mercredi 16 juillet 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Accueil Blog Page 216

Pour que vive Claude McKay

0
Kay, lettres à un poète disparu © R.Arnaud

Près d’un siècle après le séjour de Claude McKay dans la cité phocéenne, Marseille continue de célébrer cet auteur touche-à-tout. De son passage à Marseille de 1924 et 1928, entre ses séjours successifs à Harlem, Londres, Moscou, Berlin ou Tanger, Claude McKay avait tiré un récit récemment republié aux Éditions Héliotropismes : Romance in Marseille, écrit en 1933 à Tanger, se déployait dans le quartier de la Fosse. 

« Ce fut un soulagement que d’aller vivre à Marseille parmi des gens à la peau noire ou brune, qui venaient des États-Unis, des Antilles, d’Afrique du Nord et d’Afrique occidentale, et se trouvaient tous rassemblés pour former un groupe chaleureux», écrivait-il au sujet de ce séjour marseillais aujourd’hui immortalisé par un passage jouxtant le Vieux Port. 

Création plurielle

Le poète, musicien et conteur Lamine Diagne s’est déjà adonné à des lectures de Claude McKay lors de la republication de cet opus rare et précieux. Il s’est depuis attelé à la conception d’un spectacle musical intitulé « Kay ! Lettres à un poète disparu ».

Proposée par Les Voies du Chant, cette création s’articule autour de textes de Claude McKay et de Lamine Diagne lui-même, également à l’écriture de la partition musicale. Sur scène, la création visuelle de Matthieu Verdeil, soutenue par la scénographie et l’installation vidéo d’Eric Massua, accueillera ce récit pensé comme une adresse à cet auteur encore méconnu. La contrebasse de Christophe Lincontang, les claviers de Ben Rando, la batterie de Jérémi Martinez et la guitare de Wim Welker s’érigeront comme autant de voix auteur de cette poésie singulière. À ne manquer sous aucun prétexte !

SUZANNE CANESSA

Kay, Lettres à un poète disparu
dans le cadre du festival De Vives Voix 
Le 21 octobre 
Cité de la Musique, Marseille 
festivaldevivesvoix.fr

L’Après M : Get up, stand up

0

Le McDonald’s de Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord de Marseille, a été réquisitionné par ses salariés au printemps 2020. S’en est suivi un long conflit avec la multinationale, une intense mobilisation populaire, avec une multitude d’énergies fédérées autour de Kamel Guemari, ancien sous-directeur du restaurant. Son désir : en faire un projet de développement du territoire par et pour les habitants, avec la solidarité pour mot d’ordre. Durant la crise sanitaire, les lieux ont servi de plaque tournante pour un réseau de distribution alimentaire impressionnant, évitant la famine à d’innombrables bénéficiaires. Depuis, L’Après M, racheté par la Ville de Marseille pour permettre  la pérennité du projet,  s’est mué en un « fast social food », avec l’ambition de former et employer ceux qui peinent à trouver du travail, dans un contexte post-pandémie où la précarité explose.

Du burger au gratin

Le proje a mûri. Pour asseoir financièrement l’entreprise, sous forme de SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif), l’équipe n’a jamais hésité à faire appel à de grands noms : L’Ovni, burger gastronomique conçu par le chef étoilé Gérald Passedat, figure au menu, et la crème du hip-hop marseillais y empoigne régulièrement le micro. 

L’ancien temple de la malbouffe fricote aussi avec le gratin culturel de la région ! Mi-octobre, dans le cadre du temps fort Un musée dans la ville, L’Après M « faisait son show » au Mucem : le musée proposait de déguster les fameux Ovnis, en écoutant DJ la Mèche et Bouga, les bénéfices lui étant reversés. 

Le Théâtre Gymnase-Bernardines initie quant à lui  un partenariat autour du stand up. Des dîners-spectacles se tiendront régulièrement dans l’ancien McDo, en entrée libre et sans réservation, pour assister à ces formats comiques très en vogue qui prennent l’auditoire à témoin.

Le 20 octobre, c’est un pro de l’impro, Malik Fares, qui donnera le coup d’envoi. Autour de lui, les humoristes marseillais Moustazon, Clément Dufour, Slimane Kaisa, Alisson et Lila So alterneront les vannes. En parallèle, le partenariat implique une série d’ateliers qui initieront un groupe de personnes à l’écriture et la pratique du stand up.

Coopérer, développer

Nul doute que les habitants du quartier ou les spectateurs venus d’ailleurs se presseront à L’Après M, qui compte sur ces soirées et sur une programmation événementielle de plus en plus dense pour s’assurer une trésorerie et pérenniser les emplois créés depuis sa renaissance sous forme coopérative. Car tout autour, continue de se développer le projet dit « V.I.E », pour Village des Initiatives d’Entraide : un groupement de collectifs en tous genres visant à soulager les plus précaires.

GAËLLE CLOAREC

L'Après M Comedy Club
20 octobre
L'Après M, Marseille
04 91 24 35 24
lestheatres.net

Vrrraimant crayonne encore

0
© Luis Almeida

C’est un rendez-vous atypique de l’automne toulonnais, à l’image de Metaxu, la galerie qui l’organise, habituée aux propositions originales. Avec le festival Vrrraimant, c’est à une rencontre entre artistes dessinateurs, musiciens et performeurs que le rendez-vous invite. Du 20 au 22 octobre, la douzième édition prend place dans plusieurs de la ville : dans la galerie hôte, mais aussi sur la place et le passage du Globe. Au programme, neuf dessinateurs et douze musiciens venus de toute l’Europe se rencontrent autour d’un thème : « le papier déchiré », pour une quinzaine de spectacles tout public pendant trois jours. 

« Décoller, morceler, rassembler, […] l’univers artistique développé est celui du papier déchiré. Celui de la découverte des sous-couches, de la rencontre fortuite entre les graphismes, de la pluralité et de la déconstruction incontrôlée. » Voilà comment l’organisation présente le thème de l’édition, que l’on retrouve déjà sur l’affiche – très inspirée – de l’événement signée Frédéric Fleury (présent en 2022 au festival) et Simon de la Porte. 

© marine luszpinski

Pendant trois jours, les artistes sont invités à remplir les murs, notamment ceux de Metaxu qui se transforment en toile géante, avec pour seule consigne la liberté créatrice. Les coups de crayon se mêlent, les couleurs, les fusains, le figuratif, l’abstrait, pour un résultat que l’on découvre chaque année foisonnant de propositions artistiques lointaines, mais enrichies les unes des autres. 

Les invités 2023

Parmi les dessinateurs·ices présent·e·s cette année, on peut citer la Marseillaise Anaïs Michel, qui alterne crayon rouge et bleu, pour un rendu toujours emplit de lumière et de matière. De Toulouse nous vient Aira Maillot, qui enrichit sa pratique artistique de son passé de cuisinière. On citera aussi le dessin sculptural de Julien Fargetton (Lisbonne), ou le trait toujours engagé de Marine Luszpinski. Côté musique, on attend l’électro du Bruxellois AM·AZ, la très loufoque et bien sentie synth-punk-wave d’Arc-en-ciel (Toulouse), ou la folk africaine des locaux du Kamélé Project.  

NICOLAS SANTUCCI

Vrrraimant
Du 20 au 22 octobre
Galerie Metaxu, place et passage du Globe, Toulon
metaxu.fr

Les Héroïnes, c’est nous !

0
Nos héroïnes © Lisa Regis

Zebuline: Qu’est-ce que cette notion de participatif, dans le théâtre, pour vous ?

Wilma Lévy : Le mot ne me convient pas particulièrement, c’est un mot « institutionnel » disons. Je préfère dire que je fais du théâtre avec des gens, qui ne sont ni acteurs professionnels, ni amateurs. Pour moi, la création participative c’est proposer à des personnes d’un territoire, habitantes, habitants, de partager une question. Et par le biais du théâtre et de la danse, de discussions, de lectures et de recherches, d’essayer d’en traduire quelque chose sur scène. 

Quelle est la question qui a été partagée pour « Nos Héroïnes » ?

C’est, en partant du postulat que l’Histoire et la société effacent globalement les femmes des scènes de l’Histoire et de la société, la question de savoir avec quels modèles les femmes peuvent se construire en tant que femme. Et corrélée : peut-on essayer de définir ce qu’est une héroïne ?

Qui sont les personnes qui partagent cette question avec vous ?

Une partie habite les quartiers nord de Marseille, parce que le projet est né autour du centre social du Grand Saint-Antoine. Mais on a aussi invité d’autres femmes, à travers les réseaux sociaux, le bouche à oreille, des affichages, à venir avec nous. Donc sur la scène de La Criée, il y a 23 femmes, habitantes du tout Marseille.

Quelles ont été les différentes étapes de travail ?

C’est forcément un processus long. Pour synthétiser, on peut dire qu’il y a eu un temps de rencontre, un temps de recherche et un temps d’écriture. C’est un projet qui a débuté il y a deux ans : la première étape a été de se rencontrer et d’essayer de faire groupe, tout en faisant des exercices pour rentrer dans la « matière » du théâtre et de la danse. Ensuite la question est arrivée, des thématiques ont émergé, il y a eu de l’écriture, des allers-retours, des improvisations. Pour arriver à ce qu’on a là aujourd’hui, c’est-à-dire une écriture plus construite et un spectacle. Toutes les thématiques que le public va entendre sur scène partent des femmes présentes.  

Quelles sont les difficultés particulières liées à ce type de démarche pour vous ?

Essayer de tenir, justement, la « vraie » participation : que chacune ait, à toutes les étapes du projet, le sentiment d’avoir toute sa place, pour elle et pour sa parole. Je pense qu’on n’a pas trop mal réussi, mais c’est une des difficultés de ces projets-là. L’autre, c’est l’absentéisme constant.

Qu’est ce qui va se passer sur scène ?

Vous allez voir ce chœur de femmes qui essaye de répondre à la question de : qu’est-ce qu’une héroïne ? en passant par des portraits d’héroïnes connues, et des récits plus intimes.

Qu’avez-vous envie de transmettre au public à travers ce spectacle ?

Je ne peux pas le dire, le public verra bien ce qu’il veut voir. La seule chose qu’on peut se dire c’est qu’on est parti de la question de « qu’est-ce qu’une héroïne ? », et qu’on en est arrivé au fait que les héroïnes, c’est nous ! 

Entretien réalisé par MARC VOIRY

Nos Héroïnes
écrit et joué par 23 marseillaises
chorégraphie Elisabetta Guttuso 
dramaturgue Jenny Lauro-Mariani 
mise en scène Wilma Lévy
les 20 et 21 octobre
La Criée, Marseille
théâtre-lacriée.com

En Ribambelle ! dixième édition

0
Antichambre © Stereoptik

L’année dernière, la 9e édition du festival jeunesse En Ribambelle ! avait failli être l’ultime, faute de financements suffisants. In extremis, les collectivités locales et l’État ont mis la main à la poche pour permettre à cet événement unique en son genre de perdurer. Mais la  période post-Covid n’en finit pas d’être difficile pour les structures culturelles, l’inflation de leurs charges aggravant les choses, « et la situation budgétaire ne va pas s’améliorer », déplore Émilie Robert, directrice du Théâtre Massalia, à l’origine avec La Criée de la seule manifestation rassemblant autant d’acteurs de premier plan sur le territoire des Bouches-du-Rhône, depuis le Mucem à Marseille jusqu’au Comœdia d’Aubagne et La Colonne à Miramas, en passant par le Forum des jeunes et de la culture à Berre-L’Étang. 

Rassurez-vous, la 10e édition aura bien lieu cette année, du 18 octobre au 18 novembre, avec toujours autant de soin accordé à la programmation par quatorze lieux fédérés, et une centaine de représentations proposées au jeune public. « Nous aurions voulu en faire un peu plus pour marquer cette date, mais les difficultés budgétaires et la complexité de coordonner un calendrier commun ne l’ont pas permis. » Ce sera donc un anniversaire à célébrer l’an prochain, si les perspectives s’éclaircissent. La présence de deux nouveaux partenaires parmi les structures accueillantes, l’Office Municipal de la Culture à La Fare-les-Oliviers et Les Bernardines à Marseille, est encourageante !

Une ribambelle de disciplines artistiques

Six mois, c’est vraiment très petit, mais on n’est jamais trop jeune pour apprécier la beauté. Stella Maris, conçu pour les tout-petits par la Cie Digital Samovar, les plongera dans un univers aquatique tout doux et poétique : du théâtre d’objets à savourer le 18 octobre au Théâtre de Fontblanche à Vitrolles. Un chouïa plus matures, ils seront sensibles au jeu de construction visuel et ludique de Tout est chamboulé, par la Cie En attendant (dès 1 an, au Mucem les 22 et 23 octobre et au Massalia les 26 et 27). Ou encore aux arts du geste : Direction le Nord, création 2023 de la Cie Piccola Velocità, leur propose un voyage sur la banquise, la danse permettant d’aborder avec subtilité la régression des glaces sous l’effet du changement climatique (à partir de 18 mois, le 21 octobre au Théâtre de Fos).  

En grandissant, vers quatre ou cinq ans, le théâtre d’ombres produit tout son effet de fascination. Dans L’ombre des choses, du collectif Tangram, elles prennent carrément leur indépendance, se multiplient, jouent les insolentes avec la lumière (29 et 30 octobre au Massalia). Une discipline pratiquée aussi par Moquette Production, tout en humour et délicatesse (le 18 novembre au Théâtre de Fos) : La méthode du Dr Sponjiak vise à assagir une fillette douée pour les sottises. Un succès ? Suspens ! 

Plus grands encore, les enfants de sept ans et plus auront le choix des propositions. Ils se régaleront par exemple avec  Antichambre, un film d’animation construit quasiment en direct par le tandem Stereoptik (à La Criée les 3 et 4 novembre). Gomme à la main, Romain Bermond et Jean-Baptiste Maille dessinent progressivement tout un paysage, support d’une belle histoire d’amour, sur une musique électronique également composée par eux : de quoi donner envie aux artistes en herbe de se lancer à leur tour dans le champ infini de la créativité !

GAËLLE CLOAREC

En Ribambelle !
Du 18 octobre au 18 novembre
Aubagne, Berre-l'Étang, Fos-sur-mer, Istres, La Fare-les-Oliviers, Marseille, Miramas, Port-de-Bouc, Vitrolles
festivalenribambelle.com

Soutenir la création

Cette année, les différents partenaires du festival ont eu à cœur de soutenir plus particulièrement un spectacle, Marjan, le dernier lion d’Afghanistan. Durant l’été 2021, qui a vu le retour des talibans dans leur pays, deux artistes afghans ont été exfiltrés et accueillis dans le sud de la France, où ils ont repris études et vie professionnelle. Abdul Haq Haqjoo et Farhad Yaqubi, tous deux comédiens-marionnettistes, ont élaboré avec la compagnie HdH – Hasards d’Hasards une pièce inspirée d’une histoire vraie, telle qu’elle leur a été racontée par Sher Agha, vieux gardien du zoo de Kaboul. Marjan, le lion, en est le héros, tout autant que la culture afghane, toujours debout malgré les soubresauts de l’Histoire avec un grand « H ».

G.C.

À voir dès 8 ans au Massalia, les 29 et 30 octobre.

Affirmer la culture de paix

0

Il est des moments où il faut choisir. Ce que l’on va mettre en Une (rugby ou gazaoui?), quelles manifestations on va soutenir ou interdire, comment on va commenter les événements qui se déroulent et nous bouleversent. Mais choisir de simplifier le réel risque de dénaturer l’avenir. Le Hamas, organisation terroriste longtemps soutenue par Netanyahou pour faire taire l’entreprise de paix portée par l’OLP et la gauche israélienne, terrorise aussi les Gazaouis. Doivent-ils payer les atrocités commises par leur gouvernement terroriste ?  

Pour choisir, en conscience, il faut échapper aux polices de la pensée. En France on interdit les manifestations de soutien aux Palestiniens. La gauche se déchire autour de mots prononcés, de condamnations pas assez fermes, d’un populisme qui établit des parallèles et des oppositions manichéennes, quand il faudrait un peu d’esprit de finesse hérité non des Lumières, mais de Pascal. Une finesse non binaire, qui permettrait de cesser d’opposer le Hamas et la droite extrême israélienne, en omettant de dire qu’ensemble ils ont assassiné toute chance de paix, toute « solution à deux états » défendue par le couple Arafat-Rabin, la gauche israélienne, le Fatah, l’OLP, l’ONU, la France. 

Qui dira qu’on ne peut pas impunément souffler sur les braises et s’offusquer qu’elles flamboient ? 

Le peuple palestinien a besoin de soutien. Les intellectuels et les artistes se taisent, terrorisés d’être soupçonnés d’antisémitisme, d’antisionisme, de naïveté. Mais comment appelle-t-on un gouvernement qui enferme plus de deux millions d’habitants dans quelques kilomètres carrés et coupe tout accès, prive d’eau, de nourriture et d’électricité, puis bombarde, déplace la moitié de la population, et s’apprête à envahir ?  Les enfants de Gaza n’ont-ils pas droit à notre intérêt et à notre compassion comme les enfants d’Israël ? De quoi sont-ils coupables ?

Aujourd’hui, il n’est pas d’autre choix que de sortir des oppositions manichéennes, de cultiver la nuance, de rectifier les oppositions racialistes, nationales ou religieuses. Il n’y a pas le camp des Palestiniens et des Israéliens (dont un cinquième est musulman) mais deux forces qui veulent anéantir leur ennemi, et d’autres qui cherchent à construire la paix. 

La position du gouvernement français à cet égard peut fracturer durablement la cohérence sociale de notre pays, mise à mal en même temps par le meurtre d’un enseignant au nom d’Allah, les amalgames délirants du RN entre tout ce qui consonne arabe et le Hamas. Les extrêmes droites islamistes, israéliennes et françaises ont la même vision de l’avenir : un champ de ruine dont ils seraient les uniques survivants, sans place pour l’autre. La seule alternative réside dans le dialogue, et un soutien acharné à la Culture de Paix.

 Agnès Freschel

Photos sensibles

0
© Mouna SABONI, Disappearance - Prix Maison Blanche

L’inauguration du rendez-vous d’automne de la photographie à Marseille a eu lieu le 12 octobre à l’Espace Bargemon, avec Traversées, une exposition issue de la Grande Commande de Photojournalisme 2021-2022 voulue par le Ministère de la Culture et pilotée par la BnF (Bibliothèque nationale de France). Les oeuvres de dix photographes ayant travaillé sur le thème des migrations y sont visibles. Parmi ceux-ci Patrick Zachmann, déjà présent l’année dernière au centre Fleg avec Voyages de mémoire, est allé à la rencontre, pour Les Maliens d’Evry, des héritiers nés en France des générations issues de l’immigration. La photographe Anita Pouchard Serra, dans Algérie(s) une mosaïque d’héritiers, explore la communauté composite liée à l’Algérie sur le territoire français. Et Antoine d’Agata donne à voir, dans Frontière France, la richesse d’une nation construite sur le métissage, en prenant l’exemple de la Guyane.

Focus

Parmi les 40 évènements proposés pendant toute la durée du festival, le Prix Maison Blanche 2023 est devenu un incontournable. Les salons de la Mairie des 9/10 accueillent les travaux des quatre lauréats : Henri Kisielewski (1991) photographe franco-britannique autodidacte, qui explore la frontière poreuse entre le réel et le fictif en photographie dans Non Fiction. Mouna Saboni (1987) diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, pour Disappearance, projet autour de la disparition progressive de l’eau, des images réalisées le long de la route 90 en Jordanie, point central de la « diagonale de la soif » qui s’étend de Tanger jusqu’en Chine. Jean-Michel André (1976), diplômé de l’école des Gobelins, pour À bout de souffle, une vision politique et poétique du « pays noir », le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais. Et Andrea Graziosi (1977) qui, avec Animas, est allé photographier, dans différents villages du centre de la Sardaigne, d’anciens cultes entretenant un lien, à travers masques et costumes, à l’être-animal et à la divinité. 

Délires de Plossu et Nuit de l’Instant

À la galerie Territoires Partagés, Bernard Plossu propose sous le titre Plossu Expérimental des photographies où il expérimente « les pires délires et les pires blagues » qui ne font pas toujours les plus mauvaises photographies. Tandis qu’au Centre Photographique de Marseille, l’exposition collective Dits-Écrits Dispersés signe le retour au sein de Photo Marseille de la Nuit de l’instant, absente depuis 4 ans. Elle invite à porter un regard sur la présence de la photographie dans d’autres mediums et pratiques artistiques : vidéos, diaporamas, installations, performances, films, peintures, projections, dessins, photofilms…  Une exposition signée Pascale Cassagnau, responsable des fonds audiovisuels et nouveaux médias au Cnap ( Centre national des arts plastiques) avec des oeuvres de John Akomfrah, Marwa Arsanios, Bouchra Khalili, Randa Maddah, Mehdi Medacci et Frédérique Lagny.

MARC VOIRY 

Photo Marseille
Du 12 octobre au 19 novembre Traversées Place Bargemon
Du 14 octobre au 18 novembre. Plossu Expérimental Galerie Territoires Partagés
Du 26 octobre au 21 novembre Prix Maison BlancheMairie du 9/10
Du 27 et 28 octobre. Dits-Écrits DispersésCentre Photographique de Marseille
laphotographie-marseille.com

MOMAIX : pour grandir de plaisir

0
Duel Reality © X-DR

S’inscrivant au cœur des missions du service public, le festival Mômaix aborde les divers domaines du spectacle vivant, danse, musique, contes, cirque, théâtre, initiation vivifiante qui amène les jeunes publics à se rendre dans les lieux culturels. Des nombreuses représenattions sont gratuites, drautres à des tarifs très attractifs). Les spectacles sont à partager en famille, stimulant le dialogue, aiguisant les goûts, éclectiques, tout aussi exigeants par les thèmes abordés, les formes soignées, qu’attentifs à être compréhensible par tous.  

Il faut cependant veiller aux âges indiqués sur les programmes. Tenir compte de cette recommandation permet à tous les spectateurs de partager le plaisir  des spectacles, qui s’adressent aussi aux adultes. 

Savoir écouter l’autre

Au Théâtre Antoine Vitez, Petite Touche du théâtre Désaccordé aborde une histoire où se rencontrent une petite fille aveugle et un grand corbeau qui ne sait pas parler. Les deux personnages uniront leurs forces pour vaincre le méchant Marabout qui souhaite ôter la voix de tous les oiseaux du monde. Grâce aux marionnettes, les personnes voyantes comme non-voyantes (ces dernières seront invitées à découvrir du « bout des doigts » quelques secrets de la représentation) pourront partager le même temps de spectacle (17 nov). 

Engagée plus encore dans la construction du tissu social, la pièce Quand j’étais petite, je voterai, adaptée du roman de Boris Le Roy par Émilie Capliez, se remémore des fameuses élections des délégués de classe au Jeu de Paume (17 et 18 oct) : en une journée de « campagne électorale », s’affronteront Anar, le « candidat du peuple », Cachot, adepte de la loi du plus fort, Lune qui a bien du mal à se faire entendre… 

On sera sensibilisés à l’écologie par une initiation au chant et à l’écriture au Petit Duc en partant de chants d’oiseaux et de l’utilisation de la Bird Box (boîte à musique) grâce à l’Atelier-concert de Merle (18 oct) mais aussi grâce à Zikotempo, « RecyClown », qui met en scène ZIK qui fabrique ses instruments avec des rebuts et sauve ainsi la musique, occasion de s’interroger sur Soi, le Beau, le Nécessaire et ce que nous faisons de nos déchets… L’engagement c’est aussi faire soi-même avec les autres, c’est ce que Komaneko, une petite chatte malicieuse (en japonais, « le chat qui prend des images ») entreprend en décidant de réaliser avec ses amis un film d’animation : quatre moments rêvés au 6mic avec ces quatre courts métrages de Tsuneo Goda, sur lesquels les percussions, guitares, claviers, voix et objets sonores improbables de Damien et Franck Lizler dessinent leurs mondes musicaux entre électro, jazz, et indie pop. 

Réinventer  le conte

Île au chant meles © Martin Sarrazac

Le Théâtre des Ateliers invite, avec l’équipe de Lecture Plus, à découvrir un conte du Liban, Hanné et la Gazelle, qui prendra vie avec des bouts de carton et des effets de lumières et d’ombres. Les frontières entre le réel et l’imaginaire sont explorées avec délices et les astuces dévoilées aux enfants. Au Jeu de Paume, on retrouvera l’histoire d’Hansel et Gretel, création de l’Opéra de Dijon qui se faufile dans la forêt graphique du dessinateur Lorenzo Mattoti. 

Au 6mic on suivra la passionnante Odyssée d’Hyppo, l’hippocampe fou puis le ciné-concert Komaneko, pour les tout-petits. 

Réinvention et création déjantée s’abriteront au Pavillon Noir : avec la danse de Fouad Boussouf, Näss, et dans Firmamento de la Compagnie La Veronal, les corps redécouvrent leurs possibilités et leurs limites.  Tandis qu’au Bois de l’Aune,  ce sont les objets de Bruno Meyssat et sa compagnie du Shaman qui dessinent un univers d’émerveillements  dans Si ça se trouve, et que L’école du risque (Mickaël Chouquet, Baltazar Daninos / Groupe N+1) nous convie sur scène pour éprouver en loufoqueries diverses les capacités de jeu des matériels exposés sur le plateau. 

Du grand spectacle et des concerts

Pépé Mémé © X-DR

Au Grand Théâtre de Provence la compagnie circassienne québécoise Les 7 doigts revient pour conter l’histoire de Roméo et Juliette (Duel Reality du 22 au 25 nov) en joutes inédites où les corps défient les lois de la pesanteur et de l’équilibre et l’Orchestre national de Lyon pour le Carnaval des animaux de Saint-Saëns sur des poèmes d’Elodie Fondacci dits par le comédien de théâtre et de cinéma Michel Vuillermoz

L’amphithéâtre La Manufacture accueillera la chanteuse et compositrice Marion Rampal et Les Rivières souterraines pour un conte musical, L’île aux chants mêlés, où les chants du monde tissent un univers d’utopies douces et de rêves… 

Il faudrait encore évoquer le travail étonnant de Thierry Balasse  et ses expériences acoustiques au 3bisf, la Danse à Livre Ouvert de la compagnie Marie-Hélène Desmaris à la Mareschale, la poésie de Pierre Gueyrard au Petit Duc, la redécouverte de l’enfance à L’Ouvre-Boîte avec la cie Les Brûlants (Martin Mabz, Stéphane Dunan-Battandier et Cédric Cartaut) dans le spectacle musical Baby Boum, et tant d’autres propositions qui aident à grandir, par la grâce de leurs inventions et la profondeur de leurs propos.

MARYVONNE COLOMBANI

Mômaix
Du 17 octobre au 23 décembre
Divers lieux, Aix-en-Provence
aixenprovence.fr

Sols fertiles 

0

À l’automne 2021, deux ans après son inauguration et l’exposition 100 artistes dans la Ville qui avait investi le cœur de Montpellier, le MO.CO inaugurait la première édition de SOL! La biennale du territoire, avec comme axe de programmation la volonté de reflèter le territoire et la scène artistique locale. Une manifestation se voulant intergénérationnelle, inclusive, célébrant la dynamique créative qui anime Montpellier et sa région. Titrée Un pas de côté, elle explorait une perspective de « décentrement », s’appuyant sur le constat qu’ « aujourd’hui de plus en plus d’artistes quittent les grandes capitales au profit de territoires moins denses, abandonnent les modèles de la production entrepreneuriale au profit de formes vernaculaires : les frontières entre art et artisanat, entre le noble et le prosaïque, s’estompent ». Résultat : une exposition brouillant les frontières entre art brut, artisanat et beaux-arts, présentant les travaux d’une trentaine d’artistes, parmi lesquel·le·s on trouvait Aldo Biascamano, Becquemin & Sagot, Anne-Lise Coste, Daniel Dezeuze, Joëlle Gay, Claude Viallat.

Robert Combas, LE DERRIÈRE DE LA LOUISE XV_2015

Corps et langage

Ce deuxième volet de la biennale, dont le vernissage a lieu ce vendredi 13 octobre à 18 h, intitulé Soleil Triste, a été confié par Numa Hambursin, directeur général du MO.CO, à la curatrice Anya Harrisson. Elle prend pour point de départ et fil conducteur une figure historique, une œuvre littéraire et un épisode méconnu dans l’histoire de Montpellier : en 1766, le marquis de Sade, en séjour dans la ville, y aurait rencontré une femme qui lui aurait inspiré le personnage de son premier roman Justine ou Les malheurs de la vertu. L’impact de ce texte, paru anonymement en 1791, reste incontestable sur la culture, la philosophie et les modes de pensée en France. Le corps et le langage, tous deux hautement transgressifs chez Sade, sont donc au cœur des travaux présentés par la vingtaine d’artistes invités par la biennale, parmi lesquels des artistes qui ont adopté cette terre comme la leur : Johan Creten, Paul Maheke, Robert Crumb, et d’autres qui ont grandi ou suivi leur formation artistique ici : Lou Masduraud, Renaud Jerez

MARC VOIRY

SOL ! La biennale du territoire
Du 14 octobre au 28 janvier 2024
MO.CO, Montpellier
moco.art

L’Afrique, ici et partout

0
Ici ailleurs © julsphotography

Dès les premières minutes, le spectacle proposé en inauguration de la première édition biennale Euro-Africa de Montpellier fait exploser les clichés. Pas de musique tribale, pas de vêtements en wax, pas de décors exotiques. Non, ce soir l’Afrique n’est pas celle des fantasmes occidentaux. Elle est autre, multiple, vivante, pleine de contradictions. Sur scène : huit danseurs, cinq hommes et trois femmes aux vêtements colorés. La peau est parfois ébène, parfois lumière au gré d’éclairages qui tentent de guider le groupe dans l’obscurité. Les danseurs avancent d’un pas saccadé, reculent parfois, s’enfuient pour revenir, regardent vers un hors scène dont on ne sait vraiment ce qu’il représente. 

Corps dansants

Créé en décembre dernier à l’Institut français de Yaoundé au Cameroun dans le cadre du forum Notre Futur, le spectacle Ici et ailleurs est ici présenté pour la première fois en Europe. La chorégraphie est signée Chantal Gondang, dont le parcours débute dans la danse traditionnelle avant de très vite s’enrichir d’influences fortement contemporaines, et Bouba Landrille Tchouda, lequel a commencé en autodidacte dans le hip hop avant de collaborer en tant que danseur pour la compagnie Accrorap comme pour Jean-Claude Gallotta, puis de faire sa place comme chorégraphe avec sa compagnie Malka. La musique est quant à elle signée par le percussionniste franco-camerounais Manuel Wandji, entre sonorités urbaines contemporaines et rythmiques ethniques et métissées. 

Infiniment libre et inventive, la chorégraphie se nourrit de danse patrimoniale africaine, de danse contemporaine et de hip hop, comme des filtres qui s’ajouteraient les uns aux autres pour mieux nous emmener ailleurs. Sur un territoire au-delà de toutes frontières, les corps sont traversés par les sonorités, les émotions, les énergies. En entendant les bruits de la rue, les sonorités de la mer, on pense à ceux qui partent et ne reviennent pas toujours. Même si le spectacle semble vouloir nous faire comprendre que peu importe où ils se trouvent, les corps dansants portent l’Afrique en eux tout en s’imprégnant de leur quotidien, aussi loin soit-il de leur terre natale. Alors, ils ne sont plus ni d’ici ni d’ailleurs, juste là. 

ALICE ROLLAND

Ici et Ailleurs a été présenté au Corum de Montpellier dans le cadre de la biennale Euro-Africa le 9 octobre