producteur Loïc Castiau, le comédien Lionel Severian et Pierre-Emmanuel Barré. Une tournée de quelques dates est ensuite prévue pour les mois suivants, permettant aux artistes de jouer dans des grandes salles comme le Cratère à Alès.
La sélection de la première et actuelle promotion du tremplin a été faite de manière assez informelle, sans appel à candidatures. Les artistes ont été repérés et choisis avec la complicité du marseillais Lionel Severian, ce qui explique le fort ancrage territorial du casting – six des huit artistes viennent de la cité phocéenne. S’il est agréable de voir l’humour marseillais ainsi mis à l’honneur, on peut cependant signaler – sans que cela prévale du talent des artistes sélectionnés – que la promo n’est pas
tout à fait représentative de la scène actuelle. Celle-ci est en effet beaucoup plus diversifiée et encore trop méconnue, malgré les nombreux sites ou lieux qui lui sont dédiés dans la ville : L’Art Dû, le Garage Comedy, mais aussi « Move on up » au BOUM, « Stand up girls » au Court-Circuit…

Et après ?

La deuxième promo du comedy club est déjà en préparation : l’appel à candidature, lancé il y’a quelques jours, est ouvert jusqu’au 29 février. Comme le précise Charlotte Gach, le but de ce nouveau mode de casting est « que ce soit ouvert à tous et qu’on puisse recevoir tous les profils, ce qui permettra probablement beaucoup plus de brassage territorial ». A bon entendeur !

CHLOE MACAIRE

LOL & LALALA Comedy Club
Le 10 février
Espace Julien, Marseille

Entrer en sympathie

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Il s’agit de la première exposition personnelle Juliette George, jeune artiste dont le parcours est aussi brillant qu’atypique. Le dispositif, sous l’égide de la commissaire de l’exposition Marion Zilo, s’organise en trois volets. 
Face à la salle principale semée de méridiennes d’époques et de formes diverses deux cellules ouvertes : celle de droite, tapissée de mots qui constituent une cartographie intérieure, correspondrait à l’hémisphère droit du cerveau, celui de la réflexion ; celle de gauche, plus austère, contient un simple monolithe blanc dont la partie supérieure comprend une simple étagère où attendent, serrés les uns contre les autres les exemplaires du premier livre de l’artiste, Sympathies n°1
Au visiteur de s’emparer d’un volume, de s’installer confortablement sur l’une des méridiennes et de se plonger tranquillement dans la lecture. 
Les grands lés de papier qui recouvrent la surface des murs de la cellule n° 1 sont le développement graphique d’un travail qui tenait dans un mètre carré confie l’artiste : « ce sont mes notes préparatoires, dans la forme même où je les ai transcrites ». On y lit les injonctions qu’elle se donne à elle-même « répondre à des Apl à projets », « trouver ma narration – mon adresse – mélange contemporain de théories psychiatriques et de fiction », des citations en vrac de Flaubert, Foucault, Lacan, Jauss, Genette, Barthes, Gustave Guillaume, des questionnements, « », des éléments historiques sur le traitement et la perception de la folie, des anecdotes, des définitions… 

Vibrer doucement ensemble

On retourne au livre, invariablement : les histoires se tissent, celle du 3bisf, de la psychiatrie, de la résidence, de son père interné à Sainte-Anne le jour où Juliette George reçoit l’appel à candidature pour le 3bisf. La question qui l’intéresse alors : « comment être touchés par quelque chose qui est extérieur à nous ? », trouve une résolution dans le principe de « la réception des œuvres comme des cordes sympathiques » : tout entre en résonnance, comme les cordes sympathiques d’un instrument, non jouées mais qui vibrent doucement en écho aux autres. Peu importe si les visiteurs sont des patients, des passants ou des soignants dans ce pavillon de l’hôpital psychiatrique Montperrin. Les conversations deviennent surréalistes, au sens des poètes qui gravitaient autour d’André Breton, :la réalité s’approfondit, le présent se pare d’une épaisseur nouvelle, dense de sens et de partage.  À découvrir absolument !

MARYVONNE COLOMBANI

Sympathies N°1
jusqu’au 13 avril, 
dans le cadre du Festival Parallèle 14
3bisf, Aix-en-Provence

Programme de clôture

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 À la Friche,  deux lectures le 7 février, Aulus de Zoé Causson et Paroles d’un monde en feu de Fanny Lallart, suivi de deux spectacles de danse, Entepfuhl d’Alina Arshi et Outrar de Calixto Neto
Au Mucem, le 8, lecture-vidéo, projection et rencontre avec Manon Worms, Hakim Bah, Ramona Bădescu et Jeff Silva. Le 9 au Frac Sud, ce sera un spectacle de danse, Swan Lake Solo par Olga Dukhovna, et au Théâtre de la Joliette une performance de Pamina de Coulon, Bonne Ambiance, Fire of Emotions — Niagara 3000 et de la danse avec Figures de Dalila Belaza
La soirée de clôture aura lieu à SOMA, performance et DJ sets jusqu’à 2h du matin, avec Clara Buffey & Leo Peralta + Pola soa avec Akale, Issa & Opti + DouceSoeur.

M.V.

Festival Parallèle, divers lieux, Marseille et Aix-en-Provence
Jusqu’au 10 février
https://journalzebuline.fr/le-festival-parallele/

Meule et Copernic 

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Le Club Indé du 6mic qui met les musiques Indie rock en avant a choisi les groupes Meule et Copernic pour leur prochain concert. Si les trois membres de Meule sont familiers du paysage musical tourangeau, le collectif n’en reste pas moins méconnu. Ce groupe, à mi-chemin entre le rock et l’électro, offre des performances scéniques rugueuses, portées par des lignes mélodiques habitées. À leurs côtés, c’est le garage rock des Aixois de Copernic qui va assurer la première partie. Deux groupes qui auraient du mal à passer à la radio… puisque la durée des chansons varie en moyenne entre cinq et sept minutes ! Mais ce soir-là au 6mic, le temps sera pris pour la musique locale et indépendante.

R.G.

10 février
6mic, Aix-en-Provence

De l’intime à l’univers

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Dorothée Munyaneza est chanteuse, actrice, danseuse, traductrice, polyglotte, autrice. Née au Rwanda, réfugiée en Angleterre après le génocide qu’elle a vécu à 12 ans, elle crée des spectacles performances qui portent la trace de ce passé, mais s’inscrivent au présent dans une capacité hors du commun à porter l’émotion. Elle a créé sa performance A Capella au Théâtre de la Ville de Paris, avant de la donner au  [MAC] de Marseille, à domicile : l’artiste anglo-rwandaise, associée au Théâtre National de Chaillot comme à la Fondation Camargo de Cassis, vit et travaille à Marseille. Arpentant les divers espaces du musée, elle instaure avec le public une intimité physique autour de son corps de femme noire qui porte la mémoire de l’esclavage, du rejet, de la violence et du deuil. Parlant peu, mais quelques mots forts dans toutes les langues – you’re not welcome, vous pillez nos richesses, blumen für mein kind – elle évoque l’esclavage et la perte d’un enfant, le meurtre et le deuil, par son chant, son corps qu’elle présente à terre, renversé, brisé, souriant pourtant, approchant les spectateurs qui l’entourent, l’enserrent entre les murs très blancs et sages. Levant le poing finalement, en signe d’une révolte évidente contre toutes les dominations coloniales et postcoloniales. Tranquille, complice, comme une force en cours que rien ne pourra arrêter. 

Explosions fondamentales

Parallèle produit aussi une autre artiste, Maud Blandel, depuis ses débuts. L’Oeil nu, sa dernière création, a marqué le Festival d’Avignon 2023 avant Genève puis les centres nationaux de la danse d’Angers et de Pantin. Une consécration pour la chorégraphe suisse, qui tente pourtant un grand écart difficile entre le traumatisme personnel, un « petit bang », le suicide de son père d’un coup de feu dans le cœur, et le « big bang », la vie et la mort des étoiles. 
Entre ces deux bangs d’échelle si différente une série de chocs et de circularités, violence militaire, coup de feu, mais aussi ballet répétitif des six danseuses et danseur tous vêtus de jeans et tee-shirt : autour d’un pivot changeant, dans des mouvements tourbillonnants où l’attraction des corps se vit comme celle des planètes, où les regards s’échangent comme une force gravitationnelle, un point d’ancrage physique et relationnel, où les bras s’élèvent peu, et s’évitent. 
La simplicité subtile de la danse qui tourne en rond est comme obturée par une bande son, assourdissante dans ses paroxysmes, qui reprend en boucle, comme autant de coups de poings, les mots d’un Bugs Bunny qui parle de coup de feu et de mouvements réactifs. Enfance, violence et cosmos se catapultent, et les vers de T.S. Eliot « C’est ainsi que finit le monde/ Pas sur un Bang mais sur un murmure » concluent un spectacle qu’on aimerait parfois plus explicite, mais dont on sort hagard, à dessein.

AGNÈS FRESCHEL

A Capella et L’Oeil Nu étaient donnés au [MAC] et au Ballet National de Marseille les 3 et 4 février