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Henri Florens : la touche étoile  

Le pianiste de jazz marseillais est décédé jeudi 13 mars à l’âge de 72 ans. Retour sur une carrière exceptionnelle

Le jazz marseillais est en deuil. Henri Florens était l’un de ces grands passeurs d’une tradition musicale vivifiée par la classe de jazz de Guy Longnon, au conservatoire de Marseille. Son père, guitariste et violoniste, l’avait nourri d’une passion musicale inextinguible, lui confiant une guitare à l’âge six ans. Une cousine lui offre un piano mécanique et le voilà, à treize ans, accompagnant Marcel Zanini autour du Vieux Port. 

Il sera ensuite recruté par le batteur Vincent Séno dans son big band, et se retrouvera, entre autres, à jouer pour la première création de Marcel Maréchal comme metteur en scène au Théâtre du Gymnase pour Le Bourgeois Gentilhomme en 1976. Il sera ensuite associé à Dizzy Gillespie, Lee Konitz et Roy Haynes – soit la crème des créateurs du jazz contemporain. À la fin des années 1970, il enregistre deux albums à Londres avec Chet Baker et la chanteuse Rachel Gould. Son frère Jean-Paul, guitariste, toujours parmi nous, était aussi de la partie. 

Les musiciens de renom de passage dans la cité phocéenne, tel le saxophoniste Barney Wilen, ne désirent rien d’autre que de jouer avec ce pianiste dont on disait qu’il avait intégré tant de solos de Bill Evans qu’il le dépassait dans ses intentions poétiques. Puis viennent ses compagnonnages avec le guitariste Christian Escoudé ou avec les frères Belmondo, à Paris – il retrouvera Stéphane, le trompettiste, au regretté Jam de La Plaine en 2018.

Jamais avare de partage, il avait joué avec la chanteuse Siska à La Mesón en 2013, aux côtés d’un nouveau venu en ville, alors : le trompettiste Christophe Leloil – qu’il retrouvera ensuite pour des duos débordant d’émotion. La salle de la rue Consolat avait produit le sublime Jazz Suite for Chass (2014), son premier et seul album solo. 

Le batteur Gilles Alamel, l’avait convié plusieurs fois au Rouge Belle de Mai, notamment avec la sémillante saxophoniste catalane Lola Stouhammer. Il avait aussi accompagné son fils, le saxophoniste Julien Florens – d’une sensibilité musicale rare. La productrice Hélène Dumez s’apprêtait à produire un album solo pour sa série Paradis Improvisé. Où que soit Henri Florens, sa profondeur artistique ne sera pas oubliée. La terre lui sera assurément légère, comme l’une de ces phrases musicales à la fois évanescente et présente, dont il avait le secret.

LAURENT DUSSUTOUR 

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