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« Salem », entre Grillons, Sauterelles et cigales

Après le très bon Shéhérazade, Jean-Bernard Marlin revient avec un deuxième long-métrage, qui se révèle moins réussi

Après Shéhérazade, présenté à la Semaine de la Critique 2018 qui racontait les amours contrariées de Zachary et Shéhérazade, chacun en lutte contre les misères de la vie, Jean-Bernard Marlin est revenu sur la Croisette à Un Certain Regard avec son deuxième long métrage Salem. Un film où il est à nouveau question d’amour contrarié, une histoire qui nous renvoie à Shakespeare avec un Romeo comorien et une Juliette gitane. Deux quartiers, deux clans, celui des Sauterelles et celui des Grillons. Une rivalité à mort qu’on perçoit dès les premières séquences du film.

Djibril (Oumar Moindje) est abordé, puis insulté dans la salle de repas de l’hôpital où il est enfermé parce qu’il est des Grillons. On le voit ensuite soigner un homme à terre par l’imposition des mains et des prières. Car Djibril se vit comme un homme qui a reçu la révélation divine. Il entend les esprits, les morts et voit des signes partout dont des cigales, motif récurrent du film. Surgissent ses souvenirs de jeunesse. Djibril (interprété par Dalil Abdourahim) a 14 ans, il est tombé amoureux de la gitane Camilla (Marysa Bakoum) ce qui est très mal vu de son clan qui lui demande de la quitter. Elle est enceinte et après de nombreuses hésitations de part et d’autres, elle garde le bébé. Une jolie séquence en moto pour les deux jeunes, les yeux remplis de joie et d’espoir en l’avenir. Mais dans ces quartiers où règnent pauvreté et trafic de drogues, Djibril doit obéir au boss local Chat noir (Amal Issihaka Hali) et organiser un rendez-vous pour l’un de ses amis du clan Grillons, un guet apens mortel.

Trop ambitieux ?

On lui conseille de se rendre et il se retrouve prisonnier durant 13 ans. Il ne verra pas grandir sa fille, Ali (Wallenn El Gharboui), que Camilla ne lui a jamais amenée. Après ce long flash back, nous retrouvons Djibril à la sortie de l’hôpital psychiatrique. Un ami des Sauterelles l’attend. Lui n’a qu’une idée en tête : voir sa fille « venue au monde pour tous nous sauver »  et lui transmettre ce don. Ali refuse de lui parler malgré les cadeaux dont une moto rouge acquise avec de l’argent « sale » car il est difficile d’échapper à l’engrenage de la violence…

Si la première partie du film qui nous plonge au cœur de la guerre de clans, de la violence dans les quartiers Nord de Marseille où le film a été tourné, avec des comédiens non professionnels est assez réussie, le film pêche sans doute par son ambition : traiter à la fois de la rivalité mortelle dans les quartiers, de la violence, de la transmission, de la foi et du réchauffement climatique (l’invasion des cigales) était un exercice périlleux ! D’autant plus que le mélange réalisme documentaire, malédiction fantastique et histoire d’amour ne fonctionne pas toujours. Salem, avec une narration fragile, un mysticisme un peu lourd, des effets appuyés, une musique trop présente, ne convainc pas. Notons que réel, fiction et actualité viennent de se rejoindre : le comédien Dalil Abdourahim a été blessé par balle le 8 février dernier dans son quartier du  3e arrondissement de Marseille. On dit souvent que le deuxième film est le plus difficile à faire quand le premier a été couronné de succès (César du meilleur premier film et meilleures révélations, masculine et féminine)… On attend donc le troisième !

ANNIE GAVA

Salem, de Jean-Bernard Marlin
En salles le 24 avril
Le film a été présenté en avant-première à Marseille au cinéma Les Variétés le vendredi 12 avril en présence de l’équipe du film
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