C’était, pour sa quatrième édition, la première collaboration de la Biennale avec la ville d’Istres et la régie culturelle Scènes et Cinés. Elle a donné naissance à deux propositions : une exposition et une performance au Polaris centre d’art d’Istres des derniers travaux de l’artiste Yassine Aït Kaci, images numériques de diverses façades d’architectures luxueuses verticales. Et à L’Usine Mire de Jasmine Morand, proposition chorégraphique que l’on regarde allongé·e·s sur le dos, à travers un miroir fixé au-dessus d’une scène circulaire circonscrite par une cloison haute.
De miroir en transats
Mais c’était Mirekids, qui, à la suite du vernissage à Polaris, était proposée à L’Usine. Soit la version jeune public de Mire, qui, dans sa version adulte, met en scène douze danseur·euse·s nues [lire p.XV]. Dans cette version « kids », iels ne sont plus que huit, et habillé·e·s de jeans et de t-shirts, colorés d’orange, de violet, de bleu, de rose par les projecteurs. Et enchaînent, en fondus-enchaînés doux, des séries de combinaisons géométriques kaléidoscopiques et colorées, lignes géométriques et figures en étoiles autour du centre. Allongé·e·s au sol tout autour de la cloison fine qui délimite la scène, on contemple paradoxalement en vue plongeante les évolutions des interprètEs dans le miroir. Qui, de temps en temps, ont comme des effets d’apesanteur, et évoquent parfois des ballets aquatiques synchronisés.
Le 17 janvier à la Friche La Belle de Mai, on s’allongeait aussi pour Je suis une montagne, création d’Éric Arnal-Burtschy promettant au spectateur d’être, tel une montagne, traversés par les éléments. « Il sera arbre, rocher et montagne, les éléments vivront autour de lui, à travers lui et en lui ». Cinq rangées de huit transats en nylon sont suspendus à des portiques métalliques, sur lesquels chacun·e s’installe, équipés pour celles et ceux qui le souhaitent d’un poncho fin pour la pluie, de lunettes de protection pour les éblouissements, et de bouchons d’oreille pour les volumes sonores. Une expérience à ressentir plutôt les yeux fermés, nous indique l’artiste. Elle débutera par la diffusion spatialisée de somptueux claquements et roulements d’orage, se poursuivra par une création sonore et musicale répétitive, à la trame au début douce et espacée, puis de plus en plus resserrée, brute et amplifiée. Pendant les 40 minutes de cette écoute musicale, on sera gentiment ventilé, éclairé, ébloui, chauffé, trembloté, aspergé.
MARC VOIRY
Mirekids était présenté le 16 janvier à L’Usine d’Istres, Je suis une montagne était présenté le 17 janvier à La Friche Belle de Mai, Marseille.
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