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Un melting-pot musical à Correns

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MBURU concert donné au Chantier
Concert MBURU © DR

« Buru », c’est le pain en wolof mais aussi la tête, le sommet en basque… La multiplicité des traductions possibles contribue à la richesse du terme dont aucune signification n’est vraiment choisie par le quartet formé autour de Pape Amath N’diaye, alias Paamath, en résidence d’enregistrement au Chantier de Correns. Chacun des musiciens vient d’un univers différent : Paamath (guitare, chant, compositions) s’inspire de ses racines sénégalaises, Jean-Paul Raffit (guitares électriques, compositions), fondateur de l’Orchestre de Chambre d’Hôte développe un son original venu principalement du jazz, Isabelle Bagur (flûte traversière) est une musicienne classique qui a été soliste à la Kamerata d’Athènes, enfin, Eliot Saour est comédien, mais se livre avec brio à l’art de la Beat Box. 

Lors de la présentation/entretien qui précède rituellement les concerts proposés par le Chantier, Frank Tenaille, directeur artistique de cette structure, centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde, insistait sur le métissage inhérent à cette formation. « L’important, c’est l’émotion produite, sourit Paamath, le langage que j’emploie dans mes chansons est assez intraduisible, il est forgé à partir des sonorités du wolof et de la langue des Pyrénées. Ce dialecte imaginaire laisse parfois naître des bribes de sens, mais l’essentiel est de transmettre l’informulé, ce qui nous touche au-delà des mots. Cette langue inventée distille des sentiments qui la plupart du temps ne sont pas habillés de mots significatifs et ici ils sont enveloppés dans un orbe poétique de sens. » 

Conteur fantastique

La voix du chanteur peint des paysages tandis que la musique de Jean-Paul Raffit invite les mots à une « valse du fond des temps », incandescente. Les musiques traditionnelles, le jazz, le blues, un brin de choro, le classique et le beatbox, offrent un écrin subtil à cette performance sensible. Ces musiques se tissent, s’écoutent, trouvent de nouvelles et poignantes harmonies sans jamais se perdre, ni se dévoyer. Un hymne à la richesse de l’humanité profondément émouvant car il nous dit que s’entendre et s’écouter est possible, sans se renier. Le superbe Chant de la Terre se pose sur l’amples nappes sonores, on se retrouve au fil de l’eau, on danse sur les crètes des notes, on rit avec la démonstration cocasse d’Eliot Saour et son irrépressible beat box. Un texte est cependant formulé en wolof et en français, le poème de Birago Diop, Le chant des rameurs, (« J’ai demandé souvent / Écoutant la Clameur / D’où venait l’âpre Chant / Le doux chant des Rameurs »). Paamath, outre son recours au chant, est un conteur fantastique, que ce soit en une langue compréhensible ou pas, ses attitudes, ses poses sont celles d’un narrateur éloquent que l’on se plaît à écouter, dans ses élans, ses arrêts, ses accélérations, ses murmures. Une pépite ! 

Le CD qui portera le nom MBURU sortira en décembre, une très belle idée de cadeau !

MARYVONNE COLOMBANI

Mburu a donné son concert le 17 mars au Chantier, à Correns. 

+ de genres, c’est aussi pour les ados 

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Anima © Nicolas Martinez Châteauvallon-Libetré

Zébuline. Votre dernière création Anima aborde la question de l’identité de genre avec une adresse particulière au public préadolescent. Quels messages, quel propos voulez-vous transmettre à travers cette pièce ?

Christian Ubl. Le cheminement de l’identité est confus quand on est adolescent. On essaie plein de choses, on se cherche, on est tenté par différents styles vestimentaires… Une partie de la jeune génération se revendique genderfluid (la fluidité du genre, ndlr), c’est-à-dire ni d’un genre ni de l’autre. Un désaccord peut exister entre son corps, ses désirs, son image, ses sentiments profonds. Anima propose de communiquer ensemble autour de ces questions, pour trouver sa place dans les questionnements identitaires quand on n’est pas toujours à l’aise dans ses baskets. La pièce prône la confiance en soi pour transcender la tolérance. Elle défend l’idée qu’il faut être ouvert et curieux même si l’apparence est différente de ce à quoi on est habitués. Elle montre aussi que le regard de l’autre est plutôt bienveillant. Qu’il faut favoriser la rencontre et ne pas agir de manière catégorique ou en fonction de la famille dans lequel on a grandi ou de ses fréquentations. 

Ces questions étant beaucoup plus abordées aujourd’hui, on sait qu’elles peuvent provoquer des drames. Est-ce une des raisons qui vous a conduit à aborder cette thématique ?
Beaucoup de choses se passent, se révèlent sur la toile et les réseaux sociaux. Elles sont donc plus visibles aujourd’hui qu’il y a quinze ans mais cela reste un sujet délicat. Les transformations qui s’engagent pendant l’adolescence, les situations excluantes ou les drames qui existent m’ont convaincu qu’il fallait que cela remonte à la surface et essayer de créer un terrain de jeu pour en parler, pour poser des mots et non pas évacuer le sujet. Dans le spectacle, on entend des messages audios inspirés de témoignages en ligne. C’est un spectacle festif, joyeux et encourageant.

La dimension musicale et vocale est aussi importante. Que vient-elle apporter à l’expression chorégraphique ?

La voix fait partie de l’expression du corps. A l’adolescence, la tonalité change. C’est aussi un médium pour témoigner ou pour brouiller les pistes. Quant à l’utilisation de chants anciens avec des musiques plus pop, cela permet un grand écart. 

Quand on s’adresse à un public jeune sur un tel sujet, se fixe-t-on des limites, des interdits ?

L’enjeu était de pousser la thématique et à la fois de ne pas aller trop loin. Si le sujet n’est pas lié à la sexualité mais à l’identité, on voulait tout de même montrer des corps tels qu’ils sont. C’est pour cela que les danseurs portent des combinaisons chair intégrales qui montre la différence des formes et en même temps des corps asexués. Cela s’adresse aux préadolescents donc ce n’est pas non plus tout lisse. Plus ces thématiques sont cloisonnées, plus elles restent « communautaires ».

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS

Anima, de Christian Ubl
22 mars
Klap Maison de la danse, Marseille

Aflam souffle ses dix bougies  

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Voilà déjà dix ans que le festival Aflam célèbre le cinéma des pays arabes, de toutes les régions et de tous les genres imaginables. À commencer par la Syrie et un de ses plus illustres représentants dans le domaine du documentaire : Omar Amiralay, décédé peu avant l’avènement du Printemps arabe. La plupart de ses œuvres sont projetées les 21 et 22 mars au Videodrome 2, dont Il y a tant de choses à raconter et Pas un jour de violence ordinaire, mon ami. Ce dernier étant dédié à son ami Michel Seurat, mort sur la route de Beyrouth après neuf mois de séquestration.

Les réalisatrices Rania Stephan et Hala Alabdalla célèbrent elles aussi ce cinéaste le temps d’une table ronde donnée au Mucem. L’écrivaine Samar Yazbek, également contrainte à quitter la Syrie après s’être prononcée contre Bachar el-Assad, sera aussi évoquée. Leurs films respectifs Le champ des mots. Conversation avec Samar Yazbeket Omar Amiralay la douleur, le temps, le silencey sont projetés les 19 et 20 mars.

Une reine et un pirate
De nombreuses avant-premières vont permettre aux spectateurs de rencontrer les nouvelles voix de ce cinéma foisonnant. Damien Ounouri et Adila Bendimerad présentent notamment La dernière reine, coproduction française, saoudienne, qatarie et taïwanaise dédiée à Zaphira, reine d’Alger confrontée au marin Barberousse. On retrouve au casting, hormis Bendimerad elle-même dans le rôle-titre, Nadia Terezkiewicz et Dali Benssalah. Le 24 mars, place au franco-tunisio-palestinien Alam, en présence une fois de plus de son réalisateur Firas Khoury au cinéma La Baleine. Fiction qui promet, sous ses faux-airs de chronique amoureuse adolescente, de soulever des questions éminemment politiques.

Rendez-vous ensuite au Gyptis, le 25 mars, pour découvrir Soula, fille-mère abandonnée de tous à laquelle le réalisateur Salah Issaad prête sa voix et son regard. En clôture du festival, Dirty, Difficult, Dangerous de Wissam Charaf,chronique amoureuse entre un réfugié syrien et une femme de ménage éthiopienne en plein Beyrouth, est projetée le 26 mars aux Variétés.

Outre ces avant-premières engageantes, le festival propose également une sélection destinée à la jeunesse : onze films projetés au Mucem du 17 au 23 mars, dont de nombreux courts-métrages, mais aussi une double séance à 10 heures, le 24 mars au Videodrome 2, consacrée aux LGBTQIA+ au Liban. 

SUZANNE CANESSA

Aflam
Du 17 au 26 mars 
Divers lieux, Marseille
aflam.fr

Babel Minots sonne l’heure de la « Révolution »

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Mehdi Haddjeri © G.C

Zébuline. Déjà près de dix ans que le Babel Minots existe. Quel bilan tirez-vous de cette aventure ?

Mehdi Haddjeri. On s’est rendus compte, en neuf ans, que l’idée de créer un événement national de ce type, à Marseille, répondait à un besoin. Le secteur de l’enfance, les producteurs de spectacles, les artistes… Tous ont eu envie de se rassembler autour de la musique pour le jeune public, de réfléchir à son développement. C’est simple : cette année les rencontres professionnelles réuniront plus de 150 personnes, venues des quatre coins de France. Nous n’en avons jamais eu autant. Idem pour les spectacles, quasiment tous à guichets fermés. Nous avons dû refuser 10 000 enfants, c’est énorme.

Cela vous conduit-il à songer à un changement d’échelle ?

En tant que directeur, je ne suis pas pour basculer dans une éventuelle crise de croissance. L’idée serait plutôt de s’appliquer à faire toujours mieux, dans une progression maîtrisée. Même si les chiffres sont parlants et nous amènent à nous poser pas mal de questions politiques, il faut rester tranquilles !

En parlant de politique, le thème de cette année est bien vif. Lorsque vous avez choisi « la révolution », quel message avez-vous voulu faire passer ?

Je suis un artiste né à Marseille, qui a la chance, par la musique, de voir le monde. Ma démarche en tant que directeur, la démarche de Babel Minots, ne peut être que politique, et poétique, parce qu’on parle d’art. Chaque année, nous choisissons un thème fort. En l’expliquant aux enfants et aux grands, par des actions culturelles, de médiation, tout un travail en amont avec les enseignants, les éducateurs… Parce que la révolution se situe à plein de niveaux, et si on ne l’explique pas, cela peut être mal compris. On n’en parle pas de la même façon aux 0-3 ans et aux adolescents. Nous ne sommes pas là pour faire du prosélytisme, c’est important ! Mais l’art et la musique peuvent aller là où les programmes scolaires ne vont pas. Le fait de proposer des spectacles en crèche, dans les librairies, les bibliothèques, etc., est déjà une forme de révolution.

Babel Minots © X-DR

L’un de vos partenaires, la Sacem, déplore par la voix de son représentant, Serge Perathoner, que « le répertoire jeune public manque encore de reconnaissance et de visibilité ». Au vu des chiffres que vous mentionnez, n’y a-t-il pas cependant une nette progression ?

Complètement. On remarque que le nombre et la qualité des propositions augmentent. Les artistes et les producteurs ont compris au fil du temps que ce n’est pas parce que l’on s’adresse à des enfants que l’on ne peut pas travailler avec les mêmes exigences que pour un spectacle tout public. On se retrouve avec des œuvres superbement écrites, magiques. Mais c’est encore un secteur qui doit évoluer, se structurer… parce qu’il est encore jeune ! Cela fait, quoi ? 12, 15 ans au maximum que ces formes-là intéressent. Il y a encore plein de choses à inventer. À Babel Minots, on essaie d’inciter les professionnels à sortir des schémas en cours sur les musiques actuelles depuis une quarantaine d’années.

À l’occasion du festival, les enfants mettent aussi la main à la pâte. De « petits chroniqueurs »* qui réalisent des interviews d’artistes, des ateliers beatbox, la création d’un orchestre en objets de récup’… Voulez-vous nous parler de cette approche pédagogique ?

Nous discutons beaucoup avec les instituteurs, les professionnels de l’enfance. À l’issue de la crise sanitaire, au vu des traumas liés notamment à la surconsommation d’écrans, nous leur avons dit : « il faut inciter les enfants à sortir, se retrouver, aller voir des spectacles vivants ». Sans être spécialistes – durant la période Covid, bien trop de gens se sont déclarés spécialistes de tout et n’importe quoi –  mais en tant qu’artistes, nous ne pouvions proposer que cela.

Y a-t-il une action qui vous tienne particulièrement à cœur ?

Pendant le festival, l’action culturelle principale s’appelle la Cité des Minots. C’est un gros projet entre Marseille et l’Île-de-France (là-bas, il s’appelle la Cité de Marmots), avec de nombreuses classes élémentaires, l’appui des rectorats et des inspections académiques. On organise une gigantesque chorale. Cette année, elle porte sur les chants algériens de l’exil, un aspect historique qui n’apparaît pas dans les programmes scolaires. La musique permet d’aborder le thème de l’immigration, c’était important pour moi. Les restitutions se feront au Silo les 13 et 14 juin.

Avez-vous déjà réfléchi au thème de l’édition prochaine, pour célébrer les dix ans du festival ?

Bien tenté, mais je ne vais pas vous donner de scoop ! Cependant sans vous en dire plus, comme ce sera une année olympique, nous allons essayer d’être subversifs, tout en respectant le thème des olympiades.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR GAËLLE CLOAREC

* Des articles des « petits chroniqueurs » seront publiés dans le numéro de Zébuline l’hebdo d’après-festival

Home Sweet Home 8 ©️ Laurent Meunier

Dernières places

Les tickets pour les 44 représentations dans 21 lieux culturels marseillais de l’édition 2023 s’étant envolés, il ne reste plus que quatre propositions où il est encore loisible de réserver. La première, Nefertiti, est gratuite : le Collectif Koa vient de Montpellier pour un concert illustré centré sur la figure de la reine d’Égypte, destiné aux 7 ans et plus (21 mars, à la Friche la Belle de Mai). Les autres sont à tout petits prix, à commencer par Versant Vivant, spectacle musical à voir à partir de 6 ans (29 mars, au Mucem). Simon Kansara illustre en direct les créations plastiques d’Émilie Tarascou, délicats paysages naturels avec animaux. Et enfin, deux sessions cinématographiques pour découvrir ou revoir en famille des classiques intemporels : la splendide comédie musicale de Jacques Demy, Les demoiselles de Rochefort (26 mars, au cinéma Le Gyptis, à partir de 8 ans), et Pierre et le loup, dans la touchante version de Suzie Templeton (2 avril, au cinéma La Baleine, dès 7 ans). 

G.C.

Babel Minots
Du 21 mars au 2 avril
Divers lieux, Marseille
04 91 62 49 77 
babelminots.com

Quinson : des villages, fantômes du passé 

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Vue de l’exposition Néolithique. Les villages de Chalain & Clairvaux,patrimoine de l’humanité © JM D’Agruma

L’inscription sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco des lacs de Chalain et Clairvaux-les-Lacs (Jura) en tant que sites palafittiques préhistoriques était une grande avancée. Depuis 2011, elle permet la préservation de sites qui regorgent d’informations précieuses sur la vie des populations du néolithique (5 300 – 2 300 av. J.-C.). 

Rester invisibles pour être préservés

« Ils ont autant de valeur archéologique que les pyramides d’Égypte, les vestiges des occupations palafittiques ! Certes, on a déjà fouillé de nombreux lieux, mais une grande partie est encore à observer. On le fait au rythme de nos moyens. Les conserver dans leur milieu naturel est la meilleure garantie de leur préservation », explique l’archéologue Sylvie Jurietti. Nouvelle directrice du musée, elle est aussi en compagnie d’Annick Greffier-Richard, la commissaire de l’exposition itinérante Néolithique. Les villages de Chalain & Clairvaux, patrimoine de l’humanité, visible à Quinson jusqu’au 10 décembre.

Responsable, lors de son affectation précédente, des collections d’archéologie au musée de Lons-le-Saunier, elle a beaucoup travaillé sur les fouilles menées par Anne-Marie et Pierre Pétrequin. Le milieu gorgé d’eau a permis la conservation exceptionnelle des matières organiques. Ces dernières sont traitées à l’ARC-Nucléart CEA de Grenoble (comme le célèbre chaland du musée de l’Arles antique) puis présentés dans des vitrines dont la température et l’hygrométrie sont contrôlées en permanence. La fragilité des éléments en bois, fibres végétales, cuirs, ne leur autorise pas de traverser les siècles, sauf lors de circonstances environnementales particulières, telles celles offertes par les sites palafittiques. L’exposition se conclut par un focus sur la conservation des sites et la présentation des collections. 

Vue de l’exposition Néolithique. Les villages de Chalain & Clairvaux,patrimoine de l’humanité © JM D’Agruma

Une vision précise de la vie quotidienne

Grâce aux précieux témoignages apportés par les milliers d’objets découverts, se reconstitue la vie quotidienne des êtres du néolithique. Celle des habitants des cités lacustres du Jura est, à quelques variations près, la même que ceux de Provence : savoir faire du feu sans allumettes, chasser à l’arc (un magnifique exemplaire en bois d’if est exposé), façonner des faisselles (avec un pot à trous, tout à fait semblable à ceux que nous trouvons aujourd’hui en plastique !). On monte aussi des cloisons en clayonnage, on fabrique des cordes en fibres végétales, on utilise des meules pour moudre la farine (des épis carbonisés entre 3 200 – 3 100 av. J.-C. témoignent des espèces cultivées) ou un « batteur » pour brasser des bouillies de céréales… 

Les outils de l’agriculture sont là, dans cette époque charnière entre le mode de vie des chasseurs-collecteurs du paléolithique et celui de l’anthropocène (qui selon Jean-Paul Demoule, archéologue et préhistorien, débute avec la révolution néolithique et l’apparition de l’agriculture qui commence à modeler les paysages) : hache pour défricher, ancêtre de l’araire, joug de cornes… La vie quotidienne est déclinée en cinq grandes sections : « prélever dans la nature », « culture et élevage », « construire une maison », « dans la maison », « innovations et importations contrôlées par les élites ». Émouvants les bols de bois, la pelote de fil en lin, les torches en écorce de bouleau, qui laissent imaginer les gestes transcrits en amples panneaux dessinés par Pierre-Yves Videlier, donnant à voir les potières au travail. Ou un travois (dont le fac-similé est présenté) qui montre l’utilisation précoce de la traction animale. Attelé à deux petites vaches vosgiennes, celui-ci pouvait transporter entre cent et deux cents kilos. Les échanges entre populations supposent de longues distances. On retrouve dans le Jura des pierres de Forcalquier, ou des coquillages de l’Atlantique ! Passionnant et éclairant.

MARYVONNE COLOMBANI

Néolithique. Les villages de Chalain & Clairvaux, patrimoine de l’humanité
Jusqu’au 10 décembre
Musée de Préhistoire des gorges du Verdon, Quinson
04 92 74 09 59
museeprehistoire.com

Oxmo Puccino clôture le festival Avec le Temps : « Donner envie aux plus jeunes de créer »

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Oxmo Puccino © Urban Mythologie

Zébuline. Dans le cadre d’une action d’éducation artistique et culturelle menée par le festival Avec Le Temps, des élèves de deux écoles primaires de Vitrolles vont participer à la création d’un spectacle en lien avec votre répertoire. Comment avez-vous réagi à cette proposition ?
Oxmo Puccino
. Très positivement. L’énergie de l’équipe de Grand Bonheur et les images d’une précédente édition m’ont convaincu de la nécessité de ce genre d’initiatives. Tous les acteurs et actrices de ce projet ne sont là que pour partager un peu de leur savoir-faire aux enfants, il y a à la fois une dimension pédagogique et sociale, et un objectif final qui est de construire un spectacle tous ensemble. Tout ça fait écho avec ma démarche qui est de transmettre et de partager.

La transmission de valeurs par l’éducation artistique et culturelle est-elle quelque chose qui vous préoccupe et dans laquelle vous vous impliquez ?
Dans tout ce que j’entreprends, j’ai cette idée-là en tête. C’est encore plus vrai à ce moment de ma carrière. L’heure est au partage d’expériences et d’expertises, il faut donner envie aux plus jeunes de lire, d’écrire, de jouer, de chanter. Bref, de créer. C’est aussi une manière de démystifier la notion d’artiste, de mettre en avant le travail, la nécessité de savoir bien s’entourer, d’écouter. Récemment, j’ai eu la chance d’être au théâtre pendant deux mois à interpréter du Marcel Proust. C’est en effet très loin des clichés habituels que l’on attribue aux rappeurs. C’est une manière pour moi de casser les codes et d’ouvrir des portes aux générations futures ; et quand je rencontre des jeunes pour qui c’était leur première fois au théâtre, qui viennent avec leurs parents, c’est à la fois un honneur et une fierté.

Vingt-cinq ans après votre premier album solo, quel regard portez-vous sur la place du rap dans le paysage musical francophone ?
On vit une époque fantastique. Le rap s’est imposé comme un mouvement musical et culturel de manière indiscutable. Il y a vingt-cinq ans, ça ne nous traversait même pas l’esprit. Il y a dix ans, ça paraissait encore impossible. Aujourd’hui le mouvement est tellement large que chacun peut y trouver son bonheur. Cela fait bien longtemps que je dis que le rap c’est la nouvelle chanson française. J’ai le sentiment que c’est un sujet qui ne fait plus débat aujourd’hui. Et c’est une victoire pour toutes celles et ceux qui animent ce mouvement, qu’ils soient dans la lumière ou dans l’ombre. Ce phénomène a des conséquences au-delà de la musique. Dans la mode, dans le journalisme, dans le cinéma, le rap est désormais partout. 

Vos collaborations avec des artistes hors des musiques dites urbaines sont nombreuses. Qu’ont en commun Gaël Faye, Ibrahim Maalouf, Olivia Ruiz ou même Florent Pagny et Alizée pour qu’ils et elles vous donnent envie de travailler avec eux ?
Ce qui m’intéresse avant tout c’est rencontrer et apprendre. Ça me paraît aussi évident que nécessaire qu’un artiste fasse preuve de curiosité. Depuis le début, j’ai eu la chance de travailler avec des gens très différents. Gaël, c’est comme un petit frère. La première fois que je l’ai rencontré c’était dans le métro. Quelques jours après, je l’invitais à faire ma première partie à Paris. Depuis on ne s’est jamais quittés. Ibrahim, c’est encore une autre histoire. J’ai toujours admiré les musiciens, les instrumentistes. Nous nous étions déjà rencontrés grâce à -M-, puis il m’a invité pour un titre sur un album et on a fini par faire un album complet ensemble. Pas de calcul. Un peu de folie et beaucoup d’envie. Pour ce qui est d’Alizée ou Florent Pagny, c’est encore différent. Ce sont des personnalités pour qui j’ai eu la chance d’écrire. Je dis bien la chance car cela remonte à bientôt quinze ans. Et à l’époque, c’était extrêmement rare que des gens issus de la pop ou de la variété invitent un rappeur à leur écrire des textes. Comme le dit Orelsan, ce qui compte ce n’est pas l’arrivée, c’est la quête. Et moi je suis en exploration permanente, raison pour laquelle je ne me limite pas à la musique.

Votre histoire est marquée par un parcours migratoire relativement simple par rapport à celui que tentent les exilés d’aujourd’hui. Cette crise de l’accueil en Europe vous fait-elle réagir ?
Je ne sais pas si c’est pire que pour la génération de nos parents qui a quitté pour la France. Une chose est sûre, c’est que cela fait des années que j’entends les anciens alerter sur ce point. Et nous en sommes certainement qu’aux prémisses. On regarde ce problème à travers ces hommes et ces femmes qui fuient leur pays pour un autre. Mais on ne parle pas des raisons qui sont venues s’ajouter aux problèmes politiques : pénurie d’eau, carences en nourriture, changement climatique, etc. Et surtout ce n’est pas un simple problème européen. Nombreux sont les pays dans le monde à souffrir de ces déplacements de population.

La France de 2023 porte-t-elle selon vous le même modèle, le même idéal que ceux qu’elle pouvait symboliser quand vous y êtes arrivé en 1975 ?
Comparer n’apporte jamais rien de bon. Je pense que la France demeure une terre de liberté, l’espoir d’une vie meilleure. Quand vous avez peu, l’ailleurs reste un espoir d’une vie meilleure.

Vous êtes ambassadeur de l’Unicef depuis 2012. Quelles causes prenez-vous à cœur de défendre ?
J’ai commencé à agir aux côtés de l’Unicef en 2010. Jusqu’alors, j’avais toujours refusé de m’engager de manière visible. Et puis je suis devenu papa. Ça prenait d’un seul coup tout son sens de s’impliquer pour l’enfance. Ensemble, on a surtout travaillé sur l’éducation, en France comme à l’étranger. Puis ils m’ont donné la possibilité de les accompagner sur des missions en Haïti, Guinée-Conakry, Soudan, Mali, Sénégal… On ne se rend pas compte de l’implication des gens qui sont confrontés localement à des problématiques très concrètes. Chaque voyage est extrêmement fort à titre émotionnel. En parallèle de tout cela, on a monté une association avec mes deux frères au sein du quartier où nous avons grandi. L’asso s’appelle Courte-Échelle, on fournit un accompagnement administratif et on donne l’occasion aux plus jeunes de rencontrer des gens qui peuvent être des sportifs, des comédiens, des journalistes, des entrepreneurs, des avocats pour créer des échanges, les accompagner dans leurs projets, leur donner un horizon en quelque sorte.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS

Naître Adulte
21 mars
Salle Guy Obino, Vitrolles
culture.vitrolles@ville-vitroles13.fr
Une proposition du festival Avec Le Temps

Justice et héroïnes

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Toute la beauté du sang versé © Pyramide

Il y a des documentaires-enquêtes, des documentaires-portraits, des documentaires sociologiques, politiques, autobiographiques, sur l’art, sur la musique… Et il y Toute la beauté et le sang versé, un vrai bijou que l’on pourrait voir et revoir pour en découvrir toutes les strates. Un film signé Laura Poitras mais réalisé en étroite proximité et complicité avec Nan Goldin. Un voyage à travers la vie, la carrière, les luttes d’une des plus grandes photographes contemporaines. Un voyage guidé par sa voix, émue quand elle raconte la mort de sa sœur aînée, Barbara, tant aimée, qui, désespérée, s’est jetée sous un train. Elle avait été internée à la demande de ses parents car elle était homosexuelle.  

Sa voix évoque ses débuts dans la photographie, ses difficultés, son recours à la prostitution   dont elle sortira en travaillant au Tin Pan, un bar tenu par une communauté lesbienne. Elle confie sa relation toxique avec un homme qui l’a battue et a failli lui faire perdre un œil, nous permettant de voir les photos de son visage blessé. Elle parle de ses amis qui comptent plus que tout, de ses addictions, de son overdose dont elle est revenue toute seule. À partir de ses photos, d’extraits de ses diaporamas, The other side, The Ballad of Sexual Dependency… ou de films, on découvre le New York underground, les communautés queers des années 1980, la contre-culture, les années sida. 

Un scandale pharmaceutique
Et à partir de 2017 commence son combat contre la famille Sackler, milliardaires responsables de la crise des opiacées aux USA et ailleurs, qui a causé plus de 500 000 morts. Elle a fondé le collectif PAIN (Prescription Addiction Intervention Now) et on assiste aux interventions des ces activistes dans les musées américains et européens. Ils dénoncent les profits considérables des Sackler, propriétaires du laboratoire pharmaceutique Purdue Pharma, qui a commercialisé le médicament antidouleur addictif OxyContin. Les Sackler ont optimisé leur fortune en devenant mécènes d’art, grâce à un habile artwashing. Nan Goldin a filmé elle-même leurs actions pour inciter les grands musées qui, pour la plupart exposent ses œuvres, à refuser les dons et subventions puis à retirer le nom des Sackler.

Dans Toute la beauté et le sang versé, dont le titre vient d’une réponse de Barbara Goldin à un test de Rorschach, Laura Poitras a trouvé la juste place pour nous rendre très proche Nan Goldin, nous donner à voir l’évolution de l’artiste à travers une multitude de photos et découvrir un scandale pharmaceutique et humain. 

ANNIE GAVA

Toute la beauté et le sang versé, de Laura Poitras
En salle depuis le 15 mars
Le film a obtenu le Lion d’Or 2022 de la Mostra de Venise et était nominé pour lOscar 2023 du meilleur documentaire. 

« Houria » : la danse brisée 

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Houria © Le Pacte

En 2019, Cannes saluait Papicha, premier long métrage de fiction de Mounia Meddour. Dans la foulée, le film décrochait le Prix Alice Guy et deux Césars : celui du meilleur premier film et du meilleur espoir féminin pour l’actrice principale Lyna Khoudri. On attendait donc avec impatience le deuxième opus de la réalisatrice franco-algérienne. Avec des thématiques voisines, quasiment la même équipe, la même interprète dans le rôle-titre et le même bonheur de filmer un collectif de femmes dans leur puissance vitale de résistance aux diktats mortifères et liberticides de la société algérienne, Houria arrive sur nos écrans aujourd’hui.

Cornes à cornes
Papicha se déroulait dans le passé proche : les années 1990, au début de la décennie noire en Algérie. Montée de l’intégrisme religieux, guerre civile, attentats. Houria est au présent, dans l’ « après ». L’après des luttes, l’après des traumas, l’après aussi de l’amnistie nationale des terroristes. Des « repentis » protégés par l’inertie des autorités, recouvrant leur liberté de nuire, croisant parfois les familles d’anciennes victimes qui ne peuvent pardonner. Une Algérie du chômage où les jeunes « tiennent » les murs, s’enfuient vers l’Europe, y perdent souvent la vie. Un pays de rêves brisés et de potentiels gâchés. 

La jeune Houria (Lyna Khoudri) est diplômée de sport. Pour gagner sa vie, elle fait des ménages dans un hôtel avec son amie Sonia (Hilda Amira Douaouda). Toutes deux pratiquent la danse classique dans l’école dirigée par Sabrina, la mère d’Houria (superbe Rachida Brakni) qui s’apprête à monter le Lac des Cygnes. Houria est belle, son prénom glorifie la liberté, et c’est librement qu’elle parcourt, la nuit tombée, un espace occupé par des hommes. Elle gagne de l’argent en pariant sur des béliers qu’on fait s’affronter. Passant de sa terrasse algéroise saturée de lumière aux ombres clandestines de la nuit. De la grâce des pliés et piqués, tête haute et bras en couronne à la violence bestiale du combat des mâles, cornes à cornes. 

Privées de parole
Un soir, elle est agressée par un mauvais perdant, ex-tueur du GIA gracié. Sa cheville cassée ne lui permettra plus de faire des pointes et le traumatisme la rend mutique. Mounia Meddour va suivre sa lente reconstruction au sein d’un groupe de femmes traumatisées comme elles, hantées par les fantômes de la guerre ou les violences patriarcales. Le processus de résilience s’enclenche, de l’anéantissement initial, « je suis déjà morte » dira Houria, à une réappropriation de son corps et de sa vie par la danse encore, l’amour de sa mère, l’amitié de Sonia et la force créative du nouveau groupe qui s’est créé. Des femmes sans hommes, privées de parole, qui s’expriment par leurs corps, leurs gestes et se reconstruisent collectivement. 

Si la charge symbolique trop appuyée alourdit souvent le scénario, si tout y est un peu attendu et si le rythme de l’ensemble souffre de la redondance des scènes de fête et de partage, le film offre toutefois des moments de grâce. La performance des comédiennes force l’admiration, et en premier lieu, éclairée par le chef opérateur Léo Lefèvre, Lyna Khoudri, qui a appris la langue des signes, a travaillé avec la chorégraphe Hajiba Graham, convaincante et bouleversante jusqu’au bout. Elle incarne à merveille le propos de Marie-Claude Pietragalla dans Le Théâtre du corps que Houria lit durant sa convalescence : « Dans la danse, l’art du ressenti, au-delà de la technique, capture les émotions et transcende nos vies. »

ÉLISE PADOVANI  

Houria, de Mounia Meddour
En salle depuis le 15 mars 

Thomas Azuélos : un retour flamboyant 

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C’est une histoire longuement mûrie. Un conte labyrinthique à la croisée des mondes, au titre et à la couverture en trompe-l’œil. Dans Toute la beauté du monde, il y a d’abord un lieu : Cerbère. Un port, une gare, frontières entre l’Espagne et la France. Et à Cerbère, un hôtel à l’allure de paquebot, dressant sa proue entre ciel et mer. Un hôtel désormais décrépit, qui ressemble à une scène de théâtre. Ces espaces de bout du monde, Thomas Azuélos les a longtemps arpentés, photographiés, croqués.

Et puis il y a une date : 1939. La République espagnole est morte, les franquistes pourchassent les républicains, les réfugiés affluent ; c’est la « retirada ». De l’autre côté de la frontière, certains fuient aussi, les lois antisémites, l’ordre nazi qui commence à s’étendre sur toute l’Europe. Un moment historique critique, des lieux propices aux croisements, aux rencontres, aux chocs. De quoi alimenter une intrigue forte… que le bédéiste marseillais a mis plusieurs années à peaufiner, tant il avait à cœur de faire vivre les nombreux personnages qui la peuplent.

L’espoir renaît
Dans cet album inspiré se croisent les transbordeuses d’oranges (dont Thomas Azuélos a déjà évoqué les luttes mémorables dans une BD documentaire parue dans la revue féministe La Déferlante), des républicains et des franquistes, un cuisinier catalan, un peintre fou, Walter Benjamin, des sbires staliniens et de jeunes femmes qui n’ont pas peur de prendre des risques… On y parle russe, allemand, espagnol, catalan. Azuélos prend des libertés – assumées – avec l’Histoire et n’hésite pas à enrichir le récit d’éléments merveilleux. Un conte donc. Dont le personnage de la Mousseigne, si proche des sorcières et des prophétesses de légendes, est révélateur. Et dont le graphisme épuré, aux tons doux, tout en aquarelles et encre de Chine, exprime la certitude que quelque part se niche « toute la beauté du monde ». Comme un contrepoint lumineux aux soubresauts les plus violents de l’histoire récente.

Il faut accepter de se perdre dans un scénario complexe, déroutant parfois ; accepter de sortir des sentiers battus de la narration réaliste ; accepter les histoires dans l’histoire et les plongées inattendues dans le surnaturel. Alors éclot la beauté ; alors renaît l’espoir. Malgré tout.

FRED ROBERT

Toute la beauté du monde, de Thomas Azuélos (texte et dessins)
Futuropolis - 25 €

À lire également
La révolte des orangères, un documentaire de seize pages paru dans la revue La Déferlante n°3 (septembre 2021)

Fred Nevché : le printemps est arrivé 

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Il nous avait accompagné au printemps 2021 avec son excellent concept-album sur la vie de Lou Reed, au côté de French 79. Il est de retour, deux ans plus tard, cette fois non pas adossé à un monument de la musique, mais à une bâtisse bien connue des Marseillais. Dans Villa Valmer, Fred Nevché nous réinjecte une pop-électro douce et dansante, ponctuée de réflexions acides, et baignée d’un soleil enivrant. Quatre chansons en français, parfois livrées en spoken word (les paroles sont clamées plutôt que chantées), une technique qu’il utilise depuis ses débuts, toujours avec classe et subtilité. 

Poétique et politique 
Avec Villa Valmer, Fred Nevché nous embarque le temps d’une soirée dans cette villa du XIXe siècle, qui domine fièrement la Corniche. Un lieu qui est aussi à l’origine de nombreuses tensions, entre ancienne et nouvelle majorités municipales, et projets immobiliers privés. Pendant un temps, il était même question d’y faire une guinguette, où musiques et cocktails trinqueraient les soirées d’été. Vous en rêviez ? Fred Nevché l’a fait. 

Le disque s’ouvre avec son titre éponyme, et des paroles bien cisaillées. « J’ai le cœur paradis fiscal, l’âme qui flotte à découvert, mes poumons ne sont qu’une escale, qui mène à toi, Villa Valmer ». Dans une instrumentale mêlant la guitare chère à l’auteur, les percussions et des onduleux habillages électro, il déclare son amour à la villa : « Je veux te protéger des yakuzas », « au ciel je braque les cinq étoiles qui planent sur toi », en référence au projet d’hôtel de luxe qu’on lui avait promis.  

Dolce vita
Cette entrée en matière, gentille et mélodieuse, laisse place sur Dixon à un Fred Nevché cette fois plus incisif. Si la guitare est toujours présente, on sent que la fête passe un cap et le BPM augmente sensiblement. Sur la suivante, Tout est fluo, l’auteur nous expose une nouvelle fois ses qualités de mélodiste. Un morceau qui, sans ses attributs électro, ne ferait pas tâche dans un album de chanson française – on pense à Laurent Voulzy parfois. 

La soirée se termine avec Chalalas, une sucrerie pleine de malice : « Luxe, brutal, Benoît a révélé l’affaire, […] Jean-Claude en scred te braque pour R ». Avant de peindre avec acidité la « dolce vita » marseillaise : « autour de moi c’est chalalas, jeunesse dorée […] vieux beaux et milfs, queen of the beach. » On sort de cet album avec une image impressionniste finement gravée dans notre esprit, une escapade festive et politique évoquée par touches, en quatre morceaux solaires et accomplis. 

NICOLAS SANTUCCI

Villa Valmer, de Fred Nevché
IN/EX - Alter-K distribution