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Maison Jean Vilar : « Écrivez-moi désormais directement au Palais des Papes »

Chaque jour, la Maison Jean Vilar donne à lire à deux comédiens différents l’intégrale les lettres reçues et écrites par le fondateur du Festival d’Avignon. Éclairant et émouvant !

C’est un pari un peu fou, ce Feuilletons Vilar ! Une plongée dans la fabrique du Festival d’ Avignon et dans tous ses enjeux, depuis les lettres au ministre, André Malraux, jusqu’à la recherche des auteurs, les recommandations aux comédiens, les consignes aux collaborateurs…

Le feuilleton a commencé le 9 juillet avec des lettres de 1947, année de création de la Semaine d’Art qui deviendra le Festival. Dites par deux lecteurs exceptionnels, Éric Ruf et  Nicole Gueden, qui joua avec Jean Vilar de 1959 à 1961.

Quitter Paris

L’administrateur général de la Comédie-Française et l’actrice se partageaient les lettres avec brio, elle s’amusant visiblement de retrouver et partager cette époque, lui comme étonné de la détermination, et des principes du théâtre public énoncés clairement dès 1947.

Car tous les principes sont à l’œuvre dès les lendemains de la guerre : la nécessité de recréer  un art populaire qui rencontre le public ; de partir de Paris qui se prend pour le centre du monde, de sortir des théâtres, de jouer en plein-air ; l’importance de créer des auteurs contemporains, avec la conscience que cela effraie le public ; l’« absolue nécessité» (le mot revient souvent) de nourrir le théâtre de poésie et d’art – les lettres à René Char et à Picasso en témoignent.

D’autres lettres sont plus amusantes : Samuel Beckett qui lui demande de lui rendre son manuscrit, visiblement pas retenu, André Malraux qui lui dit que Paris n’est pas mal comme centre du monde… Mais le plus frappant dans ces premières lettres est la certitude que « cela se reproduira tous les ans » et la liste de « jeunes acteurs très talentueux » Jeanne Moreau, Silvia Monfort, Daniel Sorano, Germaine Montero, Michel Bouquet puis Maria Casarès et Gérard Philipe… qui deviendront tous des stars des scènes et des écrans.

Pour les prochains lecteurs, qui incarnent une diversité de genre, de génération et d’esthétique, cette leçon de théâtre est précieuse à connaître et à transmettre, au présent !

Agnès Freschel

« Feuilletons Vilar » se poursuit jusqu’en 1973, et jusqu’au 20 juillet, à La Maison Jean Vilar.

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