mardi 16 septembre 2025
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Le Comœdia, en forme olympique ? 

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La chambre des merveilles © Frédérique Toulet

Tous les « genres » du spectacle vivant – théâtre, chant, musique, danse, humour, spectacles jeune public – sont accueillis au Comœdia. Tous tributaires de textes, qu’ils soient du répertoire, d’adaptations de best-sellers ou de romans jeunesse, textes contemporains, d’auteurs comédiens ou de stand-uppers. Sous l’intitulé « Littérature » sont donc présentés une série de spectacle, dont La fabuleuse histoire d’Edmond Rostand par L’ Agence de voyages imaginaires (30 septembre), où Philippe Car interprète une quarantaine de personnages ! Tempête dans un verre d’eau de la Cie Tac Tac (18 octobre), spectacle jeune public (à partir de 8 ans) de Marie Carrignon et Clément Montagnier, inspiré de La Tempête de Shakespeare. Ou bien encore l’adaptation par Jean-Philippe Daguerre du best-seller La Chambre des merveilles (12 janvier) de Julien Sandrel (320 000 exemplaires vendus en France, traduit dans vingt pays).

VIP

Quant aux « Personnes/Personnages », autre intitulé de la saison, qu’ils soient issus du répertoire, de romans, historiques ou du temps présent, ils sont pour beaucoup féminins : dans l’ordre d’apparition, nous aurons par exemple la fameuse Zize Dupanier dans Une Zize peut en cacher une autre (6 octobre) de Thierry Wilson et Didier Constant, Edith Piaf dans Piaf ! Le spectacle (7 octobre) de Nathalie Lermitte, considéré par les proches de la Môme comme « le plus bel hommage jamais produit sur la carrière d’Édith Piaf ». Un Récital, Portraits de femmes (22 décembre), en partenariat avec Génération Opéra, association qui a fait découvrir parmi d’autres Roberto Alagna et Nathalie Dessay. Ou bien encore le duo inattendu et intimiste Cathy Escoffier invite Siska (25 janvier) où l’univers pop-électro de Siska, ancienne membre du groupe Watcha Clan, vient flirter avec l’univers classico-jazz-rock de la pianiste Cathy Escoffier

Gros souper et banc de touche

Les notes provençales seront principalement apportées peu avant Noël par la Crèche vivante de Dansaire de Garlaban (9 décembre – gratuit) et par Le Gros Souper de L’ Estello Aubanenco, spectacle qui retrace les traditions de la veillée calendale, accompagnées de danses au son du galoubet et du tambourin. Côté sport, ce sera dans le cadre des « Olympiades culturelles » du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, deux pièces de théâtre (représentation gratuite sur réservation) : Je ne cours pas, je vole, nommée cinq fois aux Molières 2023, écrite par Élodie Menant, mise en scène de Johanna Bové où Laure Manaudou, Rafael Nadal ou Usain Bolt sont invités à raconter leurs parcours dans l’univers impitoyable du sport. Et Le Syndrome du banc de touche, de la Cie Le Grand Chelem de Léa Girardet, comédienne traversant une crise de légitimité artistique, qui décide de s’autotitulariser en s’inspirant du fameux entraîneur de l’équipe de France, qui a gagné la Coupe du Monde il y a 20 ans, Aimé Jacquet.

MARC VOIRY

Le Comœdia
Aubagne
04 42 18 19 88 
aubagne.fr

The Girl in The Fountain

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Marcello ! Marcelo ! A cette apostrophe, quiconque s’intéresse au cinéma verra aussitôt l’iconique Anita Ekberg, sculpturale, tournoyant dans les eaux jaillissantes de la Fontaine de Trevi, sa chevelure blonde de déesse nordique cascadant sur ses  épaules nues. Avec cette scène mythique de La Dolce Vita (1960), Federico Fellini fait entrer à jamais l’actrice suédoise dans l’Histoire du 7ème Art et … la tue. Sa carrière périclitera après cette apothéose. La Diva qui brilla aux U S A, formatée par les Studios pour concurrencer la Monroe, la femme libre qui incarna la folie et les débauches romaines d’Hollywood sur Tibre. Celle qui fut la Scandaleuse traquée nuit et jour par les paparazzi, la « bombe sexuelle » qui collectionna les amants célèbres et fit damner Agnelli, mourut sans le sou dans une maison de retraite près de Rome. Pour raconter ce destin unique, Antongiulio Panizzi propose à Monica Bellucci, une autre diva, célébrée pour sa beauté plastique, « de jouer Monica Bellucci devenant Anita Ekberg » Ce sera un docu-fiction intitulé The Girl in The Fountain, qui mettra en scène le travail de Monica pour se préparer au tournage du film sur la star suédoise. Non, pour célébrer deux femmes objets, précise le réalisateur, mais pour témoigner « de la violence terrible que la société peut exercer sur une star, notamment lorsque cette dernière est perçue comme un simple sex-symbol ». Pour montrer aussi l’évolution du regard du public sur les actrices et de leur propre regard sur leur métier. On ne confond plus comme dans les années 50, l’image (souvent dictée par le male gaze) et la personne. Quand Marilyn croit qu’elle est Marilyn, dit Monica Bellucci, elle est perdue.

Une rencontre en miroir

Le film crée la rencontre de deux actrices par le collage et la superposition d’archives. Extraits de films, interviewes, photos (sublimes). Noir et blanc et couleurs alternant dans un dialogue passé-présent. Des différences, des résonances : l’acharnement des photographes pour saisir l’image vendeuse. Les paparazzi des années 60 qui traquaient la Bardot à la Madrague et Anita dans sa chambre d’hôtel. Les drones actuels qui violent les périmètres privés par le ciel. La Brune aux yeux noirs se mue en Blonde aux yeux bleus : perruque, costumes et maquillage. Le trucage du cinéma et la vérité de l’émotion. Elle répète avec un coach, devant des vidéos en boucle, pour s’approprier l’inimitable gestuelle d’Anita. Peu à peu dans le fictif compte à rebours vers le début du tournage du film, Monica se rapproche d’Anita, découvre la femme forte et courageuse qu’elle a été, et son incroyable appétit de vivre. Elle se demande si elles auraient pu être amies, remet en cause les visions du réalisateur, désemparé par cette Monica-Anita. Jeux de miroirs qui nous renvoient une jolie réflexion sur la disparition des icônes au cinéma. Si Anita reste figée à jamais sous les traits de l’éblouissante Sylvia , Monica elle, veut pouvoir vieillir, échapper à la prison de sa beauté, et continuer de jouer. Le film, présenté au Festival Lumière de Lyon, sera projeté au Cézanne le vendredi 29 septembre à 20h 00 en présence de Monica Bellucci.

ELISE PADOVANI

Photo @ Party Films

Hugo, Clément, Matthieu et les AutreS

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Poisson Rouge est un film tissé par les amitiés. D’abord, celle entre les trois réalisateurs : Hugo Bachelet, Clément Vallos et Matthieu Yakoleff, copains de lycée, passionnés de ciné, fondateurs en 2012 de la Société Couac Productions. Puis, celle entre les quatre comédiens : Julie Gallibert, Guillaume Darnault, Fabien Strobel et Andy Pimor, membres de la troupe d’improvisation Les AutreS. Enfin, l’amitié entre le trio et le quartet précités et celle qui devient le sujet même du film.

Guillaume a 33 ans. Pourtant il est atteint d’une maladie neuro dégénérative irréversible qui lui fait perdre la mémoire. Sa vie sociale devenue impossible, il doit intégrer un centre médical spécialisé dont il sait qu’il ne ressortira plus. Pour son dernier weekend de « liberté », ses amis de toujours, Julie, Fabien et Andy l’entraînent pour une virée solaire, estivale et arrosée de grands crus – dont Guillaume est amateur, dans la campagne rennaise. Une tournée  joyeuse, jalonnée par des galères de voyage, des rencontres surprenantes, des moments de communion partagés, et les adieux successifs du jeune homme à ceux qui ont fait sa vie d’avant, pour le meilleur et le pire : son ex-amoureuse, son ex patron, sa grand-mère, son père défaillant et absent depuis la mort de la sœur de Guillaume. Régler ses comptes avant que tout ne s’efface. Boire, danser et rire au bord de l’abîme, entre un avenir impossible et un passé qui devient illisible. Dans ce road-movie breton, Julie, Fabien et Andy traînent aussi leurs propres problèmes – qu’ils n’oublieront pas eux !- Julie poursuivie par son travail en entreprise et un contrat de restructuration qu’elle doit signer, Fabien à la carrière médiocre de comédien, fragile et maladroit, répétant son texte pour un possible casting, Andy au volant de sa voiture rouge comme le poisson de Guillaume qui tourne dans son bocal. Andy, paniqué par une paternité imminente, fuyant sa femme et ses responsabilités. Mais leur ami malade passe avant tout : ils ne sont là que pour vivre avec lui et pour lui, ce dernier tour de piste, convoquant les souvenirs anciens dont se nourrissent les relations au long cours, en fabriquant de nouveaux qui disparaissent aussitôt pour Guillaume.

Film à petit budget, au scénario écrit sans dialogues, fondé sur l’improvisation des comédiens, ce joli film, sincère et émouvant, sort à l’occasion de la journée de la maladie d’Alzheimer.

ELISE PADOVANI

21 septembre : Journée Mondiale Alzheimer

sortie : 27 septembre

COUAC PRODUCTIONS

CENTRE CULTUREL RENÉ-CHAR : Laisser des traces

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MARION ROCH © Marcel Hartmann

La chanson sera particulièrement choyée avec Gabriel Saglio, fondateur des Vieilles Pies, et ses compositions chaloupées ou Les Fatals Picards dont le mélange punk-rock-reggae ne se présente plus, tandis que Marion Roch, coup de cœur de l’Académie Charles Cros, distille ses textes intenses et que les cinq musiciens de la « saga » B.A.B.A de la Chanson poursuivront leur exploration de l’alphabet en musique par les lettres « CDEF », suscitant d’hilarantes rencontres. On partira pour de lointains voyages grâce au Duo Mazhar (en arabe, mazhar c’est l’eau de fleur d’oranger) et ses musiques et transes du Levant, et au trio A vuci longa, qui explore les vocalités de la culture populaire sicilienne. On rira en musique avec Une vie de pianiste de Paul Staïcu, on se laissera porter par le « trio atypique » constitué d’un hautbois (Patrice Barsey), d’un bandonéon (Yvonne Hahn) et d’un accordéon (Éric Pisani). Les marionnettes de Monsieur Blanc répondront à l’humour de Fairy. Le handicap sera évoqué avec Tourette de la compagnie Joli mai, portrait tout en finesse d’une jeune fille qui oscille entre révolte et appétit de vivre. Deux événements scanderont le premier semestre : les 42ème Rencontres internationales Accordéon et Cultures, et les Rencontres Cinéma, Histoire(s) d’un regard.  

MARYVONNE COLOMBANI

Centre culturel René-Char
Digne-les-Bains
04 92 30 87 10 
centreculturelrenechar.fr

THÉÂTRES EN DRACÉNIE : Cirques d’ailleurs et danses d’ici

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Les géans de la montagne © Simon Gosselin

Zibeline. Comment avez-vous choisi les spectacles de cette saison ?

Maria Claverie-Ricard. Hormis la dimension pluridisciplinaire et éclectique, et la volonté de toucher le plus de personnes possibles, il n’y a pas d’axe particulier. Il y a d’un côté des spectacles qui peuvent paraître un peu pointus, mais qui sont en même temps très accessibles, et des spectacles plus populaires, à voir et à découvrir notamment en famille. Ceci dit, le théâtre est conventionné scène art et création, on a donc aussi, avec des artistes associés, des créations. Et un axe danse contemporaine important, historique, depuis plus de vingt ans, qu’on a renforcé il y a huit ans en créant un festival, L’Imprudanse. Il a lieu en mars-avril, et rencontre un franc-succès. On va le faire passer d’une à trois semaines pour l’édition 2024. 

De la danse est également programmée en ce début de saison ?

L’un de nos artistes associés est le chorégraphe Nassim Batou. On entame la troisième saison avec lui, en l’accompagnant sur sa prochaine pièce, Notre dernière nuit dont la création se fera lors du festival. Il commence ses répétitions mi-septembre, ce qui nous permet de proposer au public de venir le rencontrer, pour découvrir l’envers du décor, et les différentes phases de répétition d’un spectacle. Ainsi que tout l’aspect technique, qu’il va retravailler pendant la même période, sur sa pièce très connue, Dividus. Puis Sebastien Ly sera en résidence pour sa prochaine chorégraphie Sideral, ce qui va nous permettre de proposer le même type de rendez-vous. Mais il va y avoir également un très grand moment, en novembre, avec la compagnie taïwanaise B Dance, qu’on attend avec impatience, Alice. Une vingtaine de danseurs à la technique irréprochable, un spectacle à la scénographie et à l’écriture absolument magnifiques. 

ALICE BDANCE by © Chao-Sheng

Et en ce qui concerne les rendez-vous cirque ?

Pour moi le cirque et la danse sont des cousins très germains. On a la chance d’ouvrir la saison avec Les 7 doigts de la main, compagnie canadienne, et leur dernière création Duel Reality, ré-écriture du mythe de Roméo et Juliette. Ils l’ont présenté au festival international d’Édimbourg pendant tout le mois d’août, ils ont eu une réception publique et critique dithyrambique ! En novembre, pour l’une de nos multiples programmations décentralisées, qu’on va présenter au Thoronet, en partenariat avec le Pôle des Arts du Cirque de Revest, on a la Cie franco-italienne Circo Zoé, avec Deserance, du cirque de chapiteau dans toute sa splendeur. Et au mois de décembre, deux grands spectacles, à voir et à partager absolument en famille. Glob, duo de clowns canadiens tout en douceur et en finesse. Et les incroyables suisses de Mummenschanz, qui fête ses 50 ans. Là on n’est pas vraiment dans le cirque, on est plutôt sur du théâtre d’objet et de la magie, accompagnés de multiples prouesses acrobatiques. Un univers totalement déjanté, très drôle, plein de personnages très différents, un moment magnifique.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARC VOIRY

MONTPELLIER : Alternatives terrestres

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MOVING EARTH _ Trilogie Terrestre © Bruno Simao

Si la metteuse en scène Frédérique Aït-Touati (qui est aussi historienne de la littérature et des sciences) a choisi d’appeler sa compagnie Zone Critique, ce n’est pas pour faire joli. La « zone critique » est l’appellation qu’ont donné les géochimistes à la mince pellicule superficielle de la terre où l’eau, le sol, le sous-sol et le monde du vivant interagissent. S’y concentrent la vie, les activités humaines, et leurs ressources. Référence parfaite pour le projet de la compagnie, qui tout en explorant différents modes d’écriture théâtrale, interroge les imaginaires scientifiques et écologiques. En 2016, Frédérique Aït-Touati s’est associée au philosophe et anthropologue Bruno Latour (décédé en 2022), penseur majeur de l’anthropocène, se consacrant notamment à l’étude des manières qu’ont les êtres humains d’habiter les écosystèmes. Collaboration artistique qui a abouti en 2020, après plusieurs étapes, à La Trilogie terrestre, ensemble de trois conférences-performances, présenté en intégrale pour la première fois en 2022 à au festival Les Anthroposcènes au Tangram, puis au festival Crossing the Lines du FIAF à New York.

Renouveler les représentations 

Interprétée par l’acteur Duncan Evennou, au sein d’un dispositif scénique, vidéo et lumières de Patrick Laffont de Lojo, La Trilogie terrestre texte de Bruno Latour, mise en scène de Frédérique Aït-Touati, concrétise sur scène plusieurs années de réflexion, « d’essais scéniques » et d’expérimentations philosophiques. Elle comprend Inside (2016), qui invite à changer notre regard sur le globe terrestre à travers des représentations alternatives : voir la Terre non plus de loin, bille bleue perdue dans le cosmos, mais en coupe. Puis Moving earth (2019) qui interroge notre expérience de la terre en mouvement, et notre façon de marcher : non plus sur la Terre, mais avec ! Quant à Viral (2020) elle présente la contagion comme processus essentiel à la constitution de notre monde. Car nous sommes incapables de survivre sans la superposition et l’entrelacement avec les autres vivants. Autrement dit, sans contagion. 

MARC VOIRY

La Trilogie de la terre
28 et 29 septembre
Théâtre La Vignette, Montpellier
04 67 14 55 98
theatre.univ-montp3.fr

THÉÂTRE DU BOIS DE L’AUNE : Jamais trop grand le théâtre !

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L'arbre à sang est donné le 7 octobre @PierreGondard

Zébuline. Pourquoi ce mot d’ordre « voir trop grand » ? 

Patrick Ranchain. Justement ! Il faut voir trop grand dans un monde étriqué et continuer à envisager le futur. Est-ce un rapport au monde naïf ? Les gens ne viennent pas au théâtre pour voir ce qu’il y aux infos. Dans le « trop grand » j’aimerais inclure les représentations, les multiplier, faire vivre les spectacles sur une réelle durée. La production c’est bien, l’aide qui l’accompagne aussi, mais 90% des structures ont dans leur cahier des charges cette fonction de soutien à la création, et il n’y a pas suffisamment de suivi pour la diffusion. 

On parle toujours de la gratuité comme facteur incitatif…

Faux, totalement ! La gratuité vient en fait au secours des personnes qui ont déjà l’habitude d’aller au théâtre et qui, par raison économique, ne peuvent plus se permettre d’assister à des représentations. Ce n’est pas la gratuité qui amène les gens au théâtre. Le meilleur endroit de la gratuité est celui qui permettrait à ceux qui ne sont jamais venus au théâtre et n’en ont pas éprouvé le besoin de s’y rendre et d’y revenir. La rencontre de l’imaginaire des autres, la confrontation des idées, des esthétiques, ne semblent ni nécessaires ni urgentes, mais, et c’est la beauté des arts, sont justement pour cela nécessaires et urgentes.

Il y a une responsabilité des théâtres ? Ce sont des lieux engagés?

Le théâtre est politique au sens qu’il est dans la cité, et qu’il a donc une responsabilité citoyenne. Ainsi, alors que le spectre du RN se profile avec de plus en plus de force, il ne faut pas se cantonner dans une lettre ouverte collective et indignée, deux mois avant les élections. C’est aujourd’hui que nous devons être dynamiques. Il me plaît de croire encore que les petits gestes que l’on fait au théâtre modifient les choses. Les mots doivent être justes, à l’endroit de nos actes. 

Tout part du plateau dans un théâtre, c’est toujours ça, quel que soit le théâtre. Si le plateau est beau, on fait un rétroplanning et tout devient beau. Quand on passe la porte du hall du Bois de l’Aune, se passe quelque chose de l’ordre de l’hospitalité. L’équipe y est dynamique parce que le plateau est beau. Désormais on peut venir prendre un café, lire les journaux C’est ça une maison dans laquelle on se sent bien, un lieu ouvert, au sens de l’agora.

Comment s’élabore la saison ? 

Ce ne sont pas les spectacles qui importent mais les personnes, leurs démarches artistiques. Cette année, je me suis rendu compte que la majorité des spectacles racontent des histoires. Il y a beaucoup de compagnies de la région, des compagnonnages, des nouveaux, les projets participatifs de Taoufik Izzediou et Élise Vigneron, le projet au long cours de Marie Vialle, la générosité d’Agnès Régolo, l’incroyable présence de Julien Anduvar à qui j’ai confié l’ouverture de saison, une énergie iconoclaste et d’une hospitalité attentive… J’aime à reprendre la phrase du poète portugais Miguel Torga, « l’universel c’est le local moins les murs »… 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Théâtre du Bois de l’Aune
Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 
boisdelaune.fr

LES THÉÂTRES : Pour une saison lumineuse

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C’est au théâtre du Jeu de Paume que la conférence de presse annonçant la saison nouvelle a eu lieu, le public de journalistes et professionnels installé sur scène face aux rangées de fauteuils tendus de velours rouge. Dominique Bluzet, directeur des Théâtres, endossait, renouant avec ses amours premières, le rôle de l’acteur. Par cœur,  avec une faconde et un esprit d’escalier jubilatoires, et quelques précisions bienvenues sur cette entreprise de théâtre unique en France. Extraits !

A quoi ça sert un théâtre ? 

« Je voudrais d’abord raconter ce que nous sommes devenus. Depuis deux ou trois ans, l’activité des théâtres a été possible grâce à l’implication des collectivités, avec plus de 88% de moyenne de fréquentation, 35 000 artistes, 185 000 spectateurs et 220 000 avec les tournées. 

Les Théâtres sont une machine extraordinaire, ce sont des maisons avec de la ville autour, ce qui amène à un changement d’appréhension de notre territoire. Le Gymnase reste fermé pour travaux jusqu’en 2025 – et je remercie les théâtres qui nous accueillent en attendant- mais ces travaux illustrent bien notre changement de vision de cette maison de théâtre qui en 2025 sera au cœur d’un quartier reconstruit avec brasserie, restaurants autour. 

Bien sûr, la première mission du théâtre est d’amener les gens dans les salles, de leur offrir des aventures artistiques et humaines hors normes, en accompagnant les jeunes compagnies comme celle des Estivants et faire venir les grands artistes du moment. 

Mais se pose la question clé : à quoi ça sert un théâtre ? sa finalité est-elle uniquement celle de la représentation ? quelle est sa place dans la vie des gens, en quoi cela est-il important pour eux, en quoi cela les change-t-il ? 

Grâce à Aller vers, construit avec le Département, et Garçon un demi, dispositif dans les cafés, le spectacle s’est déplacé dans les EHPADs, les places de villages, les cafés. Mon équipe, merveilleuse, et moi nous interrogeons sans cesse sur notre rapport aux gens du territoire, ceux qui viennent et ceux qui ne viennent pas. 

Ainsi on ne conçoit plus le Festival de Pâques sans les  concerts décentralisés et les master classes. Avec l’ASSAMI, on va vers les gens en souffrance sociale ou physique ; tout citoyen, quel que soit son état, est en droit d’accéder à la culture. 

Pour les enfants il y a les opérations de médiation, mais aussi au festival de Pâques le Festival des Enfants, avec des tranches d’âge définies, qui expliquera depuis la partition jusqu’aux répétitions et la représentation le travail d’un grand orchestre. Le bus des enfants sera à leur disposition pour les amener au théâtre. »

Utopie en actes 

Et d’enchainer sur la présentation des spectacles, choisis dans un souci d’équilibre, mais aussi sur des fidélités et des coups de cœur. Sans abandonner l’utopie, sa foi dans un théâtre qui peut sauver le monde : « dans un monde où les ténèbres gagnent, on revendique accès à la lumière ».

C’est pourquoi il soutient le travail de Kamel Guemari, le « Che Guevara des MacDo » et l’Après-M fast food coopératif qui est aussi un lieu culturel et social. Car le directeur des Théâtres s’interroge depuis des années sur son rôle, affirmant que si « les spectacles, c’est le boulot des artistes » le sien est de mobiliser les énergies, par exemple par le mécénat, mais aussi convaincre les décideurs publics de la nécessité, voire de la rentabilité, d’une entreprise culturelle comme la sienne. Car le budget est important, et nécessite de soulever des montagnes pour produire ou accueillir 180 spectacles et concerts. 

Dominique Bluzet souligne encore « la chance d’exister sur un territoire avide de culture », des collectivités aux entreprises et aux spectateurs, qui lui permet de concilier proximité et international, chaleur et grand plateau… 

180 spectacles

J’ai trop d’amis © Christophe Raynaud de Lage

Il est des spectacles « producteurs d’émotions » auxquels les équipes des théâtres s’attachent particulièrement : Les vagues de Virginia Woolf interprétée par Élise Vigneron, poète du froid avec ses marionnettes de glace qui fondent le temps de la représentation ;  John a-dreams, la pièce de Serge Valletti revisite le thème d’Hamlet avec l’immense acteur Patrick Pineau ; le facétieux et profond Quand j’étais petite je voterai d’Émilie Capliez, adaptation du roman de Boris Le Roy.  

Côté danse nous embarquerons avec Josette Baïz, sélectionnée dans le cadre de l’Olympiade Culturelle 2024 pour  sa création Antipodes. Le voisin Angelin preljocaj aussi sera présent, avec sa création en mai, et la reprise de Blanche-Neige avant les fêtes..  

La venue du Ballet de l’Opéra de Paris se pérennise, comme celle de la Comédie Française,  complétées par l’Orchestre Philharmonique de Hong-Kong, l’Orchestre des Champs-Élysées…

Le festival Actoral s’invite aux Bernardines pour un Tea Time entre Christophe Fiat et Fred Nevché

Le festival Nouveaux Horizons, entièrement gratuit, fête sa quatrième édition, avec pléthore de propositions de haut vol mêlant musique dite classique et musiques contemporaines et de création, interprétées par huit virtuoses accompagnés par Renaud Capuçon et l’altiste Gérard Caussé : six créations mondiales par six compositeurs d’aujourd’hui.

Virtuosité et dépassement : en septembre Renaud Capuçon au violon et Kit Armstrong au piano donneront l’intégrale des Sonates pour violon de Mozart, une véritable gageure !

Calembours indisciplinaires  

La danse, le théâtre, la musique se côtoient et s’entrecroisent dans les divers lieux de la programmation. Dans  l’épaisse brochure programmatique de l’année 2023-2024, intitulée Lumière, se décline en calembours de circonstance, « en été, le clavier est toujours bien tempéré », « c’est comme ça qu’en automne, on chopin rhume », « inspirez, shakespearez, c’est le printemps »… L’espièglerie se poursuit et se fait saisonnière… 

MARYVONNE COLOMBANI

Les Théâtres 
Aix-en-Provence, Marseille
08 2013 2013 
lestheatres.net
Premières dates
26 au 29 septembre Actoral (voir notre article ici)
27 au 30 septembre Ballet de l’Opéra de Paris
29 au 30 septembre Intégrale des Sonates pour violon de Mozart

Qui brûle des livres ?

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À l'image de cette inscription, la librairie a reçu un soutien immédiat et chaleureux des habitants du quartier de la Plaine © G.C.

Il faut, avant que les travaux de rénovation ne soient effectués, passer par le couloir voisin. À l’intérieur, un pan de mur encore noirci, des rayons dégarnis. Une jeune femme venue commander de livres tend un sachet kraft à la libraire : « ce sont des prunes de mon jardin ». Autour de Mathilde Offroy et ses deux collègues, le soutien a été immédiat et chaleureux, à l’image du quartier de la Plaine où est implantée la librairie. « Il y a eu beaucoup de monde à l’apéro de soutien, les gens voulaient nous prêter des outils, nous apporter une aide financière. Mais les travaux vont être pris en charge par l’assurance, hors une franchise que nous allons pouvoir résorber sans conséquences. » 

Un rayon de la librairie où le feu s’est propagé © G.C.

Mathilde n’a pas peur, explique-t-elle. Pourtant, lorsque les pompiers sont intervenus dans la nuit du dimanche 10 septembre, ils ont tout de suite constaté qu’il s’agissait d’un incendie volontaire. Une simple vitre cassée, « juste assez pour mettre le feu à des cartons vides faciles à enflammer », et pas de revendication. Qui peut brûler des livres et mettre des vies en danger ? « Incendier le rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation  n’est pas un acte facile à revendiquer », soupire la libraire. « Nous avons porté plainte, cependant il n’y a pas eu d’enquête jusque-là. » Personne ne veut formuler d’accusation sans plus d’éléments (et les jours passant, il sera difficile d’en réunir), toutefois, relève-t-elle, « c’est une sale rentrée pour les librairies ». À Paris, deux établissements associatifs (La Brèche et Michèle Firk) ont été vandalisés pour leur positionnement militant, anti-raciste, féministe. « L’Hydre n’est pas une librairie militante, dans la mesure où nous sommes un commerce, même s’il s’agit d’une Scop, conclut Mathilde. Mais nous avons un positionnement politique à travers le choix de livres que nous proposons, et les rencontres que l’on organise, des vecteurs d’émancipation. »

GAËLLE CLOAREC

La réaction de Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille, en charge de la Culture 
« Cet incendie n'est pas anodin, déjà parce qu'il s'agit d'une librairie, un lieu culturel, mais encore plus parce qu'elle porte des valeurs engagées. Je les ai appelées, pour témoigner de notre solidarité, et je compte y passer. Vous m'apprenez qu'aucune enquête n'est encore diligentée, cela peut être une piste pour les aider : nous pourrions inviter à ce que la justice et la police fassent leur boulot. Si la plainte est banalisée et traitée avec le mépris, si cela ne bouge pas, je pourrais écrire à la Procureure de la République, car l'incendie criminel est caractérisé. En tout cas le message que je souhaite faire passer est que la meilleure aide que l'on puisse leur apporter est de fréquenter encore plus ce lieu. Il faut protéger et encourager les librairies, leur situation économique n'est déjà pas simple, si en plus surviennent ce genre d'actes délictueux, cela n'encourage pas à poursuivre leur activité et à donner envie à d'autres d'en ouvrir. C'est pour cela qu'il ne faut pas relativiser ! » G.C.

Magistral Trio Joubran

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Le Trio Joubran au festival Arabesques © Luc Jennepin

Ce dimanche 17 septembre, c’est devant un amphithéâtre du Domaine d’O plein à craquer que le Trio Joubran clôture l’édition 2023 du festival Arabesques. Magistral, ce concert se révèle à l’image des trois frères palestiniens qui composent le prestigieux trio : déterminé et engagé comme Samir (l’aîné), virtuose et délicat comme Wissam, fougueux et créatif comme Adnan (le plus jeune). Dans la lignée d’une famille d’oudistes sur quatre générations, ils sont depuis vingt ans les ambassadeurs musicaux de la Palestine libre à travers le monde. En faisant référence aux difficultés tragiques qui ont récemment touchées le Maroc et la Libye, Samir déclare sur scène : « Un artiste fait partie intégrante de l’univers qui l’entoure. Si nous voulons rester fidèles à nous-mêmes, nous ne pouvons pas venir sur scène et prétendre que tout va bien alors que le monde va mal« . 

Palestine au cœur

Le Trio Joubran s’est forgé une réputation à travers le monde grâce à l’intelligence avec laquelle les trois frères se sont approprié la musique traditionnelle classique arabe pour en redéfinir les codes grâce à leur maîtrise du oud. Ce luth oriental devient alors un instrument capable d’explorer des champs musicaux bien plus vastes, évoquant des territoires se rapprochant du jazz comme de la musique flamenco, en laissant une grande place à l’improvisation et à la rythmique. Des mots résonnent, que l’on devine être ceux du grand poète de la liberté, Mahmoud Darwich. À défaut de les comprendre, l’émotion intensément poétique et politique qu’ils portent nous atteint sans requérir une traduction. « Nous avons grand espoir qu’un jour nous pourrons rentrer chez nous« , lâche Samir dans un souffle. Avant que les oud reprennent leur course folle, se répondent avec malice, caracolent entre les rythmiques endiablées, accompagnés par deux percussionnistes (dont l’incroyable percussionniste-chanteur iranien Habib Meftah) et un violoncelliste librement… inspirés.

ALICE ROLAND

Le Trio Joubran était en concert le 17 septembre au Domaine d’O, Montpellier