mercredi 16 juillet 2025
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Accueil Blog Page 239

Le mardi c’est Grimaldine

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© Cyril Carpentier

Les mardis de Port-Grimaud vont rythmer l’été du golfe de Saint-Tropez lors de quatre soirées qui offriront chacune une ambiance particulière. Le 18 juillet sera placé sous le signe de l’Amérique du Sud et du Brésil grâce à des animations de la ville par cinq troupes de rue « tudo bem » puis au concert très attendu de Lúcia de Carvalho qui présentera son dernier album, Pwanga ni Puy (lumière et obscurité) dans lequel l’artiste « enracine la lumière ». Eagle-Eye, acteur, batteur, chanteur, compositeur, collectionne les succès et défend son septième CD, Back on Track le 25 juillet. Départ au Mali avec Oumou Sangaré, souvent baptisée la Aretha Franklin subsaharienne en raison de son engagement dans la lutte pour le droit des femmes, et qui revisite les chants traditionnels de son pays avec une voix ample et chaleureuse. Enfin, Al Mckay, membre fondateur du groupe jazz-funk Earth Wind & Fire, s’empare des plus grands tubes de cette formation avec Earth Wind & Fire Experience… « Do you remember September ? » Port-Grimaud va danser !

MARYVONNE COLOMBANI

Les Grimaldines
Du 18 juillet au 8 août
Concerts au château, Port-Grimaud
les-grimaldines.com

Voyages musicaux 

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Alexis Kossenko est le directeur artistique du festival © X-DR

Festival singulier, les Rencontres Musicales de Haute-Provence mettent à l’honneur autour de Forcalquier pour leur 35e édition le thème du voyage, sous la direction artistique du flûtiste Alexis Kossenko. Comme chaque année, le festival s’ouvre par une « journée continue » de musique de chambre le 23 juillet en la cathédrale de Forcalquier. 

Le 24, le public du prieuré de Salagon entendra le Septuor op. 9 de Sibelius et le quatuor à cordes avec clarinette de Mozart. Le lendemain à l’aube, la citadelle de Forcalquier accueillera la luthiste Klaudyna Zolnierek pour un récital bien-nommé « Le réveil du Roi-Soleil ». Le soir, la mezzo Anne Reinhold plongera le public dans la Venise des années 1630, accompagnée sur instruments d’époque par Emmanuelle Dauvin et Charlotte Spruit notamment. Saut de plusieurs générations le 26 à 12h avec le récital gratuit de clavecin d’Anastasie Jeanne, consacré à Bach père et fils : le soir-même, un beau programme sera donné avec les Bagatelles de Dvorak et la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy, interprétée par Alexis Kossenko, Loan Cazal et Yaleria Kafelnikov.

Le 27, les Fables de la Fontaine seront mises en musique à midi ; le soir, un programme réjouissant d’œuvres chambristes comprendra l’Ouverture sur des Thèmes Juifs de Prokofiev ou la Revue de cuisine de Martinu. Le 28, pour la soirée de clôture, tous les musiciens du festival interprèteront un répertoire moderne (Ravel, Debussy, Poulenc), puis de la musique baroque écossaise. À noter que tout au cours du festival, les répétitions seront publiques et gratuites !

PAUL CANESSA

Rencontres Musicales de Haute-Provence
Du 23 au 28 juillet
Forcalquier et alentours
rmhp.fr

Citadelle éternelle

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© HO Chao-Sheng

Voilà près d’un centenaire que le festival établi à Sisteron ravit un public fidèle et nombreux, séduit par son accessibilité et la diversité de sa programmation. La musique en demeure l’attrait principal : l’ouverture du festival, le 21 juillet, accueillera les musiciens de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, à peine sorti du Festival d’Aix-en-Provence. Au programme : une création, Medinea, et les Variations sur un thème égyptien de Gamal Abdel-Rahim, mais aussi Betsy Jolas, Saint-Saëns, Ravel et Jacques Ibert … 

Bach sera à son tour célébré le 29 juillet par Théotime Langlois de Swarte, officiant à la tête de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles à la fois en tant que violoniste concertiste et que chef d’orchestre sur différentes pièces maîtresse du Cantor de Leipzig. La star des contre-ténors Jakub Józef Orliński proposera une sélection d’arias baroques lyriquissimes, auxquels il sait insuffler une bonne dose d’énergie, de profondeur et d’humour. Wayne Morris mettra enfin en scène Rigoletto, grand opéra verdien, le 8 août. Les amateurs de théâtre et d’épopée auront de quoi faire avec le Lawrence d’Arabie d’Éric Bouvron, donné le 31 juillet. Et les férus de danse seront également servis : l’adaptation de l’Alice de Lewis Caroll trouvera dans la chorégraphie de Po-Cheng Tsai et la musique de Rockid Lee un écrin nouveau. Les nuits barbares ou premiers matins du monde, pensé comme un « requiem urbain et sauvage » par le chorégraphe Hervé Khoubi et sa compagnie, conclura le 12 août cette série d’appels au rêve.

SUZANNE CANESSA

Nuits de la Citadelle
Du 21 juillet au 12 août
Sisteron
nuitsdelacitadelle.fr

Au K’fé Quoi !, ça joue à domicile

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Electro Faune © DR

Finie la Goguette et place à la Guinguette ! Après sa tournée dans les Alpes-de-Haute-Provence (la fameuse « goguette ») pour se rapprocher de ses publics, entre Forcalquier, Lardiers, Pierrerue et Saint-Martin-les-Eaux, le K’fé Quoi revient dans ses locaux pour ouvrir sa terrasse à plus d’un mois d’apéro-concerts. Il y en aura en tout plus d’une dizaine, et pour tous les goûts : pour les amateurs·ices de funk et de rock, de jazz manouche et New Orleans, de musique kabyle et de rumba congolaise, entre autres. 

Du mélange

Les festivités s’ouvrent sur un savant mélange de disco, rock et country, emmené par le quartet Rodéo Spaghetti (11 juillet), pour danser au rythme du groupe et de ses arrangements sur de célèbres bandes son du cinéma de western. Le 13, l’énergie sera encore de la partie mais cette fois grâce au jazz fusion nerveux et libre de Bonkers. Le groupe lauréat du dispositif Quart2Tour a beau avoir sorti son album Coca Chérie en décembre dernier, l’infection est durable et le son toujours aussi efficace ! D’autres professionnels seront présents à la Guinguette, notamment les jeunes participants aux tremplins des Inouïs et Orizon Sud October Baby (27 juillet). Montrant des influences venues de la France et du Royaume-Uni, le groupe s’inscrit dans une tradition rock et y apporte une douceur qui fait du bien à écouter, notamment sur leur dernier titre Tired of Our Love. La programmation se conclut le 17 août avec Jocelyn Balu & Borumba, qui rend hommage dans cette formation aux pionniers et monuments de la rumba congolaise. Une belle fin pour un événement qui entend une nouvelle fois rapprocher les publics, dans la continuité de l’action culturelle salutaire menée par le K’fé Quoi tout au long de l’année.

MATHIEU FRECHE

Le K'Fé Quoi en Guinguette
Du 11 juillet au 17 août
K’fé Quoi, Forcalquier
le-kfe-quoi.com

Martigues, un Village créatif

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La rappeuse KT-Gorique présente pour un concert.

Les Fadas du monde éclairent les étés martégaux depuis 2019. Fada quesaco ?  Simplement 53 événements gratuits, festins, balades commentées, courses de bâteaux… qui relient la terre à la mer, la mer à l’étang, la ville aux habitants. Et à la culture. Tout est gratuit, des projections de films en plein air aux expositions, aux repas partagés, aux concerts et aux spectacles.  

Nouveauté cette année et temps fort de cet été qui dure deux mois, les deux semaines du Village, programmées par les habitants en concertation avec la mairie et les conseils des 8 pillards. Avec comme principe le circuit court, et la programmation d’artistes qui vivent ici.

Ainsi cette quinzaine au village s’ouvre le 24 juillet avec un concert de Medusa, orchestre de cumbia féminin, et féministe, et marseillais, se poursuit le 25 avec un numéro burlesque et virtuose de mât chinois de Florian Méheux (Cie Cahin Caha de Marseille), puis avec une création de la compagnie (marseillaise) Zou Maï les 26 et 31 juillet. De la paille dans la tête, histoire pour distraire ma psy, poursuit l’aventure burlesque et psychanalytique de Christian Mazzucchini, cette fois ci autour de Jean Louis Fournier, auteur de La Noiraude et d’Antivol l’oiseau au sol, et complice de Pierre Desproges. Pour un sit-down, nécessaire contrepoint du stand-up.

Le 31 juillet, c’est Doreen Vasseur (Cie 2 L au Quintal, Marseille) qui proposera son solo de rue Biquette, parole de femme forte et émouvante, qui parle de son rapport à sa mère avec une drôlerie communicative… 

Le 1er août, une entorse à la programmation régionale, mais tout à fait pardonnable : avec Toulouse on est cousins ! Il s’agit d’accueillir Mous et Hakim, les deux frères de Zebda et d’Origine contrôlée, qui réinventent le répertoire inédit de Nougaro, leur « Daron de la Garonne ».

Entretemps des rencontres littéraires autour de Catherine Dufour ou de Michel Maisonneuve, une soirée reggae avec trois groupes de Port-de-Bouc et Martigues, des contes pour enfant, un rougail concocté et mangé tous ensemble…  et un concert de très bon rap : Bobba A$h, La Frappe emmenée par Faf Larage, et le flow de KT Gorique.

Et puis Moon Fou, pour conclure la programmation les 3 et 4 août. Une déambulation qui inclut le public, et repose sur les récits de vie de cabossés de la vie, qui ont retrouvé avec la Cie marseillaise Rara Woulib la dignité qui leur est due. Grâce au théâtre, aux chants, aux rituels, au respect et à la considération. Bref, grâce au partage, et aux arts. Pas si couillon, non ?

AGNÈS FRESCHEL

Le Village des Fadas

Du 24 juillet au 4 août

Martigues

fadasdumonde.fr

Tournées Mosaïques : Dans la proximité chaleureuse des formes

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La Sociale K / In Bilico ©VincentMuteau

Zébuline aime à le répéter, parce que très souvent les spectacles et concerts programmés dans nos grands festivals et sur nos scènes font peu de place aux compagnies qui travaillent ici : nos artistes ont du talent ! Le Département 13 avec ses Capitales Provençales, La Ville de Marseille avec son Été Marseillais, la Région Sud avec ses Tournées Mosaïques organisées par sa régie Arsud, toutes les collectivités semblent reconnaître la même nécessité, et identifier le même manque : il n’est pas de programmation artistique possible qui ne soit qu’importée et transitoire, et même si nous avons grand besoin d’ouverture sur le monde, seul un tissu local solide peut construire une vie culturelle partagée.

Car ce n’est pas un hasard si ces manifestations se déroulent en espace public, avec pour principe la gratuité. Être attentif aux artistes locaux et à l’élargissement du public tient de la même démarche, qui veut inscrire l’art dans le quotidien, au plus proche, loin des cérémonies exceptionnelles. Dont les arts du spectacle ont aussi besoin, comme de circulation nationale et internationale, mais qui relèvent moins directement de la commande publique.

La tournée Mosaïque estivale 2023 se déroule depuis le 7 juillet et jusqu’au 16 août, avec douze programmes différents sur quinze dates… parfois un spectacle en soirée, parfois une escale où plusieurs compagnies se succèdent autour d’une thématique. La première, le 12 juillet était consacrée au cirque à Bargemon (83), la deuxième escale se déploiera dans trois lieux… et sera hip-hop !

Des escales…  

À La Londe-les-Maures (83) le 21 juillet, au musée Fernand-Léger de Biot (06) le 26, sur l’Esplanade du J4 de Marseille le 28, ce sont trois compagnies qui se succèderont, interrogeant la capacité de la danse hip-hop à passer de la rue à la scène, puis à y revenir. Ainsi Adel El Shafey (Cie Le Scribe) danse son solo sur les sons de Bruce Lee, comme un art martial qui ne combat pas, un cinéma intérieur. Asmanti de la Cie Hylel est un quintet, écrit par Marina Gomes, créé à Hip Hop Non Stop en 2021, joué depuis au Festival de Marseille et à Avignon. De Midi à minuit la rue, terrain de jeu et de désœuvrement, se transforme en terrain d’affrontement et de révolte.

Prélude, de la Cie Accrorap, complète ce programme. Kadder Attou est un des chorégraphes qui a fait entrer la danse hip-hop dans les théâtres et sur les scènes dès la fin des années 1980. Sur un texte de Camus qui déclare que les artistes ne méprisent rien et s’inspirent de tout, il propose une synthèse magistrale des possibilités scénographiques des scènes, des écritures chorégraphiques de groupe, de l’inventivité gestuelle et de la force politique du hip-hop. Avec des danseurs de la région, dont deux femmes.

Du cirque

La Sociale K reprend In Bilico, En Equilibre, où trois fil-de-féristes danseurs parcourent un agrès tendu qui tourne doucement, traçant des diagonales qui montent, sur électro live fortement agrémentée de batterie. Le 18 juillet à Saint Cannat (13).

Le 10 août à Manosque (04) c’est le duo burlesque Entrechocs qui jouera de la contrebasse, et de toute une variation de cycles, mono et tri, de toutes tailles. Pince sans rire, et hilarant !

Clown encore, au nez rouge, mais à la tonalité plus mélancolique. Paulo Perelsztein jongle avec des chapeaux et des copeaux de bois, des balles, des valises qui semblent provenir d’un voyage ancien, tout comme les musique qu’il traverse. Il s’arrêtera le 16 août dans la cour de l’école de Guillestre (05)

Et toutes les musiques

La mosaïque régionale est aussi très largement musicale et nombreux sont les groupes qui offrent des univers très variés. Ainsi le 1er août à Saint-Vallier-de-Thiey (06) les Ciotadens Chichi et Banane feront un duo de pêche, très local, provençal, pour des chansons parlées accompagnées au banjo, avec de délicieuses trouvailles de langue d’ici.

Le 4 août à Courthezon (84) et le 6 août à Tourrettes-sur-Loup (06), c’est le Trio Joulik qui va enchanter les oreilles. Leurs chants profonds, comme immémoriaux, viennent de toutes les traditions populaires, accompagnés par les basses continues ou les accords d’accordéon, les percussions. Tout sonne, douloureux souvent, orné de mélismes et d’émotion.

Leï, ce sont deux femmes, chanteuses, qui cherchent leurs Amarres. À Oppède le Vieux, le 5, leurs chants traditionnels, polyphoniques, planeront ensemble très haut. Avec la délicatesse cristalline qui les caractérise, accompagnée doucement par une contrebasse et des percussions.  

Quant à Bongi, désormais marseillaise, son afrobeat en Xhosa, venu directement du Cap, est capable vous faire danser et vibrer toute la nuit. À Laragne (05) le 15 août.

Théâtre musical

 L’Ensemble Télémaque ne se prend pas au sérieux. Jouant des musiques dites savantes, et contemporaines, il sait aussi les mettre à portée de tous, depuis près de trente ans, en croisant son répertoire avec les arts de la scène. Son Histoire de la Musique moderne en 88 minutes repose sur une fable toute simple : comment un professeur un peu fou et une diva complètement dingue font le tour du monde musical pour décider qui, de Sibelius, Kurt Weil, De Falla, Stravinsky ou Gershwin est le plus grand compositeur du XXe siècle. Comédien, chanteuse, chef et musiciens s’en donnent à chœur joie, et on écoute des musiques sublimes, magnifiquement interprétées par l’ensemble. À Vaison-la-Romaine le 9 août.

 AGNÈS FRESCHEL

Tournée Mosaïque
Jusqu’au 16 août
Divers lieux, Région Sud
tourneemosaique-regionsud.com

Festival de La Roque d’Anthéron : Un piano aux couleurs du monde

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Arielle Beck © Sylvain Gelineau Photographism

Zébuline. Le festival fête sa quarante-troisième édition et sait, tout en gardant sa volonté d’excellence, décliner de nouvelles partitions. Votre secret ?

René Martin. Ce festival est conçu pour donner une idée précise de ce qui se passe dans le monde musical d’aujourd’hui, donner la couleur du piano à un instant T. Certes, je privilégie les orchestres régionaux, l’Orchestre de Marseille, l’Orchestre d’Avignon qui s’est totalement renouvelé grâce à l’impulsion de Débora Waldman, sa cheffe, et je cherche à utiliser les nombreuses richesses de la région. Cette édition est particulièrement importante, car nous n’avions pas pu fêter dignement les quarante ans du festival en raison de la pandémie.

Une volonté de totalité avec les intégrales ?  Il y en a beaucoup cette année.

S’il y a bien un lieu où elles peuvent être jouées, c’est à La Roque. Effectivement, nous donnerons l’intégrale des concertos pour piano de Beethoven, de Chopin, de Brahms, de Rachmaninov, servies par des interprètes de premier plan, Bertrand Chamayou, Anne Queffelec, David Kadouch, François-Frédéric Guy, Alexandre Kantorow (une carte blanche lui est offerte sur une journée), Bruce Liu que nous avons découvert l’an dernier avec des orchestres fantastiques, le Hong Kong Sinfonietta, sans doute le plus bel orchestre de Hong Kong, dirigé par Yip Wing-Sie, une cheffe d’exception, l’Orchestre de Chambre de Paris (Lionel Bringuier), le Sinfonia Varsovia avec le grand chef Aziz Shokhakimov, l’Orchestre Consuelo sous la baguette de Victor Julien-Laferrière. L’énumération complète serait fastidieuse. Il y aura aussi de grands cycles, des journées consacrées à des compositeurs Liszt, Rachmaninov, Chopin ; un focus sur des compositeurs contemporains grâce aux journées animées par le pianiste et pédagogue Florent Boffard, « Passer au Présent / à la découverte d’un compositeur et ses amis », qui permettront d’aborder les univers de Philippe Schoeller et Julian Anderson, avec une création mondiale au programme ; un temps fort sera consacré à un hommage au grand compositeur Henri Dutilleux qui est parti il y a dix ans maintenant.  

Le baroque revient enfin ! La pandémie nous interdisait l’abbaye de Silvacane qui nous rouvre ses portes. La famille Hantaï se reconstitue pour La Roque d’Anthéron tandis que toute la jeune génération arrive, Jean Rondeau, Justin Taylor et son Consort…

Une jeune génération de pianistes de très haut vol aussi !

Oui, nombreux sont les jeunes, voire très jeunes artistes à faire leur entrée à La Roque. On pourrait me dire que je les choisis parce qu’ils ont gagné des concours internationaux. Bien sûr, mais la plupart du temps, je les ai engagés avant leurs récompenses. J’ai anticipé leur victoire. J’aime aussi cette découverte des grands noms de demain, de voir naître ces stars montantes. On aura par exemple Kevin Chen et le tout aussi fantastique Masaya Kamei sans compter la révélation Yunchan Lim, un phénomène !

Les lieux se multiplient cette année.

Oui, le festival permet de mettre en valeur toute la région. D’autre part, tout un travail est mené auprès des publics empêchés grâce à la démarche menée par le Département, Ensemble en Provence qui propose des soirées pédagogiques ne direction des public prioritaires de ce dispositif, et par l’association Cultures du Cœur qui favorise l’insertion des plus démunis par l’accès aux sports et aux loisirs. Le festival met à disposition des invitations à destination de ces publics. Les projets lycéens, les master classes et la tournée des ensembles en résidence contribue aussi à la diffusion auprès de publics plus larges (et souvent plus jeunes !). Les tarifs moins de trente ans accordent des places à 15€ en catégorie A et B…

Si elles ont été considérées longtemps comme de délicieuses interprètes, les femmes compositrices entrent pleinement au festival…

Et heureusement ! Non seulement la journée « nouvelles générations » ne comporte que des interprètes féminines, Arielle Beck, Eva Gevorgyan, Alexandra Dovgan, mais les œuvres des compositrices sont mises en avant. Toute une journée est consacrée aux « regards de femmes » avec Das Jahr de Fanny Mendelssohn et des œuvres de Marie Jaëll (amie de Liszt), Marguerite Canal, Augusta Holmès, Louise Farrenc, Henriette Bosmans, dont les noms sont injustement tombés dans l’oubli. Autre face cachée de la musique : la formation. Quand on parle d’un pianiste, on occulte trop souvent que son génie a été formé par des maîtres qui restent dans l’ombre. Hortense Cartier-Bresson est une magnifique pédagogue et je tiens beaucoup à cet hommage qui souligne l’importance de la transmission.

Le festival s’ouvre à de nouvelles formes musicales…

J’en suis très fier. Il y a une révolution dans le monde du piano et le festival se doit d’en rendre compte. L’électronique fait son entrée cette année à La Roque. Cette tendance est écoutée par des milliers, des millions de jeunes, c’est le public de demain. On aura par exemple Hania Rani pour un concert musicalement exceptionnel et très poétique, ou les Grandbrothers pour une nuit mystique et hypnotique. Ça va être saisissant ! On a trop souvent classifié les choses : dans la musique contemporaine on a beaucoup souffert de l’influence prépondérante de gens qui interdisaient la musique tonale… Aujourd’hui le monde s’ouvre davantage. La Roque permet de respirer tours les tendances du piano d’aujourd’hui.

Une place particulière est désormais dévolue aux accordeurs…

Tous les plus grands pianos sont à La Roque, c’est le seul festival au monde où toutes les marques sont représentées. Les pianistes les essaient donnent leur avis. Le festival devient un véritable laboratoire, c’est de l’or pour les fabricants qui peuvent retravailler, corriger, améliorer leurs instruments qui sont déjà exceptionnels.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Festival International de piano de La Roque d’Anthéron
Du 20 juillet au 20 août
La Roque d’Anthéron et autres lieux
04 42 50 51 15
festival-piano.com

Festival Radio France : dans la bonne fréquence

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Public assistant au concert de Radio France

Le programme symphonique, vitrine du Festival Radio France Occitanie Montpellier, mettra en avant cette année encore des ensembles incontournables, entre le Corum et l’Opéra. L’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par John Eliot Gardiner accompagnera en ouverture le 17 juillet Alexandre Kantorow sur le Concerto n°4 de Beethoven, avant d’interpréter la Symphonie Fantastique. Il reviendra le 27 avec son chef Mikko Frank et accompagné de l’Orchestre Français des Jeunes, pour le concerto pour violon de Tchaïkovski avec Leonidas Kavakos et une création française de Lera Auerbach.

L’Orchestre National de Toulouse jouera le 18 la Symphonie n°6 de Dvorak et le Lontano de Ligeti (dont on fête le centième anniversaire), tandis que la violoniste Alena Baeva interprètera le Concerto n°1 de Bartok. Ligeti sera remis à l’honneur par Les Siècles de François-Xavier Roth le 24, pour un programme alléchant (Symphonie Jupiter et Concerto n°23 de Mozart par Alexander Melkinov, concerto de Ligeti par le violon d’Isabelle Faust).

L’Orchestre National de France sera dirigé par Cristian Macelaru le 25 sur L’Oiseau de Feu de Stravinski et sur le superbe concerto pour violoncelle d’Elgar, interprété par le magnétique Edgar Moreau. L’Orchestre National de Montpellier accompagnera la mezzo-soprano Karine Deshayes pour un récital Berlioz le 21 ; il clôturera le festival le 28 sous la direction de la jeune et talentueuse Chloé Dufresne pour une soirée de « grands tubes dansants » (Danse Macabre, Marche de Radetzky, Casse-Noisette…)

Le festival s’ouvre

Les amateurs de piano ne rateront pas l’incontournable Bertrand Chamayou le 22 pour les Années de Pèlerinage de Liszt, Piotr Anderszewski le 20 pour un programme de Bach à Webern, ou encore Fazil Say le 25. Sans oublier les nombreux jeunes solistes programmés par le festival, comme Jodyline Gallavardin ou Kevin Chen. Hors de question enfin de rater Médée et Jason le 19, création parodique qui butine dans le répertoire baroque français, mis en scène par Pierre Lebon et qui réunira danseurs, solistes et l’ensemble Les Surprises.

Comme toujours le festival s’ouvrira aux musiques actuelles avec en tête d’affiche MC Solaar qui se produira le 23 au Domaine d’O accompagné de son band et les cordes de l’Orchestre local dirigées par Issam Krimi. Du 17 au 23, le désormais célèbre festival électronique gratuit Tohu-Bohu fera son retour devant l’Hôtel de Ville, avec Audrey Danza, Carista et Avalon Emerson.

La programmation chambriste s’avèrera toujours passionnante, avec notamment le Quatuor Modigliani le 17, sans oublier le jazz avec le saxophoniste Emile Parisien et son sextet, la flûtiste et chanteuse Naissam Jalal le 26, le légendaire Michel Portal le 27 ou encore Samara Joy, lauréate de deux Grammy, le 24.

Enfin, le festival s’ouvrira à d’autres publics avec des concerts dans la région Occitanie, souvent gratuits et autour de jeunes solistes enthousiasmants, contribuant à faire du festival Radio France un rendez-vous chaque année plus incontournable.

PAUL CANESSA Festival Radio France Occitanie Montpellier
Du 17 au 28 juillet

Divers lieux, Montpellier
2023.lefestival.eu

L’été marseillais : Voilà l’été… marseillais

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Du 31 juillet au 4 août la pièce Prélude est en tournée dans plusieurs lieux de Marseille©Cie Accrorap

Équipements municipaux, plages et espaces verts constituent une nouvelle fois le cœur battant de l’Été marseillais. Toujours plus de parcs et de jardins sont de la fête – Bruyère dans le 10e, Font-Obscure dans le 14e ou encore Pastré dans le 8e – avec une ouverture prolongée jusqu’à 2 1h et pléthore d’animations. Du côté du littoral, la plage des Catalans est accessible jusqu’à 23 h en semaine, et toute la nuit le week-end. Tandis que les piscines sont rendues gratuites pour les moins de 12 ans, des animations familiales sont prévues sur l’eau : bassins de découverte de la nage à l’Espace Mistral (16e) et l’espace sportif Croix Rouge (14e) ; balades en pointus traditionnels dans la rade Sud ; initiation à la navigation ; paddle, aviron, ou encore voile au Prado Nord, à la base du Train des sables et à Corbières… Dans les terres, les bibliothèques prévoient de nombreux rendez-vous, et les musées assouplissent leur accueil – notamment en rendant gratuits l’ensemble des collections permanente et le premier jour des expositions temporaires – et proposent de nombreuses animations ponctuelles, tels que concerts en nocturne, Escape game au Muséum d’histoire naturelle… Tout l’été, les pas convergent vers le Vieux Port rendu piéton, véritable lieu de flâneries et d’activités ludiques : terrains d’animations sportives, point d’eau, jeux pour enfants, espace détente, boulodrome face à l’hôtel de ville… Le 2e arrondissement voisin devient l’épicentre d’activités citoyennes : piste routière rue de la Loge ; village écocitoyen et parc d’attractions littéraires Livrodrome sur l’esplanade Bargemon, qui accueille aussi un couscous géant le 27 août ; grand bal de la Libération le 26 devant l’Hôtel de Ville…

Scène flottante

La programmation artistique, quant à elle, se décline au gré des disciplines et des arrondissements, à l’image des projections itinérantes de cinéma gratuites et en plein air, de la Porte d’Aix au parc de la Mirabelle en passant par les stades Athéna, Malpassé, Frais Vallon… Emmenés par Kader Attou, neuf danseurs hip-hop de la région investissent au gré des soirs les jardins du Pharo, de Bonneveine ou encore du 26e Centenaire avec la pièce chorégraphie Prélude. Sans oublier tout l’été, une nouvelle édition d’Avant le soir, programmation artistique confiée à la compagnie locale Didascalie & Co, dans les parcs et jardins des 1er et 7e.

En face de l’Hôtel de ville, une inédite scène flottante accueille jusqu’au 15 juillet une programmation pour le moins hétéroclite, apte à séduire les générations successives soir après soir : Goran Bregovic, le rappeur Soolking, (La) Horde, Enrico Macias et Chico & the Gypsies… Dès le 22 juillet, on passe sur l’autre rive, avec un concert du Choeur et de l’orchestre de l’opéra sur le Parvis de l’Opéra, une halte de Radio Nova au kiosque des Réformés le 28, sans oublier les grandes soirées dansantes : bal populaire le 30 juillet sur la Plaine, sur l’Esplanade Bargemon le 4 août, mais aussi soirée Space disco en bas de la Canebière le 11 août. Le 18 août, on va pousser la chansonnette avec le désormais culte karaoké du parc Longchamp !

JULIE BORDENAVE

L’Été marseillais
Jusqu’au 3 septembre
Divers lieux, Marseille
marseille.fr

À Villeneuve en Scène, l’itinérance se donne en spectacle

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Marion Coulomb dans « La Boite de Pandore » © DR

À Villeneuve en Scène, les spectacles viennent aux spectateurs plutôt que l’inverse. Théâtre, danse et cirque contemporain investissent les champs, les places et les monuments historiques.

C’est justement dans le majestueux cadre de la Chartreuse de Villeneuve, au soleil couchant, que se produit Marion Coulomb dans La Boite de Pandore. Seule en scène au milieu de la chapelle à moitié effondrée où roucoulent les tourterelles, Marion Coulomb déballe tout. Son histoire, celle d’une jeune fille de 12 ans violée pendant quatre ans par le compagnon de sa sœur. Son combat, contre l’emprise de cet homme d’abord, puis contre le silence et le tabou autour des violences sexuelles sur mineur. Une narration d’une grande finesse qui s’ajoute à la virtuosité de son art, celui du cirque.

Avec poésie, douceur, mais aussi dureté, elle raconte comment le cirque l’a aidé à survivre et retrouver son corps. Elle se libère en grimpant à la corde avec une époustouflante facilité, en racontant le procès de son agresseur avec des marionnettes ou en chantant et en jouant de la guitare pour témoigner. Témoigner des agressions bien sûr, mais aussi de la peur, de la honte et de la culpabilité dont elle a peiné à se débarrasser. Une manière de parvenir à en parler pour se libérer et penser l’après.

Fin du monde

Le Théâtre de la Manufacture du CDN Nancy Lorraine a également choisi des thématiques fortes pour ses spectacles. La compagnie présente deux pièces itinérantes à destination d’un public de scolaires. Il faut néanmoins être réceptif aux contraintes de l’itinérance pour réussir à s’abstraire de la salle nue aux quelques chaises qui fait office de lieu de représentation.

Le premier des deux spectacles aborde le thème de la mort et de sa perception par les enfants. Dans Dissolution, Rachid Bouali interprète seul sur scène un homme venu avec son fils rendre une dernière fois visite à son père sur le point de mourir sur son lit d’hôpital. On perçoit la gêne du père et du fils, les questionnements des deux côtés, mais on en sort avec le sentiment d’avoir seulement effleuré le sujet. Peut-être une première approche pour mieux en parler ensuite, car un débat est proposé avec les enfants à l’issu du spectacle.

Skolstrejk est une pièce plus politique pour un public adolescent. Deux comédiens débordant d’énergie, Morgane Deman et Sébastien Poirot, dépeignent la trajectoire de Louise, ou plutôt « Freevelt » comme elle-même se nomme. Inspirée par Greta Thunberg, elle prend conscience de l’urgence climatique et organise une grève pour le climat dans son collège contre l’immobilisme face au changement climatique. L’histoire prenante d’un éveil politique et d’un début d’organisation collective.

Rafael Benabdelmoumene

Le festival Villeneuve en Scène se tient jusqu’au 22 juillet à Villeneuve-lès-Avignon.