mardi 16 septembre 2025
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Accueil Blog Page 238

L’Alpillium : des spectacles, mais pas que ! 

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Madame ose bashung ©MONSIEUR GAC

Dans la ville de Nostradamus, depuis 10 ans, les conditions techniques sont enfin réunies, grâce à L’Alpilium, pour inviter des spectacles qui étaient impossibles à accueillir auparavant dans ce coin des Alpilles. Et voilà les créations d’Angelin Preljocaj, Fouad Boussouf, le Cirque Poussière, Miossec, Olivia Ruiz, Cats On Trees ! Après plus de 200 spectacles accueillis, la onzième saison débute, accompagnés, pour celles et ceux que ça tente, de multiples prolongements. 

Jonglage, OFNI, Boum Boum

D’octobre à janvier, neuf spectacles sont à l’affiche, chacun d’un genre différent : théâtre, concert, cirque, jeune public, stand-up, danse, cabaret, spectacle musical. Et quasiment tous sont accompagnés de propositions parallèles artistiques, culturelles et conviviales entièrement gratuites. Par exemple, si vous décidez d’intégrer le Parcours danse & cirque (en achetant des places pour deux spectacles dans la saison) vous ferez un stage de jonglage avec la Cie Bulle de Cirque, une masterclass avec le chorégraphe Christophe Garcia, et une sortie de résidence avec le danseur et chorégraphe Youness Aboulakoul

Le 19 octobre, en préambule au biopic théâtral captivant Guten Tag, Madame Merkel de la Cie Les Oiseaux de Minerve, des ateliers de jeux de mots, d’expressions, d’équivalences franco-allemandes et virelangues seront animés par des collégiens de 4e et de 3e, accompagnés de dégustation de petits gâteaux préparés à la Maison de la Jeunesse, et de bretzels. Pour Bateau théâtre d’objet de la Cie Les Hommes Sensibles (9 novembre), ce sera une Course d’OFNI (objets flottants non identifiés) miniatures sur le canal des Alpines. Il y aura un atelier d’écriture en écho à Madame ose Bashung spectacle cabaret de la Cie Le Skai et l’Osier (16 décembre), une masterclassavec le guitariste virtuose Thibault Cauvin la veille de son concert (25 janvier), et aussi, ce dont vous avez toujours rêvé : apprendre à jouer un morceau des Plastic Boum Boum, juste avant leur spectacle (23 janvier).

Musique et climat

Au-delà des spectacles mentionnés, il y a également au programme de ce début de saison, un concert Passion Rachmaninov  consacré au compositeur russe (21 octobre) avec Alphonse Cemin au piano, Guillaume Effler au violoncelle, et le baryton ukrainien Volodymyr Kapshuk au chant, une façon pour l’équipe de L’ Alpilium de rappeler que la musique n’a pas de frontières. Enfin, dans un registre tout à fait différent, un spectacle de l’humoriste Thomas VDB (17 novembre), qui sous le titre Thomas VDB s’acclimate, fera des blagues sur le climat. Il déclare à ce propos : « J’ai grandi dans les années 80, une époque où on pensait encore que le pire était derrière nous. Je regardais Annie Cordy à la télé avec mes parents et je me disais “On est sains et saufs ! Si elle chante Tata Yoyo, y a pas de problème grave ! On risque pas de mourir tout de suite !”. Aujourd’hui, je regarde les infos et… »

MARC VOIRY

Alpilium
Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37 
mairie-saintremydeprovence.com

Le Mucem côté piles 

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Les grandes reserves, CCR © Mucem/Yves Inchierman

Qui n’a jamais eu envie d’aller visiter les coulisses d’un musée ? Voir comment les équipes travaillent dans ses réserves, comment les objets sont classés, répertoriés, protégés… C’est à cette curiosité que répond La vie secrète des collections au Centre de Conservation et de Ressources du Mucem. Inauguré à la Belle de Mai en 2013, ce bâtiment, minéral et sobrement majestueux, signé Corinne Vezzoli, abrite un million d’objets et documents qui constituent les réserves du musée national, et avec elles une mémoire de nos sociétés. Dans cette exposition visible jusqu’au 8 mars 2024 on  découvre certains de ces objets, autant pour ce qu’ils racontent d’eux-mêmes, que ce qu’ils nous disent du travail des équipes. 

L’équipe se réserve le droit d’entrée

On pouvait s’en douter, ne rentre pas dans les collections d’un musée national qui veut. Dès le début du parcours, aidée par des infographies précises, l’exposition présente le processus d’acquisition d’un objet dans ses réserves. Certains nécessitent une « enquête collecte », une singularité du Mucem où des chercheurs vont sur le terrain observer un sujet, rassembler des témoignages, et constituer un dossier qui permettra de contextualiser les objets et documents collectés. 

Cette démarche est illustrée à travers un lingot d’aluminium et son moule, récoltés en Égypte en 2014 dans le cadre de l’enquête « Économie des déchets en Méditerranée ». Autour d’eux, des photos montrent des recycleurs d’aluminium, travaillant à mains nues dans ce qu’il semble être les bas-fonds du Caire, entre un four incandescent, amas de canettes usagées et suite de lingots à même le sol. Des moules qui pouvaient nous apparaître si anodin prennent soudain tout leur sens. 

Ça coulisse

Le travail ne s’arrête pas là. Une fois l’objet acquis, il est recensé dans un registre, avec photo, informations diverses, et frappé d’un code barre pour le localiser dans les réserves. C’est ce processus qui a accompagné deux statuettes lituaniennes du XIXe siècle présentées dans l’exposition. Celles-ci posent à côté d’une photographie où on les voit dans l’appartement de Jurgis Baltrusaitis, historien de l’art et ancien propriétaire, qui a œuvré pour le rapprochement culturel entre la France et son pays. Encore une fois, le travail de contextualisation nous en dit bien plus que l’objet lui-même.

Pour les équipes, il s’agit ensuite de bien conserver ce patrimoine. L’exposition présente pour cela le travail effectué autour d’une marionnette sicilienne. Celle-ci est emballée dans une housse, qui prend soin de ne pas être en contact avec l’objet qu’elle protège, aidée par des tringles, mousse et des fils. Un ouvrage savamment pensé par l’équipe d’installateur·e·s du musée, qui veille également à la surveillance sanitaire des collections (température, infestations…).

L’exposition ouvre aussi de nombreuses autres questions. Celle de la restauration évidemment, mais aussi de l’intérêt patrimonial d’accueillir tel objet ou non. Car Marie-Charlotte Calafat, responsable du département des collections et des ressources documentaires, nous le rappelle : ceux-ci deviennent automatiquement « inaliénables », et il ne s’agirait pas d’encombrer ce bien si précieux qu’est notre mémoire. 

NICOLAS SANTUCCI

La vie secrète des collections à la Belle de Mai
Jusqu’au 8 mars
Centre de Conservation et de Ressources, Marseille
mucem.org

DOMAINE D’O : Le théâtre dans la cité

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Gisèle Halimi, une farouche liberté de Lena Paugam © Thomas O Brien

En fin de saison dernière, la programmation culturelle du Domaine d’O (dans sa partie Nord gérée par Montpellier Méditerranée Métropole depuis 2018) et le festival Le Printemps des Comédiens fusionnaient sous la direction artistique de Jean Varela avec pour ambition de devenir une grande « Cité européenne du théâtre ». Une annonce qui tombait à pic alors que Montpellier et Sète peaufinaient (et peaufinent encore jusqu’en décembre) leur candidature conjointe en tant que capitale européenne de la culture 2028. Présentée lors de l’édition 2023 du festival Le Printemps des Comédiens, la création d’Ivo van Hove Après la répétition / Persona inaugurait officiellement la création d’une cellule de production PCM/Domaine d’O. 

Sur tout le territoire

De fait, cette saison 2023-24 est une étape nouvelle. Pour l’occasion, le somptueux Opéra Comédie de Montpellier est investi à plusieurs reprises tout au long de cette saison, à commencer par Othello de William Shakespeare revisité par l’incontournable Jean-François Sivadier (du 4 au 6 octobre). Si tous les arts du spectacle vivement sont présents dans cette programmation 2023-24, notons côté théâtre une très belle pièce Gisèle Halimi, une farouche liberté de Lena Paugam (27 et 28 novembre), ou encore la création sous forme de libre adaptation par Nicolas Oton de L’éternel mari de Fiodor Dostoïevski (2 au 4 novembre). Il faudra attendre février pour voir la nouvelle création du pôle de création PCM, ou quand Romeo Castellucci s’empare du destin tragique de la Bérénice de Racine incarnée par Isabelle Huppert. Mais pour bien commencer l’année théâtre, l’important est de ne surtout pas rater le Warmup#9, un temps fort dédié à « la création théâtrale au travail » locale, les 22 et 23 septembre au Domaine d’O, mais aussi au Théâtre Jean Vilar, au Hangar théâtre, à l’Ensad ou au théâtre Jacques Coeur à Lattes.

ALICE ROLLAND

Domaine d’O
Montpellier
domainedo.fr

ESPACE CULTUREL DE CHAILLOL : Une écologie musicale

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Yves Rousseau © Alexandre Chevillard

Zébuline. Comment s’orchestre la nouvelle saison de l’Espace culturel de Chaillol ? Y a-t-il des échos avec la précédente ou le festival estival ?

La vie est faite de liens qui s’approfondissent et de rencontres nouvelles. De même, nos saisons cultivent la fidélité autant que l’ouverture à de nouveaux horizons. C’est dans cet équilibre délicat que s’épanouit la relation aux habitants, qui aiment suivre le travail des artistes sur plusieurs années mais sont également désireux d’aventures musicales renouvelées. L’automne est consacré aux résidences artistiques qui permettent aux musiciens accueillis d’épanouir un geste. Les projets qui en bénéficient sont présentés dans nos saisons. Ainsi, le violoniste et compositeur David Brossier, qui a bénéficié d’une commande d’écriture en 2023, présentera en janvier 2024 le nouveau répertoire du Quintet Bumbac, un travail qui a profité d’un suivi sur plusieurs mois. Le contrebassiste et compositeur de jazz Yves Rousseau sera lui aussi en résidence pour l’écriture d’un solo auquel il songe depuis plusieurs années…

Est-ce que votre rapport au territoire a changé au fil des années ? Dans sa perception, sa relation aux œuvres, aux créations, aux publics, aux lieux…

Comme dans un couple qui dure, la relation entre l’Espace culturel de Chaillol et les Hautes-Alpes est solide, ancrée dans la vie. Elle s’est construite patiemment, dans un dialogue continu, sincère, avec les habitants, les élus, les artistes. Cette longévité – l’Espace Culturel de Chaillol présentera sa 28e saison en 2024 – est très belle. Elle nous donne, à l’équipe et aux nombreux bénévoles qui œuvrent au quotidien, une immense satisfaction. De celle que doit ressentir un jardinier amoureux de son coin de terre et qui, à force de patience et d’attention, sait la richesse du paysage qu’il habite, sa beauté autant que sa vulnérabilité. Envisagée comme un art de la relation, la musique est une écologie.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARYVONNE COLOMBANI

Espace culturel de Chaillol
09 82 20 10 39 / 06 40 11 37 78
festivaldechaillol.com 

FORUM JACQUES PRÉVERT : Carros va bon train

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Pierre Caussin - FJP - Portrait © MichaelKhettabi

Zébuline. Vous êtes une petite scène entourée de nombreux grands théâtres. Quelle est votre identité dans ce paysage ?

Pierre Caussin. Oui, une des plus petites scènes conventionnée de France, entourée des mammouths du littoral ! Notre spécificité est d’abord liée à notre conventionnement Arts, enfance et jeunesse, qui nous amène à programmer du jeune public, mais aussi à nous intéresser aux collégiens et lycéens du territoire, et à travailler avec eux, pour eux, les écritures du réel et les sujets de société, au présent. 

Comme ?

Les relations amoureuses entre deux jeunes filles, la difficulté d’être adolescente en Iran… On a trouvé une autre place, et on travaille avec tous les grands lieux du territoire, en particulier lors de notre temps fort Trajectoires. On est repéré pour cela : on sait coopérer, tisser des trajets communs, et plutôt que pratiquer la concurrence des publics on cherche à le faire circuler, et surtout à le faire augmenter globalement. Les théâtres ici restent marqués par la baisse de public d’après Covid.

Vous êtes conventionnés enfance et jeunesse, dans un département où la population est plutôt âgée. 

Il y a quand même des enfants ! À Carros on a une sociologie des publics avec beaucoup de jeunes, des cités, 35 nationalités, une forte croissance démographique, une vraie mixité sociale. Un vrai changement de population aussi : il reste du foncier constructible, le tram va bientôt venir jusqu’ici… Mais il est important pour nous d’être parvenus au 100% Education Artistique et Culturelle. Nous sommes une des premières villes, avec Cannes, où tous les enfants et tous les jeunes s’impliquent dans un projet culturel. Au terme du bilan des trois dernières années, nous y sommes !

Votre programmation est aussi repérable au nombre de coproductions et de compagnies régionales. 

Voire locales. Oui.  J’aime accompagner les artistes, c’est le premier plaisir de mon métier. Quand je suis arrivé à la direction du Forum, il y avait peu de moyens de productions. Cela reste aujourd’hui modeste, mais grâce aux sept réseaux de coproductions avec lesquels nous travaillons désormais, Traverses le réseau des scènes régionales, Le Réel en jeu, Traffic le réseau des arts de la parole, Fragments, douze théâtres qui parrainent douze compagnies… Lamine Diagne [Cie l’Enelle, ndlr] que nous parrainons va ainsi jouer à Fragments en Ile-de-France. Nous avons aujourd’hui les moyens de soutenir ensemble des créations et de les diffuser. Avec plusieurs partenaires on accompagne mieux… 

Vous les accueillez en résidence également ? 

Oui. Nous accueillons quatre à sept compagnies par an, toujours celles que nous coproduisons par ailleurs. 

Avec des actions pédagogiques en échange ? 

Non. Ce n’est pas une condition. Quand on a un plateau pour quelques semaines, quelques jours parfois, on doit se consacrer à la création. Nous organisons les actions pédagogiques pour ceux qui en ont envie, sans obligation.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Forum Jacques Prévert
Carros
04 93 08 76 07
forumcarros.com

Concert de rentré.e.s

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Manon Lamaison lors du concert d'ouverture de l'Opéra Orchestre National de Montpellier © A.F

Une longue file de spectateurs s’étendait sur toute la place de la Comédie le 23 septembre. Des habitués, abonnés, fans de l’OONM, mais aussi des groupes de jeunes gens qui discutaient pour certains de leur « première fois » à un concert lyrique. Il faut dire que les places à 10 euros, les abonnements moins de 30 ans à 25 euros, sont incitatifs, et parviennent à leur but : renouveler le public de l’opéra, qui a déserté les salles depuis le COVID… Montpellier excepté ! 

Mais le prix des places n’est sans doute pas la clef essentielle de cette réussite. En ce concert de rentrée Chloé Dufresne est à la baguette. Une jeune femme, pour une direction enthousiaste, qui anime les tempi qu’elle aime rapides, dirige de tout son corps et fait sonner les couleurs du merveilleux Orchestre National, un des meilleurs de France, et de son Chœur, tout aussi exceptionnel. Emmenés pour l’un par une premier.e violon, et par une cheffe de chœur. 

Des femmes pour sortir de certaines scléroses du monde lyrique ? Pas de compositrices en ce concert gala qui s’appuie sur le répertoire des grands maîtres (Mozart, Gounod, Bizet, Verdi, Rossini, Donizetti et Delibes), mais un vrai travail sur la représentation. 

Moments de pur bonheur

Manon Lamaison (soprano) se présente sans fioriture ni robe longue, presque timide aux applaudissements. Sublime dans Sous le Ciel étoilé de Lakmé(Léo Delibes), elle prend des risques vocaux insensés, file des aigus sur le souffle, ose des contre-uts pianissimi…  Le principe du récital permet de faire entendre une autre page sublime, Il faut partir de Donizetti : si l’intrigue de La Fille du régiment est aujourd’hui peu acceptable, et l’opéra peu joué, cet air-là est un sommet de délicatesse, atteint avec brio par la jeune soprano.

Le baryton Felix Gygli soulève aussi l’enthousiasme public, dès l’entrée, avec Largo al factotum, le tube du Barbier de Séville de Rossini. Figaro qua, figaro la, le baryton se joue de tous les pièges de cet air de bravoure qui file à toute allure, tonne souvent, et demande un grand talent de comédien comique… 

Le Chœur aussi a ses moments de Gloire immortelle de mes aïeux, tube martial du Faust de Gounod chanté par les hommes en avant-scène, ou un sextet de Lakmé qui mettait en avant ses excellents solistes. 

Les duos de Manon Lamaison et Felix Gygli concluent la soirée avec brio, et avec Mozart !  La scène de séduction entre Don Juan et Zerline (La ci darem la mano) où elle finit par écouter son propre désir et entrainer le séducteur dans les coulisses. Et un merveilleux bis, Papageno comique et Papagena qui donne de la voix, tous les deux surfant sur la rapidité  et la joie du célèbre duo… 

AGNÈS FRESCHEL

Le Gala lyrique de l’Opera Orchestre National Montpellier a eu lieu le 7 octobre

Montpellier Danse : Coudes, bras, épaules…

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FiestAgora © MPT Danse

18h, dans la cour de l’Agora de la Danse, une quarantaine de danseuses et danseurs écoutent attentivement les consignes de la chorégraphe Michele Murray : « 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8… Coudes, bras, épaules… On utilise toutes les possibilités ! Je choisis ce que je suis en train de faire et j’évolue comme si j’étais dans un film… » Puis l’artiste Hamdi Dridi vient en soutien, motivant les danseurs en herbe avec douceur : « N’hésitez pas à donner et prendre, ensuite on va préparer une petite danse avec des répétitions et des accumulations… ». Petit à petit, le mouvement se libère, les gestes occupent l’espace, le tout porté par les mix survitaminés de DJ Sin’dee des Mixeuses solidaires

Entrer dans la danse

Cette Fiestagora #7 de Montpellier Danse met en avant la pratique amateur et ça plaît. 750 personnes étaient au total inscrites pour participer à un ou plusieurs cours de danse de cet événement de rentrée en plein coeur de l’Agora de la Danse. Dont de nombreux ateliers qui durent à l’année, une façon comme une autre de donner envie d’entrer dans la danse et de lever tous les a-prioris qui empêcheraient de tenter l’aventure du mouvement. Sur la scène du théâtre de l’Agora, les élèves du troisième cycle du Conservatoire de Montpellier évoluent comme des professionnels, tout de noir vêtus, avec un sérieux et une précision qui impressionnent de maturité. Le dernier atelier public est animé par Marta Izquierdo Muñoz et Fabrice Ramalingom, les courageux résistent au début de soirée. D’autres préfèrent regarder ce spectacle qui a quelque chose de joyeux, d’apaisant même. 20h15, la cour de l’Agora se transforme en bal électro dans la bonne humeur. Les corps s’expriment sans se soucier des regards ni du jugement. 

ALICE ROLLAND

La Fiestagora #7 a eu lieu le 27 septembre à l’Agora de la Danse, Montpellier 

THÉÂTRE DE L’ŒUVRE : La renaissance toujours à l’Œuvre

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À nos humanités révoltées © Claire Fasulo

Il en aura fallu du temps, et c’est normal, pour relancer la merveilleuse machine du Théâtre de l’Œuvre. Fermé entre 2008 et 2017, une vente de tableau et l’arrivée d’une nouvelle équipe plus tard, le théâtre de Belsunce reste fidèle à son ancrage dans son quartier, et propose de nombreuses ouvertures. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : jusqu’en décembre, ce sont quarante rendez-vous qui attendent les spectateurs, dans une habile cohabitation de théâtre et conférences engagées,  et de musique. 

Du théâtre contestataire

Après une ouverture en musique, portée par le collectif Twerkistan et DJ Doucesoeur, c’est du théâtre qui va animer la suite du mois de septembre. Le collectif Manifeste Rien, déjà passé par là pour Les Rafles la saison dernière, présente du 21 au 23 septembre Pour un nouveau système. Un spectacle toujours animé par les sujets de prédilection du collectif, soit la critique du colonialisme, du patriarcat et du capitalisme – puits sans fond d’inspiration… 

La programmation se poursuit avec Just us – Poèmes à cracher de la compagnie des Hauts Parleurs le 29 septembre, une pièce poétique portée par Sandra Calderan, à l’écriture et à la scène. Autre spectacle attendu, celui du collectif Ico·no·cl·a·ste le 6 octobre. Dans À nos humanités révoltées, une pièce mêlant théâtre, danse et création vidéo, ils reviennent sur la nécessaire « prise de parole des femmes noires face aux systèmes d’oppression ».

Musique et conférences

Si le théâtre a occupé la majeure partie de la programmation de rentrée, c’est la musique qui vient s’imposer sur les planches de la rue Thubaneau jusqu’à Noël. Notamment avec Jazzbois (7 octobre), un trio fusion jazz-hip-hop originaire de Budapest qui a su se faire connaître par l’originalité de ses sons, intriguant le milieu du jazz comme du rap. Ou avec Chistina Rosmini : l’autrice-compositrice-interprète marseillaise présentera sa chanson méditerranéenne non pas une mais trois fois (12 octobre, 9 novembre et 7 décembre). 

On n’oublie pas non plus les conférences qui vont parsemer l’année, et notamment le cycle « Corps et colonialité : ce que le racisme fait au corps » (30 septembre, 13 octobre et 8 décembre). 

NICOLAS SANTUCCI

Théâtre de l’Œuvre
Marseille
04 91 90 17 20
theatre-oeuvre.com

Au Zef, une bande magnétique

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Le chemin du wombat au nez poilu de Joanne Leighton, les 9 et 10 novembre au Zef © Patrick Berger

Des artistes associés qui il y a peu encore, se répartissaient entre La Ruche, accompagnement complet de trois jeunes compagnies de la Région Sud, et La Bande, qui permettait d’avoir toujours des artistes dans les murs, de toute discipline, et tricoter des projets à géométries variables. Depuis la saison dernière les deux piliers n’en font plus qu’un seul, une Bande d’artistes associés, affranchie des contraintes de nombre, de durée, de qualité, de disciplines… On y trouve en ce moment l’interprète et metteure en scène Marion Pelissier, le metteur en scène Michel Schweizer, le danseur et chorégraphe Pierre Rigal, la chorégraphe Joanne Leighton, le circassien Jean-Baptiste André, le musicien et compositeur Loïc Guenin, et le chef cuisinier Emmanuel Perrodin

Bande à l’œuvre

En première partie de saison, on pourra retrouver les propositions de quelques-uns de ces artistes sur la scène du Merlan. Dans l’ordre d’apparition, Nice Trip (18 octobre) de Michel Schweizer avec Mathieu Desseigne-Ravel (acrobate et danseur chez Alain Platel) une chorégraphie avec du fil barbelé comme fil conducteur, la frontière pour destination, et le fiel d’une humanité en repli sur elle-même en toile de fond. Un pamphlet à l’âpreté douce-amère. Loïc Guénin, avec la complicité du photographe Vincent Beaume et de quelques musicien·ne·s inaugurera, en amont de sa création musicale Walden [LE ZEF] en février, l’exposition Walden [Partitions graphiques] dont le vernissage (7 novembre) se fera de façon conviviale et immersive, verres et grignotages en présence de musicien·ne·s, qui interpréteront quelques-unes des partitions exposées. Partitions que le compositeur dessine en arpentant divers sites dans la France entière, depuis 2014, en écoutant leurs écosystèmes, en les retranscrivant sur papier, et en les donnant à jouer, in situ, à de prestigieux ensembles de musiques contemporaines (C Barré, Ars Nova, L’Instant Donné ou l’Intercontemporain). Joanne Leighton proposera elle, dans le cadre du festival Nature et biens communs, une chorégraphie poétique destinée aux enfants Le chemin du wombat au nez poilu (9 et 10 novembre). Spectacle sous forme d’épisodes, où à travers la danse, la narration et la vidéo, deux interprètes nous emmènent dans un voyage solaire et minéral vers un désert australien, une nature nourrie de contes et de légendes. Enfin Marion Pelissier présentera Dédale (30 novembre et 1er décembre), pièce inspirée des mythes de Dédale et d’Icare, aux allures de thriller, avec dispositif vidéo en vue subjective et environnement sonore, qui suit un être condamné à chercher l’issue d’un espace qui n’en a pas. 

Avis de recherche

Quant au chorégraphe Pierre Rigal, il lance d’ores et déjà un avis de recherche pour trouver 200 coureurs et coureuses (déjà capables de courir 45 minutes, de façon fractionnée) pour son projet de Ballet Jogging, entre danse et sport, s’inspirant des murmurations, ces chorégraphies spectaculaires qu’effectuent les nuées d’oiseaux ou les bancs de poissons. Premières sessions d’entraînement au stade Henri Bernus, dans le 13e arrondissement, les mercredi 18 octobre et vendredi 20 octobre de 18h à 21h. La forme finale sera mise en musique, en direct, pour une restitution festive, à quelques jours de l’arrivée de la flamme Olympique à Marseille ! Quant à Loïc Guénin, il recherche des participant·e·s pour son projet de contamination : Virus ! Un projet collectif, expérimental et artistique, fait d’une phrase, de sons et de gestes simples, un virus qui se répand depuis la saison dernière, propagé par un groupe de personnes volontaires, chacune apportant son variant artistique, pour le faire muter jusqu’à l’acte final…

Mais encore

Hors de ces rendez-vous avec la Bande d’artistes associés, les premiers mois de cette nouvelle saison du Zef seront parcourus de nombreuses propositions. Parmi celles-ci, Je suis tous les dieux (du 10 au 12 octobre) de Marion Carriau conte chorégraphique sur les traces d’une des plus anciennes danses traditionnelles indiennes : la Bharata Natyam. De la musique avec la chanteuse malienne Oumou Sangaré (17 novembre), qui renoue avec les rythmes dansants et les mélodies lancinantes de la tradition wassoulou dans son dernier album Timbuktu. Et du théâtre avec notamment 4,7% de liberté (14 et 15 décembre) de Métilde Weyergans et Samuel Hercule, fable moderne qui suit les destins de deux statisticiens, évoluant dans une démarche permanente de rationalisation de la vie, portée par six jeunes comédiens et comédiennes. Un lancer de saison (29 septembre – gratuit sur réservation) festif reviendra sur toute cette  programmation et plus en détail, ponctué d’un interlude musical signé Loïc Guénin, artiste de la Bande, et de Vivace, chorégraphie d’Alban Richard, qui requiert, de la part de ses deux interprètes, vivacité et résistance !

MARC VOIRY

Le Zef
Marseille
04 91 11 19 20 
lezef.org

VÉLO THÉÂTRE : Expériences sensibles

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Prelude © Simon Hernandez

Scène conventionnée pour le théâtre d’objet et le croisement des arts et des sciences, le Vélo Théâtre invite depuis de nombreuses années le public à « partager l’expérience du sensible » à travers des rendez-vous ponctuels, et toute une série de temps forts qui marquent ses saisons : le festival Greli Grelo, biennale internationale de théâtre d’objet, le cycle poésie Les Cris poétiques ou bien encore Le Campement scientifique, événement arts et sciences, créé par le Groupe n+1. Qui se définit comme « un groupe de recherche qui fait du théâtre comme d’autres feraient du camping, en fonction du terrain ». Des invitations sont lancées à des artistes et scientifiques visant à mettre en scène la recherche et à la rendre sensible auprès de chacun·e. Cette année, le campement a lieu du 27 septembre au 8 octobre, à l’occasion de la Fête de la Science 2023.

À l’écoute du vivant 

On y trouvera (au Vélo Théâtre, mais aussi dans divers lieux d’Apt :  Micro-Folie, Musée, Conservatoire, Salle des Fêtes, ou au jardin de la Maison du Parc), un plateau radio participatif, une installation sonore, un jardin d’écoute, de l’archéologie sonore, deux Banquets du vivant, un apéro cartographique, un concert road-movie, quelques conférences spectaculaires et impromptus scientifiques… Le tout orienté par une « attention toute particulière au vivant et à l’écoute du vivant ». Parmi les artistes et scientifiques à la manœuvre : Balthazar Daninos et Mickaël Chouquet du Groupe n+1, Florence Troin ingénieure de recherche cartographe au CNRS, Mathieu Leborgne sociologue, Jeanne Fillon réalisatrice radio, Rafi Martin marionnettiste, Daniele Schön musicien et chercheur CNRS en neurosciences, Alain Savouret compositeur, pianiste et pédagogue, Benjamin Dupé compositeur, guitariste, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie Comme je l’entends. Toutes les propositions sont gratuites (hors banquets et brunch) dans la limite des places disponibles : la réservation est vivement recommandée.

Objets, cinéma et poésie

Les autres rendez-vous d’automne du Vélo Théâtre seront le spectacle déambulatoire, à la fois théâtre d’objets et installation Une poignée de gens… Quelque chose qui ressemble au bonheur (20 octobre) conçu, scénographié et joué par Tania Castaing et Charlot Lemoine. Une méditation poétique sur le voyage, l’errance, l’altérité guidée par André et Luiz, deux chefs de gare accompagnés de Luciano, le musicien. Un peu plus tard (12 novembre), en partenariat avec le 21e Festival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt, un ciné-goûter, deux heures de projection d’une sélection de courts-métrages concoctée et présentée par un comité de jeunes programmateurs (15/18 ans). Enfin une invitation aux poètes Liliane Giraudon et David Cristoffel (également homme de radio et compositeur) qui liront quelques-uns de leurs poèmes (1er décembre) invitation lancée par Florence Pazzottu et Michaël Batalla pour Les Cris poétiques

MARC VOIRY

Vélo Théâtre
Apt
04 90 04 85 25 
velotheatre.com