mardi 15 juillet 2025
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Anna Netrebko, nectar d’Orange

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Le public du théâtre antique debout pour saluer les artistes de cette dernière soirée des Chorégies d’Orange. PHOTO J.L.

Deux ans après une « Nuit Verdienne » très testostéronée avec Ludovic Tézier, Roberto Alagna et Ildar Abdrazakov, le théâtre antique d’Orange retrouve le pape de l’opéra italien pour un grand gala Verdi, mixte cette fois, avec Anna Netrebko et de Yusif Eyvazov. Le couple star de l’art lyrique, qui avait annulé sa venue à Orange en 2019, est accompagné par leur chef fétiche, Michelangelo Mazza. Ce dernier dirige l’Orchestre philharmonique de Nice avec sobriété : les pupitres bien équilibrés développent d’intéressantes textures, notamment sur le ballet d’Otello.

Sur des pages du grand répertoire romantique verdien (Le Trouvère, Macbeth, La force du destin…), Anna Netrebko, décriée en Russie comme à l’étranger suite à sa réaction pour le moins maladroite à la guerre en Ukraine, démontre qu’elle fait encore partie des plus grandes sopranos du monde. Très théâtrale et charismatique sur scène, elle projette tantôt avec puissance, lorsqu’elle incarne une impitoyable Lady Macbeth, tantôt avec la sobriété expressive que les rôles féminins de Verdi appellent souvent. Le format du récital, qui privilégie les ensembles et les scènes entières aux airs, et le cadre spectaculaire du théâtre antique, participent bien sûr à cette immersion scénique.

Musicalité à toute épreuve

Yusif Eyvazov démontre avec brio qu’il est très loin d’être une simple pièce rapportée : son timbre clair, puissant et expressif brille tout au long de la soirée, en particulier sur La Force du Destin. Le duo avec sa compagne sur le déchirant final d’Aïda est peut-être le point culminant de la soirée : des voix en osmose, une complicité vocale comme scénique et une musicalité à toute épreuve.

Netrebko et Eyvazov sont accompagnés pour ce récital par la mezzo-soprano Elena Zhidkova et le baryton azéri Elchin Azivov. Si la première apparaît très en retrait, vocalement comme scéniquement, le second imprime sa marque lors de beaux duos sur Le Trouvère et surtout sur l’air « Eri tu che macchiavi quell’anima »extrait d’Un bal masqué. Le grand quatuor de Rigoletto « Bella figlia dell’amore » s’avère toutefois vocalement un peu déséquilibré en faveur du duo star de la soirée. Le récital s’achève sur le célébrissime « Libiamo » de La Traviata, comme un clin d’œil à ce rôle emblématique du début de carrière de Netrebko. La boucle est bouclée !

Julius Lay

Concert donné le 24 juillet au théâtre antique d’Orange, dans le cadre des Chorégies.


Avec Marcus Miller, la basse prend de la hauteur

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Marcus Miller avec sa basse signature de la marque américaine Sire. PHOTO M.F.

C’est après le concert d’Alfa Mist et de son groupe que Marcus Miller monte sur scène. Si le premier avait déjà réussi à réveiller le Théâtre Silvain grâce à son jazz moderne mâtiné de hip-hop et une batteuse hypnotisante, le second a rameuté les fans au bord de la scène.

Le son de Marcus Miller est reconnaissable entre mille. Notamment grâce à sa technique de slap, poussée extrêmement loin dans le domaine du jazz. Pour rappel, le slap consiste à simultanément frapper et pincer les cordes pour avoir un son percussif proche de celui d’une batterie. Associée aux mélodies efficaces composées par Miller et à un puissant son de – vraie – batterie, un cocktail explosif est servi sur un plateau à un public déjà conquis. La chanson Detroit pose cette ambiance pour démarrer le concert, et rappeler à tous le niveau du monsieur au chapeau et des musiciens présents sur scène. Une technique solide et une précision en béton donnent aux basses de Marcus Miller une netteté déconcertante. L’instrument n’est plus utilisé pour remplir le fond d’un spectre audio, mais bien pour laisser s’exprimer tout le vocabulaire du musicien, ici en liberté dans son jazz si unique.

Basses fréquences

Comble de la classe, Marcus Miller parle à son public et présente ses musiciens le plus souvent en français. Jusqu’à la question : « Vous voulez qu’on joue Blast ou Come Together ? ». S’ensuit un arrangement de Come Together des Beatles, où la cohésion entre Miller et son public ne pouvait plus être niée, l’ensemble du théâtre attendant patiemment le signal pour chanter à l’unisson le refrain du standard. Peu après, les musiciens sortent de scène sous les applaudissement, et laissent la place à Hughes Kieffer, le directeur de Marseille Jazz des Cinq Continents, concluant ainsi l’escale du festival au Théâtre Silvain. Mémorable.

Mathieu Freche

Marcus Miller s’est produit au festival Marseille Jazz des Cinq Continents le 22 juillet au Théâtre Silvain. Le festival se déroule jusqu’au 27 juillet.


Au Off d’Avignon, du Proust sur les planches

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Seul en scène, Xavier Marchand interprète le narrateur du « Temps retrouvé » de Marcel Proust. PHOTO ÉRIC REIGNER

Le Temps retrouvé est le septième et dernier tome de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. En miroir avec Du Côté de chez Swann qui abordait la jeunesse du narrateur, Proust y questionne cette fois la vieillesse, avec mélancolie.

À l’occasion d’une fête donnée chez les Guermantes, le narrateur se rend compte des effets des années sur les corps. Il revoit tous ceux qu’il a côtoyés dans sa vie, et décrits au cours des précédents romans. Il prend conscience, avec une auto-ironie sarcastique, que lui aussi a vieilli. Il se demande alors quelle trace il laissera et s’il aura le temps de finir d’écrire son livre. Le Temps retrouvé sera d’ailleurs publié, en 1927, à titre posthume. 

Adaptation sobre

Xavier Marchand a fait le pari d’adapter le dernier volet de ce monument de la littérature, et de la langue, au théâtre. Il met en scène et incarne le récit sobrement, dans une épure qui fait confiance à la force littéraire, au style, et aux degrés temporels et narratifs du récit autofictionnel.

Dans ce seul en scène le comédien interprète le narrateur, qui prend conscience du temps qui passe et se demande combien d’années il lui reste à vivre, mais aussi, par moments, les silhouettes de l’histoire, et lui-même comme personnage. Le ton sobre de Xavier Marchand, tout simple, contrebalance et complète l’épanchement du style de l’écrivain. Le décor est sommaire, un bureau et un écran qui permettent quelques échanges avec des personnages apparaissant en vidéo. Discrètement, le comédien change d’allure au fur et à mesure du récit pour illustrer l’œuvre et le travail du temps. La boucle est bouclée, de soi à soi, dans les multiples relations et incarnations entre auteur, narrateur, personnage, acteur et metteur en scène.

Rafael Benabdelmoumene

« Le temps retrouvé » est à découvrir jusqu’au 29 juillet au Théâtre du Petit Chien.

La Roque d’Anthéron : un semi-marathon festivalier

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Jean Rondeau, seul face aux « Variations Golberg » de Bach, sous les voûtes de l’abbaye de Silvacane. PHOTO VALENTINE CHAUVIN

Au Festival international de piano de La Roque d’Anthéron le 24 juillet, on pouvait ainsi faire un détour par le cloître de l’abbaye de Silvacane avant de rejoindre la conque protectrice du parc de Florans. Un événement était programmé à la croisée du cloître : le claveciniste Jean Rondeau venait jouer, sans partition et tout d’un trait les Variations Goldberg de Bach (disque paru chez Warner Classics en février 2022). Son élégance, son naturel, son intelligence fine de l’œuvre, soulignaient la puissance et la foisonnante beauté de ce sommet de l’écriture contrapuntique. La lecture exhaustive du recueil, (environ cent minutes de jeu), se transforme en un exercice mystique, une ascèse qui permet des changements de tempi époustouflants de virtuosité technique pure, des respirations lentes à l’écoute du monde, laissant sourdre petit à petit une lumière qui s’extrait de la gangue des notes.

Hommage au silence

En trente-deux chapitres, tous les mystères de l’âme sont approchés, transmutés. Le temps s’arrête, l’infini s’installe. Rien ne saura faire sortir l’artiste de la bulle onirique que les harmonies dessinent. Les vibrations d’un téléphone (oui il faut vraiment éteindre et ne pas mettre en silencieux !) s’interposent entre deux passages. Le dos tendu, Jean Rondeau attend sans se retourner et reprendra lorsque le bruit parasite cessera. À la fin de la ronde, le claveciniste restera dans la même tension, mains posées sur le clavier, puis poings fermés sur les cuisses, droit dans la sublime beauté d’un silence qui ne veut pas s’éteindre avant que toutes les tensions se relâchent et qu’un tonnerre d’applaudissements viennent rouler sous les voûtes de l’abbaye. « Je considère que les Variations Goldberg furent écrites pour le silence, en ce sens elles se substituent au silence », déclare-t-il dans la présentation de son disque. Rarement l’invisible a été aussi tangible !

Après cette « ode au silence » [ibidem], il fallait entrer dans l’univers beethovénien, grâce à la belle interprétation de François-Frédéric Guy du troisième concerto du compositeur en un jeu très fluide, une souplesse de jeu rare qui s’accorda subtilement avec le superbe Hong Kong Sinfonietta dirigé avec pertinence par Yip Wing-sie. L’excellent ensemble, ayant pris totalement la mesure de l’espace dans lequel il intervient, avait encore gagné en rondeur, équilibre et expressivité. Sans doute la Symphonie n° 3 dite Héroïque de Beethoven était de trop en raison de sa longueur dans un programme déjà bien chargé. Difficile alors d’en goûter les nuances !

Maryvonne Colombani

Concerts donnés le 24 juillet à Silvacane et au parc de Florans dans le cadre du Festival international de Piano de La Roque d’Anthéron.

« Sur la branche », une folle comédie

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Daphné Patakia et Benoît Poelvoorde dans « Sur la branche » de Marie Garel-Weiss. PHOTO PYRAMIDE FILMS

Mimi, une jeune femme (Daphné Patakia) lunaire, un peu perdue, suivie par une psychanalyste se présente pour un entretien d’embauche. On lui confie une mission : aller récupérer un document chez un avocat, Paul (Benoît Poelvoorde), aussi paumé qu’elle. Elle se met à trier des dossiers et, concentrée sur sa tâche, ne voit pas que la nuit tombe. Quand le téléphone sonne, elle décroche : au bout du fil, un détenu, Christophe (Raphaël Quenard, qu’on avait découvert dans Chien de la casse), un petit arnaqueur qui clame son innocence et veut parler à l’avocat. Quand elle s’aperçoit qu’elle est seule dans le bureau et, étant un peu claustrophobe, elle s’affole, se plaint d’être enfermée, c’est Christophe qui la rassure. À partir de là, Mimi, n’a qu’une idée en tête : montrer que Christophe est innocent. Il lui faut donc convaincre Paul qui a quelques ennuis de reprendre le dossier. Son ex-femme et associée, Claire (Agnès Jaoui) a porté plainte contre lui, pour sauver leur étude, et il a été radié du Barreau. Mimi lui offre peut-être un moyen de rebondir. Quant à elle, elle va toujours au bout de ses obsessions et semble avoir ainsi trouvé un sens à sa vie.

Des problèmes psy

Entre enquête policière et comédie, le film Sur la branche de Marie Garel-Weiss, fourmille de scènes inattendues, souvent filmées en plans séquences, de dialogues étonnants. Il est porté par des acteurs parfaits pour interpréter ces personnages un peu fêlés, qui ont quelques problèmes avec la vie et en sont conscients. À Paul qui lui lance « vous avez un petit problème psy, non ? », Mimi répond : « Ben oui ! » Quand elle lui reproche son manque d’empathie pour Christophe il lui confie : « C’est comme si j’avais senti que mon cœur se coupait en deux quand j’ai compris que Claire ne m’aimait plus. » Mimi, elle, ressent parfois l’urgence du sexe : quand c’est au parloir où elle doit interroger Christophe, la scène est des plus cocasses. Inattendue aussi la séquence du repas où Mimi et Paul rendent visite la famille bourgeoise dont Christophe ferait partie, fils illégitime, et voient… les mouettes s’y inviter. Touchante celle où Mimi, découragée, abattue, semble dialoguer avec un petit oiseau. Des oiseaux en écho peut être avec le titre du film, Sur la branche, inspiré à la réalisatrice par une chanson des Frères Jacques, La Branche (1973) : « Elle était si fragile / Si ténue, qu’elle ployait cette branche / Chaque instant, je croyais / Qu’elle allait se briser cette branche. » Comme Mimi, interprétée magistralement par Daphné Patakia.

Annie Gava

« Sur la branche » de Marie Garel-Weiss. En salles le 26 juillet.

Tiago Rodrigues : de l’humanité et des doutes

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Sur scène, Beatriz Brás, Isabelle Caillat, Baptiste Coustenoble, et Adama Diop incarnent des travailleurs humanitaires. PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

Ils sont quatre comédiens et un batteur. Pour tout décor, la scène de l’Opéra d’Avignon est enveloppée dans un immense drap. C’est avec ce presque rien que Beatriz Brás, Isabelle Caillat, Baptiste Coustenoble et Adama Diop incarnent les travailleurs humanitaires dont les témoignages ont été simplement retranscrits. Sans fioriture. Et le meilleur du théâtre est là, dans ce présent immédiat, cette fiction qui est le réel, cette immédiateté, cette mesure soudaine de l’Impossible. Il y a les pays possibles, et les autres, innommés, où l’on ne peut pas vivre.

« Raconter l’humanité »

Nos yeux s’humidifient lors des histoires les plus dures, et pétillent au récit des anecdotes plus légères. On ne peut être qu’admiratif de ces hommes et ces femmes qui vouent leur vie aux autres. Pour autant, les monologues de chaque comédien explorent leurs doutes, les regrets de décisions aux conséquences vitales, l’état de découragement face à l’impossibilité de changer le monde. Pendant que les comédiens narrent ces histoires de vie, la batterie impose son rythme sourd. Puis se déchaine, tandis que l’espace s’ouvre… Une des plus belles réussites de ce Festival.

Rafael Benabdelmoumene

« Dans la mesure de l’impossible » se produira à Châteauvallon-Liberté, scène nationale de Toulon les 4 et 5 avril 2024.

Salon : dans le club des trentenaires 

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Lisa Batiashvili © Sammy Hart

Oui, c’est la 31e édition du Festival international de musique de chambre de Provence et son trentième anniversaire, (les mêmes discussions entre les tenants de l’entrée dans le XXIe  siècle, 2000 ou 2001, peuvent reprendre !). Quoi qu’il en soit, cet ovni génial parmi les festivals de l’été souffle sa bougie trentenaire avec le même talent et la même espièglerie qu’à ses débuts. 

En 1993, les trois comparses, Éric Le Sage (piano), Paul Meyer (clarinette) et Emmanuel Pahud (flûte), étaient réunis dans une petite chapelle de Vernegues pour un concert qui pouvait permettre le classement du bâtiment aux répertoire des monuments historiques, seule façon de le préserver du passage destructeur du projet d’une ligne TGV. L’idée d’un festival s’imposa alors, moment de retrouvailles conviviales des trois amis qui très vite invitèrent d’autres amis musiciens, la plupart solistes confirmés (ou en passe de l’être). Pas de cachet (si ce n’est celui reversé à l’association de bénévoles qui organise les côtés matériels indispensables, accueil, location des pianos…), ceux qui viennent là sont mus par le plaisir de faire de la musique avec des êtres qu’ils apprécient. Ce qui ne nuit en rien à la qualité des interprétations, ni à l’exigence des programmes ! 

Aujourd’hui une trentaine de solistes de premier plan viennent à Salon-de-Provence, jouent dans la belle cour du château de l’Empéri, sous les voûtes intimes de l’abbaye de Sainte-Croix, dans l’église Saint-Michel, selon les configurations des ensembles, les pièces interprétées, classiques, contemporaines, créations mondiales, et la magie éclot chaque fois, même lorsqu’il ne s’agit « que » de répétitions publiques, on a l’impression alors d’entrer dans les secrets des alchimistes musiciens. 

Une bonne intuition

Plus de vingt concerts vont résonner cet été, chacun assorti d’un nom aux consonnances mutines ou poétiques : en ouverture, French Connection qui réunit les trois fondateurs, un concert anniversaire à marquer d’une pierre blanche, ou le potache Gershwin gomme ou le clin d’œil verlainien, La bonne chanson avec une familière du festival, la mezzo-soprano Marina Viotti qui a reçu le prix artiste lyrique aux Victoires de la Musique 2023 (l’intuition des fondateurs est toujours d’une irréprochable justesse : les jeunes musiciens qu’ils invitent connaissent des carrières et des récompenses de haut vol, on peut aussi citer cette année le violoncelliste Aurélien Pascal, lui aussi « Victoire de la Musique 2023 »). 

Un grand nom du théâtre est invité lors de cette édition : Lambert Wilson sera le récitant du Carnaval des animaux auquel le pianiste et compositeur Albert Guinovart a composé un écho : Carnaval (création mondiale). L’électronique débarque aussi au festival avec le clavecin électrique d’Orlando Bass. À noter l’escapade aixoise avec Olivier Latry, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris qui viendra essayer les belles sonorités de l’orgue de l’auditorium Campra avec sa conjointe, immense organiste aussi, Shin Young et la complicité d’Emmanuel Pahud. Tout citer, ce n’est pas possible, une seule chose est certaine : les meilleurs solistes du monde ont bien rendez-vous à Salon !

MARYVONNE COLOMBANI

Festival international de musique de chambre de Provence
28 juillet au 5 août
Divers lieux, Salon-de-Provence
06 26 76 17 95 
festival-salon.fr

Les lueurs du «Phare»

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Le théâtre antique d'Arles accueille le festival Phare © Bernard Gille

Le festival Phare reprend du service pour amener à Arles courts-métrages, ciné-débats et ciné-concerts. Au programme de cette huitième édition, la compétition internationale comprend une journée exclusivement réservée à la projection d’œuvres de réalisatrices (samedi 29 juillet), notamment Anansi de Aude N’Guessan Forget, une production de La Fémis. Le film raconte l’histoire d’Eden, coiffeuse, qui tente de surmonter ses maux de ventre en se soignant seule, avant que la situation ne dégénère. 

La deuxième journée (dimanche 30 juillet) est consacrée à l’humour au cinéma. Ouverte par une conférence de Robert Pujade, historien du cinéma, intitulée « L’humour dans l’histoire du cinéma », les fictions visibles durant cette journée vont de la France à l’Espagne en passant par la Belgique. Las visitantes (Les visiteuses) d’Enrique Buleo est un road movie où l’on accompagne trois retraitées récemment veuves, qui peuvent enfin commencer à vivre et découvrir le tourisme. 

La soirée de clôture (lundi 31 juillet) est riche en événements : table ronde sur les métiers du cinéma, projection des films primés et annonce des prix, pour finir sur un ciné-concert surprise, la lumière du Phare promet d’être intense !

MATHIEU FRECHE

Festival Phare
Du 29 au 31 juillet
Théâtre Antique d'Arles
festival-phare.fr

Arrière-cuisine et fausse couture

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Marit Ilison. Manteau, collection « Longing For Sleep », n°58, Estonie, 2023. Couverture d’enfant vintage, laine jacquard, perles cristal © Courtoisie de Marit Ilison © Maiken Staak

« Ah, Gudule, viens m’embrasser, et je te donnerai un frigidaire, un joli scooter, un atomixer, et du Dunlopillo, une cuisinière avec un four en verre, des tas de couverts et des pelles à gâteaux… » Le spectacle de la consommation, sur l’air de la Complainte du progrès écrite par Boris Vian en 1955, tel pourrait être le thème général de cet été au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. 

Sur les cimaises


Deux expositions questionneront le puissant imaginaire consumériste qui pétrit nos vies quotidiennes occidentales depuis les Trente Glorieuses. Au Salon des arts ménagers retrace les  décennies durant lesquelles la manifestation parisienne a fait rêver les ménagères et les férus de gadgets, à travers une centaine de documents et photographies issus des fonds des Archives nationales. Le Mucem, héritier des collections du musée national des Arts et Traditions populaires, les fait dialoguer avec des objets exposés au Salon ou des caricatures publiées dans la presse de l’époque. Un dispositif qui alimente les réflexions sur nos modes de vie, bienvenues au moment où il va falloir revenir à la sobriété.

Fashion Folklore, quant à elle, se penche sur les contrastes et correspondances entre la haute couture et les pratiques vestimentaires populaires. Pour monter en épingle leur créativité, les grands couturiers n’ont eu de cesse de puiser dans l’exotisme, y compris en s’inspirant des costumes traditionnels de contrées pas si lointaines… Pas besoin d’abuser du raphia quand on peut épater la galerie avec une coiffe bretonne ! En écho à l’exposition, une Fashion Folklore Week aura lieu jusqu’au 16 juillet, avec au programme un Défilé pour 27 chaussures par la chorégraphe Mathilde Monnier, la projection du film Yves Saint Laurent (Jalil Lespert, 2014), et un Touch of Gold Fashion Ball en entrée libre (prévoir paillettes).

Réfléchir ensemble
Pour ceux qui, aux temps chauds, préfèrent s’installer à l’ombre et carburer du ciboulot, le musée propose une « Madrasa d’été ». Soit un lieu d’enseignement, inspiré des écoles coraniques nées au Moyen Âge. Trois sessions de cinq jours chacune seront proposées en juillet et août, en entrée libre sur inscription. L’occasion, par exemple, de découvrir un chef-d’œuvre de la spiritualité soufie, Le Cantique des oiseaux, écrit vers 1190 par le poète Farîd od-dîn ‘Attar (du 18 au 22/07), ou les mythes de Platon, l’anneau de Gygès, les androgynes, Épiméthée et Prométhée, etc. (du 25 au 29/07). La Madrasa s’inscrit dans le cadre de « La Méditerranée des philosophes », programme de recherche, de créations et d’ateliers participatifs emmené par le comédien Grégoire Ingold, qui animera les sessions avec Fabienne Jullien, Éric Leconte et Élisabeth Moreau.

GAËLLE CLOAREC

Au Salon des arts ménagers
Jusqu’au au 8 octobre
Fashion Folklore
Jusqu’au 6 novembre
La Madrasa d'été
Du 18 juillet au 5 août
Mucem, Marseille
mucem.org

Le petit festival devient grand !

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Marie Laforge et Léo Doumène sont les fondateurs et à la direction artistiques du festival © Marion Colombani

Le tout jeune festival Côté Cour organise grâce à ses fondateurs, les musiciens Marie Laforge (flûte traversière) et Léo Doumène (harpe), sa troisième édition, investissant le territoire aixois de Pertuis à Puyricard en passant par Venelles et Aix-en-Provence. La volonté de démocratiser la musique savante conduit à explorer d’autres lieux que les grandes salles. Ici, le parvis d’une église, là un cloître, une église, des jardins, une place, accueilleront les concerts et certaines répétitions parfois commentées qui seront ouvertes gratuitement au public. « Le propos est de mêler des œuvres connues du répertoire et d’autres beaucoup moins, voire pas du tout, sourient les organisateurs, leur point commun est d’être des pièces destinées à des formations chambristes, ce qui nous laisse une grande liberté. Avec les chambristes, on peut jouer “au lego”, déplacer certains, venir en renfort, du duo au sextuor en passant par le trio, le quatuor et le quintette. » Le Quatuor Agate (Adrien Jurkovic, Thomas Deschamp, violons, Raphaël Pagnon, alto, Simon Iachemet, violoncelle) et le Trio Moïra (Marie Laforge, Raphaël Pagnon, Léo Doumène) seront ainsi rejoints par le piano d’Alexis Gournel, le violoncelle de Raphaël Jouan et l’alto de Corentin Apparailly dont sera donnée en création mondiale une œuvre composée sur mesure pour le Trio Moïra. Autre première, le chant rejoint le festival grâce à la soprano Marie Perbost pour un lumineux final. 

MARYVONNE COLOMBANI

Côté Cour
Du 2 au 6 août 
Puyricard, Venelles, Aix-en-Provence
06 28 50 36 72 
festivalcotecour.fr