lundi 25 novembre 2024
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Le souffle de la jeunesse sur le festival d’Aix

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Concert de l’OJM le 1Concert du 3 juillet au Conservatoire Darius Milhaud-Festival d'Aix-en-Provence 2022 © Vincent Beaume

On ironise souvent sur la moyenne d’âge des publics des grands concerts classiques ou lyriques (et pas seulement d’ailleurs !). Les manifestations liées à l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM), ce fabuleux ensemble placé sous le signe du dialogue interculturel et soutenu depuis ses débuts par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, et au réseau professionnel Medinea (MEDiterranean INcubator of Emerging Artists), gagnaient, outre l’affluence du public « traditionnel », une nouvelle vague de spectateurs, jeune, cultivée, connaisseuse des codes des musiques, car il s’agissait alors des musiques du monde, classiques, populaires, porteuses des plus beaux ferments des civilisations qui ont fleuri sur le pourtour méditerranéen, racontant la beauté des diverses cultures dans leur expression la plus noble, l’art.

Odyssée fantastique

Clôturant la session Medinea de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, le concert né sous l’égide de Fabrizio Cassol rassemblait vingt-cinq jeunes musiciens issus d’Espagne, Grèce, Italie, France, Maroc, Syrie, Tunisie, pour une Odyssée fantastique arpentant grâce aux improvisations de chacun les différents modes, registres, répertoires, des traditions de leurs contrées d’origine. Les instruments « européens » et « orientaux » se croisent, se mêlent, trouvent des harmonies, des accords, des hauteurs où la virtuosité des interprètes livre de superbes éclats dans une émulation joyeuse. L’assistance apprécie avec jubilation les traits inventifs des participants, scande les passages les plus rythmés, encourage les phrasés agiles. L’une des jeunes chanteuses esquisse quelques pas de danse tandis que la soprano Claron McFadden glisse des airs aux variations subtilement orchestrées.  Les instrumentistes de l’OJM allaient écouter leurs homologues. On les voyait dans le public de l’Hôtel Maynier d’Oppède écouter avec enthousiasme l’accordéon de João Barradas qui, à même pas trente ans a séduit le monde entier par ses talents de compositeur et d’interprète. Son travail reposait le 12 juillet sur un corpus improvisé. Les nappes sonores installent de larges vagues sur lesquelles flottent parfois des notes esquissant un début de mélodie, fragments de pensée qui peu à peu s’organise, découvrant de nouvelles possibilités de langage à un instrument aux capacités étonnantes. Un écho d’Amérique latine venait en rappel, soulignant l’art multiple et sûr de l’accordéoniste.

Improvisations brillantes

Autre voyage, celui dans lequel nous entraînait le pianiste de jazz, pour la première fois à Aix-en-Provence, Tarek Yamani accompagné des étoiles montantes du jazz que sont Igor Spallati (contrebasse) et Marc Michel (Batterie). Ses propres compositions, parfois construites sur des rythmes anciens, 10/8 par exemple, répondaient avec une superbe fluidité aux références nombreuses qui peuplent l’imaginaire de l’artiste, Jobim et son Brésil, Coltrane, les échos du dabkeh, des modes rast, baya, hijaz. Les improvisations brillantes, aux amples développements (dont certains passages font penser à des pages de Debussy ou de Ravel), dessinent leurs orbes moirés, tandis que contrebasse et batterie se livrent à de somptueux mouvements. La magie, concrète, trouve de nouveaux accords.

MARYVONNE COLOMBANI

Concert de l’OJM le 13 juillet au Conservatoire Darius Milhaud, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence
Concert de João Barradas le 12 juillet, Hôtel Maynier d’Oppède, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence
Concert de Tarek Yamani le 23 juillet, Hôtel Maynier d’Oppède, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence

Focus sur la scène franco-portugaise à Marseille

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Wilfrid Almendra, VLZ310, later, 2019. Moco 100 artistes dans la ville - ZAT 2019, Montpellier. Crédit : Marc Domage

Né en 1972 en France, Wilfrid Almendra se partage entre son atelier installé à La Rose à Marseille et Casario (Portugal) où il a créé la Maison Adelaïde. Deux lieux atypiques et deux cultures qui définissent remarquablement l’artiste qu’il est aujourd’hui, initiateur d’un projet fédérateur fondé sur le troc, l’économie alternative, le recyclage, le don, la transmission. À cent mille lieux du discours formaté ou consensuel, son propos repose sur une façon de vivre et de créer héritée de son environnement familial et de ses expériences, de son respect pour le travail de l’artisan et de l’ouvrier auxquels il rend hommage à travers deux installations monumentales au Frac et à la Friche la Belle de Mai. Il investit totalement les espaces en tenant compte des volumes, de la transparence des baies vitrées et des variations de lumière : deux propositions complémentaires où chaque détail, même le plus infime, est remarquable, déclinées autour d’une même grammaire de matériaux et d’objets « qui transpirent une mémoire, une histoire » (gravats, plumes de paon, verre, gants, savates et bonnets usagés, ballon) sur lesquels on ne porte plus notre regard. Objets-sculptures finalement « classiques » par leur effet trompe-l’œil ! Comme s’il s’agissait de réactiver leur passé à travers une mise en abyme artistique.

Face cachée

Deux paysages à traverser entre deux sites qui parlent de gens – amis, artistes, artisans, famille –, de points de vue, de regards sur des éléments de vie (des traces ?) complexes et fragiles à la fois. Une verrière composée de plaques de récupération occulte la baie du Frac donnant sur la terrasse, emprisonne des herbes folles vouées à disparaitre, la mauve ou le chardon, que le temps de l’exposition se chargera de laisser flétrir naturellement… Un champignon sculpté colonise un pylône de béton à la surface floquée, un nid d’abeille s’immisce dans le repli d’une dalle de pierre où quelques figues s’épanouissent au soleil… Un paon géant domine de toute sa puissance argentée un énorme réservoir d’eau usagé, il a bizarrement perdu ses couleurs… Chaque élément tisse une histoire qui en suggère une autre, à savoir celle que nous projetons nous-mêmes sur les choses quotidiennes ou familières. Wilfrid Almendra déplace notre regard en jouant sur la face cachée des choses, en élaborant des paysages évolutifs, réceptifs à la poussière, à la lumière, aux effets du temps. Une notion fondamentale dans la démarche de cet artiste qui « aime l’idée que l’on ne maitrise pas tout ».

Le geste politique d’Ângela Ferreira

Timbre Algérie 1981 © Ângela Ferreira

Pensé comme un ensemble interactif, Rádio Voz da Liberdade de l’artiste luso-sud africaine Ângela Ferreira explore à travers la sculpture, le dessin mural et le son les liens de solidarité qui ont uni l’Algérie et le Portugal dans les années 70. Enregistrements et archives documentent son dispositif conçu comme les vestiges d’une histoire politique douloureuse commune : le colonialisme et la dictature. Ici, La Voix de l’Algérie et La Voix de la Libération – deux radios sœurs interdites utilisées comme des instruments de lutte contre le fascisme – sont évoquées à travers la construction de deux tours sculptées aux dimensions imposantes, en position volontairement dominante. Sur les cimaises, des photos anciennes reprennent vie une fois transposées en peintures pour lutter contre l’oubli. Née en 1958 au Mozambique, installée au Portugal qu’elle a représenté à la Biennale de Venise en 2007, Ângela Ferreira inscrit une nouvelle fois son œuvre dans le sillage des formes historiques d’activisme artistique. 

Le dessin architectural de Ramiro Guerreiro

« Dans l’architecture, le dessin est un dessein. Pour ce projet, au contraire, le dessein est le dessin » écrit l’artiste lisboète Ramiro Guerreiro à propos de son exposition Le Geste de Phyllis. Un postulat qui donne tout son sens à son travail en résonance avec le plateau expérimentations, son architecture accidentée et ses ouvertures. Invité par le Château de Servières dans le cadre de la Saison du dessin, il réalise in situ un dessin matérialisé en aplats et en volumes selon une construction savante, inspirée des expériences modernistes du XXe siècle qu’il interroge, critique, prolonge. À sa manière, en traversant l’espace, s’y projetant, le quadrillant, en dénonçant l’architecture business et la surenchère financière actuelles où l’esthétique n’est plus l’essentiel. Où seuls les plus-values comptent. Discours sous-jacent à la forme – le dessin comme « outil de la pensée » – qui prend appui sur le témoignage de Phyllis Lambert, fondatrice du centre canadien d’architecture, qui s’était élevée contre la spéculation immobilière dans une interview explosive ! Comme Rádio Voz da Liberdade,Le Geste de Phyllis de Ramiro Guerreiro force l’admiration par sa qualité plastique autant que conceptuelle.

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Adélaïde, Wilfrid Almendra
Jusqu’au 16 octobre, à la Friche la Belle de Mai et jusqu’au 30 octobre au Frac
Rádio Voz da Liberdade, Ângela Ferreira
Jusqu’au 22 janvier, au Frac
Le Geste de Phyllis, Ramiro Guerreiro
Jusqu’au 25 septembre, au Frac

À voir également à la Friches la Belle de Mai :

Jaimes, jusqu’au 16 octobre, proposition Triangle-Astérides
Murmurationsvolet 2, du 3 septembre au 16 octobre, proposition Fraeme
frac-provence-alpes-cotedazur.org
lafriche.org

Musées de Marseille : un patrimoine qui doit rendre fier et à s’approprier

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Nicolas Misery est le nouveau directeur des Musées de Marseille ©DR

Diplômé de l’Institut National du Patrimoine et docteur en Histoire de l’art de la Renaissance, Nicolas Misery, 39 ans, est passé par la Maison européenne de la photographie et le musée Albert Kahn. Spécialiste de Parmigianino, Corrège et Girolamo Mazzola Bedoli,ses travaux de recherche portent actuellement sur l’histoire artistique de Parme.

Zébuline. Marseille n’est pas perçue comme une ville au patrimoine muséal important. Est-ce un cliché de plus ?

Nicolas Misery. C’est quelque chose que j’ai déjà entendu et, pour ne pas être Marseillais, qui m’étonne beaucoup. Il y a, dans la plus ancienne commune de France, des collections merveilleuses, d’un niveau international, qui rassemblent 120 000 objets de l’Antiquité au monde contemporain. Les habitants de la ville doivent avoir le sentiment que ce patrimoine leur appartient et qu’il est vecteur de fierté. C’est une piste de travail importante, identifiée par la municipalité, avec la nécessité d’une réappropriation par les Marseillaises et les Marseillais.

Par quels moyens et quelles actions ?
Un des premiers actes politiques forts de cette municipalité est la gratuité pour toutes et tous et sans conditions de l’accès à l’ensemble des collections et des parcours permanents des quatorze musées. On peut donc aller contempler une œuvre, un objet, partir et revenir autant de fois qu’on le souhaite. C’est un geste symbolique rare à l’échelle française et internationale qui est le premier signe d’un engagement pour la revalorisation et la découverte du patrimoine. Et ce n’est pas le seul. Notre programmation culturelle est à destination d’un grand nombre de publics – scolaires, adultes, personnes en situation de handicap, personnes éloignées du champ culturel… – dans l’ensemble du très vaste territoire marseillais et la plupart du temps en partenariat avec des acteurs culturels. Je suis très attaché au fait que nos expositions temporaires doivent toujours avoir un lien étroit avec nos collections. C’est le cas avec l’exposition sur Vieira da Silva qui se nourrit pleinement de la collection permanente du musée Cantini qui l’accueille. Elle fait écho à une acquisition souhaitée par la municipalité en 2020.

« On peut aller au musée très simplement, comme on va dans une librairie ou au café, pour y passer un quart d’heure. »


Peut-on déjà tirer un bilan de cette gratuité ?
On en tire plusieurs. C’est d’abord un accroissement de la fréquentation. C’est aussi un usage transformé. On peut aller au musée très simplement, comme on va dans une librairie ou au café, pour y passer un quart d’heure. Cela nous pousse à imaginer d’autres choses, à travailler plus en profondeur et de façon plus événementielle autour de nos collections afin de les partager davantage.

Quelle est votre politique d’acquisition d’œuvres ?
Elle est importante et nous sommes en train de réfléchir à la rendre plus lisible. L’objectif est de répondre à plusieurs enjeux. Compléter un aspect de collection, comme c’est le cas avec les artistes surréalistes, à l’image de Jules Perahim. Soutenir la création contemporaine. Soutenir les artistes vivants du bassin méditerranéen. Vous découvrirez les nouvelles acquisitions dans les mois à venir.

Où en est le musée d’art contemporain ?
Aux dernières phases des travaux. Le parcours permanent est presque conçu. L’accrochage interviendra dans les mois à venir, avec des collaborations avec le Cnap (Centre national des arts plastiques, ndlr), le Centre Georges Pompidou et d’autres grandes collections pour faire dialoguer et rayonner encore plus la collection. Le lieu a été repensé pour être plus ouvert, connecté au parc de sculptures qui est à l’arrière du bâtiment, à l’environnement paysager et au quartier. Il y aura également un toit-terrasse pour proposer des performances. Et nous préparons parallèlement l’exposition de réouverture comme une fête. Il s’agit d’une artiste avec laquelle nous avons déjà travaillé et dont nous gardons un très bon souvenir. Je joue encore un peu le suspens. Rendez-vous à l’automne ou fin 2022.

À côté des musées identifiés comme Cantini, Borély ou les Beaux-Arts, il y a aussi ceux, plus modestes et méconnus comme le musée des Docks romains…
C’est pourtant un concentré de l’histoire antique marseillaise, en plein milieu du centre de Marseille, qu’il faut découvrir. Le musée d’histoire de Marseille organise déjà des visites couplées. Des balades urbaines permettent de passer par différents lieux et de mettre en cohérence l’ensemble de nos établissements et du patrimoine. Après quelques travaux, le Mémorial de la Marseillaise sera bientôt prêt à retrouver ses visiteurs.

«La démocratisation culturelle est encore très largement à construire»


Quelles relations voire collaborations envisagez-vous avec les établissements qui ne relèvent pas de la ville ?
Notre volonté est de travailler en partenariat avec de très nombreux acteurs du territoire. Le Mucem est un voisin et un ami des musées de Marseille. Nous préparons plusieurs projets, notamment celui d’une exposition rétrospective de l’artiste d’origine égyptienne Ghada Amer qui proposera trois parcours, au Mucem, au Frac et à la Vieille Charité, en décembre 2022.

Les grandes expositions se sont faites rares ces dernières années. Allez-vous y remédier ?
Nous présentons actuellement au Centre de la Vieille Charité, Objets migrateurs, trésors sous influence qui est une exposition qui s’étend de façon inédite. C’est presque la plus grande en termes de volumes que nous ayons eu et elle est très ambitieuse en termes de prêts. L’année précédente, nous avons proposé l’exposition sur le surréalisme dans l’art américain… Et il y en aura d’autres. Mais il ne faut pas négliger le contexte de crise sanitaire qui a énormément déstabilisé le secteur culturel et qui nous a amené aussi à réfléchir différemment, à repenser nos moyens de production au prisme d’enjeux économiques mais aussi environnementaux. Ce sont des paramètres que je souhaite mobiliser pour réfléchir à la programmation et peut-être, qui sait, donner une définition remise à jour de ce qu’est une grande exposition. Et celle sur Vieira da Silva, première exposition rétrospective dédiée à une femme au musée Cantini, est à mon sens une grande exposition.

L’Été marseillais s’installe-t-il également dans les musées ?
C’est important pour nous de répondre à cette belle initiative qui est transversale. Cela va créer une effervescence particulière dans les musées qui sont mobilisés. C’est l’occasion de redonner des coups de projecteur sur nos collections, de créer des visites événements, d’inviter des artistes du spectacle vivant, etc. Ma volonté est de monter en puissance dans l’engagement des musées dans le cadre de l’Été marseillais, à l’horizon des années à venir.

Quelles sont les priorités de votre direction ?
Permettre à chacune et à chacun de bénéficier d’une expérience culturelle et muséale forte, que l’on soit dans un quartier central de Marseille ou éloigné. La démocratisation culturelle est encore très largement à construire et nous réfléchissons à la question du hors les murs. Beaucoup d’artistes et de compagnies s’installant à Marseille, il y a nécessité de faire synergie. Les musées peuvent jouer le rôle d’animateurs de réseau à un niveau territorial. Il nous faut aussi réfléchir à la place des musées de Marseille à l’échelle méditerranéenne.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS

À voir :
Simplement jaune, jusqu'au 18 septembre 
Château Borély 
Résistants, une génération oubliée, jusqu'au 31 décembre 
Mémorial des déportations 
Trafics !, jusqu'au 6 novembre 
Muséum d’histoire naturelle 
Objets migrateurs, trésors sous influence, jusqu'au 18 octobre 
Centre de la Vieille Charité 
Vieira da Silva, l’œil du labyrinthe, jusqu'au 6 novembre 
Musée Cantini
musees.marseille.fr

Mucem : tant d’histoires à raconter

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Pharaons Superstars Graepheme Sceno, juin 2022 © Jean-Christophe Lett/Mucem

Les Pharaons ? Des Superstars !

Dès l’abord, sur la façade du Mucem, elle s’affiche comme l’événement de la saison estivale, aux côtés de la magnifique exposition consacrée à l’émir Abd el-Kader Ibn Muhyî ed-Dîn (jusqu’au 22 août, lire Zébuline n°1). Pharaons Superstars se tiendra quant à elle jusqu’au 17 octobre. Amplement le temps, pour les touristes et les Marseillais, d’en prendre plein les mirettes. Car ses deux commissaires d’exposition, Frédéric Mougenot, conservateur du patrimoine au sein du Palais des Beaux-Arts de Lille, et Guillemette Andreu-Lanoë, directrice honoraire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, ont choisi délibérément d’opérer un grand écart entre la profondeur des siècles et le kitsch contemporain le plus virulent. Profondeur des millénaires, devrions-nous dire, puisque – le saviez-vous ? – il s’est écoulé plus de temps entre le règne de Khéops (vers 2 635-2 605 av. J.-C.) et celui de Cléopâtre (de 51 à 30 av. J.-C.) qu’entre le règne de cette dernière et les premiers pas de l’Homme sur la Lune. De l’aube de l’Antiquité égyptienne jusqu’à nous, l’exposition couvre, sans frémir, une période de 5 000 ans.

Ce, grâce aux prêts d’autres musées de premier plan : le Louvre, Orsay, le British Museum, les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, le Kunsthistorisches Museum à Vienne, le Museo Egizio à Turin, ou encore le musée Calouste-Gulbenkian à Lisbonne, où elle sera présentée par la suite, du 24 novembre 2022 au 6 mars 2023. Ont également contribué aux quelques trois-cents pièces rassemblées, la Bibliothèque Nationale de France, ainsi que les structures locales, musée d’archéologie méditerranéenne et bibliothèques de Marseille. Cette diversité de provenance montre à quel point l’héritage égyptien a été convoqué partout. Mais pas de la même manière. Cléopâtre, par exemple, a généré deux visions très différentes de sa personne, selon l’aire culturelle où sa figure « historique » a perduré, avant d’être déclinée en de multiples caricatures. Mal aimée à Rome pour avoir préféré Marc Antoine à César, elle a en Occident une image de séductrice libidineuse (« les historiens romains ont voulu pourrir sa réputation », explique Frédéric Mougenot). Sur les murs de l’exposition, au détour d’une citation d’Al-Masudi (encyclopédiste du Xe siècle), on apprend qu’en revanche, dans le monde arabe classique, qui se base sur des sources locales, c’est sa mémoire de reine savante, fine administratrice, auteure de traités de médecine, qui est célébrée.

Et aussi des oubliés de l’histoire

Vignon Claude (1593-1670). Rennes, musée des Beaux-Arts. Cléopâtre se donnant la mort © MBA, Rennes, Dist.RMN-Grand Palais, Patrick Merret

Le propos de Pharaons Superstars consiste à souligner une fameuse ironie : l’objectif des souverains d’Égypte était de rester impérissables. « Ils ont tout mis en œuvre pour cela, et certains ont réussi leur coup », souligne le commissaire. Très peu, toutefois, et, selon les caprices de la postérité, pas ceux dont on aurait pu croire qu’ils résisteraient à l’usure du temps, au vu de leur grandeur première. Le grand guerrier Sésostris III, le bâtisseur Amenhotep III, le conquérant Thoutmôsis III ont disparu dans les oubliettes de la chronologie. Alors que ce dernier, en témoignent les amulettes de protection où figure son cartouche, a été considéré comme quasiment divin, objet d’un culte populaire longtemps après sa mort. Sans doute fallait-il laisser des traces plus importantes, ce qu’avaient compris d’autres anciens rois. Un énorme poing en granit marque le parcours : un fragment (!) de colosse, celui de Ramsès II, sculpté au XIIIe siècle avant J.-C..

La belle Néfertiti a résisté à l’oubli, bien que ses représentations aient été soigneusement martelées, pour effacer le souvenir de sa participation, avec son époux Akhenaton, à une réforme religieuse inacceptable. Mais que demeure-t-il d’elle, hormis ce fameux buste aux proportions si harmonieuses qu’il en perd toute crédibilité ? Si son visage est devenu une icône au XXe siècle, c’est parce qu’il correspond aux canons esthétiques de notre modernité. Voilà qui est révélateur de nos obsessions. Dans la dernière partie du parcours, c’est en effet ce qui saute aux yeux, à travers, notamment, les œuvres contemporaines. Le plasticien franco-marocain Mehdi-Georges Lahlou, par exemple, en 2014, remplaçait par ses traits ceux de la reine, sur une réplique du buste en question, pour appuyer sa réflexion sur le genre et la célébrité. « Si Khéops est utilisé pour nous vendre des shampooings, s’amusent les concepteurs de l’exposition, cela ne dit rien de lui, mais beaucoup de nous ! » .

L’interprétation de nos rêves

Pour aller plus loin, le Mucem et Actes Sud ont publié, sous la direction de Frédéric Mougenot et Guillemette Andreu-Lanoë, le catalogue de l’exposition. Jean-François Chougnet, président du musée, y relève avec acuité que l’égyptomanie, dont l’attrait s’est maintenu à travers les âges, s’appuie sans doute sur la fascination  de l’espèce humaine pour la mort. Souverains visant l’immortalité, momies quelque peu morbides… Sous les dorures, apparaît un « retour du refoulé » très freudien. D’autant qu’une force libidinale détonante lui est, comme de juste, intrinsèquement liée : ah, les multiples déclinaisons de Cléopâtre, mordue par un serpent des plus phalliques, amplement dénudée, de l’histoire de l’art !

Humanité en mouvement

En contrepoint total à ces Pharaons Superstars, une autre exposition attend les visiteurs dans le bâtiment Georges Henri Rivière au fort Saint-Jean. Mathieu Pernot, diplômé de l’École nationale de la photographie d’Arles, s’attache aux invisibilisés d’aujourd’hui. Il compose des récits à plusieurs voix en mêlant images d’archives, prises de vue documentaires, vidéos, manuscrits, objets trouvés, et croise les disciplines, utilisant astronomie, botanique, anatomie, ou encore cartographie, pour réaliser un Atlas en mouvement qui évolue et s’enrichit au fil des années. Ayant longtemps suivi des personnes migrantes, trop souvent réduites à un statut de victimes indésirables, il a cherché de nouvelles manières de les représenter. Pour ce faire, le photographe a questionné les flux de déplacement, choisis, contraints ou empêchés, les modes d’habitat, la mémoire que conservent les lieux des personnes qui les traversent, ou qui y résident un temps. Sa façon de marquer le pas, de souligner le sillage fugace des exilés, pour joindre leur expérience à l’histoire commune. Notez que l’exposition fait partie de la programmation Grand Arles Express des Rencontres d’Arles 2022.

GAËLLE CLOAREC

Pharaons Superstars, jusqu'au 17 octobre
L'Atlas en mouvement, jusqu'au 9 octobre
Mucem, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org

Et aussi :

Abd el-Kader, jusqu'au 22 août
La Chambre d'amis : Musée national de la Marine, jusqu'au 22 août
Abécédaire Une autre Italie, jusqu'au 10 octobre
Mucem, Marseille
Même pas vrai !, jusqu'au 4 novembre
Centre de conservation et de ressources du Mucem, Marseille

La parade du design

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Villa Noailles, Boubetra Jessica © Grégoire Couvert

Formidable vitrine pour les jeunes créateurs de design et d’architecture intérieure, le festival Design Parade Hyères (2006) et Toulon (2016) a depuis longtemps acquis ses lettres de noblesse. Le week-end d’ouverture, le public était nombreux à arpenter les jardins et les pièces de la Villa Noailles conçue par Robert Mallet-Stevens en 1928. Là où, précisément, dix designers finalistes au concours bénéficient d’une forte visibilité et d’une scénographie qui fait la part belle à l’inventivité formelle et aux recherches sur les usages, le recyclage, la fabrication vertueuse, l’ergonomie. Notre coup de cœur va aux objets créés par Claire Pondard & Léa Pereyre, Anima II, inspirés du monde marin animal, dont l’oscillation varie selon les mouvements du public, l’air, le vent… Intéressées par la matérialisation de notre environnement numérique, les deux artistes suisses transforment la matière plastique découpée au laser en forme organique vivante. Et fantastique.

Objets modernes

Hors concours, on retiendra de cette profusion d’œuvres et de mises en scène la fresque monumentale d’Adrian Geller qui recouvre le grand escalier de la piscine d’une peinture florale aux tons sombres, fruit d’une résidence de création et d’une commande de la Villa Noailles. En écho toujours au lieu, plus précisément à la collection constituée par Charles et Marie-Laure de Noailles, l’ensemble Objets modernesse déploie dans les chambres et les salons selon une scénographie imaginée par la curatrice marseillaise Emmanuelle Luciani du Southway Studio. Les pièces d’art décoratif sont mises en miroir avec une photo d’Olivier Amsellem (table gigogne de 1925-26 de Marcel Breuer), un crayon pastel gras sur papier de Cécile Guettier (fauteuil dit Chaise Wassily de 1925 de Marcel Breuer) ou encore une photographie de Gérard Amaudric, reconstituant en version naturiste la pose de Luis Buñuel jouant à la roue allemande devant la piscine en 1930 !  

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Design Parade Hyères
Jusqu’au 4 septembre à la Villa Noailles
Design Parade Toulon
Jusqu’au 30 octobre à l'Hôtel des Arts
villanoailles.com

À Toulon, les intérieurs modernes se dévoilent

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Eileen Gray, coiffeuse-paravent, 1926-1929 (provenant de la villa E1027)

Si l’an dernier Futurissimo. L’utopie du design italien se parcourait comme un divertissement – sauf à fouiller dans le catalogue –, Intérieurs modernes 1920-1930 réussit le pari d’être attractive, instructive et esthétique. Dans une scénographie pensée par Joachim Jirou-Najou (lauréat Design Parade 2008) en osmose avec les pièces de la collection, sans esbroufe mais séduisante, chaque chapitre nous éclaire sur la révolution opérée dans les années 1920-1930 par une poignée d’architectes, d’artisans et de décorateurs ayant à cœur de mettre à profit l’héritage des arts décoratifs et d’explorer les possibilités de l’industrialisation en cours. Il ne sera bientôt plus question de décoration intérieure mais d’équipement, de mobilier mais d’ameublement à l’orée de bouleversements empiriques. À tel point que nos intérieurs actuels ressemblent à des parents pauvres des prototypes d’une cabine troisième classe conçue pour les paquebots des mers de l’époque !

Une harmonie nouvelle

En dix ans seulement, Le Corbusier et Charlotte Perriand (Cité radieuse, Marseille), Pierre Jeanneret, Robert Mallet-Stevens (Villa Noailles, Hyères), Francis Jourdain, Pierre Chareau, Eileen Gray (Villa E-1027, Roquebrune-Cap-Martin) ont révolutionné l’habitat en se délestant des codes préexistants pour entrer de plain-pied dans la modernité. Où l’utilitaire se conjuguait au présent avec un certain art de vivre… Chaque objet était reconsidéré à l’aune de la fonctionnalité et non plus du « beau » dans une période marquée par l’éloge du corps à travers la pratique du sport et l’hygiénisme ; chaque mobilier était pensé comme un couteau suisse capable de répondre à des fonctionnalités diverses. Des recherches communes autour de nouveaux matériaux, tel l’acier tubulaire peint ou laqué associé au chêne ou au textile, émergeaient avec l’idée sous-jacente de « démeublement » ! L’objet, la lumière et l’espace étaient étudiés au même plan pour atteindre une harmonie nouvelle, différente, de même la rationalisation des espaces et la notion de confort devinrent elles-aussi indissociables.

Autant de bouleversements opérés par l’Union des artistes modernes en 1929 qui réunissait quelques dissidents des artistes décorateurs désireux de s’ouvrir à l’industrie sans discorde, selon le principe d’une pensée globale. Pour les néophytes comme pour les amateurs éclairés, l’exposition est une mine d’informations (croquis, diaporamas, tirages inédits et photographies) qui permet, à travers des exemples concrets et une parfaite contextualisation, d’appréhender cette révolution qui éclabousse aujourd’hui encore « notre » modernité.

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 

1Prêts du Centre Pompidou, Centre national des arts plastiques et Musée des Arts décoratifs de Paris.

Intérieurs modernes 1920-1930
Jusqu’au 30 octobre
Hôtel des Arts, Toulon
04 94 93 37 90 hda-tpm.fr

La Villa Magdala à l’heure anglaise

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Richard Ballard © Jacques Ballard

Domaine agricole, niché au cœur d’un parc arboré de trois hectares sur les hauteurs de Costebelle, le mas Bocage a été transformé au cours du XIXe siècle en résidence de villégiature par des aristocrates anglais. Dans la seconde moitié du XXe siècle, c’est un pilote de la base aéronautique navale de Palyvestre, qui en devient le propriétaire. Sa famille conserve le domaine intact tout en l’entretenant jusqu’à sa mort en 2012. Sa nouvelle propriétaire, la psychanalyste et écrivaine Marie-Magdeleine Lessana, impliquée depuis longtemps dans un dialogue vivant avec les artistes (arts plastiques, théâtre, littérature, musique) a décidé d’en faire un lieu d’art et de culture. Un espace d’émulation artistique, avec des propositions originales, exigeantes, transversales et pluridisciplinaires, tout en préservant le caractère architectural et l’environnement naturel de la Villa.

Peinture universelle

Première exposition cet été, Entre Terres et Ciels, autour des paysages du peintre anglais Richard Ballard : né à Liverpool en 1951 (dont le père, également peintre, avait eu un certain John Lennon comme élève), reconnu internationalement, il a vécu et travaillé à Paris, et est décédé au printemps 2021. Conçue avec ses deux enfants, Jacques et Olivia, cette exposition met en perspective pour la première fois les différentes séries, aux formats multiples, de l’artiste : ciels, paysages, arbres, pylônes, fleurs… L’un de ses amis, l’écrivain Daniel Pennac, a dit à son propos : « Un peintre regarde intensément les choses et voilà que le monde se met à exister pour de bon ». Richard Ballard aimait croire à l’idée d’une peinture universelle, qui transcenderait les frontières, les cultures.

MARC VOIRY

Entre Terres et Ciels
Jusqu’au 18 septembre
Villa Magdala, Hyères
villamagdala.fr

Ulysse s’échoue à Porquerolles

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Le Songe d'Ulysse Villa Carmignac Porquerolles Jorge Peris Héroes boca a bajo 2022 © Jorge Peris coproduction Fondation Carmignac et lartiste. Courtesy de l'artiste - Photo : Marc Domage

Créée en 2000, la Fondation Carmignac s’articule autour de deux axes principaux : une collection d’art contemporain, qui comprend actuellement plus de trois-cents œuvres, et le Prix du photojournalisme soutenant annuellement un reportage d’investigation. Il fait aussi l’objet d’une exposition et d’un catalogue. Depuis juin 2018, en partenariat avec la Fondation, la Villa Carmignac, sur l’île de Porquerolles, est un lieu d’exposition accessible au public, qui propose des expositions temporaires, un jardin habité par des œuvres spécialement créées pour le lieu, ainsi qu’une programmation culturelle et artistique.

Homérique

Ulysse serait-il échoué sur l’île de Porquerolles au cours de son épopée vers Ithaque ? Y-a-t-il combattu et terrassé l’Alycastre, ce monstre envoyé par Poséidon (et sculpté par l’artiste Miquel Barceló à l’entrée de la Villa Carmignac) : la question reste ouverte. Ce qui est sûr, c’est que l’Odyssée d’Homère, et une balade sur l’île en compagnie du romancier-aventurier Sylvain Tesson, ont inspiré au directeur général de la Villa, Charles Carmignac – ex musicien du groupe Moriarty, – cette nouvelle exposition. Un parcours esthétique et mythologique, peuplé de femmes, de monstres, de héros, d’êtres fabuleux et divins, d’animaux, dont le commissariat a été confié à Francesco Stocchi (conservateur du musée Boijmans van Beuningen à Rotterdam). Soixante-dix œuvres modernes et contemporaines, issues des collections de la Fondation (Roy Lichtenstein, Cindy Sherman, Louise Bourgeois, Martial Raysse…) ou conçues spécialement pour l’exposition. À parcourir dans une scénographie imaginée par la Milanaise Margherita Palli, faite de couloirs et de croisements, de pièges et de trompe-l’oeil. À l’image du long retour d’Ulysse, avec ses bifurcations, ses impasses et ses pièges, les visiteurs sont confrontés à des choix : prendre cette voie ou lui tourner le dos, voir une œuvre et pas une autre.

MARC VOIRY

Le Songe d’Ulysse
Jusqu’au 16 octobre
Villa Carmignac, île de Porquerolles
04 65 65 25 50 fondationcarmignac.com

La Villa Arson désoriente le présente

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Luca Vitone – Panorama (Pisa), 2006 , Telescope. Courtesy of Gianni Garrera collection, Roma. Credit Jean Christophe Lett

Trois expositions cet été sont proposées par la Villa Arson. Celle de l’artiste portugaise Carla Filipe, Hóspede [hôte], imaginée dans le cadre de l’année du Portugal en France. Celle du collectif Clusterduck, Meme Manifesto, et celle consacrée à l’art italien depuis les années 90 Le futur derrière nous. Elle même reliée à l’exposition Vita Nuova au Mamac, consacrée à la scène artistique italienne entre les années 1960 et 1975.

Née en 1973, Carla Filipe vit et travaille à Porto, et s’intéresse, dans une esthétique qualifiée de lo-fi et punk, associée à des panneaux de signalétique, du graffiti et des publicités politiques pré-numériques, aux transformations politiques, économiques et sociales qui façonnent les tensions et les contradictions de notre présent. Dans son installation-exposition en 28 drapeaux, Hóspede [hôte], elle questionne les notions d’hospitalité et d’Europe.

Le collectif Clusterduck (collectif italien interdisciplinaire d’artistes, activistes, théoriciens et web designers) a décidé d’explorer le monde des « mèmes », partagés à l’infini et quotidiennement sur les réseaux sociaux (qui n’a toujours pas vu Bernie Sanders avec ses moufles ?). Avec leur installation murale associée à une installation vidéo interactive, il s’agit pour ce collectif « d’escorter les visiteurs au cœur d’un voyage dans l’inconscient collectif d’internet et de ses représentations » et de questionner leurs impacts politiques.

Quant à Le futur derrière nous, exposition organisée dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne, il s’agit d’un regard sur les trois dernières décennies de la scène artistique italienne contemporaine. À travers les peintures, installations, vidéos, arts sonores et performances d’une vingtaine d’artistes, résonnant avec les idées utopiques de leurs aînés, regard orienté par « une double hypothèse : d’une part, la désorientation du présent et, d’autre part, la relation avec l’effacement de l’histoire récente ».  

MARC VOIRY

Hóspede [hôte]
Meme Manifesto
Le futur derrière nous
Jusqu’au 28 août
Villa Arson, Nice
villa-arson.fr

Au CAC de Briançon, le concret se fait la belle

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© Anaïs Boileau

Le Centre d’Art Contemporain de Briançon est installé dans les anciennes prisons du palais de Justice de la cité Vauban et permet de découvrir la création contemporaine sous toutes ses formes, lors de rendez-vous réguliers, gratuitement. Des événements qui sont aussi hors-les-murs, comme c’est le cas, tout cet été, au parc de la Schappe, avec le travail d’Anaïs Boileau.

Née en 1992 à Nîmes, cette artiste photographe a déjà dans son palmarès de nombreuses expositions, distinctions et collaborations. On peut citer son projet Plein Soleil (inspirée par les femmes bronzant pendant des heures sur les plages du Sud de la France) qui a été présenté à New York en 2015 et à Photo Katmandou au Népal. Ses deux prix récoltés lors de la 31e édition du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de Hyères. Sa participation au festival photo de Thessalonique en Grèce au printemps 2018 ainsi qu’au festival photo Encontros da Imagen à Braga au Portugal en septembre 2019. Depuis sa première collaboration en 2015 pour M le magazine du Monde, elle travaille régulièrement pour la presse française et internationale.

À la limite du réel

Travaillant en série, inspirée par les cultures méditerranéennes, et par la peinture de Matisse, Gauguin, Neo Rauch, tout comme la photographie de Rineke Dijkstra, elle souhaite proposer une réflexion poétique sur la façon dont le territoire est pensé, vécu et raconté. « En créant des images picturales et en axant mon travail sur la couleur et la forme, j’ouvre une réflexion sur la manière dont nous pouvons représenter les choses simples de la vie quotidienne. Dans une évocation de sensations, j’aborde les différentes expériences et approches que nous avons avec les objets et ce qu’ils nous disent sur nos manières de penser et de vivre. » Des images rythmées, à la limite du réel et de l’abstraction, qu’elle compose intuitivement avec des chutes de papiers, des végétaux, des toiles chinées, des objets et matériaux de récupération.

MARC VOIRY

Anaïs Boileau
Jusqu’au 25 septembre
Centre d’Art Contemporain, Briançon
ville-briancon.fr