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AccueilCinéma « Ça arrive », La culture du viol vue du commissariat

 « Ça arrive », La culture du viol vue du commissariat

Dans Ça arrive, Sabrina Nouchi enferme les spectateurs dans un commissariat marseillais avec la « brigade des mœurs »

Une femme le visage en sang, vêtue de ce qui ressemble à une blouse bleue d’hôpital, nous fait face sans nous regarder. Ses yeux noirs sont fixes, Elle paraît absente à elle-même. Voilà l’affiche-choc du cinquième long métrage de Sabrina Nouchi : Ça arrive, en salle le 27 novembre.

Un film marseillais à tout petit budget, tourné en une semaine, dans la lignée du cinéma guérilla. Un récit localisé dans un commissariat du 1er arrondissement de la cité phocéenne. Dans les rôles principaux, trois comédiens complices : Andrea Dolente, Milo Chiarini et Catherine Sorolla (par ailleurs co-scénariste), tous trois coachs au sein de l’école fondée par la réalisatrice : La Fabrique de l’acteur. Dans les rôles secondaires Sabrina Nouchi elle-même, et des élèves dont le jeu n’a plus rien de scolaire.

Le dispositif est a minima : on restera en huis clos dans les locaux de la brigade des mœurs de Marseille – appelée désormais la Brigade de répression du proxénétisme. Là, Sébastien Virende, officier de police en fin de carrière, remplace son major depuis quelques mois. Il travaille depuis longtemps avec une collègue chevronnée, Johanne Belaga, et depuis peu, avec une nouvelle recrue Anthony Rizzo. Qui « drague » Johanne.

Ça n’arrive pas qu’aux autres

Chaque jour, avec professionnalisme, sans manifester d’affects, ils recueillent les plaintes de victimes de viol, démêlent dans leurs récits ce qui est dit, ce qui est tu, ce qui pourrait être affabulation. Ils gèrent les explosions de violences, les effondrements, les confrontations entre accusé et accusateur. Sans savoir ce que fera la justice des uns et des autres. Malgré l’humour, les fous rires entre deux drames, l’amitié qui les soude, ils sont souvent tentés de démissionner tant il est difficile de prendre sur soi à longueur de journée toute cette souffrance, d’entrer dans cette intimité saccagée. Parfois, comme eux, on hésite devant une histoire d’amour interdite entre une handicapée mentale et son éducateur : la loi est-elle toujours juste ? Dans le jeu sexuel consenti, à quel moment les choses peuvent-elles déraper ?

La  réalisatrice, en juxtaposant les dépositions, donne à entendre la complexité de chaque cas, et à voir l’omniprésence de la violence dans nos sociétés à travers une quinzaine de situations savamment orchestrées. Le titre l’indique bien, Ça arrive, et pas qu’aux autres. Surtout aux femmes, quand même. Ménagère de moins de 50 ans, vieille femme de plus de 80, assistante sociale, marginale, professeure, hétéros, homosexuels, et même policière…

On pense forcément à Police de Maïwenn, en plus modeste et plus concentré sur le sujet du viol. On pense aux chiffres toujours effrayants : 114 000 enregistrements pour violence sexuelles en 2023, sachant que beaucoup de victimes ne portent jamais plainte.

ÉLISE PADOVANI

Ça arrive, de Sabrina Nouchi

En salles le 27 novembre

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