mardi 15 juillet 2025
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Le petit festival devient grand !

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Marie Laforge et Léo Doumène sont les fondateurs et à la direction artistiques du festival © Marion Colombani

Le tout jeune festival Côté Cour organise grâce à ses fondateurs, les musiciens Marie Laforge (flûte traversière) et Léo Doumène (harpe), sa troisième édition, investissant le territoire aixois de Pertuis à Puyricard en passant par Venelles et Aix-en-Provence. La volonté de démocratiser la musique savante conduit à explorer d’autres lieux que les grandes salles. Ici, le parvis d’une église, là un cloître, une église, des jardins, une place, accueilleront les concerts et certaines répétitions parfois commentées qui seront ouvertes gratuitement au public. « Le propos est de mêler des œuvres connues du répertoire et d’autres beaucoup moins, voire pas du tout, sourient les organisateurs, leur point commun est d’être des pièces destinées à des formations chambristes, ce qui nous laisse une grande liberté. Avec les chambristes, on peut jouer “au lego”, déplacer certains, venir en renfort, du duo au sextuor en passant par le trio, le quatuor et le quintette. » Le Quatuor Agate (Adrien Jurkovic, Thomas Deschamp, violons, Raphaël Pagnon, alto, Simon Iachemet, violoncelle) et le Trio Moïra (Marie Laforge, Raphaël Pagnon, Léo Doumène) seront ainsi rejoints par le piano d’Alexis Gournel, le violoncelle de Raphaël Jouan et l’alto de Corentin Apparailly dont sera donnée en création mondiale une œuvre composée sur mesure pour le Trio Moïra. Autre première, le chant rejoint le festival grâce à la soprano Marie Perbost pour un lumineux final. 

MARYVONNE COLOMBANI

Côté Cour
Du 2 au 6 août 
Puyricard, Venelles, Aix-en-Provence
06 28 50 36 72 
festivalcotecour.fr

Le piano en majesté à Aix-en-Provence

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Adela Liculescu © Nancy Korowitz

C’est Nicolas Bourdoncle, fils de Michel, fondateur et directeur du festival, qui ouvrira les festivités le 25 juillet avec un programme consacré à Beethoven et Chopin. Le lendemain, Nikita Mindonyants donnera la Sonate n°3 de Schumann et d’autres mazurkas et nocturnes de Chopin. Adela Liculescu se produira le 28 sur le Carnaval de Schumann et la valse de Faust de Gounod revue par Liszt.

Le jeune Mathis Cathignol, local de l’étape, interprètera le 1er août la Sonate opus 111 de Beethoven, La Couperin puis… Le Tombeau de Couperin de Ravel. Lui succèdera le 2 Jonathan Fournel pour un programme éclectique qui inclura la Sonate n°14 de Mozart, Prélude, Fugue et Variation de César Franck, et la Sonate n°1 de Brahms. 

Les deux dernières soirées s’ouvriront à la musique de chambre : le 3 août avec le Quatuor Zemlinsky, auquel s’adjoindront la clarinette de Dominique Vidal et le piano de Philippe Gueit. Le festival s’achèvera le 4 avec un grand concert où se succèderont au piano Frédéric Aguessy, Michel Bourdoncle, Florence Belraouti, Cosima Guelfucci et Jacques Rouvier, avec la complicité de Dominique Vidal et du hautboïste Thierry Guelfucci, sur un programme plus qu’alléchant : Danses slaves de Dvorak, Romance opus 17 de Rachmaninov, Vallée d’Obermann, nocturnes de Chopin… Comme un résumé de deux semaines de festival bien remplies !

PAUL CANESSA

Les Nuits Pianistiques
Du 25 juillet au 4 août
Conservatoire Darius Milhaud
Aix-en-Provence
lesnuitspianistiques.fr

Le Festival du Château, incontournable varois

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FRANZ FERDINAND © X-DR

Le château de Forbin et son grand parc se dressent depuis le XVIe siècle à Solliès-Pont, près de Toulon. C’est au pied de cette bâtisse historique que se tiendra du 26 au 29 juillet le Festival du Château, dont la programmation regorgera une fois encore de têtes d’affiche.

Franz Ferdinand ouvrira le bal le 26. On ne présente plus le groupe de rock britannique révélé dans les années 2000 et dirigé par Alex Kapranos, qui s’est féminisé ave l’arrivée d’Audrey Tait à la batterie en 2021. 

Le très attendu Renaud se produira le 27. En retrait de la scène ces dernières années, l’artiste, « toujours debout » comme le clame son album de 2016 fait son grand retour cette année dans un format plus intimiste : il reprendra ses chansons des années 1980-90, accompagné par le piano d’Alain Lanty et par un petit orchestre à cordes.

Le 28, le pianiste Sofiane Pamart fera entendre au public varois ses compositions néo-romantiques, ténébreuses mais accessibles. Bob et lunettes de soleil sur la tête mais de formation classique, le “pianiste des rappeurs” qui a collaboré entre autres avec SCH, Koba LaD et Médine a déjà fait salle comble à Bercy.

Enfin Jérémy Ferrari clôturera le festival le 29, avec son humour noir et grinçant pour son one-man show « Anesthésie Générale » autour du monde de la santé : il y sera question entre autres d’homéopathie ou de l’abandon de l’hôpital public. Le spectacle a fait un triomphe en tournée dans toute la France, un parfait remède contre le blues consécutif à la fin du festival !

PAUL CANESSA

Festival du Château
Du 26 au 29 juillet
Solliès-Pont
festival-du-chateau.com

Nuits blanches contre les idées noires

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Zaho de Sagazan © X-DR

Le festival des Nuits Blanches, né en 1998, a trouvé depuis 2009, au Thoronet, un écrin qui lui permet de relier les musiques actuelles et son projet d’aide humanitaire au Burkina Faso. Le reggae sera magnifié par la présence de Tiken Jah Fakoly dont l’engagement militant est aussi pertinent que sa musique : « on s’en sortira tous ensemble ! », prendra des détours harmonisés par la guitare d’Ofee qui aimerait « avoir le temps » sur ses propres textes rappés ou chantés. D’autres fortes personnalités féminines se retrouvent sur les scènes des trois soirées du festival, Suzane, décrite comme un « « électron libre de la nouvelle scène électro/chanson » conteuse subtile d’une « génération désenchantée » sur des pulsations enlevées ; Zaho de Sagazan et son timbre grave qui envoûte les rythmes électroniques qui l’accompagnent entre la danse et une folie que ne renierait pas Brigitte Fontaine ; Lous and the Yakuza et sa musique qui puise aux sources de la pop, du rap et du néo-r’n’b ; Marina Satti, enfin, dont les compositions jonglent avec les airs traditionnels urbains ou ruraux de la Grèce et des expériences musicales déjantées au cours desquelles elle « s’envole » (son premier single, Mantissa, « la diseuse de bonne aventure »). Les ensembles musicaux apporteront leurs couleurs trad (Guillaumin Project), latino/rock (Mamacita project), chamanique (Kévin Pichoir), pop (Free Spirits), rock alternatif (Monsieur Chétif), jazz de la New Orleans (Ramène ta trompette), chanson française (Régis et Régis), tandis que Floor Rippers nous initiera à la compétition urbaine de danse hip-hop 7 to smoke au cours de laquelle huit danseurs s’affrontent avec une verve époustouflante. 

MARYVONNE COLOMBANI

Les Nuits Blanches
Du 27 au 29 juillet
Le Thoronet
04 94 80 24 62 
lesnuitsblanches.org

Au fond des regards étranges

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© Aïda Kebadian, sans titre, huile sur toile

La Villa a une histoire particulière, liée à l’Angleterre, et à la modernité : le Mas Bocage, comme il s’appelait alors, était un domaine agricole, qui fut racheté et aménagé par des aristocrates anglais quand Hyères était une station de villégiature prisée par la reine Victoria, mais aussi par des écrivains comme Henry James, Stevenson ou Conrad qui y ont séjourné, et écrit. 

L’esprit de modernité anglais perdure dans le parc de trois hectares, acquis depuis dix ans par Marie-Magdeleine Lessana, psychanalyste, écrivaine et mécène amie des artistes. 

C’est la troisième exposition qu’elle ouvre dans son musée privé. Après Richard Ballard l’an dernier, et des artistEs sétoises au printemps, c’est à la peintre Aïda Karabelian qu’elle offre ses cimaises. 

Fantômes des génocides

On est d’emblée frappé par l’étrange tonalité des êtres qui peuplent ces tableaux. Formes immobiles, comme écrasées par un poids intérieur, ces figures aux contours flous comme des apparitions fixent cependant le regardeur très précisément, ancrant leurs yeux dans les siens, comme un reproche, une plainte, un appel. Figures humaines ou hybrides, elles ont les pieds nus des exils, et semblent empesées par des couleurs chaudes qui les brûlent, des fumées qui s’échappent, des ciels jamais bleus, des horizons quadrillés. 

D’origine arménienne, Aïda Kebadian semble porter en elle toute la mémoire et le poids du génocide, et du pays perdu. Un génocide auquel sa ma mère a assisté, mais qu’elle évoque moins. Passionnée par la peinture de sa fille, s’y est mise à son tour, à 73 ans et jusqu’à sa mort en 1995, produisant des oeuvres plus claires, employant des couleurs pures, évoquant un pays perdu avec plus de joie, et de nostalgie. Un pays que Chouchan Kebadian regrettait mais connaissait, ce qui est peut être une forme moins douloureuse d’exil. 

AGNES FRESCHEL

Aïda Kébadian
Chouchan Kébadian
Jusqu’au 17 septembre (Du jeudi au dimanche)
Villa Magdala
Hyères
villamagdala.fr

« Shahada » ou comment se débarrasser de soi-même

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Les deux acteurs sur scène, à Avignon.

Dans la lumière de la salle encore éclairée, Fida Mohissen s’avance, le regard fixé sur les spectateurs. Il semble hésiter, comme agité d’une sorte de fièvre intérieure. On est en tension, en attente. « Ça ne va pas être facile » nous dit-il. Il a quelque chose à nous dire, à partager. Puis il se lance, bafouillant presque, d’une voix douce et posée. Peu à peu il va dérouler les souvenirs de son enfance au Liban, la lecture des livres de la bibliothèque de son père, ses études au lycée de Damas. Puis il évoque une phrase de Houllebecq : « La religion la plus con, c’est l’Islam » qui avait fait alors exploser sa colère, lui qui était encore croyant et fervent. Cette ineptie de l’écrivain sera cependant le déclic d’une prise de conscience ; il mettra 25 ans à se défaire des contraintes de la religion, des règles familiales, de l’enfermement des corps.

Violence et lumière

Le metteur en scène, François Cervantes, a accompagné la démarche de Fida et la version définitive de son texte, Shahada, qui veut dire être présent, témoin. Il fait dialoguer le Fida d’aujourd’hui avec le jeune homme qu’il était, interprété par Rami Rkad, syrien lui aussi. Celui-ci surgit de l’ombre. Chacun sur une chaise, ils dialoguent. Le jeune homme évoque des événements du passé. L’adulte en est troublé, car il a oublié des pans entiers de son enfance et de son adolescence. Oublié aussi l’enrôlement militaire, la tentation de l’extrémisme, l’endoctrinement. Un passage retrace la découpe de pastèques par un soldat, préfiguration des massacres humains, violence aveugle à l’état pur, qui terrorise Fida.

C’est son engagement dans le théâtre grâce au service culturel français qui lui ouvre de nouvelles portes, lui faisant peu à peu entrevoir la lumière et la voie de la liberté. Parti à la Sorbonne et au Cours Florent à Paris, il est invité à Avignon : une nouvelle vie commence, happée par la culture occidentale. Quand il entend les témoignages des survivants du 11 septembre 2001, il s’écrie : « Le dieu qui a commandé ça n’est pas mon Dieu. » Enfin il découvre l’amour charnel, l’éternité sur terre, et l’amour. Il a « chuté » mais se relève plus fort, enfin vraiment vivant. Lui qui avait « le corps imbibé de Dieu » s’en détache peu à peu et va de la cécité à la lumière.

Le dialogue entre les deux Fida est joué avec une grande sensibilité, une émotion à fleur de peau qui gagne le public. Parfois leurs deux voix se chevauchent, l’adulte retrouve les mots de l’adolescent. Leurs voix s’élèvent alors en harmonie. Une question existentielle le taraude : « Est-il possible que je me débarrasse de moi-même ? »

Chris Bourgue

« Shahada » est donné jusqu’au 11 novembre au Théâtre Joliette

« Viril(e·s) », à la recherche de l’identité

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Sur scène, les comédien·nes proposent une composition vivante et dynamique. PHOTO CAPTERNESTPASTROMPER

S’il est un spectacle franc et décapant, c’est bien Viril(e·s) ! Il explose, bouscule les certitudes, emballe les spectateurs. Imaginez cinq jeunes femmes, dont l’une est jouée par un homme portant perruque longue, qui s’interrogent sur ce qu’elles sont, femmes féminines ou viriles, et se posent des questions sur leur place dans la société. En toile de fond une immense peinture représente un corps masculin, de dos, exécuté par Docteur Bergman d’après une œuvre de David, artiste néo-classique. Cette présence massive, écrasante, imposera tout le long du spectacle le diktat de la masculinité.

Cru et sans tabou

Dès l’entrée dans la salle, une fille portant la capuche de l’uniforme garçon fume une cigarette, cache ses yeux sous le rabat. Une musique éclate, la fille se lève et danse furieusement façon hip-hop. Une autre la remplace qui nous parle de son premier amour pour une fille. La première revient, s’accroupit ; quatre autres l’interpellent : « Gros, t’es une meuf ? T’es quoi ? ». Altercation. Et ça continue. Elles mélangent leurs souvenirs d’enfance, les difficultés de leur présent. Enfant, Sofia faisait sa voix plus grave pour qu’on la prenne pour un garçon, Capucine parle du rôle dominant de sa mère, Mégane s’inquiète de ne pas remplir toutes les cases de la féminité, Justine se plaint du rôle prédateur des garçons, Garance sollicite les spectateurs : L’homme est-il Tarzan ou Prince charmant ? Comment être soi, une femme simplement ? Le langage est cru, sans tabou ; ça rit, ça gueule, ça chante, ça saute. Ça vit ! Marie Mahé a écrit le texte à partir de différents témoignages et assure la mise en scène. L’espace est libre, seulement occupé de quelques chaises d’écolier. Le spectacle se déroule à un rythme endiablé qui ne manque pas de laisser passer l’émotion de ces revendications. On en ressort dynamisé.

Chris Bourgue

« Viril(e.s) » se joue au 11·Avignon jusqu’au 26 juillet.

Ce spectacle a reçu le Prix Théâtre 13 2023.

Des notes de jazz sur le toit d’Aubagne

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Le concert a été donné sur la place Saint-Sauveur et sa très belle vue sur les collines autour d’Aubagne. PHOTO B.L.

Dans le cadre splendide de la place Saint-Sauveur à Aubagne, Place en Musique proposait une nouvelle date avec la formation jazz du Rose Mary Quartet ce jeudi 20 juillet. Un rendez-vous auquel le public a répondu présent en nombre, satisfait de pouvoir apprécier une petite brise de fin de journée, en musique.

Moment intime

Dès le départ, le violon et les deux guitares se partageaient le thème avec frénésie. Des morceaux plus calmes et posés sont interprétés en milieu de concert avec notamment Sunny Road, où le chanteur, préférant laisser sa contrebasse sur le côté, s’amusait à installer avec sa voix grave une ambiance bien plus détendue, en parfaite harmonie avec les dernières chaleurs de la journée. Vient ensuite un duo entre le violoniste et l’un des deux guitaristes, un moment plus intime marqué par une mélodie vibrante du violon et des accords mélancoliques du guitariste. Enfin, au gré des improvisations, on se plaît à reconnaître certains classiques du jazz, comme When The Saints Go Marching In ou des standards du répertoire français tels C’est si bon ou La vie en rose.Les spectateurs, conquis par ce concert, ont demandét un bis que les quatre musiciens ont accepté de faire avec entrain. Les cloches de l’église concluaient ce concert sur les dernières notes de ce rappel.

Baptiste Ledon

« Place en Musique » se tient jusqu’au 31 août, dans divers lieux d’Aubagne.

Jouez jeunesse !

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L’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée avec Duncan Ward à la baguette. PHOTO VINCENT BEAUME

C’était un moment attendu du Festival d’Aix-en-Provence. Le concert de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM), cette formation qui réunit de jeunes musiciens talentueux de la région Paca et du bassin méditerranéen, offrait un programme qui permettait d’appréhender la richesse de la palette de cet ensemble. Le froissement d’un bâton de pluie ouvrait la partition de Betsy Jolas, A Little Summer Suite, en six brefs mouvements enchaînés tels une série de tableautins ciselés. Les étapes du voyage proposé par Escales de Jacques Ibert donnaient les couleurs de ce concert, passant de Rome à Tunis et Valencia. Les écheveaux des motifs servis par un orchestre aux pupitres parfaitement équilibrés, tissèrent une fresque somptueuse, pailletée de nuances avant la plongée harmonique de la Création de l’OJM – Medinea, par cinq musiciens compositeurs (sous le regard bienveillant de Fabrizio Cassol, directeur musical de la session) dont les voix et les instruments livraient des airs soutenus ostinato par l’orchestre en une approche musicale sans partition. Instants uniques et bouleversants que prolongea la superbe prestation de la violoncelliste soliste Camille Thomas qui offrit un bis en hommage à l’Ukraine et pour la paix, dans le Concerto pour violoncelle n° 1 en la mineur de Saint-Saëns après les Variations on an Egyptian Folktune de Gamal Abdel-Rahim, une fantastique rêverie filmique digne d’un péplum en technicolor. La Valse de Maurice Ravel acheva de subjuguer un public debout.

Maryvonne Colombani

Concert donné le 23 juillet au Grand Théâtre de Provence dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence.

« Lune jaune » : lumière et face cachée

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Lee (Thibaud Pasquier) et Leïla ( Marion Bajot) paumés dans un road movie en forêt. PHOTO V. TALLON

Leïla, électrique, écrit dans un cahier d’écolier, ce qui a son importance car on ne saura pas vraiment si son histoire est vécue ou inventée. Elle parle de Lee, à ses côtés, comme d’une célébrité. Lui se la joue vedette, chewing-gum et casquette, campé fermement sur ses jambes. Il parle de sa mère murée dans le chagrin depuis le départ du père, de ses envies de fric de son projet de vie : devenir « maquereau » !

Quant à Leïla, murée dans le silence, un de ses plaisirs consiste à prendre des revues au supermarché, à les lire dans les toilettes, puis à se scarifier.. Il l’appelle « la silencieuse ». Ils se rencontrent, il la drague, elle hésite mais est séduite. Les événements se précipitent : Lee poignarde l’amant (Titouan Huitric) de sa mère, et entraîne Leïla dans les forêts. Enfin elle se sent « vivante » et on est séduit par le jeu plein de subtilité de la comédienne.

Entre récit et jeu

L’auteur écossais David Graig plonge ses personnages paumés dans un road movie suicidaire. Lee pense pouvoir retrouver son père sur la foi d’une carte postale envoyée à sa mère. Désormais l’aventure devient granguignolesque. Les deux ados sont sauvés par un garde-chasse qui se révélera être le père (Cédric Marchal)… Ou pas. Aucune certitude pour le spectateur. L’alternance des scènes dramatique et de narration crée une distance entre l’action et la réflexion sur l’action, comme dans une autobiographie aux deux niveaux de fiction. Leïla elle-même croit-elle à cette aventure dans une contrée sauvage, croit-elle à ce personnage du père ?

Olivier Barrere propose une lecture intéressante en superposant plusieurs possibles narratifs, tandis que la musique live de Nico Morcillo participe à la création d’une atmosphère étrange et parfois irréelle. Une aventure hors du temps au goût de cendre.

Chris Bourgue

« Lune jaune » d’Olivier Barrere se joue jusqu’au 26 juillet à L’Entrepôt, Avignon.