lundi 25 août 2025
No menu items!
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
Accueil Blog Page 21

La tête dans les étoiles

0
mucem
Des étoiles plein les yeux © Fanny Dreyer / Mucem

La nouvelle grande exposition du Mucem, Lire le ciel, ouvre le 9 juillet, pour six mois. Avec des prêts d’œuvres majeures, se réjouit Pierre-Olivier Costa, son président. Il y aura notamment L’Astronome, tableau de Johannes Vermeer, lequel sortira exceptionnellement du Louvre pour s’offrir aux yeux du public marseillais (attention, jusqu’en octobre seulement). Enguerrand Lacosl et Juliette Bessette, co-commissaires, promettent un parcours très riche, qui mobilise archéologie, ethnographie, histoire et histoire de l’art, pour éclairer le rapport au ciel en Méditerranée, de l’Antiquité à nos jours. 

Certaines passions comme l’astronomie et l’astrologie ne se démentent pas, siècle après siècle. Elles ont été l’occasion d’échanges culturels féconds. « Nos noms de constellations sont hérités de la Grèce antique, nos noms d’étoiles du monde arabo-musulman. C’est un héritage commun, dont témoigne l’astrolabe Perse qui figure sur le chef-d’œuvre de Vermeer, signe d’un dialogue entre les rives de la Méditerranée. » À quoi s’ajoutent aujourd’hui des préoccupations environnementales : l’exposition abordera la pollution lumineuse, si dommageable aux espèces animales et au sommeil des humains, ou la pollution spatiale (les scientifiques estiment qu’il y a 10 000 tonnes de déchets dans le ciel, envahi de satellites).

Autour de l’expo

Cécile Dumoulin, responsable du développement culturel et des publics au Mucem, a prévu nombre de rendez-vous reliés à l’exposition, dont beaucoup en plein air (« Cela s’imposait, avec cette thématique ! »). En particulier, tous les mercredis soir, des séances de cinéma en accès libre, du 16 juillet au 27 août. L’occasion d’en prendre plein les yeux dans le cadre somptueux du fort Saint-Jean, avec 2001, l’Odyssée de l’espaceLe Château dans le cielPremier contact ou encore Interstellar

Le temps fort de l’été, une Semaine sous les étoiles, aura lieu du 6 au 10 août. Pour commencer, un ciné-concert : 90 minutes de transe jazz jouée par le saxophoniste Guillaume Perret autour du film 16 levers de soleil (Pierre-Emmanuel Le Goff, 2018). Puis des sessions de musique électronique : DJ sets (Bonnie BananeDJ Mystique), et concert de Pierre-Alexandre Busson, alias Yuksek

Clou de la semaine, pour célébrer la pleine lune, une grande Full Moon Party se tiendra toute la nuit du samedi 9. Mis en jambes par un concert de Walter Astral et Étienne de Crécy, le public se verra proposer tatouages flashs, coupes de cheveux (ça repousse plus dru, ces soirs-là, paraît-il !), déambulations d’étoiles géantes par le collectif Aérosculptures, et autres festivités.

Le jeune public n’est pas oublié. Tout l’été, des visites en famille sont organisées : sensorielles, contées, voire… couplées à un atelier yoga (« Chien tête en bas », à partir de 5 ans,
avec la Cie Pièces détachée). De quoi baisser encore la moyenne d’âge des visiteurs du Mucem, passée sous la barre des 40 ans, précisait Pierre-Olivier Costa, lors de la conférence de presse d’annonce de la programmation. « On l’a rajeunie de 3 ans ! »

GAËLLE CLOAREC

Lire le ciel - Sous les étoiles en Méditerranée
Du 9 juillet au 5 janvier
Semaine sous les étoiles
Du 6 au 10 août
Mucem, Marseille

Retrouvez nos articles Arts Visuels ici

Le temps des Rencontres

0
rencontres
Tous les sexes tombent du ciel, Léa Katherine Meier © Emmanuelle Bayart

L’émotion s’affiche comme la priorité des Rencontres d’été de La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Directrice du monument qui abrite le Centre national des écritures du spectacle, Marianne Clevy signe un calendrier estival qui juxtapose des spectacles, lectures, séminaires et exposition du 5 au 25 juillet. 

En scène

Cet été, il sera possible d’enchaîner les représentations des trois spectacles, hôtes de la Chartreuse. Accompagné par La Suisse en Avignon, Tous les sexes tombent du ciel désigne le « conte pour enfant à destination des adultes », écrit et interprété par Léa Katherine Meier (par ailleurs signataire de l’affiche des Rencontres). 

Affaires familiales de Émilie Rousset réitère le partenariat historique avec le Festival d’Avignon. La proposition restitue le quotidien d’un cabinet d’avocates spécialisées en droit des familles. Réaménagé, le tinel devient une cour d’assises où les conflits intimes se diluent dans les dossiers judiciaires (9-17 juillet,18 h).

Retour au seule en scène à 22 h. Une maison de poupée devient l’asile où Henriette passera une large partie de son existence. Rédigée (à La Chartreuse), dirigée et interprétée par Cyrille AtlanHenriette ou la fabrique des folles, combine texte et théâtre d’objets. Cette réflexion sur l’enfermement et l’art brut confirme le partenariat avec Villeneuve en scène, en lice du 8 au 20 juillet. 

Des lectures et une exposition

Par ailleurs, La Chartreuse affiche quatre « Grandes lectures ». En lien avec la langue arabe, invitée par le Festival d’AvignonLe Mur ou l’éternité d’un massacre de Hatem Hadawi évoque les exactions commises en 2012 par l’armée du régime de Bachar el-Assad contre les rebelles de Deir ez-Zor (15 juillet). 

Marseille et la Camargue demeurent le point d’attache de 65 rue d’Aubagne et L’Hacienda signées Laurie Guin et Mathilde Aurier. Enfin, le 19 juillet, Déclaration d’amour de Louis Hee à John Ah-Oui, texte du chorégraphe-dramaturge Nicolas Barry, sera restitué dans un espace plongé dans le noir, avec comme seul repère une signeuse ou un signeur. Ce rendez-vous immersif entre en résonance avec Déranger l’écriture, colloque autour de l’accessibilité. (22 et 23 juillet). 

Enfin une exposition. Celle de Jimmy Richer, dessinateur-tatoueur, qui dispose dans l’abbatiale ses Étranges Pulpes, où se croisent iconographie médiévale, figures du tarot et ornements de science-fiction. 

MICHEL FLANDRIN

Rencontres d’été 
Du 5 au 25 juillet
La Chartreuse, Centre national des écritures du spectacle
Villeneuve-lez-Avignon

Retrouvez nos articles Arts Visuels ici et Scènes ici

Voyage en achronie

0
Chroniques, Peeping Tom © Virginia Rota

Au début des années 2000, la première trilogie de Peeping Tom bouleversait le paysage chorégraphique et théâtral émergent. Une danse théâtrale inconnue, loin de Pina Bausch, entrait dans les intimités familiales et les fantasmes noirs, nourrie de mythes et appuyée sur une danse virtuose. 25 ans après Gabriella Carrizo et Franck Chartier, le duo fondateur franco-italien, est toujours à la tête de la compagnie belge au nom subversif : un « peeping tom » est, en anglais, un voyeur. Institutionnel, international, porté par un succès public, le duo crée aujourd’hui séparément et ces Chroniques sont portées par la chorégraphe italienne.

On y retrouve sa noirceur onirique, la beauté plastique, son amour des corps masculins. Les cinq danseurs hommes semblent retenus dans un espace atemporel peuplé de mythes plus ou moins identifiables : une genèse au Japon, Sisyphe qui roule son rocher, écrasé mais aussi écrasant les autres ; puis de gentils Ewoks et une sorte de Darth Vador qui jette des rayons mortels de ses mains. 

Chercher la couleur

Mais tous se relèvent : la mort, pas plus que le temps, n’a cours, sur cette Olympe sombre où les dieux cherchent des remèdes à l’ennui dans la violence et la domination, une partie de foot avec une main coupée, le déplacement d’inutiles rochers, le jeu avec des automates qui exécutent des mouvements absurdes.

Vision d’une éternité non binaire qui ne serait ni infernale ni paradisiaque, Chroniques est d’une beauté crépusculaire, déclinant des espaces qui s’ouvrent et se ferment, s’éclairent et s’éteignent, se déploient en hauteur ou rasent le sol, les murs, les blocs. Le couple n’y existe pas – sauf une mariée qui se fait descendre – et les individus s’allient aléatoirement contre le dominant, sans faire pour autant cause commune. Tout semble vain. Les danseurs, stupéfiants, sont des élastiques d’une infinie souplesse. Ils reçoivent les chocs qu’ils répercutent comme des ondes liquides sur chaque articulation, en des rotations hallucinantes d’amplitude.

Au terme du voyage ils abandonnent la scène aux robots qui répandent au sol des traînées de couleur pure. Comme au début la genèse peignait des estampes sur les murs. Une sublimation artistique possible hors des limbes ? 

AgnÈs Freschel

Chroniques a été joué du 18 au 20 juin à La Criée, centre dramatique national de Marseille, dans le cadre du Festival de Marseille

Retrouvez nos articles On y était ici

Kat Válastur : un court d’assise 

0
Dive into You, Kat VaÌstur © Dieter Hartwig

Le Festival de Marseille a su mettre en évidence des grands projets collaboratifs comme Mère(s) et ses 90 intervenants ou la Manifête et ses 400 enfants défilant dans le centre ville. Changement d’ambiance ce 22 juin à Klap – Maison pour la danse avec Kat Válastur. L’artiste, qui vit entre Berlin et Athènes, présentait Dive into you, un solo de danse qui ne trouvera de complicité que dans la musique, la scénographie, la lumière, et l’adhésion du public. 

Elle est donc seule. Assise sur un siège qui repose lui-même sur un parquet ovoïde. Autour du parquet du gravier brun, et des tubes de néon qui ponctueront le spectacle d’épisodes stroboscopiques. L’ensemble est épuré, minéral, et comme un bon vin, c’est dans la longueur que la performance se laissera apprécier.

Kat Válastur se lance dans une danse frénétique, convulsive, spasmodique ; le regard dissimulé derrière sa frange. Et même si elle reste vissée sur sa chaise, la débauche d’énergie est tout sauf avare. Elle joue fort du pied, sur le parquet qui a été sonorisé par plusieurs micros, qui feront résonner les coups tantôt rythmiques tantôt arythmiques dans l’ensemble de la salle. Il y a la musique aussi, signée Aho Ssan, qui sied parfaitement à l’ambiance : nappes électroniques et mimiques bruitistes, on entend aussi la voix pré-enregistrée de Kat Valastur, mais également son essoufflement, puisqu’elle est équipée d’un micro discret à l’oreille. 

La nature humaine est ainsi faite que l’on s’habitue à tout. Et la frustration générée par cette énergie immobile trouvera ensuite du réconfort. Pour le public, mais pour la danseuse aussi. Le mouvement se fait parfois plus lent, et la lumière proposera des superbes tableaux sur une performeuse qui jouera de poses profilées. À la fin, bien des choses changeront. La lumière, la danse. Puis le public se lèvera, mais la danseuse aussi ? 

NICOLAS SANTUCCI 

Le spectacle a été donné les 21 et 22 juin à Klap – Maison pour la danse, dans le cadre du Festival de Marseille

Retrouvez nos articles On y était ici

Prenez la vague !

0
© Caroline Doutre

Six-Fours-les-Plages déroule le tapis rouge à la musique classique. Durant toute la saison touristique et jusqu’au 21 septembre, le festival investit des lieux chargés d’histoire de la ville varoise comme la Collégiale Saint-Pierre, la Villa Simone, le Parc de la Méditerranée, pour un concert en plein air, ou la Maison du Cygne, centre d’art niché au cœur d’un jardinécologique labellisé « remarquable » offrant une proximité rare entre artistes et public.  

L’excellence de la scène classique

C’est dans cette maison que l’on pourra entendre du « bon », du très bon, de l’excellentmême. Le 20 juin, Yulianna Avdeeva fera vibrer Chopin en offrant au public un moment d’intimité autour des œuvres majeures du compositeur, de la Polonaise-fantaisie aux 24Préludes. La pianiste russe est l’une des grandes spécialistes du musicien romantique, ayant acquis une notoriété mondiale en remportant le Premier Prix du Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie en 2010 et devenant ainsi la seconde femme à obtenir ce prix depuis Martha Argerich en 1965. 

Le lendemain, place à la chaleur latine avec Serenata Latina. Le contre-ténor franco-mexicain Rolando Villazón et le harpiste Xavier de Maistre (originaire de Toulon, il est ici comme chez lui) invitent à un voyage musical aux accents hispaniques, mêlant le compositeur argentin Alberto Ginastera, le colombien Luis-Antonio Calvo et l’Andalous Manuel de Falla.Ce programme de chansons traditionnelles a fait l’objet d’un disque publié chez Deutsche Grammophon.

Norma sous les étoiles

La fin de week-end se déroulera en plein air au Parc de la Méditerranée qui se transformera en un théâtre naturel pour accueillir les airs les plus envoûtants de Norma de Bellini comme le célébrissime Casta Diva. Portée par la voix incandescente de la soprano colorature tchèque Zuzana Marková et accompagnée du chœur et de l’orchestre de l’Opéra de Toulon sous la baguette du chef italien Andrea Sanguineti, cette soirée gratuite promet d’être magique carl’entrée en scène se fera au coucher du soleil et sera suivie par un feu d’artifice. 

Juillet poursuit cette effervescence artistique. La Villa Simone devient un lieu de rencontre entre jazz et classique avec Les Amants du Jazz, réunissant le pianiste Kim Bernard (premier lauréat en 2021 de la Fondation Gauthier Capuçon) et la chanteuse Na-Kyung Lee, qui revisitent des standards de Duke Ellington ou Charles Trenet. Le 12 juillet, le Paul Lay Trio, accompagné de la chanteuse Isabel Sörling et du contrebassiste Simon Tailleu, invite à une soirée mêlant compositions originales et influences jazz.

Le festival investit ensuite la Collégiale Saint-Pierre pour trois soirées avec l’ensemble Matheus, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi. Ils mélangent les genres avec bonheur : pur classicisme avec des œuvres de Mozart, de Haydn et de Beethoven, baroqueavec Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi (17 juillet) et Bel Canto flamboyant avec un gala Rossini, (19 juillet).

En parallèle, une exposition à la Villa Simone met à l’honneur tout l’été la photographe Marianne Rosentiehl, dont les portraits vibrants ont saisi l’âme des plus grandes figures culturelles de notre époque.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

La Vague Classique
Jusqu’au 21 septembre
Divers lieux, Six-Fours-les-Plages

Retrouvez nos articles Musiques ici

Yes We Camp s’installe à La Cômerie

0
La Cômerie © X-DR

Inattendu peut-être, mais officiel. La Cômerie va se réinventer sous l’égide de Yes We Camp. Une convention d’occupation de trois ans a été signée entre l’association et la mairie, propriétaire des lieux. Depuis 2019, cet ancien couvent situé en haut de la rue Breteuil est un lieu de résidences artistiques de l’association actoral, qui y a transféré l’ensemble de ses activités en février 2024, après la perte de son lieu historique de Montévidéo. Mais, ne respectant pas les normes d’établissement recevant du public (ERP), le bâtiment avait une vocation purement professionnelle.

Ce ne sera plus le cas à partir de la rentrée. Implantée dans de nombreuses villes françaises, l’association Yes We Camp se donne pour principale mission la création de lieux temporaires, solidaires et collaboratifs. À Marseille, elle a notamment conduit ou participer à des projets comme Coco Velten ou le lieu d’hébergement d’urgence l’Auberge marseillaise. Elle a donc « un savoir-faire propre à Marseille » estime Olivia Fortin, maire des 6e et 8e arrondissements. 

« Notre proposition était de faire de cet ancien couvent un lieu que l’ensemble des habitants et des associations du quartier puissent investir et s’approprier, dans le prolongement de ce que fait déjà actoral » explique Suzanne Laqbeach, co-cheffe du projet de Yes We Camp. Depuis le 18 juin, l’association organise d’ailleurs des concertations avec les habitants et les associations voisines afin « d’entendre les envies de chacun·es » quant aux usages possibles du lieu. Ces concertations n’en sont qu’à leurs débuts, et se poursuivront dans le jardin du couvent tout au long du mois de juillet. L’ouverture du bâtiment se fera ensuite progressivement, car les travaux de mise en conformité d’ERP y sont toujours en cours. 

Ainsi, le rez-de-chaussée du bâtiment sera mis à disposition du public à partir de septembre, tandis que le reste du bâtiment ne devrait être qu’accessible qu’à partir de l’hiver 2026 – à l’exception du dernier étage, où actoral poursuivra ses activités. 

Et actoral ? 

L’arrivée de Yes We Camp n’induit pas pour autant le départ de son actuelle occupante. Au contraire, à l’initiative d’Olivia Fortin, les deux associations ont entrepris un rapprochement. Elles collaboreront sur certains projets, comme des ateliers ouverts au public avec des artistes accueillis par actoral. De plus, à l’automne, l’ensemble du rez-de-chaussée sera consacré au festival actoral, pour lequel Yes We Camp assurera l’accueil et la buvette. « On apprend à travailler ensemble, avec nos deux fonctionnements radicalement différents. C’est intéressant d’apprendre de l’expertise et de la façon de faire l’un de l’autre » explique Hubert Colas, fondateur et directeur d’actoral. Une collaboration fortuite, qui laisse espérer de belles choses pour l’avenir du lieu.  

CHLOÉ MACAIRE 


Retrouvez nos articles Politique culturelle ici

Rester de grâce

0
Coup de Grâce, Michel Kelemenis © Agnès Mellon

La reprise de Coup de Grâce de Michel Kéléménis confirme la force presque intemporelle de la pièce. Liée aux attentats de Paris, retraçant littéralement l’attaque d’une jeunesse en fête et la chute des victimes sous les tirs de mitraillettes, elle dépasse aujourd’hui le Bataclan, et affirme l’invicible force des corps libres. Qui dansent, se lient, s’embrassent, solitaires ou formant des couples temporaires, hétéro ou homosexuels, sensuels toujours, vivants sous les balles. 

La constante élégance de la danse, jusque dans ses tableaux arrêtés expressionnistes, prend place dans un écrin noir aussi nuancé qu’un tableau de Soulages : un rideau de perles laisse passer des rais de lumière, des projecteurs traquent les corps dans l’obscurité, les costumes noirs des sept danseurs font apparaître des corps beaux de leurs différences. La musique d’Angelos Liaros-Copola a elle aussi toute l’épaisseur sonore, toute la noirceur pâteuse, d’un noir qui n’est jamais uniforme. La grâce terrestre, réelle, résistante, aura toujours raison des fous de dieu.

Agnès Freschel

Coup de grâce a été recréé du 21 au 23 juin au Klap, Maison pour la danse de Marseille

En corps de la danse 

0
Over and Over, Dan Daw Creative Projects-Candoco Dance Company© Hugo Glendinning

Palette d’émotions et de danseurs, Over and Over (and over again) invite à plonger dans la danse et le mouvement. Se battre, aimer, désirer, se relaxer, faire une pause… autant d’états que traversent les danseurs dans l’heure de représentation. Initiée par la Candoco Dance Company, qui fait danser des personnes handicapées et non handicapées ensemble, le spectacle invite encore une fois à l’inclusivité : sur scène des danseurs en fauteuil, sourds, racisés, porteurs d’handicaps invisibles – tous liés par une même énergie. 

L’artiste australien Dan Daw a monté cette performance entre danse et théâtre. Les danseurs parlent en langue des signes et échangent des sourires dans une ambiance bienveillante. Bienveillance qui dépasse la scène puisque des espaces de repos sont proposés tout au long de la performance pour le public qui est invité à bouger, sortir, faire du bruit… La scénographie, très colorée, s’appuie sur des jeux d’ombres et de lumières, projetant les silhouettes des danseurs, en fauteuil, petits ou grands à travers un rideau translucide et brillant.

Temitope Ajose entame la chorégraphie en tentant d’enlever sa veste. Elle se débat et lutte sur une musique électronique rapide, selon l’audio description visible sur des panneaux en hauteur. Rejointe dans sa lutte par les autres danseurs, qui se battent contre pantalons, chemises ou entre eux, le début de chorégraphie est rapide et bouillonnant. 

Duels, groupe ou solo, la chorégraphie exhibe les différences des cinq interprètes : Annie Edwards, danseuse de petite taille, se confronte à James Olivo. Il se met à genoux pour la regarder dans les yeux et offrir un duo-duel inspiré des battles hip-hop. Le spectacle propose un tableau par émotions, avec des changements de musique pour chaque partie. La danseuse Maiya Leeke évolue sur scène en fauteuil roulant et haut à paillettes. Centrale en début de chorégraphie, elle laisse peu à peu la place à ses compagnons. 

James Olivo a le mot de la fin de cette performance, sous le signe de la solitude. Il propose un solo époustouflant de technique et de fluidité : son corps entier semble lui être étranger, il danse en lutte avec lui-même dans un tourbillon sans fin entre hip-hop, danse contemporaine et transe hypnotique des derviches tourneurs. 

LOLA FAORO

Spectacle donné les 21 et 22 juin à Friche la Belle de Mai, dans le cadre du Festival de Marseille

Retrouvez nos articles Scènes ici

D’Adana à Samarcande, la douleur capitale

0

Dans ce livre, l’écrivain franco-algérien Yahia Belaskri a souhaité mettre en lumière la persécution du peuple arménien par l’empire ottoman et, pour ce faire, a fait le déplacement jusqu’à Samarcande, en Ouzbékistan. Il confie que la ville l’a impressionné par la coexistence pacifique de communautés religieuses diverses ainsi que par son patrimoine historique. 

Carnets de fuite

N’oublie pas notre Arménie prend la forme de « carnets » rédigés par Maritsa, une jeune femme médecin dépêchée en avril 1909 à Adana dans le cadre d’une mission humanitaire. La ville, qui avait appartenu au royaume arménien de Cilicie est encore, en ce début de XXe siècle, un lieu refuge pour de nombreux Arméniens, bien qu’elle soit désormais sous domination ottomane. 

Peu après l’arrivée de la jeune femme, des Turcs nationalistes massacrent la population arménienne de la ville. Maritsa fuit en compagnie d’autres Arméniens et surtout du père Burak, d’abord en Syrie, puis toujours davantage vers l’Est. Au cours de cette errance tragique, les exilés sont accueillis avec hospitalité par des représentants de diverses communautés et prennent part aux échanges philosophiques et religieux sur le futur de l’empire ottoman et des peuples qu’il rassemble.  

Poésie et spiritualité

À la question portant sur le choix de cette thématique pour son nouveau roman, Yahia Belaskri répond simplement : « Tous les hommes et toutes les femmes sur terre qui souffrent sont les miens. »Dans ce carnet de route et de réflexions, le rapport à la spiritualité prend une place prégnante. Le texte est imprégné de poésie et de chants, à travers lesquels les Arméniens des pays traversés partagent leurs douleurs, leur nostalgie et leurs espoirs. Yahia Belaskri propose ainsi une réflexion sur la tolérance et le dialogue interreligieux, plus que jamais d’actualité. 

GABRIELLE BONNET

N’oublie pas notre Arménie, de Yahia Belaskri 
Éditions Zulma - 18,50 €

Retrouvez nos articles Livres et Littérature ici

Ça c’est FORTissimo !

0
© X-DR

L’édition 2025 du Festival – l’un des plus anciens de France – s’ouvrira sous le signe de la solidarité avec l’Orchestre de la Musique de la Marine Nationale, dirigé par Marie Faucqueur (25 juin). Le programme, placé sous le thème du Japon, mêlera œuvres de compositeurs asiatiques et occidentaux, de Soichi Konagaya au Britannique Nigel Clarke, en passant par des évocations du cinéma d’animation de Hayao Miyazaki – Chihiro, Totoro et Ponyo seront là – avec des arrangements symphoniques des musiques de Joe Hisaishi. Un concert en partenariat avec l’association Entraide Marine-ADOSM au profit des familles de marins.

La Tour Royale abritera le Trio Wanderer (1er juillet) pour une soirée dédiée à trois chefs-d’œuvre de la musique de chambre. L’Archiduc de Beethoven ouvrira le bal, suivi de la délicate suite Soir ! Matin ! de la compositrice Mel Bonis (1858-1937) avant de se conclure avec le Trio en La mineur de Ravel, composé à l’aube de la Première Guerre mondiale.

Toujours à la Tour Royale, c’est la musique de Schubert qui résonnera lors d’un récital du Duo Geister consacré au piano à quatre mains (4 juillet). David Salmon et Manuel Vieillard incarneront cette formation si chère au compositeur autrichien et illustreront l’esprit d’amitié avec des œuvres comme la Fantaisie en fa mineur, dédiée à son amie Caroline Esterházy mais aussi des pièces plus légères comme les Six Grandes Marches.

Du Swing face à la mer

Changement d’ambiance le 8 juillet au fort Saint-Louis pour une parenthèse jazz au coucher du soleil. La contrebassiste France Duclairoir, accompagnée de Nina Gat (piano), Matthew Bumgardner (trombone) et Max Briard (batterie) nous emmèneront dans un voyage musical aux couleurs du swing et des musiques du monde.

Le fort Balaguier à La Seyne-sur-Mer vibrera lui au son des comédies musicales et des influences latines avec Gershwin, Bernstein, le cubain Lecuona et Florence Price, la première femme noire à avoir vu une symphonie jouée par un orchestre américain majeur. Le Quatuor Zahir, composé de quatre saxophonistes virtuoses, et le pianiste Jorge González Buajasan, entraîneront le public dans un tourbillon de rythmes avec la célèbre Rhapsody in Blue, des extraits de West Side Story et des danses afro-cubaines (10 juillet).

L’édition 2025 se clôturera en beauté, au fort du Pradeau, sur la presqu’île de Giens, aux sonorités graves du violoncelle (22 juillet). Autour des solistes Frédéric Audibert et Manuel Cartigny, le sextuor de violoncelles de l’IESM invoquera Vivaldi, Popper, Villa-Lobos, le compositeur sicilien contemporain Sollima, Piazzolla et Fauré. Un moment de partage entre générations, où maîtres et élèves se retrouvent dans un cadre naturel magnifique.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

FORTissimo
Du 25 juin au 2 juillet
Divers lieux, Toulon et alentours

Retrouvez nos articles Musiques ici