mardi 16 septembre 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
Accueil Blog Page 241

CARRÉ SAINTE-MAXIME : Sous le signe du Carré

0
La vie est une fete © philippe lebruman

Au Carré Sainte-Maxime, la première partie de saison invite Mourad Merzouki, Chimène Badi, Luc Langevin, Axel Bauer, Thibault de Montalembert, Gaspard Proust, Blanca Li, Les Chiens de Navarre et Fary ! Un anniversaire qui ne va pas attendre pour organiser sa fête : les 29 et 30 septembre, Nuits singulières #1, de 19h30 jusqu’au bout de la nuit, bar géant et garden-party, auxquelles se mêleront les 25 danseurs et les musiciens de la Cie Käfig, de Mourad Merzouki, figure pionnière et incontournable de la scène hip-hop française. Il recrée pour l’occasion Kaléidoscope, melting-pot spectaculaire embrassant trente ans de ses chorégraphies, créée l’année dernière à l’occasion de son départ du CCN de Créteil. 

Humour vache et chansons d’auteur

Les adeptes de comédie grinçante et/ou délirante vont être servis : Demain la revanche (10 novembre) de l’auteur « moliérisé » Sébastien Thiéry s’amuse avec un quadra paumé et amnésique qui débarque une nuit chez ses parents pour régler ses comptes… Joué par l’humoriste Gaspard Proust (son premier rôle au théâtre) avec Jean-Luc Moreau et Brigitte Catillon. Dans l’embarras du choix (9 décembre – nomination Molière 2022 de la meilleure comédie), de Sebastien Azzopardi et Sacha Danino, c’est un trentenaire tout aussi paumé, paralysé à l’idée de faire les mauvais choix de vie, qui s’en remet totalement aux avis du public pour influer sur son avenir, ses amours, son travail, ses relations amicales et familiales… Chalenge d’impros en vue ! Quant aux Chiens de Navarre, ils sont lâchés dans l’univers psychiatrique : La vie est une fête (13 janvier), ça fait mal et ça fait rire. Côté concerts, de la chanson française avec Axel Bauer (20 octobre), qui a signé les années 1980 avec son méga-tube Cargo, et vient de sortir son septième opus Radio Londres, en compagnie notamment de Boris Bergman, parolier historique d’Alain Bashung. Chimène Badi interprétera elle ses reprises des chansons cultes d’Edith Piaf (17 novembre), à qui elle rend un hommage vibrant dans son dernier album.

Inspiration Shakespeare

Shakespeare est dans la place ! Le cirque contemporain du collectif québécois Les 7 Doigts, Duel Reality (3 novembre) revisite à la croisée du cirque, du théâtre et de la danse le mythe shakespearien de Roméo et Juliette. Olivier Saccomano et Nathalie Garraud traversent d’interrogations politiques et théâtrales contemporaines les figures d’Hamlet et d’Ophélie, avec Un Hamlet de moins (22 novembre), quatre jeunes gens coincés sur un escalier et dans la pièce de Shakespeare depuis 420 ans, cherchent leur chemin ; et Institut Ophélie (25 novembre) que les deux co-directeurs du théâtre des 13 vents de Montpellier décrivent comme un « espace-temps réglé comme une montre folle, voué sans doute à la liquidation, où on fomente encore des œuvres et des batailles… ».

MARC VOIRY

Le Carré
Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 
carre-sainte-maxime.fr

Dans la tête des designers

0
© Anaïse Mourocq

4e édition pour la France Design Week, une manifestation nationale lancée en 2020 pour célébrer le design dans toute sa diversité. Cette année, il s’agit de valoriser l’innovation et le savoir-faire auprès du grand public. Installée à Montpellier, mais aussi à Crest et Lyon, l’agence de design entreautre co-organise pour l’occasion avec la designeuse montpelliéraine Camille Boyer une exposition collective intitulée DESIGNS du 21 au 27 septembre à la Halle Tropisme. Présentée au sein des 230m 2 de l’espace La Menuiserie, l’exposition DESIGNS met en lumière vingt projets, comme autant de façons d’explorer la multiplicité des champs du design : design produit, design graphique, design numérique, design typographique, design recherche… Il est fascinant de réaliser à quel point les domaines d’application sont vastes, de la mobilité au mobilier en passant par la médiation ou le médical. On peut ainsi découvrir les coulisses de la création de projets de tous genres : une cheminée, des tasses, des bactéries, des textiles recyclés, un vélo en bois, un fauteuil…

Défis à relever

Et l’arrêt de bus en terre éco-conçu Terra signé par l’agence entreautre, laquelle s’évertue à mettre un design engagé au service de la simplicité afin de concevoir des projets innovants à impacts positifs. DESIGNS est une façon comme une autre d’entrer dans la tête de ses concepteurs, tous basés à Montpellier et dans les environs, aux pratiques très différentes les uns des autres. Entre échantillons, esquisses et prototype, le visiteur peut ainsi s’immerger dans leurs questionnements, leurs processus de travail, se passionner pour leurs pistes de recherche, comprendre les défis à relever. Également au programme : des animations et ateliers pour petits et grands… À savoir que nombre des designers exposés participent également au parcours Vitrines Bleues organisé par le collectif Indigo d’Oc dans le centre-ville de Montpellier jusqu’au 27 septembre. 

ALICE ROLLAND

France Design Week
La Halle Tropisme, Montpellier 
Du 21 au 27 septembre
04 67 04 08 10
tropisme.coop

Le 6mic pense l’avenir 

0
Pomme © Lian BENOIT

Zébuline. L’été du 6mic a été marqué par une nouvelle édition du Tour du 6mic. En êtes-vous satisfait ? 

Stéphane Delhaye. Oui ça a été une belle édition. On a découvert des artistes d’autres lieux de la musique actuelle en France dans une ambiance agréable et festive. Pour l’ensemble des groupes, ils sont tous très contents et nos partenaires aussi. Certaines personnes de l’encadrement et des salles viennent avec eux jusqu’au 6mic, ça nous permet de leur faire découvrir le lieu et de créer des contacts un peu plus privilégiers. À l’avenir, on espère que les autres lieux sauront s’en souvenir et que l’on puisse exporter nos groupes de la région. 

L’été maintenant fini, quelles sont selon vous les trois dates à ne pas louper cet automne au 6mic ?

C’est difficile mais je veux bien me prêter au jeu : je dirais Pete Doherty et Frédéric Lo (25 octobre), Sarah McCoy (2 novembre), et Gogo Penguin (6 décembre). Mais dans toutes les dates que l’on a, il y en a pour tous les gouts, toutes les esthétiques, tous les calibres. Je pense à une date exceptionnelle avec Macy Gray (18 novembre), l’âme de la soul américaine ; Albin de la Simone (22 novembre), qui nous présente son nouvel album ; La Rumeur (25 novembre), pour que les jeunes découvrent le rap des darons (!) ; ou encore Charlie Winston (29 novembre), Izia (30 novembre), Adé (8 décembre), Pomme (24 novembre) pour la nouvelle génération… et puis Ludwig von 88 (9 novembre) pour les vieux punks. 

Le 6mic c’est aussi un dispositif d’accompagnement pour les jeunes artistes, qu’est-il prévu cette année ?

Nous avons ouvert la saison le 13 septembre avec Aurore. C’est très symbolique pour nous de commencer par une soirée dédiée aux artistes émergents amateurs. Il y en aura également en octobre et en novembre. Avec eux, nous effectuons un repérage, puis des rendez-vous sous la forme d’un diagnostic, pour savoir leur niveau, leurs attentes, vers quoi ils veulent aller. On les aiguille dans ce chemin. Il y a un travail effectué avec des coachs scéniques, vocaux… ça dure en général plusieurs mois. L’objectif c’est de les amener à être plus performants, à sublimer leur musique, sans pour autant les formater. Il y a ensuite une résidence dans le club qui dure deux ou trois jours, pour mettre en place et parfaire leur set. Elle donne lieu à une sortie de résidence, gratuite et en public, pour que tout le monde puisse venir découvrir les artistes émergents du territoire. 

Vous faites partie du réseau Provence Culture, lancé au printemps dernier. Que pouvez-vous nous dire de l’intérêt d’une telle structure ? 

Les douze plus gros opérateurs culturels du territoire aixois se sont regroupés au sein de l’association Provence Culture. L’idée est de mieux se connaître, de mieux travailler ensemble. Permettre la création ou la mise en place de projets communs pour mieux faciliter les déplacements et la circulation des publics et des œuvres. C’est aussi un laboratoire d’idées. Il y a un certains nombres de sujet qui nous impactent tous et sur lesquels nous devons collectivement avoir des réflexions et, pourquoi pas, des prises de position. Je pense notamment à la transition écologique. On sait que le climat est en train de changer, et sur notre territoire, la canicule va devenir une donnée permanente en été. On a eu un exposé de spécialistes de Météo France, pour nous expliquer l’importance des changements climatiques à l’œuvre, pour prendre conscience de l’impact que ça va avoir sur nos activités et mieux les anticiper. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

6mic
Aix-en-Provence
6mic-aix.fr

MONTPELLIER : L’Opéra fait sa rentrée

0
Chloeì Dufresne © Capucine De Chocqueuse

Elle était déjà à la tête de l’orchestre en septembre 2022 pour les concerts de rentrée. Et la revoilà sur un programme constitué cette fois-ci de pages opératiques. Entretemps, la carrière de Chloé Dufresne n’aura cessé de prendre de l’ampleur. Il semble loin le temps où la montpelliéraine désormais trentenaire officiait dans le chœur d’enfants affilié à l’Opéra de Montpellier. Et quelle émotion ce doit être de revenir au bercail après une année passée à Los Angeles en compagnie de Gustavo Dudamel, et à peine plus d’un an après sa nomination aux Victoires de la Musique Classique ! Et ce d’autant plus que Chloé Dufresne partage l’affiche avec deux chanteurs tout aussi talentueux : la soprano Manon Lamaison, qui depuis sa formation à Toulouse, Lyon puis Montréal, s’est fait une spécialité des rôles mozartiens ; et le baryton suisse Félix Gygli, membre cette année du International Opera Studio de l’Opéra de Zurich, et Papageno salué à la production de l’Ouverture-Opéra. Autant dire qu’on attendra le duo de pied ferme sur Là ci darem la mano, aria parmi les plus célèbres du Don Giovanni et comptant parmi les incontournables de ce concert généreux en tubes, dont deux extraits des Noces de Figaro. Sous la direction de Noëlle Gény, le Chœur s’est lui aussi mis à Mozart, et au Chœur des voyageurs extrait de l’Idomeneo ; mais aussi aux pièces maîtresses de Lakmé, des Pêcheurs de perles et du Faust de Gounod. Le répertoire italien ne sera pas en reste, puisque Rossini et son Largo al factotum, le Falstaff de Verdi et la donizettienne Fille du régiment seront également au programme. De quoi réviser ses classiques à prix doux, puisque le tarif unique de 10€ reste en vigueur.

SUZANNE CANESSA

Opéra Comédie, Montpellier
23 septembre
04 67 60 19 99
opera-orchestre-montpellier.fr

De la bifurcation du regard

0
L'artiste Clarissa Baumann sera en résidence cette année au 3 bis f © Marc Coudrais

Zébuline. Pourquoi avoir nommé la nouvelle saison Incertain regard ? 

Jasmine Lebert. Nous n’avons pas voulu de thématique de saison, mais plutôt l’annonce d’une couleur, par une formule qui nous engage. Lorsque l’on porte un regard sur les artistes invités l’an dernier, on se rend compte que leur trajectoire, leur propos sont interdisciplinaires. C’est ce qui caractérise aussi cette nouvelle saison : une forme très vaste de dénominateurs communs qui passent par la « bifurcation du regard ». Une expression que j’emprunte à la philosophe et dramaturge Camille Louis, une des artistes en résidence cette saison. Elle viendra plusieurs fois pour l’écriture de son essai, La fabrique des yeux secs. Il s’agit de prendre d’autres points de vue, d’autres espaces. 

Vous conjuguez en effet l’espace dans lequel vous vous trouvez avec les créations mises en œuvre ou réfléchies au 3 bis f…

Oui, par exemple, lors des Journées européennes du patrimoine, organisées avec le centre Montperrin, le théâtre pense les espaces du soin. La première exposition de septembre sera d’ailleurs consacrée à Yoan Sorin, Désordres, univers très riche, très lié au relationnel. Nous avons invité cet artiste à partager une soirée dans le cadre d’actoral avec Camille Louis. Ils l’ont composée ensemble en mettant leurs travaux en résonnance. Notre jardin d’art et d’essai est aussi au centre de cette relation. À l’invitation encore de Diane Pigeau, directrice artistique du centre d’art, Clarissa Baumann, artiste à la fois plasticienne, performeuse, danseuse et chorégraphe viendra en résidence de recherche pour travailler sur l’interrelation entre corps, espace, mémoire, un enchevêtrement et encore une « bifurcation » ! 

Qu’en sera-t-il de vos Soirées astrales au jardin ? 

C’est un temps d’expérimentation autour des artistes en résidence. Pour cette troisième édition Rebecca Digne performera sa nouvelle création Delirio, mêlant arts plastiques, danse, texte et bande son tandis que Marin Fouqué proposera une lecture performance autour de son dernier livre À la terre. Il est difficile de tout énumérer, le superbe travail d’Emmanuel Vigier et de Mario Fanfani, de l’inspiration apportée par la philosophe écoféministe australienne Val Plumwood (1939-2008), de la chorégraphe marseillaise Maud Pison, du musicien Thierry Balasse, du metteur en scène Youri Romão et tant d’autres. 

Je voudrais aussi insister sur les groupes de réflexion qui produisent des savoirs « situés » : se croisent les savoirs des expériences vécues, des patients, des artistes, des soignants. Ils reposent sur une méthodologie citoyenne et activent des solidarités entre art et soins, une nouvelle anthropologie des vulnérabilités sachantes s’élabore. Le mouvement du rétablissement est très vivant et très pionnier à l’échelle du territoire.  

ENTETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

3 bis f
Aix-en-Provence
04 42 16 17 75 
3bisf.com

Une Passerelle éprise de nature 

0
Maldonne © Nora Houguenade

Zébuline. Le dispositif Curieux de Nature, qui investit chaque automne un espace naturel différent, franchit un nouveau cap : vous emmenez cette fois vos spectateurs sur l’eau ! 

Philippe Ariagno. On commence la saison à Savines-le-Lac, avec RicOchets, une balade poétique et musicale au petit matin sur le lac de Serre-Ponçon à bord d’une carline, un bateau rétro. Nous inaugurons avec ce projet – vraiment particulier et symboliquement fort pour nous, en rapport avec un territoire qu’on apprécie –, un compagnonnage de 3 ans avec Ottilie [B], une chanteuse des Hautes-Alpes qui pratique un magnifique chant diphonique. Plusieurs rendez-vous suivront avec cette compositrice, à l’image de 1 + hein ? dès novembre, trois jours de résidence avec David Lafore, suivis d’une performance. 

Nouveauté cette année, vous proposez de longues séries sur certains spectacles.
En effet, huit dates pour La saga de Molière, de la compagnie Les estivants, une très belle équipe de la région : Johana Giacardi s’empare du texte de Boulgakov, tout en établissant un parallèle entre une jeune compagnie contemporaine et un Molière qiu rencontrait des difficultés en tournée sur les tréteaux, avant d’être connu. Huit dates sont aussi prévues pour De bonnes raisons, un spectacle de cirque par la compagnie La Volte qui aborde le rapport au risque, la nécessaire confiance qu’il induit, ce qui advient lors de la chute éventuelle… Cette programmation est intégrée au parcours des Olympiades culturelles.

Cette saison est aussi largement féminine !
Plus de la moitié des projets est en effet portée par des femmes. Certaines sont des fidèles, telle Maëlle Mays qui propose une nouvelle Leçon impertinente de Zou. Une autre révélation : Leïla Ka, qui fut danseuse chez Maguy Marin. Nous l’accueillons lors de deux soirées, la première autour d’un triptyque qui aborde la notion d’identité, ce qu’on est et qu’on doit être, la frustration de n’être que soi… La deuxième autour de Maldonne, sa nouvelle création. On y retrouve notamment Jane Fournier Dumet, une danseuse qui jouait dans le solo Bien parado de La Méandre. Au rayon théâtre, Estelle Savasta adapte L’endormi, un texte coup de poing de Sylvain Levey, étayé du flow de Marc Nammour, leader du groupe La canaille : de l’excellent rap à hauteur d’enfants, dès 9 ans. Vient ensuite L’affolement des biches, dans lequel Marie Levavasseur, que nous avons accueillie sur toutes ses précédentes créations, se frotte pour la première fois à du spectacle tout public. Avec la douceur et la finesse qu’on lui connaît, elle y aborde la mort, le deuil, la manière de se reconstruire après la disparition de ceux qu’on aime. 

Ces autrices s’emparent aussi de violents sujets sociétaux.

Notamment avec Le jour où j’aimerais pour la première fois sans toi de la compagnie Vertiges, basée à Nice. Après un premier solo de danse aux accents autobiographiques, Alexandra Cismondi y raconte l’histoire d’une famille, qui commémore la mort d’une de ses sœurs advenue lors d’un massacre dans un lycée. Il s’agit d’un texte étonnant, qui prend place dans un futur proche plutôt dystopique. C’est très particulier, le langage n’est pas le même pour les générations, qui ont du mal à communiquer entre elles… Une petite bombe, les collégiens et lycéens adorent ! C’est aussi le cas avec Les femmes de barbe bleue, une relecture du conte de Perrault, dans laquelle les femmes assassinées prennent la parole pour évoquer les arcanes du désir féminin, le mécanisme à l’oeuvre dans les relations toxiques, la figure ambigüe  du prédateur… Il s’agit de se libérer des modèles archaïques qui gouvernent nos inconscients, de chercher à reprendre le pouvoir sur ses désirs. Le tout est porté au plateau par une belle sororité entre les actrices qui s’entraident et s’écoutent. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR JULIE BORDENAVE

La Passerelle
Scène nationale de Gap
theatre-la-passerelle.eu

Les valeurs de l’ovalie

0

Il n’est pas de bon ton de se plaindre d’accueillir une compétition sportive. La presse, les politiques, les commerçants, les bistrotiers, se réjouissent en chœur de l’arrivée en masse d’un public au « panier moyen » élevé, qui consomme et qui, miracle de l’ovalie, ne fracasse pas, comme le public du foot, les équipements communs et la gueule des supporters de l’adversaire. 

Pour autant célèbre-t-on le sport avec cette Coupe du monde, masculine, de rugby ? Est-ce un hasard si la France, dans cet affrontement des nations, s’accommode d’un deuxième ligne accusé d’avoir cassé du « bougnoule », et d’un chauvinisme qui sombre à pieds joints dans la caricature ? 

La cérémonie d’ouverture avec béret, foulard rouge, baguettes croustillantes, Jean Dujardin recuit et coq géant débile est bien sûr une offense à notre sens esthétique, à toutes les magnifiques compagnies qui savent fabriquer des spectacles à l’échelle d’un stade. C’est surtout un camouflet au pluriculturalisme et à la diversité qui anime nos rues. Non seulement la France, ce n’est pas cela, mais ça ne l’a jamais été, en aucun temps, même pas dans les années 1930, en aucun lieu et encore moins dans un Montmartre fantasmé. 

Tout le travail d’une culture en marche est d’échapper aux images caricaturales qui enferment les peuples et les esprits, de refuser de céder aux fantasmes, de briser les miroirs oublieux d’où ne savent surgir que des hommes, parisiens, blancs, forcément vantards et bons vivants, filous à la main leste. 

Valeur de l’ovalie ? Valeur du sport ? Fierté française ? 

La France sera une grande nation sportive quand elle aura des équipements qui permettent aux enfants d’apprendre à nager, à courir, à sauter, à faire équipe. Quand chacun et chacune pourra pratiquer une activité sportive, à tout âge, performant ou invalide, doué ou maladroit.  Quand elle cessera de confondre sport et compétition, match et affrontement identitaire, sport et spectacle sportif. 

Alors, on pourra se réjouir de partager des valeurs, les plaisirs les gestes des corps en  mouvement. Comme les arts, les sports n’ont de sens que s’ils sont partagés. Dans un spectacle qui construit du collectif et non de la castagne, dans une pratique ouverte et possible pour tous et toutes, et dans une élaboration commune des enjeux et des règles qui les régissent. 

AGNÈS FRESCHEL

Panique identitaire sur le corps des femmes

0

La rentrée des classes a vu l’humiliation de centaines de lycéennes et collégiennes françaises, renvoyées chez elles parce qu’elles portaient des vêtements trop amples, trop couvrants ou trop longs. Trop pour qui ? 

La laïcité française nécessite donc qu’on montre les mollets des femmes, la forme de leurs seins de leurs fesses ? Plus de la moitié des jeunes filles qui se sont vu refuser l’entrée dans des établissements publics financés par les impôts de leurs parents ne portaient pas d’abayas. Certaines d’entre elles, adolescentes, n’étaient simplement pas à l’aise avec le fait de changer de formes, et portaient des vêtements amples. Toutes n’étaient pas musulmanes. Mais toutes, bien sûr, étaient racisées.

Comment l’État français en est il arrivé à produire des situations si fortement discriminatoires, si humiliantes, si révoltantes ? 

Alors que tous les théâtres régionaux programment des spectacles qui mettent en scène les difficultés sociales des racisés, le désir d’égalité des femmes, la violence des clivages sociaux, l’importance de l’image du corps, les histoires des exils, les musiques du monde… alors que tout ce travail patient, minutieux, de terrain, de tolérance, d’écoute, de bienveillance, est mené dans tous les établissements culturels, voilà qu’on impose aux établissements scolaires de discriminer leurs élèves à l’entrée ? Aux professeurs de leur refuser leur enseignement ? Au nom d’un principe de laïcité qui ne se fonde plus sur des « signes ostentatoires », mais sur une manière, culturelle, de se vêtir et de concevoir la pudeur ? 

Le corps des jeunes filles restera-t-il toujours un terrain de luttes ? Quand va-t-on les laisser s’habiller comme elles le veulent sans subir de jugement ou de regard inquisiteur ? 

La planète brûle, le climat s’emballe, la guerre s’installe, les candidats à l’exil se noient dans notre mer, mais l’enjeu important de cette rentrée serait d’interdire les abayas et de rétablir l’uniforme ? D’équarrir les singularités, les corps, les différences ? 

S’en prendre au corps des musulmanes, ou supposées telles, n’est qu’un piètre dérivatif, révoltant, de nos angoisses de l’avenir. Boucs émissaires et victimes d’une société incapable de faire face aux changements impérieux et nécessaires qu’elle doit s’imposer, l’autre est redevenu l’ennemi d’une République Française qui n’en finit pas de se croire blanche, catholique et masculine.

AGNÈS FRECHEL

Scène nationale de Cavaillon : Enchantée, Garance

0
MONTE CRISTO © Frederic Ferranti

S’inspirant à la fois du philosophe Michel Serres « à quoi bon vivre si nul jamais n’enchante le monde ? » et de l’humoriste Inès Reg « mets des paillettes dans ma vie, Kevin ! », le ré-enchantement entamé la saison dernière par La Garance, sous la houlette de sa nouvelle directrice, Chloé Tournier, se poursuit cette saison. Ancré autour de deux temps forts annuels, le premier consacré à la magie nouvelle en décembre (festival Manip ! du 5 au 9 décembre) le second à la cuisine en mai (festival Confit !). Le tout en compagnie d’artistes complices (Leila Ka, Begat Theater, Pauline Susini et Thierry Collet) et en portant une attention toute particulière « … à la place de la joie et de la convivialité dans un lieu culturel ».

Fêtes de mi-saison

Justement, le premier semestre de la saison va se dérouler entre deux fêtes de présentation. Le 22 septembre, avec le vernissage de l’exposition L’amer du photographe Pascal Grimaud et un concert performance de L-Raphaële Lannadère, mis en scène par Anne-Sophie Bérard (commissaire d’exposition associée à La Garance). Et le 27 janvier, autour des projets du deuxième semestre, suivi du spectacle Ami·e·s il faut faire une pause de Julien Fournet/ l’Amicale : une classe verte culturelle qui part à la recherche des origines du plaisir d’être spectateur·rice, avec mise en pratique : travaux manuels, pâte à modeler et cocottes en papier, séance de relaxation et infusion au thym. 

Complicités artistiques 

Les quatre artistes complices vont chacun·e présenter leur dernière création : Maldone (16 novembre) de Leila Ka, qui poursuit ses réflexions sur les mille manières d’être soi au féminin. Cinq danseuses sur scène, des robes diverses et variées qui tournent et volent, une soirée entre copines, dans l’intimité et le collectif, un ballet féministe percutant. Les Consolantes (11 janvier) de Pauline Susini, qui part de la récolte de témoignages de victimes des attentats de Paris et de Saint-Denis de novembre 2015, pour écrire une fiction théâtrale, où les vivants côtoient les morts, et s’interroger : est-ce que l’expérience de la douceur et de la beauté peuvent aider à réparer ? 

Le Begat Theater va lui créer Home/Land sur la place Maurice Bouchet à Cavaillon (11 octobre), installation sonore où les conflits et les drames des vies individuelles se présentent comme placés sous cloche. Enfin, Thierry Collet reprendra Dans la peau d’un magicien (9 décembre) spectacle dans lequel il raconte, tout en réalisant quelques tours plus que bluffants, son voyage dans l’univers de la magie, depuis qu’il est tombé dans la marmite, à 7 ans.

Pépites

À noter également, dans ce premier semestre, quelques autres rendez-vous précieux : le concert de l’excentrique et envoûtante Zaho de Sagazan (5 octobre – première partie Fred Nevché ), qui viendra interpréter les titres de son premier album très remarqué La symphonie des éclairs. Le nouveau spectacle de la marionnettiste d’Élise Vigneron, Les Vagues (17 octobre) adaptation du livre de Virginia Woolf, où, avec ses marionnettes de glace à taille humaine, elle embrasse cinq parcours de vie, de la petite enfance à la vieillesse. Enfin Stadium (8 et 9 novembre) de Mohamed El Khatib qui convie sur scène, en « live » et en vidéo 53 vrai·e·s supporteur·rice·s du Racing Club de Lens. Une série de portraits sensibles de personnes qui consacrent leur vie au supporterisme. Spectacle avec bières et frites autorisées en salle ! 

MARC VOIRY

La Garance
Scène nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64 
lagarance.com

Le PIC : Audaces et entrelacements

0
L'ile aux chants mêlés © Martin Sarrazac

Zébuline. Cette saison célèbre des anniversaires…

Raoul Lay. Oui ! En octobre nous fêtons les dix ans du PIC et début 2024, ce seront les trente ans de Télémaque, mais on ne le dit pas ! Je préfère célébrer les mille concerts : le millième concert sera donné le 13 janvier. 

Et toujours le goût de la création…

Le PIC est centre de création. Cette saison, les porteuses de projet en résidence (quatre femmes et trois hommes) arpenteront des univers très variés : la pianiste Amandine Habib viendra avec le talentueux bandonéoniste Victor Hugo Villena pour un duo inédit, Detrás de los árboles (derrière les arbres) au cours duquel ils vont entrelacer les musiques argentine, hongroise, les compositions de Bach et les créations de Gerardo Jerez Le Cam dont Detrás de los árboles ; Lamine Diagne nous fera remonter aux origines du jazz jusqu’au rap sur des textes et du rap d’Ilan Couartou pour une poésie urbaine fascinante rythmée par l’époustouflant beat box de Joss ; Laïla Sage viendra avec Mulattierra, là où vivent les chansons, proposition de la Cie Terracanto qui a travaillé avec des ethnomusicologues sur des chansons de la tradition populaire italienne ; Maura Guerrera présentera Transphonie de Marseille pour un conte allégorique taillé dans une musique liée au territoire provençal et marseillais. Pilpoul, (en yiddish : art de résoudre par la controverse des idées contradictoires), viendra en trio pour une invention cohérente entre jazz, blues, rock. En partenariat avec Tous en sons, Marion Rampal dessinera L’île aux chants mêlés

Et Télémaque ? Le cinéma, un enregistrement…

Le 10 octobre Télémaque sera au Forum Prévert de Carros pour Le rêve de Sam, un ciné concert dont j’ai écrit la musique, et j’aime à dire que ce sont les images qui accompagnent la musique et pas l’inverse [rires]. Nous enregistrerons en septembre Le tournoi des sixtes, un multi-opéra sur le football, la télévision, l’adolescence, les années 1970 que j’ai composé à l’invitation du CRR de Toulon, et cette création est labellisée Olympiade culturelle par Paris 2024. Une fantaisie jubilatoire qui se concrétise d’autant que c’est un travail que devient petit à petit un projet de territoire avec la collaboration de l’équipe de foot féminine de Saint-Henri, du lycée Montgrand, du collège Barnier, des centres sociaux de 15/16… La jonction entre le foot et la musique contemporaine, la danse et le théâtre est étonnante.

Et October Lab ?

Après la Chine, le Canada, le Pays de Galles, nous partons à la découverte de l’héritage méditerranéen avec trois compositeurs, trois îles, la Corse, la Sardaigne et Malte… Peut-on fusionner les instruments traditionnels et la musique savante ? J’ai demandé à chaque compositeur un concerto pour un instrument traditionnel et un orchestre « classique » : un concerto pour mandoline (Vincent Beer Demander) à Karl Fiorini, un pour launeddas, une clarinette polyphonique à triples tuyaux sarde jouée par Michele Deiana, à Jérôme Casalonga, et double concerto pour mandoline et launeddas à Maria Vincenza Cabizza

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Le PIC
Marseille
04 91 43 10 46 
ensembre-telemaque.com