jeudi 24 juillet 2025
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Une mosaïque d’émotions

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Les six membres de Mosaïc se sont rencontrés grâce au dispositif Medinea PHOTO Vincent Beaume - Festival d’Aix-en-Provence.

Une nappe sonore aux cordes, respiration primordiale avant l’éclosion d’une mélodie, d’un rythme, frémissement d’un accordéon, et la flûte kaval, comme un oiseau qui s’élance, est rejointe par les percussions multiples d’une batterie traditionnelle et d’une darbouka…

Avec le sextet Mosaïc, la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède entre dans un songe éveillé, chatoyant de couleurs multiples. Cet ensemble de six jeunes musiciens que le Festival d’art Lyrique d’Aix a fait se rencontrer grâce au programme Medinea, s’est définitivement soudé durant le confinement, explique en souriant la violoncelliste Adèle Viret, à l’origine du groupe.

Rythmes de l’Orient

« C’était un projet un peu fou de réunir six artistes par vidéo lorsqu’ils habitaient dans quatre pays différents. Cela a donné un long parcours qui a abouti à des résidences à Lisbonne, Hammamet, Marseille, sous le regard bienveillant de Fabrizio Cassol. Notre répertoire est basé sur un mode de composition collective : tout est sorti de nos rencontres ».

Cette complicité est tangible sur le plateau, les regards, les comptes des temps, les enchaînements, les nuances, les débuts et fins de passages solistes, plus ébouriffants les uns que les autres. Le jazz se mêle aux rythmes syncopés de l’Orient tandis qu’un parfum venu des Balkans distille ses orbes sur les élans chambristes « classiques ».

Aucune voix ne se dédie de ses origines, mais écoute, fusionne, va vers… Les passages entre les univers s’effectuent avec subtilité, le violoncelle creuse les sonorités, la contrebasse (Zé Almeida) reprend les motos ostinato avant de se livrer à une improvisation jazzée, l’accordéon (Noé Clerc) s’immisce dans les diverses formes en un souffle qui se démultiplie, la flûte kaval, virtuose (Georgi Dobrev), redessine les montagnes et emprunte leurs chants aux oiseaux, les percussions (Hamdi Jammoussi) jouent entre l’Atlas et les volets bleus de Sidi Bou Saïd, tandis que la batterie (Diogo Alexandre) épouse tous les tempi avec une redoutable maestria. L’ensemble est hypnotique, bouleversant d’humanité et d’humour.

MARYVONNE COLOMBANI

Mosaïc a donné son concert le 6 juillet à Hôtel Maynier d’Oppède, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence.

Au Festival d’Avignon, un Jardin des délices hors-sol

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Le Jardin des délices investit la Carrière de Boulbon PHOTO VIVARIUM STUDIO

Chez Philippe Quesne, le diable se cache dans les détails. Le Jardin des délices, créé pour le festival, s’inspire du tableau de Jérôme Bosch peint à l’orée de la Renaissance. Et chaque petit élément du triptyque aux mille détails est, pour le metteur en scène, l’occasion de se lancer dans une multitude d’analogies et de digressions. Pas toujours très claires.

Sur scène, des explorateurs au style kitsch ont fait d’un bus leur camp de base et forment tour à tour un ensemble de flûtes à bec, un cercle de lecture ou encore un spectacle de magie improvisé. Puis de se lancer dans une soudaine analyse du tableau, sortie de nulle part mais somme toute assez comique.

Écrin minéral

Bref, Philippe Quesne nous offre pendant deux heures un enchainement de séquences décousues, ponctuées par des traits d’humour parfois faciles mais bienvenus. L’humour, mais aussi la musique permettent de raccrocher le public à une trame très distendue. Les comédiens deviennent alors musiciens, le temps d’un air de clavier apaisant, d’un solo de violoncelle ou d’un extrait d’opéra.

Ajoutez à cela le cadre exceptionnel au milieu duquel déambulent les comédiens, et le tiercé aurait pu être gagnant. La Carrière de Boulbon, au milieu de la garrigue provençale, est réinvestie par le Festival d’Avignon après sept ans d’absence. Philippe Quesne aime rappeler l’importance de ce lieu qu’il qualifie de « personnage principal du spectacle ». Sans aller jusqu’à cet excès, il est vrai que l’écrin minéral et vertigineux offre un contraste intéressant avec l’esthétique rétrofuturiste de la pièce.

Le metteur en scène l’utilise aussi pour se jouer du spectateur et le dérouter. Comme lorsque les grillons qui résonnaient pourtant dans la carrière depuis le début s’arrêtent soudainement à la demande d’un comédien. Le pouvoir de l’homme sur la nature, la place du vivant, le futur de la Terre… Des thématiques intéressantes mais seulement effleurées au passage, au milieu d’un ensemble trop souvent confus.

Rafael Benabdelmoumene

Le Jardin des délices est donné jusqu’au 18 juillet dans le cadre du Festival d’Avignon.

Une Carmen habitée et féminine aux Chorégies d’Orange

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Carmen a été donné dans le spectaculaire décor du théâtre antique d’Orange PHOTO PHILIPPE GROMELLE

Particulièrement attendue, l’unique représentation de la Carmen mise en scène par Jean-Louis Grinda au festival des Chorégies d’Orange ce 8 juillet s’est très vite remplie, de même que sa générale du 6 Juillet. Si bien que l’on pourra regretter qu’elle ne se décline que sur une date, là où la moindre des cinq dates prévues à Marseille avait affiché complet. Et ce sans pouvoir se vanter d’une distribution aussi superlative : l’immense Marie-Nicole Lemieux valant à elle seule le déplacement. On se souvient de l’amertume de celle qui, acclamée dans ce rôle en version de concert, affirmait ne pas avoir le physique gracile et aguicheur recherché par des metteurs en scène souvent libidineux. Les temps ont changé, et force est de constater que la rencontre entre la mise en scène assez sage du directeur du festival et la contralto idéale pour le rôle fait des merveilles.

Regard vif

Cette Carmen-là ne racole pas : sa séduction se situe ailleurs, dans une sensualité et une gourmandise que laisse deviner son phrasé impeccable et son timbre chaud, d’une beauté à se damner. L’alchimie avec le Don José idéal de Jean-François Borras est évidente : quelque chose de l’enfance se joue entre ces deux-là, jusqu’au déploiement même de la violence, que la mise en scène n’occulte jamais, jusqu’à un final un peu décevant, en regard de l’acuité du regard déployé jusqu’alors. L’âme de Carmen, incarnée par la danse flamenco de la très douée Irene Oliveira, danse au rythme d’une musique d’une inventivité décidément inégalée.

L’Orchestre national de Lyon, les Chœurs des Opéras Grand Avignon et de Monte-Carlo et surtout la Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon brillent sur ces envolées bien plus techniques et ardues que leur apparente légèreté ne le laisse paraître. Il faut dire que les troupes peuvent compter sur la direction proprement excellente de la cheffe napolitaine Clelia Clafiero, qui avait déjà fait merveille sur la dernière marseillaise. Les choix audacieux de tempi et les jeux de nuances non moins périlleux fonctionnent tous sans faille, puisque portés par un sens du phrasé, de l’écoute du plateau et une vision limpide du propos.

Suzanne Canessa

Carmen a été donné le 8 juillet au théâtre antique d’Orange, dans le cadre des Chorégies.

Avignon Off : Des fumées sans feu

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Tête-à-tête joyeux et inattendu entre Molière et Emmanuelle Lorre à L'Optimist (le bien nommé). PHOTO MARINE CESSAT-BÉGLER

Venue tout droit de Nizza la bella où elle codirige le soyeux Théâtre de la Libé, Emmanuelle Lorre invite les festivaliers à égratigner les idées reçues qui encrassent le mythe de notre incontournable Molière. Il est fascinant de constater le nombre de rumeurs souvent fausses et malveillantes qui s’agglutinent sur les personnalités les plus en vue « comme le miel fait les mouches » (George Dandin). Le succès déclenche des aigreurs qu’aucun médecin, volant ou non, ne saurait guérir. Nourrie de lectures diverses et contradictoires sur son cher Molière, Emmanuelle décide de s’adresser directement à lui, donc à nous, pour des mises au point qui ne manquent ni de saveur, ni de piquant. La belle, telle une justicière en guerre contre les affabulateurs, remet les pendules à l’heure. Sa conviction amuse, son aplomb séduit. Le buste de Molière la regarde, goguenard, heureux sans doute, que plus de 400 ans plus tard, on s’intéresse encore à lui. Voix joliment timbrée, diction claire, la comédienne ratisse large : Corneille, la couleur verte, le physique du maître… et surtout elle déglingue toutes les flèches empoisonnées qui ont sali la réputation de la vie amoureuse et chaotique de l’auteur du Misanthrope.

Tête-à-tête avec Molière est justement sous-titré L’illustre inconnu. On lève ici un coin du voile mais il reste encore tant à apprendre en relisant ses pièces ! C’est une invitation au pays des fausses nouvelles, un voyage léger en compagnie du maître dans un Paris crasseux où aucun aristocrate ne se risquait à mettre un pied. Un oasis frais et ludique que Mademoiselle Lorre irrigue avec élégance et bonne humeur. Avec elle il y a des fumées sans feu, n’en déplaise aux atrabilaires.

À voir ou à revoir

Dans une mise en scène de Paméla Ravassard d’après le roman de Gilles Paris, Courgette fut un bienfaisant moment de théâtre du festival 2022. Pour tous ceux qui n’ont pu y assister faute de places ou par ignorance, le spectacle revient fort à propos.

Il s’appelle Icare, surnommé Courgette, c’est un enfant d’aujourd’hui qu’on a conduit dans un centre d’accueil, Les Fontaines, parce qu’en voulant tuer le ciel, c’est sa mère qu’il a envoyée ad padres. Une mère alcoolique, violente et peu maternelle. Icare sympathise avec d’autres petits cœurs égratignés, trouve un père de remplacement avec un policier attentif à son bien-être, et ressentira les premiers frissons amoureux grâce à une jeune fille du foyer.

En compagnie de Courgette on vit un moment vaporeux hors du temps, hors des noirceurs dont nous barbouillent tous les médias. On rit, on pleure, on chaparde quelques moments de bonheur : un foyer pour enfants peut être un semblant de paradis. On veut y croire et ça fait un bien fou.

JEAN-LOUIS CHÂLES

Tête-à-tête avec Molière, jusqu'au 29 juillet, tous les jours sauf mardi à 18h25, Théâtre de L'Optimist
bluemoon-spectacles.com.
Courgette, jusqu'au 29 juillet, tous les jours sauf lundi à 10 h, au Théâtre du Girasole.
Tél. 04 90 82 74 42.

Le Luberon, terre de musiques

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Elsa Dreisig (c) Simon Fowler

L’indéniable talent des Musicales du Luberon réside sans doute dans la capacité de cette association présidée par Patrick Canac d’inviter au cœur de lieux chargés d’histoire un florilège musical éclectique où se croisent les siècles et les répertoires. L’excellence est au rendez-vous avec des artistes dont le rayonnement international ajoute au prestige des soirées du programme.

Le concert d’ouverture s’apprête à marquer les esprits : pour la première fois l’opéra probablement le plus célèbre de Purcell, King Arthur, sera joué au festival, sur la place de l’horloge de Ménerbes, interprété par l’Orchestre, les solistes (sopranos, Zoë Brookshaw, Mhairi Lawson, Lauren Lodge-Campbell, ténors, Jeremy Budd, Matthew Long, basses, Marcus Farnsworth, Ashley Riches) et les Chœurs du Grabrieli Consort dirigé par Paul Mc Creesh. Nul doute que le célébrissime « air du froid » viendra tempérer les canicules annoncées.

Des voix au féminin

Les grandes voix de notre temps se donnent rendez-vous au fil des représentations, on entendra la soprano Karine Deshayes et Delphine Haidan (mezzo-soprano) accompagnées par l’Orchestre national Avignon-Provence sous la houlette de Debora Waldman pour un Viva Rossini dont les pièces seront présentées par Jean Michel Duez (airs tirés du Barbier de Séville, Démiramis, Cenerentola ou encore L’Italienne à Alger), tandis qu’Elsa Dreisig (soprano dont le début de carrière est fulgurant) et Fiona McGown (mezzo-soprano) inviteront à un « tous en scène avec Mozart » mis en espace par Claudine Hunault avec la participation des étudiants du Scad, accompagnées par le subtil piano de Celia Oneto Bensaid que l’on retrouvera lors de la « dernière nuit d’été » (15 septembre) au sein du Quatuor Héloïse Luzzati pour un programme Schumann, Luise Adolpha Le Beau et Gustav Mahler. On entendra aussi des formations instrumentales, duo violon, violoncelle (Geneviève Laurenceau et Henri Demarquette) pour un voyage de Bach à Bacchus, et orchestre Lausanne soloists menés par le violoncelle de Xavier Phillips pour un parcours aux Senteurs du Sud

MARYVONNE COLOMBANI

Les Musicales du Luberon
Du 9 au 28 juillet
Divers lieux, Luberon
musicalesluberon.fr

Un vent de flamenco souffle sur Aubagne

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Maise Márquez présentait son spectacle « Habla la tierra » sur la scène sévillane. PHOTO M.C.

L’esplanade Charles de Gaulle à Aubagne était comble cette année encore. L’effervescence de la soirée de clôture des Nuits Flamencas rendait bien compte de celle des journées précédentes, alliant transmission, conférences, concerts, danse, cinéma… la dernière soirée débutait par une fougueuse initiation à la sévillane, cette danse qui peut symboliser tour à tour la rencontre, la séduction, la dispute, la réconciliation, enchaînant ses pas, ses ronds de jambe, ses coups, ses pas de basque ou de bourrée. L’art flamenquiste trouvait ensuite une palette foisonnante de registres dans les deux spectacles donnés sur la grande scène, soulignant à quel point cette danse multiple est expressive, conte, poétise, s’accorde aux plus intimes variations des sentiments, du plus subtil au plus emporté, emportant les éléments dans son orbe.

Garcia Lorca convoqué

C’est la Terre qui parle avec la danseuse Maise Márquez (prix Extraordinaire du Festival de Jerez en 2019) accompagnée des percussions de David El Chupete, de la guitare de David Caro et du chant de Manuel Pajares et Manuel Gines. Les modulations des airs de Habla la Tierra vibrent à l’unisson des pas de la danseuse qui tisse une trame ardente, rompant la trame, laissant les phrases en suspend puis les reprenant avec d’infimes fluctuations, les pas se pressent, les talons emballent le rythme des instruments qui suivent avec allant les fantaisies narratives d’un discours qui trouve en lui-même ses propres ressorts. C’est l’univers du poète assassiné à Grenade, Federico Garcia Lorca, qui se voyait ensuite évoqué dans une mise en scène très théâtrale adaptant les musiques de Manuel de Falla aux guitares de Jose Tomás Jimenez et Francis Gómez, les chants d’Enrique Rimache, El Quini, Manuel de la Nina et Remache, aux pas de Marina Valiente, Caludia Cruz et Marco Flores, chorégraphe et metteur en scène de l’ensemble.

Sota, Caballo y reina présente une succession de tableautins, miniatures espiègles et vivantes, inspirés du concours Granada Cante Jondo de 1922 (concours conçu par Manuel de Falla et Lorca), animés par la virtuosité pittoresque des danses, ici un café, là, une salle de bal, une scène campagnarde, un mariage, une cérémonie… le caractère souvent tragique du flamenco se mue en volte fantaisiste, le sourire gagne, la maestria des danseurs subjugue. Marco Flores joue, danse, emporte le public dans la verve de ses évolutions. Une pure merveille.

MARYVONNE COLOMBANI

La soirée de clôture des Nuits Flamencas s’est tenue le 1er juillet, à Aubagne. 

Orange fait tout pour Lemieux

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(c) Gromelle

L’édition 2023 des Chorégies d’Orange ne comporte en effet qu’une seule représentation opératique : mais pas n’importe laquelle puisqu’il s’agira de l’intemporel Carmen le 8 juillet dans une mise en scène classique et pertinente de Jean-Louis Grinda, directeur du festival, que les publics de Toulouse, Monte-Carlo et de Marseille cet hiver ont déjà pu admirer. Dans le rôle-titre, le public d’Orange retrouvera la captivante Marie-Nicole Lemieux, déjà acclamée il y a deux ans dans Samson et Dalila. Promesse de graves de velours, la contralto québécoise a été saluée par la critique pour sa Carmencita en version concert puis dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda à Toulouse. À ses côtés, le public retrouvera des connaisseurs de cette production : la cheffe Clelia Cafiero, très remarquée lors de la dernière à Marseille, Jean-François Borras, Don José déjà partenaire de Lemieux à Toulouse, et Alexandra Marcellier, saluée dans le rôle de Micaëla à Marseille. Sans oublier Ildebrando d’Arcangelo, Escamillo impeccable en janvier à l’Opéra de Paris. Au vu des forces en présence et de la popularité de l’œuvre, il est presque dommage de ne se limiter qu’à une seule représentation, qui s’annonce pleine à craquer !

Un retour

La superstar de l’opéra Anna Netrebko a connu une année 2022 mouvementée : elle a subi à tour de rôle le boycott des maisons d’opéra occidentales et russes après avoir dénoncé tardivement l’invasion de l’Ukraine. Nonobstant, la cantatrice russe a effectué un come-back tonitruant. Si la diva avait annulé sa venue à la dernière minute à Orange en 2019, elle fera bien ses débuts dans le théâtre antique le 24 juillet en clôture du festival, aux côtés comme souvent de son talentueux mari Yusif Eyvasov. Le ténor et la soprano, qui seront accompagnés de l’Orchestre Philharmonique de Nice du chef Michelangelo Mazza et du baryton Elchin Azivov, interprèteront un programme de grands airs d’opéra de Verdi.

Dans ces Chorégies, événement traditionnellement lyrique, ce sont paradoxalement les ouvertures du programme à d’autres formes qui semblent s’accaparer la tête d’affiche. Ainsi le Ballet de la Scala de Milan, interprètera-t-il le 15 juillet des extraits du Lac des Cygnes par Noureev et deux créations récentes de Philippe Kratz et Manuel Legris, le 18, le jazzman Kyle Eastwood rendra hommage en musique à la filmographie de son célèbre père. Mais le public orangeois pourra surtout entendre deux pianistes de très grande envergure. Tout d’abord l’inoubliable Khatia Buniatishvili le 2 juillet, qui interprètera le célébrissime Concerto n°23 de Mozart ; Kirili Karabits et l’Orchestre National de Lyon enchaîneront sur la Symphonie n°2 de Rachmaninov. Puis l’incontournable Evgeny Kissin le 11 juillet, pour un récital autour de préludes et des Etudes-Tableaux de Rachmaninov.

Les habitués du festival retrouveront la soirée Pop the Opera le 22 juin ouvert aux jeunes de la région, la soirée télévisée des Musiques en Fête, et le retour du ciné-concert le 7 juillet autour de Buster Keaton et de son Mécano de la Générale, avec l’Orchestre d’Avignon dirigé par Debora Waldman.Il ne faudra enfin pas oublier de cocher dans les agendas le récital Scène Emergente le 13 juillet au Théâtre des Princes avec les jeunes et talentueux Rémy Brès-Feuillet, Emy Gazeilles et Floriane Hasler ! De quoi satisfaire tout un chacun, même les amateurs d’opéra un peu restés sur leur faim.

PAUL CANESSA

Chorégies d’Orange
Du 19 juin au 24 juillet
Théâtre antique, Orange
choregies.fr

Mission accomplie pour la mandoline

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Une première soirée très mascul’In ! PHOTO DIMITRI CAPEL

Voilà désormais trois ans que Vincent Beer-Demander, fier représentant de la mandoline et de son ancrage méditerranéen, propose au public marseillais une programmation pensée autour de cet instrument si unique. À en croire le public, nombreux et enthousiaste, le petit luth italien connaît un véritable regain d’intérêt. De la part d’auditeurs sensibles aux douces et mouvantes sonorités du plectre, mais aussi de compositeurs s’étant frotté à ses possibles, pour des résultats toujours enthousiasmants, et invariablement dédiés au mandoliniste star. L’opus enregistré par Vincent Beer-Demander et le pianiste Nicolas Mazmanian en 2021 célébrait ainsi déjà l’inventivité et la sensibilité de Lalo Schifrin, célèbre compositeur du thème de Mission Impossible, mais pas que ! Les Variations sur un thème de Lalo Schifrin écrites par le pianiste y faisaient déjà merveille : transcrites par ses soins pour mandoline soliste et orchestre, elles gagnent encore en ampleur.

Arpèges napolitains

Les modes à transposition limitées de Messiaen y côtoient les mesures syncopées à 5/4, et les tonalités baroques chères au compositeur argentin. Même son de cloche pour le Cinematic Concerto de Régis Campo, sublimé par le clavecin de Riho Ishikawa, puisant son principe moteur dans un ostinato entêtant. Si bien qu’on sortira presque davantage convaincue par les pièces des compositeurs « maison » que celles, pourtant de très bonne tenue, de Lalo Schifrin lui-même et de Vladimir Cosma. La première, dont nous n’entendrons que le premier mouvement, s’érige sur des arpèges diablement napolitains. La seconde emprunte à Marius et Fanny son lyrisme délicieusement sucré. Sur ces pages savoureuses, l’Orchestre Philharmonique de Marseille, réuni pour la première fois dans la cour du palais Carli, déploie une précision et surtout un enthousiasme communicatif, qui doit beaucoup à la direction de Benjamin Lévy. Le chef a en effet déjà enregistré ces pièces avec l’Orchestre de Cannes dans un enregistrement, sorti en mai dernier (chez Lossless). On ne saurait que le recommander !

Suzanne Canessa

Mandol’In Marseille Festival
Jusqu’au 14 juillet
Divers lieux, Marseille
mandolinmarseillefestival.com

La Chartreuse : cinquante ans de bouillonnement

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Jusqu’au 24 juillet, les Rencontres d’été viennent troubler la quiétude du cloître Saint-Jean. PHOTO ALEX NOLLET

Il y a un demi-siècle, Bernard Tournois installait le Centre international de recherche de création et d’animation (Circa), au sein de la chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction, sise à Villeneuve-lès-Avignon. Aujourd’hui Centre national des écritures du spectacle, la Chartreuse célèbre son anniversaire le temps de ses Rencontres d’été. Outre les expositions comme la Chartreuse en 1953, à travers les photographies du futur cinéaste Alain Cavalier et JADE, jadis aujourd’hui et demain…, compilation de films documentaires produits entre 1978 et 1980 par le Circa, la commémoration suit le fil de la transmission de deux créations du Théâtre de Cuisine et de Dominique Houdart, en collaboration avec la Maison Jean Vilar.

« Il faut respecter les traditions mais se garder des habitudes », martèle Marianne Clevy, directrice de la Chartreuse. Si les lectures théâtrales conservent une place conséquente dans sa programmation, le centre national accueille cinq propositions. En co-réalisation avec le Festival d’Avignon (L’Oeil nu, pièce chorégraphique de Maud Blandel), la sélection Suisse en Avignon (Cécile, performance fleuve assurée par Cécile Laporte), le Train Bleu, haut lieu du Off (La Conférence de la TTension du collectif Impatience), Les Hivernales (Corps sonores par Massimo Fusco, danseur-masseur) et Villeneuve en Scène (La boîte de Pandore), puzzle circassien imaginé par Marion Coulomb. Il est à noter que les trois dernières propositions ont été conçues lors de résidences dans les cellules d’écritures de la Chartreuse. Car comme le répète Marianne Clevy : « Tout au long de l’année, les artistes habitent ici. »

Autrices à l’honneur

Depuis deux ans le Bivouac des comités de lecture ouvre les Rencontres d’été, du 7 au 9 juillet, avec les Voix du bivouac, sélection de pièces radiophoniques et trois Grandes Lectures, autour de trois autrices, la Belge Anaïs De Clercq, l’Haïtienne Phanuella Tommy Lincifort et la Japonaise Shiko Kasahara. Le cycle « Confluences », promesses d’écritures est bien entendu reconduit et placé, cette année, sous les mises en espace de Marcial Di Fonzo Bo, de même que les « Intrépides », lectures de six textes au féminin, dirigée par Léna Bréban, sur un accompagnement musical de Claire Diterzi.

La journée du 23 juillet, consacrée à Tim Crouch, auteur-performeur, invité par le Festival d’Avignon, constitue le temps fort de la Biennale de la traduction, en lien avec la langue invitée par Tiago Rodrigues, directeur du Festival. Enfin, outre sa précieuse librairie, la Chartreuse rouvre ses jardins d’été, cantine éphémère, pour Marianne Clevy, une oasis incontournable dans l’opulence de ces Rencontres d’été.

MICHEL FLANDRIN

Rencontres d’été de la Chartreuse
Du 6 au 24 juillet

Villeneuve-lès-Avignon
chartreuse.org

Un festival à expériences multiples

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(c) Bohumil KOSTOHRYZ

Plus que jamais le festival avignonnais tient ses promesses en restant attentif aux expressions contemporaines inventives, chercheuses, ludiques. Le regard de sa directrice, Isabelle Martin-Bridot, s’est focalisé cet été sur huit compagnies qu’elle accueillera sur le plateau du CDCN d’Avignon, de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon et de l’Atelier – La Manutention.

Des journées marathon

Le voyage commence dès 10 heures avec Catol Teixeira et son Clashes Licking qui « joue avec l’imprévisible, négocie avec le risque, pour favoriser les espaces de friction et de vibration ». Pour se terminer à 21h15 avec Hear Eyes Move – Dances with Ligeti d’Elisabeth Schilling, un concert-danse et une danse-concert aux images multisensorielles en résonance avec la musique de Ligeti. Entre-temps, on découvrira la création 2023 d’Yvann Alexandre, Infinité, distribué pour quatre interprètes et dansé par un duo ! Selon le choix improvisé du chorégraphe, six combinaisons possibles sont déroulées à la manière du jeu enfantin Shifumi. Marina Gomez, également à l’affiche du Festival de Marseille, partage un peu de son expérience personnelle dans Asmanti (Midi-minuit) en faisant de sa pièce un terrain de jeu pour des jeunes des quartiers dits « zones rouges » dans un savant mélange de rap et de cinéma.

Si Marina Gomez nous interpelle sur les conditions de vie de ces jeunes, Hamid Ben Mahi réfléchit à la condition des femmes aujourd’hui et aux enjeux posés par la société patriarcale. Mais à sa manière, en chorégraphiant un Royaume cent pour cent féminin à l’énergie hip-hop pleine de poésie. Pour ceux et celles qui n’auraient pas vu Simple d’Ayelen Parolin à Marseille dans le cadre du festival actoral, le CDCN d’Avignon accueille son trio haut en couleurs qui privilégie « un certain rapport au jeu et à l’idiot ». Une proposition à l’apparente inoffensivité, comme détachée, où tout est sans cesse redistribué et restructuré. Six ans après une première performance sur le thème de la frontière, Mathieu Desseigne-Ravel et Michel Schweizer prolongent leur réflexion dans la création du duo Nice trip perturbé par la présence d’un jeune interprète chargé de dynamiter leur discours. 

Hors les murs

Avec Lucien Reynès, son complice de Naïf production, Mathieu Desseigne-Ravel crée à L’Atelier un tandem sur l’altérité, l’interdépendance, la complexité des liens, sans craindre de faire Polémique (recherche d’une pédagogie du conflit). Massimo Fusco, artiste associé des Hivernales, réinstalle son salon de massage et d’écoute Corps sonores à La Chartreuse tandis que les facétieux et intrépides Marco Delgado et Valentin Pythoud « se battent » à mains nus dans leur désopilant Dos découvert au festival Constellations 2022 à Toulon. 

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

On (y) danse aussi l’été !
Du 10 au 20 juillet
Aux Hivernales, CDCN d’Avignon
hivernales-avignon.com