Qui dit réception des musiciens italiens de renommée mondiale, Enza Pagliara et Dario Muci, dit samedi soir de grande affluence pour la Cité de la Musique de Marseille. L’Auditorium est presque plein ce 13 janvier et les discussions en italien vont bon train avant le début de la représentation. Enza Pagliara ne manque pas de saluer de nombreux « visages amis » présents dans la salle. L’acolyte de la chanteuse, Dario Muci, arbore un bonnet rouge qui fait écho au haut vermeil de sa partenaire. Un rappel visuel qui vient souligner la complicité sans faille dont fera preuve le duo lors du spectacle.
Transmettre la musique du peuple
Au départ le rythme est lent, bien qu’il soit parfois entrecoupé d’envolées et de brusques coups de tambourins. Le public est d’abord timide et Enza claque seule des doigts. Puis progressivement, le feu prend, à mesure que la musique s’emballe et qu’on en apprend plus sur le répertoire du duo. C’est Enza qui parle le mieux français et qui présente l’histoire derrière les chansons qu’ils interprètent. « Cette chanson parle de paysans qui disent à leur patron de les payer, faute de quoi ils feront des trous dans le sol pour qu’il tombe », explique-t-elle avant l’une d’elle. « Celle-là c’est sur une dispute entre une femme et son mari lors de la moisson des blés », contextualise-t-elle avant une autre. Pour leur dernier album, Dario Muci et Enza Pagliara ont mené pendant cinq ans un travail de recherche, de collecte musicale. Ils sont allés à la rencontre de paysans et de pêcheurs de la région des Pouilles, et font perdurer la musique traditionnelle locale en jouant les chansons qu’ils ont apprises lors de ces échanges. La représentation se finit en apothéose avec une musique au refrain entêtant, que toute la salle se met à reprendre d’une même voix. Un beau moment de communion qui fait écho aux mots d’Enza Pagliara : « c’est ça la musique populaire, toujours partager ! ».
RENAUD GUISSANI
Enza Pagliara et Dario Muci se sont produits le 13 janvier à la Cité de la Musique de Marseille.