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Composer ses a(e)ncrages

Invitée pour une Tournée générale des librairies du Sud, Alice Zeniter a évoqué quelques pans de son œuvre

À son étape de Pertuis, en primeur, la romancière, traductrice, scénariste, dramaturge et metteuse en scèneAlice Zeniter offrait au public de l’auditorium de la médiathèque des Carmes les premières pages de son prochain roman. « Je ne l’ai même pas encore envoyé à mon éditrice ! » 

La voix de l’autrice se pose sur ses lignes toutes fraîches, rythme fluide, nuancé, vivant dans la théâtralisation subtile des pensées des personnages. On ne divulguera rien, sinon que cela se déroule entre la métropole et la Nouvelle Calédonie ! Il faudra attendre la fin de l’année pour lire enfin ce qui s’annonce comme un petit bijou de finesse, d’humour et de pertinence dans son examen du passé colonial, thème qui n’est pas sans évoquer celui de L’Art de perdre

Lors de son entretien avec Élodie Karaki, l’autrice revenait sur le voyage, le motif de la traversée, si fécond. Employé déjà dans L’Art de perdre, le voyage n’est pas qu’un trajet. Elle revient aussi sur une technique d’écriture qui lui est familière : les personnages se racontent à eux-mêmes dans une mise en abîme du récit. « Quand je crée un personnage, ce ne sont pas deux adjectifs qui le définissent, mais sa voix intérieure qui fait la narration. J’ai ainsi tendance à vouloir croire que même le dernier des racistes a une petite voix derrière lui qui lui dit qu’il est con. Ce n’est pas chercher des excuses, mais les êtres monobloc ne m’intéressent pas, c’est pour cela que je les construis comme des poupées russes afin qu’ils soient dotés de plusieurs épaisseurs. » 

La publication d’ouvrage féministe a aiguisé sa façon d’accéder à des manières politiques d’analyse : « Les questions en elles-mêmes sont très belles : quand je vois des gens qui se demandent pourquoi il faut détruire certaines choses, les repenser, c’est extrêmement stimulant. Les livres décloisonnent, changent nos angles de vue ». Elle écrivait déjà, dans Toute une moitié du monde qui recense l’écriture invisibilisée des femmes, mais aussi et surtout l’expérience, pour une femme, de lire (enfin) des femmes  « dès qu’on porte le regard un peu plus loin, on s’aperçoit que mille lignes se poursuivent ».

MARYVONNE COLOMBANI

Alice Zeniter était présente à Pertuis le 16 février (médiathèque des Carmes) dans le cadre des Nouvelles Hybrides, le 14 février à Marseille (L’hydre aux mille têtes), le 15 février à La Seyne-sur-Mer (Librairie Charlemagne) le 17 février à la Ciotat (Cinéma Eden) dans le cadre des Tournées générales de Libraires du Sud
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