lundi 25 novembre 2024
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Godard est mort et c’est dégueulasse

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A bout de souffle (Bibliothèque des classiques du cinéma Balland, 1974)

« Je ne veux parler que de cinéma. Pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout » (JLG)

Après Truffaut, Demy, Malle, Rohmer, Chabrol, Resnais, Rivette et Varda, s’éteint avec Godard une des dernières figures majeures de la Nouvelle Vague. Une personnalité parfois contestée, comme par son ex-ami Truffaut qui lui reprochait entre autres, de n’aimer les gens qu’en théorie. Mais, sans conteste, un réalisateur total, de l’écriture au montage, qui a profondément marqué la façon de faire et de regarder  le cinéma. «La télévision fabrique de l’oubli. Le cinéma fabrique des souvenirs », disait-il. Et des souvenirs, il nous en laisse ! Charlotte et son jules, Michel Poiccard, Pierrot le fou, La Chinoise, Carmen, Marie… Plus d’une quarantaine de films jusqu’à son dernier opus, Le livre d’images, présenté au Festival de Cannes en 2018, où il était tout à la fois omniprésent sous la bannière du baiser Karina/Belmondo, et absent, ne s’étant pas déplacé. Film-manifeste étourdissant, de guerres et de fureur. Pas du tout testamentaire. En légation universelle, il nous restera bien des choses de JLG : ses brillants aphorismes, ses engagements, son sourire de chat repu, ses analyses fulgurantes, ses films. Il restera aussi, si juste, si jubilatoire, si pertinent, le portrait qui s’esquisse dans le film de Mitra Faharani : A Vendredi, Robinson.

Penseur du cinéma

Quand la cinéaste iranienne propose à Jean-Luc Godard une correspondance avec le cinéaste iranien Ebrahim Golestan, la réponse fuse : « Commençons par une correspondance, peut-être que ça ne correspondra pas ». Effectivement, au départ, les (non)réponses du franco-suisse déroutent un peu l’Iranien. Et durant vingt-neuf semaines, ces deux penseurs du cinéma et de la vie vont s’envoyer, chaque vendredi, un message. Cette  correspondance, fragmentée, hachée, que nous offre Mitra Farahani est drôle parfois, mélancolique aussi car les deux, presque centenaires, savent que la fin est proche et les photos qu’ils s’échangent de leurs séjours à l’hôpital sont comme un clin d’œil à la Faucheuse. Certes, ils ont du mal à trouver un langage commun. « Il y a quelque chose de prétentieux chez Godard, ça doit être lié à son éducation chrétienne », ironise Golestan. Mais au fil des vendredis, on voit se tisser quelque chose qui ressemble à de l’amitié. Ceux qui ne connaissaient pas Golestan, découvrent un artiste, un poète, un érudit. Ceux qui aiment Godard le retrouvent avec bonheur, au crépuscule de sa vie, bougrement vivant, incisif et taquin !
« Aujourd’hui les trois-quarts des gens ont le courage de vivre leur vie mais ils n’ont souvent plus le courage de l’imaginer », disait-il, nous laissant le plaisir de le démentir.
Il nous faudra déjà imaginer le cinéma après lui.

ELISE PADOVANI et ANNIE GAVA

« Le feu du milieu », les Comores en toute spiritualité

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Couverture de "Le feu du milieu" de Touhfat Mouhtare, Le bruit du monde

Le feu du milieu est un roman-univers, ancré sur un territoire et ses attaches sensorielles : paysages, nourritures, parfums, sonorités… Il a pour cadre l’archipel des Comores, dont les traits culturels sont saisis avec une précision ethnographique. Le personnage principal est une jeune orpheline, Gaillard, qui reçoit l’éducation d’une femme, Tamu, sa mère adoptive, et d’un homme, Fundi, son maître. Le savoir de l’une est oral – les contes de ses ancêtres esclaves – celui de l’autre est écrit : le Coran. Gaillard rencontre Halima, jeune femme de la société des maitres. Leur relation est scellée par un objet secret : des dés en bois au pouvoir magique. Chacun d’eux contient un univers de savoir et de sens. Ils vont permettre aux jeunes femmes de voyager à la recherche de leur identité véritable. Le roman questionne, depuis l’écriture à la fois crue et poétique de Touhfat Mouhtare, un ensemble de dualismes entre féminin et masculin, liberté et contrainte, spiritualité et superstition. Son esprit humaniste invite le lecteur à revisiter ses certitudes, à faire de sa lecture une expérience du déplacement et du dépassement.

FLORENCE LETHURGEZ

Le feu du milieu, Touhfat Mouhtare
Le bruit du monde
21€

« Fauré, le dramaturge », le romantisme vu du Japon

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Pochette de "Fauré, le dramaturge" de Takénori Némoto, Klarthe records

Délicate, brillante et un brin obsessionnelle, l’approche du répertoire français post-romantique par Takénori Némoto ne manque décidément pas de matière. C’est à Fauré, après Chausson, Poulenc et Ravel que le chef japonais revient avec son ensemble Musica Nigella. Celui-ci tisse une ligne narrative entre les quelques musiques de scène pensées par Fauré, qui pourrait être celle d’un ballet. La célébrissime Pavane cède ainsi le pas au méconnu Shylock, reconstitué pour orchestre de chambre par Némoto, mais aussi au plus apprécié Pelléas et Mélisande, d’une grâce admirable.

SUZANNE CANESSA

Fauré, le dramaturge, Takénori Némori
Klarthe
15 €

« Créatrices », à tomber pour elles

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Pochette de "Créatrices" du Duo Alma, Klarthe records

Nulle trace de testostérone dans ce très bel enregistrement. Et c’est, après l’effarant effacement des femmes dans l’histoire de la musique, de bonne guerre ! L’album, conçu par deux solistes et professeurs au Conservatoire de Toulouse, évite cependant toute pédagogie pour se livrer à une interprétation sensible et inspirée. La violoniste Clara Danchin et la pianiste Anna Jbanova avaient en effet à cœur de présenter le génie des méconnues Marguerite Canal, Clara Schumann, Mel Bonis. Si les deux dernières commencent à être connues des mélomanes, à raison, on avouera n’avoir rien entendu ni connu de Marguerite Canal, dont la sonate se révèle d’une beauté à tomber et d’une réelle originalité. Composées autour de la fin du XIXe siècle, les pages choisies se révèlent riches en couleurs romantiques. Les plus sensibles devront préparer leurs mouchoirs !

SUZANNE CANESSA

Créatrices, Duo Alma
Klarthe
15 €

« Lettera Amorosa », un amour de jeunesse

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Pochette de "Lettera Amorosa" d'Élise Bertrand

À peine âgée de 21 ans, la violoniste, pianiste et compositrice Élise Bertrand n’a pourtant rien d’une nouvelle venue dans le monde de la musique classique et contemporaine. Son premier album, interprété par des musiciens d’une qualité admirable, rassemble l’intégralité des œuvres chambristes composées par la petite protégée de Nicolas Bacri. L’influence de Duruflé s’y fait tangible, notamment sur les impétueuses Impressions Liturgiques qui font la part belle à une flûte aérienne, et à un phrasé éthéré. La plus récente et plus prometteuse Lettera Amorosa va davantage puiser à la fois dans le lyrisme impressionniste d’un Ravel dans les dissonances de Messiaen. C’est de la poésie et de sa sensualité que se réclame ce très bel opus, inspiré par René Char.

SUZANNE CANESSA

Lettera Amorosa, Élise Bertrand
Klarthe
15 €

À la (re)découverte de Marseille, ville blessée en plein cœur

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@Creative Commons

Le mémorial des déportations de la ville de Marseille est tapi discrètement dans l’ombre du fort Saint-Jean, à l’intérieur d’un blockhaus allemand, témoin de la présence de l’occupant nazi. Pour faire mieux connaître ce lieu rare et appréhender plus largement ses enjeux, l’association Ancrages propose une balade insolite et éclairante. Marseille dans la guerre, indésirables et résistant·e·s, emmène le public de la gare Saint-Charles au Panier, autour des lieux qui ont marqué l’histoire mouvementée de la ville pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Les guides Samia Chabani et Mathias Ben Achour, curieux et chaleureux, révèlent au public les vestiges bien présents mais imperceptibles du passé de la ville. Tout commence au 31 boulevard d’Athènes le 3 janvier 1943 : à l’hôtel Splendide, dont les arches demeurent aujourd’hui, les résistants communistes des FTP MOI (Francs-tireurs et partisans, main d’œuvre immigrée) commettent un attentat contre la Gestapo, qui y a établi son quartier général quelques mois plus tôt. L’attaque sert de prétexte aux occupants pour lancer une opération punitive contre Marseille, dont le multiculturalisme populaire constituait une injure à l’idéologie nazie.

Épisodes noirs

La visite se dirige ensuite vers le bas-Panier, dynamité par les Allemands du 22 au 24 janvier 1943 ; la rue Caisserie sépare le Panier historique des bâtiments reconstruits après-guerre entourant l’Hôtel de Ville de Fernand Pouillon. Au fur et à mesure du cheminement, plusieurs épisodes noirs sont évoqués, toujours en relation avec la géographie locale : la spoliation des biens juifs devant le Palais de la Bourse, le siège du Petit Provençal, ancêtre de La Provence qui collabora avec Vichy de 1941 à 1944, la rafle méconnue du quartier de l’Opéra ou le parcours de Bertie Albrecht.
La visite ne se limite toutefois pas à un inventaire de lieux liés à la seconde guerre mondiale, et s’avère aussi l’occasion de digressions insolites, comme pour repérer le racisme des statues coloniales devant l’ancien Grand Hôtel du Louvre et de la Paix sur la Canebière, ou la plaque commémorant l’assassinat d’Alexandre Ier de Yougoslavie. Le parcours s’achève devant le mémorial des déportations, face à l’église Saint-Laurent, rescapée des dynamitages nazis.
Après cette balade, gageons que les participants verront d’une autre manière les murs, les statues et les plaques parfois invisibles mais témoins d’une histoire aussi riche que tragique.

PAUL CANESSA

Marseille dans la guerre, indésirables et résistant·e·s
Centre-ville de Marseille
ancrages.org

Au Mrac, une leçon de choses

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Vue de l’exposition « Campo di Marte ». Nathalie Du Pasquier, Mrac Occitanie Sérignan, 2022. Photographe : Aurélien Mole

« J’ai toujours beaucoup aimé mes tableaux et j’ai du mal à m’en détacher. Si je les vendais tous, j’aurais trop d’argent, je ne saurais pas quoi en faire. » Grande petite phrase insérée dans le catalogue d’exposition, écrite de la main de l’artiste. L’ancienne designeuse (groupe Memphis) a besoin de conserver une grosse partie de son travail : elle fait de son œuvre une juxtaposition permanente entre les techniques et les inspirations. Sa démarche est globale, traversant le temps de sa propre création, avec des installations qui relient l’ensemble de son art. C’est toujours intéressant de se confronter à l’évolution d’un artiste ; c’est encore plus passionnant d’être, comme dans l’exposition que présente le Mrac, mieux que face à un parcours, littéralement englobé dans une installation sans chronologie, sans même des indications de dates, au cœur d’une création permanente qui mêle ancien et nouveau dans une dynamique réflexive particulièrement éclairante. Œuvre dans l’œuvre, la feuille de salle a été entièrement pensée et réalisée par l’artiste. Elle nous invite dans son monde, et c’est un grand plaisir de naviguer parmi les quelques 100 pièces exposées (produites depuis 1980) accompagné de ce viatique. « Ici on voit le passage entre les peintures qui représentent des objets, les peintures qui représentent des objets qu’on ne reconnait pas, et à la fin, les peintures abstraites qui ne représentent plus rien. » Quelle simplicité, quelle liberté dans l’approche, dans sa façon de se dévoiler ! C’est à une véritable expérience, tel un exhausteur de sensations, que nous convie « Campo di Marte ».

Étrange quiétude

Ici, pas de murs qui s’effacent derrière l’œuvre, pas de progression linéaire entre un tableau ou l’autre. On pénètre dans une sculpture aux multiples entrées. Peintures, dessins, constructions tridimensionnelles, céramiques, grands formats, petits mots découpés, collages. Les supports font partie du tout, ils sont peints, créant un effet de perspective chaque fois renouvelé, où les pièces exposées (ne) sont (que) des éléments de la composition de l’espace. Bouleversement des hiérarchies. Et nous, visiteur·euse·s, complétons cet ensemble : nous intégrons, en nous mouvant dans l’installation, le monde sans frontières entre figuration et abstraction de du Pasquier. Comme pour un jeu de pistes ou face à des rébus, on entre dans un jeu dont on comprend les règles, se réjouissant justement qu’il n’y en ait pas. Les natures mortes sont bouillonnantes de vie, mélangeant outils, pierres, verres, cordes,… Beaucoup d’éléments géométriques, presque architecturaux, cohabitent avec les objets domestiques. On repère des signes qui se répondent. Les ombres donnent un relief troublant. Les correspondances deviennent messages secrets. Le déplacement dans les salles engendre des mouvements dans les toiles. On retrouve quelque chose d’Escher ou de Paul Delvaux. Le Corbusier est aussi passé par là. Tout cela provoque une étrange quiétude à déambuler dans ce décentrage rassurant, ces formes inconnues qui révèlent des symboliques enfouies.

ANNA ZISMAN

« Campo di Marte », Nathalie du Pasquier
Jusqu’au 25 septembre
Musée régional d’art contemporain, Sérignan
mrac.laregion.fr

Un envoûtant portrait de Picasso

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L’intention de Picasso sorcier écrit par l’historienne de l’art Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et l’anthropologue Philippe Charlier est clairement énoncé : « Sur le principe d’une errance, [il] propose de cheminer dans l’imaginaire et la création de cet artiste sans égal ». S’appuyant sur ses Ecrits, ses conversations avec Brassaï, ses œuvres, ses notes manuscrites ainsi que sur une documentation abondante, l’ouvrage tient ses promesses, cheminant à son tour entre démonstration, prospection et interrogation. Car les relations de Picasso avec l’extra-ordinaire ne sont pas uniformes. Il y a l’intime, l’inconscient et le goût de la mise en scène ! Pour sonder sa personnalité, il examine savamment « l’esprit des choses matérielles » telles les traces laissées à la postérité : mèches de ses cheveux « à la force surhumaine », bouts d’ongle, empreintes de sa paume, vêtements usagés, ficelles tressées… Et les choses immatérielles en usant d’un vocabulaire adapté. Ici rituel, talisman, magie, métaphore, sacrifice, pouvoir, alchimie, effigie, relique tiennent lieu de fil conducteur au portrait d’un Picasso fétichiste, superstitieux, qui croyait en une « âme secrète enfouie dans les objets ».  

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Picasso sorcier, Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et Philippe Charlier
Gallimard
22 €
Exposition éponyme jusqu’au 31 décembre au musée national Picasso-Paris.

Le Calms fait sa rentrée

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Calms © Hugues Castan Photographie

Après avoir chanté tout l’été sous les fenêtres des quartiers de Marseille, des Bouches du Rhône, de la Côte d’Azur, mais aussi de Bastia et de Paris, avec Opéra déconfiné, le Collectif des artistes lyriques et musiciens pour la solidarité (Calms) revient pour un début de saison solidement ancré dans le territoire des Bouches-du-Rhône. Fidèle à son principe premier, celui de consacrer un récital à une cause, et de reverser l’intégralité de ses recettes à une association affiliée à cette cause, le collectif ouvre le mois de septembre avec un concert au Temple Grignan (https://calms-france.fr/concerts-la-saison-solidaire/). Le dimanche 11 septembre (17 h) se consacre ainsi aux sinistrés du Volcan de La Palma aux Îles Canaries, soutenus par l’association Palmera Villages. À noter, pour ce concert, une première : celui d’une tombola solidaire avec, à la clef, un voyage pour deux personnes d’une semaine aux Îles Canaries.

Le programme se fait espagnol et enlevé : accompagnés par la pianiste Marie-France Arakélian, la soprano Jennifer Michel et le ténor Juan-Antonio Nogueira vont égrener des airs d’opérette, des Zarzuelas … Une rentrée qui sent encore bon les vacances !

La suite de ce premier trimestre s’ancre quant à elle dans la vie de quartier qui a vu naître cette belle association : les artistes se produisent le 9 octobre dans le cadre de la quatrième édition d’Au bout la mer, programmation culturelle donnée autour de la Canebière et organisée par la mairie des 1er et 7ème arrondissements.

À quelques kilomètres de Marseille, son port d’attache, le Calms développe également deux chorales avec les habitants de Manosque dans le cadre de son nouveau programme, Quartiers enchantés. Ces chorales se produisent le 14 décembre au Théâtre Jean le Bleu, en compagnie des chanteurs professionnels sur un programme encore en cours d’élaboration.

SUZANNE CANESSA

calms-france.fr

« Tout une moitié du monde », ouvre les fenêtres de la fiction

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« Ce livre est un livre d’écrivaine mais sans doute avant tout un livre de lectrice. […] Si on considère ce livre comme un essai, il ne se comportera pas tout à fait bien. Il désobéira ici ou là. Il manquera à ses obligations de sérieux. Si on le considère comme une rêverie autour de la fiction, il péchera au contraire par excès de sérieux de temps à autre. » Ainsi écrit Alice Zeniter dans le premier chapitre de son nouvel opus Toute une moitié du monde, annonçant par là un texte original, érudit et léger à la fois, commencé pendant la pandémie, à un moment où elle ne trouvait dans les fictions qu’elle lisait que « des modèles obsolètes », incapables de répondre à son « état impuissant et suspendu ». De son soupçon croissant vis-à-vis des fictions traditionnelles est née l’envie de s’interroger sur ce qui pourrait constituer la fiction à venir. Une forme romanesque tout sauf habituelle, au sein de laquelle « toute une moitié du monde », c’est-à-dire les femmes, serait enfin correctement représentée. Puisant dans ses souvenirs de lectrice, très anciens ou ultra contemporains, comme dans ses impressionnantes références universitaires, Zeniter propose une réflexion, pointue mais jamais pesante, sur les notions de forme, de personnage, de récit choral…. Et on déguste cet « essai », mené avec un brio et un humour remarquables, comme on le ferait d’une belle histoire que l’écrivaine nous conterait à l’oreille. Bravo, l’autrice !

FRED ROBERT

Tout une moitié du monde, Alice Zeniter
Flammarion
21€

L’écrivaine sera présente aux prochaines Correspondances de Manosque, du 21 au 25 septembre.