« Créer un environnement où le visiteur se sente au cœur d’une forêt ». Cette intention anime l’accrochage imaginé par Lélia Wanick Salgado, scénographe-commissaire de l’exposition Amazônia et épouse du photographe Sebastião Salgado. La forêt amazonienne se partage entre neuf pays d’Amérique du Sud, dont 60 % en terre brésilienne. Vaste comme dix fois la France, le territoire abrite moins de quatre-cent-mille habitants qui pratiquent quinze dialectes différents. Agrégeant sept années d’expéditions, le dispositif se divise en trois espaces. La Grande Chapelle rassemble deux-cent clichés réalisés auprès de douze communautés indigènes et trois ocas. À l’intérieur de ces habitations autochtones, sept films réalisés spécialement pour l’exposition, compilent des récits du quotidien délivrés par des membres des diverses communautés.
En immersion
« Je suis né dans un pays musical. Les indigènes chantent beaucoup, jour et nuit, sauf au moment de la chasse. Amazonia s’assimile à un voyage en forêt. On y entre par les airs ou en bateau. On suit le fleuve. La forêt devient touffue jusqu’à l’espace où l’on peut rencontrer les tribus. » En lien avec les mots de Sebastião Salgado, l’immersion à l’intérieur de la Grande Chapelle, s’enveloppe dans une partition signée Jean-Michel Jarre. Le musicien mêle des boucles orchestrales ou synthétiques, évoquant les timbres de la nature. S’y ajoutent des sons de l’environnement et des éléments récupérés dans les archives sonores du musée ethnographique de Genève. La Sacristie Sud accueille une projection de cent-dix photos paysagistes au rythme de Érosion, Origine du fleuve Amazone, poème symphonique composé par Hector Villa-Lobos.
Le même nombre de vues alimente Portraits d’indigènes. Sis dans la Chambre neuve du camérier, le diaporama se déroule, cette fois, sur la partition composée pour l’occasion par Rodolfo Stroeter. Amazônia nous immerge dans un poumon en danger au cœur d’un monument emblématique d’un passé glorieux, le pari s’annonce judicieux au moment tant de questions absorbent l’avenir.
MICHEL FLANDRIN
Amazônia Jusqu’au 30 novembre Palais des papes, Avignon 04 32 74 32 74 palais-des-papes.com