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Accueil Blog Page 196

HKC ne manque pas à sa Promesse

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Promesse © Anne Rehbinder

La compagnie HKC se plaît à interroger notre contemporanéité en croisant les esthétiques et les formes. Sa dernière création s’attache au sujet du genre

Avec Urgence (représentation en 2022 au Théâtre Durance) la Cie HKC mettait génialement en scène cinq jeunes interprètes sur le thème de l’émancipation individuelle et collective. Interpellée sur l’unicité du genre représenté sur scène, le masculin, la compagnie faisait la promesse d’une nouvelle pièce mettant en scène uniquement des femmes. Le titre du nouvel opus était trouvé : Promesse. Sur le plateau, les cinq danseuses, Marie Buysschaert, Milane Cathala-Di Fabrizio, Guila Mbikinkinkam, Camille Mezerette, Shihya Peng, arrivent l’une après l’autre pendant que le public s’installe, prennent place sur des chaises sagement alignées face aux spectateurs. Se dessine un spectacle qui joue sur les limites avec des paroles qui s’adressent avec un tel naturel soit directement au public en mode frontal soit échangent entre elles sur le mode de la confidence, entrelacent les moments de danse aux mots.

« Un sujet inabordable »
Les corps racontent alors, séduisent par leur maîtrise et la vivacité des chorégraphies dues à Tânia Carvalho qui puise dans l’obscurité de la fange ou la lumière de gestes qui exultent. Les aprioris culturels, sociétaux, sont disséqués au fil des dialogues. S’égrènent les assignations de genre, les limites du consentement, les exactions perpétrées sur les femmes de tous âges, la déferlante du monologue en longue antiphrase « j’en ai rien à foutre ». La déconstruction des imaginaires s’effectue avec une pertinence vivifiante. Un spectacle puissant mâtiné d’humour et de légèreté qu’Anne Rehbinder définit avec modestie : « une tentative, très humble, un acte bref et limité […] une fugace éclaircie sous la pluie, un petit truc à grignoter pour aborder un sujet inabordable, impossible à contenir ».

MARYVONNE COLOMBANI

Promesse a été donné les 30 et 31 janvier au Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban.

Mettre la morte en mots

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Mon Absente © Jean Louis Fernandez

Avec Mon Absente, Pascal Rambert explore le rapport à la mort, à la mère et à l’enfance

Un cercueil sur un lit de roses blanches, et onze personnages venus dire leur amour à la défunte, ou au contraire régler leurs comptes avec elle. Autour de la scène, des rideaux noirs translucides derrières lesquels apparaissent parfois les silhouettes des acteurs qui se meuvent tels des fantômes. C’est une famille hantée que Pascal Rambert réunit sur scène dans Mon Absente. Hantée par la mère, par les souvenirs et par les conflits qui en déchirent les membres.

Tour à tour, chacun s’adresse à l’absente. Leurs paroles et leurs expériences se contredisent, brodant subtilement un portrait en patchwork de cette femme, mère violente ou aimante, autrice brillante et alcoolique. Les modes d’expression varient, allant d’un jeu très ampoulé pour certains comédiens, à des moments où la danse fait irruption de façon impromptue. La difficile harmonie de l’ensemble ne tient qu’à la scénographie de la pièce, et notamment au brillant travail de lumière de Yves Godin qui fait apparaitre un espace hors du temps et de la réalité. 

Les ailleurs
La beauté épurée de l’espace permet de faire apparaître des ailleurs, autant par les mots que par la mise en scène. Le souvenir du continent africain est omniprésent dans le spectacle. L’absente y a passé une partie de sa vie avec ses enfants, y a eu un fils, et certains personnages y habitent. Mais leurs lieux et conditions de vie en Afrique, ainsi que les raisons de leur départ dans un sens puis dans l’autre restent flous. S’il semblerait qu’ils aient surtout résidé à Ouagadougou, d’autres villes comme Dakar sont aussi évoquées. Aucun pays n’est cité, seulement « en Afrique » ou à la rigueur « au pays ». Cela amplifie l’opposition avec l’autre lieu de vie de la famille, l’appartement du boulevard Haussmann, dont les moindres détails sont donnés. Si là est l’objectif, cela fonctionne, mais cette vision globalisante de l’Afrique a quand même de quoi laisser songeur.

CHLOÉ MACAIRE

Mon Absente était donnée du 1er au 3 février à La Criée,
Théâtre national de Marseille.

Danser sur les toits de Marseille

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Trois ans après Full Dawn, l’inclassable Bloom Bat revient avec le projet « Honest Weirdo », un nouvel E.P. de cinq titres

Leur clip de lancement les filme sur les toits de Marseille. Bloom Bat et ses amis y dansent avec une désinvolture insouciante. On les voit grimper au sommet d’immeubles, s’attaquer à l’ascension du Mucem, évoluer entre les cheminées… Le premier titre, Odd Friends, B.O. du clip, presque uniquement instrumental, donne le ton : rythme groovy envoûtant, un brin d’espièglerie, une légèreté qui invite à ne plus enfermer qui que ce soit dans des cases.

Les titres « chill groove » se parent d’une ironie douce-amère. Dans Goofy (le maladroit), le narrateur se « sent comme un garçon solitaire à la recherche des siens », et se sert du sourire comme unique défense face à ceux qui se moquent de lui. Pourquoi juger les autres sur leurs choix de vie ? Le chanteur invite à l’acceptation de l’autre.

Le flow du rappeur américain Joe Bruce sur quelques accords de guitare vient se poser sur l’ouverture de Holes in my Shoes. Ce morceau tranche avec ce qui précède par ses rythmes funky. L’image du vagabond tendre qui n’est pas sans rappeler la silhouette de Charlot se dessine, touchante et fragile. Elle semble perdue dans la dureté du monde de Drifing away (à la dérive) qu’accentue le contraste entre la vivacité du tempo qui donne envie de danser et la mélancolie des paroles de l’incompris à qui il reste le rêve.

La voix de la chanteuse australienne Serena Stanger rejoint celle de Bat pour le délicat Among the Flowers (Parmi les fleurs). Une promenade « sans devoir, sans plan, sans regard noir ». Juste le bonheur d’apprécier l’instant. Un délice.

MARYVONNE COLOMBANI

Honest Weirdo, Bloom Bat, distribution Soundbirth

Les vestiges du temps

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Les détails, le premier roman de la journaliste suédoise Ia Genberg, livre un étonnant portrait des années 1990 qui, par certains aspects, semblent déjà bien loin de nous

Ia Genberg propose le récit intimiste d’une femme qui revit plusieurs épisodes de sa vie à Stockholm. Elle évoque les quatre personnes qui ont été les plus importantes pour elle et composent ainsi quatre moments forts comme autant de projecteurs sur des parties effacées. Elle semble laisser venir les souvenirs dans le désordre, sans chronologie, accueillant les images, feuilletant des livres, à la recherche des traces plus ou moins appuyées des « méandres du temps. » Elle évoque la bande d’amis aux portraits pleins de justesse et d’humour, le parti-pris d’opposition aux règles de la société, les concerts et les fêtes. Elle se remémore l’époque des bottins de la Poste dans lesquels on pouvait retrouver les adresses des gens qui avaient un téléphone chez eux – et seulement ceux-là – car les autres étaient introuvables et perdus. L’autrice relate donc des modes de vie qu’elle a elle-même pratiqués, une époque où l’on vivait sans téléphone portable et sans internet, et où l’on entendait le clapotis des machines à écrire, si caractéristique. Plus près de nous, Ia Genberg nous replonge dans la soirée inoubliable qui a marqué le passage à l’an 2000.

Vivre le présent
L’autrice nous propose une façon aléatoire d’organiser le temps et s’interroge sur les empreintes laissées par les gens seulement croisés ou aimés, puis perdus. Ainsi les objets, les vêtements, les livres occupent-ils une place particulière dans ses souvenirs, des « détails » qui donnent son titre au roman. Au point que ceux-ci cachent parfois l’essentiel, ou du moins le floutent. Mais la vie n’est-elle pas faite de ces petits riens qui accompagnent les moments forts et les rencontres constructives ?

CHRIS BOURGUE

Les détails, d’Ia Genberg
Le bruit du monde - 21 €
Traduit du suédois par Anna Postel

Avec des pages comme des ailes

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Une journée particulière © Simon Gosselin

Adapté au théâtre en 1982 par Jacques Weber, le film d’Ettore Scola, Une journée particulière, retrouve le chemin des planches grâce à la metteuse en scène Lilo Baur

« J’ai joué la pièce dans la mise en scène de Weber, sourit le directeur des théâtres, Dominique Bluzet, je garde encore un frisson amer des répliques du mari fasciste dont j’endossai le rôle » …

Une journée particulière, dans la belle traduction de Huguette Hatem, rapproche deux solitudes : Antonietta, une mère fasciste de six enfants confinée dans la sphère familiale et Gabriele, un journaliste radio, mis au ban car homosexuel. Bien sûr, on est tenté d’établir des comparaisons avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, mais la tentation s’efface très vite ! Laetitia Casta et Roschdy Zem, costumés quasi à l’identique de leurs prédécesseurs au cinéma, campent le duo avec une juste finesse. Les blessures se révèlent avec pudeur. Une intelligente sobriété éclaire subtilement fragilités et assujettissements. L’oiseau qui s’échappe de la modeste cuisine d’Antonietta sert de prétexte à la rencontre. Son envol amène, selon Lilo Baur, l’image du livre, Les trois mousquetaires, que Gabriele donnera à Antonietta : symbole d’une résistance à sa condition qui la veut illettrée. Le décor mouvant orchestre un véritable ballet des cloisons qui s’ouvrent et se referment sur les différents lieux de la double action. À la sensation d’une unité classique de temps, répond, brisant le carcan, la multiplicité des lieux et des actions. Les clameurs des rues qui applaudissent à grand renfort de défilés la rencontre entre le Duce et Hitler se transcrivent en esquisses projetées sur le décor qui garde aussi les traces des ailes de l’oiseau. Un spectacle d’une sensible poésie, exigeant dans tous les rôles, avec les convaincants Joan Bellviure (Emanuele, le mari) et Sandra Choquet (la Concierge). La parenthèse de cette éphémère rencontre résonne comme un pied de nez aux Pères Ubu de tout poil.

MARYVONNE COLOMBANI

Une journée particulière a été joué du 23 au 31 janvier au Jeu de Paume, Aix-en-Provence

N’oublier personne

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Tout le monde est là © Simon Gosselin

Au Théâtre Massalia, la pièce jeune public Tout le monde est là parle de l’amour au XXIe siècle, sans ambages ni conformisme

Deux hommes s’embrassent sur scène : « Ooooh ! » s’exclament les ados venus en nombre voir Tout le monde est là du Rodéo Théâtre au Massalia. Un spectacle avec comédiens et marionnettes, au pouvoir évocateur si prononcé. D’une durée et d’une ampleur étonnantes pour le jeune public (1h45) ; mais à la fois nécessaires et suffisantes pour brasser sur plusieurs strates l’histoire de la même famille, celle du metteur en scène Simon Delattre. Dans une chronologie déstructurée, la pièce restitue peu à peu les branches de son arbre généalogique, et le fil rouge qui relie la génération de ses grands-parents, fondant un foyer hors-mariage en un temps où il n’en fallait pas plus pour choquer le voisinage, à celle de sa fille, née d’une GPA (gestation pour autrui), pratique controversée aujourd’hui. Des choix non-conformistes amenés sans juger le conforme, sans occulter leur coût social et affectif, misant sur l’intelligence des adolescents du XXIe siècle pour comprendre à quel point chacun, d’âge en âge, de décennie en décennie, fait de son mieux, slalomant entre idéaux, injonctions et aspirations personnelles. Sur le plateau, on parle avant tout de relations humaines. « C’est pas une question d’ADN ! » hurle Enki, la demoiselle aux deux papas, à son arrière-grand-père si farfelu, et pourtant bien de son époque, l’après-guerre. Ça non, l’amour, ce n’est pas une question d’ADN.

GAËLLE CLOAREC

Tout le monde est là a été donné au Théâtre Massalia les 25 et 26 janvier.

Carole Thibaut s’égare-t-elle dans les bois ? 

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La petite fille qui disait non © Thierry Laporte

Dans La Petite fille qui disait non, la metteuse en scène présente une version moderne du Petit chaperon rouge. Entre féminisme convenu, et maladresses

Metteuse en scène de premier plan – elle est directrice du Centre dramatique national de Montluçon – Carole Thibaut présente depuis 2018 sa pièce jeunesse intitulée La Petite fille qui disait non. Une revisite du conte populaire du Petit chaperon rouge, où l’accent est donné sur la force et la volonté d’indépendance de ses trois personnages féminins : la grand-mère (Louise), la mère (Jeanne) et la fille (Marie). 

La pièce s’ouvre par une matinée banale dans la vie d’une mère célibataire : elle court d’un bout à l’autre de l’appartement, s’occupant tour à tour d’elle et de sa fille, avec fougue et drôlerie (brillante Hélène Seretti). La fille, elle, est une élève modèle, heureuse et stoïque. Se contentant de répondre à sa mère qu’elle l’aime aussi avant de partir à l’école. Après les cours, Marie va chez sa grand-mère, Louise, une ancienne vedette de théâtre. Porte-cigarette à la main, elle parle avec sa petite fille des plaisirs de sa vie passée, mais aussi de la mort… et c’est justement ce qui l’attend.  

Sans sa grand mère Marie s’ennuie, et prend le risque de s’aventurer dans la cité voisine où elle n’a pas le droit d’aller. Elle tombe sur Lou, un gamin qui zone là. Il est déscolarisé, brut, inquiétant, pas franchement méchant – même si le doute est permis. Elle se prend pourtant d’affection pour lui, et le soir suivant, fuguera pour le retrouver. 

Au bout du conte : ça cloche

Il y a dans cette pièce quelque chose qui ne passe pas. Il y a d’abord la représentation de ces femmes fortes et indépendantes, éprises de liberté… où l’on peut voir une forme de féminisme convenu, peignant le portrait éculé de la « mère courage ». Et surtout, dans un théâtre du Zef sis au cœur des cités délaissées de la Busserine et du Merlan, et heureusement peuplé d’enfants qui en viennent, comment ces derniers perçoivent-ils cette pièce, et l’image qu’on leur peint d’un « jeune de quartier » ? Se sentent-ils plus proche de Marie, qui habite dans un quartier « tranquille », ou de Lou, qui porte le nom du prédateur ? 

NICOLAS SANTUCCI

La petite fille qui disait non a été donné les 25 et 26 janvier au Zef, scène nationale de Marseille.

Parler des morts, parler aux morts

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Mon absente © Jean-Louis Fernandez

Pascal Rambert nous parle de sa dernière création française, Mon Absente, dont la Criée accueillera trois représentations du 1er au 3 février.

Dans Mon Absente, Pascal Rambert rassemble onze personnages autour du cercueil d’une femme. A travers leurs mots, ils évoquent leur relation avec elle et peignent son portrait. Pourtant, cette pièce n’a pas pour sujet la mort ou le deuil…

Dans votre présentation de la pièce, vous dites ne jamais faire de « pièce à sujet ». Que cela signifie-t-il ? quel est alors l’objet de votre travail ?
Quand j’écris, je reçois quelque chose du réel et je lui donne une forme. Je ne fais pas une forme en me disant que ce sera une pièce sur le deuil. Il y a des auteurs qui veulent parler de la crise écologique, ou de la violence faite aux femmes, ou de la montée du FN, etc. Moi, je fais parler des gens. Mes personnages parlent quasiment comme dans la vie, ils passent d’une phrase à une autre, d’une idée à laquelle ils pensent à une autre complètement différente et contradictoire. Mon travail c’est la langue, pas les sujets.

Donc Mon Absente n’est pas à une pièce à propos de la disparition d’un être cher ?
Mon Absente n’aborde pas simplement le deuil, mais la façon dont on définit une personne. C’est complexe, une personne. C’est souvent très contradictoire, ça change avec le temps, et en fonction de ceux qui l’entourent. Dans Mon Absente, ils sont onze autour du cercueil, il y a ses fils, ses filles, ses petites filles, et chacun vient lui parler. Ils essaient de remonter le fil du passé, ils ont besoin de lui dire des choses qu’ils ne lui ont jamais dit, et qui sont parfois d’une rare violence. Il n’y a pas que des bons souvenirs pour eux, et je trouve ça bien que lorsque l’on s’adresse à un mort, on ne dise pas seulement « Qu’est-ce que je t’aimais », mais qu’on puisse aussi être très dur.

Et comment cela se traduit-il d’un point de vue plastique, en terme de mise en scène et de scénographie ?
Dans le fait d’être face à un cercueil, il y a un dialogue qui s’engage, même si il n’y a pas de réponse. C’est très fort visuellement d’être à l’intérieur de cet immense espace noir avec ce cercueil et ces fleurs, et la lumière qui est très basse, ce qui donne un aspect fantomatique. On a en quelque sorte l’impression que tous les acteurs sont des fantômes, et que la vraie personne est celle à l’intérieur du cercueil. Je voulais avoir cet aspect fantomatique de nos propres vies, nous les vivants. Ça me semblait être assez proche de l’état dans lequel on se retrouve parfois lorsqu’on est plongé dans des moments de grande tristesse, ou même de grande exaltation que peut procurer l’amour aussi.

ENTRETIEN REALISE PAR CHLOE MACAIRE

Mon Absente
Du 1er au 3 février
La Criée, théâtre national de Marseille / Théâtre du Gymnase – Hors-les-murs

L’Énergie de La Relève

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©M.V.

La Relève, exposition d’inauguration du festival Parallèle à Marseille, s’est ouverte le 25 janvier à art-cade Grands Bains Douches de la Plaine et au Château de Servières

Le festival Parallèle est le temps fort de la plateforme Parallèle qui depuis 2006 et depuis Marseille soutient tout au long de l’année des  artistiques émergentes, que ce soit en danse, théâtre, arts visuels, performance. Les projets des artistes soutenu·e·s pendant l’année sont placés au cœur du festival, accueillis en partenariat sur les scènes de nombreux lieux culturels à Aix et à Marseille, tels que le 3 bisf, le ZEF, la Friche, le Mucem, le Mac, le théâtre Joliette, la Cité des Arts de la rue. En arts visuels, ce sont la galerie art-cade Grands Bains Douches de la Plaine et le Château de Servières qui sont partenaires de La Relève#6, exposition collective qui présente les œuvres d’artistes visuels diplômé·e·s d’école d’art depuis 3 ans maximum. Cette sixième édition réunit dans les deux galeries, 20 artistes autour de la thématique « Énergie ».

#StayAtHomeGirlfriend
La plupart des œuvres des 10 jeunes artistes exposées par Le Château de Servières jusqu’au 23 mars, se présentent sous forme de sculptures-installations et  relient principalement la thématique « Énergie » aux questions environnementales, ou à celles de la place sociale des femmes. Ainsi Célia Tremari, qui s’intéresse à l’histoire des lieux dans lesquels elle expose, évoque l’énergie de la lutte ouvrière et propose une affiche et des sérigraphies sur plâtre s’inspirant de l’usine de fabrication de chemises pour homme, fermée définitivement en 1986, où travaillaient 200 ouvrières, avant que le 11-19 bd Boisson soit investi par des activités artistiques. Nina Boughanim, dans Liquide, liquide présente un lavoir réalisé en béton spatulé, déposant des tresses de cheveux dans de l’eau savonneuse, évoquant poétiquement l’énergie qu’y déployait autrefois les femmes. Cécile Cornet, propose une série de trois toiles Painted Dreams, ou comment retirer une épine avec grâce, de la série #StayAtHomeGirlfriend, autour des routines de femmes attendant leurs conjoints à la maison. Zoë Grant, avec Homme sweet home, propose une installation en verre, contreplaqué, montants, talons, sciure de bois, un espace qui déshabille et désexualise les intérieurs parfaits exposés dans les magazines de décoration, avec présence récurrente de chaussures à talon, en ne laissant apparaitre qu’arêtes et structures.

Prochains rendez-vous
Le 2 février au ZEF, la chorégraphe Dalila Belaza présentera Rive, où, à partir de la bourrée, elle invente des formes de cérémonies où des mondes lointains se mêlent et révèlent le vivant et l’intemporel. Les 3 et 4 février au Mac, A capella, une « performance-cérémonie » de Dorothée Munyaneza, des chants révélant des mémoires enfouies.
Les 3 et 4 février au Ballet National de Marseille, la nouvelle création de Maud Blandel, L’œil nu mettra en jeu six danseur·se·s autour de la perception de « ce qui chute en nous et autour de nous, des conflits intérieurs et extérieurs qui font rage, et de ce qui, un jour, fait que tout s’effondre. »

MARC VOIRY

La Relève#6
Jusqu’au 24 février
art-cade – Grands Bains Douches de la Plaine, Marseille
Jusqu’au 23 mars
Château de Servières, Marseille

Une éclaircie pour Montévidéo ?

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Suite à la réunion du 22 janvier à l’initiative de la Ville de Marseille, les collectivités ont affirmé leur soutien à Hubert Colas et à ses trois associations. Un soulagement pour lui, même si des questions demeurent

Il n’y a pas une semaine sans une nouvelle péripétie pour Montévidéo. Cet espace culturel du centre ville de Marseille, maison mère de la compagnie Diphtong et du festival actoral, qui s’est vu contraint par la justice et son propriétaire de quitter les lieux qu’elle occupait depuis 24 ans. La faute à un loyer devenu trop élevé, que les structures ne pouvaient plus assumer. Avec ce déménagement forcé, et la perte d’un lieu d’accueil et de représentation, on pouvait craindre le pire pour les différentes structures qui composent Montévidéo – deux tiers des salariés ont déjà été licenciés – mais avec le soutien du Département, de la Drac et de la Ville de Marseille, l’avenir ne sera peut-être pas aussi sombre qu’annoncé.C’est à la demande la Ville de Marseille que la réunion du 22 janvier s’est tenue. « J’ai souhaité que tout le monde soit autour de la table », explique Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille en charge de la Culture. De cette réunion, est ressortie une affirmation de l’aide apportée à Montévidéo : toutes les collectivités ont annoncé le maintien de leurs financements, et la Ville entend voter une « augmentation substantielle » en février, pour « accompagner le déménagement et la période de transition » à laquelle fait face Montévidéo ajoute l’élu. 

« Ça nous rassure pour l’année prochaine, cela va nous permettre de trouver une stabilité financière » estime Hubert Colas, à la tête des différentes structures. Mais s’il se dit « rassuré » pour 2024, il rappelle que « l’avenir reste totalement incertain ». Montévidéo a notamment dû réduire ses effectifs, passant de 12 à 4 salariés. Une situation qui ne changera pas avant « l’officialisation des subventions 2024, pour voir comment recomposer les bureaux administratifs des trois associations », précise Hubert Colas.

Quel avenir ?
Outre l’officialisation des subventions, la principale interrogation réside dans le futur point de chute de Montévidéo. Car si pour l’instant les structures ont trouvé refuge à La Cômerie, cet ancien couvent racheté par la Ville en 2019 que Montévidéo gère depuis, le lieu s’est vu interdit d’accueillir du public ou des artistes en résidence par la commission de sécurité. Seuls sont tolérés les bureaux et les artistes déjà présents : les compagnies d’Emanuel Gat et d’Éric Ming Cuong Castaing notamment. Par le jeu des conventions d’occupation temporaires, Montévidéo a donc un an pour trouver un nouveau lieu adéquat. Une recherche à laquelle Jean-Marc Coppola assure apporter toute son aide.

Avant de trouver un nouvel espace idoine, Montévidéo entend garantir une programmation en 2024. Des propositions artistiques vont être présentées hors les murs tout au long de l’année, et une nouvelle édition du festival actoral est annoncée mais dans un format « plus léger ».

NICOLAS SANTUCCI

Une offre de rachat en questions
Alors que Hubert Colas affirmait à Zébuline le 17 janvier dernier que l’offre de rachat de « la Ville de Marseille » – en fait la Sogima, sa société de gestion immobilière – avait été refusée par son propriétaire, Jean-Marc Coppola, adjoint au maire en charge de la Culture, explique le contraire. Pour l’élu, « au moment où l’on parle, le propriétaire n’a pas refusé, il laisse la porte ouverte. »
L’élu explique aussi le choix de ne pas préempter Montévidéo (comme c’est le cas pour le cinéma du César) : « La préemption a plusieurs inconvénients : le propriétaire demande quatre millions pour Montévidéo, ce qui est surévalué. Et surtout, la Ville aurait dû lancer un appel à projets concurrentiel pour l’attribution du lieu, donc sans garantie que ça revienne à la structure actuelle. » N.S.