vendredi 18 avril 2025
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« Brûle le sang », une cité entre anges et démons

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Des bandes criminelles qui se disputent les territoires de vente de la dope. Des mafias de l’Est aux méthodes brutales et définitives. Deux frères antagonistes qui se retrouvent pour l’enterrement du père assassiné. Et l’engrenage fatal de tout polar qui se respecte : a priori rien de neuf sous le soleil dans le synopsis de Brûle le sang du cinéaste franco-géorgien Akaki Popkhadze. Ce thriller, soutenu par les collectivités de sa région et par le CNC, lorgne sur les grands classiques du genre, de Coppola et Scorsese au James Gray de Little Odessa. Les anges et les démons de la Riviera, frères de sang de ceux de Los Angeles.

On entre dans le film par un enlèvement et une exécution de plein jour sur un chantier terreux qui n’est pas sans rappeler le désert californien. Puis dans un appartement modeste de cité, où s’est regroupée la communauté géorgienne exilée. Tristan (Florent Hill) aussi triste que son prénom, judoka et employé dans une jardinerie, se destine à la prêtrise orthodoxe. La mère donne des cours de piano. Le père est chauffeur d’un oligarque russe. Confondu avec son patron, il est abattu à la terrasse d’un café. Pour son enterrement, Gabriel, le frère aîné, incarné par un Nicolas Duvauchelle tatoué et hargneux, revient de Géorgie où il a été exilé après un séjour en prison, rejeté par sa famille et sa communauté. Il retrouve après 10 ans d’absence son ex-complice Marco (Finnegan Oldfield), dealeur défoncé en permanence, décérébré et survolté, neveu d’un parrain auquel Denis Lavant prête son inquiétante étrangeté. En quatre chapitres aux titres bibliques : « Au nom du père », « Vaincre le mal » « Tu ne tueras point » « Console ma peine », s’accomplit la soif de vengeance de Gabriel, le frère maudit, entraînant le pieux Tristan dans la spirale du mal.

Finir dans une benne

Nice, ville dans laquelle le réalisateur vit depuis ses 15 ans, est filmée en contraste entre jour et nuit, entre lieux de plaisirs – plage, villas de luxe et clubs privés – et quartiers populaires avec leur lot de misère et de drames. Derrière l’affiche touristique de la promenade des Anglais placardée sur une vitre dans la première séquence, la réalité moins radieuse.

Le réalisateur dit avoir désiré un « film immersif », sa caméra dansant autour des personnages. Il ajoute avoir voulu parler de sa famille, du milieu d’où il vient. Un monde de masculinité toxique – résumé par la mère (Ia Shugliashivili) seule figure féminine qui déclare avoir supporté tour à tour toutes les humeurs des mâles du foyer. Il dit encore avoir voulu rappeler que « les hommes (qui se croient) forts finissent (souvent) dans des bennes à ordures. »

ÉLISE PADOVANI

Brûle le sang, de Akaki Popkhadze

En salles le 22 janvier

« Shimoni », un drame austère et intense

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« J’ai toujours été fascinée par la capacité des secrets à paralyser, leur capacité à consommer les individus, les familles et les sociétés » déclare la réalisatrice kényane Angela Wanjiku Wamai. Avec Shimoni, son premier long métrage, elle met en scène cette puissance des non-dits, la souffrance lancinante des traumatismes et la violence qu’elle engendre. Shimoni désigne en swahili, une fosse. C’est le nom symbolique du village où Geoffrey, ancien professeur d’anglais, au sortir de sept ans de prison pour féminicide, est conduit par un prêtre. Là, il devra survivre à la liberté comme il a survécu à son incarcération. Là, guidé par le père Jacob (Sam Psenjen), il travaillera à sa rédemption par l’étude de la bible et les taches agraires. Banni par sa famille, haï par sa belle-famille, tenu responsable de la mort de son propre père, c’est le seul endroit qui puisse l’accueillir. Pour autant qu’il n’y soit pas identifié et que personne ne sache rien de son parcours. Ce village est celui de sa grand-mère chez qui il a résidé enfant avec son frère aîné. Village où ils ont été abusés sexuellement par Weru (Daniel Njoroge), un homme qui y vit toujours, en bon père de famille.

Personne ne reconnaît Geoffrey, le citadin intello dont on se moque parce qu’il ne sait pas traire les vaches, ni tenir correctement une scie chez le fabriquant de cercueils qui l’emploie. Le village cancanier se pose des questions et les bons paroissiens professant le pardon des péchés, seront bien prompts au lynchage. Malmené par Grand-mère Martha (Muthoni Gathecha) maîtresse-femme, volubile et roublarde, aguiché par la rieuse Béatrice (Vivian Wambui), obsédé par son passé de victime et de bourreau, isolé dans un silence qui fait cilice, rongé par une rage lancinante, prête à exploser, Geoffrey incarné par Justin Mirichii, reste fermé, concentré sur l’effort de ne pas exploser.

La jeune réalisatrice nous colle au personnage. Elle donne avec parcimonie et très progressivement, les informations nécessaires pour reconstituer un peu de son histoire. Sans flash back sur les crimes commis, sans explicitation, sans sentimentalisme, grâce à la précision de sa mise en scène, elle crée une tension constante. La musique originale du talentueux guitariste Kato Change, l’importance des scènes nocturnes et les cauchemars récurrents du protagoniste, participent à un climat de catastrophe imminente. Chronique de la ruralité kenyane, on entend dans Shimoni, l’anglais, le swahili et le kikuyu – langue natale d’Angela Wamai. On suit la vie d’une communauté autour de son église. On pressent les fractures entre villes et campagnes, les enjeux de l’éducation, les dénis – là-bas comme ici – des crimes sexuels. On entend aussi, en écho à la tragédie de Geoffrey, un conte africain effrayant dans lequel un ogre change un enfant en panier. Dans la vraie vie, les ogres existent. Et leurs petites victimes ne se libèrent jamais de leurs maléfices.

ÉLISE PADOVANI

Shimoni, de Angela Wanjiku Wamai

En salles le 22 janvier

TourbillonS

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Tourbillons © X-DR

La compagnie L’inclinée de Clémence Dieny est basée à Tende, dans la vallée de la Roya, et la chorégraphe née à Grenoble, et formée au Conservatoire national de Paris, a dans la tête et dans le corps l’échelle des vallées alpines, de ses rigueurs et de ses étendues. Le quatuor TourbillonS confronte deux danseurs (Simon Arson et Romain Lutinier) et deux danseuses (Isaure Leduc et SooN) lancés dans l’espace comme des particules élémentaires, à des forces telluriques, des spasmes, des accélérations, des renversements et, bien sûr, des tourbillons. Une métaphore cosmologique sur le bouleversement de la nature, mais aussi sur les atteintes intimes faites aux corps.

AGNÈS FRESCHEL

21 janvier, 19 heures
Klap - Maison pour la danse, Marseille

Vagabondages & Conversations

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© X-DR

Voyez-vous un rapport entre danse et jardinage ? Plus facile à imaginer, la relation que peuvent nouer Christian Ubl et Gilles Clément. La danse du premier est de celles qui se laissent germer, refusent les artifices, s’hybrident des apports du vent, mais aime aussi les composts inattendus et sauvages, incongrus et déroutants. Les textes et les jardins de Gilles Clément sont des arts de vivre, des philosophies modestes du vivant, des gestes, des détails qui, cumulés, font monde. Les deux hommes, sur scène ensemble, vont vagabonder, digresser, construire des pensées et des pensées, en germes et en gestes. En création au Klap !

AGNÈS FRESCHEL

21 janvier à 20h30
Klap - Maison pour la danse, Marseille

Vu 

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Vu © Camille Chalain

Créée en 2012 par la Cie Sacékripa, Vu est un spectacle sans parole qui marie le théâtre d’objets, le cirque miniature et l’art du clown. Étienne Manceau, jongleur de formation et auteur de la pièce, y incarne un personnage atteint de TOC que le public rencontre alors qu’il est en train de préparer le thé de manière très méticuleuse. Mais tout ne se passe pas comme prévu, car sa précision et ses rituels ne lui offrent pas un contrôle absolu sur son environnement et le personnage monte en pression. Dans un décor sobre, avec humour et sensibilité, Manceau multiplie les petits bricolages et détourne lentement des objets du quotidien de leur but premier, révélant peu à peu la psychologie complexe de son personnage.

CHLOÉ MACAIRE

Du 21 au 24 janvier 
Théâtre des Bernardines, Marseille

Biac : Raphaëlle Boitel à l’honneur

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La Bête noire © X-DR

Après Fanny Soriano en 2023 [Lire ici], la Biac met une nouvelle artiste féminine à l’honneur. Une manière de plonger dans l’univers artistique d’une metteuse en scène à travers une partie de son répertoire, soit ici quatre pièces retraçant quasiment une décennie de créations. En filigrane chez Raphaëlle Boitel, une obsession : dire nos maux par le corps, dans des univers léchés offrant toute sa place à l’aérien. Depuis 2012, les pièces de sa compagnies L’Oublié(e) manient le tragicomique pour dire la condition humaine. Tout est déjà là dès 2018 avec La Chute des Anges, une dystopie railleuse dans laquelle un groupe d’humains se voit malmené par les machines (du 15 au 17 janvier, La Criée, Marseille ; 1er et 2 février, Le Liberté, Toulon [Lire ici]). C’est la même puissance cinématographique, sur un plateau baigné de clair-obscur, qui nimbe le majestueux Ombres Portées, créé en 2021. La pièce s’articule autour d’une famille soudée par un secret, qui voit ses membres basculer un à un (23 janvier, La Passerelle, Gap ; 28 et 29 janvier, Théâtre Durance, Château-Arnoux Saint-Auban).

Unité de ton 

L’introspection gagne en intimité – et en intensité – avec un récent diptyque composé de deux formes courtes, portraits successifs de deux jeunes circassiennes se racontant par leur discipline. Solo de la contorsionniste Vassiliki Rossillion, La bête noire met en scène les luttes d’une femme contre ses démons internes, autour d’un agrès d’une inventivité folle, symbolisant une colonne et ses 24 vertèbres ; avec Petite Reine, c’est le vélo acrobatique qui trône sur le plateau, accompagnant le texte loufoque par lequel Fleuriane Cornet nous conte le récit de sa propre chute (du 15 au 18 janvier, Théâtre National de Nice ; du 24 au 26 janvier, Théâtre Joliette, Marseille). La puissance expressive de son travail, Raphaëlle Boitel la doit aussi à la cohésion de son équipe, soudée depuis les débuts ; notamment à la sculpture ciselée sur la lumière opérée par son scénographe Tristan Baudoin, qui confère singularité et unité de ton au répertoire de l’artiste.

JULIE BORDENAVE 

Le Prado, terre de chapiteaux 
Le village chapiteaux du Prado, c’est l’incontournable de la Biac. En face des flots, les toiles dardent leurs mâts vers les cieux azurs pour abriter des propositions éclectiques, à destination de publics variés : jusqu’en février, six spectacles se succèderont, au fil de 42 représentations. Coup d’envoi le 16 janvier avec les trublions de NoFit State Circus – déjà accueillis en 2019 avec l’inoubliable Lexicon – mêlant une énergie punk très british à la démesure d’un grand spectacle osant mettre en valeur des corps différents, un bol d’air au milieu de performances parfois normées ! (Sabotage, jusqu’au 8 février). Le 17 janvier, Fanny Molliens poursuit l’exploration de thèmes métaphysiques avec sa récente création Hourvari, une nouvelle émanation du cirque expressionniste de sa compagnie Rasposo (jusqu’au 26 janvier). J.B.

Retrouvez nos articles Scènes et cirque ici

En amour 

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En amour - Adrien M & Claire B © Joachim Bertrand

La compagnie Adrien M & Claire B crée des formes à la croisée des arts visuels et des arts vivants. En amour, proposée pour un mois à la Cité des arts de la rue (Marseille), est une installation immersive et interactive créée en 2024 dans le cadre d’une commande du Musée de la musique – Philharmonie de Paris. Elle s’inscrit dans la série des Rituels conçus par la compagnie, et fait suite à Dernière minute, crée en 2022 autour d’un rituel de soin aux morts. Avec En amour, il s’agit d’un rituel de restauration de l’amour, qui vise à offrir « la possibilité de vivre une métamorphose symbolique autour du thème de l’amour et de la séparation ». Dans un espace foisonnant de vidéoprojecteurs, ordinateurs et caméras infrarouges, l’immersion interactive dans l’image et la musique spatialisée se déroule pendant quarante minutes.

MARC VOIRY

Du 18 janvier au 9 février
Lieux publics, Marseille

Aimons-nous vivants 

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Aimons nous © Pierre Planchenault

Sur scène, un mât chinois de cinq mètres cinquante, coiffé de palmes de cocotier et orné de bananes, est le point culminant de l’île maigrelette où évoluent le comédien et metteur en scène Arnaud Saury et le circassien Samuel Rodrigues. Aimons-nous vivants, titre emprunté à une chanson de François Valery, est une proposition entre théâtre et cirque, un spectacle de la compagnie Mathieu Ma Fille Fondation, qui n’en est pas à son premier coup d’essai transdisciplinaire : Arnaud Saury a déjà fait « le malin et de la voltige sur un vélo acrobatique » en 2018 dans Dad is dead avec le circassien Mathieu Despoisse, affublé pour sa part d’un micro-casque sur les oreilles.

MARC VOIRY

15 janvier
Zef, scène nationale de Marseille

Nyege Nyege 

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AUNTY RAYZOR © X-DR

Pour clore sa fourmillante [Lire ici] et éclectique Biennale des Imaginaires Numériques, Chroniques convie les corps et les esprits à une secousse finale orchestrée par le collectif ougandais Nyege Nyege. Fondé en 2013 dans la capitale Kampala, le collectif se dédie à la promotion à l’international d’artistes électro africains. À l’origine, les deux expatriés Arlen Dilsizian et Derek Debru (l’un gréco-arménien, l’autre belge), organisent une série de soirées tournées vers les musiques africaines comme le kuduro ou le coupé-décalé, avant d’étendre le concept à un collectif, label et festival très suivi et réputé, tous couvés sous la dénomination Nyege Nyege, qui se traduit en luganda par « une envie soudaine et incontrôlable de danser ». Il proposera à Marseille un plateau d’artistes déterminés à faire suer leur auditoire, avec la rappeurse Catu Diosis en DJ set, un live d’Aunty et un DJ set de De Schuurman.

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM

16 janvier
Espace Julien, Marseille 

Biennale des Imaginaires Numériques : Le bouquet final

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DISCO FUNERAL - Studio Martyr © Studio Martyr

Après nombre d’expositions et installations – à Arles, Istres, Avignon, Aix, Marseille – la Biennale des Imaginaires Numériques se clôture par un bouquet de propositions dédiées au spectacle vivant. Autrement dit, par des créations où les arts numériques rencontrent d’autres disciplines artistiques telles que la danse, les arts sonores, la musique. Elles sont à découvrir le 14 janvier à L’Usine à Istres, les 17 et 18 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence, et du 16 au 19 au Zef, à la Friche La Belle de Mai et à l’Espace Julien à Marseille [lire ici].  

Voir et être vu.e

Le 14 à L’Usine à Istres, Mire de l’artiste suisse Jasmine Morand : une installation chorégraphique et performative pour douze danseur·euses nu·es, livré·es au regard du spectateur·trice. Couché·e à même le sol, iel peut observer la performance qui se reflète dans un miroir géant placé au-dessus des danseurs. Une installation également proposée à Aix-en-Provence, au Pavillon Noir les 17 et 18. Le centre chorégraphique national qui accueillera au même moment Topeep Secret Box du duo suisse Delgado-Fuchs, expérience immersive et chorégraphique inspiré du principe du peep-show. On peut voir sans être vu·e et parfois en étant vu·e, un travail qui vise de façon décalée à interroger l’intime dans l’expérience collective. 

Danse avec les morts

Au Zef (le 16) La même chose mais pas tout à fait pareille d’Anne-Sophie Turion, un dispositif participatif et déambulatoire, visant à amener les spectateur·ices à reconquérir leurs facultés d’attention, mises à mal par les effets du monde numérique, à travers la rencontre intime avec des inconnu·es. Enfin, à La Friche la Belle de Mai, entre le 16 et le 19 : Disco Funeral, projet conjuguant performance et réalité virtuelle, organisée par Studio Martyr, où il s’agit de traverser en accéléré la temporalité d’une teuf, en immersion 3D, au milieu de spectres ! Another Deep performance audiovisuelle en direct de Sébastien Robert et Mark IJzerman autour du projet d’une exploitation minière en eaux profondes dans la région du Svalbard (Norvège) et de ses implications environnementales. Pas de deux, d’Anna-Marija Adomaityte, une figure chorégraphique vue par l’artiste comme la structure dansée de l’imagerie normative de l’hétérosexualité. Ou bien encore Je suis une montagne d’Eric Arnal-Burtschy,où le.la spectateur·rice, placé directement sur la scène, est invité·e à être arbre, rocher et montagne et à se laisser traverser par les éléments.

MARC VOIRY

Biennale des Imaginaires Numériques
Du 14 au 19 janvier
Divers lieux, Istres, Aix-en-Provence, Marseille

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