jeudi 18 septembre 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
Accueil Blog Page 192

Le cirque rebondit à Marseille

0
Clôture de la BIAC2023, Bleu Tenace © Pierre Gondard

Après un accent porté sur le cirque régional et le cirque au féminin, en 2024, année olympique oblige, c’est le sport qui sera au coeur de la nouvelle édition d’Au bout la mer ! Cirque. Ce 25 février, la mairie des 1er et 7e arrondissements et Archaos, Pôle national du cirque, invitent les Marseillais à découvrir deux spectacles et de multiples ateliers et rendez-vous toute la journée, sur la Canebière, gratuitement et en plein air. Une manifestation qui “ouvre cette année dédiée aux Jeux olympiques à Marseille” explique Sophie Camard, maire du secteur. 

Culture sport

Pour clôturer la nouvelle édition de l’Entre2 Biac, Au bout, la mer ! fait appel à deux compagnies qui offrent une place toute particulière au sport. Il y a d’abord Envol, de la compagnie toulonnaise Hors Surface avec le trampoline au centre du spectacle. “C’est un projet né il y a trois ans, avec la volonté de faire un pont entre l’art et le sport”, explique Damien Droin, son directeur artistique. Une création qui accueille “des musiciens lives qui viennent accompagner la création in situ”, poursuit-il, et également des anciens champions du monde de trampoline, comme Christophe Chapin. Le deuxième temps fort est proposé par le collectif Uni-Sphère et son spectacle Podium, qui joue lui du ballon rond, pour en faire un tableau à cheval entre danse, jonglage et football. 

Ces deux collectifs ont aussi pris part à un travail réalisé en amont de la manifestation, avec des ateliers qui accueillent des Marseillais amateurs, dont la restitution aura lieu ce 25 février. Le collectif Uni-sphère présentera le résultat d’une semaine passée avec des jeunes des quartiers Nord de la ville. La compagnie Hors surface quant à elle, dévoilera un spectacle pensé pour des trampolinistes amateurs à la rencontre de l’horizontalité et de la verticalité. 

Et aussi

Comme chaque édition d’Au bout, la mer !, le rendez-vous propose également de nombreuses activités. Des ateliers de jonglage, de funambulisme et de parkour. Un marché des producteurs – complémentaire de celui qui se tient désormais sur le Vieux-Port ; un stand de disquaires ; les Philosophes Publics pour converser avec les passants, les jeux pour enfants préparés par Terre Ludique et des sorties en mer organisées par Marseille capitale de la mer

NICOLAS SANTUCCI

Au bout, la mer !
25 février
Canebière, Marseille

Envol, compagnie Hors Surface
12h30 et 15h30

Podium, collectif Uni-Sphère
12h15 et 15h15

La course dévastatrice du capitalisme industriel est-elle  inéluctable ? 

0
Philippe Descola © G.C.

Zébuline. Dans un petit ouvrage, Avec les chasseurs-cueilleurs, paru chez Bayard ce mois-ci, vous suggérez qu’on enseigne l’écologie et l’ethnologie à l’école. 

Philippe Descola. Oui, en tout cas dans le secondaire, dans la mesure où ce sont les deux sciences de la complexité qui traitent d’organismes et qui se déploient à un niveau non pas micro, mais macro. Les interactions entre les organismes sont plus complexes à étudier que les interactions microcellulaires. Je pense qu’il n’y a pas de meilleur moyen pour éveiller à la diversité du vivant, des civilisations, des langues, etc., que d’enseigner ces deux sciences à l’école. 

Vous avez travaillé avec un dessinateur, Alessandro Pignocchi. Qu’est-ce que cela apporte à un chercheur en sciences sociales de s’associer avec quelqu’un qui utilise le dessin ? 

Cela permet de donner une bien plus grande diffusion à nos propos. Le livre qu’on a co-écrit et qu’il a illustré, Ethnographie des mondes à venir, a remporté, comme on le souhaitait d’ailleurs, un grand succès auprès des jeunes. Essentiellement de par l’attirance des illustrations et sa notoriété dans le domaine des romans graphiques d’inspiration écologique. Il a beaucoup d’humour. Or il me semble que les questions graves et sérieuses peuvent aussi être traitées sur un mode humoristique, voire ironique. Ça les rend plus aimables que si l’on prophétise des avenirs sombres. Ce qu’on fait aussi, bien sûr, parce qu’ils sont inévitables. 

Parfois, c’est un peu difficile de ne pas désespérer au vu de l’actualité. Est-ce que le savoir anthropologique aide ?

Cela donne l’occasion de faire un pas de côté, dans la mesure où la connaissance anthropologique -et historique par ailleurs- offre des multiplicités de voies pour se comporter autrement entre humains et vis-à-vis des autres qu’humains. Je ne sais pas si c’est une consolation mais en tout cas, on peut puiser dans un trésor d’inventions et d’imagination cosmopolitique, disons, des stimulations pour s’imaginer que la situation ne va pas être éternellement identique à celle qu’on connaît. 

Bien sûr, il y a aussi le fait de partager la vie de populations autochtones qui sont en première ligne face à la dévastation du monde. On est entraîné par leur opiniâtreté dans la défense de leurs territoires, et aussi par l’inventivité qu’ils manifestent dans les formes d’actions politiques, et d’argumentations juridiques, quelquefois. Le droit que s’arrogent les humains, individuellement, collectivement, d’accaparer un morceau d’espace, et de le transformer en ressources pour leur profit, n’est pas du tout universel.

Claude Levi Strauss a écrit ceci dans ses Tristes Tropiques : « Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui ». Qu’est-ce que cela vous inspire ? 

Je suis comme lui l’était, très amoureux des beautés de ce que les humains ont fait, en termes d’art, de musique, quelquefois de paysages… Mais je suis aussi réconcilié avec l’idée que les humains vont disparaître sous les coups de boutoir de leur propre voracité. Quand je dis les humains, ce ne sont pas les coups de boutoir de tous, ce sont ceux d’un système. Ce qui me désolerait, c’est la fin de la vie. On peut supposer, en tout cas les collègues cosmologues disent qu’il n’est pas impossible qu’il y ait d’autres planètes où elle existe ; sans doute très, très différente des formes qu’on connaît. Mais c’est quelque chose de tellement rare et précieux sur Terre que ce serait dramatique qu’une espèce y détruise la vie.

Entretien réalisé par Gaëlle Cloarec

À lire
Avec les chasseurs-cueilleurs
Philippe Descola
Éditions Bayard, 12,90 €

Au cœur de la violence homocide

0
Tom na fazenda © Victor Pollak

Depuis sa création en 2011 la pièce du québécois a été traduite ou adaptée en une dizaine de langues, rencontrant sur scène, de l’Ecosse à l’Espagne en passant par l’Allemagne et l’Ukraine, le même succès sidéré, doublé par celui du film de Xavier Dolan (2013) qui à 24 ans incarnait un Tom blond assez éloigné du personnage originel.  Rodrigo Portella le retrouve. 

L’auteur québécois a écrit que cette version en portugais était la plus surprenante et la plus réussie de sa pièce. Il faut dire que le Brésil connaît le record mondial de meurtres d’homosexuels. 228 meurtres en 2022. L’homophobie n’y est un crime que depuis 2019. La violence dérangeante de la pièce francophone, qui oppose un homosexuel à son beau-frère, brute homophobe, repose sur l’attirance masochiste que le citadin éprouve pour son tortionnaire. Transposée au Brésil, jouée par un acteur moins jeune, plus grand et plus costaud, la question n’y est plus l’ambiguïté du désir, mais l’horreur de l’emprise. 

Thriller déchirant

Sur un plateau recouvert d’une simple bâche de plastique maculée de terre et de flaques de boue, évoluent quatre acteurs prodigieux. Une danse de désir, de violence, de deuil, de mort, de solitude, de mensonge, d’illusion, d’amour, de remords, de déni, se joue en deux heures d’une rare intensité théâtrale.  L’écriture virtuose dédouble en permanence la présence de Tom, qui vit et commente en même temps : l’emprise est là, immédiate, dès les premiers coups portés, nocturnes, qui sont un choc dont il ne se relèvera pas. 

L’évocation constante de la chair putride, d’un vêlage, des traites de lait gras, de plats décongelés qui font vomir, de parfums qui s’emmêlent et attirent, tout construit un tourbillon insoutenable qui ne peut que redoubler la perte initiale, tant les identités qui tournent autour du mort, de son amant Tom, de son frère, de sa vraie/fausse maîtresse, de sa mère dont on ne saura jamais ce qu’elle sait vraiment, évoquent de pistes transgressives, incestueuses, perverses, qui ne seront jamais résolues. 

La fin, grandiose, casse la représentation pour dire simplement, face au public, le meurtre final. Jamais la violence, portée pourtant par les mots seuls et par un comédien grandiose, n’aura été aussi insoutenable.

Agnès Freschel

Tom na Fazenda a été joué à Châteauvallon, Scène Nationale, le 17 février 

Monologue monotone 

0
Ranger © Louise Quignon

Il y a quelques semaines, le Théâtre du Gymnase programmait déjà – à La Criée – Pascal Rambert et sa pièce Mon Absente. Dans Ranger, donné sur la scène des Bernardines de Marseille jusqu’au 24 février, c’est encore d’absence dont il est question. 

Après un dîner-conférence de gala, Jacques Weber retrouve sa chambre d’hôtel aseptisée de Hong Kong. Tout est blanc, fait de plastique, et la télévision paraît plus grande que les fenêtres. Une fois son masque chirurgical enlevé et la lumière allumée, il s’adresse à sa femme, matérialisée par un portrait posé sur une table. On apprend rapidement qu’elle est morte il y a un an. Il lui raconte la soirée dans ses moindres détails, et ponctue le récit de souvenirs communs. Et il boit, beaucoup, prend des médicaments et se drogue aussi. Il n’a plus le goût de rien, sinon de se détruire, une bonne fois pour toute. 

Un néon-événement ?

Pendant 1h30, le public assiste à un monologue souvent poignant, parfaitement exécuté par un Jacques Weber encore et toujours au sommet de son art. Il est puissant, subtil, convoque tour à tour tristesse, joie, angoisse ou euphorie. La mise en scène est aussi au rendez-vous. La lumière produite par la centaine de néons accrochés à cette chambre austère offre une harmonie judicieusement malaisante à l’ensemble. On ne saurait pourtant être parfaitement emballé par ce que propose Pascal Rambert – contrairement à Mon Absente qui avait davantage convaincu. La faute à un propos trop monotone, qui confine par moments à l’ennui. Le seul Jacques Weber, malgré tout son talent, ne peut éviter. 

NICOLAS SANTUCCI 

Ranger, de Pascal Rambert est donné jusqu’au 24 février au Théâtre des Bernardines, Marseille

Midi nous le dira

0
Midi nous le dira © Julie Cherki

Une jeune femme sur scène attend de savoir si elle est sélectionnée dans l’équipe France espoirs de football féminin. Alors pour patienter, elle se filme à l’aide d’un smartphone et s’adresse à la femme qu’elle sera dans dix ans. L’occasion de se rappeler au bon souvenir de l’enfance, de ses ancêtres, ou de toutes ces femmes qui lui ont donné le goût de la liberté. Porté par Joséphine Chaffin à la mise en scène et Juliette Gharbi pour le jeu, Midi nous le dira chevauche plusieurs thèmes : la persévérance, le féminisme, le temps qui passe, et surtout, la jeunesse. Présenté à La Criée dans le cadre de l’Olympiade culturelle 2024, le spectacle et trois journées d’ateliers sont également programmées au Théâtre de l’Astronef. N.S.

23 et 24 février
La Criée, centre dramatique national de Marseille 

1er mars
L’Astronef, Marseille

La poésie du bordel

0
© Axel Gaudin

L’auteure, metteuse et scène et comédienne Fanny Delgado et son co-auteur et scénographe Guillaume Finocchiaro conservent de la pièce matrice de Regnard (1696) le scénario de l’enfermement d’une jeune fille par son tuteur, auquel est conjugué le motif baroque de l’illusion emprunté à Calderón. 

Mais le XVIIe siècle dialogue avec de nombreuses autres influences : l’idéalisme désillusionné d’Éraste rappelle celui du Perdican de Musset et le lyrisme amoureux laisse entendre la voix d’Aragon. Cette poésie transposée dans un lupanar tenu par Albert rencontre des thèmes plus contemporains avec le féminicide et le viol racontés par Éraste qui complexifient la glaçante relation d’emprise qu’Albert exerce sur sa pupille. Loin de constituer une fin heureuse classique, la réunion des deux amants au dernier acte propose une méditation sur la fugacité de l’amour qui n’aura pas résisté au quotidien et une réflexion sur l’illusion théâtrale. Ambre, personnage principal de la pièce qu’elle se raconte, est devenue une bête de foire dans un cirque anxiogène, avec Albert comme impresario (et mari ?). 

La palette de tons et d’émotions est subtilement nuancée  par les comédiens :  Charles Leys (Crispin) plante un digne héritier du valet de comédie avec sa malice énergique qui tempère la sensibilité mélancolique de Gabriel Ponthus (Éraste). Dario Tarantelli excelle dans la partition du barbon-proxénète qui drape sa perversité dans sa veste de soie. La pétillante Cristal Steimen (Lisette) apporte une respiration dans cette atmosphère suffocante. Enfin, Fanny Delgado incarne magistralement la diversité des registres incombant à son rôle : jeune ingénue qui rêve dans la dentelle ; amante incandescente qui entame un pas de deux dans le bordel où elle admire les « charmants oiseaux sauvages perchés sur leur soulier de cuir » (« Ce sont des putes », lui rétorque Crispin), et enfin, Médée furieuse et rugissante. 

Mathilde Mougin

Une Folie amoureuse ou ça ira bien l’amour a été joué à la Manufacture de la Cité du Livre le 15 février 

Composer ses a(e)ncrages

0
Alice Zeniter © M.C.

À son étape de Pertuis, en primeur, la romancière, traductrice, scénariste, dramaturge et metteuse en scèneAlice Zeniter offrait au public de l’auditorium de la médiathèque des Carmes les premières pages de son prochain roman. « Je ne l’ai même pas encore envoyé à mon éditrice ! » 

La voix de l’autrice se pose sur ses lignes toutes fraîches, rythme fluide, nuancé, vivant dans la théâtralisation subtile des pensées des personnages. On ne divulguera rien, sinon que cela se déroule entre la métropole et la Nouvelle Calédonie ! Il faudra attendre la fin de l’année pour lire enfin ce qui s’annonce comme un petit bijou de finesse, d’humour et de pertinence dans son examen du passé colonial, thème qui n’est pas sans évoquer celui de L’Art de perdre

Lors de son entretien avec Élodie Karaki, l’autrice revenait sur le voyage, le motif de la traversée, si fécond. Employé déjà dans L’Art de perdre, le voyage n’est pas qu’un trajet. Elle revient aussi sur une technique d’écriture qui lui est familière : les personnages se racontent à eux-mêmes dans une mise en abîme du récit. « Quand je crée un personnage, ce ne sont pas deux adjectifs qui le définissent, mais sa voix intérieure qui fait la narration. J’ai ainsi tendance à vouloir croire que même le dernier des racistes a une petite voix derrière lui qui lui dit qu’il est con. Ce n’est pas chercher des excuses, mais les êtres monobloc ne m’intéressent pas, c’est pour cela que je les construis comme des poupées russes afin qu’ils soient dotés de plusieurs épaisseurs. » 

La publication d’ouvrage féministe a aiguisé sa façon d’accéder à des manières politiques d’analyse : « Les questions en elles-mêmes sont très belles : quand je vois des gens qui se demandent pourquoi il faut détruire certaines choses, les repenser, c’est extrêmement stimulant. Les livres décloisonnent, changent nos angles de vue ». Elle écrivait déjà, dans Toute une moitié du monde qui recense l’écriture invisibilisée des femmes, mais aussi et surtout l’expérience, pour une femme, de lire (enfin) des femmes  « dès qu’on porte le regard un peu plus loin, on s’aperçoit que mille lignes se poursuivent ».

MARYVONNE COLOMBANI

Alice Zeniter était présente à Pertuis le 16 février (médiathèque des Carmes) dans le cadre des Nouvelles Hybrides, le 14 février à Marseille (L’hydre aux mille têtes), le 15 février à La Seyne-sur-Mer (Librairie Charlemagne) le 17 février à la Ciotat (Cinéma Eden) dans le cadre des Tournées générales de Libraires du Sud

Frac In Vivo

0
Exposition Apophenie Frac Sud - Cité de l’art contemporain © M.V.

Après 40 ans d’achats, la collection du Frac Sud comprend aujourd’hui plus de 1400 œuvres, signées par plus de 650 artistes, réunies dans des réserves au sein même du bâtiment marseillais. Qu’il ne s’agit évidemment pas de laisser s’ endormir. De nombreux projets sont inventés tout au long de l’année, pour diffuser et valoriser cette collection, faisant intervenir des partenaires divers, dans toute la région. Cette diffusion et valorisation de la collection se fait aussi au sein des espaces d’exposition du bâtiment à Marseille, avec, jusqu’au 24 mars, l’exposition Apophénie

Troubles de la perception

On apprend à cette occasion que le terme d’« apophénie » signifie en psychiatrie « altération de la perception, qui conduit un individu à attribuer un sens particulier à des événements banals, en établissant des rapports non motivés entre les choses ». L’exposition a été conçue pour le plateau « expérimentations » du Frac par neuf étudiant.e.s du master Art et Scénographie du Pavillon Bosio  ( Monaco) et du master Sciences et Techniques de l’exposition (Paris 1), accompagné·es par leurs enseignants. Autre précision : « Cette exposition invite à un décentrage du regard afin de considérer pleinement les merveilles données à voir par l’impermanence ». 

On rencontre la première impermanence dès le palier : apparition et  disparition de volutes savonneuses sur une vitrine en verre, voluptueuses, chorégraphiques, réalisées par le Laveur de carreau, filmé par Anna Malagrida. D’autres vidéos, où se produisent des phénomènes aux limites du formel et de l’informel, nous attendent, au sein de ce plateau  transformé en patio par les jeunes commissaires. Des paysages de putréfactions colorées, filmées en macro de Michel Blazy, formes bizarres qui émergent, liquides épais qui s’écoulent, mouches, asticots et araignées en goguette. « La danse infernale de la goutte d’eau » dans Caléfaction de Rémi Bragard. Un touillage glougloutant de bébés grenouilles flottant dans les limbes de Frogs de Martin Walde. Une sculpture, au sol et au centre, un tissu de sable froissé, réalisé par Linda Sanchez, alliance émouvante d’ordinaire et de précieux. Sur deux poteaux verticaux, deux photographies en noir et blanc de lacs d’altitude effacés, paysages de montagnes aux accents lunaires d’Isabelle Giovacchini, qui semblent dialoguer avec Intrusion image spectrale de Berdaguer et Péjus, tout autant qu’avec les morceaux de polystyrène colorés, tramés d’impact divers, spongieux, de Dominique de Beir. Une vitrine posée sur un socle noir vertical, Bloom (Age of Uncertainty) de Bianca Bondi, associe, entre archéologie et alchimie, des pierres semi-précieuses, des objets en métal, des éléments organiques stabilisés par des solutions chimiques ou cristallisés dans le sel. Bref, entre attraction et répulsion, ordinaire et précieux, vie et mort, immobilité et mouvement, tout est en place pour que les visiteurs puissent laisser libre cours à de belles apophénies.    

MARC VOIRY

Jusqu’au 24 mars
Frac Sud - Cité de l’art contemporain, Marseille

« Donner accès au plus grand nombre à la culture »

0
Chantal Guittet-Durand dans son bureau au 63 Canebière © R.G.

Zébuline. Pouvez-vous présenter les prérogatives et les actions de la direction Culture et Société ? 

Chantal Guittet-Durand. Le rôle de la direction est de mettre en œuvre la politique culturelle de l’établissement et de promouvoir les arts et la culture auprès de la communauté universitaire. Nous avons deux grandes missions. Tout d’abord nous cherchons à développer la pratique artistique auprès des étudiants. Cela passe notamment par une offre d’ateliers de pratique amateure gratuite pour tous les étudiants. Nous avons mis en place un orchestre symphonique, un orchestre de jazz, une compagnie de danse et un ensemble vocal. 

Notre deuxième mission est de donner accès au plus grand nombre à la culture. Cela passe par le dispositif Pacte’Amu qui est un parcours d’accès à la culture pour tous les étudiants. Les étudiants bénéficient d’un tarif avantageux en présentant leurs cartes, plus réduit que le tarif jeune pratiqué par le partenaire. Nous essayons de cibler les spectacles vivants, car ce n’est pas forcément là où ils vont le plus. 

Dans le cadre de la programmation, comment gérez-vous les différences de spécialisations entre les facs d’Aix et Marseille ? N’y a-t-il pas un déséquilibre ? 

Quand nous avons programmé le campus de nuit à Luminy -malheureusement annulé à cause du plan Vigipirate – nous l’avons fait sur le thème des sports mais aussi des arts. Nous projetions par exemple de mélanger le sport avec le théâtre. Nous essayons de programmer de sorte à ce que cela réponde aux différentes spécialités des campus. C’est vrai qu’à Aix il y a presque tout le département Arts… et donc beaucoup de choses s’y passent. Mais maintenant depuis deux ans à St Charles, il y a le bâtiment Turbulence qui accueille aussi une grande partie de ce département, surtout pour les niveaux masters. 

Les sept nouveaux représentants étudiants du CROUS Aix-Marseille Avignon viennent d’être élu·e·s. Ils siégeront dans des commissions culturelles. Quel rapport entretient l’AMU avec le CROUS en matière de culture ? 

Ce lien culturel entre AMU et le CROUS passe par la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC). Les ateliers sont notamment payés par cette CVEC. Le CNOUS gère cela au niveau national et distribue ensuite régionalement. Sur les 100 € nous obtenons 43 € par étudiant dans les établissements. Le CROUS Aix-Marseille Avignon en bénéficie aussi et il a mis en place comme nous une commission culturelle qui s’apparente à nos commissions CVEC des établissements et des campus. 

Notre commission est liée uniquement à l’AMU. Vu que le CROUS sait que nous sommes présents sur Aix-Marseille, ils essayent de développer des actions sur les autres sites, où il n’y a pas grand-chose, où les actions ne sont pas ou moins prises en compte par l’université. Nous siégeons dans leurs commissions et le directeur du CROUS fait de même en siégeant dans les nôtres. C’est comme ça qu’on arrive à se compléter.

ENTRETIEN REALISE PAR RENAUD GUISSANI

Class’Eurock part en live 

0
Tessina © X-DR

Raphaël Imbert, Fred Nevché, Dagoba… voilà quelques uns des prestigieux noms passés par Class’Eurock depuis sa création en 1991. Cette année, c’est à une 34e édition que le tremplin – toujours porté par l’association Aix’Qui – nous invite : à Aix-en-Provence, Forcalquier et Grasse, avec sur scène quelque 19 artistes de moins de 24 ans présélectionnées. Autant de musiciens qui ont répondu à l’appel à candidature lancé en novembre, et qui espèrent accéder aux autres temps forts du rendez-vous, que sont le stage Class’Eurock au printemps, et le grand final de juin. 

À tout seigneur, tout honneur, c’est à Aix-en-Provence que Class’Eurock débute sa tournée ce avec deux rendez-vous aux Arcades les 23 et 28 février. Parmi les artistes invités, on va découvrir Mathilde, Lanes, Ufo on line, Tessina [lire ci-dessous] ou Too Weirdo… Halte ensuite à Grasse le 2 mars, pour finir à Forcalquier le 9 mars – l’audition ne se tiendra finalement pas au K’fé Quoi comme prévu initialement, puisque cette salle emblématique a dû fermer définitivement ses portes… Une solution de repli sera annoncée prochainement nous explique l’organisation. 

Plus qu’un tremplin

Mais il serait trompeur de présenter Class’Eurock comme un simple concours. C’est avant tout un projet « culturel et pédagogique », qui « offre un accompagnement à la fois musical et technique ». Par exemple, les jeunes artistes pourront bénéficier de « balances commentées » par des professionnels avant leur concert et auront un retour personnalisé après celui-ci. Enfin, les huit lauréats participeront à un stage d’une semaine dans le Queyras au printemps. Au programme, « des séances avec un coach scénique, des séances d’arrangement studio, de la création de clip, de l’enregistrement, de l’échange et beaucoup, beaucoup de musique. » Des acquis que les musiciens pourront mettre en pratique le 21 juin lors du grand final donné sur le cours Mirabeau à Aix-Provence devant plusieurs milliers de personnes.

NICOLAS SANTUCCI

Zoom sur Tessina 
Parmi les artistes en devenir, Tessina est certainement l’une des plus belles promesses de la région. Sa musique, très singulière, qu’elle-même ne saurait vraiment définir « tout dépend de l’oreille qui écoute », navigue dans les courants chauds de la dream pop et du folk. Originaire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et âgée de 21 ans, elle s’est inscrite au tremplin pour se professionnaliser avec l’espoir de « vivre un jour de sa musique », elle qui n’a encore « jamais fait de démarche pour trouver une date »… Ce qui ne l’a pas empêchée de faire plusieurs concerts à Marseille au Leda Atomica, l’Intermédiaire et à la Salle Gueule notamment, accompagnée de Stella, sa partenaire de jeu à la batterie. N.S.